Nevroses Ce sont des maladies de la personnalité, de gravité mineure, qui n'entraînent pas de troubles graves du comportement et ne nécessitent pas d'hospitalisation (internement). Les névroses s'expriment par des troubles dont les malades sont conscients et dont la survenue est liée à des traumatismes psychologiques (récents ou anciens). Le sujet névrosé a une perception exacte de la réalité qui l'entoure, de son trouble qu'il peut décrire en général. Dans l'esprit du névrosé en effet, la réalité ne présente aucune altération profonde mais seulement une certaine déformation. Les troubles, d'ordre affectif, ne diminuent en rien les facultés du malade. Il garde toute sa lucidité, toute sa raison, encore que cette dernière apparaisse sensiblement infléchie et le conduise à vivre sur ce qu'on peut appeler une "logique morose". Une autre caractéristique des névroses réside dans le fait que le sujet a parfaitement conscience du mal qui le frappe et le combat en en recherchant les causes autour de lui. Il existe plusieurs sortes de névroses : La névrose d'angoisse ; Le trouble panique ; L'anxiété chronique ; La névrose phobique ; La névrose hystérique ; La névrose obsessionnelle. Pour S. Freud, les névroses représentent une expression de l'inconscient. Selon lui, c'est l'angoisse qui constitue le véritable moteur des névroses. Ainsi les névroses qualifiées de phobiques, d'obsessionnelles ou même d'hystériques ne représentent jamais que les diverses attitudes du sujet à l'égard de l'angoisse dont il est assailli. Pour Henri Ey leur trait essentiel est "qu'il s'agit d'une forme d'existence pathologique qui ressemble à l'existence normale". La névrose est patente, et par conséquent nécessite un traitement, lorsqu'en l'absence de toute cause perceptible, l'entourage ou le médecin constatent le ralentissement, voire l'arrêt, de l'activité du sujet ou une diminution de la quantité de son travail ainsi qu'une altération des rapports qu'il entretient avec ses semblables. D'autres signes : insomnie, perte de l'appétit, fatigue, troubles fonctionnels... viennent éventuellement faciliter ce diagnostic. La névrose d'angoisse : voir anxiété ; La névrose hystérique ; La névrose obsessionnelle ; La névrose phobique. La névrose asthénique Le patient se plaint d'une fatigue accablante, alors que les raisons qu'il invoque ne sont pas proportionnées. Cette asthénie diminue au cours de la journée, et augmente avec l'inactivité. Le repos ne soulage pas le patient. C'est une névrose très fréquente. La névrose hypocondriaque Elle se présente sous la forme d'une préoccupation angoissante et parfois obsédante manifestée par le patient au sujet de son état de santé, il craint en permanence une maladie grave. Les consultations médicales sont nombreuses, les plaintes sont multiples, mais l'examen clinique est normal. Les examens complémentaires risquent de se multiplier et de fixer l'anxiété du patient sur une maladie donnée. On confond souvent névrose et personnalité névrotique. De surcroît, la structuration névrotique existe chez tout le monde et est un moteur important dans l'évolution psychique de l'individu. Pour compliquer le tout, les approches diverses de la psychologie et de la psychiatrie remettent un peu en cause la classification psychose/névrose. Tout cela vaut bien un petit article explicatif sur ce qu'est la structuration névrotique et ce que sont les maladies névrotiques. La structuration névrotique. On peut considérer sans trop se mouiller que si un individu n'avait pas un minimum l'anxiété latente, il n'aurait pas de motif de se bouger en dehors des états de besoins naturels. Chaque acte non « besogneux » de la vie semble être motivé par une contrainte, ou un plaisir, ou un objectif. L'acte effectué, la contrainte, le plaisir ou l'objectif assouvi, l'individu se trouve autre chose à faire. Cela dure toute une vie. Ce comportement permanent laborieux laisse penser qu'il y a un moteur qui pousse l'individu à bouger. Ce moteur n'est pas reconnu comme tel, et l'individu rapporte son activisme à des événements extérieurs qui ont une représentation psychique, qui imposent leurs contraintes, mais qui finalement ne sont que des rationalisations secondaires. Alors qu'est-ce que la rationalisation secondaire ? On peut définir la rationalisation secondaire comme un prétexte inconscient. Prenons un exemple : une personne va avoir des angoisses vespérales comme beaucoup de personnes, sans objet, c'est à dire existentielles, sans cause précise. Par un phénomène de réflexion analogique, il va rapporter ces angoisses vespérales à son contexte de vie à l'heure où il les subit. Il peut rapporter cela à son conjoint, à ses enfants ou au contenu du flash info télévisé. Selon la cause alléguée, son comportement sera très différent, s'il incrimine son conjoint, ces angoisses vespérales pourront être source de disputes. S'il incrimine les événements internationaux, il continuera à suivre les informations. S'il se sépare de son conjoint, il prendra le risque de retrouver tôt ou tard la même problématique, sauf s'il transfert ses angoisses vespérales sur le flash info. Cette notion de rationalisation secondaire est très importante car elle met en évidence le fait que l'angoisse préexiste aux problématiques environnantes, qu'elle est un moteur important d'activité et que son activité sera directement fonction de l'interprétation qu'il aura des cause de ce phénomène anxieux. L'interprétation dépendra des circonstances et de son vécu. Beaucoup de personnes, à travers l'apprentissage de la vie, vont mettre en place des mécanismes de défense qui lui permettront de ne pas subir cette angoisse essentielle. Ils vont la plupart du temps, déclencher des activités avant que ne survienne le raptus anxieux. Ce sera peut-être aller sur le Net, ça pourra être aussi prendre un psychotrope : l'apéritif, la cigarette. Tout cela est tout à fait normal, ce sont les dérives qui peuvent être pathologiques. Quant à l'essence de cette anxiété latente, c'est un vaste sujet qui trouve peut-être ses origines dans la prime enfance, à moins que bébé fasse déjà de la rationalisation secondaire sans le savoir. La Maladie névrotique La maladie névrotique va être caractérisée par le dérapage de ce système de fonctionnement de l'individu qu'est la structuration névrotique. Si le moteur de la structuration névrotique est l'anxiété ou l'angoisse, la principale cause et le principal symptôme de la maladie névrotique va être la perte du contrôle par le patient du symptôme « angoisse ». Cette angoisse va s'exacerber, évoluer par crises incontrôlables, devenir ingérable et orienter le patient vers deux grands types de dérives : le repli ou la transformation de l'angoisse en un activisme pathologique, qu'il soit moteur (obsessionnel ou compulsif) ou interprétatif (hypochondrie). => voir article sur l'angoisse. Ces transformations vont être les seuls moyens pour l'individu de rester intégré et socialisé. Le repli engendrera une perte notable des capacités de l'individu. Il réduira considérablement ses interfaces relationnelles. La dépression ne fait pas partie de la maladie névrotique mais l'angoisse qu'elle amène en plus peut être à l'origine d'une décompensation névrotique. Généralités sur les névroses PLAN I- Généralités sur la pathologie psychiatrique o 1/ Les grands chapitres des maladies psychiatriques o 2/ La pathologie névrotique o 3/ Les principales névroses II- La névrose : une entité clinique discutée o 1/ La position de la psychiatrie française classique o 2/ Les approches « américaines » III- En pratique I- Généralités sur la pathologie psychiatrique 1/ Les grands chapitres des maladies psychiatriques Il existe plusieurs manières de classer et de présenter les maladies. La névrose est un des grands chapitres de la pathologie psychiatrique classique. En simplifiant, il y a : ⇨Les pathologies psychotiques avec la schizophrénie et la paranoïa. ⇨ Les névroses et très proches, les troubles anxieux. ⇨ Les troubles de l'humeur, dépression, manie, psychose maniaco-dépressive, qui peuvent selon les écoles être un chapitre autonome ou être rattachés selon les maladies soit à la pathologie psychotique soit à la pathologie névrotique. ⇨ Il y a aussi le chapitre des troubles de la personnalité qui peut aussi être autonomisé ou selon les personnalités, être rattaché aux névroses ou aux psychoses. Les divergences, la diversité des écoles, les courants de pensée qui s'opposent, sont plus nets en psychiatrie que dans les autres disciplines médicales. Le diagnostic psychiatrique est uniquement un diagnostic clinique basé sur l'entretien avec le malade. Cela reste donc subjectif et il est bien difficile d'avoir des certitudes. Il n'y a pas d'examen complémentaire (radio, biologie, etc.) qui puisse venir confirmer un diagnostic psychiatrique. Il n'y a pas de lésion anatomo-clinique confirmée qui puisse aider à mieux classer et différencier les pathologies. 2/ La pathologie névrotique → C'est un trouble fréquent. → La limite entre le normal et le pathologique est floue et subjective. → Le plus souvent, la névrose est peu invalidante et assez bien tolérée par le sujet et son entourage, à la différence de la pathologie psychotique. Mais il existe des formes graves. → Il n'y a pas de grave désorganisation de la pensée et de la relation avec la réalité. Le sujet est critique, c'est à dire qu'il a conscience de ses troubles et de leurs caractères pathologiques. Il est demandeur de soin. Cela aussi est à relativiser. → Les signes névrotiques sont plus faciles à comprendre. Ces signes sont banals et tout le monde peut en avoir. → Les symptômes peuvent entraîner une souffrance et une gène et susciter une demande de soin. Il s'agit ici de généralités. En pratique, il existe des cas de pathologies névrotiques graves, invalidantes avec des malades qui n'ont aucune demande de soin. Il est classique d'opposer la névrose à la psychose. La psychose est plutôt une pathologie lourde, invalidante avec une désorganisation de la pensée et de la relation avec la réalité (délire). Les soins peuvent être imposés au sujet lorsqu'il ne peut pas saisir le caractère pathologique de ses troubles. 3/ Les principales névroses 1. 2. 3. 4. 5. 6. La névrose d'angoisse. Les anxieux, les crises d'angoisse. L'hystérie. Des troubles somatiques sans cause organique. La névrose phobique. Les phobies, des "peurs idiotes". La névrose obsessionnelle. Les obsessions, des "idées idiotes". La névrose traumatique. Un peu à part, après un événement traumatique. les autres, nombreuses plus variables selon les auteurs, les courants et les écoles. Névrose dépressives, névrose hypocondriaque, psychasthénie, etc. A part : les névroses infantiles. II- La névrose : une entité clinique discutée Névrose est un terme médical ancien. Il prendra sa signification actuelle au début du XXe siècle avec la psychanalyse. 1/ La position de la psychiatrie française classique La psychiatrie française classique va largement incorporer les acquis de la psychanalyse. La pensée clinique de Sigmund Freud, l'inventeur de la psychanalyse domine la réflexion sur la notion de névrose. Il existe classiquement une conception unitaire de la névrose. Dans l'approche psychiatrique classique et dans la psychanalyse, il y a d'abord la névrose, un ensemble qui peut secondairement se subdiviser en plusieurs sous-catégories, névrose hystérique, phobique, obsessionnelle, etc. En pratique clinique, le terme de névrosé est souvent employé. Le patient dit « névrosé » n'entre pas obligatoirement dans un tableau clinique précis et ne renvoie pas forcément à une des névroses classiques (hystérie, phobique, etc.). Dans l'approche classique : • La névrose est une affection psychogène (opposé à organique) où les symptômes sont l'expression symbolique d'un conflit psychique. • Le conflit est inconscient. • Le symptôme est un compromis entre un désir inconscient et une défense contre ce désir. • Les origines du conflit peuvent être mieux comprises en connaissant l'histoire infantile du sujet. Dans l'approche psychiatrique classique une névrose particulière est souvent associée à une personnalité. La personnalité est une manière d'être en relation avec soi et avec les autres et elle serait le reflet extérieur d'une organisation psychique particulière. Le tableau clinique classique d'une névrose, c'est une personnalité avec des symptômes. Par exemple l'hystérie associe une personnalité hystérique - théâtralisme, labilité des affects, etc.- avec des symptômes, les conversions hystériques. Des névroses asymptomatiques (sans symptômes) sont possibles dans l'approche classique. Le diagnostic de névrose est posé devant un certain type de personnalité. Dans d'autres approches, il est parlé d'une « structure névrotique », correspondant à une certaine organisation psychique. Il peut ainsi être décrit des névrosés sans que ne soit mis en avant tel ou tel symptôme. 2/ Les approches « américaines » Il existe de plus en plus d'influences diverses qui vont à l'encontre des approches classiques et psychanalytiques. L'influence du comportementalisme puis du cognitivisme, le développement de la neuropharmacologie et des neurosciences contribuent à une divergence entre une clinique classique influencée par la psychanalyse et une clinique américaine (USA) devenue internationale. A partir des années 1980, la psychiatrie américaine propose une classification des maladies avec des numéros pour ses différentes versions : DSM-III, DSM-IV. La dernière version de la classification internationale des maladies, la CIM-10, (sous l'égide de l'OMS) rejoint en psychiatrie la classification américaine (le DSM-IV). Ces approches de plus en plus influentes dans la pratique peuvent être caractérisées sommairement ici. ⇨ Elles tendent vers une disparition du concept de névrose. Cette disparition est particulièrement nette avec l'hystérie. ⇨ Elles s'opposent au modèle psychanalytique avec une influence du comportementalisme (cognitivo-comportementalisme). ⇨ Le développement des traitements médicamenteux influence aussi la compréhension et la classification des maladies. Par exemple, l'importance donnée à la dépression et à l'anxiété est pour une grande part secondaire à l'utilisation des antidépresseurs et des anxiolytiques qui agissent sur certains symptômes. Des névrosés de la psychiatrie classique seront ainsi diagnostiqués dépressifs ou dysthymiques. ⇨ Dans ces approches, la clinique tend à s'intéresser aux symptômes les plus faciles à "objectiver" et à décrire pour tenter de gommer la "subjectivité" du diagnostic psychiatrique. ⇨ La névrose n'est plus une entité clinique mais elle est démantelée dans différents troubles : agoraphobie, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif, phobie sociale, anxiété généralisée, etc. ⇨ Les personnalités classiquement rattachées à la sémiologie des névroses, sont isolées. III- En pratique L'attitude du soignant Le névrosé peut être irritant, énervant ou au contraire laisser indifférent. A l'opposé, la folie (psychose) est plutôt inquiétante. L'anxieux hypocondriaque qui revient encore une fois aux urgences pour sa douleur thoracique pourra être accueilli avec plus ou moins d'irritation ou au contraire laisser totalement indifférent une équipe soignante affairée à prendre en charge de "véritables urgences". L'attitude classique conseillée qui peut servir à nous guider est celle d'une neutralité bienveillante. Il est préférable d'éviter les attitudes de rejet mais à contrario, d'éviter aussi de se sentir trop touché ou trop concerné par la plainte du névrosé et d'accéder trop facilement à ses demandes dans l'espoir de le rassurer ou de le soulager. La notion de bénéfices secondaires est souvent employée en pratique. Elle est empruntée à la psychanalyse. Le bénéfice primaire est inconscient, il correspondrait au fait que le symptôme névrotique est la réalisation d'un désir. Le bénéfice secondaire est actuel, et correspond à tous les avantages que le malade obtient de sa maladie. Ces bénéfices pourraient ainsi participer au maintien du symptôme, le malade n'ayant plus intérêt à guérir. Ces bénéfices secondaires peuvent être par exemple les attentions et la mobilisation de sa famille du fait de son hospitalisation, un arrêt de travail, son épouse plus attentive, etc. Le sentiment que le malade vient à la fois se plaindre d'un symptôme tout en semblant nous dire surtout ne m'améliorez pas, je suis bien comme cela, peut en pratique susciter des réactions soignantes d'irritabilité ou d'agressivité mal contrôlées. Il est préférable de rester prudent et d'agir avec doigté lorsqu'on est confronté à un symptôme névrotique. Les interprétations hâtives et un peu agressives sont à éviter. Penser percevoir un bénéfice secondaire et s'autoriser une remarque de type : « cela vous arrange bien de ne pas pouvoir travailler » est plutôt déplacée. Ce genre d'interprétations est le plus souvent inutile et peut volontiers détériorer la relation soignant-soigné. Il n'est pas toujours aisé de rester neutre. L'attitude lisse et constante du professionnel soignant bienveillant peut être mise à mal. Cet anxieux en pleine forme qui demande pour la dixième fois dans la nuit que soit vérifiée sa tension artérielle alors que sa voisine de chambre justifie la mise en route urgente d'une réanimation peut légitimement provoquer une réaction un peu sèche teintée d'une fermeté agressive (voire plus). Les malades peuvent susciter des émotions. Qu'elles soient agressives ou plutôt le contraire, il faut garder une certaine distance avec ces émotions, les observer en quelque sorte, afin d'éviter trop de réactions émotionnelles exagérées. Ne pas croire savoir Les études scientifiques, épidémiologiques, la littérature psychologique, offrent de nombreuses hypothèses sur la genèse des troubles névrotiques. Des facteurs sont parfois retenus comme favorisant l'apparition d'un tableau clinique. Des études avancent dans certains cas le rôle d'événements dans l'enfance, des particularités de l'histoire familiale (rupture, divorce, etc.), des modes et des "hygiènes" de vie (sédentarité, alimentation, activité sportive, vie affective, etc.). Il n'y a aucun résultat définitif et utilisable en pratique. Il est vain de croire que la pratique d'une activité sportive amendera la symptomatologie phobique de celui-ci et qu'une alimentation plus régulière et mieux équilibrée avec une "vie sentimentale heureuse" calmera les crises d'angoisse de celle-ci. Il est naïf et prétentieux de croire savoir que l'éloignement de ce jeune homme de sa mère "envahissante" garantira une amélioration de son tableau clinique. Il faut se méfier de la tentation de donner des conseils en croyant savoir ce qu'il faut faire alors qu'en fait il s'agit souvent de faire la morale en se réfugiant derrière un pseudo-savoir. Il est préférable aussi de ne pas prendre pour argent comptant le récit explicatif du névrosé. Il pourra ainsi par exemple mettre en avant telle ou telle particularité de son histoire, de son enfance ou de sa situation actuelle (« je ne connais pas mon vrai père », « j'ai été placé parce que mes parents étaient alcooliques », « je suis harcelé à mon travail, « mon mari a une maîtresse », etc.). Le point de vue du patient est à respecter mais il convient de garder une neutralité sur la cause de ses troubles qu'il peut proposer. Attention aux « bons conseils » Le plus souvent, les conseils évidents ou les jugements moraux formulés par un soignant ne changeront pas la situation du patient. Le plus souvent, ces conseils ont déjà maintes et maintes fois été donnés par l'entourage et le patient lui-même tente déjà vainement de se les appliquer. Par exemple : Dire à un phobique que les souris ne sont pas dangereuses, ou que les vols d'avion sont plus sûr que les trajets automobiles. Dire à un obsessionnel que ses mains sont propres et qu'à trop les nettoyer, il va au contraire finir par les abîmer. Dire à l'anxieux qu'il n'a rien et qu'il est inutile de s'inquiéter. Culpabiliser le névrosé parce qu'il rend infernale la vie de son couple. Croire qu'avec un peu de bonne volonté et d'effort il pourrait s'améliorer, etc. D'après l'article "Biodynamic Theory of Neurosis" paru dans le "journal of Biodynamic Psychology" n°1 Printemps 1980 p. 57, article tiré de l'édition anglaise révisée du livre de H. Petzold: "Die Neuen Korpertherapien" (Les nouvelles thérapies corporelles) 1973. Cette traduction est due au concours des personnes suivantes : - Membres de l'IFBP (Conseils, relecture, éclaircissements), - Denis Guerton (traduction, coordination, couverture), - Michèle Dapp (relecture), - Christine Moussy (dactylographie). PLAN : - INTRODUCTION - L'ARMURE MUSCULAIRE ET VISCERALE - LE CANAL ALIMENTAIRE : CANAL EMOTIONNEL - LA FORMATION DES NEVROSES - APPROCHE DE L'ARMURE MUSCULAIRE - APPROCHE DE L'ARMURE VISCERALE - LE CONCEPT D'ARMURE TISSULAIRE RESUME Le concept de psychopéristaltisme est d'une importance majeure dans la théorie des émotions de Gerda BOYESEN. Dans cet article, il est présenté d'une façon générale, et l'hypothèse est mise en avant que le principal régulateur et générateur de bioénergie (l'énergie découverte par Wilhelm. REICH) se trouve dans les organes intestinaux : le psychopéristaltisme est la méthode propre au corps pour se réguler émotionnellement. INTRODUCTION Depuis la grande exploration de l'inconscient effectué par Sigmund FREUD - le refoulement du contenu émotionnel - la question est : où a lieu la manifestation du conflit ? L'opinion communément admise retient que son origine est dans le système nerveux central. Toute la recherche se préoccupe de trouver une façon d'influencer la formation des névroses. Freud luimême a mis en lumière le phénomène en touchant la psyché par l'approche psychanalytique de "l'Association libre", mais en même temps, il mentionnait que le refoulement inconscient était du domaine inconnu, un "no man's land" entre la psychologie et la physiologie. Il a même suggéré à un moment donné que l'analyse future échouerait si on ne commençait pas à regarder dans l'organisme lui-même, et à étudier les organes internes de façon à trouver la cause et le traitement des névroses. Il nommait une telle approche "organo thérapie". Le fossé, est, depuis l'époque de Freud, de plus en plus comblé, à la fois par les découvertes de la médecine psychosomatique et par celles de la 'psychologie expérimentale. Toutefois, le lien le plus important se trouve dans les contributions de Wilhelm REICH, au travers de sa recherche caractéro-analytique, où il mit en valeur les aspects bioénergétiques et végétatifs de l'expression émotionnelle et de la psychopathologie. L'ARMURE MUSCULAIRE ET VISCERALE Selon la théorie de REICH sur l'armure musculaire, l'expression émotionnelle est retenue par une tension chronique des muscles du squelette, et il montra que l'individu, piégé dans son armure, présente en même temps une structure de comportement caractérielle. En dissolvant l'armure musculaire, la thérapie cherche à transformer la personne en une personnalité plus saine et plus authentique. Dans sa recherche clinique il s'est également occupé de façon croissante des viscères et du système nerveux (végétatif) autonome. Aussi inventa-t-il le terme de "végéto-thérapie". La psychologie et la thérapie biodynamique, une approche développée à partir de l'observation des réponses végétatives et des réactions des patients durant le traitement, s'est davantage intéressée aux viscères. Sa contribution originale a été l'hypothèse selon laquelle les conflits non résolus se déposent et donnent une pression dynamique latente dans les viscères. La pression dans les viscères produit un désordre végétatif et osmotique. En regardant les névroses de cette façon, on peut parler d'un conflit dans le système nerveux autonome, et ce point de vue donne une compréhension des symptômes psychosomatiques. La Théorie Biodynamique postule que la tension présente dans les viscères durant une excitation émotionnelle, devient une tension temporelle, ou plutôt une pression, seulement quand l'impulsion est inhibée. L'organisme contraint de réprimer l'émotion dans les profondeurs du corps, doit aussi effectuer une neutralisation de la pression viscérale. Dans la situation traumatique où la névrose se forme, les forces végétatives de surpression deviennent permanentes et ainsi pouvons-nous parler d'armure viscérale. A l'intérieur de l'armure viscérale les contenus émotionnels et végétatifs retenus résident désormais captifs comme un potentiel dynamique dans les profondeurs du corps, prêts a surgir lorsque les défenses s'en vont. C'est cette dynamique viscérale (cf. le "ça" de FREUD) qui se trouve derrière la psychopathologie. Quand les défenses s'effondrent, les forces pathologiques sont activées. Lorsque celle-ci se produit par accident, l'inconscient envahit l'organisme, ou pour parler en termes freudiens : lorsque le ça se heurte au moi, la névrose se manifeste. L'armure - le mécanisme de résistance pour ainsi dire - est 'Le compromis que fait l'organisme pour neutraliser la charge végétative et éviter la pression interne et la douleur. Par conséquent, la thérapie biodynamique utilise systématiquement des techniques pour faire graduellement monter à la surface l'armure viscérale, laissant le 'ça' se heurter avec une quantité minimum de pression, de sorte que le moi - la conscience - participe à un processus de guérison, et non à un processus pathologique. LE CANAL ALIMENTAIRE : CANAL EMOTIONNEL Au travers de ma recherche et de mon expérience clinique, c'est sans en avoir eu l'intention, que j'ai mis en relation l'armure viscérale avec le canal alimentaire et en suis venue à le considérer comme le conducteur (manager) des énergies instinctuelles et émotionnelles, et à le considérer comme le mécanisme de dissolution pour la régulation et la décharge des tensions nerveuses. Considérant que le canal alimentaire appartient aux couches embryologiques les plus primitives, cela ne semblait pas trop farfelu que de considérer que les énergies et les impulsions primitives et instinctuelles sont transmises par ce canal. Je dois avouer que j'étais d'abord très réticente à prendre en compte cette considération théorique. Mais, comme mon expérience clinique avec des patients et mon propre processus thérapeutique mettaient constamment en évidence les réactions vitales du canal alimentaire, je commençais à regarder la psychodynamique davantage d'un point de vue biologique et sous l'angle de l'évolution... Si l'on retrace la forme structurelle des mammifères jusqu'aux animaux les plus primitifs, il y a une similitude frappante : la forme du canal alimentaire, lequel passe au long de la ligne médiane du corps, de la bouche à l'anus. Si nous pensons à un ver qui est uniquement développé comme un tube pour l'ingestion de nourriture, pour la digestion et l'élimination des déchets, alors le canal alimentaire apparaît comme le principal organe du processus interne de survie. L'énergie du corps dans l'activité alimentaire, est dirigée vers l'intérieur. Dans une situation d'urgence, l'énergie du corps est dirigée vers l'extérieur, l'énergie se concentre dans la partie supérieure du corps : la gorge et la bouche ; chez les animaux, elle est plus développée dans les pattes de devant et les griffes. Cela de façon à attaquer en mordant, saisissant, engloutissant tout ce qui menace leur survie. Cette activité, qu'elle soit vers l'intérieur (parasympathique) ou vers l'extérieur (sympathique) est avant tout une énergie viscérale. Mon affirmation est que la même chose est vraie pour l'homme, qu'il s'agisse du tranquille processus de survie via le canal alimentaire, de l'action d'urgence, ou qu'il soit dans un état émotionnel. C'est la raison pour laquelle j'appelle le canal alimentaire également canal émotionnel. J'ai trouvé qu'il est le principal conducteur aussi bien que le principal endroit de stockage des impulsions réprimées et des impulsions instinctives. Ceci est comparable au concept freudien de "ça". Aussi pouvons-nous l'appeler le "ça-canal" (Id canal) avec les plexus nerveux, solaire et sacré et les organes émotionnels. Je crois que c'est exactement dans ce canal que les conflits autonomiques prennent place, ou, d'un point de vue psychanalytique, le conflit entre le "ça" (en relation avec les pulsions) et le "Moi" (en relation avec les contrôles). LA FORMATION DES NEVROSES Essayons maintenant d'expliquer comment le processus de formation des névroses se situe dans les profondeurs du corps, du point de vue biodynamique. Encore une fois, je dois insister sur le fait que ce processus a été en premier observé expérimentalement, et révélé à partir d'une vision purement phénoménologique. C'est seulement bien plus tard, lorsque j'ai trouvé le support de la science neurophysiologique, que j'ai formé des théories solides. Les manifestations des conflits et la régulation instinctive se produisent au travers de la couche la plus primitive et de la couche primitive qui vient ensuite. Ce sont : l'endoderme (la musculature lisse des viscères avec ses innervations autonomes) et le mésoderme (la musculature striée avec les innervations venant du système nerveux central). Ici on peut voir clairement le processus de formation des conflits : en premier, il y a coopération entre les couches pendant l'excitation, ensuite, la manifestation du conflit se produit quand les deux couches s'opposent entre elles. S'il n'y avait pas de forces opposées, aucun conflit ne surgirait. Tout comme s'il n'y avait pas d'impulsions du ça à exprimer, il n'y aurait pas d'opposition dans le moi. Considérons la charge émotionnelle de l'homme. Elle est centrée et suscitée à partir des viscères, et conduite via le canal alimentaire, les plexi connecteurs et les glandes, vers la gorge et le visage pour l'expression émotionnelle et la décharge. Si ces ondes d'excitation sont purement végétatives et instinctives, alors nous pouvons compter deux forces différentes qui opèrent ensemble l'impulsion involontaire des sensations émotionnelles et le système de réaction volontaire, des sensations émotionnelles et le système de réaction volontaire. Par conséquent, il y a une confrontation entre deux systèmes nerveux :le système nerveux autonome (dirigeant les réactions viscérales) et le système nerveux central (dirigeant les réactions psychomotrices, c'est à dire, la musculature du squelette et le contrôle conscient). Si l'impulsion est restreinte ou non voulue, alors il est clair que le contrôle de la musculature volontaire est active, retenant l'impulsion. C'est pourquoi l'armure musculaire se développe là où les sensations restent "gelées" dans la musculature. Les manifestations de contrôle dans les viscères – l'armure viscérale - suivent une procédure plus complexe. Mais comme nous le verrons, c'est encore Ic même jeu entre les deux systèmes nerveux bien que d'une façon déguisée. Au début, J'étais très intriguée par la façon dont le conflit surgit dans le canal alimentaire puisque les impulsions opposées devraient se trouver dans la musculature lisse. Cela n'avait pas de contre-partie directe, du moins je le pensais. Puis je découvris, du neurophysiologiste norvégien, le Dr. SETEKLIEV, que la musculature lisse a, aussi deux groupes de muscles innervés. Ce sont le groupe de muscles en "simple unité", qui est en excitation constante par les impulsions végétatives, et le groupe de muscles en "unités multiples", lequel réagit aux stimuli nerveux du système nerveux central. Le groupe "en unités multiples" se contracte mécaniquement par la stimulation des nerfs moteurs, et les innervations sont disposées d'une façon similaire à celle des muscles striés. Les réactions végétatives spontanées du groupe "en simple unité" peuvent être opposées - ou restreintes par les contractions motrices - au groupe en "unités multiples". C'est précisément dans la confrontation entre ces deux systèmes, à l'intérieur du même organe, que nous trouvons la possibilité physiologique et anatomique de manifestation du conflit dans les viscères. Pour plus d'explications, Je voudrais citer notre article paru dans "Energy and Character" concernant la répression biodynamique : "permettons maintenant une expérience de pensée, en considérant la charge émotionnelle de l'homme agressé ou dans une situation d'urgence, avec l'énergie venant vers le haut depuis les profondeurs du corps, les viscères, vers la tête. Le fluide hormonal, adrénergique remplira alors les parois intestinales remontant le tractus, causant une tension et une fermeture, aussi bien que dans les tissus d'autres muscles essentiels, les préparant pour une action d'urgence. Ce processus révèlera le niveau d'énergie et d'excitation des muscles "simple unité" aussi bien qu'il accroîtra la contraction des muscles "multiples unités". L'énergie est, pour ainsi dire, tirée vers le haut dans le canal alimentaire (ça-canal) pour trouver la décharge émotionnelle et l'exclamation dans la gorge, la mâchoire et d'autres zones d'expression." De là est dérivée une considération importante : aussi longtemps que la formation d'ondes dans les "simples unités" des viscères peut travailler librement et harmonieusement avec le groupe de "unités multiples", il n'y aura pas de confusion dans la relation corps-esprit. Mais s'il y a conflit à propos de l'impulsion du ça, et peur de laisser aller l'émotion instinctive, alors les sphincters à "multiples unités" - et les autres unités motrices - doivent, via le système nerveux central, augmenter la tension et enserrer les muscles en "simple unité" de façon non seulement à modérer, mais aussi à empêcher l'impulsion de se produire et à éloigner la réponse psycho-motrice. Voici comment nous voyons le conflit dans le soma : la formation des ondes de "simple unité" remonte le ça-canal et les instances à "multiples unités" gardent l'impulsion en bas, causant des contractions spasmodiques dans les tissus des muscles à cause de la dynamique énergétique persistante. Le danger de répondre aux impulsions instinctives, active les éléments de contrôle dans la musculature striée et du squelette (armure musculaire) pendant que les contractions du diaphragme régulent la respiration spontanée et d'autres fonctions de défense du système semi-volontaire. Ici, nous pouvons aisément imaginer comment l'armure musculaire (à la fois celle du squelette et celle de l'armure viscérale) contraint à des changements de posture et à des compromis somatiques de façon à réprimer et à distribuer l'énergie vers d'autres endroits du corps. Il est également intéressant de voir comment l'énergie émotionnelle qui se déplace vers le haut est retenue et littéralement supprimée tout à fait en bas du canal alimentaire, retournant loin dans les profondeurs du corps. Il y a beaucoup d'autres facteurs impliqués dans une répression émotionnelle, à la fois physiologiques et mentaux. Ils incluent les activités vasomotrices et cardio-vasculaires, la respiration et l'appareil endocrinien en entier. Tous ces éléments sont hautement impliqués dans le processus de refoulement, dans le processus de neutralisation et dans le processus de ré-activation et de dissolution de l'armure et des défenses. J'ai choisi d'expliquer en détail les manifestations du conflit viscéral de façon à présenter ce que je considère comme le noyau organique des névroses. Toutefois, ça n'a pas tant été les manifestations du conflit viscéral qui m'ont incitée à me concentrer sur le canal alimentaire, que l'activité de régulation et de dissolution du péristaltisme intestinal. J'appelle cette activité psychopéristaltisme et je la considère comme le principal régulateur de la décharge de l'énergie nerveuse, avec la possibilité de "digérer" les névroses et de gérer l'équilibre de l'énergie vitale de l'organisme. Cette découverte fut le résultat d'un processus long, complexe, à la fois dans mon travail et dans ma propre formation analytique. La méthode qui a émergé de cette recherche est devenue le plus important outil thérapeutique d'approche de l'armure viscérale, directement dans le traitement aussi bien que dans l'auto régulation. De manière à présenter ma vision actuelle et mon mode de travail psychothérapeutique, il est important de décrire comment je découvris le phénomène de "psychopéristaltisme". En faisant cela, j'inclurai un bref récit autobiographique sur la méthode qui a contribué à la thérapie que j'appelle maintenant "Psychologie Biodynamique". APPROCHE DE L'ARMURE MUSCULAIRE Pendant la période où j'étudiais la Psychologie à l'Université d'OSLO, il se produisit que j'assistais à une conférence de feue le Dr. Ola RAKNES. Elle m'intrigua et je décidais d'entrer en analyse avec elle. Ola RAKNES était le pionnier de la végétothérapie en Norvège et avait étudié avec Wilhelm REICH de 1934 à 1939. Mais, comme ma thérapie avec elle était purement expérientielle, je ne devins familière avec le concept reichien de végétothérapie que plus tard, après la fin de mon analyse avec RAKNES. Mais, évidemment, le processus psychodynamique qui avait été éveillé en moi pendant ces séances devint le fil conducteur de mon propre développement et de mon travail professionnel. Aussi à travers RAKNES, REICH m'influença-t-il principalement. La compréhension que j'eus plus tard des méthodes et des idées de REICH, furent formées par la personnalité et par les principes éthiques de RAKNES. Après mon examen final, J'ai aussi -uivi un enseignement en physiothérapie et devint impliquée (à ce moment) dans les théories expérimentales et les méthodes de A. BULOWHANSEN et de feu le Dr. TRYGVE BRAATOY. Dans ce contexte, J'entendis parler pour la première fois de la théorie de l'armure musculaire, bien que ce soit sous un angle complètement différent de celui que j'avais appris à partir de la végétothérapie. Avant tout, le Dr. BRAATOY était un psychothérapeute conventionnel bien que créatif et ouvert d'esprit. Il était à un certain degré influencé par les idées de REICH, mais avait conservé sec propres opinions et approches. Il considérait le massage musculaire comme une addition importante à l'approche psychanalytique et travaillait en étroite connexion avec la physiothérapeute en chef BULOW-HANSEN à la clinique psychiatrique. Mais leur coopération était plus ou moins "mécanique" jusqu'à ce que BULOW-HANSEN, très inintentionnellement, découvrit que chez certains patients les réactions émotionnelles accompagnaient le traitement de la musculature. Lorsqu'ils examinèrent cela de plus près, ils découvrirent que, bien que les différents patients qu'ils traitaient aient des douleurs musculaires et des symptômes psychosomatiques différents, tous avaient le même schéma de tensions musculaires. Lorsque ces tensions étaient traitées par des méthodes particulières de massage, elles produisaient de profonds relâchements respiratoires, et des éclats émotionnels les suivaient souvent. BRAATOY reliait ce phénomène à ce qu'il appelait le réflexe de sursaut (startle reflex pattern), et défaire et libérer cette structure de réflexe de sursaut était ce que faisait A. BULOW-HANSEN en physiothérapie et d'une façon dynamique. Pour décrire cette structure de réflexe de sursaut, le Dr BRAATOY utilisait l'exemple de la réaction du corps à un coup de feu. Le corps se raidit en se contractant et les muscles fléchisseurs dominent les muscles extenseurs tandis que la respiration est simultanément retenue dans un schéma inspiratoire. Ce schéma est apparent dans toutes sortes de situations traumatiques, depuis les simples stresses journaliers jusqu'aux expériences les plus dramatiques de l'enfance, ou des évènements tels que la guerre ou les accidents. Ordinairement avec la disparition de la situation qui a provoqué le réflexe de sursaut, le corps devrait revenir à la situation d'équilibre antérieure, plus normale entre les muscles extenseurs et les muscles fléchisseurs. Souvent toutefois, ceci ne se produit pas parce que l'anxiété ou l'émotion qui est évoquée n'est pas déchargée d'une façon satisfaisante. Alors la personne reste "les mains en l'air" et déséquilibrée. Les fléchisseurs se maintiennent eux-mêmes comme dans une réponse à l'évènement originel. Les techniques qui défont les schémas de réflexes de sursaut consistent en des formes spéciales de massage ayant pour but de provoquer la détente et la respiration abdominale. Cela était enseigné et utilisé par A. BULOW-HANSEN de la façon suivante : elle administrait une petite impulsion de choc tactile aux muscles du squelette tendus. Puis, ayant appris de sa propre expérience que c'était nécessaire, elle attendait de façon à donner la respiration abdominale provoquée une chance de réponse. Le principe, qui était basé sur ses observations cliniques effectuées durant une période considérable, était qu'en perpétuant artificiellement la contraction respiratoire, la musculature pouvait être ramenée à la normale, c'est à dire, l'état de consistance que les muscles avaient avant que le raccourcissement ne devienne chronique. De cette façon, elle permettait à l'organisme de dissoudre les inhibitions qui empêchaient la respiration naturelle et la relaxation du corps. Cet état dynamique faisait mûrir les couches affectives sous-jacentes et les rendait disponibles pour l'abréaction qui serait ensuite résolue pendant l'analyse avec le psychiatre associé. Encore et encore, employant cette méthode sur différents segments de la musculature du squelette, on pouvait voir comment se produisaient les changements de posture. Nous pouvons comprendre comment une perpétuation du système de défenses périphériques peut couper les réponses émotionnelles et viscérales. Lorsque je commençais à travailler avec la relaxation psvchomotrice (massage hypertonique), en tant que psychologue freudienne, j'utilisais les techniques de massage comme une psychanalyse du corps. J'étais fascinée de ce qu'en travaillant sur les muscles pour libérer les tensions et la respiration inhibée, les abréactions soient provoquées, tels que pleurs, ou rage, et qu'aussi des situations traumatiques de l'enfance soient ré-expériencées. Cela ne paraît pas si étrange aujourd'hui, mais était complètement nouveau pour moi à l'époque. Il y avait aussi de fortes réactions végétatives, telles que tremblements, nausées, vertiges aussi bien que des réactions de l'estomac avec douleurs ou diarrhée aiguë, et des attaques temporaires de rhumes et de maux de tête ou de migraines. En premier lieu je m'inquiétais et consultais BULOW- HANSEN. Etant rassurée par elle, aussi bien qu'en expérimentant le traitement et les symptômes moi-même, je devins familière et même stimulée par ces réactions et commençais à les considérer comme fructueuses pour le processus thérapeutique et pour défaire les névroses. Le massage hypertonique que j'avais appris ouvrait une porte à ma compréhension de la physiothérapie biodynamique, et même maintenant, après avoir expérimenté tant d'autres méthodes de traitement, je le considère toujours comme l'approche la plus directe pour produire des changements de posture radicaux. Mais comme je le mentionnerai plus tard, cette efficience était aussi une contre-indication car les modifications pouvaient se produire trop rapidement. J'ai entendu parler de cas de pneumonies aiguës et d'inflammations d'autres organes, tels que les glandes, résultant du traitement. De telles réactions étaient rares car il y avait de strictes précautions données par BULOW-HANSEN pour l'application de la méthode. Durant plusieurs années, alors que j'explorais différentes manières de travailler avec le corps, je cessais complètement d'utiliser cette forme de traitement. Maintenant cependant, ayant discerné le mécanisme viscéral d'ajustement (psychopéristaltisme) et développé des techniques appropriées, j'ai intégré des techniques de massage hypertonique à mon travail et à mon enseignement. APPROCHE DE L'ARMURE VISCERALE Lorsque j'eus terminé ma formation de relaxation psychomotrice et que je travaillais avec mes clients privés, j'étais exclusivement concernée par la structure de défenses musculaire, la structure hypertonique du squelette. J'appliquais avec succès "les manipulations" de massage thérapeutique en suivant les segments comme j'avais appris. A cette époque, et pendant les quelques années suivantes, tous mes patients montraient bel et bien les symptômes classiques de réflexes de sursaut et d'armure musculaire. Toutes les abréactions suivaient les schémas bien connus avec une libération de la respiration, des réactions végétatives et des changements de posture. Je pensais tout à fait naïvement que tant que les muscles du squelette se détendaient, le patient se débarrassait de sa névrose (une opinion que beaucoup de thérapeutes néo-reichiens ont encore aujourd'hui). Alors, je pris quelques patients considérés comme des cas limites, et à ma surprise je constatais que la plupart d'entre eux présentaient une musculature relâchée (hypotonique). Peu d'entre eux avaient la constitution de l'armure habituelle bien qu'ils fussent évidemment encore affectés par le réflexe de sursaut émotionnel. Lorsque j'essayais les techniques de massage ou que je provoquais leur respiration, d'une façon ou d'une autre leurs réactions au traitement étaient très négatives, l'anxiété et la tension nerveuse augmentaient. Je stoppais le massage et en restais à des séances psychanalytiques pendant un moment. Pour la première fois depuis que J'avais commencé à appliquer la relaxation psychomotrice, je rencontrais des limitations et même des dangers avec l'approche thérapeutique du corps. Ces patients n'avaient pas le problème de l'armure musculaire, mais plutôt un manque d'armure. Les priver de quelques uns de leurs mécanismes de défense les rendaient malades et incontrôlés, aussi mon opinion thérapeutique qui était de mettre l'accent sur le somatique, expression visible des névroses, se modifia vers une approche orientée davantage vers le végétatif et je commençais à chercher les processus internes et invisibles de la psychopathologie. Je devins préoccupée par le problème suivant : comment se fait-il que, bien que nous soyons tous enclins aux chocs et traumatismes, certaines personnes développent des structures chroniques de réflexe de sursaut alors que d'autres ne semblent pas affectées par des situations similaires ? Dans certains cas, le corps semblait se débarrasser des tensions d'une façon silencieuse, dans d'autres cas, la personne souffrait de douleurs musculaires et de maladies psychosomatiques, aussi bien que de symptômes nerveux et de troubles mentaux plus graves. Encore et toujours je me demandais pourquoi certains sont capables de dissoudre et de se débrouiller avec les tension et les stress alors que d'autres en deviennent victimes. Je méditais là-dessus plusieurs années et grâce à l'analyse et au travail clinique, je fis quelques observations extraordinaires sur le processus végétatif de la psyché. Sans aller dans les détails, je vais essayer de les décrire sans détour. Le fait que certaines personnes sont réellement capables d'éliminer les frustrations avec une harmonie intérieure - apparemment végétative - me fit me tourner vers la possibilité d'un processus d"'auto-régulation" (qui a aussi beaucoup occupé REICH), et me conduisit à l'hypothèse selon laquelle il y a un autre mécanisme, plus subtil que l'abréaction émotionnelle. Quelque chose comme un processus de décharge physiologique de la tension nerveuse, jusque là inconnu. Pouvais-je raisonnablement continuer à penser que le refoulement émotionnel devait être abréactif, alors qu'en même temps je trouvais de la valeur dans les mécanismes d'ajustement du corps ? Nous serions comme des robots si nous devions abréagir à chaque sentiment de frustration, ou piquer une rage à chaque impulsion spontanée que nous avions retenu. J'avais vu des sentiments arrêtés et réprimés abréagir. par des réactions végétatives, souvent même sans souvenir ou expression émotionnelle. J'ai aussi remarqué que les patients qui répondaient le mieux au traitement étaient ceux qui avaient les réactions végétatives les plus fortes, spécialement ceux souffrant de névroses d'angoisse, et qui avaient une longue histoire et n'avaient pas été guéris par les méthodes psychanalytiques. Ils s'amélioraient graduellement à mesure que les réactions végétatives culminaient. De plus, il y avait des patients qui répondaient au traitement avec des charges explosives telles que diarrhée ou autres réactions stomacales. Je me rappelle un patient avec une anxiété aiguë, qui, après chaque séance, avait une diarrhée durant trois jours de suite, et qui, les semaines suivantes oscillait entre nausées et coliques à des degrés variés. Les énergies nerveuses devaient "couler de son système" jusqu'à ce que son système nerveux autonome soit de nouveau en équilibre et sous contrôle émotionnel. Cela apparaissait comme si un sac, rempli d'énergie nerveuse, se vidait graduellement. Le processus de "vidage" me rappelait davantage les concepts de physique et d'énergie que tout autre chose. Il semblait que le corps avait emmagasiné beaucoup d'énergie émotionnelle à l'intérieur des couches de tension musculaire, comme dans la "tuberculose encapsulée", où l'encapsulation pouvait être à tout moment anéantie, afin que les bactéries ou la maladie reviennent à la vie, et soient fonctionnelles. Cela m'amena à conclure que la diarrhée n'est pas seulement une réaction psychodynamique du corps, mais aussi une abréaction. Une vue dynamique et biologique pénétrait déjà mes pensées. Les soldats sur le champ de bataille, les personnes ayant peur, ont souvent une diarrhée violente. Cela doit être une abréaction explosive d'énergie nerveuse et de fluide, et ce n'est pas dû au contenu digestif. J'ai découvert que les animaux réagissent aussi de cette façon lorsqu'ils sont dans un état nerveux. Cette pensée m'occupa longtemps, et finalement me conduisit à l'hypothèse suivante : si nous devions avoir un mécanisme d'abréactions intestinales pour la décharge nerveuse, la diarrhée ne serait pas le seul moyen de relâchement. Il faudrait qu'existe un autre mécanisme plus subtil pour décharger et se débarrasser de la tension nerveuse, tel que le processus des contractions légères, l'activité péristaltique elle-même. C'était le cas, et à mesure que j'avançais, je comprenais que le péristaltisme intestinal était aussi en étroite relation avec l'état émotionnel et pouvait être traité thérapeutiquement de façon à influencer le contenu émotionnel réprimé. Cette théorie est entièrement nouvelle, et je reste surprise que la recherche contemporaine en psychiatrie et en médecine psychosomatique ne soit pas tombée sur l'idée et ne l'ait pas mise en application en thérapie et en traitement. J'étais étonnée par la simplicité de la nature, et les méthodes de massage développées à partir de cette théorie devinrent également simples. Elles se transformèrent pour consister en un toucher "très basique", comme les caresses réconfortantes que l'on donne spontanément à un ami en détresse. Des caresses "très basiques" et naturelles qui stimulent l'activité de décharge des intestins. Permettez-moi d'élaborer cette théorie plus avant, et de la baser sur des faits physiologiques. Habituellement, les contractions intestinales sont reliées au processus digestif, mais on a montré que l'activité péristaltique a aussi une profonde influence sur les émotions et le système nerveux autonome. PAVLOV a démontré comment un chien, dont le fonctionnement digestif est normal, contracte ses intestins lorsqu'un chat pénètre dans la pièce. Nous contractons aussi nos intestins lorsque nous somme effrayés, lorsque nous sommes dans d'autres états émotionnels, et en hyperactivité. À l'opposé, lorsque nous nous relaxons, nous relaxons nos intestins et le travail digestif peut commencer (cette alternance répond au système sympathique et para-sympathique). Si nous sommes en bonne santé et sans conflit, nous déchargeons aussi le surplus d'énergie et de tension dans ce processus de relaxation. Très tôt après cette découverte du "psychopéristaltisme", je pris connaissance des recherches du Dr STEKLEIEV sur l'activité de la musculature lisse : deux types de stimuli provoquent des contractions intestinales, l'un étant les liquides digestifs, et l'autre la pression de l'eau dans les parois intestinales (pression de distension), fonction jusqu'à présent inconnue du monde médical. Cette pression de distension est à mon sens reliée au fluide nerveux, et la contraction intestinale spontanée est reliée au processus concret de décharge du contenu nerveux. En d'autres mots, "Cette fonction inconnue" du péristaltisme est le processus biodynamique de relaxation et de dissolution de l'armure viscérale par la détente et la décharge des manifestations conflictuelles dans le canal alimentaire. Connaissant le système antagoniste dans les viscères, je pus alors formuler l'hypothèse du processus de décharge et du traitement psychopéristaltique subséquent qui fut développé à partir de celle-ci. En établissant graduellement les courants spontanés du "système à simple unité" dans le tractus digestif, les tensions des systèmes "à unités multiples" se dissoudront et les impulsions végétatives originelles se manifesteront à nouveau. Ainsi, thérapeutiquement, nous faisons appel aux deux fonctions du système : coordination et réciprocité. Avec cette découverte, j'avais atteint mes objectifs dans la poursuite de l'affirmation de BRAATOY "si nous pouvons, au travers de la musculature, influencer les viscères et donc les intestins, nous pouvons également guérir les névroses de la façon la plus naturelle".' Toutefois, comme le système à unités multiples des intestins a un système de valeur adaptatif, connecté à la musculature volontaire et au contrôle conscient, nous ne devons pas, dans notre discussion théorique, considérer la tension viscérale comme exclusivement négative. Elle ne serait pas là, alors. Le contrôle émotionnel est nécessaire à l'être humain. Ce sont seulement les troubles de son fonctionnement naturel qui lui donnent une teinte négative, comme la tendance aux manifestations de conflit. En la considérant d'une façon positive, l'armure viscérale est avant tout un mécanisme modérateur et régulateur. En cas d'urgence il n'y a pas de temps pour la relaxation, car nous avons alors besoin de tension viscérale de façon à produire, conserver et utiliser l'énergie fonctionnellement. Lorsqu'il n'y a pas de conflit, les deux systèmes fonctionneront en parallèle et en bonne coopération. C'est seulement lorsqu'il y a confusion dans les impulsions lorsque les réactions végétatives sont en conflit avec une censure consciente ou inconsciente que la névrose commence. Ceci se produit aussi pendant des situations sévères de stress tels que traumatismes et chocs. En regardant l'organisme énergétiquement, si nous considérons la fonction de la réaction émotionnelle, nous voyons qu'il est nécessaire que le corps soit chargé à un haut niveau d'énerge nerveuse (fluide adrénergique) de façon à gérer efficacement les situations émotionnelles ou d'urgence. Prenant pour acquis qu'un mécanisme de décharge physiologique est présent pour faire sortir l'énergie nerveuse du corps, il ne serait pas juste qu'il fonctionne dans des situations d'urgence ou émotionnelles car alors le corps serait privé de la précieuse charge nerveuse nécessaire pour la survie. Considérant une fois de plus l'exemple de la diarrhée, dans une situation de survie, il y a un relâchement des produits d'anxiété, mais en même temps aussi, de la production d'énergie. Et ainsi affaiblie, la personne est laissée sans force pour une action de survie. Par conséquent, l'action physique doit prendre place en premier, avec un système intestinal "fermé". Alors, lorsque la colère est terminée, la personne peut se relaxer et la décharge végétative peut se produire dans un système "ouvert". Le principe de "régulation psychopéristaltique" que j'ai appris, domine aussi dans le traitement thérapeutique. J'ai constaté, à de nombreuses reprises que le péristaltisme est fermé (pas de sons audibles au stéthoscope) lorsque le client est trop tendu ou chargé. Des méthodes thérapeutiques sont alors nécessaires pour induire un état calme et relaxé, pour influencer le système autonome, par exemple par le massage ou par une approche de stimuli par le toucher, ou, si trop d'énergie est concentrée dans la gorge, le matériau a besoin d'être travaillé verbalement. Une patiente qui venait régulièrement pour le traitement avait d'habitude un système ouvert dès qu'elle s'allongeait sur le matelas. Un jour cependant, aucune réponse péristaltique ne pouvait être enregistrée et malgré mes essais systématiques pour stimuler le système "ouvert", il restait fermé. Finalement elle dit "Je sais pourquoi ça ne veut pas marcher aujourd'hui ! j'ai un poids sur le cœur et j'ai besoin de l'exprimer". Alors elle exprima la contrariété et la colère quelle sentait à l'égard de son mari, qui, suspectait-elle, était sorti avec une amie le soir précédent. Après avoir exprimé le cycle émotionnel (contrariété, colère, jalousie, douleur) elle s'allongea de nouveau sur le matelas, en disant :"mais maintenant ça va fonctionner". De fait, car la contraction intestinale qui était retenue avec les sentiments fut dissoute par le parler émotionnel et la décharge, et les affects résiduels furent dissous par les ondes péristaltiques, accompagnés par un flot de sons grondants. Cet incident fut l'un des premiers à me montrer la relation entre la décharge péristaltique et la contre-partie émotionnelle. Dans de nombreux cas, l'expression verbale accompagnée d'émotions de ces problèmes, (à l'opposé de l'expression mécanique avec des idées, mais sans sentiment ni charge), produit approximativement le même processus de décharge dans les intestins, processus que nous essayons de stimuler par le moyen du massage végétatif. Ceci est bien sûr censé, parce que parler ou partager, au grand jour, pleurs de détresse (aussi bien que la joie)., est une façon de décharger l'énergie nerveuse, ou en surplus, du corps. Il ne devrait pas y avoir besoin de thérapie ou de traitement d'aucune sorte pour que cela se mette à fonctionner. Mais dans notre culture, dans laquelle nous nous violons constamment nousmêmes et les autres, en retenant et en déniant les émotions, le processus de décharge naturel et organique est souvent bloqué et refoulé. Toutefois, même lorsque l'impulsion est frustrée et empêchée de se réaliser, il est possible pour les intestins de se relaxer et de "digérer" l'impact et les énergies en surplus. Lorsqu'il n'y a pas de conflit dans les sentiments, la retenue n'est que temporaire. Aussitôt que l'armure extérieure (l'armure du squelette) est perdue, le diaphragme se relaxe et la respiration s'approfondit. Alors l'armure viscérale se dissout au fur et à mesure que les "unités multiples" relâchent leur emprise sur les "unités simples" et la décharge psychopéristaltique peut commencer. C'est seulement lorsque les contractions des "unités multiples" deviennent chroniques (ceci signifie que le conflit est resté présent, avec les impulsions opposées) et actives dans leur contrôle, que le mécanisme de restriction viscérale se transforme en armure, et devient une fermeture chronique. LE CONCEPT D’ARMURE TISSULAIRE Je commençais à voir la névrose davantage comme une impureté dans les tissus. Ils contiennent des produits toxiques qui gênent la circulation et le métabolisme normal. En premier, je regardais cela en termes de circulation sanguine et de transport veineux inadéquat. Mais les sensations et courants nombreux et inexplicables dans le corps me firent penser à des forces circulantes, et bientôt je commençais à inclure les théories de REICH sur les courants végétatifs et l'énergie d'orgone. Indépendamment, j'en vins aux mêmes conclusions à propos de la dynamique de la libido, provenant de sources métaphysiques. Durant ces quinze dernières années, J'ai extrapolé des notions complémentaires concernant les manifestations bio-énergétiques de la pathologie et de la santé. La psychologie biodynamique travaille maintenant avec le principe de l'existence d'une énergie de vie (bioénergie) dans tous les organismes vivants. Cette énergie de vie ne donne pas seulement la vie et la 'vitalité aux individus et à toutes les créatures de la terre, mais procure aussi le plaisir et le bien-être général de vivre. Lorsqu'elle circule, cette énergie de vie donne un sentiment intérieur de confiance et d'optimisme, que nous pouvons appeler le bienêtre indépendant de la personnalité primaire, en contraste avec le bien-être dépendant, où les individus comptent uniquement sur les circonstances pour se sentir bien. C'est étroitement relié au concept des "ondes océaniques" que nous trouvions dans les discussions psychologiques, ondes océaniques qui pour moi sont à prendre littéralement comme une référence à l'approvisionnement en "vie" que tous les êtres reçoivent de l'énergie cosmique (cf. La "Mère Cosmique" de REICH). Cette énergie cosmique donne une pulsation à toutes les cellules vivantes et est pressentie dans les viscères et les autres tissus vivants. Toutefois, comme la musculature et les viscères ont des barrières pour maintenir la répression intacte et empêcher la spontanéité, les tissus ont une infiltration, une armure tissulaire, qui insensibilise et trouble la circulation normale et l'homéostasie physique, mentale, et spirituelle. L'armure tissulaire, telle que je la vois, est le résultat de fluides hormonaux non déchargés (en particulier l'adrénaline, les hormones et l'acide lactique), libérés dans la musculature durant l'excitation et sous une forme neutralisée dans les tissus connectifs et le complexe alimentaire, comme éléments de la dynamique viscérale latente. De ce point de vue, la pression viscérale (aussi sous forme de psychose, symptômes psychosomatiques et tensions nerveuses) est la force de guérison spécifique du corps, qui essaie de pénétrer les barrières tissulaires, de relâcher les imprégnations émotionnelles hormonales, de façon à ce que la bioénergie naturelle puisse circuler. Lorsque nous comprenons comment notre circulation souffre de stress sympathique, causés par le fluide adrénergétique du cortex des reins, nous pouvons comprendre que l'organisme transporte une "surcharge" hormonale. Cette surcharge est étroitement en relation avec le concept freudien d"affects résiduels" et la théorie reichienne de "stase sexuelle". Le concept de "vider l'organisme" de cette stase est par conséquent tout à fait logique. Le péristaltisme intestinal ne fait pas que décharger ce surplus, mais il stimule aussi une circulation énergétique correcte. Aussi je vois également les organes intestinaux comme un mécanisme générateur, qui, dans des conditions de relaxation et d'absence de conflit, permet le fonctionnement bioénergétique des cellules et des tissus (on peut presque dire qu'il ouvre les canaux vitaux pour l'approvisionnement cosmique. Ici j'adopte complètement les derniers travaux de REICH en orgonomie et sa recherche sur les "rayons cosmiques", et sur la réceptivité individuelle, ou bien le manque à les recevoir). En dégageant l'armure tissulaire, les tissus récupèrent leur élasticité naturelle et originelle, ceci rend possible l'auto-réalisation et l'expansion. Une personnalité déformée et limitée vient alors en contact avec la sensibilité véritable et répond à ses propres unicités et potentialités. Je suis bien consciente que quelques thérapeutes néo-reichiens n'aiment pas considérer la bioénergie comme une "énergie cosmique" mais, quelque soit le nom par lequel on l'appelle (KI dans la médecine chinoise, ou le concept yogi de MANA) c'est un phénomène à considérer et à prendre en compte. Ce qui est intéressant dans la discussion théorique de l'histoire de la névrose, est que, autrefois, à la fois Hippocrate et les philosophes tel que Platon, basaient leur théorie davantage sur une compréhension métaphysique que la psychanalyse conventionnelle et la psychiatrie d'aujourd'hui. Ils incluaient les principes bio-énergétiques dans leur recherche sur les névroses et les troubles mentaux, et auraient bien accueillis la science de REICH et la théorie de l'énergie d'orgone. Nous savons bien que ce ne fut jamais la névrose sous forme de répression psychologique qui causa l'étonnement de FREUD et d'autres, car les discussions circulaient toujours au sujet de cas inexplicables "d'hystérie, névroses d'angoisse, ou symptômes hystériformes et psychosomatiques". La supposition prévalente était que le phénomène de l'énergie était le facteur de troubles. De ce fait, les premiers écrits de FREUD étaient basés sur les principes de l'énergie et sur la dynamique libidinale, ce qui forma réellement les bases de la végétothérapie Reichienne. Dans la science contemporaine cette force d'énergie a été reconnue comme énergie bioplasma, et il est encourageant de voir que l'orgonomie peut maintenant être prise au sérieux en matière de psychiatrie et de médecine. Ma contribution personnelle à cette pensée est la théorie de la dynamique viscérale, et la localisation du régulateur et du générateur de bioénergie dans les organes intestinaux.