On voit que chaque Etat se définit comme le centre du monde, sans frontières. Au départ le
terme frontière était perçu d'une façon négative comme séparant de "l'autre" puis a pris une
connotation positive car devenu le signe reconnaissance de l'autre.
Cette forme d’organisation a imprégné l’idéologie impériale, telle qu’elle réapparaît sous
Charlemagne (an 800). L’empereur va avoir un certain nombre de prétentions à maîtriser
l’ensemble du monde civilisé. Cette formulation apparaît très clairement lors de la diète de
Roncaglia en 1158, où le roi Frédéric 1er, Barberousse se fait appeler « loi vivante » ("Toi la
loi vivante tu peux donner, dissoudre, créer les lois, les ducs naissent et disparaissent et les
rois gouvernent sous ta juridiction") : tout ce qu'il dit a valeur de loi. Un certain nombre de
légistes réagissent à ces prétentions.
2. La réaction des légistes royaux aux prétentions impériales à partir des 12ème-
13ème siècles
L'entourage de Louis IX réagit, refusant la dépendance du roi de France envers l'Empereur du
Saint Empire Romain Germanique. Jean de Blanot, légiste et publiciste du roi, déclare ainsi
que" Le roi de France est Empereur en son royaume". Aussi le roi de France est-il dès lors
perçu comme loi vivante au même titre que l'Empereur (expression constante de la monarchie
jusqu’en 1789), marquant le début de la monarchie absolue. Mais il ne prétend pas au pouvoir
universel, il gouverne à l’intérieur d’un cadre territorial.
En France au même moment, la titulature du roi change, jusque Philippe Auguste, le roi était
"rex francorum" (roi des francs), là il devient "rex franciae" (roi de France). Le territoire est
maintenant défini, et non plus une population. Cette prétention qui commence au 13ème siècle
va être un motif constant de discordes entre la France et l’Allemagne au long des 13ème et
14ème siècles. Les empereurs successifs maintiennent cette fiction juridique de suprématie
impériale. Une des dernières réfutations des prétentions allemandes se trouve dans le Traité
des Seigneuries de Le Bret. Il y souligne la souveraineté du roi et sa non dépendance envers
l'Empereur.
En 1648 le Traité de Westphalie met fin à la guerre de 30 ans (guerre civile européenne) et
aux prétentions impériales à la suprématie universelle. Désormais les relations entre Etats sont
régit par le principe de l'équilibre des puissances, facteur de paix et de prospérité.
B. La sécularisation de la puissance publique (de l'Eglise à l'Etat)
La séparation du domaine politique et religieux n'est que progressive. Si la laïcité de l'Etat est
aujourd'hui une valeur fondamentale de la société moderne, le principe de cette distinction
n'est apparu qu'au 13ème siècle. Avant cela l'Etat faisait partie du domaine théologico-
politique.
1. L'indifférenciation du spirituel et du temporel dans les sociétés traditionnelles
(holistes)
Dans l'Egypte ancienne et en Mésopotamie le pouvoir politique et religieux sont confondus.
De même en Chine, où l’empereur était l’intercesseur entre le monde des dieux et celui des
hommes. Il interprète la volonté divine en lisant les signes du Ciel et les retranscrit sur terre.
En Europe règne la théocratie pontificale jusqu'au 14ème siècle. Le pape considéré comme le
vicaire du Christ sur terre. Il interprète ainsi sa volonté, exprimée dans les évangiles.
L'organisation de la vie terrestre se fait donc à partir des Ecritures. Cette forme très
particulière d’organisation du pouvoir apparaît sous Léon IX et s’affirme avec son successeur,