Les enfants ayant peu d’amis, éprouvant des difficultés à tisser des relations sociales ou
présentant au préalable des manquements émotionnels et affectifs, courent un risque accru
d’attirer l’attention et l’affection d’un abuseur potentiel: enfants passifs, calmes, très vite
confiants, jeunes, malheureux ou dépressifs, ayant grand besoin d’attention, d’affection et de
soutien (enfants de parents fréquemment en conflit; enfants de parents dépendant de l’alcool,
abusant de médicaments, de la drogue ou souffrant de sérieux troubles émotionnels ; enfants
présentant un handicap mental; enfants ayant un mauvais contact avec leurs parents; enfants
en présence d’un beau-père; enfants souffrant d’isolation sociale; enfants de mère fréquemment
absente).
La plupart des abuseurs ont une vie de famille, travaillent, font œuvre de bénévolat ou sont
présidents ou membres d’organisations respectées. Certains sont admirés par les parents pour
leur attitude envers les enfants. Les abuseurs adultes sont âgés en moyenne d’environ trente
ans mais un tiers d’entre eux sont mineurs d’âge. La plupart des adultes auteurs d’abus sexuels
présentent leurs premières déviances avant l’âge de 18 ans (Bruinsma – 1998). Les abuseurs
mineurs et majeurs montrent de troublantes similitudes.
La plupart des abuseurs sont des hommes (80%). Seule une minorité s’attaque aux enfants (4 à
17% de la population masculine abusera un jour d’enfants – Finkelhor et Lewis, 1990). Les
femmes responsables d’abus sexuels ont un comportement qualifié de maternel ou de
débordement exagéré d’amour maternel (Saradjian – 1996). Ces femmes travaillent souvent
avec des hommes qui se rendent coupables d’abus ou sont baby-sitters ou recherchent
systématiquement des relations avec de jeunes adolescents. Elles ont davantage une préférence
pour des enfants plus jeunes et sont plus attirées par les enfants qu’elles connaissent. La gravité
des faits n’en est pas moins graves (Rudin – 1995).
Pour les victimes féminines, 29% des abuseurs étaient un membre de la famille, 41% un ami ou
une connaissance et, pour 21%, un étranger. Les garçons sont principalement abusés par des
inconnus : dans 40% des cas.
LES ABUS SEXUELS OCCASIONNENT DES DÉGÂTS NEUROBIOLOGIQUES
Un traumatisme psychologique influence le développement du cerveau (Adriaenssens, 2003).
Les bébés sont particulièrement vulnérables (Gillis, 1993). Au cours des premières années de la
vie, les liaisons synaptiques (charnières entre cellules nerveuses – régions de contact entre
neurones) connaissent une croissance spectaculaire. Le nourrisson doit se sentir en sécurité et il
convient de répondre de façon sensitive à ce besoin de protection. L’absence d’interactions avec
le nourrisson et la présence d’interactions nuisibles entraînent des manquements persistants au
niveau du développement cognitif (Glaser, 2000). Un parent régulièrement agressif à l’égard
d’un jeune enfant le prive de l’apprentissage d’un bon équilibre entre émotions et
comportement : plus tard, cela se traduira par un comportement coercitif, un entêtement
renforcé, une hyperactivité, de l’agression ou d’autres troubles relevant de la pédopsychiatrie.