PARLEMENT EUROPÉEN

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PARLEMENT EUROPÉEN
DIRECTION GÉNÉRALE DES ÉTUDES
Division des affaires internationales et constitutionnelles
PN/JF/rf/IV/WIP/2002/06/0110-0111
Luxembourg, le 21 août 2002
NOTE
SUR LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE
DU KIRGHIZISTAN ET SES RELATIONS
AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Cette note a été préparée à l'attention des membres du Parlement européen. Les avis qui
y sont exprimés sont de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position du
Parlement européen.
Sources:
Economist Intelligence Unit (EIU)
European Commission
Eurostat
Reuters
Oxford Analytica
Kyrgyz National Statistics Committee
World Markets Country Analysis
SOMMAIRE
Page
I.
SITUATION POLITIQUE ..................................................................................... 3
II.
SITUATION ÉCONOMIQUE .............................................................................10
III. RELATIONS AVEC L'UNION EUROPÉENNE ..............................................13
ANNEXES
* * *
Pour des informations complémentaires, veuillez contacter: M. Pedro NEVES, Parlement
européen, DGIV, Luxembourg, Division des affaires internationales et constitutionnelles,
Tél.: 4300-22548 / Fax: 4300-27724 / e-mail: [email protected]
2
I. SITUATION POLITIQUE
1. Introduction
Le Kirghizistan fait partie, avec le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le
Turkménistan, de l'Asie centrale. En termes de peuplement et de civilisation, l'Asie
centrale, au sens large, constitue l'espace où le monde turc des steppes est entré en
contact avec les civilisations persane, chinoise et russe.
Les Kirghizes entrent dans l'histoire en 840, quand ils abattent l'Empire ouïghour qui
occupait l'actuelle Mongolie. Ils venaient de la région du Haut Iénissei et sont des Indoeuropéens turquisés. En 924, ils ont été refoulés dans leur pays d'origine. Les tribus
kirghizes occupèrent leur actuel habitat aux XVI et XVII siècles, chassés des steppes de
l'Asie septentrionale par les Oïrates bouddhistes. Passés sous la souveraineté théorique
des Chinois vers le milieu du XVIIIe siècle, les tribus kirghizes menèrent une existence
indépendante jusqu'à ce que, vers 1830, le Khanat de Kokand parvienne à les vassaliser.
Survinrent enfin les Russes qui, en 1864 (traité de Tchougoutchak avec la Chine),
fixèrent la frontière orientale de leur empire de telle sorte qu'il inclut l'essentiel du pays
kirghize. Avec l'annexion pure et simple du Khanat de Kokand en 1876, les kirghizes
devinrent sujets du tsar.
Les autorités russes ont créé des centres urbains dont l'actuelle capitale – Bichkek –, et
favorisé le développement de zones agricoles dans le Nord du pays avec un large
pourcentage d'immigrants russes. Après la chute de l'empire tsariste, le pouvoir
soviétique a mené une politique drastique de division de l'Asie centrale en entités
politiques censées correspondre à des groupes ethniques. L'absence de rationalité de ces
frontières fait que l'on trouve, par exemple, de fortes minorités ouzbèkes dans tous les
pays limitrophes de l'Ouzbékistan dont le Kirghizistan.
Ce pays de 198.500 km2 est très cloisonné par les montagnes, entre un Nord, où se trouve
la capitale Bichkek, tournée vers le Kazakhstan, et un sud orienté autour de la vallée de
Ferghana, vers l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Le Kirghizistan compte 4,9 millions
d'habitants dont de fortes minorités de Russes (14,6%) et d'Ouzbeks (14,4%). Des
minorités kirghizes existent également en Ouzbékistan, au Xinjiang (Turkestan chinois)
et au Tadjikistan. Le Kirghizistan a des frontières1 avec les deux républiques turcophones
voisines (Kazakhstan et Ouzbékistan), le Tadjikistan (persanophone) et la Chine (région
autonome du Xinjiang). Après la dissolution de l'URSS, le Kirghizistan n'a plus de
frontière directe avec la Russie, mais l'influence de Moscou reste considérable.
Les Kirghizes, ainsi que leurs voisins du nord – les Kazakhs – ont été à la fois nomades,
tribalisés, superficiellement islamisés et ont aussi des langues assez proches. La tradition
nomade des Kirghizes pousse à une moindre personnalisation du pouvoir que dans les
pays voisins. En effet, ce peuple de nomades ne compte ni princes, ni nobles mais des
anciens, dont l'autorité tient à leur influence personnelle. Isolés par de hautes montagnes
1
Voir annexe I, p. 17.
3
et partagés entre les différentes tribus, les Kirghizes n'ont pas connu, avant leur
indépendance, l'idée d'une identité nationale unifiée.
2. Politique intérieure
Le Kirghizistan, indépendant depuis le 31 août 1991, est un pays pauvre et exposé aux
soubresauts de la guerre civile au Tadjikistan ainsi qu'aux incursions des islamistes
ouzbeks de la vallée de Ferghana.
a)
Constitution
Adoptée le 5 mai 1993, la Constitution kirghize fut amendée trois fois (en octobre 1994,
février 1996 et octobre 1998), par le biais de trois référendums proposés par le Président
M. Askar Akaïev. Il s'agit d'une Constitution présidentielle qui octroie quelques (faibles)
pouvoirs au "Jogorku Kenesh" (Parlement) bicaméral. La Chambre haute (Assemblée des
Représentants) est composée de 45 députés et la Chambre basse (Assemblée législative)
de 60 membres, dont 15 sont élus selon le système proportionnel. Les référendums
susmentionnés ont renforcé les pouvoirs du Président. Ainsi, le premier a institué un
Parlement bicaméral avec 105 membres, tandis que la Constitution de 1993 prévoyait
313 députés. Le deuxième est à l'origine du Conseil de Sécurité, qui regroupe le Premier
ministre, les ministres des affaires étrangères, de l'intérieur, des finances, de l'économie,
et qui est présidé par M. Akaïev, Président de la République. Le troisième, enfin, a
concerné les domaines suivants: moratoire dans la privatisation des terres, suppression de
l'immunité parlementaire, restriction des pouvoirs budgétaires du Parlement, réduction du
nombre de députés et restrictions à la liberté de la presse.
b)
Chef d'État
Le Kirghizistan est apparu, au moment de l'indépendance, comme un cas atypique en
Asie centrale ex-soviétique. Le Président Askar Akaïev, élu le 15 octobre 1991, n'était
pas un ancien Premier secrétaire du Parti communiste, mais un membre de l'Académie
des sciences. Il a d'emblée adopté une position démocratique et libérale. Toutefois, petit à
petit, M. Akaïev s'est lancé, selon des observateurs, dans la même voie autoritaire que ses
homologues d'Asie centrale. Il a tenté en vain, au printemps 1995, de faire proroger son
mandat par référendum, mais il avait été réélu le 24 décembre 1994 avec 70% des voix.
M. Akaïev a également emporté l'élection présidentielle du 29 octobre 2000 avec 74%
des voix dans des élections que l'OSCE a considéré comme non démocratiques. Le
candidat le mieux placé, M. Tekebayev a obtenu 14% des voix, mais son véritable
adversaire, M. Koulov, ancien maire de Bichkek, a été exclu des élections car il avait
refusé de passer le test de langue kirghize. Il a été emprisonné peu après. Dans sa
déclaration du 6 novembre 2000 sur les élections présidentielles au Kirghizistan, la
Présidence française, au nom de l'Union européenne, regrettait "que le déroulement de
ces élections ait marqué un recul dans le processus de démocratisation et la mise en place
d'un État de droit au Kirghizistan". M. Akaïev a affirmé, récemment, qu'il ne sera pas
candidat aux élections présidentielles de 2005.
4
c)
Parlement
En septembre 1994, le Parlement, qui datait de l'époque soviétique, a finalement accepté
de se dissoudre. Le nouveau Parlement, élu en février 1995, est dominé par des partis
majoritaires dans le sud du pays, qui se sentaient exclus du pouvoir et de la manne
financière générée par les privatisations. Le conflit entre M. Akaïev (originaire du Nord
du pays) et le Parlement venait de commencer. L'OSCE a constaté de graves irrégularités
dans le déroulement des élections législatives des 20 février 2000 (Chambre basse) et
12 mars 2000 (Chambre haute), notamment dans le fonctionnement des bureaux de votes
de certaines provinces comme celle de Talas. Les référendums successifs ainsi que le
résultat contesté des dernières élections législatives ont affaibli le rôle du Parlement dans
le contexte du cadre constitutionnel kirghize.
d)
Partis politiques
Le pays a connu, juste après l'indépendance, une floraison de partis politiques inédite en
Asie centrale (Parti communiste, Erkin Kirghizistan, Parti des républicains, Erk,
Mouvement démocratique, Ata-Meken, etc.). La volonté du Président Akaïev de faire du
Kirghizistan la "Suisse de l'Asie centrale", a donné au pays une réputation internationale
sans commune mesure avec son poids réel. Les partis susmentionnés se regroupent en
trois tendances: nationaliste, social-démocrate et communiste. Les nationalistes kirghizes
encouragent la réduction de l'influence russe, mais leur politique économique n'est pas
cohérente. Les partis sociaux-démocrates critiquent la concentration de pouvoirs dans les
mains du Président et la corruption qui ternit les réformes. Le Parti communiste, enfin,
qui a obtenu 28% des voix lors des élections législatives de 2000, s'est révélé hostile aux
réformes économiques, mais il a soutenu le gouvernement dans des domaines comme
l'égalité ethnique, et a encouragé la présence des Russes dans le pays. En fait, le rôle des
partis politiques kirghizes s'est rétréci au fur et à mesure que le Président a augmenté ses
pouvoirs au détriment du Parlement. Une récente loi (juillet 2001) régule l'activité des
partis: les partis existants ou à créer devront être enregistrés; les partis politiques
étrangers ne pourront pas opérer au Kirghizistan.
e)
Système judiciaire
Le système judiciaire est, selon la Constitution, indépendant, mais des observateurs
remarquent qu'il souffre de l'absence de réformes, des bas salaires et de la corruption. Le
Président de la République propose les nominations à la Cour constitutionnelle, à la Cour
Suprême et à l'Instance arbitrale suprême. Lors des procès qui ont impliqué des membres
de l'opposition et/ou des journalistes ces dernières années, on a pu constater la forte
influence politique de l'administration sur le système. À cela s'ajoute la complexité des
lois promulguées ces deux dernières années, qui ne facilitent pas la tâche des magistrats,
aux prises avec des textes remplis de contradictions.
5
f)
Droits de l'homme
Les rapports des ONG indiquent qu'une importante détérioration de la situation des droits
de l'homme a eu lieu au Kirghizistan depuis 1996. Les membres de l'opposition et de la
société civile sont souvent soumis à des pressions, à des intimidations, voire à des peines
d'emprisonnement. On peut citer les cas de M. Ramazah Dyryldaev (président du Comité
kirghize des droits de l'homme), de M. Topchubek Turgunaliev (membre de l'opposition)
et de M. Felix Koulov (ancien ministre et ancien maire de Bichkek), leader du parti ArNamys (Honneur). Le cas de ce dernier est particulièrement significatif: M. Koulov,
accusé d'abus de pouvoir, avait été acquitté et relâché en août 2000. Mais le tribunal
militaire kirghize a décidé de reconsidérer le procès après que M. Koulov ait annoncé son
entrée dans la course à l'élection présidentielle de 2000. M. Koulov a affirmé que les
charges portées contre lui ont été fabriquées et sont dénuées de substance.
Malheureusement, le traitement de cette affaire par les autorités kirghizes est de nature à
nourrir la suspicion selon laquelle elle a pu être dictée par des motivations politiques. La
présidence suédoise, au nom de l'Union européenne, a manifesté, le 2 février 2001, sa
préoccupation en ce qui concerne les circonstances ayant entouré le procès de M. Koulov.
La Cour suprême kirghize a confirmé, le 19 juillet 2001, le verdict du tribunal militaire
du 22 janvier 2001, condamnant M. Koulov a sept ans d'emprisonnement.
Toujours selon des observateurs, la presse et les intellectuels en général vivent
actuellement des jours difficiles au Kirghizistan. La répression à l'égard des journalistes
est récente mais indéniable. Le 13 mars 2001, la Cour de Jalal-Abad a condamné à deux
ans d'emprisonnement M. Ibraimov, journaliste "coupable" d'avoir écrit des articles sur la
corruption au sein de l'appareil judiciaire. Le pouvoir a aussi fait fermer la chaîne de
télévision indépendante Osh TV et le journal Asaba. Ces récents événements mettent en
péril l'image du pays qui voudrait être vu comme "la Suisse de l'Asie centrale"1.
De plus, le président Akaïev s'est trouvé dans une situation des plus délicates après la
mort de plusieurs manifestants dans le Sud du pays. Ces derniers protestaient, dans la
ville d'Ak-Sui, contre la rétrocession d'une partie du territoire national à la Chine. Les
forces de l'ordre ont fait usage de leurs armes et tué 5 manifestants 2. À la suite des ces
événements tragiques, le président n'eut d'autre choix que d'accepter la démission de son
gouvernement, le 22 mai 2002. Cette démission n'a pas mis fin aux manifestations qui,
outre l'abrogation du traité sino-kirghize, réclamaient un complément d'enquête sur les
faits d'Ak-Sui, la libération de l'opposant Azimbek Beknazarov (depuis libéré sur parole)
et la démission du président. Ces vagues de protestations ont été brutalement réprimées
par les autorités de Bichkek.
1
Selon certaines sources, il s'agit du seul moyen, pour le pays enclavé par des voisins disposant
d'importantes ressources en hydrocarbures et en gaz, de retenir l'attention de la communauté internationale
et d'intégrer le marché mondial.
2
Événements qui ont amené la présidence espagnole de l'UE, le 28 mars 2002, à exprimer sa préoccupation
quant à la répression policière violente lors des manifestations.
6
3. Politique extérieure
La politique de l'indépendance et de la souveraineté de l'État constitue un objectif
prioritaire pour le gouvernement kirghize. Le pays s'efforce donc d'avoir de bons rapports
avec ses quatre voisins, la Russie, les États-Unis et l'Union européenne. Le Kirghizistan
est membre de la CEI, et fait partie de son noyau dur avec la Russie, le Bélarus, le
Kazakhstan et le Tadjikistan, qui forment la Communauté économique eurasiatique
(CEEA). Il est aussi membre de Partenariat pour la paix de l'OTAN, de l'OSCE, de
l'ONU et de l'OMC.
Relations avec les pays voisins
Le Kirghizistan et ses trois voisins ex-soviétiques susmentionnés ont établi l'Union
centrasiatique destinée à coordonner des actions communes visant des réformes
économiques et la mise en œuvre de l'intégration économique régionale. Toutefois, et
malgré les nombreuses réunions et sommets, les progrès dans ce sens sont encore très
réduits.
a)
Kazakhstan
Les affinités culturelles et ethniques aidant, le Kirghizistan tourne ses regards vers son
voisin du nord, le Kazakhstan. La bonne entente entre les deux pays a été renforcée par la
visite de M. Nazarbaiev, Président kazakh, à Bichkek le 24 juillet 2001. Les présidents
kazakh et kirghize ont signé un programme de coopération économique jusqu'à 2005,
dont le but est le développement des relations commerciales et industrielles entre les deux
républiques. En outre, les présidents susmentionnés ont également signé un accord sur la
délimitation de leurs frontières communes.
b)
Ouzbékistan
Les autorités soviétiques établirent dans les années 30 des frontières qui n'ont pas
toujours tenu compte de la diversité ethnique. Ainsi, la vallée de Ferghana, région la plus
fertile et la plus peuplée d'Asie centrale, est devenue une mosaïque de peuples et d'États
souverains1. C'est aussi dans cette région que des mouvements radicaux islamistes se sont
développés. Le Kirghizistan a subi, en août 1999, une incursion armée d'islamistes
ouzbeks venus du Tadjikistan et se dirigeant vers l'Ouzbékistan. Cette crise a mis en
évidence la fragilité du Kirghizistan; elle a surtout accentué les tensions avec
l'Ouzbékistan voisin qui est brièvement intervenu militairement pour déloger les rebelles
en territoire kirghize. L'Ouzbékistan a fermé les frontières et exige désormais des visas
pour les kirghizes. En outre, l'Ouzbékistan a coupé la fourniture de gaz au Kirghizistan
qui, à son tour, a refusé de fournir de l'eau au premier. Ceci n'empêche pas qu'un accord
sur la délimitation des frontières soit en voie de conclusion.
1
Voir annexe I, p. 17.
7
c)
Tadjikistan
Après l'incursion des fondamentalistes ouzbeks, en 1999, en provenance du Tadjikistan,
le Kirghizistan a déployé des troupes aux frontières avec son voisin tadjik. Lié à la
menace des islamistes radicaux, il faut encore évoquer le problème du trafic de drogues et
d'armes, et ses conséquences directes comme la corruption. Les relations entre Bichkek et
Douchanbé sont encore tendues, mais la coopération interrégionale commence à se
développer par le biais d'accords de coopération économique, comme celui établi le
3 juillet 2001, entre la région kirghize d'Osh et la région autonome tadjik de Badakhshan.
d)
Chine
Les relations entre le Kirghizistan et la Chine ont connu un développement considérable
après l'indépendance de l'ex-république soviétique. Les deux pays ont délimité leur
frontière commune et ont signé des accords de coopération économique qui ont favorisé
les échanges commerciaux. En outre, la Chine encourage les autorités de Bichkek à
contrôler la petite minorité ouïghour (constituée essentiellement par des émigrants du
Xinjiang, région frontalière autonome de la Chine) qu'elle accuse de mener des activités
séparatistes. Ces relations se sont encore améliorées avec la signature du traité frontalier
aux termes duquel 1.270 Km2 de territoire kirghize vont être cédés au voisin chinois1.
e)
Autres pays: Russie
Étant donné sa fragilité économique et politique, le Kirghizistan s'efforce de nouer des
liens économiques et politiques avec la Russie. Les deux pays ont signé un traité de
coopération économique pour la période 2001-2009 qui prévoit, entre autres, des projets
dans les domaines de la production d'électricité, de la gestion de l'eau, de la construction
de machines et de l'agriculture. En outre, le gouvernement russe a adopté, le 4 juillet
2001, un projet d'accord relatif à la restructuration de la dette kirghize à la Russie. Le
Président Akaïev a annoncé l'ouverture d'une université slave à Bichkek, et il s'efforce de
favoriser le maintien, sur le territoire kirghize, d'experts russes. Toutefois, l'exode de la
population russophone se poursuit et l'armée russe n'a guère été utile lors de la crise
susmentionnée d'août 1999.
f)
États-Unis
L'Asie centrale est une région où l'islamisme intégriste a fait son nid dans les années 80,
avec le début de la conversion au wahabisme, aidée en cela par des "missionnaires" venus
du Pakistan, de la Turquie, de l'Arabie Saoudite et de l'Afghanistan2, et une situation
nationale de crise politique et économique. Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le
gouvernement kirghize a apporté son soutien aux États-Unis, non seulement de façon
1
Les partis d'opposition au sein du Parlement s'étaient d'ailleurs plaints du manque de temps qui leur avait
été accordé par le président Akaïev pour l'étude de la ratification et ont fait remarquer que ce traité risquait
d'amener d'autres pays frontaliers à faire pression sur le Kirghizistan pour obtenir, eux aussi, des cessions
avantageuses.
2
Le Kirghizistan a notamment connu plusieurs prises d'otages et des incursions d'islamistes venus
d'Ouzbékistan à la fin des années 1990.
8
déclaratoire, mais aussi en permettant aux forces de la coalition anti-talibans (dans ce cas
précis, les Américains et les Français) d'aménager une base militaire aérienne sur
l'aéroport de Manas, près de Bichkek1. Ce site a permis aux forces armées de lancer des
attaques aériennes sur l'Afghanistan et notamment sur les zones occupées par des
terroristes. Cette situation engendre trois réflexions: tout d'abord le pays n'a pas fait de
démonstration anti-occidentale, comme ce fut le cas au Pakistan, et tend à montrer sa
relative "ouverture d'esprit" au sein d'une région où les systèmes autoritaires fleurissent.
Le second point à souligner est la manne financière apportée par cette présence militaire.
En effet, l'installation des troupes de la coalition s'est accompagnée d'investissements
conséquents2. Le troisième et dernier point réside dans l'attitude des États-Unis face aux
droits de l'Homme: suite aux affrontements dans le sud du pays, les autorités de
Washington n'ont pu que souligner, embarrassées, que "le respect des droits de l'Homme
constitue une part essentielle de la lutte contre le terrorisme". Dans l'intention de
sauvegarder l'aide de Bishkek, les États membres de la coalition ne peuvent que rester
discrets sur la situation politique du Kirghizistan.
1
Comparativement à son voisin kazakh, le Kirghizistan ne met pas de condition à son aide et n'en profite
pas pour attirer l'attention de la communauté internationale sur ses difficultés.
2
Les Français ont investi 7 M$ et les Américains 18 M$ au mois de février 2002, lors de leurs installations.
9
II. SITUATION ÉCONOMIQUE1
1. Introduction
Le Kirghizistan est un pays montagneux et enclavé dont l'économie, avant son
indépendance en 1991, était complètement intégrée dans le système économique
soviétique. La plus grande tâche des nouvelles autorités a été de restructurer l'économie
de façon à réduire l'impact négatif de la dissolution de l'Union soviétique et de contenir
les niveaux élevés d'inflation, résultants d'une politique de libéralisation des prix. Le
Président Akaïev a réussi à jouer la carte de l'aide internationale, surtout en 1993 et 1994,
en utilisant son image libérale et en annonçant des programmes de réformes dans la ligne
de la Banque mondiale et du FMI, qui voyaient dans le Kirghizistan le meilleur élève de
la région. Ainsi, un programme de restructuration économique a été adopté en 1994,
soutenu par le FMI. En juin 1998, un nouveau programme a également été adopté pour
une période de trois ans en accord avec le FMI.
2. Structure économique
L'agriculture contribue pour 40% du PIB kirghize et constitue le plus important secteur
économique. En raison de la géographie du pays, les hautes steppes sont utilisées comme
pâturages tandis que la culture des céréales se concentre dans les basses vallées. La
faillite de nombreuses entreprises provoque l'exode des ouvriers vers la campagne où ils
pratiquent une agriculture de subsistance. Le Kirghizistan dispose de matières minérales
(or, argent, mercure, uranium, antimoine, charbon, étain) qui étaient à l'origine d'une
importante industrie minière qui pourvoyait, avant l'indépendance, le reste de l'Union
soviétique en matières premières. L'industrie représentait alors 38% du PIB, tandis
qu'aujourd'hui elle ne représente que 18% du PIB, dont 7% proviennent de la production
de l'or. Les usines sont concentrées essentiellement dans la capitale et dans la ville d'Osh.
Le pays est un grand fournisseur du réseau électrique de l'Asie centrale et de la Chine.
Toutefois, le développement de l'industrie hydroélectrique est bloqué par les
infrastructures obsolètes et par le refus des principaux clients, les républiques du
Kazakhstan et de l'Ouzbékistan, de payer l'électricité au prix du marché. Après
l'indépendance, le gouvernement a commencé à réorienter sa politique industrielle vers
l'industrie légère, notamment vers le secteur textile, de façon à profiter de la production
de laine, de coton et de soie existante. Le secteur des services, où le commerce et
l'élevage ont une importance particulière, représente plus de 30% du PIB et est dominé
essentiellement par des petites entreprises. Les secteurs de la construction, des transports
et des communications ne représentent, chacun, que moins de 5% du PIB. La récente
découverte d'un gisement de pétrole qui, si les estimations se vérifient, pourrait satisfaire
les besoins du pays pour une durée de 70 ans et ainsi réduire, si ce n'est supprimer, la
dépendance kirghize vis-à-vis de ses voisins, fait croire à une croissance future de
l'économie nationale.
1
Voir annexe II, p. 18.
10
3. Évolution économique
Comme ses républiques sœurs de l'Asie centrale, le Kirghizistan a souffert de la
dissolution de l'URSS et donc de la perte de ses marchés traditionnels. Le PIB kirghize a
ainsi chuté de 50% entre 1991 et 1995. La croissance du PIB n'a recommencé qu'en 1996,
trois ans après l'adoption des premiers programmes de stabilisation. La croissance alors
atteinte était le résultat des progrès dans le secteur agricole 1 et dans la production de l'or
en provenance de Kumtor. Le succès de la politique économique du gouvernement a
permis au Kirghizistan de devenir le premier membre de la CEI à adhérer à l'OMC en
octobre 1998. Toutefois, la crise financière russe d'août 1998 s'est faite aussi sentir sur
l'économie kirghize dont les exportations ont décliné, entraînant une faible croissance en
1998. Cette dernière a quelque peu repris et a atteint 5% en 2001.
4. Commerce
Suite à la récente chute brutale du commerce avec ses partenaires ex-soviétiques, le
Kirghizistan s'est efforcé de diversifier ses partenaires commerciaux. Entre 1995 et 1999,
les exportations kirghizes vers les pays hors CEI comme l'Allemagne, la Chine et les
États-Unis ont presque doublé2. En revanche, les exportations destinées aux pays de la
CEI ont diminué de 30% dans la même période. Les importations ont connu une
évolution semblable: celles de la zone CEI ont reculé, tandis que celles des pays
susmentionnés ont augmenté considérablement3. Reste que la balance commerciale
kirghize est encore déficitaire (elle est actuellement estimée, pour le premier semestre
2002, à -36,4 M$).
5. Politique monétaire
Le Kirghizistan a été le premier État ex-soviétique à avoir introduit sa propre monnaie, le
soum, en mai 1993. En outre, le gouvernement a imposé une stricte politique monétaire
qui a réduit considérablement l'inflation: en 1993, celle-ci a atteint 700%, en 1994, 200%,
et seulement 10% à la mi 1998. Malheureusement, la crise financière russe de 1998 a
causé la chute du soum (30%) ainsi que le retour de l'inflation qui a atteint 50% en
octobre 1999, mais qui a reculé jusqu'à 20% en mai 2000, après sept mois de réduction
progressive. Dans les premiers mois de l'année 2002, l'inflation a pu être contenue à
0,8%.
Après l'indépendance, le système bancaire kirghize a été réorganisé avec la création de la
Banque nationale de la république du Kirghizistan (BNK) et environ trente banques
commerciales. La BNK est théoriquement indépendante, mais dans la pratique elle opère
en suivant les instructions de l'exécutif. Quelques banques commerciales ont entre-temps
été fermées et d'autres sont en train de déposer leur bilan, suite à la crise qui a ébranlé la
région, et montré la vulnérabilité du nouveau système mis en place. À la fin 1999, la dette
1
Cependant, ce secteur a connu, depuis le début de l'année 2002, une baisse de 7,4% en comparaison des
chiffres de l'année passée.
2
Voir annexe II et suivantes, pp 18 à 21.
3
Voir annexe II et suivantes, pp 18 à 21.
11
extérieure kirghize s'élevait à 1 milliard de dollars, c'est-à-dire l'équivalent de 90% du
PIB, et atteignait 2 milliards de dollars en 2001, soit plus de 130% de PIB. Ce montant
apparaît excessif par rapport aux chiffres présentés par d'autres économies en transition.
Il est qualifié d'insoutenable par le FMI. Cependant, l'investissement direct étranger s'est
élevé à 500 millions de dollars entre 1995 et 1999, ce qui correspond à 105 dollars per
capita, tandis que dans l'Ouzbékistan voisin cette proportion n'est que de 10 dollars per
capita, mais qui place le pays en situation de totale dépendance vis-à-vis des investisseurs
étrangers.
6. Politique fiscale
Comme d'autres États post-soviétiques, la république kirghize a rencontré de sérieuses
difficultés pour endiguer la baisse des recettes fiscales qui a accompagné le déclin
économique, ainsi que pour réduire les engagements budgétaires surélevés hérités de l'ère
communiste. Le gouvernement a néanmoins partiellement réussi à réduire la dépense
publique et, depuis 1995, à réformer le système fiscal. Ceci a permis d'assurer une
réduction continue du déficit budgétaire comparé au PIB. En 1999, le déficit était
stabilisé à 2,5% du PIB, et un léger excédent a été atteint en 20001.
7. Privatisations
En 1998, le gouvernement kirghize a engagé la troisième et dernière étape de son
programme de privatisation, alors que la seconde étape avait été suspendue en 1997,
lorsque des allégations de corruption avaient conduit à la démission du responsable de
l'agence gouvernementale en charge du programme. La troisième étape, pour la période
2001-2003, comprend des projets de privatisation de plusieurs grandes entreprises
comme le monopole d'État des télécommunications (Kyrgyztelekom) et l'entreprise d'État
en charge de l'énergie (Kyrgyzenergo), même si l'État continuera à contrôler des parts
dans ce qu'il qualifie lui-même d'industries "stratégiques".
8. Aspects sociaux
Une détérioration des indicateurs sociaux a été constatée ces dernières années. On estime
que la proportion des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté, qui était de 40%
en 1993, a atteint 50% en 1997, et même plus en 19982. De plus, l'état sanitaire de la
population s'est aggravé, comme le montre le déclin de 2,2 années de l'espérance de vie
moyenne entre 1991 et 1996, et l'augmentation aiguë de la malnutrition infantine. Le
chômage est également élevé (il a été estimé au 1er juillet 2002 à 88.200 personnes, soit
5,2% de plus que l'année passée à la même période).
1
Ce qui ne doit pas occulter le fait que le système fiscal du pays reste vulnérable en raison d'un grand
marché parallèle et d'un fort taux d'imposition du travail.
2
Et ce, notamment, dans les régions agricoles.
12
III. RELATIONS ENTRE L'UNION EUROPÉENNE ET LE KIRGHIZISTAN
1. Historique
Les relations entre l'UE et la république du Kirghizistan remontent à la période
soviétique. L'accord de commerce et de coopération conclu en 1989 entre la
Communauté européenne et l'Union soviétique fût, après la dissolution de l'URSS,
appliqué individuellement à toutes les nouvelles républiques indépendantes.
Conscient de l'importance de développer les relations entre l'UE et les républiques issues
de l'Union soviétique, le Conseil a dès 1992 octroyé à la Commission, un mandat de
négociation global pour la conclusion d'accords de partenariat et de coopération avec
toutes les républiques de l'ancienne Union soviétique.
En 1994, la Commission avait présenté une proposition de décision du Conseil relative à
la conclusion de l'accord de partenariat et de coopération entre les Communautés
européennes et leurs États membres d'une part, et la république du Kirghizistan, d'autre
part1. Cet accord a été signé le 9 février 1995, il et est entré en vigueur le 1er juillet
19992. Afin de pouvoir anticiper l'application de l'Accord de partenariat et de coopération
(APC) susmentionné, l'Union et le Kirghizistan ont également signé, le 28 novembre
1996, un accord intérimaire destiné à régir les relations euro-kirghizes jusqu'à l'entrée en
vigueur de l'APC.
2. Accord de partenariat et de coopération (APC)
Il s'agit d'un accord mixte (couvrant à la fois des secteurs de compétences communautaire
et nationale) d'une durée initiale de dix ans. Cet accord met en place le cadre nécessaire
qui permet de développer les relations entre l'UE et le Kirghizistan, basées sur des valeurs
démocratiques incluant le dialogue politique et le respect de l'État de droit. Quatre ans se
sont écoulés entre la signature de l'APC et son entrée en vigueur. Cette lenteur résulte du
fait que l'accord a dû être signé par les parlements nationaux des États membres, par le
Parlement kirghize et par le Parlement européen.
Du point de vue économique, l'accord promeut une économie de marché. L'APC
constitue la base d'un partenariat étroit, établissant un nouveau cadre institutionnel et
ouvrant de nouvelles possibilités de coopération dans toute une série de domaines.
L'APC comporte:
- l'établissement d'un dialogue politique;
- des dispositions relatives aux échanges de marchandises, à l'emploi, à l'établissement et
à l'activité des sociétés, aux prestations transfrontalières des services, aux paiements
courants et capitaux, à la protection de la propriété intellectuelle, industrielle et
commerciale, à la coopération législative et économique, à la coopération dans les
1
2
COM(94)412.
JO L 196 du 28.07.1999, p. 46.
13
domaines de la science et de la technologie, de l'éducation, de la formation et de la
culture, de l'environnement et de la santé, au respect de la démocratie et des droits de
l'homme, à la coopération dans le domaine de la prévention des activités illégales et du
contrôle de l'immigration clandestine et à la coopération financière;
- la création d'une structure institutionnelle comprenant un Conseil de coopération, un
Comité de coopération et une Commission parlementaire de coopération.
L'Union européenne et le Kirghizistan rappellent également dans l'accord leur volonté de
veiller au respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la
jeune république centrasiatique.
Le nouveau programme indicatif de TACIS, pour la période 2000-2003, doté de
16 millions d'euros, définit les six champs d'intervention de l'aide européenne au
Kirghizistan et dans la région d'Asie centrale. Les cinq premiers domaines sont identiques
à ceux étudiés pour le pays voisin, le Kazakhstan à savoir:
- le soutien des réformes institutionnelles, législatives et administratives. Dans ce cadre
l'Union insistera , durant cette période, sur les principes de la bonne gouvernance, l'aide à
l'établissement des services de police et juridique de meilleure qualité1 et la formation des
fonctionnaires. Toutes ces activités sont soutenues par un programme de conseil,
d'association et de jumelage entre les services kirghizes et européens (villes, universités,
administrations),
- l'aide au développement économique et au secteur privé, afin d'obtenir une économie et
un marché stable et transparent. Cela implique de poursuivre les efforts faits en matière
de transfert de connaissance, la formation des cadres ainsi que le soutien à la
reconstruction et la restructuration des entreprises privées à tous les niveaux2 et
l'instauration d'un climat de confiance pour les investisseurs étrangers3,
- l'accompagnement des conséquences sociales de la transition vers l'économie de
marché, afin de restructurer le système social du pays, en améliorant ce dernier4,
- la protection de l'environnement, dont l'objectif est de promouvoir un cadre législatif et
juridique conforme aux standards internationaux. L'aide à la promotion de l'utilisation
raisonnable des ressources en eau et l'amélioration des infrastructures dans ces domaines
sont aussi l'objet du programme TACIS,
- le développement de l'économie rurale. Dans ce domaine, le but de TACIS est
d'améliorer le niveau de vie des populations rurales, en leur permettant d'augmenter leur
participation à l'économie nationale5.
1
Cela implique, bien évidemment, une formation adéquate apportée aux autorités compétentes, mais aussi
le soutien de projets immobiliers, afin de fournir à ces services des locaux appropriés.
2
C'est-à-dire, restructuration du cadre juridique d'évolution des entreprises, et ce tant pour les plus grandes
d'entre elles que pour les plus petites, ainsi qu'au niveau national, régional et local.
3
Selon certains analystes, le pays possède un bon potentiel pour attirer les investisseurs étrangers, ce qui
s'est avéré depuis l'arrivée de la coalition sur le territoire kirghize.
4
Ce qui comprend le système de sécurité social, de pension et de santé.
5
Pour atteindre ce but, TACIS tend à promouvoir l'accès des produits agricoles au marché par la
restructuration du système hérité de la période soviétique et la mise en place de politiques cohérentes en la
matière.
14
- et le développement des infrastructures nationales, à savoir les transports, les
télécommunications et les réseaux de transmissions, notamment dans le domaine
énergétique.
La première réunion du Conseil de coopération UE/Kirghizistan a eu lieu à Bruxelles, le
20 juillet 1999, au niveau ministériel. Lors de la deuxième réunion, tenue également à
Bruxelles, le 17 juillet 2001, au niveau ministériel, l'Union européenne a rappelé que les
investisseurs attendent encore l'amélioration de la législation fiscale et le renforcement de
l'État de droit avant de s'engager davantage au Kirghizistan. Le Conseil de coopération a
aussi insisté sur l'importance de la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogues.
En fait, la petite république centrasiatique est devenue un pays de transit pour des
drogues provenant de l'Afghanistan et du Pakistan vers l'Europe. À travers le programme
TACIS, l'Union apporte déjà une aide aux pays de la région pour combattre ce fléau.
Ainsi, l'UE a désigné, en janvier de cette année, un coordinateur régional (basé au
Kazakhstan) pour coordonner l'aide européenne et pour aider les pays de la région dans
cette lutte. En outre, la délégation de l'Union a insisté sur le fait que l'économie de
marché va de pair avec le respect des règles démocratiques et des droits de l'homme. Il
s'agit sans doute de l'expression des réserves européennes vis-à-vis d'un régime qui, selon
des observateurs, est tenté par une dérive totalitaire qui ne fera que ternir l'image de
"Suisse de l'Asie centrale" qui servait de slogan au pays.
La troisième réunion du conseil de coopération EU/Kirghizistan s'est tenue à Bruxelles, le
17 juillet 2001, et fut notamment l'occasion, pour l'Union, de féliciter les autorités de
Bichkek pour leurs efforts de transition, de développement économique1 et
d'harmonisation des règles nationales vis-à-vis de celles de l'OMC. L'UE a encouragé le
Kirghizistan dans ses efforts pour améliorer la stabilité économique du pays, mais a
également rappelé le rôle essentiel que joue le respect des règles démocratiques et des
droits de l'Homme au sein du partenariat euro-kirghize, et notamment la liberté des
médias. Cette requête a, une fois de plus, été renouvelée lors de la réunion du quatrième
Conseil de coopération UE/Kirghizistan, le 23/07/02 à Bruxelles. Il a également été prévu
le doublement des fonds destinés à la région (dans le cadre de la coopération et de
l'assistance) qui sont ainsi portés à 50 millions d'euros par an.
3. Assistance technique et humanitaire
Trois programmes d'aide alimentaire du FEOGA ont été mis en œuvre: en 1994-1995
(14 MECU), 1995-1996 (5 MECU) et 1996 (10 MECU). Les programmes de sécurité
alimentaire pour le Kirghizistan ont augmenté graduellement: 8 MECU en 1997,
8,5 MECU en 1998 et 1999, 10 millions d'euros en 2000 (actuellement mis en œuvre) and
10 millions d'euros en 2001 (affectés par une décision de la Commission).
Depuis 1993, ECHO a fourni une assistance humanitaire en faveur du Kirghizistan pour
un montant de 25,4 millions d'euros, principalement en matière alimentaire et médicale.
L'aide d'ECHO était plus importante en 1994 et 1995, afin d'assister les populations
touchées par des inondations et des tremblements de terre. Une assistance alimentaire
1
Notamment dans le cadre régional.
15
d'urgence a aussi été accordée en 1998. ECHO a principalement fourni des produits
pharmaceutiques et des médicaments aux populations les plus vulnérables, pour un total
de 2,2 millions d'euros en 1999.
Jusqu'en 1999, TACIS a octroyé une assistance d'un montant de 53 millions d'euros.
En outre, d'autres actions d'intérêt pour le Kirghizistan provisionnées par l'EU seront
financées séparément au travers du programme inter-États TACIS (principalement
INOGATE, TRACECA, WARMAP, REC et la lutte contre le trafic de drogues).
En 1999, une assistance exceptionnelle TACIS d'un montant de 2 millions d'euros a été
délivrée au Kirghizistan afin d'atténuer l'impact de la crise russe sur son économie et sa
population. Cette assistance était gérée par ECHO.
4. Commerce1
Les principales exportations de l'Union vers le Kirghizistan sont constituées de machines
électriques (25%), de machines diverses (16%), de véhicules, d'instruments de précision
optiques et chirurgicaux et de produits sidérurgiques. Les principales importations
européennes du Kirghizistan sont l'or (95%) et le coton (2%). La balance commerciale
entre les deux partenaires est devenue déficitaire pour l'UE à partir de 1998. Les
répercussions de la crise financière russe de 1998 ont contribué à la réduction des
importations du Kirghizistan. En outre, ce pays bénéficie du système de préférences
généralisées depuis le 1er janvier 1993.
5. Le rôle du Parlement européen
Tout comme pour les autres républiques centre-asiatiques, le Parlement européen ne s'est
pas désintéressé du Kirghizistan, mais force est de constater que son approche du pays
s'est souvent faite dans un contexte régional. Partant de cette observation, le PE s'est
penché, outre les aspects économiques du partenariat UE/Kirghizistan et UE/Asie
Centrale, sur les problèmes rencontrés dans le domaine des droits de l'Homme, de
l'environnement et de l'énergie2. En matière de droits de l'Homme, le PE a encore
récemment demandé aux autorités de Bichkek d'entamer un "véritable dialogue avec
l'opposition politique"3, ainsi qu'une enquête indépendante sur les allégations de torture et
de mauvais traitements
1
Voir annexes III à V, pp. 19 à 21.
Résolution du PE sur la Conférence interministérielle sur l'environnement, tenue à Sofia en octobre 1995
(JO CE C249 du 25/09/1995).
3
En matière de droits de l'Homme et de dialogue politique, le PE a, depuis le début de l'année, interpellé les
autorités nationales sur le cas spécifique de M. Azimbek Beknazarov, président de la commission
parlementaire kirghize pour les réformes juridiques et judiciaires, arrêté officiellement pour abus de
pouvoir, et officieusement pour avoir critiqué le président Akaïev.
2
16
ANNEX I
MAP OF KYRGYZSTAN
17
ANNEX II
KYRGYZSTAN - ECONOMIC DATA
1997
1998
1999
2000
2001
2002 (1)
10
23,5
-9,1
49,4
4,3
1,8
374
45
95
2,1
10,5
-10,8
73,4
4,3
1,6
339,5
30
700
3,7
35,9
-12,7
60,9
5,4
1,2
256,3
44
600
5,4
18,7
-9,7
65
5
1,4
264,7
52
500
5,3
7
-5,2
50
5
1,5
287,1
60
450
4,2
5,5
-5
40
5
1,7
321,6
65
400
17,38
630,8
18,8
-646,1
-17,5
-15,3
-138,5
-7,9
169,8
3,2
84
4,8
1340,9
33,5
78,3
11,4
195,9
2,5
19,4
29,38
535,1
-15,2
-755,9
17
-220,8
-400,2
-24,6
163,8
2,6
109
6,7
1537,6
28,2
98,3
19
252,7
1,8
15
45,43
462,6
-13,5
-546,9
-27,6
-84,4
-253,3
-20,3
229,7
5
38,4
3,1
1699,2
59,8
144,6
21,8
316,3
3,5
26
47,8
511
8
-502,1
-8,2
8,9
-105
-7,5
205,5
4,9
28,5
2
1724
75
123,1
22
337,4
4,4
36,5
48,4
480
-6,1
-440
-12,4
40
-50
-3,3
226
6,2
35,3
2,4
1809
80
120,6
25
376,9
4,4
35,4
52
495
3,1
-490
11,4
5
-65
-3,8
255
6,2
35
2,1
1880
100
110,6
25
379,8
5,3
39,2
Domestic Data
GDP Growth %
Inflation %
Budget Balance % GDP
Leading Interest Rate %
Unemployment Rate %
GDP $ bn
GDP Per Capita $
Stock Exchange Index
Interest Rate Spread, basis points
External Data
Exchange Rate to $
Exports $m
Exports Growth %. y-on-y
Imports $m
Imports Growth %.y-on-y
Trade Balance $m
Current Account Balance $m
Current Account % GDP
Reserves $m
Reserves Imports Cover - Months
Foreign Direct Investment $m
FDI % GDP
Total External Debt $m
Short Term Debt US$m
Total Debt % GDP
Total Debt Service Ratio %
Total Debt % Exports
Short Term Debt % Total Debt
Short Term Debt % Reserves
(1) Forecasts
18
ANNEX III
Trade relations EU-Kyrgyzstan: 2001
Structural analyses
EU-imports (cif)
1000 €
Total (A+B+C)
of which:
A: Raw materials
Food, beverages and tobacco (0+1)
Raw materials (2+4)
Energy (3)
B: Manufactured articles
Chemicals (5)
Machinery and transport eq. (7)
Other manufactured products (6+8)
-%-
Main products (SITC division):
SITC
3rd
rev.
1000 €
116.849 100,0 GOLD, NON-MONETARY (EXCLUDING GOLD, ORES AND CONCENTRATES)
97
102.511
TEXTILE FIBRES (OTHER THAN WOOL TOPS), WASTES; NOT MANUFACTURED
26
5.732
7.540
6,5 TELECOMMUNIC. + SOUND RECORDING + REPROD. APPARATUS + EQUIPMENT
76
2.282
303
0,3 SPECIAL TRANSACT. AND COMMODIT. NOT CLASSIFIED ACCORDING93
TO KIND1.204
7.237
6,2 NON-FERROUS METALS
68
870
0
0,0 LEATHER, LEATHER MANUFACTURES, N.E.S. AND DRESSED FURSKINS
61
671
5.579
4,8 HIDES, SKINS AND FURSKINS, RAW
21
532
682
0,6 METALLIFEROUS ORES AND METAL SCRAP
28
504
3.019
2,6 INORGANIC CHEMICALS
52
460
1.878
1,6 ELECTR. MACH., APP. + APPLIANCES, N.E.S. + ELECTR. PARTS THEREOF
77
440
% of
total
87,7
4,9
2,0
1,0
0,7
0,6
0,5
0,4
0,4
0,4
Intraindustry
trade
intensity (1)
200,0
170,3
125,9
84,7
123,6
163,1
138,9
199,1
164,9
47,7
EU-exports (fob)
1000 €
Total (A+B+C)
of which:
A: Raw materials
Food, beverages and tobacco (0+1)
Raw materials (2+4)
Energy (3)
B: Manufactured articles
Chemicals (5)
Machinery and transport eq. (7)
Other manufactured products (6+8)
Source: COMEXT 2 database, EUROSTAT
-%-
Main products (SITC division):
SITC
3rd
rev.
1000 €
58.971 100,0 ROAD VEHICLES (INCLUDING AIR-CUSHION VEHICLES)
78
9.734
MACHINERY SPECIALIZED FOR PARTICULAR INDUSTRIES
72
6.364
7.772 13,2 POWER GENERATING MACHINERY AND EQUIPMENT
71
3.727
5.108
8,7 CHEMICAL MATERIALS AND PRODUCTS, N.E.S.
59
3.636
1.611
2,7 OFFICE MACHINES AND AUTOMATIC DATA-PROCESSING MACHINES 75
1.972
1.053
1,8 ESSENTIAL OILS + PERFUME MATERIALS; TOILET, POLISH + CLEAN. PREPARAT.
55
1.878
48.507 82,3 GENERAL INDUSTR. MACH. + EQUIPMENT, N.E.S., MACHINE PARTS, N.E.S.
74
1.830
9.115 15,5 TOBACCO AND TOBACCO MANUFACTURES
12
1.686
28.560 48,4 SPECIAL TRANSACT. AND COMMODIT. NOT CLASSIFIED ACCORDING93
TO KIND1.639
10.831 18,4 SUGARS, SUGAR PREPARATIONS AND HONEY
06
1.627
Production: JDa/Parliamentary Documentation Centre/European Parliament
(1) The index can vary between 0 and 200: 0 means only exports, 200 only imports and 100 means balance in trade
Index: (((x+m)-(x-m))/(x+m))*100
19
% of
total
16,5
10,8
6,3
6,2
3,3
3,2
3,1
2,9
2,8
2,8
Intraindustry
trade
intensity (1)
0,6
3,7
0,2
11,4
7,7
0,1
7,1
16,0
84,7
0,0
ANNEX IV
Trade of the EU with Kyrgyzstan by Member States
EU-imports (cif)
Total
2001
1000 €
-%116.849
100,0
January-March:
2001
2002
% change
58.322
3687*
-93,7
of which:
France
Netherlands
Germany
Italy
United Kingdom
Ireland
Denmark
Greece
Portugal
Spain
Belgium
Luxembourg
Sweden
Finland
Austria
1.187
583
108.606
2.240
279
0
4
0
0
665
402
2
2.358
99
424
1,0
0,5
92,9
1,9
0,2
0,0
0,0
0,0
0,0
0,6
0,3
0,0
2,0
0,1
0,4
138
178
57.103
242
36
0
0
0
0
102
311
0
65
19
127
405
82
832
156
16
0
4
0
29
238
681
0
1.078
0
163
193,2
-53,8
-98,5
-35,4
-54,4
1547,0
-100,0
28,9
58.971
100,0
14.379
12738*
-11,4
2.964
5.527
32.369
3.668
4.113
1
1.254
512
177
1.279
992
73
610
4.287
1.146
5,0
9,4
54,9
6,2
7,0
0,0
2,1
0,9
0,3
2,2
1,7
0,1
1,0
7,3
1,9
730
1.735
7.208
957
781
1
754
114
0
318
218
10
450
458
644
572
1.074
8.163
1.028
325
15
274
-21,6
-38,1
13,2
7,4
-58,4
1066,9
-63,6
5
240
243
10
339
135
189
-24,6
11,3
2,6
-24,7
-70,6
-70,7
133,6
118,8
EU-exports (fob)
Total
of which:
France
Netherlands
Germany
Italy
United Kingdom
Ireland
Denmark
Greece
Portugal
Spain
Belgium
Luxembourg
Sweden
Finland
Austria
Source: COMEXT database, EUROSTAT
Production: JDa/Parliamentary Documentation Centre/European Parliament
* data for Greece is estimated
20
ANNEX V
Trade of the EU with Kyrgyzstan: 1995-2001
1000 ECU/€
EU-imports (cif)
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
Jan-Mar: 2001
Jan-Mar: 2002*
Source: COMEXT database, EUROSTAT
EU-exports (fob)
33.882
22.683
46.263
191.590
130.927
129.822
116.849
58.322
3.687
Balance
52.703
79.328
74.576
89.397
76.749
59.280
58.971
14.379
12.738
18.821
56.645
28.313
-102.193
-54.178
-70.542
-57.878
-43.943
9.051
Production: JDa/Parliamentary Documentation Centre/European Parliament
* data for Greece is estimated
Trade of the EU with Kyrgyzstan: 1995-2001
200.000
150.000
1000ECU/€
100.000
50.000
0
-50.000
-100.000
-150.000
1995
1996
1997
EU-imports (cif)
1998
1999
EU-exports (fob)
Production: JDa/PDC/EP
21
2000
Balance
2001
Jan-Mar: Jan-Mar:
2001
2002*
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