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Dr. Brun L.
Cours I.U.F.M.
Les enfants intellectuellement précoces.
Ce n’est pas une maladie mais ce sont des enfants qui sont vus fréquemment
en consultation de pédopsychiatrie parce ce que ce sont des enfants doués d’un
potentiel intellectuel exceptionnel mais pour qui la réussite scolaire et sociale est loin
d’être la règle.
I. Définition.
Ce sont des enfants de 2 à 7 ans en avance sur leur âge réel. En terme de
chiffre, un enfant est considéré comme précoce quand le Q.I., mesuré par le test de
Wechsler est supérieur à 125-130.On estime la fréquence à 2,3% des enfants de
chaque classe d’âge. Il existe des enfants intellectuellement précoces dans tous les
milieux socio-culturels.
Selon les statistiques de l’AFEP, seul :
- 1/3 de ces enfants sont de bons ou de brillants élèves en fin de 3ème,
- 1/3 sont en échec scolaire total,
- 1/3 est moyen ou médiocre.
Au total, c’est la moitié des E.I.P. qui ne feront pas d’études du tout ou des études
sans rapport avec leurs capacités intellectuelles. La période critique est le collège.
Ils ont une mémoire de travail très rapide qui peut contenir plus d’informations
que la moyenne avec une durée de stockage plus longue.
Ils arrivent en consultation après avoir été adressés par un parent ou un
enseignant qui est alerté, intrigué voir même dérangé par les comportements de
l’enfant. On retrouve dans les propos de l’adulte qui envoie l’enfant en consultation
des troubles du comportement avec un enfant dont on dit qu’il est :
- accaparant, exclusif,
- instable avec des défauts d’attention et de concentration
- ennuyant ou ennuyé
- que son imagination est débordante
- que sa curiosité est insatiable
- qu’il pose des questions existentielles,
- mature dans sa pensée, son langage et par contre, qu’il est infantile dan son
comportement,
- toujours en éveil, qu’il n’arrive pas à dormir,
- indiscipliné, autoritaire et impertinent,
- anxieux, angoissé, qu’il a des peurs irraisonnables, des habitudes
capricieuses,
- qu’il est déprimé,
- qui a des difficultés à s’intégrer dans un groupe d’enfants de son âge et
préfère la compagnie des enfants plus âgés ou des adultes,
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-
Ces éléments se retrouvent en famille et à l’école vis-à-vis des adultes, des
parents ou des enseignants. Il est important de savoir s’il a des amis et quel âge ils
ont.
Le diagnostic peut-être ignoré, suspecté ou connu par l’entourage au moment de
la première consultation.
Le pédopsychiatre suspecte, affirme ou confirme une précocité intellectuelle
en observant l’enfant pendant la consultation, en recherchant les signes non décrits,
en reconstituant l’histoire de l’enfant dans sa famille et enfin en faisant réaliser des
tests psychologiques (le Standford-Binet, le Terman-Merrill, les tests de Wechsler
+++ : le WISC pour les enfants de 6 à 16 ans et le WPPSI pour les enfants de 3 à 6
ans). Le pédopsychiatre observe comment l’enfant réagit au discours de ses
parents. En entretien individuel, il sera attentif à différents éléments : comment
supporte-t-il le face à face avec le médecin ? Quel type de relation il établit avec lui ?,
Quels signes cliniques retrouve-t-on ? A travers quels instruments : le langage, le
jeu, le dessin ? Et son corps ? Quel vécu a-t-il de lui dans les situations familiales,
scolaires, amicales ? Et le vécu du pédopsychiatre dans la situation ?
On est surpris par le niveau de langage, la pertinence et la qualité du
raisonnement, ainsi que la réussite aux tests d’intelligence.
On va les interroger sur ce qu’ils pensent d’eux quand ils ne sont pas
opposants, inhibés, déprimés, révoltés ou revendiquants. Ils nous montrent leur
plaisir à fonctionner dans l’imaginaire et leur ennui au quotidien. Ils sont plus ou
moins conscients de :
- leur différence par rapport aux autres enfants du même âge : rejet, malaise,
- leur insatisfaction par rapport aux attentes des adultes à leur égard qu’ils
ressentent remis en cause, dépassés, exigeants,
- leur inquiétudes existentielles : vie/mort, espace/temps,
- de leurs besoins intellectuels, de leur curiosité à assouvir
- et surtout des besoins affectifs : avoir de bonnes relations avec leurs parents,
avec leurs camarades,
- de leur malaise gestuel et corporel.
II. Hypothèses fonctionnelles : le syndrome de dyssynchronie (JC
Terrassier).
J.C. Terrassier a décrit ce qu’il appelle le syndrome de dyssynchronie qui correspond
à un développement hétérogène chez l’enfant précoce. On retrouve :
- un décalage entre le développement intellectuel et le développement psychomoteur
qui aboutit souvent à des difficultés psychomotrices en particulier au niveau de
l’écriture.
- un décalage entre différent secteurs du développement intellectuel : les tests de
raisonnement et d’analogie sont plus brillamment réussis que les tests d’information,
vocabulaire et arithmétique, ce qui met en évidence le rôle négatif de
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l’environnement qui ne permet pas à l’E.P.I des acquisitions à la mesure de ses
capacités,
- décalage intelligence-affectivité : son intelligence fine lui donne accès à des
informations anxiogènes car son niveau de relative immaturité affective ne lui permet
pas de les assimiler de façon « économique ».
1. Dyssynchronie sociale.
Elle est liée au fait que les enfants se sentent en décalage dans les
apprentissages par rapport aux autres enfants de leur âge. Ce qui les isolent, les
marginalisent ou encore les conduisent à faire des efforts pour se mettre à leur
niveau, quitte à se « saboter ». Ils vont de même calquer leur niveau d’exposition de
leurs performances sur les attentes de leurs parents ou des adultes : être le meilleur,
ne pas risquer de les dépasser, inhiber leurs capacités, ou se faire échouer pour
s’opposer à leur attente (dans un conflit oedipien).
Les E.I.P. sont souvent peu sollicités par leur milieu ce qui induit un
déséquilibre. L’équilibre peut se rétablir si le milieu y est vigilant et sollicite
d’avantage les E.I.P. en les obligeant à mettre en œuvre leur créativité pour éviter
l’ennui et le paresse souvent décrite par les parents ou les enseignants.
Dans certains cas, plus clairement pathologique, la réussite intellectuelle
privilégie un moyen de réanimer, de renarcissiser un parent dépressif, de remplir un
mandat transgénérationnel réparateur d’un ancêtre défaillant, ou encore la fixation de
certains enfants à un idéal du Moi grandiose peur rendre le travail de désillusion à
l’adolescence très difficile et dépressogène.
2. Dyssynchronie interne.
Elle est en lien avec des niveaux de développement hétérogènes entre leur
évolution intellectuelle, verbale, logique, psychomotrice et affective. Ils ont du mal à
gérer harmonieusement le développement de leurs fonctions ce qui entraîne des
troubles du langage (bégaiement), de l’écriture (crampes, lenteur), de la motricité
(maladresse), des attitude immatures soigneusement cachée (honteuses).
Des manifestations névrotiques (phobies, obsessions) peuvent être des
défenses par rapport à l’accès à des questions existentielles anxiogènes (vie, mort,
espace, temps). De même, certaines formes d’intellectualisations outrancières
peuvent être des utilisations pathologiques du mécanisme de « sublimation » par
rapport à des angoisses où des pulsions insupportables.
III. Comment les aider ?
Tout d’abord en l’identifiant très tôt pour prévenir l’échec scolaire et les
désordres psychologiques. Il faut comprendre et accepter ses différences pour
pouvoir répondre à ses besoins psychologiques fondamentaux. Sur le plan
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intellectuel, il faut le stimuler et favoriser sa créativité tout en l’aidant à acquérir
des méthodes de travail.
La possibilité de les regrouper au collège apporte certains avantages :
- psychologique et social en leur offrant la possibilité de communiquer avec des
individus leur ressemblant donc les sort de leur isolement.
- Pédagogique en permettant une accélération, un enrichissement et un
approfondissement de l’enseignement.
Bien qu’ils aient des capacités intellectuelles étonnantes, ce sont d’abord des
enfants ayant des besoins affectifs, relationnels en attente : vis-à-vis des adultes
(parents, enseignants), vis-à-vis de leurs pairs, et ayant besoin de communiquer,
d’échanger, de partager et pour qui une aide peut s’avérer nécessaire voir
indispensable à ce niveau d’où l’intérêt dun soutien psychothérapeutique pour
certains de ces enfants.
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