et partagés entre les différentes tribus, les Kirghizes n'ont pas connu, avant leur
indépendance, l'idée d'une identité nationale unifiée.
2. Politique intérieure
Le Kirghizistan, indépendant depuis le 31 août 1991, est un pays pauvre et exposé aux
soubresauts de la guerre civile au Tadjikistan ainsi qu'aux incursions des islamistes
ouzbeks de la vallée de Ferghana.
a) Constitution
Adoptée le 5 mai 1993, la Constitution kirghize fut amendée trois fois (en octobre 1994,
février 1996 et octobre 1998), par le biais de trois référendums proposés par le Président
M. Askar Akaïev. Il s'agit d'une Constitution présidentielle qui octroie quelques (faibles)
pouvoirs au "Jogorku Kenesh" (Parlement) bicaméral. La Chambre haute (Assemblée des
Représentants) est composée de 45 députés et la Chambre basse (Assemblée législative)
de 60 membres, dont 15 sont élus selon le système proportionnel. Les référendums
susmentionnés ont renforcé les pouvoirs du Président. Ainsi, le premier a institué un
Parlement bicaméral avec 105 membres, tandis que la Constitution de 1993 prévoyait
313 députés. Le deuxième est à l'origine du Conseil de Sécurité, qui regroupe le Premier
ministre, les ministres des affaires étrangères, de l'intérieur, des finances, de l'économie,
et qui est présidé par M. Akaïev, Président de la République. Le troisième, enfin, a
concerné les domaines suivants: moratoire dans la privatisation des terres, suppression de
l'immunité parlementaire, restriction des pouvoirs budgétaires du Parlement, réduction du
nombre de députés et restrictions à la liberté de la presse.
b) Chef d'État
Le Kirghizistan est apparu, au moment de l'indépendance, comme un cas atypique en
Asie centrale ex-soviétique. Le Président Askar Akaïev, élu le 15 octobre 1991, n'était
pas un ancien Premier secrétaire du Parti communiste, mais un membre de l'Académie
des sciences. Il a d'emblée adopté une position démocratique et libérale. Toutefois, petit à
petit, M. Akaïev s'est lancé, selon des observateurs, dans la même voie autoritaire que ses
homologues d'Asie centrale. Il a tenté en vain, au printemps 1995, de faire proroger son
mandat par référendum, mais il avait été réélu le 24 décembre 1994 avec 70% des voix.
M. Akaïev a également emporté l'élection présidentielle du 29 octobre 2000 avec 74%
des voix dans des élections que l'OSCE a considéré comme non démocratiques. Le
candidat le mieux placé, M. Tekebayev a obtenu 14% des voix, mais son véritable
adversaire, M. Koulov, ancien maire de Bichkek, a été exclu des élections car il avait
refusé de passer le test de langue kirghize. Il a été emprisonné peu après. Dans sa
déclaration du 6 novembre 2000 sur les élections présidentielles au Kirghizistan, la
Présidence française, au nom de l'Union européenne, regrettait "que le déroulement de
ces élections ait marqué un recul dans le processus de démocratisation et la mise en place
d'un État de droit au Kirghizistan". M. Akaïev a affirmé, récemment, qu'il ne sera pas
candidat aux élections présidentielles de 2005.