Les facteurs déclencheurs d’engagement durable et actif dans un social web network Si nous considérons que la « motivation désigne les forces qui agissent sur une personne ou à l’intérieur d’elle pour la pousser à se conduire d’une manière spécifique, orientée vers un objectif » (Pierre Louart), nous pouvons aisément déduire que sans stimuli la motivation ne peut pas s’enclencher chez un individu. Les théories classiques, nous présentent aussi la motivation comme une résultante d’un besoin (Maslow), d’une attente (Hertzberg). McCelland en 1961 développe la théorie des besoins d’appartenance, d’accomplissement et de pouvoir, donnant ainsi une autre lecture de la théorie de Maslow. Les théories classiques considèrent donc l’évolution des relations sociales dans une registre interpersonnelle et plus spécifiquement dans les relations professionnelles et de travail qui mettent l’individu dans une position d’unicité, c’est à dire le « moi » est supérieur au « nous ». Nous pouvons observer ce positionnement, notamment lorsque nous considérons l’approche du modèle interrelationnel avancé par les recherches de Ajzen et Fishbein en 1977 (L’action raisonnée) et celles de Curie et Dupy en 1994 basée sur l’inter construction des milieux de vie ainsi que les recherches de Curie et Hajjar (théorie de système d’activité). En synthèse, la dynamique de la motivation à ce niveau, se déclenche dans une logique de réflexion individuelle. Herzberg préconise sept recommandations comme par exemple, retirer certains contrôles sans supprimer la vérification ou instituer des autocontrôles, augmenter l’initiative, réaliser un ensemble plutôt qu’une partie. Par exemple, la motivation à accomplir certaines taches sera plus forte si la récompense sera une plus forte responsabilité. Ici nous pouvons bien séparer donc la motivation rationnelle de celle dite irrationnelle. Ceci peut nous inciter à concevoir la motivation personnelle comme un processus qui régule de façon constante un agissement et/ou un comportement, avec comme résultat non une séquence d’actions distinctes, mais une seule action cohérente et tendant vers l’objectif. Mais comment s’opère le choix de l’objectif ? Selon Porter et Lawler (Journal of Applied psychology, 1970) pour qu’un individu soit motivé il doit ressentir que son effort a une juste compensation, où « juste » est à interpréter comme l’équivalence de la perception de l’individu avec l’importance/valeur de la récompense qui luimême associe à son effort. Si nous considérons ce principe comme déclencheur de motivation, nous retrouvons les éléments essentiels de la motivation dans les interprétations que les individus font des enjeux/jeux sociaux. Les individus ont la possibilité d’accomplir leurs besoins de reconnaissance ou leur besoins de sociabilité (Alderfer) en occupant des espaces collectifs de participation (Bergeron). Les espaces collectifs de participation sont identifiés dans une logique de globalité et uniformité sociale, c’est le cas des « clubs » ou des « cercles » du 20éme siècle. Aujourd’hui nous retrouvons ce phénomène dans la participation aux réseaux sociaux, avec une évolution notable qu’est la disparition des préalables d’entrée, remplacés par l’acceptation collective du nouveau arrivant par les accueillants. Cette acceptation peut donner lieu soit à une participation éphémère, soit à une présence constante, qui devient une forme d’engagement durable dans un mouvement collectif (Pizzorno). Les facteurs déclencheurs qui poussent donc les individus à s’engager durablement dans une participation active dans un réseau Auteur G.Zara Les facteurs déclencheurs d’engagement durable et actif dans un social web network social sur le web peuvent être identifiés dans le besoins permanent de construction de l’identité personnelle, qui sera davantage reconnue dans un espace libre et non traditionnellement hiérarchisé. Les avantages personnels que l’individu peut en retirer seront, à ses yeux, plus importants que ceux qui pourraient obtenir dans un espace classique. Le sentiment d’obtenir une reconnaissance permanente dans un espace qui dans l’anonymat, pour certains, ou la claire affirmation d’identité pour d’autres, est la source de motivation qui pourrait remplir le besoin de leur reconnaissance. S’arrêter à cette constatation, limiterait le champ d’investigation. Selon Tapia, les motivations bougent avec les responsabilités, et la connexion entre les besoins et les responsabilités n’est pas toujours figée. La motivation pourra ainsi être déclenchée par une volonté de voir son idée « du moment » être acceptée et partagée. L’analyse du fonctionnement des réseaux sociaux (ARS) met en évidence la motivation personnelle à la participation à l’animation des réseaux. Selon Barnes (1954), le réseau social désigne la structure d’un groupe et Lazega en 1998 qualifie le réseau comme « une représentation simplifiée d’un système social complexe ». Dans tous systèmes sociaux nous trouvons un centre de décision qui, selon les structures d’organisation peut être soit centralisé, soit partagé. Moreno en 1934 avait déjà identifié, dans études, les interactions naissantes entre les individus et les avait formalisé dans son sociogramme. Cette analyse lui a permis d’identifier dans tous systèmes, l’émergence d’un leader donc du centre de décision. L’évidence du leader est aussi soumise aux choix des individus eux-mêmes, donc par conséquent à leur pouvoir de décision. Ce pouvoir peut être exercé davantage dans un réseau, avec plus de facilité que dans un système traditionnel ou la hiérarchie est prédéfinie. Nous pouvons ainsi conclure que la motivation des individus à l’intégration d’un réseau peut être déterminée par la volonté d’exister en tant que décideur reconnu et important. La théorie de l’autonomie de Burt (1992), implémentée par Lazega en 1998 avec la notion d’alternative relationnelle (notion d’intermédiaire relationnel), nous permet d’avancer l’hypothèse que la motivation à la participation aux réseaux sociaux peut être impulsée par l’envie de participer à un mouvement qui se matérialise par la participation à la prise de décision collective, qui est l’essence même du réseaux social moderne. L’envie de participer à la prise de décision est évidente dans les exemples de partage de l’information qui a comme objectif une responsabilisation collective qui est la conséquence de la prise de décision collective. Nous sommes ici bien loin de la notion de coopérative de la fin du 19 siècle et nous nous rapprochons davantage à la notion de démocratie participative qui réponde de façon plus cohérente au besoin d’exister en tant que être unique dans un réseau d’êtres anonymes. Auteur G.Zara