les maladies alcooliques - le site de la promo 2006-2009

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Dr OULDAHOUI
Psychiatre E. Toulouse
PSY 3
20-27/10 et 03/11/08
MERCI D'AVOIR LA GENTILLESSE DE M'ENVOYER UN MAIL SI IL YA UNE ERREUR DE
COMPREHENSION DE MA PART DANS LA PRISE DE NOTES DE CE COURS pour que je
puisse la corriger par la suite – [email protected]
LES MALADIES ALCOOLIQUES
Alcoolique : qui ne peut se passer de l’alcool, notion de dépendance qui est très importante
Absence de notion de plaisir – On est dans le registre du besoin  ADDICTION
Classifications DSM IV (classification des principaux signes et éléments d’une maladie)
OMS  CIM 10
La dépendance : Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du
fonctionnement ou d’une souffrance cliniquement significative, pour une période continue au moins de
12 mois.
Notion de dépendance corrélée aux notions de tolérance et de sevrage.
La tolérance se définit par l’un des symptômes suivants :
- Besoin de quantité notablement plus forte de la substance pour obtenir une intoxication ou
l’effet désiré (augmente petit à petit les doses)
- L’effet est notablement diminué en cas d’utilisation continu d’une même quantité de
substance.
La substance est souvent prise en quantité + importante ou pendant une période + prolongée que
prévue.
Le sevrage se caractérise par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
- Syndrome caractéristique de la substance,
- La même substance ou une substance très proche est prise pour soulager ou éviter les
symptômes de sevrage.
Le patient lutte contre cette addiction mais n’y arrive pas. Poursuite de la prise de cette substance
même si la personne sait que ce n’est pas bon pour elle.
Réduction, perte des activités professionnelles, sociales et des loisirs importants  isolement
Problème de société (souffrance individuelle  familiale, collective  obligation de soins)
Coût ++
__________________________
La maladie alcoolique
Les définitions de l’alcoolisme sont multiples selon que l’on privilégie l’un ou l’autre des différents
aspects.
Tendance anglo saxonne :
- 1er axe : consommation excessive d’alcool et ses diverses conséquences (somatique, psychique
et sociale) et dont on peut proposer le terme générale de conduite alcoolique.
- 2ème axe : syndrome de dépendance alcoolique.
L’alcoolisme est un trouble des conduites alimentaires pour certains.
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Le Dr FOUQUET, médecin français, a beaucoup fait des travaux sur l’alcoolisme. Est tjrs la réf à ce
jour de la classification de l’alcoolisme.
Pour lui, alcoolisme d’un individu = perte liberté de s’abstenir de l’alcool.
Cette vision implique la notion de dépendance.
Actuellement on considère que toute utilisation pathologique et non exceptionnelle de l’alcool mérite
d’être considérée comme une conduite addictive.
Dépendance et nocivité (car alcool = psychotrope)  représentent les 2 axes essentiels de la
délimitation des conduites alcooliques.
Pour l’OMS, syndrome de dépendance alcoolique  besoin irrésistible d’ingérer de grandes quantités
de boissons alcoolisées et marqué par l’impossibilité de limiter sa consommation d’alcool.
Le sujet recherche le plaisir de l’ivresse ou recourt à l’alcool pour échapper à la souffrance mentale ou
physique. Il existe un syndrome de sevrage lorsque le besoin n’est pas satisfait.
La maladie alcoolique est plutôt un ensemble d’attitudes et de comportements pathologiques d’où
procèdent les manifestations organiques, psychiatriques, sociales et médico-légales qui représentent
l’aspect le plus visible de l’alcoolisme.
____________________________
Données épidémiologiques
En France, place très importante de l’alcool  notion culturelle (versant festif de l’alcool).
19 l d’alcool pur (degré) / adulte / an (en 1980) répartis en :
- 133 l de vin
- 63,6 l de bière
- 2,5 l de spiritueux
Mode de consommation différent selon régions.
Depuis 20 ans, la consommation du vin diminue mais il y a une augmentation de la consommation de
la bière et des alcools forts.
3ème cause de mortalité.
Causes imputables à l’alcool : cancers oro-pharyngés, cirrhose, tuberculose (SDF dénutris), suicide
(association alcool et dépression), accidents de la route, accidents du travail, crimes.
1 malade sur 4 en psychiatrie relève de l’alcoolisme car gros problème sous jacent de la personnalité
(responsable en grande partie).
Facteur aggravant dans la responsabilité d’un crime.
Toutes les catégories socio professionnelles ne sont pas exposées de la même manière.
Dans les travaux de force (forge, bâtiment, dockers, manutentionnaires, ouvriers agricoles)  mythe
comme quoi l’alcool réchauffe et donne des forces.
Prédominance masculine. 20% de femmes parmi les alcooliques (grave pour l’alcoolisme fœtal 
malformations et retard mental). Préférence pour les alcools forts.
Alcoolisme des jeunes préoccupant mais on ne peut assimiler consommation excessive d’alcool et
alcoolisme. 30% des lycées et 15% des lycéennes consomment régulièrement de l’alcool.
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Rappel sur le métabolisme de l’éthanol au niveau hépatique
Alcool  psychotrope
Transformé (par oxydation) en acétaldéhyde (=poison) au niveau du foie, toxique pour l’organisme
(perturbe les neurotransmetteurs : sérotonine, dopamine, adrénaline = action identique à la morphine).
Pour 2 à 3 g d’alcool /kg et /24 h  métabolisation de 80% de l’alcool ingéré.
Prédisposition à l’alcoolisme
Prédisposition biologique : non démontrée.
Facteurs héréditaires : peut-être mais surtout phénomènes d’apprentissage et d’identification au père à
retenir.
Corrélation importante entre dépression et alcoolisme.
Ecarter la notion de personnalité alcoolique. Tout le monde peut devenir alcoolique.
Il semble qu’un manque de contrôle et une impulsivité favoriseraient un recours à l’alcool en cas de
stress et de conflits.
Des théories psychanalytiques ont proposé la fixation au stade oral pour expliquer la genèse de
l’alcoolisme.
Facteurs socio-culturels : l’alcoolisation est en effet inséparable des attitudes culturelles et des mythes
véhiculés par l’opinion public, la publicité voire les créations littéraires.
Alcool = convivialité (plaisir du groupe).
« Pour devenir un homme, il faut boire » ; « Etre capable de boire est symbole de virilité ».
Les 3 classifications
1) Classification de Radouco-Thomas
Alcoolismes primaire et secondaire.
A. primaire (70%)
Touche les jeunes
Terrain prédisposant (psychologique et biologique) : facteurs génétiques, mauvais contrôle de
l’impulsivité, recherche de sensations fortes et tendance psychopathique.
Conduites d’alcoolisation semblent précéder les troubles psychologiques et psychiatriques.
A. secondaire (30%)
Troubles de la personnalité présents :
- Soit psychopathique : en général, ces alcoolisations sont associées à d’autres prises de
toxiques
o sensitive : l’alcoolisation joue un rôle anxiolytique et dopant
o anxiolytique : l’alcoolisation permet de surmonter les inhibitions névrotiques
o border line : l’alcoolisme permet de lutter contre l’angoisse et l’ennui
- Soit psychiatrique
o Schizophrénie : stimulant et action anti déficitaire
o Dépression
o Excès maniaque : alcoolisation soudaine et massive
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2) Classification de Robert CLONINGER
Type I
Début tardif, peu de FDR dans petite enfance, dépendance physique d’intensité moyenne
Dépendance psychologique reste importante.
Parfois pathologie psychiatrique légère.
Peu de problèmes liés à l’alcool.
Type II
Survenue des troubles précoces (avant 25 ans)
++ ♂
Plusieurs FDR dans l’enfance.
Dépendance physique sévère.
Peu de dépendance psychique.
ATCD familiaux d’abus d’alcool.
Personnalité anti sociale fréquente avec comportements associés (hétéro agressivité, délinquance et pb
médico-légal).
3) Classification de Pierre FOUQUET (+++)
cf à la dernière page un petit résumé sur ce médecin, trouvé sur internet
Médecin français, père de l’alcoologie française.
On lui doit la fameuse définition du malade alcoolique et en même temps « celui qui a perdu la liberté
de s’abstenir de boire ».
Il a fondé et présidé la société française d’alcoologie. Il existe aujourd’hui un prix P. FOUQUET qui
récompense les recherches sur l’alcoologie.
Article paru en 1950, dans une revue intitulée « études anti alcooliques », « syndrome alcoolique »
dans lequel il lançait sa classification ; il est depuis, devenu une référence incontournable dans la
plupart des ouvrages portant sur la question de l’alcool.
3 critères :
- Le facteur psychique,
- Le facteur de tolérance,
- Le facteur toxique.
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3 grandes lignes dans sa classification. P. Fouquet a proposé un guide diagnostic :
-
- Les alcoolismes primaires (ALCOOLITES) dit alcoolisme d’entraînement essentiellement
masculin.
Buveurs excessifs, sans culpabilité quant à leur consommation (psychanosognosie).
Consommation excessive et régulière (quotidienne et continue).
Apparence sauvegardée pd longtemps.
Diagnostic après 40 ans.
Vin et bière le + souvent.
Alcoolisme d’entraînement.
Ivresse exceptionnelle.
Apsychognosie ("je vais bien, je n’ai pas de maladie mentale").
Souvent alcoolisme paternel.
Au niveau familial : mari excessivement jaloux, sexualité longtemps normal.
Début fin adolescence.
Arrêt spontané possible au début de la sénescence (65 ans).
Intolérance lente (cirrhose ou K du foie) ou bien brutale comme Delirium Tremens.
-
Les alcoolismes secondaires (ALCOOLOSE ou alcoolisme névrotique)
Début plus précoce chez sujet présentant un trouble de la personnalité.
Alcool recherché pour ses propriétés anxiolytique, euphorisante et dés inhibitrice.
Consommation discontinue.
Conduites toxicomaniaques, solitaires, culpabilisées  facteurs psycho névrotiques sousjacents.
Conscience du trouble au 1er plan mais peut être volontairement passée sous silence en raison
de la honte qui l’accompagne.
Prépondérance ♀.
Age : 20 à 45 ans.
Ivresse fréquente et parfois dégoût.
Différents conjugaux précoces avec troubles de la sexualité.
Evolution : troubles graves et précoces du comportement lors de cet alcoolisation, troubles
psychotiques.
-
Les alcoolismes dipsomaniaques (ou SOMALCOOLOSES)  très peu de cas.
Buveurs paroxystiques en proie à des épisodes aigus, ponctuels, marqués par l’apparition
soudaine d’un besoin irrésistible de boire de l’alcool (souvent alcool impropre à la
consommation comme eau de Cologne et alcool à brûler).
En général, alcoolisation solitaire et rigoureusement clandestine.
Ivresse anormale et immédiate.
Dégoût entre les crises.
Névrose ou psychose d’1 des parents.
Forme pouvant aller vers alcoolose.
Risque décompensation à tout moment.
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INTOXICATION ALCOOLIQUE AIGUE
1) Ivresse simple
3 phases
- Phase d’excitation psychomotrice simple :
Alcoolémie d’1 à 2 g.
Dés inhibition, euphorie, loquacité, un brio superficiel et une familiarité excessive.
Tous ces signes sont le témoin d’une perte de contrôle du cerveau et libération tendance
instinctuelle.
Attention, temps de réaction, jugement, mémoire sont altérés à des degrés divers.
Malgré le degré d’euphorie, l’humeur est labile et oscille souvent de l’expansivité à la tristesse
voire à l’agressivité.
- Phase d’incoordination (démarche ébrieuse)
Correspond au début de dépression cérébrale (alcoolémie > 2g).
Caractérisée sur le plan psychique à l’accentuation des troubles de la pensée aboutissant à
l’incohérence idéique puis progressivement à une véritable confusion.
La vigilance s’altère jusqu’à la somnolence puis à la torpeur.
Sur le plan neurologique, l’incoordination motrice est manifeste (démarche ébrieuse, tremblement,
dysarthrie, syndrome cérébelleux, vision et acuité auditive perturbés, vertiges, vomissements).
On trouvera également des troubles végétatifs (tachycardie, tachypnée, troubles vasomoteurs du
visage et des extrémités).
- Coma (> 3 g)
Pupille en mydriase réactive.
Réflexes ostéo tendineux abolis.
Hypothermie considérable.
TA basse.
Amnésie du coma.
2) Ivresse pathologique
Elle survient d’autant plus qu’il existe un trouble grave de la personnalité associé (comme une
psychopathie, un état limite ou une psychose) ou bien des troubles organiques comme une épilepsie ou
un début de démence.
Elle peut réaliser des états de grande dangerosité imminente liée à la libération d’une agressivité pré
existante à la prise d’alcool, et souvent sous tendue par des éléments passionnels (= maladie jalousie
des alcooliques).
Elle peut aussi conduire à des actes suicidaires graves.
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On distingue 3 formes d’ivresse pathologique :
- Ivresse excito motrice : elle réalise un état de fureur paroxystique souvent plastique (= très très
violent). La violence (durée 3 h environ) est extrême puis laisse la place à
un coma.
- Ivresse hallucinatoire : elle réalise une distorsion cauchemardesque de la réalité. Au maximum, nous
avons des hallucinations visuelles et auditives intenses entraînant une
agitation et une angoisse extrême. A ne pas confondre avec un Délirium
Trémens (qui apparaît lors du sevrage).
- Ivresse délirante : elle se caractérise par la présence quasi délirante d’idées où les thèmes de jalousie,
de persécution, de grandeur, d’auto dénonciation délirante sont prédominants.
La dangerosité tient à la prévalence des thèmes de jalousie ou de persécution
alors que la culpabilité délirante peut conduire au suicide. Ces thèmes
délirants peuvent se retrouver dans le tableau de l’alcoolisme chronique en
prenant tous les aspects d’un délire chronique et ne plus présenter ce caractère
aigu de l’ivresse.
Le pronostic de l’ivresse est variable car coma et amnésie présents.
Il faut tjrs penser à l’association d’une hypoglycémie post alcoolique lorsque le réveil n’est pas obtenu
rapidement.
Dans ces ivresses aiguës  possibilité de crise comitiale, de déshydratation, de rhabdomyolyse.
INTOXICATION ALCOOLIQUE CHRONIQUE
La prise chronique d’alcool entraîne au bout d’une dizaine d’années, la constitution d’un tableau
clinique d’imprégnation alcoolique.
L’habitus caractéristique associe un aspect particulier du visage à savoir :
- Un teint congestionné (tout rouge) ou terreux,
- Des télangiectasies des pommettes, des oreilles et du nez,
- Les conjonctives sont svt injectées ou sub ictériques.
On constate un tremblement d’attitude, grossier, ample et rapide. Des signes somatiques sont
également présents (gros foie, œdèmes de carence par dénutrition,…).
Chez l’alcoolique dépendant, la quasi constance des états de sevrage à minima surtout le matin au
réveil, entraîne des tremblements matinaux, des sueurs, une anxiété et une irritabilité.
Les pituites matinales sont des vomissements d’un liquide acide survenant à jeun le matin.
Les crampes musculaires sont fréquentes et prédominent la nuit. Elles témoignent d’une polynévrite
débutante.
Les troubles du sommeil avec agitation nocturne et cauchemars sont fréquents.
Plus tard, après 20 ans d’imprégnation, les signes d’atteinte hépatique, cirrhotique seront au premier
plan  présence d’une ascite et des angiomes stellaires (diminution facteurs de coag.).
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Les examens biologiques peuvent révéler l’imprégnation alcoolique à savoir :
- Les Gamma GT (n=de 0 à 25 UI/l chez femme ; de 0 à 35 UI/l chez homme),
- L’augmentation du VGM.
Les modifications psychiques
L’alcoolisme va entraîner des troubles de la vie affective marqués par une régression affective
impliquant un renforcement du narcissisme, un désintérêt progressif pour la famille (conjoint et
enfant) et ceci malgré l’affirmation souvent spectaculaire d’une revendication affective intense et de
sentiment de rejet et d’abandon par l’entourage (il accuse les autres alors que c’est lui le fautif,
l’égoïste, le narcissique).
Les altérations des capacités cognitives (mémoire, jugement, auto critique) accentuent l’isolement de
l’alcoolique ( régression) et entretiennent cette tendance agressive et son insatisfaction.
La dénégation ou la minimisation de la gravité de l’alcoolisme est fréquente dans la plupart des
conduites alcooliques et surtout dans le cas des alcoolismes primaires.
Elle pose des problèmes dans la PEC de l’alcoolique.
Les idées de jalousie : les préoccupations concernant la fidélité sexuelle du conjoint sont fréquentes.
Les idées délirantes vont s’installer durablement et aboutissent à un délire paranoïaque. Les risques de
passage à l’acte hétéro agressif sont réels.
Les idées dépressives secondaires émaillent l’évolution des conduites alcooliques.
Les modifications du caractère avec irritabilité et présence de colère brusque sont déclenchées pour
des motifs futiles. L’instabilité caractérielle et l’impulsivité contribuent à altérer les relations
familiales.
L’atteinte des fonctions supérieures est une conséquence dramatique et ultime de l’alcoolisme en
donnant le tableau de démence alcoolique. Il y a alors une détérioration fluctuante parfois compatible
avec un maintien des liens sociaux.
La survenue de délires chroniques chez l’alcoolique n’est pas rare. On distingue la psychose
hallucinatoire alcoolique ou hallucinose des buveurs. Associe hallucinations auditives de toute sorte
tels que bruits, voix qui conversent entre elles et le commentaire des actes du patient. Le début
s’installe brusquement au décours d’un épisode confuso-délirique.
Le sevrage ou Delirium Tremens (+++)
Il réalise l’accident aigu le plus typique de l’alcoolisme chronique  c'est une URGENCE.
Il survient lors d’un arrêt de l’intoxication éthylique.
Il réalise un délire confuso-onirique (désorientation temporo spatiale, perplexité anxieuse, cauchemar
terrifiant) avec fièvre et tremblements.
Les prodromes sont quelques troubles digestifs (++ anorexie), des troubles neurologiques et surtout
l’insomnie et tremblements.
A la tombée de la nuit, le plus souvent, la période d’état s’installe rapidement (terreur de la nuit).
L’aspect du patient montre un visage pâle, un regard anxieux, apeuré, l’air hagard. Le patient s’agite et
peut se montrer menaçant (adhère à son délire et ses hallucinations).
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Le délire hallucinatoire avec des hallucinations visuelles fugaces et mobiles exagérées par la tombée
de la nuit qui devient terrifiante (laisser la lumière allumée dans la chambre), avec vision d’animaux
géants ou de petites bêtes terrifiantes voire d’objets menaçants.
Des hallucinations somesthésiques sont aussi présentes.
Les thèmes délirants sont presque tjrs des thèmes de persécution en rapport avec le travail et les
difficultés conjugales et familiales.
L’état de confusion mentale s’associe au tableau clinique avec désorientation temporo-spatiale
complète. Elle aggrave l’état de panique du sujet et entraîne des troubles du comportement avec de
fausses reconnaissances.
Les signes neurologiques (car cellules nerveuses touchées) montrent un tremblement généralisé,
prédominant aux extrémités, intense et anarchique, une dysarthrie et un trouble de l’équilibre.
Les signes généraux sont constants : on note une fièvre nette à 38° (laisser eau à portée de mains du
patient), des sueurs abondantes, des signes de déshydratation cutanée (langue rôtie et soif).
Au total, nous avons un tableau de délire hallucinatoire aigu avec agitation psychomotrice, confusion
mentale et tremblements où s’associent des signes généraux nets.
Le fait primordial est la fluctuation des symptômes avec une aggravation vespérale (du soir) des
troubles.
L’enquête étiologique repose sur la recherche d’un alcoolisme récent lors d’une hospitalisation.
L’hospitalisation est indispensable devant tout DT.
Le traitement consiste en une hydratation massive (environ 4 l/jour) en général par perfusion.
Il faut également sédater le patient (attention aux dépressions respi selon doses) car agitation et
angoisse.
On donne des Benzodiazépines (double effet : sédation et anti épileptique) en perfusion au début puis
per os.
 SERESTA 50 ++ en per os car il n’est pas métabolisé par le foie.
Les benzo permettent de couvrir le risque d’épilepsie qui est fréquent lors du sevrage éthylique.
On peut également utiliser le Carbamate (EQUANIL) pour calmer le patient. En général, on peut
associer un tt sédatif neuroleptique le TIAPRIDAL.
Après anxiolyse et sédation, il faut apporter une vitaminothérapie (B1 B6). L’éthylique est en effet
carencé car il ne s’alimente pas très bien et se présente souvent dénutri. On peut les apporter en per os
ou par voie parentérale sous forme de BECILAN ou sous forme de BENERVA en IM  prévention
des encéphalopathies alcooliques (syndrome de Korsakoff  avec en moins la neuropathie dans la
maladie de Korsakoff ; et la neuropathie de Gayé-Wernické).
Il est important de laisser la lumière allumée car les troubles s’aggravent à la nuit tombée. Parfois une
contention est nécessaire au début (++ aux urgences). La surveillance du patient présentant un DT,
doit être rapprochée.
Sur le plan biologique, un bilan sanguin avec NFS, coag., iono, bilan hépatique complet, bilan rénal
sont indispensables.
La surveillance médicale doit vérifier la tension, la température au moins 4 fois/jour et la diurèse.
L’état de conscience (++ en psychiatrie) doit être noté régulièrement. En général, le cap aigu est passé
en 4 à 5 jours. Parfois le DT peut durer plusieurs semaines. Il peut se compliquer d’une
encéphalopathie alcoolique.
Syndrome de Korsakoff
Survient chez l’éthylique avéré et se marque par l’apparition de troubles du comportement avec
labilité émotionnelle et sentiment d’euphorie avec libération des conduites instinctuelles.
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Les troubles du comportement s’associent avec une confusion mentale avec amnésie antérograde ou
amnésie de fixation (oubli de souvenirs récents).
Le patient essaye de compenser ses troubles de la mémoire par une fabulation fabriquée à mesure. Il
présente des fausses reconnaissances.
Encéphalopahie de Gayé-Wernické
Survient chez des grands éthyliques et associe une anorexie constante, une hypertonie généralisée.
C’est donc parfois au profit de crises hypotoniques et surtout des troubles de la conscience fluctuants
dans la journée, de la conscience vigie jusqu’au coma.
Il existe des périodes d’obnubilation, des paralysies oculo-motrices bilatérales au niveau de la 6ème et
3ème paires crâniennes.
Des troubles neurovégétatifs ainsi que des déficits neurologiques.
La pyruvicémie augmente.
L’évolution est mortelle (1/3) malgré PEC.
Les principes de traitements généraux de l’alcoolisme
La demande est primordiale.
Il est + difficile de traiter les alcoolismes primaires car le déni de la consommation est fréquent.
Souvent l’éthylique se présente dans un contexte de crise pour des problèmes d’ivresse pathologique
ou de DT.
Parfois, il est amené par la famille ou par des amis qui s’inquiètent de l’AEG.
Parfois c’est un problème psychiatrique sous jacent qui mène à consulter.
Les problèmes médicaux légaux et les hospitalisations d’office pour les alcooliques dangereux, sont
fréquents.
Dans tous les cas, si le patient n’a pas une demande d’aide vis-à-vis de l’alcool, on ne peut rien faire.
Souvent une hospitalisation pour une cure de sevrage en urgence est vouée à l’échec.
Les cures de sevrage nécessitent de nombreuses consultations préliminaires avant de définir une base
d’hospi pour une cure de sevrage, qui sera suivie par un programme précis dans les centres spécialisés
avec les groupes de parole, activités diverses et redécouverte du corps.
Les associations d’anciens buveurs ++.
Les cures de dégoût ne sont plus pratiquées (ESPERAL).
AOTAL (psychotrope) agit sur l’envie de boire.
Les centres d’hygiène alimentaire sont très importants dans la prévention.
IMPORTANT DE CONNAITRE SUR CE COURS
- Les ivresses pathologiques aiguës
- Le delirium tremens (PEC IDE de A à Z)
- La définition de l'alcoolique par Fouquet
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Pierre Fouquet est un médecin français, père de l'alcoologie française. On lui doit la fameuse
définition du malade alcoolique comme étant « celui qui a perdu la liberté de s'abstenir de boire ». Il a
fondé et présidé la Société Française d'Alcoologie (SFA). Il existe aujourd'hui un prix Pierre Fouquet,
récompensant les recherches en alcoologie.
Classification de l'alcoolisme selon Pierre Fouquet [modifier]
Avec un article paru en 1950 dans Etudes Antialcooliques, intitulé « Le syndrome alcoolique », Pierre
Fouquet lançait sa classification des différentes formes d’alcoolisme ; il est depuis devenu une
référence incontournable dans la plupart des ouvrages portant sur la question de l’alcool. Il articule sa
taxinomie en fonction de trois critères : le facteur psychique, le facteur de tolérance, et le facteur
toxique.
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L’alcoolite est la forme la plus fréquente de l’alcoolisme en France, particulièrement chez les
hommes : la forte tolérance se combine à l’absence de complications psychiques graves, mais
les effets toxiques de la consommation se font sentir malgré tout. Le sujet boit principalement
du vin et de la bière, de manière régulière et dans un cadre social (avec des amis, en soirée), et
qui se caractérise par l’effet d’entraînement : on boit pour boire avec les autres.
L’alcoolose, moins fréquente, l’est néanmoins davantage chez les femmes : la dépendance
psychique et physique à l’égard de l’alcool est forte, et les conséquences en termes de santé
très sérieuses. Ce sont principalement des alcools forts qui sont consommés pour leur valeur
de psychotrope – et non pour le goût de l’alcool qui n’exerce que peu d’attrait sur ce type de
population, de manière solitaire et cachée, avec un fort sentiment de culpabilité, dans un
contexte de mal-être.
La somalcoolose, pour finir, est la plus extrêmes des trois catégories : psychiquement très
fragiles, les personnes atteints de cette forme d’alcoolisme sont de plus peu tolérantes et
ingèrent de l’alcool très fort dans le but d’arriver à l’inconscience. Il y a alors d’une ingestion
compulsive et irrationnelle de n’importe quelle boisson qui conduira à un état d’ébriété
immédiat, qu’il s’agisse d’alcool à brûler, d’eau de Cologne, par crise de quelques heures ou
quelques jours, avec ivresse violente et dégoût de soi par la suite.
En France, l’alcoolite concerne 45% des hommes alcooliques et seulement 5% des femmes, quand
l’alcoolose touche, là encore 45% des hommes et 80% des femmes, et la somalcoose 5% des hommes
et 15% des femmes.
En effet, si à cette époque, l'alcoolite représentait bien la majorité des malades, il est évident que ce
n'est plus le cas aujourd'hui. De nos jours, l'alcoolose est le type de maladie alcoolique la plus
répandue et touche la population masculine bien autant sinon plus.
C'est pourquoi l'alcoolisme touche une population de plus en plus jeune et qu'il faut absolument agir
maintenant par la prévention le plus tôt possible dans les écoles.
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