Journal de la Société de Biologie Clinique
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Journal de la Société de Biologie Clinique, 2005; N° 009 : 54-60
L’objet du présent travail est d’étudier les effets
de l’administration du BHA, antioxydant syn-
thétique utilisé dans la conservation des huiles,
graisses et aliments, sur l’hyperplasie thy-
roïdienne. Notre approche ici est essentielle-
ment morphologique et comprend la descrip-
tion histologique, la morphométrie des diffé-
rents composants glandulaires et la quantifica-
tion de la prolifération cellulaire dans des
goitres induits chez des souris ICR et sou-
mises à du BHA.
MATERIEL ET METHODES
1- Animaux et traitements
Des souris ICR (Institue für Zuchthygiene,
Zurich, Suisse) mâles âgées de 8 à 10 se-
maines, sont réparties en 6 groupes de 6 ani-
maux. Les groupes I et II reçoivent une nourri-
ture standard (U.A.R., Villemoisson-sur-orge,
France), fournissant environ 1,85µg d’iode par
jour et de l’eau potable pendant toute la durée
de l’expérience. Dans les groupes III et IV,
l’hyperplasie thyroïdienne est induite par un
régime carencé réduisant l’apport à 0,1µg
d’iode par jour (LID, Low Iodine Diet ; Reming-
ton, Animalabo, Bruxelles, Belgique) et par
l’administration d’un goitrigène, le 6-n-propyl-2-
thouracyl (PTU ; Sigma, St Louis, USA) qui
empêche l’organification ; l’eau potable est
remplacée par de l’eau distillée. Dans les
groupes V et VI, l’hyperplasie thyroïdienne est
induite par le LID et par l’administration de
perchlorate qui bloque le transport de l’iodure ;
le perchlorate est dissout dans l’eau distillée à
la dose de 1%. Les groupes II, IV et VI reçoi-
vent par ailleurs en plus, mélangé à leur nourri-
ture, du BHA (Sigma, St Louis, USA) à raison
de 1%. Tous ces traitements sont maintenus
pendant 12 jours. Par ailleurs au 12ème jour, et
2 heures avant d’être sacrifié, chaque animal
reçoit du bromodéoxyuridine (BrdU, Boehrin-
ger, Mannheim, Allemagne) à la dose de
50mg/kg..
2- Morphologie et morphométrie
Sous anesthésie par injection intrapéritonéale
de 15 mg de thiopental sodique dilué dans
0,3ml de sérum physiologique, (Penthotal ;
Abbott, Ottignies-Louvin-La-Neuve, Belgique),
le bloc thyroïde-trachée est réséqué, les lobes
thyroïdiens sont soigneusement libérés sous
loupe binoculaires et pesés. Ils sont ensuite
fixés au Bouin-Allen pendant 18 à 72 heures,
avec un fragment d’intestin qui servira de con-
trôle de l’incorporation du BrdU. Les lobes
ainsi fixés subiront les manipulations histolo-
giques subséquentes pour la confection de
coupes histologiques de 5µm d’épaisseur et
colorées à l’hémalun-éosine-safran.
Après avoir décrit l’image histologique de fa-
çon qualitative, il est procédé à l’analyse mor-
phométrique sur deux lames par animal afin
d’étudier les volumes relatifs du colloïde, de
l’épithélium et de l’interstitium. Cette analyse
morphométrique est réalisée par comptage par
points sur un microscope à sondages Wild. Le
volume relatif de chaque constituant A (VVA)
est donnée par la formule :
Nombre de points tombant sur A
VVA= --------------------------------------------------
Nombre total de points comptés.
Pour plus de facilité, VVA est exprimé en pour-
cent. Le nombre de points comptés par coupe
varie de 380 à 2000. Les chiffres par animal
sont obtenus en faisant la somme des chiffres
des deux coupes. On calcule alors la moyenne
et l’erreur standard par groupe expérimental.
3- Immunohistochimie
Les cellules en phase S du cycle cellulaire
ayant incorporé du BrdU sont identifiées en
utilisant la technique d’immunoperoxydase
indirecte par la méthode d’avidine-biotine
complexe ou ABC (Hsu, 1981). Dans cette
technique, le premier anticorps est un anti-
corps monoclonal antiBrdU d’origine murine, le
deuxième est une immunoglobuline de chèvre
antisouris liée à la biotine et la troisième
couche est faite de strepavidinine couplée à la
peroxydase. Les coupes sont ensuite colorées
à l’hématoxyline de Harris et montées dans de
l’Entelan. Comme contrôle positifs des coupes
de duodénum provenant des mêmes animaux
et qui contiennent un grand nombre de cellules
en phase S sont utilisées. Comme contrôles
négatifs, il s’agit de thyroïdes hyperplasiées de
souris n’ayant pas reçu de BrdU avant le sacri-
fice. Des contrôles de spécificité sont faits en
omettant le premier anticorps.
Sur deux coupes ainsi marquées par animal,
on procède au comptage du nombre de cel-
lules épithéliales ou interstitielles (vasculaires
ou non) marquées et non marquées. Pour
chaque groupe, l’indice de prolifération (IA )
des cellules épithéliales et des cellules intersti-
tielles en est déduit par la formule :
Cellules A marquées
IA =-----------------------------
Total de cellules A
Pour plus de facilité, IA est exprimé en %o. Les
chiffres par animal sont obtenus en faisant la
somme des chiffres des deux coupes. On cal-
cule alors la moyenne et l’erreur standard par
groupe expérimental