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Depuis plusieurs décennies, la médecine moderne doit faire face à une
problématique nouvelle : diminuer les risques liés aux actes médicaux et sécuriser les
procédures de soins conformément aux attentes de notre société.
Ce phénomène de responsabilisation apparu dans le secteur industriel et constaté
depuis peu en médecine est la traduction de l’inquiétude actuelle de notre société face aux
catastrophes naturelles, industrielles (nucléaires, aériennes, chimiques) et aux différentes
« affaires ».
Le risque médical est actuellement 100 à 1000 fois plus élevé que les risques dits
technologiques. L’institut américain de médecine estime que chaque année entre 40 000 et
100 000 patients décèdent dans les suites d’une erreur médicale. C’est une cause
importante de morbi-mortalité hospitalière.
Ainsi, à l’instar d’autres secteurs d’activité, la médecine moderne, jusqu’alors tournée
vers le développement technologique, biologique et la recherche, se retrouve soumise aux
exigences actuelles en matière de qualité des soins et de sécurité sanitaire. Si bien qu’au
cours des dernières décades, devant cet impératif sécuritaire, un changement profond dans
la mentalité des différents acteurs de soins est devenu manifeste [1].
La jurisprudence concernant la responsabilité médicale a évolué en Europe : on est
passé de l’obligation de démontrer la faute par le plaignant à celle de prouver l’absence de
faute par le médecin. La charge de preuve incombe désormais aux professionnels de santé
qui doivent être en mesure de prouver que toutes les dispositions nécessaires ont été prises
pour éviter un accident.
Dans ce climat sécuritaire actuel, il parait essentiel d’introduire dans nos
établissements de santé une réelle dynamique de gestion des risques susceptibles d’être
rencontrés dans le cadre des démarches de soins. Depuis la loi de réforme hospitalière de
1991, les établissement de santé ont maintenant l’obligation de développer « une politique
d’évaluation des pratiques professionnelles, des modalités d’organisation des soins et de
toute action concourant à une prise en charge globale du malade afin notamment d’en
garantir la qualité et l’efficience ». Cette obligation est renforcée par l’ordonnance de 1996
qui confie l’évaluation des politiques de gestion du risque mises en place par les
établissements de santé à l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation de la Santé
(ANAES).
La création et la mise en place de systèmes de vigilance, véritables veilles
scientifiques, technologiques et sanitaires s’inscrivent dans cette démarche sécuritaire
menée à l’échelon national (loi du 1er juillet 1998).
La notion de sécurité a toujours été au premier plan des préoccupations en
anesthésie-réanimation. Pendant de nombreuses années, la performance anesthésique était
mesurée en terme d’absence de complication, avec la notion implicite que la survenue d’un