le traumatisme du cancer - Cancer et Psychologie asbl

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de leurs Proches et des Soignants
avenue de ttervuren,215/14
1150 BRUXELLES
par Fran9oise DAUNE,psychoth6rapeute.
P:ξ _Ti出
AL de CANCER ET PSYCHOLOGIE"-23
:」 認
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avec le soutien de la Commission Communautaire Franqaise
de la R6gion de Bruxelles CaPitale
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PENSER L'IMMORTALITE PERDUE.
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LE TRAUMATISME DU CANCER
DE L'ACCOMPAGNEMENT A LA THERAPIE
Et si je t'accompagnais, pas d pas?...
Si, prenant le risque d'6tre touch6 ou touch6e, de me laisser atteindre, je me mettais
l'6coute de ton angoisse, sans la banaliser, en acceptant que tu t'y confrontes petit e pedt,
m6me quand elle r6veille la mienne,
i
Sije prends le parti de m'appuyer sur ta partie positive, discernant tes forces et tes
qualit6s de ta fragilit6, t'aidant d moins m6priser ta peur,
Si je peux entendre, sans m'enfuir, combien tu es dans le d6sarroi et la tristesse,
combien l'incompr6hension de ce qui t'arrive souldve ta coldre,
Si je peux, sans te l'imposer jamais, ou aussi peu que possible, et si tel est ton
d6sir, te redire tes paroles, souligner tes 6motions, supposer tes sentiments, leur pr6ter une
forme, en te laissant le loisir de les approfondir pour leur offrir un sens et en nourrir ta
vie,
Si tu peux te laisser m'utiliser comme m6diat pour d6couvrir toute la force de tes
projections et de tes repr6sentations de la vie,
Si je peux, en gardant mon int6grit6, te rejoindre ld oi tu attends, m0me dans le
silence et le repli dans un combat pour r6sister l'6vidence, pour rencontrer avec toi cette
terreur proche de celle de l'enfant,
i
Si je peux, te sachant le plus capable de le faire, te soutenir auprds des tiens, dans
ton d6sir de retrouver une alliance de ceur avec eux,
Si je peux, avec une r6elle comp6tence, m'appuyer sur ton savoir profond et ta
force 6motionnelle pour etre avec toi dans ta recherche, si ce n'est pour r6parer ton corp-s,
au moins li oi tu mets ton 6nergie d r6parer quelque chose de ta vie, dirais{u de ton ime?
Si je pawiens, parce que j'en ai fait l'exp6rience, m6me si ce n'est pas dans les
m6mes circonstances et de la m6me manidre que toi, d te faire passer que tu peux
t'appuyer sur moi, que je m'efforcerai de ne pas "lAcher la barre" pour 6tre prOt
rencontrer, avec toi, les 6cueils du parcours.
i
Sije peux te faire passer que, m6me si
pour arriver d rester ld,
j'ai
peur,
je d6ciderai de faire ce qu'il faut
... alors, peut-etre, pourrons-nous 6tablir une confiance r6elle et solide qui
permettra d'aller, en m'incluant si tu le veux,
de ton mythe.
li oi tu conduis
ta vie,
i
te
la rencontre, ou non,
Benoit de COSTER
Psychoth6rapeute
W
PENSER L'IMMO-RTALITE PERDUE
Frangoise DAUNE
Psychoth6rapeute
Cet article parait aussi dans le Bulletin
du CollCge Royal des MCdecins de f Agglom6ration Bruxelloise.
INTRODUCTION
L'annonce d'un cancer et de ses traitements est un 6v6nement exceptionnel dans la
vie de tout individu. Cette annonce provoque une brutale d6stabilisation remettant en
question les valeurs de la vie, une perte des repdres tant corporels que psychiques, une
perte de sens. [r mode de d6couverte et I'annonce du cancer, la chirurgie, les traitements
adjuvants et l'apres-traitement sont autant de moments venant modifier un 6quilibre
physique et psychique, parfois d6jd trBs fragile. Avec le cancer, I'individu est touch6
dans son identite personnelle, dans son rapport i autrui, mais aussi, dans ses relations
sociales et professionnelles.
Avec I'annonce d'un cancer, c'est le ddbut d'une histoire m6dicale, mais aussi
d'une histoire psychique de la maladie : deux histoires au temps diffdrent. Une histoire
m6dicale dans l'ici et le maintenant avec sa r6alitd palpable, visuelle, objectivable de par la
pr6sence du cancer et des effets secondaires des traitements : d'une histoire psychique
envahie par un corps malade, porteur de mort et of le pass6 fait irruption dans le pr6sent
avec son cortBge de conflits, de deuils non rdsolus,... et oi le futur semble sans avenir.
L'annonce d'un cancer est avant tout pour la personne, synonyme de mort et m€me dans
un premier temps, de mort imminente. Cet 6v6nement exceptionnel qu'est la maladie
cancdreuse fait profiler ) I'horizon I'exp6rience unique dans la vie de tout individu, celle
de mourir. Avec nos patients, nous allons tenter, au travers de la relation
psychothdrapeutique, de penser l'impensable, de supporter I'insupportable, d'imaginer
i'inimaginable, de mettre des mots sur I'expdrience unique et future qui sera agie, car la
mort se fait.
LETEMPS DEL'ANNONCE
Dans un cabinet de consultation, un mddecin et un patient qui vont, I'un et l'autre,
vivre un moment particulier. Pour le m6decin, celui d'annoncer un cancer, diagnostic
porteur d'une menace effrayante car il est synonyme de mort r6elle, Poll 19 patient, celui
d'entendre ce diagnostic de cancer, v6ritable traumatisme brutal de la rdalitE. [r temps se
suspend. Quelle est cette catastrophe dont le m6decin lui parle ? Il ne comprend.rien.
C'est le chaos. Il est sid6r6 devant cet incompr6hensible, cet insupportable, cette violence
des mots. Tout cela n'a pas de sens. Beaucoup de patients disent: 'Te me sens bien et
vous me dites que vous allez me mutiler. Je me sens bien et vous me dites que je vais
mourir ..." Tout ceci est d'autant plus paradoxal si le cancer est une ddcouverte de
d6pistage (sein) ou fortuite au couri au iours d'un examen pour d'autres _problbmes
(leuc6mie). Aucun signe d€celabte, palpable, visuel ne donnait au patient la moindre
indication sur un proctssus corporel de maladie. C'est donc parfois dans une totale
ignorance que le patient arrive d la consultation.
4
[r Moi qui aime la paix, ne se doutait de rien, aucun danger I'horizon. Entendre
_
le mot cancer, et brutalement le Moi est d6stabilis6, mis dans l'impossibilit6
Ar
penser,
d'hair.
[r
Moi est sid6r6, fascind par cet irrepr6sentable qu'est la mort.
L'annonce du cancer est donc un moment
of
d,agir, de
les patients s'effondrent devant le
m6decin. C'est alors que le mddecin fait appel au psychoth6rapeute, au tiers. La
demande qu'il eflectue l''est souvenl autant pour le patient qr" poui lui-m€me, en plein
ddsarroi devant ce malade, qui le met dans l'impossibilit6 a'agir et lui signilie par ses
dmotions, la violence du diignostic prononcd pirr lui. l-e m6d"ecin, au tdvers di cette
demande,.nous- donne une_place, celle de prendre en charge les effets psychiques de la
maladie, lui s'occupera du corps malade. Son but est-de rendre un corp3 en bon
fonctionnement e^t gudri, notre but a nous, psychothdrapeutes, est de donner au patient les
moyens de faire.face. au cancer et i ses cons6quences en donnant sens i l'exp6ri'ence de la
maladie sans pr6tention de gu6rison. Une patlente me disait " Un medecin donne la vie,
peut-il comprendre la mort ?". Premidre rencontre avec le patient surpris de nous voir,
mais soulagd que le m6decin ait formul6 cette demande. Saiouffrance a 6td entendue ei
reconnue et nous allons tenter de redonner place d la parole coupde par I'angoisse. pour
le patient, dans ce moment d'effondrement, comme li: dit Freu<i '. Le moinire seste oui
lui rendra plus facile de s"y reconnaftre en son monde intdrieur sera Ie bienvefiu". Un
monde intdrieur oi le chef d'orchestre a perdu sa baguefl.e. C'est la cacophonie qui est le
plus. souvent.exprim6e par le_patient. Il a I'impression d'6tre I'acteurd'un film
{ui n'est
pas le sien. Il y.a malentendu ou mal entendi. I-e mddecin a d0 se tromper. Ii ne sait
plus qui il est. TJ a I'impression de devenir fou tant ce qu'il a entendu est
faradoxal, tant
la violence des 6motions est forte, tart le traumatisme eit sans repr6sentation. Ia vie est
menacde physiquement par des cellules rongeant de fagon inarchique le corps et
psychiquement par un noyau de terreur avec sei id6es follei ndcessitant^un mouve'ment
agressif du M9i, pgyl tenter de faire face a la brutalit6 de la blessure narcissique
provoqu6e par la rdalit6.
Il n'est pas rare que, dans I'attente du premier traitement, les patients parviennent
d mettre de la distance avec cette menace qri'est le cancer. Il n'esi pas endore rdalit6.
fuen dans ou sur le corps ne le dit. Ils sont'entiers, sans trace. Ni vu, ni connu oour le
Moi corporel. [,a bonne m6thode, ne pas penser, s'occuper I'espni pour renhre les
pensdes inoffensives, pgur les rdprimer,
fouries mettre de c6td. Mais paieil traumatisme
n'est pas oubliable, refoulable. [-e Moi- tente de sauver la face, de se'leurrer lui-m€me.
Et comme me le signalait une patiente " S'occuper I'esprit n'est pas remplir une vie,'.
.
Le. temps des traitements va l'y aider, car c'est le temps de I'agir. Mais dans ce
temps de.l'agir, d'autres blessures vont venir se cumuler i la-premiBri, celles du temps
pr6sent, lides aux effets des traitements et celles du temps pais6, r6veill6es par l'6cht.
Nous y reviendrons-lorsque nols parlerons de l'aprds-traitim'ent, car avec le qancer, l'6tat
est-celui d'une exffrience traumatique iilterne, continue, comme une patiente me
in(1eyr
le disait : " Le bon sens me dit aussi que cette alopdsie "d6finitive" n'est pas essentielle
au regard de la vie. Toutefois, elle est largement charg6e d'affects. Elle est une blessure
s'ajoutant aux "deuils" auxquels mon caicer m'a co-nduite. Scorie de la maladie ? Je
croyais "refleurir" tranquillement apres le long hiver des lourds traitements. Ma
ddception est grande et le chemin sera iong pour reLouver mon image ".
LE TEMPS DES TRAITEMENTS
Si chaque traitement a ses propres effets physiques, il est v6cu diff6remment selon
lj:s interprdtations et les associatibns des pitientbs en fonction de leur rristoire.
cependant, le type de tmitement peut induire d6s probldmatiques diff6rentes, par exemple
: la mastectomie touchera la ferirme dans son identit6, maii la recherche'd" aonneii.t
λ
familiaux pour une greffe de moelle troublera les liens et ses alliances dans la famille.
Mais sans aucun doute, les traitements renvoient au cancer, i la mort, de par le but
poursuivi : faire r6gresser la maladie, obtenir une r6mission, voire une gudnson. Les
traitements sont une lutte, comme il est dit "combattre la maladie". Un Combat dont la
n6cessit6 essentielle est de posrposer la mort, dans un temps le plus 6loign6 possible,.
Gagner du temps sur cette mort qui arrive toujours trop t6t. Mais avec les traitements, le
r6el du corps habitd par la mort va s'inscrire. Pour cerlains patients, pour qui ce rdel ne
montrait aucun symptome physique, c'est avec les effets secondaires des traiiements qu'il
va prendre sens. Effets secondaires qui peuvent Ctre transitoires, tels que I'alopdcie, les
naus6es, les vomissements, les modifications du go0t, de I'odorat, ... ou ddfinitifs tels
que la stdrilitd, I'amputation d'un membre, d'un organe... Avec les effets secondaires
des traitements, c'est la p€rte des repBres corporels : la perte du sein, des cheveux,
I'installation d'une mdnopause pr6coce, des variations pond6rales parfois importantes, ...
Nombreux sont les patients qui d6cident ne plus se reconnaitre, ne plus €tre femme,
homme, se vivre vieux avant l'6ge, ... et m6me se percevoir comme un mort en sursis.
Telle cette patiente, 6g6e de 4O ans, ayant un cancer du sein g6n6ralis6 pour lequel elle
avait d6ja regu de nombreuses chimioth6rapies, qui un jour me dit : "Je n'ai que des
artifices, ce n'est pas moi, tout est dessin6. Lorsque je rentre le soir, j'enldve ma
pemtque, je me d6maquille, il n'y a plus de sourcils. Ce que le miroir me montre, c'est
une nudit6 i fleur de peau. Signe d'une condamnation a mort, puis la peau part".
Un corps qui, pour de nombreux malades, devient un objet d'horreur pour eux,
mais aussi pour I'entourage. Plusieurs patients m'ont rapportd les difficultds li6es d ces
modifications corporelles, avec surtout les enfants. Ceux-ci ont peur car ils ne les
reconnaissent plus. Jorge SEMPRUN dans son livre "L'6cnture ou la vie" 6crit : "Je
voyais mon corps, de plus en plus flou, sous la douche hebdomadaire. Amaigri mais
vivant : le sang circulait encore, rien d craindre, ga suffirait, ce corps amenuisd mais
disponible, apte i une survie r€v6e, bien que peu probable. I-a preuve, d'ailleurs, je suis
ta.
k Moi semble accepter de nombreux sacrifices pour 6viter son effondrement par
la menace suprdme de l'an6antissement par la mort. Un but : vivre, m6me si le prix payd
est comme pour cette patiente de 4O ans : une alopdcie ddfinitive, de I'arthrose, la stdrilitd,
la m6nopause, de nombreuses cicatrices, la fatigue, une exacerbation de ses allergies, une
sdcheresse de la peau, des muqueuses ... et au cours des traitements, en plus, la perte des
ongles, de rdflexes, d'hypoesth6sie des membres, des naus6es, de I'an6mie, des
infections diverses li6es i la leucopdnie... Toutes ces modifications font 6cho dans
I'histoire du patient. Ainsi, pour cette patiente que je viens de ddcrire, I'alopdcie la
renvoie d ses premidres ann€es de vie of elle avait, comme elle disait, la boule d z€ro. l-z
seule personne d qui elle se montrait sans p€rruque ou coiffe, 6tait sa mbre, car celle-ci
I'avait connue comme cela. Des yeux dans lesquels elle se reconnaissait. Pour les autres
regards, ce nu-t6te 6tait un signe ext6rieur de maladie etelle y lisait l'horreur. De plus, la
m6nopause, la fatigue, les probldmes de peau lui renvoyaient aussi une perception d'ellem6me qui 6tait d'6tre une petite vieille. Mais avec I'alopdcie, la st6rilitd et la cicatrice au
sein, son identitd de femme 6tait aussi touchde. Elle ne savait plus si elle 6tait jeune ou
vieille, femme ou ayant un sexe, disait-elle, ind6termin6. "Je ne parviens pas d retrouver
mon image f6minine, c'est la plaie ouverte du cancer". Pour cette patiente, la lutte contre
la mort primera car la maladie poursuivra son chemin sans rdpit. Pour les autres patients,
c'est parfois par ces modifications corporelles qu'ils prennent conscience que leur corps
existe et qu'ils existent. C'est par l'absence de I'organe qu'ils r6alisent son importance.
Pour ces patients, le corps va devenir un objet d'intdr€t. Ils vont 6tre i son 6coute. Mais
une dcoute parlois perturMe car ils n'en reconnaissent ou ne connaissent pas le sens. Un
corps qui souvent, par son silence, inquibte. Que se passe-t-il ? Une patiente 6tait
heureuse d'entendre les bruits aMominaux, car ils 6taient signes de vie. Mais certains
effets de ces traitements peuvent devenir des repdres auxquels le patient s'accroche,
2ジ
pouvant mettre en 6chec certaines thdrapeutiques. Par exemple, le contr6le de la douleur,
car celle-ci peut le renseigner sur l'dvolution ou non du cancer, ou bien les vomissements
sont parfois attendus car ils sont interpr6t6s comme un signe d'efficacitd de la
chimiothdrapie. Sans cette douleur, sans ces vomissements, le patient serait face au nonsavoir, d I'incertitude, au non contr6le, i I'insupportable. Quel sens accorder au
sympt6me de ce corps qui a d6ji trahi ? Une douleur dorsale que le patient connaft depuis
plusieurs ann6es, ne voudrai*elle pas dire aujourd'hui qu'il y a une m6tastase ? Une
patiente me disait : "En fait, je suis comme un zBbre, c'est-d-dire un animal dont on ne
sait pas si il est blanc avec des lignes noires ou si il est noir avec des lignes blanches !".
Cependant, le processus d'dlaboration a parfois peu de place, car le Moi corporel
est fortement sollicitd, bousculd, forcd continuellement i s'adapter i une rdalit6 en
mouvance perpetuelle en fonction des effets secondaires des traitements. ta r6alit6
extdrieure va prendre toute la place. Elle va €tre surinvestie car source de dangers
continuels, tandis que le monde inteme est partiellement d6sinvesti. Coller d cette rdalit6
ext€rieure est le seul moyen pour le Moi de ne pas s'effondrer. [.e prix d payer pour la
vie est pour le patient de faire, dans ce temps th6rapeutique, I'exp6rience de sa
d6pendance aux traitements, au suivi m6dical, aux soignants. Une r6alit6 qui va rythmer
son quotidien. Ce sont les effets secondaires des traitements qui d6cident pour lui de sa
capacit6 tr travailler ou non, d'aller ou non au cin6ma, de descendre ou non les poubelles,
de conduire ou non les enfants i I'dcole, ... car comment faire cela lorsque les nausdes
sont pr6sentes, que la fatigue vous envahit, que les hypoesth6sies vous font perdre le
sens de I'orientation spatiale, ... De plus, d'une chimiothdrapie i I'autre, le patient ne sait
pas toujours quels en seront les effets secondaires. Un traitement fastidieux,
contraignant, angoissant, v6ritable pers6cuteur. Mais le patient ne peut s'6loigner,
prendre de la distance, car il le maintient en vie comme me le disait une patiente : "Sans
lui, je sucerais d6ji la racine des pissenlits!". Mais il fait peur, il terrorise. Certains
patients d6veloppent principalement A l'6gard de la chimioth6rapie, une phobie. Ces
patients sont amends dans leur quotidien i r6aliser une vdritable 6preuve de force dans le
but d'6viter tout objet, tout situation rappelant le cancer, le traitement et l'hopital, car se
souvenir, penser, c'est avoir des naus6es et vomissements. En effet, la couleur orange
rappelle le produit de la chimiothdrapie, le bonnet de bain et le serre-terc rappellent le
casque et le garot placds pour 6viter la chute des cheveux, le compact disque rappelle la
musique 6coutd d I'h6pital, les tunnels rappellent la route prise pour aller au centre de
traitements, les mots cancer et chimiothdrapie rappellent les traitements. Un objet, une
situation, un mot rappelle la maladie et les naus6es et vomissements y r6pondent. Une
infirmidre de chimiothdrapie me racontait que, quelques jours auparavant, alors qu'elle
faisait des courses dans une grande surface, elle apergoit une patiente. Cette dernidre en
la voyant fut imm6diatement prise de naus6es. L'infirmidre [e remarqua et changea de
rayon.
Mais ) contrario, pour d'autres patients, c'est un vdcu de s6curit6 qui est associd
aux traitements par la pr6sence du personnel r6pondant d leurs questions, 6coutant leurs
angoisses, par les examens les rassurant, par la chimioth6rapie les prot6geant du cancer.
Pour ces patients, I'h6pital devient comme ils le disent une deuxiBme maison et parfois
m6me la premiBre. Confiant leur vie A l'institution et a ses soignants, ils se posent peu de
questions et ils ont I'air sans probldme. Tout va bien. En fait, tout est sous contrOle, il
ne peut rien arriver. Lorsque la fin des traitements s'annonce, la perspective de la
sdparation fait naitre une angoisse d'abandon. [-a terre s'effondre. Ils se retrouvent seuls
face d leur destin. Privds des repbres q'offrait I'institution, ces patients s'apergoivent
qu'ils n'ont plus ou pas le mode d'emploi pour vivre. Ils donnent I'impression de
survivre au cataclysme provoqud par I'arret des traitements, mais peut-etre n'ont-ils d6ja,
jusqu'au cancer, que surv6cu. Ir temps des traitements, moment difficile of la relation
psychot6rapeutique est aussi malmende. En effet, la mise en place du cadre th6rapeutique
dans son aspect mat6riel est impos6e par la maladie et les traitements dont I'intrusion
4
permanente par la douleur, les naus6es, le suivi mddical, ... nous demandent, au patient
et d rnoi-mcme, une adaptltion constante, nous mettent dans une situation oir i'agii prend
parfois place : rdinstaller le patient, appeler une infirmidre, ...
travail ert rinr
mis en pdnl. Mas dans ce temps de traitements oi I'agir est roi, notre position marginale
de psychoth6rapeute dans ce lieu hautement m6dicali-s6 oi nous sommes les seuli d ne
pas.toucher au corps, peut permettre la naissance d'une relation singuliere . c'est en effet
de la permanence de cette relation qu'un transfert peut s'installEr, base n6cessaire au
travail d'6laboration.
tr
t".."
LE TEMPS DE L'APRES-TRAITEMENT
I " c.*tio, d'un espace appartenant au patient et ayant pour but de lui permettre en
toute sccurit6 de vivre I'experience traumaiisante du canctr, mais aussi'de revivre
d'anciens traumatismes rdactualis6s, va rendre possible la mobilisation de forces parfois
-l'autonomie,
insoupgonndes pour tenter de sauvegarder
l'identitd, les capacit6s
d'investissement et de restaurer un plaisii d fonctionner, et parfois m6me, de le d6douvrir.
Car,.c'est dans I'aprbs-traitement que le monde interne va 6tre progressivement r6investi,
-C'est
tandis que la rdalit6 extdrieure sera partiellement d€sinvestie.
passer du temps de
I'agir au temps pour penser et panser. C'estainsi que dans cet aprds-traitement, certains
patients vus en p€riode de crise au moment de I'annonce du cancer, nous recontactent.
Telle cette patiente que j'avais rencontr6e d plusieurs reprises au cours de
sa
chimiothdrapie et qui est venue me consulter quelques mois aprEs l'arr6t des traitements
en me disant " A qui dire ma souffrance, si ce n'est i vous!". En fait, cette patiente
Ag6e de 34 ans est venue me reconsulter et pouvait ce jourJd, reprendre en son nom une
:
demande de psychothdrapie.
Mais quelle est cette souffrance
?
C'est la prise de conscience de cet 6tat de douleur psychique r6sultant des
traumatismes cumulatifs amends par le cancer et ses traitements, mais aussi des
traumatismes antdrieurs comme le montre dans l'histoire de cette patiente ce que nous
pourrions appeler "la mort par noyade". Madame T., 69& de 50 ans, a 6td trait6e pour un
cancer du sein par mastectomie et reconstruction imm6diate par implantation de prothbse.
Madame T. m'a €t6 adress6e par la chirurgienne, trois semaines aprBs son intervention.
Madame T. lui avait demand6 d'enlever la prothdse qui 6tait insupportable tant la douleur
6tait intense. [-a chirurgienne a refus6 d'enlever la prothdse avant 6 mois. Elle lui a
formuld son impression qui 6tait qu'elle exprimait sa d6pression par la douleur et la nonacceptation de la prothdse. Elle lui conseille de venir me voir. [a patiente 6voquera au
cours du premier entretien, une succession d'6v6nements; elle ne fait aucun lien entre
ceux-ci et la situation actuelle qui est la sienne, c'est-i dire une prothese remplie de s6rum
physiologique en lieu et place de son sein :
ddcBs de sa mdre alors qu'elle 6tait 6g6e de 9 ans et demi, d'une embolie
pulmonaire, trois jours aprBs la naissance de sa deuxidme soeur. Elle est morte "noyde".
- Le d6cds de sa belle-mdre, il y a 4 ans et demi, d'une rupture d'une l6sion
cancdreuse au niveau de I'oesophage. Elle est morte 'hoyde".
- Sa peur actuelle qui est de mourir noy6e par ['explosion de la prothdse suite i un
choc, un accident, ce qui entraine par exemple des attaques de panique lorsqu'elle est en
voiture, la forgant d s'arrOter.
tr
Apres un travail d'6laboration, la patiente fera le lien entre ces trois dvdnements,
mais aussi, elle pourra pleurer la mort de sa mBre et me dira : "Je savais que les Mbds
pouvaient mourir ) la naissance, mais pas les mamans". Ce travail lui permettra encore de
se diff6rencier de sa belle-mdre, et surtout de I'histoire de celle-ci. Chacune reprendra sa
place dans l'histoire de Madame T.
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Cet exemple nous montre aussi que les repr6sentations de la mort se construisent d
travers les expdri'ences v6cues de la mort, car la perspective de la mort renvoie aux autres
morts. Par la relation th6rapeutique transfdrentielle, le malade est amen€ d preldre
conscience des liens entre lei effe[s du cancer et les traitements et de son pass6. Ceci
permettra de d6nouer le passd du prdsent, le dedans du dehors, le monde interne de la
idulitd d" la maladie. Dans cet iprbs-traitement, c'est le cours de la vie qu'il.faut
reprendre, mais de quelle vie et pour combien de temps ? Pour poursuivre cette vie en
vivant et non pas en iurvivant, il va 6tre indispensable de ressourcer le Moi qui apparait i
cet instant c6mme vold en 6clats, par une rdgression narcissique n6cessaire d sa
restauration. Une rdgression entrainani une rupture de dialogue avec I'entourage qui reste
surpris, ne comprenint pas, car pour lui, avec la fin des traitements, la page est toumde.
Mais cependant, la pairdu Moi-est d jamais troubl6e, meme lorsqu'un patient est dit en
r6missidn compldte, la trace du traumatisme central induit par le cancer restera marqu6e
dans sa m6moire, car le malade se sait porteur d'une menace effrayante : la mort. Un
savoir lourd et difficile i porter, qui doit 6tre tu et une trace de ce traumatisme sans cesse
r6activ6e par le suivi m6dical, mais aussi par le tout et rien de la vie quotidienne. [a mort
est naturelle et indvitable. Nous le savons tous. Nous en parlons entre nous, nous la
voyons et nous la c6toyons tous les jours par le biais des m6dias. Nous la vivons par la
mort d'un Ctre proche, nous nous y pr6parons en 6crivant un testament, mais cette mort-ld
est celle d'un autre. La n6tre, nous ne nous la reprdsentons pas. Avec le cancer, le
patient est forc6 de croire en elle. Cette connaissance, ce savoir provoque une crainte
continue de I'effondrement de I'organisation du Moi en tant que menace d'an6antissement
de la vie. Une patiente me disait : "Parfois, lorsque je suis devant quelqu'un,
brusquement je pense queje sais quelque chose qu'il ne sait pas. Je ne peux rien lui dire
tant c'est horrible, il s'effondrerait. En fait, je suis comme ces gens qui reviennent des
camps de concentration, je sais ...".
De cet instant, de cette fraction de seconde au cours de laquelle la mort se fait,
nous pourrions parler des heures sans qu'aucun de nous ne puisse rdellement dire
comment elle se vit. Cette expdrience unique dont nous ne savons rien, mais qui nous
interroge beaucoup, restera ir jamais une question sans r6ponse. Accepter que cette
question reste sans r€ponse, c'est peut-etre accepter-que nous sommes mortels, mais
aussi que nous ne sommes pas tout-puissants. Mais il est difficile de se rdsigner, de se
dire que la mort sera ld un jour. Pourquoi la maladie canc6reuse vient-elle pr6venir de
cette rdalitd et signifier que chacun porte en lui et doit vivre avec ce savoir et I'incertitude
du moment oI elle se fera ? Vivre une telle situation d'impuissance n'est pas vivable
pour le patient , car elle reprdsente la plus grande des agressions psychiques. Certains
patients disent non plus vivre, mais survivre, ne pouvant plus prendre de la distance,
attendant le point final de ce traumatisme, une fascination alidnante menant i la mort
psychique.
Cependant, pour beaucoup, une tentative de reprise du contr6le au travers d'une
reconstruction du sens de ce qui leur arrive va leur permettre de reprendre une maltrise de
ce monde interne. [r chef d'orchestre va tenter de retrouver sa baguette pour arreter cette
cacophonie. Mais il va falloir faire I'inventaire de ce qu'il a i sa disposition, pour ensuite
remettre les pages de Ia partition en ordre. La maladie cancdreuse, de par la
ddsorganisation du monde inteme qu'elle a provoqu6e, peut Ctre d l'origine d'un
mouvement de maturation, d'un processus crdateur. C'est donc parfois i I'occasion d'un
cancer pris ici comme initiateur de la demande, qu'une psychoth6rapie peut 6tre
commencCe.
Une construction de sens pour une maladie oi personne, actuellement, ne peut en
dire I'origine, laissant le malade d ses interrogations et a ses interpr6tations. Nombreux
sont les patients cancdreux disant des malades porteurs de SIDA
savent pourquoi et comment ils I'ont eu".
:
" Eux,
au moins, ils
Une construction de sens pour une maladie d6nu6e de sens et dont les effets
psychiques ont fait 6cho dans son histoire, laissant pour le malade une porte ouvefte a
toutes les interpr6tations. Tentation bien pgande pour une partie du Moi, de faire appel au
leurre de la toute-puissance psychique pour se reconstruire narcissiquement.
Une patiente me parlait du cancer en ces termes : " k cancer, c'est quelque chose
qu'on n'a pu ranger, qu'on n'a pas pu recycler, qui encombre. Mais quelle est cette
partie encombranle?". Un problBme psychique non r6solu de son pass6, qui avec le
iancer, chercherait d s'6vacuer par le cbrps. Telle 6tait pour cette patiente I'origine du
cancer. Mais quel est ce probldme, car cela, le cancer ne le dit pas, mais il permet de
redonner I'espoir d'un happy-end : 'Trouvez la solution et vous serez gu€ri". Une
demande de psychoth6rapie qui dans ce cas, n'est pas de se rdapproprier son histoire,
mais d'dlaborer une hisioird aux effets magiques, qui supprimerait la souffrance
psychique et rendrait pour un certain temps le sentiment d'immortalit6 et la quidtude
quielle procure. t-a m6rt n'existe pas, c'esi pour les autres. Nombreux sont les patients
qui se tournent vers cette promesse des temps meilleurs car il n'est pas facile de se dire
{u'il n'y a plus rien quel'on puisse faire. Et pour vivre, certains sont prets a touten!
Alors pourquoi pas, puisque peisonne ne sait et, qui vous dit qu'ils n'ont pas raison et
plus, cela ni faii pas faire de tort. Il n'est donc pas rare que les patients fassent appel d
i'exorciseur, au magn6tiseur, au gu6risseur tout genre... Nul besoin d'€tre fou pour y
faire appel, seule la peur de mourir y suffit.
Une patiente me rapporte dans un entretien, de maniBre trEs humoristique' que par
I'intermddiaire de son beau-frdre, elle a 616 amen6e a rencontrer un homme qui tient un
discours sur les origines des maladies li6es au magn6tisme. Cet homme lui a proposd de
venir chez elle, dvaluer l'6tat magn6tique de sa maison. Il y d6tecte une ligne ndfaste dans
la chambre d coucher, traversantle lit, donc pouvant expliquer l'origine du cancer du sein
de la patiente. [,a patiente a modifi6 la positibn du lit pour pour qu'il ne soit plus sur.cette
tigne magn6tique n6faste pour la sant6.' Me disant que: "C'est.fou, ce n'est Pas logique,
mii. up.E. toui !". De p[u., cet homme lui a 6Salsms'1 vendu une boite contenant de
I'huile'destin6e d capteries mauvaises ondes de I'habitation. L'huile de cette boite est a
changer dans un an, et la patiente de me dire en riant : "Je ne.lui ai pas demand6 quelle
huiljje dois mettre dans ja boite,". Dans la suite de I'entretien, la mise d'un sens sur
cette tttitude fera dire I la patiente tout€ sa peur de mourir.
LETEMPS DEL'AGONIE
Cependant, pour de nombreux patients, le cancer ayant repris ou poursuivison
6volution, ce temps de I'apr6s-traitehent est limit6, voire m6me inexistant' Une
progression de la nialadie pr6voquant un crescendo thdrapeutique tentant inexorablement
he fiaitriser cette mort. M;is celle-ci n'a cesse de nous narguer, nous confrontant a notre
i.pui.rrr"". Personne ne peut dire quand- arrivera la mort'ce temps ne fait pas partie.de
patient le sart : "Je ne suis plus
noire savoir, mais des signes de.a venue l'annoncent.
malade des traitements,-mais de ta maladie. Elle 6volue. Il n'est pas possible de ne pas
.uuoir que t'on va bieni6t mourir", vous diront c_ertains.pali,ents. Alors vient_ ce lemps de
iinir leiravail de tr6pas, comme l'a nomm6 Michel d; M'UZAN. Faire le deuil soiun travail commencd avec l'annonce du cancer, qu'il va falloir terminer. [rs
.""uri.tn"r de <l6fense prdsents depuis le d6but de la maladie vont s'exacerber au seuil
J" i" .oit, car il est ditficite de s'e dire qu'il faut tout abandonner, laisser la vie se
poursuivre sans €tre lh.
k
.c-",
VT
Moment ultime of de nombreux clivages s'observent tels que parler de la mort et
faire des projets d'avenir. Le patient donnant au travers de ce discours paradoxal,
I'impression que son Moi s'est clivd en un Moi conscient de la mort proche efen un Moi
inconscient, refusant d'admettre la fin indluctable. Comme dit Andr6 GREEN : "l-a
mdconnaissance de la mort dans I'inconscient a dlu domicile dans le Moi. Mais comme le
Moi est aussi conscient, I'instance garante de la rationalit6 qui se sait mortelle par sa
relation i la rdalit6 extdrieure, porte dans ses plis une doublurd m6galomaniaque, fr€te tr
s'enfler jusqu'd 6clipser I'autre".
C'est cette doublure m6galomaniaque qu'il nous est donn6 ir voir dans les iours
mort. Nous savons, nous soignanti, que lorsqu'elle 6clipse I'autre, lafinest
proche. _ Brlsquement, ces patients se i6veillent, appaiaissent cbmme ressuscit€s,
trouvant la vie belle, parlant gaiement, ayant des activiG3 tout azimut. pour eux, le temps
semble ne plus avoir de sens, ou comme le signale Michel de M'UZAN, la conscience eit
affectde par la loi d'intemporalitd qui r0gne dans I'inconscient. De plus, avec cette
exacerbation des investissements, une perte de la distance dans la relaiion se produit.
Moment particllier.9e la relation th6rapeutique ot s'observe un fonctionnement aichalque
tendant vers l'indiffdrenciation . "De la confusion entre le Moi et I'objet, une union avec
lui d6sormais immortelle est consomm6e. [rs noces avec I'objet n-e connaitront plus
aucune sdparation dans I'infini et I'illimit6 des paradis retrouvds de I'oralit6". Telle eit la
conception gxposde dans "Deuil et M6lancolie", mais qui dans cette fin de la vie, se
donne d sentir et a_ dprouver. Pour nous, th6rapeutes, c'eit aussi accepter d'6tre utiiis6
dans ce moment ultime, comme si le patient fouvait partir avec une partie de nous et
rendre ainsi cet instant moins terrorisani, car le Tutur mort est comme un'b6b6 en ddtresse.
une d6tresse li6e i une immaturit6 face d- cette exp6rience unique. Mais, c'est aussi pour
le malade, laisser en nous une partig de lui-m6m-e, trace de s6n passage dans la vie', car
nous en serons les t6moins. cette relation thdrapeutique semble devenir pour les patients
nous avons suivis_ pendant un certain temps, ce que de M'ZUAN noinme la <iemilre
-que
dyade. Relation
le patient se concenl.re sur uni seule personne. son entourase ne
laisant plus partie de lui-mdme. Une perte des liens dilficllement supportable p;r les
proches.
prdc6dant la
o
Andrd GREEN dit aussi : 'Au-deld du morcellement qui fragmente le Moi et le
I'auto-6rotisme, le nar_ cissisme pnmaire absolu veut'le re6s mim6tique de ia
mort.. Il est en quete du non-ddsir de l'aritre, de I'inexistence du nbn-6tre, uuti" for."
d'accBs i I'immortalit6. l-e Mo_i n'estjamais pl rs irnr..te, que lorsqu'il ,"uti"nt n;uroii
plus d'organes, plus de corps". Mohent pirticulier of s;observd parfois l,e crivaee
corps-psychd. c'est un patient conscient, hais qui semble ne plus ivoir de corps. 'li
n'est pas pre, qu9 toute mddication anti-douleur parfois extr6merirent importante,
fuisse
6tre supprim6e. [r patient n'a plus mal. Il a d6shabit6 son arps.
ramBne
i
C'est tout cela qui nous est donn6 a voir chez ces malades donnant la sensation de
vrvre plernement d I'aube de leur mort. Finalitd d'un travail de trdpas otr nous sommes
les t6moins d'yn telgs qui semble €tre remont6 jusqu'au moment ie la naissance,
J;un
renversement du ddveloppement comme nous le monient ces deux situations :
premiBre est celle de cette patiente de 42 ans que j'avais suivie penrJant 4 ans
. . -lajours
qui, deux
avant sa mort, alors'qu'il existait d6jtr urie certaine cdnfusion, me
demanda mon num6ro de tdl6phone privd car c'6tait le seul qu'elle n.avait oas. ..:'en-ai
besoin, au cas ot !" Et quel n6 fOt pis mon 6tonnement de la'roi.'n" t"n&J un.
pour q,e j'y inscrive mon num6ro. Je lui dirai : ..Vous voulez me manger ?;. Ell;
rdpondra : "Oui, comme cela je I'aurai toujours sur moi etle ne t'ouUtieii p"r;. -p";';;
temps.aprds, elle enlrera dans-re coma. Au" cours d'une de'mes visil.es, sa mere qui graii
prBs d'elle me dit : 'iJ'ai re@nnu vorre pas. Ma fille m'a appris d le rdn;uftr;
I'enlend, elle r6agit. Elle ne fai t cela qu'avec vous".
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vie - i voir le regard 6pouvant6, presque hostile, m6fiant du moins de ces trois officiers.
.-. Je croyais m'en 6tre sorti vivant. Revenu dans la vie du moins. Ce n'est pas 6vident.
A deviner mon regard dans le miroir du leur, il ne semble pas que je sois au-deli de tant
de mort.
Une id6e m'est venue, soudain - si I'on peut appeler id6e cette bouffde de chaleur,
toniqu.e, tonique, cet afflux.de sang, cet orgueil d;in savoir du corps, pertinent - la
sensation, en tout cas, soudaine, trdi forte, de ne pas avoir 6chapp6 illa mort, mais de
l'avoir travers6e. D'avoir 6td plut6t, travers6e pir elle. De l'avbir vdcue en quelque
sorte. D'en 6tre revenu comme on revient d'un voyage qui vous a transfbrmb :
transfi gurd, peut-6tre".
BIBUOGRAPHIE
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L-a Violence du Ddsespoir ou le Contresens d'une "Pulsion de Mort" en Psychanalyse.- Revue Frangaise
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40
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