Thérapie antiplaquettaire pour ACS au Royaume-Uni Dr. Storey: Nous en savons désormais beaucoup sur le rôle du récepteur plaquettaire P2Y12 dans le secteur de la biologie plaquettaire. Nous savons qu’il joue ce rôle très puissant d’amplification de toutes les réponses plaquettaires. C’est la raison pour laquelle il s’agit d’une si bonne cible pour les médicaments, afin de l’inhiber et d’empêcher la thrombose en conséquence. P2Y12 amplifie l’agrégation de plaquettes en éléments tels que l’ADP et autres agents d’activation, et il joue également un rôle de promotion de coagulant de plaquette, de production de prothrombine et de sécrétion de médiateurs inflammatoires. Tous ces facteurs expliquent donc pourquoi P2Y 12 s’est avéré une si bonne cible. Par ailleurs, ce que nous savons aussi désormais en termes de blocage de ce récepteur, c’est que plus nous le bloquons, plus l’effet que nous avons sur la fonction plaquettaire est prononcé, et c’est associé à un effet plus important en termes de réduction de la thrombose artérielle. Nous avons clairement appris que des niveaux élevés de blocus du P2Y12 sont nécessaires pour garantir un risque moins élevé de thrombose dans les conditions à risque élevé de thrombose d’endoprothèse, telles que le syndrome coronarien aigu. Nous disposons désormais de tout un maillage d’évidences qui soutiennent cette déclaration. Nous avons en main des études observationnelles qui montrent que les patients qui ont une réponse pharmacodynamique faible au clopidogrel courent un risque plus élevé de thrombose d’endoprothèse. Nous savons à cause de l’étude TRITON que le prasugrel, administré au moment de l’intervention coronarienne percutanée (PCI), est beaucoup plus effectif comparé au clopidogrel 300mg, pour empêcher une thrombose d’endoprothèse liée à des niveaux élevés de métabolites qui inhibent le récepteur P2Y12. Nous savons aussi à cause de PLATO qu’avec les niveaux constamment élevés de P2Y12 que nous obtenons avec le ticagrelor, qui ne demande pas la conversion métabolique en forme active, nous observons aussi cette réduction constante de thrombose d’endoprothèse comparée au clopidogrel. Donc, cette vaste plage d’évidences nous indique que nous visons le bon but, en termes de réduction de la thrombose d’endoprothèse et autres évènements ischémiques. Nous savons aussi qu’en raison du rôle du P2Y12 dans la fonction plaquettaire, l’inhibition de ce récepteur augmente les effets sur l’hémostase, de sorte qu'il existe une tendance à observer plus de saignement lorsque nous bloquons ce récepteur à un haut niveau. Il peut se produire des différences en termes de résultats cliniques lorsque nous utilisons un agent réversible tel que le ticagrelor, c’est pourquoi il ne s’est pas produit de saignement général excessif ; en outre PLATO reste à explorer et cela a trait en partie au fait que moins de patients subissaient des interventions majeures, telles qu’une intervention de pontage coronarien, mais il faut aussi noter que la réversibilité du médicament s’estompant, et cela à un niveau important au bout de 2 ou 3 jours, peut présenter un avantage par rapport à une inhibition irréversible. Il existe de nombreuses questions et études portant sur différents régimes posologiques de clopidogrel. Nous savons clairement que l’administration d’une dose de charge de 600 mg de clopidogrel au lieu de 300 mg donne un effet d’inhibition plus rapide et plus cohérent. Nous avons envisagé des doses de charge de clopidogrel supérieures à 600 mg dans un certain nombre d’études et, pour une dose de charge unique, il semble qu’un peu plus soit accompli lorsqu’on augmente la dose, mais d’autres études suggèrent que la répétition de doses de, disons, 600 mg risque de mener à des effets incrémentaux sur 2 jours. Des doses de clopidogrel de maintenance supérieures, de 150 mg par jour comparées à 75 mg par jour parviennent aussi à des niveaux moyens d’inhibition supérieurs. Il se pose encore des problèmes chez les patients qui répondent mal, même avec les doses de charge et de maintenance supérieures de clopidogrel, qui n’échappent pas complètement au problème de variabilité de réponse, et cela a trait tout autant à des facteurs génétiques, tels que l’allèle de perte de fonction CYP 2C19*2, et aussi à des facteurs cliniques ayant trait à l’activité des enzymes CYP dans le foie qui convertissent le clopidogrel dans son métabolite actif. Les états maladifs tels que le diabète et l’insuffisance rénale, impactent la réponse au clopidogrel même lorsqu’on utilise les doses plus élevées étudiées. La pratique communément utilisée au Royaume-Uni à présent, en termes d’inhibition du P2Y12, varie selon le type de patient, à savoir un patient souffrant d’un infarctus du myocarde (IM) à élévation de ST faisant l'objet d’une intervention coronarienne percutanée (PCI) primaire, et dans ce groupe, il se présente une augmentation de l’utilisation d'une dose de charge de prasugrel et habituellement, une dose de maintenance suivant l’endoprothèse coronarienne pour les patients souffrant d’un infarctus du myocarde à élévation de segment ST (STEMI), tandis que chez la population ACS sans élévation de ST, la plupart de ces patients recevront une dose de charge de clopidogrel de 300 mg, souvent augmentée à un total de 600 mg de clopidogrel avant une angiographie coronarienne, et ceux qui pourront faire l’objet d’une intervention d’endoprothèse coronarienne pour le traitement de leur syndrome coronarien aigu. L’action rapide du prasugrel et du ticagrelor constituent clairement des bénéfices majeurs dans le traitement des patients STEMI faisant l’objet d’une PCI primaire et je suis d’avis que ces aspects du traitement les positionnent clairement en tant qu’options préférentielles à l’avenir, comparées au clopidogrel, en regard à la variabilité de la réponse. Les nouveaux agents possèdent clairement des avantages, en termes de traitement continu jusqu’à 1 an ; au-delà d'un an, nous aurons besoin d'études plus approfondies pour explorer les niveaux d'efficacité et de sécurité de ces médicaments, et ceux liés à la prolongation de la thérapie. Chez les patients ACS sans élévation de ST, nous avons clairement une bonne évidence provenant de PLATO des bénéfices de l’utilisation du ticagrelor dès le début et aussi des bénéfices de la prolongation de son utilisation pendant une période pouvant atteindre 1 an, comparé au traitement au clopidogrel, ce qui réduit la mortalité et la probabilité d’infarctus du myocarde. Je pense qu’il s’agit là de motifs poussant fortement à considérer cette thérapie. Nous devons penser aux patients qui sont exclus des essais cliniques et qui peuvent courir un risque élevé d’inhibition du P2Y12 de haut niveau, et il s’agit réellement de patients chez lesquels se présente un risque augmenté de saignement ou de saignement actif chez lesquels le saignement pourrait être exacerbé par une inhibition P2Y12 de haut niveau. D’autres questions, telles que les effets du ticagrelor sur le rythme cardiaque, signifient qu’il doit être évité chez ceux qui souffrent d’un malaise sinusal incontrôlé accompagné de bradycardie, qui pourrait être exacerbée, mais chez la population PLATO chez laquelle nous avions exclu ces patients, nous avons vu que cette tendance à la bradycardie se produisait principalement la nuit et ne menait pas à des problèmes avec les traitements augmentés de bradycardie, et cela s’est donc avéré rassurant en ce qui concerne la sécurité du ticagrelor dans l’apparition aiguë chez ces patients souffrant d’ACS (syndrome coronarien aigu).