permissions suivant le rythme
autorisé par la clinique, permis-
sions au cours desquelles il s’est
engagé à ne pas boire. Si la ten-
tation de l’alcool est trop forte
durant une permission, il lui est
conseillé de rentrer plus tôt que
prévu. S’il n’a pas pu résister à la
tentation, le médecin lui de-
mande de ne pas sortir à nouveau
pendant quelque temps.
Tout au long du séjour, l’équipe
pluridisciplinaire de la clinique
joue un rôle prépondérant dans
le cheminement du malade al-
coolique vers son mieux-être.
Les activités médiatrices de pa-
role proposées sont fondamen-
tales pour aider le patient à
communiquer, ce dernier souf-
frant d’importants troubles de la
communication.
S’appuyer sur des activités
Des groupes de parole à orienta-
tion psychanalytique sont ani-
més par un ou deux psychiatres
en présence de la psychologue,
des stagiaires psychologues, d’in-
firmières et d’aides-soignants. Ils
permettent aux patients de s’ex-
primer autour d’un thème inté-
ressant la majorité des personnes
présentes (la solitude, les rela-
tions familiales, la dépression, la
confiance en soi...). Si le malade
a beaucoup de difficultés pour
parler, il écoute, tout simple-
ment, ce qui est enrichissant
pour lui et l’amène peu à peu à
s’exprimer.
Ces groupes de parole ont en-
traîné une dynamique dans l’éta-
blissement : les discussions sont
reprises par les patients entre
eux, avec leur médecin et avec
les infirmières.
De nombreuses réflexions per-
sonnelles sont suscitées par ces
groupes, le patient dit parfois
“s’y sentir mal”. Il se sent bous-
culé psychiquement, mais c’est
ce qui lui permet d’avancer.
Un atelier de création artistique
est animé par un artiste peintre.
C’est un atelier de créativité où
règnent la sérénité et la convivia-
lité. Le patient s’exprime libre-
ment par le dessin ou la peinture,
se détend, discute avec l’artiste,
“s’évade”. Fréquemment, les pa-
tients expriment l’impression
qu’ils ont de ne plus être hospi-
talisés à ce moment-là. En fin de
séance, un thérapeute psychana-
lyste passe pour ceux qui sou-
haitent travailler autour de leur
création.
Une prise en charge par l’équipe
infirmière est faite tout au long
du nycthémère. La relation qui
s’instaure avec le patient est fon-
dée sur la compréhension et
l’écoute. Le patient sait qu’il
peut solliciter les infirmières
pour un entretien s’il éprouve le
besoin de parler, de se confier,
s’il est angoissé.
Les infirmières proposent égale-
ment des entretiens de relation
d’aide dont l’intérêt est de per-
mettre au patient de :
•clarifier ses difficultés (sans le
protéger ou s’identifier à lui) ;
•trouver les solutions les plus
adaptées aux difficultés rencon-
trées, qu’elles soient d’ordre ma-
tériel ou d’ordre relationnel ;
•traverser une épreuve ;
•trouver un fonctionnement
personnel plus satisfaisant ;
•trouver le sens de son existence
en mettant en place un projet
personnel.
D’autres ateliers sont également
proposés par la psychologue et les
stagiaires psychologues suivant
les périodes : atelier rire/sourire,
atelier écriture, jeu perspective,
jeu de questions en lien avec la vie
quotidienne montrant que dans
une situation donnée, plusieurs
solutions peuvent être possibles.
Outre ces activités, les patients
sont invités à s’aérer et à se dé-
tendre dans le parc de la cli-
nique. Il faut souligner égale-
ment les moments conviviaux
que les patients vivent entre eux :
discussions, jeux de société, jeux
de ping-pong et de boules, etc.
Le malade ne doit pas s’isoler,
car la convivialité, les échanges,
l’écoute, la compréhension sont
des éléments clés pour progres-
ser vers l’abstinence et surtout le
mieux-être.
Au cours d’une réunion men-
suelle, tous les patients bu-
veurs et non buveurs sont invités
à rencontrer l’association AA
en présence de l’équipe médi-
cale et infirmière. Ainsi, ils pren-
nent connaissance du fonction-
nement de cette association et
aussi de l’expérience même des
animateurs.
Toutes ces activités n’ont de sens
que dans la mesure où elles sont
répétées. Grâce à elles, le patient
évolue, se sent valorisé. Elles lui
permettent de l’aider dans sa re-
cherche de sens quant à son
comportement et à sa vie, elles
lui facilitent sa renarcissisation.
Rose-Marie Champion
Infirmière surveillante,
Clinique “Villa-les-Roses”, Lyon Ve.
Bibliographie
•Gomez H. La personne alcoolique, Paris,
Dunod, 1999.
•Descombey J.P. Précis d’alcoologie cli-
nique. Paris, Dunod, 1998.
•Golse B. Le développement affectif et
intellectuel de l’enfant. Paris, Masson,
1998.
•Donnadieu B., Genthon M., Vial M. Les
théories de l’apprentissage, quel usage
pour les cadres de santé ? Paris, Masson,
1998.
•Dr Settelen. Psychogenèse et symbolique
du lien chez les personnes alcooliques,
Lyon, 1998.
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