Quinzièmes Journées Internationales de Sociologie du Travail (JIST) Athènes 11-13 mai 2016 Crise(s) et mondes du travail LOW COST : LE CONSOMMATEUR VERSUS LE TRAVAILLEUR Marnix Dressen et Jean-Pierre Durand [email protected] / [email protected] (Axe 4 ou 2) Le low cost est en général présenté par les tenants du libéralisme comme une issue à « la crise économique » et de l’emploi telle qu’elle sévit en Europe. Le low cost serait plébiscité par les clients et élargirait alors les marchés, permettant de sauver ou de créer des emplois. Que peut dire la sociologie du travail de cette dialectique qui apparaît si vertueuse ? La communication proposée se présente plutôt comme un programme de recherche multibranches et n’abordera que superficiellement les secteurs qui restent à étudier. L’hypothèse principale est qu'il y a une étroite corrélation entre le low cost et les caractéristiques du travail et de l'emploi dégradés. L'enjeu sociologique est de montrer que le pilotage de l'économie par la baisse des coûts des produits ou des services proposés/imposés à la clientèle a des effets sociaux que les consommateurs, qui sont pourtant souvent aussi des travailleurs, ne mesurent pas immédiatement. En tant que consommateurs ils sont intéressés par une réduction des coûts (et des prix) alors qu’en tant que salariés, ils n'ont guère intérêt à moyen et à long terme à une réduction de la masse salariale et à une intensification du travail qu’impliquent souvent la baisse du prix des produits. Sur le court et le moyen terme nous observerons l’évolution du travail (contenus, pressions par le temps, rythmes, horaires) et de la nature des emplois ; à long terme on pourra s’interroger sur la pérennité des emplois dans les régions encore épargnées par les délocalisations. Par exemple, le succès des prestations low cost et le développement de l'emploi du segment secondaire n’aura-t-il pas pour effet de miner l'emploi dans le segment primaire des firmes (cas d'Air France). Dans cette branche par exemple, les politiques commerciales de low cost passent aussi sur le plan du travail et de l’emploi des salariés par des atteintes au système de relations professionnelles et dans certains cas aux droits syndicaux les plus élémentaires. Nos terrains seront la construction automobile délocalisée et ses équipementiers, les nouveaux entrants dans le fret ferroviaire et les sous-traitants du « Groupe public ferroviaire » (nouvelle appellation des trois EPIC qui composent désormais la SNCF), le transport aérien, la grande distribution, etc.