pas si facilement accessible, elle est le chemin laborieux du philosophe qui sort de la caverne.
« Mais j’avoue qu’il est besoin d’un long exercice, et d’une méditation souvent réitérée, pour
s’accoutumer à regarder par ce biais toutes les choses ; et je crois que c’est principalement en
ceci que consistait le secret de ces philosophes » Descartes, discours de la méthode.
Bien qu’elles soient l’apanage de quelques philosophes, ermites ou moines spirituels et sages
de toutes cultures, cette maîtrise des désirs semble difficile voire impossible à réaliser pour la
plupart des hommes. C’est que les désirs se manifestent malgré nous. Ils sont le produit de
nos pulsions, de notre inconscient. Mais en même temps, la conscience semble ainsi faite
qu’elle ne peut se satisfaire du donné et de l’immédiat et qu’elle se meut à la recherche de ce
pas encore, de cet ailleurs, de cette absence, qu’elle conceptualise la quête du désir. La
conscience est-elle par essence désir ? En ce sens peut-on dire que le désir est l’essence de
l’homme ?
B- L’objet du désir
1 – l’essence du désir
Il s’agit de s’interroger sur l’essence du désir. Il se manifeste comme prétention à rendre
présent l’absence, ce qui n’est pas mais ce qui est en même temps possible. Mais lorsqu’il
rend parfois cet absent présent, son objet n’en est plus un et le désir d’absence renaît à son
tour pour un autre objet. Le désir semble être un pouvoir d’altérité. Une insatisfaction
structurelle le définit et elle lui impose une inadaptation, une inadéquation avec ce qui est là.
L’absence semble infiniment préférable à la présence pour le désir. Ce n’est pas l’objet qui
importe, c’est le désir lui-même. L’objet est une projection de quelque chose qui n’est pas là
et qu’on ne possède pas. Le désir semble attisé par l’absence et refroidi par la présence de son
objet. Que désire le désir ? Obtenir son objet mais dés lors qu’il est atteint, il n’est plus un
objet pour lui et le désir se transporte ailleurs, vers un autre objet, il renaît sans cesse se
projetant vers un autre objet absent ? Mais si le désir désire l’absent et ne se satisfait que
provisoirement du présent c’est que son essence est ailleurs, dans cette recherche continuelle.
Le désir désire désirer plutôt que se satisfaire, la bataille pour réaliser un désir est bien plus
excitante que la victoire. L’objet du désir est inquiétant, évanescent, imaginaire. Il se déplace
d’objets en objets. Il n’est aucun objet en particulier. Le désir a pour objet lui-même. Aimer
désirer comme don juan qui se grise de cet art de la séduction. Séduire c’est enrouler autour
de soi faire croire à la présence et redoubler d’absence. Le désir joue à désirer et il se définit
par cette insatisfaction chronique. Le désir ne souhaite pas se satisfaire. Comme perséphlore
et Déméter déesses chtoniennes, attisaient le désir. Ce texte extrait de Don Juan montre
comment don juan est avide de désirer et indifférent à la possession de son objet. L’objet visé,
en l’occurrence ici un sujet, est complètement nié. C’est la lutte pour rendre présent, donné
l’objet du désir qui était absent, qui importe.
(Texte : Découverte, p71 Delagrave).
2- Eros et le désir amoureux
Le mythe du banquet ou mythe d’Aristophane
Eros n’est pas un dieu comme les autres. Platon utilise dans le Banquet un autre mythe,
raconté par la prêtresse Diotime (Banquet , 2O3ac) : Eros (= le désir amoureux) a été conçu le
jour de la naissance d'Aphrodite, après le festin que les dieux, parmi lesquels Poros ("la
ressource", "la richesse"), donnèrent en cet honneur. Penia ("la pauvreté", "l'indigence"), une
mendiante qui passait par là, eut l'idée de mettre à profit l'occasion qui se présentait en se
couchant auprès de Poros, qui s'était endormi tout enivré de nectar. C'est ainsi que naquit