La sculpture à Florence : innovation et maturité Donatello est la personnalité la plus forte. Son art s'oriente vers un naturalisme expressif
et tourmenté. Son inclination à faire de la sculpture le moyen d'une expression de ses tourments personnels l'éloigne de l'esthétique de la
Renaissance. Elle fait de lui une préfiguration de Michel-Ange et l'un des premiers artistes modernes.
Pour le baptistère de Sienne il réalise une vie de saint Jean Baptiste aux enroulements libres de drapés; il met en place un élément
révolutionnaire : le relief écrasé (rilievo schiacciato ou stiacciato) qui lui permet de construire l'espace avec des règles de la perspective. Le festin
d’Hérode – Mi 1420 – br – 60X60 – Sienne
Ghiberti et les portes du Paradis - C'est l'œuvre magistrale de Lorenzo Ghiberti, à laquelle participeront Luca della Robbia, Donatello,
Michelozzo (1336/1442), Benozzo Gozzoli (à partir de 1442), Bernardo Cennini, les deux fils de Ghiberti, Vittore et Tomaso. Elle exigera 27
années de travail de 1425 à 1452. Vasari écrira, à son sujet, qu'il s'agissait de "la plus belle oeuvre qui se soit jamais vue au monde, tant chez les
anciens que chez les modernes". Le sculpteur utilise la perspective, et un relief de moins en moins accentué, pour disposer un grand nombre
de personnages sur plusieurs plans. Le thème de l'Ancien Testament, retenu pour orner les panneaux de la porte, sera choisi par Leonardo
Bruni, chancelier de la République florentine.
Les dix panneaux de la Porte du Paradis illustrent des scènes tirées de l'Ancien Testament, de la Genèse au Livre des Rois. La lecture s'opère
de gauche à droite, et de haut en bas. Les trois premières scènes introduisent les thèmes de la chute, du sacrifice et de la rédemption. Esaü
abandonnant son droit d'aînesse annonce la venue des gentils à la place du peuple élu / Joseph pardonnant à ses frères qui l'ont vendu représente la miséricorde du Christ
Donatello contribue à faire de la perspective un motif d’animation décorative universel. En 1429, pour la sacristie vieille de san Lorenzo
(Brunelleschi), il réalise des médaillons aux écoinçons de la coupole.
Donatello San Lorenzo, 1429-1435, L’Ascension de saint Jean, La Résurrection de Drusiana, Saint Matthieu, Saint Marc
Donatello L'Annonciation Calvacanti, 1428-1433, Florence, église Santa Croce
Donatello Tribune de la cathédrale de Florence (1433-39) Il se trouva en compétition avec Luca della Robbia dans une commande de Tribune des chantres
pour la cathédrale. Si Luca della Robbia s'inspire de l'architecture antique, Donatello représente une bacchanale… poursuivant la création
entamée à Prato, sur la chaire extérieure du Duomo. Luca della Robbia Tribune de la cathédrale de Florence (1431-39)
Donatello Le bronze de David nu au pied posé sur la tête de Goliath, Il crée pour les Médicis le 1er nu monumental de la Renaissance, assez androgyne et jouant
sur les déhanchements. Installé sur une colonne au milieu de la cour du Palais Médicis en 1459, il semble avoir été fait pour Cosme vers 1440.
Une inscription soulignait sa signification : Vincite cives - citoyens soyez vainqueur (célébration de la bataille d’Anghiari ?). La nudité inédite s’appuie
sur le texte biblique du livre de Samuel.
Donatello Amor-Atys– 1440 – Bargello Il est le 1er à pratiquer des petits bronzes à sujet profane de claire inspiration antique. Hautes de 36 cm, ce sont les
1ère statuettes en bronze en vraie ronde bosse du XVè
Donatello, Gattamelata, 1445-1453, Padoue, Piazza di Sant’Antonio Il réside entre 1443 et 54 à Padoue où sa sculpture prend une intensité sans précédent : Il
réalisera le monument du Gattamelata, qui deviendra, avec le Colleone de Verrocchio à Venise, la plus belle statue équestre de la Renaissance
Donatello Sainte Marie Madeleine en bois de peuplier (1455). Florence m de l'oeuvre De retour à Florence en 1454, Donatello réalise les panneaux de bronze
représentant la Descente aux limbes, la Résurrection et l'Ascension, probablement destinées au tombeau de Cosme. Son style devient quasi
expressionniste mettant en scène la souffrance et l'ascétisme des grands saints. Il se retire ensuite à Sienne, puis effectuera son retour à
Florence en 1457. Il y recevra la commande de Pierre de Médicis d'un groupe en bronze, Judith pour le palais Médicis.
Le stil dolce la sculpture florentine du milieu du XVe siècle voit se développer le style doux. Il s’agit de traiter le marbre avec une technique
susceptible de rendre les figures tendres et lumineuses. Les mains du sculpteur ont su modeler avec finesse plusieurs types d’œuvres, de la
commande publique monumentale à l’objet de dévotion privée. Sur la base du renouveau initié par le Donatello, la sculpture peut alors vivre sa
saison florissante. Donatello, Madone des Pazzi, 1430ca. Berlin, Bode Museum
Mino da Fiesole (1431-1484) à partir des années 1465 il parvient à un réalisme vigoureux et expressif sans se départir de sa raideur dans le
drapé du buste, tout en mettant un avant un style plus doux, plus plaisant plus facile. Vierge et l’enfant, 1460ca., & Vierge et l’enfant, 1460ca., Louvre
Agostino di Duccio (1418-1481) Sa première œuvre datée est le devant d’autel de la cathédrale de Modène (1442), représentant des scènes de
la Vie de san Gimignano. Il travailla à Rimini avec Alberti sur le temple de Malatesta dont il réalise le décor sculpté (1447-1454). Et En 1457 à
San Bernardin de Pérouse La Madone d’Auvillers, 1464-1469, Musée du Louvre
Desiderio da Settignano naît vers 1430 à Settignano, dans une famille de tailleurs de pierre. Son œuvre est parfaitement représentative de
cette sculpture Jeune garçon riant, 1463, Vienne, /Jésus et st Jean Baptiste enfant, 1460ca, Louvre/Tabernacle du Saint Sacrement, 1461, Florence, église San Lorenzo
La Florence des Médicis abrita une dynastie de sculpteurs, les Della Robbia, qui doit son renom à la terre cuite émaillée, un procédé qu’elle mit
au point et dont elle garda longtemps le monopole. De nombreuses églises et monuments de Toscane et d’Ombrie en conservent de très
beaux exemples. Au début du XIXe siècle, les collectionneurs furent séduits par les sculptures « robbiesques » : éclat des coloris, douceur du
modelé, madones, anges ou saints, empreints de la spiritualité très humanisée des Franciscains. 4 générations successives d'artistes qui créèrent
d'innombrables sculptures, de toutes dimensions, profanes ou religieuses, caractérisées par l'emploi d'émail blanc pour les figures et bleu pour
les fonds on utilise la terre cuite avec émail peint Luca della Robbia, La Résurrection du Christ, 1446, Porte de la Sacristie Nord du Duomo de Florence, Duomo
Bottega des Della Robbia, tabernacle eucharistique, 1500ca., Paris, Musée du Louvre
Le renouveau de la sculpture funéraire L’art du monument funéraire prend de l’ampleur à cette époque à Florence, avant tout dans le but
de glorifier un individu dont les actions ont marqué l’histoire de la ville. Le monument doit donc être grandiose. A partir des années 1430,
apparaît une nouvelle génération de sculpteurs. Michelozzo (1396-1472) formé auprès de Ghiberti travaille en association avec Donatello pour
les 1ers monuments funéraires avant de s’imposer comme architecte de Cosme. Bernardo Rossellino (1409-1464) s’affirme comme le 1er
sculpteur pendant l’absence de Donatello L'originalité de l'oeuvre consiste à placer celui-ci entre deux colonnes existantes et de disposer une
tenture surplombant le sarcophage de Jean XXIII (l'anti-pape). C'est le type de tombeau pour des siècles à venir.
Donatello, Michelozzo di Bartolomeo, Tombeau de l’anti-pape Jean XXIII, 1422-1428, Florence, Baptistère
Desiderio da Settignano, Tombeau de Carlo Marsuppini, 1453-1454, Florence, église Santa Croce
Bernardo Rossellino, Tombeau de Leonardo Bruni, 1444-1447, Florence, église Santa Croce
Antonio Rossellino, Tombeau du cardinal Jacques de Portugal, 1461-1466, Florence, église San Miniato al Monte
Le renouveau du portrait sculpté Un phénomène remarquable de la Renaissance fut la réapparition du portrait réaliste comme sujet
important dans l’art européen. Au cours du Moyen-âge les portraits étaient limités presque exclusivement aux figures stylisées des donateurs en
prière, représentés agenouillés dans les tableaux religieux qu’ils avaient commandés.
Donatello, Niccolo da Uzzano, 1432ca., Florence, Museo nazionale del Bargello
Mino da Fiesole, Dietisalvi Neroni, 1464, Paris, Musée du Louvre
Antonio Rossellino, Giovanni Chellini, 1456, Florence, Museo del Bargello
Desiderio da Settignano (entourage de), Buste de Sainte Constance dite la « Belle
Florentine », 1460ca., Paris, Musée du Louvre
L’épanouissement de la sculpture à la fin du Quattrocento Andrea di Michele di Cione dit Le Verrocchio (Florence 1435-1488) est un
sculpteur, peintre, orfèvre et architecte italien qui a travaillé à la cour de Laurent de Médicis, dit le Magnifique.
Verrocchio, David, 1473-1475, Florence, Museo nazionale del Bargello et Monument à Colleone, 1481-1486, Venise, Campo Santi Giovanni e Paolo
Antonio Pollaiuolo apprend la peinture avec Paolo Ucello, la sculpture avec Donatello, devient aussi un orfèvre avec Lorenzo Ghiberti, c'est
aussi un graveur italien. Leurs travaux montrent à la fois leur intérêt pour les influences classiques et pour l'anatomie et ils pratiquent la
dissection pour accroître leurs connaissances et acquérir une représentation réaliste du mouvement, de la lutte et de la tension.
Antonio Pollaiolo, Hercule étouffant Antée, v. 1470, Florence, Offices - Hercule étouffant Antée, v. 1475, Florence, Bargello - Hercule Combat d’hommes nus, v. 1475, Cleveland, Museum of Art