Qu est ce qu une ville durable - Les ateliers de la gouvernance

Qu'est-ce qu'une ville durable ?
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin | 04/01/2010 | 18:31 | Territoire
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, fondateurs de l'association SUDEN
pour la promotion du développement urbain durable et auteurs d'ouvrages sur
l'urbanisme durable, donnent leur définition de la ville durable.
La ville durable est un projet politique, un objectif global qui doit guider les politiques
d'aménagement et de développement urbains mais aussi l'ensemble des politiques d'une
collectivité : éducation, formation, solidarité, emploi,... Certains aspects de la ville
durable ne relèvent pas toujours du domaine de la collectivité locale : si celle-ci peut
venir en aide à des personnes défavorisées, aider les enfants en difficulté ou encore
empêcher l'appropriation de certains biens collectifs par quelques-uns, elle ne peut
intervenir que marginalement sur la répartition des revenus ou des richesses. La ville
durable dépend en partie des politiques menées au plan national et européen, d'où
(entre autres) les questions que l'on se pose aujourd'hui sur la mise en œuvre réelle de
la charte de Leipzig. La ville durable doit s'appuyer sur des grands principes qui sont
énoncés depuis plus de vingt ans. Elle doit être solidaire dans l'espace (ne pas reporter
sur les autres populations et écosystèmes ses coûts de développement) et dans le temps
(ne pas reporter sur les générations futures ses propres coûts de développement). Cette
solidarité implique :
- des stratégies d'économie de ressources naturelles (énergie, eau, espace, matériaux) et
de gestion de ses flux ;
- des stratégies visant l'équité sociale, lesquelles se traduisent par des actions contre
l'exclusion, la pauvreté, le chômage et aussi des actions d'éducation, de formation, etc. ;
- l'application du principe de précaution afin d'éviter les choix irréversibles et les
risques locaux ou pour la planète (effet de serre et biodiversité par exemple).
Ainsi par exemple on disait que 80 % de la biodiversité étaient sur 10 % de la planète.
On dit aujourd'hui que 80 % de la biodiversité sont sur 80 % de la planète.
Une approche « écosystémique »
La ville durable doit aussi définir des processus de décision et d'apprentissage
conduisant à des améliorations continues de la situation, que ce soit à l'échelle locale ou
à l'échelle de la planète, et ce, dans les trois champs : économique, social et
environnemental. Le développement n'est durable que s'il est accompagné d'un progrès
social et d'un progrès environnemental. Les évènements de ces dernières années
montrent plutôt un progrès de la prise de conscience environnementale mais aussi un
recul en termes de progrès social, notamment en France.
La ville durable vise donc le progrès, ce dernier n'étant pas synonyme de croissance
économique. Nous ne partageons pas la vision de ceux qui prônent la décroissance ni
même l'économie stationnaire : trop de besoins doivent être encore satisfaits à l'échelle
européenne et aussi de la planète . Les villes ont aussi un rôle à jouer dans la solidarité
Nord - Sud (ce que certaines villes françaises font très bien à travers les jumelages, les
Agenda 21, les échanges professionnels, etc.). Mais le développement doit être économe
en ressources, en espace, en énergie, en matériaux, etc. Le recyclage, la gestion en
interne des coûts environnementaux doivent devenir la règle, d'où cette nécessaire
approche « écosystémique » de la ville.
La ville durable ne se construira pas sans une coopération entre les acteurs, une
meilleure concertation entre « les parties prenantes ». Des stratégies coopératives, des
synergies doivent être recherchées entre les acteurs publics et privés ; la chaîne des
acteurs doit être plus efficace et permettre à ceux-ci de travailler ensemble dans une
vision partagée et cohérente de l'avenir du territoire.
Cinq objectifs stratégiques
La ville durable remet certainement en cause les formes de pouvoir qui n'ont de
mocratique que le nom.
Enfin, selon nous , la ville durable doit s'appuyer sur cinq objectifs stratégiques qui
traduisent un développement urbain durable, lequel ne compromet pas celui des autres
populations et des générations futures :
- Préserver et gérer durablement les ressources de la planète (énergie, air, eau, climat,
matériaux, biodiversité).
- Améliorer la qualité de l'environnement local (qualité sanitaire, réduction des
nuisances et des risques).
- Améliorer l'équité sociale en renforçant l'accessibilité pour tous à l'emploi, aux
logements, à l'éducation, à la santé, aux services et équipements collectifs, et en luttant
contre les inégalités sociales et écologiques
- Améliorer l'équité et la cohésion entre les territoires (à l'échelle infra communale, celle
des quartiers, mais aussi à l'échelle intercommunale et dans le cadre de la coopération
décentralisée).
- Améliorer l'efficacité et l'attractivité du tissu économique
Nous sommes donc loin de la simple prise en compte de l'environnement ou de la
limitation des impacts sur l'environnement.
FOCUS
Selon la Fédération nationale des agences d'urbanisme
La Fédération nationale des agences d'urbanisme (FNAU) propose de donner quatre
dimensions à la ville durable :
- une ville compacte favorisant les déplacements sans voiture. La FNAU préconise un
projet global de territoire englobant les espaces naturels et agricoles et se déclinant
aussi bien à l'échelle de l'intercommunalité que de l'infracommunalité ;
- une ville économe, neutre en énergie , valorisant les friches et les constructions et
les démolitions s'équilibrent. La ville économe doit entretenir et réhabiliter fortement
son parc de bâtiments existants ;
- une ville sécurisée les risques sont bien gérés et en particulier ceux qui ont trait à
l'eau ;
- une « ville nature » conservant des espaces naturels diversifiés en forme, en taille et en
usage, dont les objectifs sont la qualité paysagère et la préservation de la biodiversité.
FOCUS
Selon le Ministère de l'Ecologie (Meeddem)
La Circulaire du 23 mars 2009 relative à la Territorialisation de la mise en œuvre du
Grenelle de l'Environnement définit les principaux objectifs dans le domaine de la ville
durable appelée éco-Cité : lutte contre l'étalement urbain, contre le changement
climatique, réduction des émissions de gaz à effet de serre... . L'éco-Cité est la pointe
de l'innovation en matière d'excellence architecturale, de haute qualité
environnementale, des technologies de transports et de communication » et « doit
réaliser de grands projets d'innovation architecturale, sociale et énergétique, en
continuité avec le bâti existant et qui intégreront dans leurs objectifs la rénovation du
patrimoine existant, le développement des transports en commun et des modes de
déplacement économes en énergie, la prise en compte des enjeux économiques et
sociaux, la réduction de la consommation d'espace et la réalisation de plusieurs éco-
quartiers".
HQE®-Aménagement : "une démarche adaptée aux projets de lotissements, pas
aux projets urbains"
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin | 31/03/2010 | 16:23 | Territoire
©Aktisarchitecture
Perspective d'une partie de la ZAC de Bonne, à Grenoble, Grand Prix national Ecquartier
2009.
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, fondateurs de l'association SUDEN
pour la promotion du développement urbain durable et auteurs d'ouvrages sur
l'urbanisme durable, donnent leur vison du nouveau référentiel HQE, visant à encadrer l'
« aménagement durable ».
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caractère transversal du développement durable" selon Catherine Charlot-
Valdieu et Philippe Outrequin
"L'écoquartier ne doit pas être une enclave écologique pour bobos"
Une des recommandations du Comité opérationnel Urbanisme du Grenelle de
l'Environnement était de s'affranchir de la démarche HQE® dans la mesure celle-ci
est une démarche de moyens (qui s'appuie sur un système de management
environnemental) et non pas une démarche de résultat exigeant des performances: si 17
thèmes d'analyse sont identifiés dans la démarche HQE®-Aménagement, aucun d'eux
n'est incontournable et aucune performance n'est obligatoire. Il s'agit d' « un outil de
questionnement non exhaustif » et son objectif est de limiter les impacts sur
l'environnement du projet.
Un processus d'évaluation environnementale
La démarche HQE®-Aménagement est un « processus d'évaluation environnementale »
pour limiter l'impact sur l'environnement du projet d'aménagement quelle que soit son
importance (lotissement, ZAC...). Elle s'appuie sur une Analyse Environnementale de
l'Urbanisme, (AEU® de l'Ademe) c'est-à-dire un diagnostic environnemental, et aboutit
à la mise en œuvre de la démarche HQE® pour les bâtiments. Les cahiers des charges
sont environnementaux et les outils complémentaires préconisés sont logiquement
l'empreinte écologique (indicateur contesté sur le plan scientifique) et l'analyse de cycle
de vie.
Une contribution à la démarche Eco Quartier du Meeddm
La démarche HQE®-Aménagement se veut une contribution à la démarche Eco Quartier
du MEEDDM mais un projet de quartier durable doit contribuer à rendre la ville durable.
Or selon nous la conception d'un projet de quartier durable nécessite, non pas un expert
supplémentaire en système de management environnemental (AMO HQE) dans l'équipe
de maîtrise d'œuvre comme le préconise la démarche HQE®-Aménagement, mais un
assistant à maîtrise d'ouvrage transversal (AMO DD ou de développement durable)
favorisant une approche intégrée aux côtés de la maîtrise d'ouvrage.
La démarche HQE®-Aménagement est adaptée aux projets de lotissements et non pas
aux projets urbains qui contribuent à la durabilité de la ville (le lotissement répondant à
une demande sociale, de logements notamment, tandis que les projets urbains comme
les ZAC par exemple font partie intégrante de la stratégie d'urbanisation de la ville).
Pour lire la version provisoire du guide méthodologique, cliquez-ici
Source LE MONITEUR.FR
Eco quartiers français, au défi de la ville durable
Service Documentation du Moniteur | Dernière mise à jour le 08/02/2010
Paroles d'experts
"Le risque est que tout nouveau projet d'aménagement soit baptisé éco quartier"
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin | 24/11/2009 | 10:39 | Territoire
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, fondateurs de l'association SUDEN
pour la promotion du développement urbain durable et auteurs d'ouvrages sur
l'urbanisme durable, donnent leur définition de l'écoquartier.
Le terme "écoquartier" est parfois distingué du "quartier durable". Le premier
relève davantage de l'écologie alors que le second comprend aussi les dimensions
économiques, sociales et participatives (en supposant la mise en œuvre d'une démarche
de développement durable). La confusion est relativement importante et fréquente,
mais, à la suite des orientations données par Jean-Louis Borloo, ministre d'État et du
Meeddem, le terme "écoquartier" l'a emporté et il est utilisé aujourd'hui en France
indifféremment pour les deux types de projet.
Dans la mesure où, d'une part, l'Etat n'a défini ni l'écoquartier ni des objectifs pour les
projets d'écoquartier et où, d'autre part, la dimension environnementale suffit à justifier
l'appellation d'écoquartier, le risque est que tout nouveau projet d'aménagement soit
baptisé écoquartier - et en particulier les projets localisés dans des terrains difficiles à
mettre en valeur (sols pollués, proximité d'infrastructures bruyantes, etc) - y compris les
projets de quelques dizaines de logements.
Il s'agit donc de veiller, comme le souligne le document d'accompagnement de la charte
des écoquartiers de Lille Métropole, à ne pas déqualifier l'appellation d'écoquartier par
des choix d'une ambition insuffisante pour certains thèmes ou par une localisation
incohérente avec les objectifs du Plan Local d'Urbanisme (PLU), et notamment de son
Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD), ou incompatible avec une
gestion durable du sol ou encore en limitant le projet d'écoquartier à une vitrine
déconnectée de la stratégie de développement pour l'ensemble de la ville.
obligations
C'est pourquoi, lorsqu'ils s'engagent dans un projet de quartier durable, les décideurs
politiques doivent s'attacher à définir une démarche projet d'aménagement d'un
morceau de ville. Trois obligations structurent cette démarche projet :
- répondre aux enjeux majeurs de la planète: effet de serre, épuisement des
ressources naturelles, préservation de la biodiversité.
- répondre aux enjeux locaux de la commune ou de l'agglomération: en termes
d'emploi et d'activités, de mixités, d'équité sociale; en participant au besoin d'attractivité
des villes (mobilité, culture, etc); et en répondant aux attentes des habitants et des
usagers et en améliorant leur qualité de vie (réduction des nuisances, qualité globale
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