Nous pouvons bien souffrir — tout en n’effectuant aucune percée.
Certaines personnes souffrent pendant toute leur vie sans jamais parvenir
à une compréhension plus profonde.
Elles sont dans un état de résistance conditionnée, s'accrochent
fermement et ne veulent pas regarder la vie d'une manière nouvelle.
Elles ont accepté la réalité consensuelle et l'accoutumance, même si cela
ne fonctionne pas et si cela fait mal.
Elles souffrent peut-être, mais au moins, c'est une souffrance familière.
Parfois, pour que des moments de grâce se produisent, nous devons
dépasser ce conditionnement et faire face à l'intensité de la perte, à
l'intensité de la confusion et à l'intensité de devoir composer avec
quelque chose d'accablant - surtout si nous lui résistons.
La grâce, c’est la volonté de voir un schéma comme un schéma, de voir que
quelque chose ne fonctionne pas dans la façon dont nous avons vécu
notre vie, et de voir que nous ne pourrons pas nous en sortir par la pensée.
La part de la grâce dont on ne parle pas souvent, c’est notre participation.
La grâce est toujours un don, mais parfois nous devons travailler pour la
recevoir.
Quelle est notre réponse individuelle qui nous ouvre à la grâce ?
C'est la volonté d'embrasser l'inconnaissabilité d'une nouvelle manière
d'être et d'une nouvelle manière de nous rapporter à ce qui se passe.
L'occasion se présente, lorsqu’on se trouve dans un endroit situé entre
une façon d'être systématique et un bouleversement psychologique et
qu’on réalise qu’on ne sait pas quoi faire de la situation.
Si, à ce moment-là, vous êtes prêt à accepter cette insécurité, une
transformation se produira.
La grâce jaillira.
C'est la raison pour laquelle les plus grands bonds dans notre évolution
personnelle et humaine se produisent souvent par le biais de certaines des
expériences les plus difficiles de la vie.
Parfois, nous lâchons prise, parce que nous sommes désespérés.
Nous sommes las de souffrir, nous ne pouvons plus le supporter une
minute de plus, et nous sommes prêts à lâcher prise, même si nous n'avons
aucune idée du futur résultat.
La seule chose que nous savons, c'est que nous souffrons et nous
arrêtons donc de résister.
Il faut un acte de désespoir - ou un acte de foi - pour s'ouvrir ainsi.
C’est la grâce, la volonté de faire confiance à l’inconnu.
Celle-ci est également au cœur d'une prière profonde.
Comme l'ont dit de nombreux mystiques chrétiens, la prière la plus
profonde ne consiste pas en nos paroles - à dire à Dieu ce que nous
voulons ou ce dont nous avons besoin - mais en un état d'écoute
silencieuse, en attendant une réponse à quelque chose.
Comme la prière, la méditation, dans son sens le plus profond, est un acte
de foi, de confiance et de détachement par rapport au contrôle.
C'est un désir de réponse à une question, ou de résolution d'une difficulté,
tout en étant disposé à recevoir la réponse de quelque part.
Que vous considériez ce "quelque part" comme Dieu, la sagesse universelle
ou une dimension inconnue et inexplorée de votre conscience n'a pas
d'importance.
Ce qui compte, c’est d'avoir confiance dans le lâcher prise, et c'est
souvent le désespoir qui conduit à ces moments de confiance.
Une fois que nous avons épuisé toutes les autres options, il ne nous reste
plus qu'à être ouverts, à écouter et à être disponibles.
Il faut parfois beaucoup de chagrin, beaucoup de luttes et beaucoup de
souffrances pour atteindre cette simple disponibilité.