matière de normes sociales. Cela est d’autant plus vrai que les acteurs qui se substituent à lui sont des acteurs de
nationalités étrangères.
Selon certaines théories du développement durable, l’amélioration des conditions de travail renforce les chances
de préservation de l’environnement (plus un pays est riche plus il est en mesure de protéger son environnement) et
donc de s’orienter vers un développement durable (Commission mondiale sur l’environnement et le développement,
1988). Cependant, du fait de leur mode de fonctionnement, les labels sociaux s’avèrent limités par les principes du
développement durable qui supposent notamment le développement de la subsidiarité économique. C’est à dire que
ne doivent être importé que ce qui ne peut être produit sur place, afin de limiter la pollution liée aux transports et
l’autonomie alimentaire. Le label écologique Burgeon par exemple interdit les transports par avion. Il semble donc
plus restrictif et incompatible avec le commerce éthique et équitable. En effet, plus la production se rapproche du
consommateur, moins cela engendre de pollution, c’est le processus inverse du commerce équitable. De plus, dans
les années 70, les pays non alignés revendiquaient un développement autocentré, notamment par la voix de
l’économiste Samir Amin (1972). Ces principes et ceux du développement durable entrent donc en conflit avec ceux
du commerce éthique et équitable fondés notamment sur le développement de la solidarité mondiale et de partage des
richesses.
Les codes de conduite exercent une certaine forme d’ingérence en matière de régulation par l’incitation. Comme
l’ensemble des actions de développement, une action peut aboutir à l’effet inverse, lorsqu’elle entraîne une perte de
l’identité culturelle, une perte de l’autonomie économique et politique, une diminution de l’agriculture vivrière. . .
(Galtung, 1975). Ce type de dérive n’est pas s’en rappeler les dérives des missionnaires d’autrefois, ou de certaines
ONG actuellement. Mais l’ingérence des codes de conduite s’avère-t-elle constructive ou destructive? Pour y
répondre il faut comme précédemment considérer les intérêts des différents acteurs (pouvoirs publics, employeurs et
travailleurs). Il faut ensuite observer sur le long terme si les codes de conduite permettent effectivement d’améliorer
les conditions de travail ou non. Si celles-ci s’améliorent, alors l’ingérence aura été constructive et dans le cas
contraire, elle aura été destructive ou, au mieux, inutile.
Face à la fin programmée à court terme du pétrole, puis des minerais et des biens non renouvelables, se
développe le mouvement de la décroissance, dont Serge Latouche (2006) est un des penseurs. Pour les partisans de la
décroissance les plus ouverts, l’économie doit donc décroître au Nord, afin de pouvoir continuer à croître encore un
peu au Sud, dans certains secteurs, sans dépasser la limite de leur « empreinte écologique » par habitant. Ce type
d’économie de décroissance implique de cesser le productivisme effréné de la société de consommation, de
développer l’économie de proximité en la relocalisant, de diminuer la pollution liée aux transports, de consommer
des fruits de saison, d’éviter la concurrence avec les petits producteurs locaux au Nord… Certains membres de ce
mouvement considèrent donc qu’il faudrait supprimer le commerce éthique et équitable, car il nuit à un
développement véritablement « écologique et durable ». D’autres moins radicaux envisagent plutôt une
« décroissance sélective », tel Nicolas Hulot, ou une « relocalisation sélective » de l’économie, tel Thomas Coutrot
d’Attac.
Dans le cas d’une décroissance et d’une relocalisation sélective, certains secteurs pourraient continuer à croître,
comme la production alimentaire, tant que les besoins essentiels au Sud ne seront pas satisfaits, tandis que d’autres
comme les transports, devraient décroître dès à présent, au Nord comme au Sud. Les échanges internationaux ne
seraient pas non plus stoppés complètement, mais limités aux secteurs indispensables.
Ainsi, la solidarité internationale ne serait pas interrompue, mais mieux pensée, afin de permettre un
développement favorisant l’autonomie et la préservation des biens non renouvelables. Certaines ONG de commerce
équitable cherchant à intégrer les principes de la décroissance, veillent ainsi à ce que les produits du Sud, qu’elles
vendent dans les pays industrialisés, ne concernent pas plus de 50% de la production de la coopérative, pour lui
conserver une certaine indépendance. De plus, elles cherchent à ce que ces produits importés du Sud, se limitent par
exemple à l’artisanat local (objets d’arts, vêtements…), afin de ne pas diminuer leurs cultures vivrières, ou de ne pas
concurrencer les petits producteurs au Nord qui vendent du miel près de chez eux par exemple. Elles n’importent que
des aliments, comme le chocolat, ou le café, ne pouvant être cultivés dans les pays industrialisés. Cependant, même
ce type d’aliment peut limiter l’agriculture vivrière.