2-cn/15.04.17
Les hôpitaux et l'Etat s'engagent
Evolution paradoxale dans une société dite «sécularisée»: pour combler ces lacunes, plusieurs
établissement ont tout bonnement décidé de prendre à leur charge les frais d'aumônerie. C'est le cas à St-
Loup, où il fallait remplacer le suivi autrefois assuré par les diaconesses. Les hôpitaux universitaires
assument également les charges de leur aumônerie, totalement à l'Hôpital de l'Ile à Berne, partiellement au
CHUV.
«Le bien être des patients concerne autant l'Eglise que l'Etat», soutient Ueli Stuker. Voilà pourquoi,
poussé par ses Eglises, le canton de Berne prévoit de donner une reconnaissance législative à cette
responsabilité. Un projet de loi devrait être déposé devant le Grand Conseil bernois après l'été qui
reconnaît explicitement le rôle indispensable de l'aumônerie dans les prestations de chaque hôpital. Une
acceptation de ce texte ouvrirait la voie d'un financement cantonal des aumôniers d'hôpitaux, comme c'est
déjà le cas pour les grandes prisons (voir encadré).
Tout indique qu'à l'avenir, seul un partenariat entre les Eglises et les cantons permettra d'assurer une
présence des aumôniers dans les soins. Une évolution justifiée par le rôle croissant des aumôniers dans les
équipes hospitalières.
Un service tout public
Conséquence de cette pleine intégration à l'hôpital, l'aumônerie prend des allures de service public. Les
médecins de l'âme doivent correspondre aux exigences posées par les établissements. La formation est
bien entendu décisive. Une évaluation du travail doit être possible. Des cahiers de charges ont été
élaborés. Une liste de critères de qualité précise même l'offre des aumôniers, par exemple pour l'Hôpital
de l'Île. «Cette exigence de transparence nous aide à mieux rendre compte de ce que nous faisons»
explique Anne-Marie Droz, diacre auprès de l'hôpital universitaire bernois.
A Berne comme à Lausanne, le suivi spirituel prend une orientation résolument oecuménique. Le service
de piquet pour les urgences est assumé par le représentant de l'une ou l'autre confession, même si la
possibilité de recourir à la présence d'un ministre particulier reste possible. «Nous pouvons accueillir et
orienter les patients en fonction de leurs besoins spécifiques, y compris quand il s'agit de membres d'autres
religions, précise Plasch Spescha, aumônier catholique. Cela rend service à tout le monde.»
Les ministres des Eglises sont à la disposition de chacun, avec une ferme volonté de respect: «Avec tous
ceux qui apportent leur aide aux patients, l'aumônier essaie , dans le respect des personnes et des
convictions, de rencontrer, d'écouter et d'accompagner le malade», définit l'Association suisse des
établissements hospitaliers. «Il se fait un devoir, quand le patient le souhaite, de demander un ministre
d'une autre confession ou d'une autre religion.»
Cette écoute ouverte implique-t-elle une distance vis-à-vis des Eglises? A Berne, l'équipe d'aumônerie
pratique de nouvelles formes de célébrations et mène une réflexion sur l'importance de certains rites à
pratiquer dans le cadre hospitalier. «Cela permet une certaine créativité, mais il serait dommage de perdre
les liens avec nos Eglises», prévient Anne-Marie Droz. «Nous avons un pied dans chaque institution, notre
statut nous fait dépendre à la fois de l'hôpital et des Eglises, admet Daniel Pétremand. Mais, pour nous, il
reste important de dire que nous avons une référence chrétienne, même si nous intervenons toujours dans
le respect des diverses formes de spiritualité.»
(6160 signes) (ProtestInfo/Cédric Nemitz)