une chaise pour lui faire un procès. Le pape Étienne
préside le procès et un diacre est sommé de répondre au nom
du pape.
Écoutons Daniel-Rops (un grand historien catholique) :
« Une cérémonie abominable suivit, où le mort fut dégradé,
dépouillé des vêtements pontificaux auxquels collaient les
chairs putréfiées, jusqu'au cilice que portait ce rude
ascète ; les doigts de sa dextre [main droite] furent
coupés, ces doigts indignes [selon ses juges], qui avaient
béni le peuple ». Le procès terminé, on plaça son corps
dans un tombeau ordinaire. Des enragés le sortirent et le
jetèrent dans le Tibre. Le pape Étienne VI, auteur de cette
mascarade, fut emprisonné et étranglé par la suite dans sa
chambre.
L’historien Augustin Fliche fait commencer avec Serge III,
pape de 904 à 911, la période la plus triste de l'histoire
de la papauté. C'est cette période — 904 à 935 — que le
cardinal Baronius désigna du nom de pornocratie.
Il se trouvait bien des gens pour déplorer que des
« vicaires du Christ » déshonorent ainsi leur fonction. Au
Concile de Basle de Verzy en 991, l’évêque d’Orléans prend
la parole. Il déplore les abus de toutes sortes des
prédécesseurs du pape en fonction, surtout de Jean XII,
«plongé dans le bourbier des débauches» et dont les
dérèglements, sans nombre, scandaliseraient les âmes les
plus fortes, si je les énumérerais. L’évêque d’Orléans
déplore aussi les gestes de Boniface VII, « tout rouge du
sang de ses prédécesseurs ». Il conclut en ces termes :
« Est-ce à de tels monstres, gonflés d'ignominie, vides de
science divine et humaine, que les innombrables prêtres de
Dieu répandus par tout l'univers, distingués par leur
savoir et par leurs vertus seront légalement soumis ? En
conséquence, patientons au sujet des souverains pontifes
autant que nous le pourrons et, en attendant, cherchons
l'aliment de la parole divine partout où il nous est
possible de le trouver. »
Selon le philosophe Martin Blais, - lire son livre Sacré
Moyen Âge -le discours du bon évêque d’Orléans n’améliora
pas les choses. En avril 1024, Benoît VIII décède. Son
frère, un simple laïc, encore une fois, malgré le décret
qui l'interdit depuis 769, paie le gros prix et se fait
élire pape. En un jour, on lui fait gravir, comme à Léon
VIII en 964, tous les degrés de la hiérarchie jusqu'au