PARLEMENT EUROPÉEN
DIRECTION GÉNÉRALE DES ÉTUDES
Division des affaires internationales et constitutionnelles
PN/JF/rf/IV/WIP/2002/06/0110-0111
Luxembourg, le 21 août 2002
NOTE
SUR LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE
DU KIRGHIZISTAN ET SES RELATIONS
AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Cette note a été préparée à l'attention des membres du Parlement européen. Les avis qui
y sont exprimés sont de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la position du
Parlement européen.
Sources: Economist Intelligence Unit (EIU)
European Commission
Eurostat
Reuters
Oxford Analytica
Kyrgyz National Statistics Committee
World Markets Country Analysis
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SOMMAIRE
Page
I. SITUATION POLITIQUE ..................................................................................... 3
II. SITUATION ÉCONOMIQUE ............................................................................. 10
III. RELATIONS AVEC L'UNION EUROPÉENNE .............................................. 13
ANNEXES
* * *
Pour des informations complémentaires, veuillez contacter: M. Pedro NEVES, Parlement
européen, DGIV, Luxembourg, Division des affaires internationales et constitutionnelles,
Tél.: 4300-22548 / Fax: 4300-27724 / e-mail: [email protected]
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I. SITUATION POLITIQUE
1. Introduction
Le Kirghizistan fait partie, avec le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le
Turkménistan, de l'Asie centrale. En termes de peuplement et de civilisation, l'Asie
centrale, au sens large, constitue l'espace le monde turc des steppes est entré en
contact avec les civilisations persane, chinoise et russe.
Les Kirghizes entrent dans l'histoire en 840, quand ils abattent l'Empire ouïghour qui
occupait l'actuelle Mongolie. Ils venaient de la région du Haut Iénissei et sont des Indo-
européens turquisés. En 924, ils ont été refoulés dans leur pays d'origine. Les tribus
kirghizes occupèrent leur actuel habitat aux XVI et XVII siècles, chassés des steppes de
l'Asie septentrionale par les Oïrates bouddhistes. Passés sous la souveraineté théorique
des Chinois vers le milieu du XVIIIe siècle, les tribus kirghizes menèrent une existence
indépendante jusqu'à ce que, vers 1830, le Khanat de Kokand parvienne à les vassaliser.
Survinrent enfin les Russes qui, en 1864 (traité de Tchougoutchak avec la Chine),
fixèrent la frontière orientale de leur empire de telle sorte qu'il inclut l'essentiel du pays
kirghize. Avec l'annexion pure et simple du Khanat de Kokand en 1876, les kirghizes
devinrent sujets du tsar.
Les autorités russes ont créé des centres urbains dont l'actuelle capitale Bichkek , et
favorisé le développement de zones agricoles dans le Nord du pays avec un large
pourcentage d'immigrants russes. Après la chute de l'empire tsariste, le pouvoir
soviétique a mené une politique drastique de division de l'Asie centrale en entités
politiques censées correspondre à des groupes ethniques. L'absence de rationalité de ces
frontières fait que l'on trouve, par exemple, de fortes minorités ouzbèkes dans tous les
pays limitrophes de l'Ouzbékistan dont le Kirghizistan.
Ce pays de 198.500 km2 est très cloisonné par les montagnes, entre un Nord, où se trouve
la capitale Bichkek, tournée vers le Kazakhstan, et un sud orienté autour de la vallée de
Ferghana, vers l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Le Kirghizistan compte 4,9 millions
d'habitants dont de fortes minorités de Russes (14,6%) et d'Ouzbeks (14,4%). Des
minorités kirghizes existent également en Ouzbékistan, au Xinjiang (Turkestan chinois)
et au Tadjikistan. Le Kirghizistan a des frontières
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avec les deux républiques turcophones
voisines (Kazakhstan et Ouzbékistan), le Tadjikistan (persanophone) et la Chine (région
autonome du Xinjiang). Après la dissolution de l'URSS, le Kirghizistan n'a plus de
frontière directe avec la Russie, mais l'influence de Moscou reste considérable.
Les Kirghizes, ainsi que leurs voisins du nord les Kazakhs ont été à la fois nomades,
tribalisés, superficiellement islamisés et ont aussi des langues assez proches. La tradition
nomade des Kirghizes pousse à une moindre personnalisation du pouvoir que dans les
pays voisins. En effet, ce peuple de nomades ne compte ni princes, ni nobles mais des
anciens, dont l'autorité tient à leur influence personnelle. Isolés par de hautes montagnes
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Voir annexe I, p. 17.
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et partagés entre les différentes tribus, les Kirghizes n'ont pas connu, avant leur
indépendance, l'idée d'une identité nationale unifiée.
2. Politique intérieure
Le Kirghizistan, indépendant depuis le 31 août 1991, est un pays pauvre et exposé aux
soubresauts de la guerre civile au Tadjikistan ainsi qu'aux incursions des islamistes
ouzbeks de la vallée de Ferghana.
a) Constitution
Adoptée le 5 mai 1993, la Constitution kirghize fut amendée trois fois (en octobre 1994,
février 1996 et octobre 1998), par le biais de trois référendums proposés par le Président
M. Askar Akaïev. Il s'agit d'une Constitution présidentielle qui octroie quelques (faibles)
pouvoirs au "Jogorku Kenesh" (Parlement) bicaméral. La Chambre haute (Assemblée des
Représentants) est composée de 45 députés et la Chambre basse (Assemblée législative)
de 60 membres, dont 15 sont élus selon le système proportionnel. Les référendums
susmentionnés ont renforcé les pouvoirs du Président. Ainsi, le premier a institun
Parlement bicaméral avec 105 membres, tandis que la Constitution de 1993 prévoyait
313 députés. Le deuxième est à l'origine du Conseil de Sécurité, qui regroupe le Premier
ministre, les ministres des affaires étrangères, de l'intérieur, des finances, de l'économie,
et qui est présidé par M. Akaïev, Président de la République. Le troisième, enfin, a
concerné les domaines suivants: moratoire dans la privatisation des terres, suppression de
l'immunité parlementaire, restriction des pouvoirs budgétaires du Parlement, réduction du
nombre de députés et restrictions à la liberté de la presse.
b) Chef d'État
Le Kirghizistan est apparu, au moment de l'indépendance, comme un cas atypique en
Asie centrale ex-soviétique. Le Président Askar Akaïev, élu le 15 octobre 1991, n'était
pas un ancien Premier secrétaire du Parti communiste, mais un membre de l'Académie
des sciences. Il a d'emblée adopté une position démocratique et libérale. Toutefois, petit à
petit, M. Akaïev s'est lancé, selon des observateurs, dans la même voie autoritaire que ses
homologues d'Asie centrale. Il a tenté en vain, au printemps 1995, de faire proroger son
mandat par référendum, mais il avait été réélu le 24 décembre 1994 avec 70% des voix.
M. Akaïev a également emporté l'élection présidentielle du 29 octobre 2000 avec 74%
des voix dans des élections que l'OSCE a considéré comme non démocratiques. Le
candidat le mieux placé, M. Tekebayev a obtenu 14% des voix, mais son véritable
adversaire, M. Koulov, ancien maire de Bichkek, a été exclu des élections car il avait
refusé de passer le test de langue kirghize. Il a été emprisonné peu après. Dans sa
déclaration du 6 novembre 2000 sur les élections présidentielles au Kirghizistan, la
Présidence française, au nom de l'Union européenne, regrettait "que le déroulement de
ces élections ait marqué un recul dans le processus de démocratisation et la mise en place
d'un État de droit au Kirghizistan". M. Akaïev a affirmé, récemment, qu'il ne sera pas
candidat aux élections présidentielles de 2005.
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c) Parlement
En septembre 1994, le Parlement, qui datait de l'époque soviétique, a finalement accepté
de se dissoudre. Le nouveau Parlement, élu en février 1995, est dominé par des partis
majoritaires dans le sud du pays, qui se sentaient exclus du pouvoir et de la manne
financière générée par les privatisations. Le conflit entre M. Akaïev (originaire du Nord
du pays) et le Parlement venait de commencer. L'OSCE a constaté de graves irrégularités
dans le déroulement des élections législatives des 20 février 2000 (Chambre basse) et
12 mars 2000 (Chambre haute), notamment dans le fonctionnement des bureaux de votes
de certaines provinces comme celle de Talas. Les férendums successifs ainsi que le
résultat contesté des dernières élections gislatives ont affaibli le rôle du Parlement dans
le contexte du cadre constitutionnel kirghize.
d) Partis politiques
Le pays a connu, juste après l'indépendance, une floraison de partis politiques inédite en
Asie centrale (Parti communiste, Erkin Kirghizistan, Parti des républicains, Erk,
Mouvement démocratique, Ata-Meken, etc.). La volonté du Président Akaïev de faire du
Kirghizistan la "Suisse de l'Asie centrale", a donné au pays une réputation internationale
sans commune mesure avec son poids réel. Les partis susmentionnés se regroupent en
trois tendances: nationaliste, social-démocrate et communiste. Les nationalistes kirghizes
encouragent la réduction de l'influence russe, mais leur politique économique n'est pas
cohérente. Les partis sociaux-démocrates critiquent la concentration de pouvoirs dans les
mains du Président et la corruption qui ternit les réformes. Le Parti communiste, enfin,
qui a obtenu 28% des voix lors des élections législatives de 2000, s'est révélé hostile aux
réformes économiques, mais il a soutenu le gouvernement dans des domaines comme
l'égalité ethnique, et a encouragé la présence des Russes dans le pays. En fait, le rôle des
partis politiques kirghizes s'est rétréci au fur et à mesure que le Président a augmenté ses
pouvoirs au détriment du Parlement. Une récente loi (juillet 2001) régule l'activité des
partis: les partis existants ou à créer devront être enregistrés; les partis politiques
étrangers ne pourront pas opérer au Kirghizistan.
e) Système judiciaire
Le système judiciaire est, selon la Constitution, indépendant, mais des observateurs
remarquent qu'il souffre de l'absence de réformes, des bas salaires et de la corruption. Le
Président de la République propose les nominations à la Cour constitutionnelle, à la Cour
Suprême et à l'Instance arbitrale suprême. Lors des procès qui ont impliqué des membres
de l'opposition et/ou des journalistes ces dernières années, on a pu constater la forte
influence politique de l'administration sur le système. À cela s'ajoute la complexité des
lois promulguées ces deux dernières années, qui ne facilitent pas la tâche des magistrats,
aux prises avec des textes remplis de contradictions.
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