Cours 10 14. PERMITIVITE D’UN MELANGE Souvent les diélectriques utilisés en pratique sont sous la forme de mélange dans une combinaison optimum. L’évaluation théorique de la permittivité équivalente ε d’un mélange est réalisable sur la base d’un modèle physique. On considère un modèle de condensateur plan ayant deux diélectriques homogènes avec les permittivités ε1 et ε2. Le schéma équivalent peut être en série ou en parallèle. 1. Le schéma parallèle. La capacité équivalente (fig.10.1) a l’expression générale: C ε ε1 S1 ε2 S2 S C1 C 2 d (10.1) où : S = S1 + S2 (10.2) d et : Fig. 10.1 C1 ε1 S1 ; d C2 ε 2 S2 d (10.3) Avec les notations : y1 S1 ; S y2 S2 S (10.4) il découle de (10.1), (10.2) et (10.3) que la permittivité équivalente ε est : ε y1ε1 y 2 ε 2 (10.5) Pour le cas de n constituants du mélange, la relation ((10.5) prend la forme : n ε yi ε i (10.6) i 1 où εi est la permittivité du constituant i qui occupe la fraction yi du volume total du diélectrique. 2. Le schéma série : La capacité équivalente (fig.10.1) est donnée par la relation : 1 10 ε1 1 d 1 1 C ε S C1 C 2 ε2 où : S d1 d2 (10.7) d = d1 + d2 (10.8) et : Fig. 10.2 C1 ε 1 S ; d1 C2 ε 2 S d2 (10.9) Avec les notations : y1 d1 ; d y2 d2 d (10.10) il découle de (10.7), (10.8) et (10.9) que la permittivité équivalente ε est : ε 1 (10.11) y1 y 2 ε1 ε 2 Pour le cas de n constituants du mélange, la relation ((10.11) prend la forme : ε 1 (10.12) n yi i 1 ε i où εi est la permittivité du constituant i qui occupe la fraction yi du volume total du diélectrique. Pour différents diélectriques composés (comme le papier imprégné) on utilise en pratique de relations empiriques. La valeur réelle de la permittivité équivalente d’un mélange de plus diélectriques respecte l’inégalité de Wiener : 1 n yi i 1 ε i n ε yi ε i (10.13) i 1 Pour les polymères expansés, la suivante relation empirique est confirmée expérimentalement : n ln ε y i lnε i (10.14) i 1 En général la permittivité d’un mélange a une expression de la forme : 2 10 n Φ ε yiΦε i (10.15) i 1 où Φ est une fonction et évidemment n y i 1 i 1 15. EQUATION DE CLAUSSIUS MOSOTTI Cette équation établit une relation entre la permittivité relative εr (grandeur macroscopique) et le facteur de polarisation α (grandeur microscopique). Dans un diélectrique homogène linéaire et isotrope, la polarisation globale (électronique, ionique et par orientation) est avec (9.10), (9.14) et (9.16): P = Ne αe EL + Ni αi EL + N0 α0 EL (10.16) Dans cette relation, le champ électrique local EL est donné par (9.8) : γ P ε0 De (10.16) et (10.17) en éliminant EL s’obtient : EL E P N eαe Niαi N 0α0 E γ 1 N e α e N i α i N 0 α 0 ε0 (10.17) (10.18) En identifiant cette expression à celle de la polarisation temporaire (9.3) il vient : εr 1 Neαe Ni αi N0α0 ε 0 γ N e α e N i α i N 0 α 0 (10.19) Pour les diélectriques où γ=1/3 (avec la structure qui présente une symétrie cubique) on obtient la relation: εr 1 1 N e α e N i α i N 0 α 0 ε r 2 3ε 0 (10.20) qui s’appelle l’équation de Clausius-Mosotti. 3 10 16. PERTES DIELECTRIQUES Le diélectrique soumis à un champ électrique sinusoïdal est le siège d’une dissipation de puissance non récupérable. Ces pertes, appelés les pertes diélectriques, peuvent avoir deux origines : 1. le travail irréversible nécessaire à l’établissement de la polarisation, ces pertes étant connues sous le nom de pertes par hystérésis diélectrique; 2. la conduction ohmique dans le diélectrique (pertes par effet Joule). Les pertes par hystérésis diélectrique sont dues aux forces qui assurent la cohésion de la matière qui s’opposent à l’action de translation ou rotation du champ électrique appliqué. Lorsque le champ électrique sinusoïdal E est appliqué au diélectrique, la polarisation P et le champ D (en conformité à la relation (9.4)) manifestent une variation retardée par rapport au champ électrique. Ce phénomène s’appelle viscosité diélectrique. En considérant le champ électrique sinusoïdal : E (t) = Em sin (ωt) (10.21) on peut écrire le champ de déplacement D retardé sous la forme : D (t) = Dm sin (ωt-δh) (10.22) où l’angle δh de déphasage en temps s’appelle angle de pertes par hystérésis. La variation de D en fonction de E représenté à la figure 10.3 a la forme d’une ellipse. D En notation complexe, les relations (10.21) et (10.22) deviennent : Dm Em Fig. 10.3 E E D Dm 2 Em (10.23) 2 exp( j sin h ) Dm 2 cos h j sin h (10.24) Compte tenu de (10.23) et (10.24), il découle de (9.5) que la permittivité relative est aussi une grandeur complexe. Donc la permittivité complexe ε r est égale à : εr D ε rm cos h jsin h ε r jε r ε0 E (10.25) où ε rm Dm ε 0 Em . La partie réelle de ε r est la permittivité utilisée dans la définition de la capacité. En complexe, la puissance apparente a l’expression : 4 10 S h E J D ph jqh * (10.26) où la densité du courant de déplacement JD = dD/dt s’écrit en notation complexe : J D jω D (10.27) Compte tenu de (10.25) et (10.27) il vient : S h ωε 0 εrE 2 jω 0 εr E 2 (10.28) En séparant les parties réelle et imaginaire on tire : ph ωε0 εrE 2 (10.29) qh ω 0 εr E 2 Avec la relation : tan h ε r ε r (10.30) on obtient les pertes volumique par hystérésis : ph ωε 0 ε r tan δ h E 2 [W/m3] (10.31) Les pertes volumique par conduction (effet Joule) sont données par l’expression : pc = σ E 2 (10.32) Compte tenu de (10.31) et (10.32) les pertes diélectriques totales par unité de volume sont : pt ph pc ωε 0 εr tan h σ E 2 (10.33) Avec la notation : tan tan h σ ωε 0 εr (10.34) on obtient pour les pertes diélectriques totales par unité de volume l’expression : p t ωε 0 εr tan E 2 (10.35) où tan δ , appelé facteur de pertes diélectriques totales, caractérise la qualité d’un diélectrique. 5 10