OLIVIER REBOUL
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LES DOSSIERS DE LA PHILOSOPHIE DE
L’EDUCATION
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LES DOSSIERS DE LA PHILOSOPHIE DE L’EDUCATION
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Table des matières
1. EDUCATION ET VALEURS 5
2. EDUCATION ET DEMOCRATIE 6
1. PREMIER PRINCIPE 7
2. SECOND PRINCIPE 7
3. TROISIEME PRINCIPE 7
4. L'ENDOCTRINEMENT 8
3. L'AUTORITÉ 9
1. AUTORITE ET EDUCATION 9
2. LES FIGURES DE L'AUTORITE 9
A. DEFINITION 9
B. LES FIGURES 10
C. LA PRATIQUE 11
3. LE DEBAT SUR L'AUTORITE EN EDUCATION 11
A. L’EMANCIPATION 11
B. L’EDUCATION CLASSIQUE 12
C. L’EDUCATION NOUVELLE 12
D. L’AUTORITE EN EDUCATION 13
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LES DOSSIERS DE LA PHILOSOPHIE DE L’EDUCATION
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1. Education et Valeurs
Dans la Guerre des Gaules(VI, 14), Jules César nous apprend que les druides se gardaient de mettre
leurs doctrines par écrit. Pourquoi ? Pour deux raisons. D'abord, ils ne voulaient pas que leur enseignement fût
divulgué. Ensuite, ils pensaient que leurs disciples, s'ils s'en remettaient à l'écrit, perdraient leur mémoire, faute
d'avoir besoin de l'exercer.
Ce point de vue des druides est riche d'enseignements.
Il montre d'abord que, même dans un domaine aussi technique et en apparence aussi neutre que la lecture,
des valeurs fondamentales sont en jeu, que c'est la condition même de l'homme qui est en cause.
Il montre aussi que ces valeurs varient du tout au tout d'une société à l'autre. Nous trouvons normal que les
savoirs soient transmis le mieux possible au plus possible de gens ; eux, non. Nous pensons que savoir par
cœur n'est pas savoir? Eux, les druides, estiment que les savoirs les plus importants sont ceux qui méritent
d'être appris par cœur, et que la mémoire ayant donc valeur de moyen privilégié, il convient d'écarter tout ce
qui en empêche l'exercice.
C'est à dessein que j'ai choisi cet exemple… car il montre que même dans son "noyau intellectuel",
l'enseignement scolaire, l'éducation n'échappe pas aux valeurs. Il n'y a pas d'éducation sans valeur, sans
l'idée que quelque chose est préférable à autre chose, c'est toujours faire passer quelqu'un à un stade qu'on
estime "meilleur".
Revenons à nos druides. Leur refus d'enseigner la lecture, alors qu'ils étaient parfaitement capables -
dixit Caesar - d'écrire en lettres grecques "les actes publics et les conventions particulières", leur refus, comme
d'ailleurs notre position contraire, dépassent l'un et l'autre le simple utilitarisme. Dans les deux cas, il s'agit de
valeurs essentielles.
Pour les druides, un savoir traditionnel, constitué de mythes religieux et cosmogoniques, a valeur de
fin en soi ; le but intangible de l'éducation est de se l'approprier ; leurs élèves, nous dit César, pouvaient
consacrer jusqu'à vingt ans de leur vie à l'apprendre par cœur. En conséquence, la mémoire a valeur pour eux
de moyen privilégié ; elle est l'instrument intellectuel par excellence, ce qui ne veut pas dire qu'ils
méconnaissaient les autres. L'écriture, qui divulgue le savoir, par définition sacré, et qui atrophie la mémoire,
leur apparaît comme un obstacle, une anti-valeur.
Dans une culture comme la nôtre, c'est le savoir rationnel, objectif, communicable qui a valeur de fin
en soi. L'écrit est donc un moyen privilégié de communication et d'enseignement ; en revanche, la mémoire, le
"par-cœur" est plutôt méprisé ; on l'admet tout au plus comme un pis-aller, un peu comme les gaulois se
résignaient à utiliser l'écriture pour leurs contrats. Bref le rapport entre fins et moyens est inversé.
Ce qui m'importe dans cet exemple, c'est qu'il suggère que la lecture n'est pas un simple moyen, qu'elle
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