
Révolution low cost, David Barroux, Rédacteur en chef Les Échos 
Le low cost vole de plus en plus haut. De plus en plus loin. A l'heure où les compagnies aériennes à 
bas prix partent à la conquête des lignes long-courrier que l'on disait il y a encore peu être la chasse 
gardée des grandes compagnies historiques, une évidence s'impose : le low cost n'épargnera 
personne. Ce qui n'était au départ qu'une offre secondaire sur des marchés de niche, souvent 
réservée aux plus pauvres, a changé de dimension. Dans toutes les industries, les alternatives low 
cost parviennent à conquérir un public de plus en plus large. Car, dans le sillage d'easyJet et de 
Ryanair, Netflix, BlaBlaCar, Dacia, Free, Ouigo, Primark, Lidl ont fait de l'achat malin une vague de 
fond. Même sur un petit segment comme le vélo de qualité, un Canyon qui ne vend que par 
Internet fait trembler les géants de la pédale en cassant les prix.  
Si le low cost progresse, c'est d'abord parce qu'il n'est plus synonyme de « low quality » ou de 
produit fade et uniforme. L'abaissement des barrières à l'entrée dans bien des secteurs, la 
dérégulation de nombreux marchés, ont dopé la concurrence, ouvrant un nouvel éventail d'options 
et de rapports qualité-prix. Le progrès technique a aussi permis d'atteindre un incroyable niveau de 
qualité sans que les coûts flambent pour autant. La mondialisation et l'émergence d'une nouvelle 
classe moyenne dans les pays émergents ont, en prime, fait naître de nouveaux marchés de masse 
qui permettent aux entreprises d'amortir leurs projets sur des volumes incroyables en profitant de 
véritables économies d'échelle. Enfin, la révolution numérique qui rebat les cartes fait que les 
acteurs historiques peuvent certes s'appuyer sur des marques reconnues et de vrais savoir-faire, 
mais ils se retrouvent parfois aussi considérablement ralentis par le poids du passé. Comment faire 
quand vos concurrents qui s'appuient sur des armées de free-lances n'ont plus forcément besoin 
d'usines, de magasins ou de stocks ?  
Certains regretteront que l'essor de cette économie low cost débouche souvent sur la création 
d'emplois précaires et peu qualifiés. Certes. Mais ce serait oublier que, face aux ravages du 
chômage, mieux vaut des emplois qui restent tout de même très dignes que pas d'emploi du tout. 
Surtout que les principaux gagnants de la révolution low cost sont tous les consommateurs que 
nous sommes.