Sous-groupes Mesures Géométrie des variétés, des espaces de mesures et des espaces de sous-groupes Benoît Kloeckner Université de Grenoble I, Institut Fourier 3 décembre 2012 Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Fil rouge Dans les trois sujets présentés mon but est d’étudier la forme (géométrie ou topologie) d’espaces de nature différentes : 3 variété riemannienne ; 2 espace métrique −→ ensemble de mesures de probabilités ; 1 groupe topologique −→ ensemble des sous groupes. Sous-groupes Mesures Sommaire 1 Sous-groupes euclidiens 2 Géométrie et dynamique des espaces de Wasserstein 3 Courbure, volume et isopérimétrie Variétés Sous-groupes Mesures Sommaire 1 Sous-groupes euclidiens 2 Géométrie et dynamique des espaces de Wasserstein 3 Courbure, volume et isopérimétrie Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique Groupes proches C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique Groupes lointains C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique Groupes proches C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique Groupes lointains C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Sous-groupes Mesures Variétés Espace de Chabauty G groupe topologique C(G) ensemble des sous-groupes fermés Topologie de Chabauty Pour chaque point Γ ∈ C(G) une base de voisinages est donnée par les ensembles de sous-groupes VK,U (Γ) = Γ0 ∈ C(G) Γ ∩ K ⊂ Γ0 · U et Γ0 ∩ K ⊂ Γ · U où K parcourt les parties compactes de G et U parcourt les voisinages du neutre. Sous-groupes Mesures Pourquoi s’intéresser à ces espaces ? Motivations pour étudier la topologie de Chabauty : C(G) est compact : {réseaux} ⊂ C(G) compactifie l’espace des réseaux de G ; l’application x 7→ Stab(x) ⊂ G = Isom(X) permet de compactifier un espace métrique X. C(G) paramètre des espaces naturels : réseau de Rn ↔ tore plat muni d’un repère sous-groupe libre ↔ surface hyperbolique non comde PSL(2; R) pacte munie d’un repère Questions intrigantes : on connait très peu de choses. Variétés Sous-groupes Mesures Cas où on sait décrire C(G) R C(R) ' [0, 1]. Variétés Sous-groupes Mesures Cas où on sait décrire C(G) R C(R) ' [0, 1]. R2 (Hubbard-Pourezza 1979) C(R2 ) ' S4 . Variétés Sous-groupes Mesures Cas où on sait décrire C(G) R C(R) ' [0, 1]. R2 (Hubbard-Pourezza 1979) C(R2 ) ' S4 . Heisenberg3 (Brison-de la Harpe-Kleptsyn 2009) Description de C(Heisenberg3 ) par recollement. On ne sait pas s’il est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Cas où on sait décrire C(G) R C(R) ' [0, 1]. R2 (Hubbard-Pourezza 1979) C(R2 ) ' S4 . Heisenberg3 (Brison-de la Harpe-Kleptsyn 2009) Description de C(Heisenberg3 ) par recollement. On ne sait pas s’il est simplement connexe. R × Z (Haettel 2010) Description par recollement. π1 C(R × Z) est non-dénombrable. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Principal résultat Théorème (K. 2009) C(Rn ) est simplement connexe. Idée de démonstration : stratifier l’espace et utiliser la topologie locale. Zn ? R × Zn−1 ? ··· Rn−1 ×? Z Rn ?? ? Rn−1 ?? ? Zn−1? ?? ?? ··· ··· ··· ?? ?? · · ·? ?? ?? ?? ?? ?? R Z? ?? ?? 0 Sous-groupes Mesures Variétés Perspectives 1 Étudier la topologie de l’espace des sous-groupes libres de type fini de PSL(2; R) (en particulier la simple connexité) ; 2 en déduire des informations sur l’espace des surfaces hyperboliques non-compactes de topologie finie avec un point marqué, pour la convergence de Gromov-Hausdorff pointée ; 3 généraliser aux groupes libres de type quelconque et surfaces hyperboliques non-compactes générales. Sous-groupes Mesures Sommaire 1 Sous-groupes euclidiens 2 Géométrie et dynamique des espaces de Wasserstein 3 Courbure, volume et isopérimétrie Variétés Sous-groupes Mesures Transport optimal X espace métrique, µ0 , µ1 mesures de probabilité sur X (« tas de sables »). Z 2 W2 (µ0 , µ1 ) := inf d(x, y)2 Π(dx dy) Π couplage de µ0 ,µ1 X×X Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Transport optimal X espace métrique, µ0 , µ1 mesures de probabilité sur X (« tas de sables »). Z 2 W2 (µ0 , µ1 ) := inf d(x, y)2 Π(dx dy) Π couplage de µ0 ,µ1 X×X La borne inférieure est atteinte, un couplage la réalisant est appelé un plan de transport optimal. μ0 Π μ1 Sous-groupes Mesures Transport optimal X espace métrique, µ0 , µ1 mesures de probabilité sur X (« tas de sables »). Z 2 W2 (µ0 , µ1 ) := inf d(x, y)2 Π(dx dy) Π couplage de µ0 ,µ1 X×X L’espace de Wasserstein de X est Z 2 d(x0 , y) µ(dy) < ∞ W2 (X) := µ proba sur X X muni de la distance W2 . Variétés Sous-groupes Mesures Questions sur l’espace de Wasserstein En transport optimal classique : existence et unicité du couplage optimal dans des généralisations ; régularité du couplage optimal ; informations sur la géométrie de X ; robustesse de la distance . . . Variétés Sous-groupes Mesures Questions sur l’espace de Wasserstein En transport optimal classique : existence et unicité du couplage optimal dans des généralisations ; régularité du couplage optimal ; informations sur la géométrie de X ; robustesse de la distance . . . Questions de géométrie intrinsèque de W2 (X) : quel groupe d’isométrie ? quels espaces s’y plongent (isométriquement, bi-lipschitz, etc.) ? dans quels espaces se plonge-t-il ? quelle « taille » ? Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Isométries Une isométrie φ de X induit une isométrie φ# de W2 (X) en poussant les mesures : φ# µ(A) = µ(φ−1 (A)). On obtient un morphisme # : Isom(X) ,→ Isom(W2 (X)). Théorème (Bertrand-K.) Si X est un arbre qui n’est pas une droite, ou une variété de Hadamard, alors # est un isomorphisme. Sous-groupes Mesures Variétés Isométries Théorème (K. 2010) Pour X = Rn , # n’est pas surjective ; si n > 1, pour tout µ et toute isométrie Φ de W2 (Rn ) il y a une isométrie φµ de Rn telle que Φ(µ) = φµ# µ ; ceci est faux pour n = 1 : W2 (R) a des isométries « exotiques ». Sous-groupes Mesures Rang On suppose que X est un espace globalement CAT(0). Le rang de X (ou W2 (X)) est la dimension maximale d’un espace euclidien s’y plongeant isométriquement. Proposition W2 (R) et donc W2 (X) contient : des images bi-lipschitz de Rn pour tout n ; des boules euclidiennes de dimension et diamètres arbitraires. Variétés Sous-groupes Mesures Rang On suppose que X est un espace globalement CAT(0). Le rang de X (ou W2 (X)) est la dimension maximale d’un espace euclidien s’y plongeant isométriquement. Proposition W2 (R) et donc W2 (X) contient : des images bi-lipschitz de Rn pour tout n ; des boules euclidiennes de dimension et diamètres arbitraires. Théorème (Bertrand-K. à paraître) Si X a la propriété de visibilité (p.ex. CAT(−1)) alors W2 (X) est de rang 1. Idée de démonstration : on construit un bord à W2 (X), et on montre qu’il ne contient pas le bord de R2 . Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Systèmes dynamiques expansifs On considère les autorevêtements du cercle ×n : x 7→ nx mod 1, n∈N et leur action sur les mesures de probabilité. Point fixe commun : la mesure de Lebesgue λ. Conjecture de Furstenberg : aucune autre mesure sans atome n’est invariante par ×2 et ×3. L’espace de Wasserstein fournit une structure différentielle qui permet de définir Dλ (×n# ). Sous-groupes Mesures Systèmes dynamiques expansifs Théorème (K. 2012) Calcul de Dλ (×n# ) et de son spectre. Il y a des vecteurs tangents à W2 (S1 ) en λ simultanément invariants par les Dλ (×n# ). Ainsi il n’y a pas d’obstruction d’ordre 1 à la déformation de λ parmi les mesures invariantes simultanément par les ×n. Variétés Sous-groupes Mesures Quelques questions ouvertes 1 Existe-t-il des espaces X, Y non isométriques tels que W2 (X) ' W2 (Y ) ? 2 Si X est CAT(0), le rang de W2 (X) est-il toujours égal à celui de X ? 3 Quel est le module de continuité du formalisme thermodynamique ? 4 Peut-on appliquer les méthodes utilisées pour ×n à des sytèmes dynamiques hyperboliques plus généraux ? 5 Peut-on utiliser le calcul différentiel dans W2 pour contredire la conjecture de Furstenberg ? Variétés Sous-groupes Mesures Sommaire 1 Sous-groupes euclidiens 2 Géométrie et dynamique des espaces de Wasserstein 3 Courbure, volume et isopérimétrie Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Inégalités de Bishop et de Günther M une variété riemannienne, Nκn le modèle à courbure constante κ. Théorème (Bishop) Si Ric > κ(n − 1)g alors pour tout x ∈ M et tout r 6 inj(x) on a Vol(B(x, r)) 6 Vol(Bκ (r)). Théorème (Günther) Si K 6 κ alors pour tout x ∈ M et tout r 6 inj(x) on a Vol(B(x, r)) > Vol(Bκ (r)). Sous-groupes Mesures Plan hyperbolique complexe Dans CH2 , les courbures sectionnelles sont −1, −1 et −4 donc Z r sinh(2t) π 2 4r Vol(B(r)) = 2π 2 sinh2 (t) dt ∼ e 2 32 0 mais les inégalités de Bishop et Günther donnent seulement e3 √ 2r & Vol(B(r)) & e3r . p p p Le taux de croissance est 4 = −(−1) + −(−1) + −(−4), on introduit donc p √ Ric(0, u) = Tr −R(u, ·, u, ·). Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Courbure de Ricci radicielle Si K 6 ρ, on note plus généralement p √ Ric(ρ, u) = Tr ρ − R(u, ·, u, ·). Théorème (K.-Kuperberg) √ √ Si K 6 ρ et Ric(ρ, u) > (n − 1) ρ − κ, alors pour tout x et π tout r 6 min inj(x), 2√ ρ Vol(B(x, r)) > Vol(Bκ (r)). l’hypothèse de courbure est plus faible que K 6 κ ; le résultat est asymptotiquement optimal pour CHm , HHm , OH2 ; on a une conclusion plus forte, sur la dérivée logarithmique du jacobien de l’exponentielle ; applications en courbure négative ou nulle : bas du spectre, inégalités isopérimétriques linéaires. Sous-groupes Mesures Variétés Inégalités isopérimétriques classiques Bκn (V ) la boule de volume V dans Nκn . M une variété à bord de volume VM et de volume de bord AM . Inégalité isopérimétrique dans Nκn Si M est un domaine de Nκn , alors AM > Vol(∂Bκn (VM )). Plus κ est petit, plus cette inégalité est contraignante. Problème isopérimétrique de Weil Si M est un domaine d’une variété simplement connexe N vérifiant K 6 κ 6 0, a-t-on AM > Vol(∂Bκn (VM )) ? Sous-groupes Mesures Cas connus n = 2, κ = 0 (Weil 1926) ; n = 2, κ 6 0 (notamment Aubin 1976) ; n = 4, κ = 0 (Croke 1984) ; n = 3, κ 6 0 (Kleiner 1992) ; résultats pour les domaines très petits (Johnson-Morgan 2000, Druet 2002). Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Principaux résultats On suppose n = 2 ou 4. Théorème (K.-Kuperberg) Soient κ > 0, M une variété à bord uniquement géodésique avec K 6 κ. Si VM 6 κ−n/2 ωn /2, alors AM > Vol (∂Bκn (VM )) . Théorème (K.-Kuperberg) Soient κ < 0, M un domaine dans une variété simplement connexe N avec K 6 κ. Si n = 4, on suppose de plus que pour des fonctions explicites f, g 6 1, 1 f (diam M )g(VM ) 6 . 2 Alors AM > Vol (∂Bκn (VM )) . Sous-groupes Mesures Variétés Remarques La démonstration utilise la méthode de Croke et la dualité en optimisation linéaire ; les hypothèses √ peuvent être affaiblies, notamment en faisant intervenir Ric ; le seul cas d’égalité est M = Bκn (VM ) ; pour n = 2, κ = 0 on obtient une inégalité ponctuelle impliquant le théorème de Weil par intégration. Sous-groupes Mesures Variétés Le problème du Petit Prince Comment maximiser la gravité ressentie étant donné le volume de la planète et sous la contrainte K 6 0 ? p νp G M Sous-groupes Mesures Le théorème du Petit Prince M un domaine dans une surface N simplement connexe à courbure négative. Champ « de gravitation » issu de x noté Gx défini par : Gx est radial rentrant ; div Gx = −δx . B le disque euclidien de même volume que M . Théorème (K.-Kuperberg) Pour tous points p ∈ ∂M et q ∈ ∂B on a Z Z Gx · νp dx 6 Gy · νq dy M B Variétés Sous-groupes Mesures Variétés Perspectives 1 Lohkamp : toute variété de dimension > 3 admet une métrique avec Ric < 0 ; peut-on montrer qu’un tore n’a pas de métrique avec K 1, Ric −1 et diam 1 ? 2 Donner des inégalités asymptotiques de la forme β2 AM > a1 VM + aβ2 VM + ... pour les grands domaines d’une variété vérifiant K 6 κ < 0. 3 Étudier l’inégalité isopérimétrique de CH2 . Sous-groupes Mesures Variétés Autres directions Projets en cours : Avec François Durand, Fabien Mathieu et Ludovic Noirie : géométrie de l’espace des utilités pour des systèmes de vote ; Avec Rafe Mazzeo : géométrie asymptotique des surfaces minimales de H2 × R.