contexte socioéconomique (crise du pétrole, transformation du mode de production) s’accompagnent
d’une nouvelle façon de concevoir la politique économique et de rendre compte des problèmes qui y sont
liés (régulation par le marché, restructuration, privatisation, plus grande libéralisation des échanges…).
Basé essentiellement sur la formation et l’éducation des individus, le capital humain (Becker, 1993) re-
devient une variable stratégique centrale pour, en principe, faire face à la concurrence croissante entre les
nations sur le marché économique international. Un pays disposant d’une population active formée et
flexible est supposé pouvoir mieux s’ajuster aux évolutions du marché et de la demande de compétences
qui s’ensuit. C’est dans ce contexte que la comparabilité des statistiques internationales de l’éducation
prend une nouvelle dimension.
Les activités statistiques internationales sont du début, marquées par la recherche de la comparabilité
entre les pays dans le contexte des politiques de « développement ». En effet, depuis leur création, les
Nations Unies (NU) –via leurs agences et leurs commissions spécialisées– encouragent l’extension et la
standardisation des statistiques nationales (enquêtes de ménages, recensements démographiques…)
avec, entre autres, la définition de méthodologies et de catégories statistiques communes (catégories
socioprofessionnelles, rural, urbain…). Les systèmes éducatifs nationaux ne font pas exception. La
responsabilité de leur étude comparative revient à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la
science et la culture (UNESCO).
Restée assez « descriptive », la comparabilité mise en œuvre par l’UNESCO sera critiquée à partir des
années 1980. Dans le but, entre autres, de tenir compte de la diversité des systèmes éducatifs nationaux,
les traits communs de cette diversité –représentés par les indicateurs statistiques–, tout étant
techniquement comparables, n’étaient pas traitées comme immédiatement équivalents –sur un
classement, par exemple. La critique de cette démarche et la demande d’une nouvelle comparabilité
statistique proviendront notamment de la Banque mondiale et de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE)
. L’établissement de classements hiérarchisés des pays,
notamment concernant les acquis scolaires des élèves, est vivement souhaité (Puryear, 1995). Il ne suffit
plus de savoir combien de diplômés produit un système éducatif par rapport à ceux d’autres pays, mais
aussi à quel coût, dans quel but, avec quelles connaissances et compétences précises des élèves.
Autrement dit, il ne s’agira plus seulement de comparer les caractéristiques du système éducatif, mais
aussi les décisions politiques nationales qui les sous-tendent. Ces dernières ne doivent pas être
uniquement évaluées selon leurs propres objectifs, mais également par rapport à des critères de
performance établis par des observateurs extérieurs (efficacité du système éducatif, développement de
compétences…).
Malgré ces critiques, le programme statistique de l’UNESCO restera, du moins jusque la restructuration
des services statistiques en 1999, essentiellement destiné à mettre à disposition des Etats membres des
données internationalement standardisées dans le cadre de l’extension et de la planification de
l’éducation de masse. Les publications continuent à n’inclure que rarement des classements des pays ou
des analyses statistiques complexes (des corrélations entre le salaire des enseignants et le nombre de
diplômés, par exemple, ne sont guère calculées bien que les données nécessaires soient collectées).
C’est ainsi que, surtout depuis les années 1990, l’OCDE, Eurostat ou la Banque mondiale commencent à
collecter, analyser et publier leurs propres données de l’éducation. Ces entités développent également
La demande d’une nouvelle comparabilité statistique internationale coïncide également avec le débat sur la school
effectiveness développé notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (Normand, 2003).