HEC E1
ECONOMIE APPROFONDIE
CONTRÔLE N° 3
1- Quelle est la pertinence de l’affirmation de Gérard Debreu selon qui « On a démontré mathématiquement la supériorité de
l’économie de marché » ?
L'affirmation de Gérard Debreu (dont il a contesté la teneur exacte) renvoie à une double dimension : la démonstra-
tion de l'existence d'un équilibre général de marché dans la lignée de l'intuition de L. Walras, démonstration réalisée
en 1954 (avec K. Arrow) à partir de l'utilisation du théorème du point fixe et l'identification des deux théorèmes de
l'économie du bien être articulant le principe de l'équilibre général avec celui de l'optimum de Pareto.
Dans ce cadre mathématisé, on peut considérer que l'allocation des ressources par un marché de concurrence pure et
parfaite permet l'efficacité (les ressources sont utilisées pour leur usage le plus productif), l'optimalité au sens de Pa-
reto (tous les échanges mutuellement avantageux sont réalisés) et est compatible avec n'importe quel critère de justice
sociale.
Ce raisonnement pose cependant plusieurs problèmes parmi lesquels on peut noter le poids des hypothèses néces-
saires, certaines d'entre elles représentant des « hypothèses héroïques ». de plus Sonnenschein et Mantel ont démon-
tré que, si l'équilibre général walrassien était possible, le jeu du marché ne débouchait pas nécessairement sur lui.
2- « [Les prix sont ], entre tous ceux qui s’intéressent à une marchandise particulière, comme un instru-
ment de communication de l’information sous une forme agrégée et condensée ; c’est ainsi que l’on doit
considérer les prix si l’on veut comprendre leur fonction. Ils servent à utiliser les connaissances de nom-
breuses personnes sans qu’il soit d’abord nécessaire de les rassembler dans un seul organisme ; ils permet-
tent de combiner la décentralisation et le mutuel ajustement des décisions que l’on trouve dans un système
concurrentiel. »
F. von Hayek Scientisme et sciences sociales 1952
Peut-on articuler cette citation d’Hayek avec l’analyse néo-classique de l’équilibre ?
L'analyse d'Hayek prend en compte le fonctionnement d'une économie de marché concurrentielle et décentralisée.
On est donc dans le même cadre que la pensée néo-classique. Hayek considère également que ce système est le plus
efficace pour permettre l'allocation des ressources. Il y a, là encore, convergence avec les principes néo-classiques.
Cependant, là où la réflexion néo-classique considère que le jeu du marché débouche sur un équilibre stable et effi-
cace, Hayek remet en cause cette vision : pour lui le marché n'est pas caractérisé par l'équilibre. Au contraire il est
marqué par des fluctuations et ce sont ces fluctuations qui permettent der faire apparaître l'information pertinente
pour les agents qui prennent des décisions. Les prix permettent l'allocation des ressources car ils sont vecteurs
d'information mais l'information circule à travers les déséquilibres marchands. Hayek remet ainsi en cause les visions
de l'économie socialisée comme celle d'une économie débouchant sur un équilibre stable.
3- L’impact de la fixation d’un prix plancher sur l’équilibre partiel de marché.
Un prix plancher (prix en dessous duquel il est interdit de vendre le produit) n'aura d'impact sur l'équilibre de marché
que s'il est supérieur au prix d'équilibre spontané.
Dans ce cas au prix de marché les quantités offertes (côté long) seront supérieures aux quantités demandées (côté
court). Les échanges se feront donc au prix plancher pour les quantités demandées. On verra alors apparaître un ex-
cédent d'offre. L'équilibre marchand est caractérisé par une perte globale de surplus pour les participants.
Les exemples classiques de prix plancher sont ceux de la politique agricole commune pour certains produits (jusqu'en
1992) et l'existence du SMIC sur le marché du travail.
Dans la perspective néo-classique, il faut éviter de déterminer des prix plancher au nom de l'efficacité de l'allocation
marchande des ressources.
4- Quel sens peut-on accorder à l’idée de G. Mankiw qui distingue le macréconomiste comme scientifique et le macroécono-
miste comme ingénieur ?
Pour Mankiw, les idées économiques sont le fruit de deux sortes de macroéconomistes: les "ingénieurs" et les "scien-
tifiques". Les scientifiques veulent comprendre comment le monde fonctionne. Les ingénieurs veulent agir pour le
changer. Après la Seconde Guerre mondiale, Keynes et les keynésiens ont dominé la science économique. C'était des
ingénieurs motivés par la résolution des problèmes de leur temps et dont l'objectif était de pouvoir mettre en pra-
tique leurs idées économiques.
A partir de la fin des années 60, le consensus en faveur des idées keynésiennes se fissure et un autre type d'écono-
mistes, plus scientifiques, commence à dominer la profession.
L'opposition peut cependant être relativisée puisque les économistes « ingénieurs » s 'appuient sur des modèles théo-
riques et que les économistes « scientifiques » ne se désintéressent pas des questions concrètes de politique écono-
mique.
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