PRISE EN CHARGE DES CAS - LA RIPOSTE CLINIQUE (mise à jour du 30 avril 2003) Investigations Radiographie thoracique Les radiographies thoraciques peuvent être normales au cours du prodrome fébrile et pendant l'évolution de la maladie. Mais chez un fort pourcentage de malades, la phase respiratoire se caractérise par des infiltrats focaux précoces, progressant vers des infiltrats interstitiels, non homogènes et plus généralisés. Certaines radiographies des poumons de malades dans les derniers stades de SRAS font aussi apparaître des zones d'hépatisation. Des exemples de radiographies thoraciques de cas de SRAS sont donnés sur le site http://www.droid.cuhk.edu.hk. Dans des cas graves typiques, les clichés pulmonaires commencent par mettre en évidence une petite opacité irrégulière, unilatérale, qui, en 24 à 48 heures, se transforme en infiltrats interstitiels ou confluents bilatéraux, généralisés. Des lésions ponctuelles apparaissent parfois sur les radios en l'absence de symptômes thoraciques. Au stade terminal, un syndrome de détresse respiratoire aiguë s'instaure parfois. L'examen post-mortem des tissus pulmonaires permet d'observer une lésion alvéolaire généralisée et une lymphocytose sans corps d'inclusion viraux manifestes. NFS L'examen sanguin est souvent normal dans le premier temps. Toutefois, au troisième ou quatrième jour de la maladie, on observe couramment une lymphopénie (> 70%) et, moins souvent, une thrombocytopénie. Si le SRAS est compliqué par une infection bactérienne secondaire, une neutrophilie peut survenir. Sérologie Au début de la phase respiratoire de la maladie, on observe des niveaux élevés de transaminases hépatiques, de lactate-déshydrogénase et de créatinine phosphokinase. Culture La culture de crachats et l'hémoculture sont généralement négatives, mais doivent quand même être effectuées afin d'exclure d'autres maladies éventuelles et une infection secondaire. Prise en charge des cas présumés Figure 3: Algorithme du triage des cas potentiels de SRAS Le malade a-t-il voyagé dans une zone affectée ou été en contact rapproché avec un cas de SRAS au cours des 14 jours précédents ? Oui Le malade a-t-il eu une fièvre > 38 °C au cours des 14 jours suivant son départ de la zone affectée, ou son contact avec cas avéré de SRAS ? Oui ISOLER et EXAMINER. Traiter en tant que cas possible; isolement / chambre stérile; appliquer le plan local de lutte contre le SRAS; avertir les autorités sanitaires locales et le représentant national de l’OMS du cas possible de SRAS. Non Non Non Le malade est-il encore dans la période d’incubation connue (14 j.) après un voyage/un contact avec un cas de SRAS ? Oui Informer le malade de la nécessité de surveiller sa température pendant la période d’incubation (cf. fig. 5, évaluation des risques); traiter pour une maladie autre que le SRAS. Donner des informations sur le SRAS; traiter pour une maladie autre que le SRAS. Directives SRAS - ROSSP 30/04/03 2 Prise en charge des cas présumés de SRAS à bord d'aéronefs Si un passager à bord d'un aéronef en provenance d'une zone affectée tombe manifestement malade et présente de la fièvre et des symptômes respiratoires, il est conseillé au personnel de cabine de prendre les dispositions ci-après : – Dans la mesure du possible, isoler le passager des autres passagers et de l'équipage. – Remettre au passager un masque de protection. Les personnes s'occupant du passager malade doivent appliquer les mesures de lutte contre l'infection préconisées pour les cas de SRAS. – Désigner un compartiment de toilette pour l'utilisation exclusive du passager malade. – Le commandant doit avertir par radio l'aéroport de destination afin que les autorités de quarantaine ou sanitaires soient informées de l'arrivée d'un cas présumé de SRAS. – À l'arrivée, placer le passager malade en quarantaine et le faire examiner par les autorités sanitaires aéroportuaires. Règles générales de prise en charge de cas présumés de SRAS Trier immédiatement les malades présentant des symptômes de SRAS (figure 3) et les orienter vers des salles ou services d'examen désignés afin de limiter les contacts avec d'autres patients et avec le personnel. Remettre des masques chirurgicaux aux personnes présumées atteintes de SRAS. Obtenir de ces personnes un historique détaillé de leurs antécédents cliniques, de leurs voyages et des contacts rapprochés qu'ils ont eus au cours des quatorze derniers jours, y compris avec des personnes souffrant de maladies respiratoires aiguës. Faire pratiquer une radiographie thoracique et une numération-formule sanguine (NFS). Si la radiographie thoracique est normale et si la personne a été en contact rapproché avec un cas de SRAS (risque élevé de contracter le SRAS) : hospitaliser la personne, l'isoler et appliquer les méthodes de soins en isolement; la soigner séparément des cas probables de SRAS; OU si la personne s'est rendue dans une zone affectée (risque moins élevé de contracter le SRAS) : lui dispenser des conseils d'hygiène personnelle, lui conseiller d'éviter les lieux très fréquentés et les transports en commun, de rester chez elle (éventuellement en "isolement à domicile" jusqu'à la guérison); autoriser le malade à sortir de l'hôpital en lui conseillant CLAIREMENT de consulter un médecin en cas d'aggravation des symptômes respiratoires. Si la radiographie thoracique présente des infiltrats uni ou bilatéraux, avec ou sans infiltration interstitielle : VOIR LE PARAGRAPHE "PRISE EN CHARGE DES CAS PROBABLES". Prise en charge des cas probables Hospitalisation en isolement ou en cohorte avec d'autres cas de SRAS. Les cas probables DOIVENT être installés dans la meilleure chambre d'isolement possible (donnée variable en fonction des États ou territoires insulaires océaniens) et soignés selon des techniques rigoureuses de soins en isolement. Le personnel soignant doit porter une surblouse, de préférence une combinaison, des gants, des bottes ou des couvre-chaussures, un masque HEPA ou N95-100 (ou à défaut, au moins un masque chirurgical) et des lunettes de protection. Éviter des interventions pouvant provoquer l'aérosolisation de sécrétions respiratoires (nébuliseurs, physiothérapie thoracique, bronchoscopie) ou libérer des sécrétions respiratoires. Prélever des échantillons à des fins d'investigation en laboratoire (si possible) et d'exclusion des causes connues de pneumonie atypique : Directives SRAS - ROSSP 30/04/03 3 – – prélèvements de la gorge et/ou nasopharyngiens 1, sang pour hémoculture, NFS et sérologie (échantillons de phase aiguë et de phase convalescente pris dans un délai de trois semaines), – urine, – coloration de Gram et culture des crachats, – lavage broncho-alvéolaire, – autopsie, le cas échéant. Ces prélèvements doivent être examinés dans des laboratoires possédant des enceintes de confinement appropriées (sécurité biologique de niveau 2). Radiographie thoracique, selon les indications cliniques. Maintenir l'oxygénation. Intuber et ventiler, le cas échéant. Les prélèvements doivent être stockés ou expédiés pour examen lorsque les tests diagnostiques seront facilement disponibles. Diagnostic À l'heure actuelle, il n'existe pas de test diagnostique valide pour le SRAS. Le diagnostic doit se fonder sur l'examen clinique et les données épidémiologiques. Parmi les tests en cours de validation figurent les tests moléculaires (PCR), les tests d'anticorps (par titrage immunoenzymatique, ou ELISA, et par immunofluorescence indirecte, ou IFA) et la culture cellulaire. On peut les obtenir auprès du réseau de laboratoires de l'OMS (voir "Laboratoires"). D'autres symptômes sont fréquemment observés : frissons, rigidité, myalgie, céphalée et malaise. Des symptômes gastrointestinaux sont parfois observés (diarrhée, vomissement). Les autres pathologies à prendre en compte pour établir un diagnostic différentiel sont : grippe, parainfluenzae (chez les enfants), virus respiratoire syncytial (enfants), adénovirus respiratoire (enfants), légionellose, pneumonie à Chlamydia, à Mycoplasma ou à pneumocoques, etc. Traitements particuliers Jusqu'à présent, les régimes thérapeutiques incluent une gamme d'antibiotiques destinés à traiter à titre présomptif les agents bactériologiques de la pneumonie atypique. Dans plusieurs pays, la thérapie inclut également des agents antiviraux tels que l'Oseltamivir ou la Ribavirine et autres antimicrobiens. Leur efficacité est incertaine. À ces médicaments ont été être associés des stéroïdes administrés par voie buccale ou intraveineuse, mais leur efficacité est incertaine. Le régime de traitement le plus efficace, s'il en existe un, est inconnu pour le moment. L'OMS recommande d'administrer, au moment de l'admission, une thérapie antibiotique couvrant les causes courantes de pneumonie acquise (y compris les agents pathogènes de pneumonie atypique). Il convient également d'utiliser des antibiotiques à titre prophylactique, afin d'empêcher une infection bactérienne secondaire. Sortie de l'hôpital et suivi La période de transmissibilité de l'agent responsable du SRAS n'est pas connue à l'heure actuelle. L'OMS conseille de délivrer une autorisation de sortie aux malades remplissant les critères suivants : Symptômes/signes cliniques Apyrexie depuis 48 heures Toux résolutive Signes biologiques (si initialement perturbés) 1 NFS pour les leucocytes et les plaquettes évoluant vers des valeurs normales Taux de créatinine phosphokinase (CPK) évoluant vers des valeurs normales Marqueurs hépatiques évoluant vers des valeurs normales Sodium plasmatique évoluant vers des valeurs normales Protéine C réactive évoluant vers des valeurs normales c'est le prélèvement nasal qui convient le mieux au dépistage des virus respiratoires (connus). Directives SRAS - ROSSP 30/04/03 4 Signes radiologiques : Anomalies radiographiques résolutives Suivi des cas convalescents Les convalescents autorisés à quitter l'établissement sanitaire qui les a accueillis devraient être invités à s'y représenter s'ils ont une poussée fébrile égale ou supérieure à 38 °C deux fois consécutives; dans ce cas, ils devraient se représenter à l'établissement qui leur a délivré l'autorisation de sortie. Un suivi est recommandé au bout d'une semaine (voire avant, si le clinicien en décide ainsi) : il faudrait réaliser à nouveau une radiographie thoracique, une numération sanguine et des analyses de sang si les résultats des précédentes étaient anormaux. Les convalescents devraient être suivis par l'établissement sanitaire qui a autorisé leur sortie. Si possible, ils ne devraient pas retourner dans l'île où ils résident. Des suivis ultérieurs sont recommandés jusqu'à ce que les radiographies thoraciques et l'état de santé des patients redeviennent normaux. Dans le cadre du suivi, une sérologie de la phase convalescente devrait être réalisée trois semaines après l'apparition des symptômes (si un échantillon de sérum a été prélevé en phase aiguë), et transmise à l'établissement sanitaire qui a autorisé le malade à sortir. En l'absence d'informations complémentaires sur l'agent pathogène et le potentiel de poursuite du portage (et, par conséquent, sur le risque de propagation de la transmission), il convient de faire preuve de prudence. L'OMS conseille aux autorités sanitaires d'informer les convalescents autorisés à sortir de l'hôpital d'attendre au moins 14 jours avant de retourner au travail/à l'école/à l'université. Cette période correspond à la période maximale d'incubation connue. Pendant cette période, les convalescents devraient éviter de sortir et limiter au strict minimum les contacts avec autrui. Des instructions claires devraient être données aux convalescents afin qu'ils retournent à l'établissement de santé qui a autorisé leur sortie (voir ci-dessus) si leur état se dégrade et si de nouveaux symptômes apparaissent. Directives SRAS - ROSSP 30/04/03