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l'édition "Du 15 au 21 avril 2002"
Les hôpitaux tiennent plus aux aumôniers que les Eglises
(08.04.2002)
A l'hôpital, les attentes spirituelles sont cruciales. C'est pourquoi l'accompagnement spirituel fait
désormais partie intégrante de la prise en charge globale des patients. Au point que certains directeurs
d'établissement s'inquiètent de voir diminuer le nombre de postes d'aumônier. Soumises aux restrictions
financières, les Eglises sont tentées de préserver des activités plus traditionnelles centrées sur la paroisse
et de renoncer à leur engagement auprès des malades.
A l'hôpital, la dimension spirituelle est toujours mieux reconnue par les différents partenaires de la santé.
Les patients mais aussi leurs proches - comme d'ailleurs le personnel soignant - sont confrontés aux
grandes questions de l'existence. Sur ce terrain, les équipe d'aumônerie restent en première ligne.
«L'aumônerie est aujourd'hui reconnue comme faisant partie intégrante des soins», se réjouit Ueli Stuker,
responsable des aumôneries hospitalières et carcérales pour les Eglises Berne-Jura. «Nous ne sommes plus
en concurrence. Nous travaillons en collaboration avec les médecins et les soignants. C'est une tendance
qui s'accentue.»
Dans le processus de soin, il s'agit de prendre en compte la globalité de la personne, donc aussi ses
interrogations existentielles et religieuses. Visites et entretiens personnels, célébrations de rites,
collaboration avec le personnel soignant, réflexions éthiques et même pour un travail de formation, les
aumôniers d'hôpitaux sont toujours plus sollicités. Ils font partie intégrante de la structure hospitalière.
Cette nécessité d'une prise en charge spirituelle en matière de santé est confirmée par plusieurs
responsables d'hôpitaux, dont Anthony Staines, directeur du réseau de soins hospitaliers à St-Loup: «Pour
les démarches interdisciplinaires, l'apport des aumôniers est essentiel. Nous tenons à favoriser une
approche globale des patients, y compris dans leur dimension spirituelle. Voilà pourquoi nous souhaitons
que la dotation des forces d'aumônerie ne soit pas réduite.»
Les Eglises en retrait
Une attente qui n'est pas toujours entendue. Dans le canton de Vaud, les réformes entrées en vigueur ces
dernières années ont contraint l'Eglise réformée à réduire la voilure dans plusieurs domaines, y compris
dans le travail d'aumônerie. Les postes sont passés de 12 à 8. «Une dotation minimale qui n'est pas sans
poser des problèmes», s'inquiète Daniel Pétremand, coordinateur vaudois des aumôniers réformés, qui
avoue ne pas toujours comprendre certains choix. «L'Eglise a parfois de la peine à s'engager au-delà de ses
murs. A l'hôpital, les attentes sont pourtant cruciales.»
Autre exemple: Bienne. Certaines paroisses, confrontées à des diminutions de postes pastoraux, ont
souhaité retirer leurs billes de l'aumônerie hospitalière pour réinvestir dans le travail paroissial. Une
situation qui laisse Daniel Pétremand perplexe: «Le fait d'être intégré dans les établissements hospitaliers
nous permet d'être crédibles dans la collaboration et le travail de proximité, certainement davantage qu'une
aumônerie assurée par les pasteurs de paroisse.»
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Les hôpitaux et l'Etat s'engagent
Evolution paradoxale dans une société dite «sécularisée»: pour combler ces lacunes, plusieurs
établissement ont tout bonnement décidé de prendre à leur charge les frais d'aumônerie. C'est le cas à St-
Loup, où il fallait remplacer le suivi autrefois assuré par les diaconesses. Les hôpitaux universitaires
assument également les charges de leur aumônerie, totalement à l'Hôpital de l'Ile à Berne, partiellement au
CHUV.
«Le bien être des patients concerne autant l'Eglise que l'Etat», soutient Ueli Stuker. Voilà pourquoi,
poussé par ses Eglises, le canton de Berne prévoit de donner une reconnaissance législative à cette
responsabilité. Un projet de loi devrait être déposé devant le Grand Conseil bernois après l'été qui
reconnaît explicitement le rôle indispensable de l'aumônerie dans les prestations de chaque hôpital. Une
acceptation de ce texte ouvrirait la voie d'un financement cantonal des aumôniers d'hôpitaux, comme c'est
déjà le cas pour les grandes prisons (voir encadré).
Tout indique qu'à l'avenir, seul un partenariat entre les Eglises et les cantons permettra d'assurer une
présence des aumôniers dans les soins. Une évolution justifiée par le rôle croissant des aumôniers dans les
équipes hospitalières.
Un service tout public
Conséquence de cette pleine intégration à l'hôpital, l'aumônerie prend des allures de service public. Les
médecins de l'âme doivent correspondre aux exigences posées par les établissements. La formation est
bien entendu décisive. Une évaluation du travail doit être possible. Des cahiers de charges ont été
élaborés. Une liste de critères de qualité précise même l'offre des aumôniers, par exemple pour l'Hôpital
de l'Île. «Cette exigence de transparence nous aide à mieux rendre compte de ce que nous faisons»
explique Anne-Marie Droz, diacre auprès de l'hôpital universitaire bernois.
A Berne comme à Lausanne, le suivi spirituel prend une orientation résolument oecuménique. Le service
de piquet pour les urgences est assumé par le représentant de l'une ou l'autre confession, même si la
possibilité de recourir à la présence d'un ministre particulier reste possible. «Nous pouvons accueillir et
orienter les patients en fonction de leurs besoins spécifiques, y compris quand il s'agit de membres d'autres
religions, précise Plasch Spescha, aumônier catholique. Cela rend service à tout le monde.»
Les ministres des Eglises sont à la disposition de chacun, avec une ferme volonté de respect: «Avec tous
ceux qui apportent leur aide aux patients, l'aumônier essaie , dans le respect des personnes et des
convictions, de rencontrer, d'écouter et d'accompagner le malade», définit l'Association suisse des
établissements hospitaliers. «Il se fait un devoir, quand le patient le souhaite, de demander un ministre
d'une autre confession ou d'une autre religion.»
Cette écoute ouverte implique-t-elle une distance vis-à-vis des Eglises? A Berne, l'équipe d'aumônerie
pratique de nouvelles formes de célébrations et mène une réflexion sur l'importance de certains rites à
pratiquer dans le cadre hospitalier. «Cela permet une certaine créativité, mais il serait dommage de perdre
les liens avec nos Eglises», prévient Anne-Marie Droz. «Nous avons un pied dans chaque institution, notre
statut nous fait dépendre à la fois de l'hôpital et des Eglises, admet Daniel Pétremand. Mais, pour nous, il
reste important de dire que nous avons une référence chrétienne, même si nous intervenons toujours dans
le respect des diverses formes de spiritualité.»
(6160 signes) (ProtestInfo/Cédric Nemitz)
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L'aumônerie des prisons bernoises, un modèle à suivre
Pour les grands établissements pénitentiaires ainsi que pour les prisons régionales, le canton de Berne
assume déjà le financement des aumôniers. «Il s'agit d'une répartition des tâches, précise Ueli Stuker,
responsable bernois des aumôniers. L'Eglise, quant à elle, met ses pasteurs à disposition pour l'aumônerie
des prisons de district.» N'empêche, la reconnaissance est réelle. Le statut de aumôniers s'en trouve
renforcé. L'aumônier fait désormais partie intégrante de la structure pénitentiaire. Son salaire est payé
par la Direction de police au même titre que le reste du personnel des prisons. L'ouverture prend même
une envergure interreligieuse: un imam a non seulement accès aux détenus, mais il peut encore
dédommager ses frais auprès du canton.
C'est le modèle qui est maintenant en discussion pour l'aumônerie hospitalière. La direction de la santé
publique assumerait ainsi l'aumônerie de l'hôpital universitaire ainsi que celle des hôpitaux régionaux.
Les établissements de district resteraient de la responsabilité des paroisses.
Les négociations entre les Eglises et l'Etat prennent du temps. Mais une nouvelle mouture de loi sur les
hôpitaux prévoit la mention explicite de l'aumônerie. Le projet arrive sur la table du Grand Conseil
bernois à l'automne. «Cela ne signifie pas que les choses soient gagnées, prévient Ueli Stuker. Pour des
raisons financières, le Parlement exclut de s'engager dans toute nouvelle tâche.»
(ProtestInfo/cn)
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