ALGÈBRE ET GÉOMÉTRIE - FEUILLE D’EXERCICES 1 DANIELE FAENZI Exercice 1 (Théorèmes d’isomorphisme). Soient H, K, G des groupes. (1) Si on a H G et K ≤ G, montrer que H ∩ K est distingué dans K et que : K/(K ∩ H) = HK/H. (2) Si en plus on a K G, montrer H K et K/H G/H. Montrer aussi : G/H ∼ = G/K. K/H Exercice 2. Soit H un sous-groupe d’un groupe G. (1) Démontrer que : H NG (H) ≤ G, H ≤ H G G, et que : H G = H ⇐⇒ NG (H) = G ⇐⇒ H G. (2) Démontrer que tout quotient abélien de G est quotient de G/D(G). Exercice 3. Soient H et K sous-groupes d’un groupe G. (1) Est-ce que K H G implique K G ? (Indication : considérer le groupe engendré par (12)(34) et (13)(24) dans le groupe alterné A4 ). (2) Est-ce que H G implique K G si K est caractéristique dans H (c’est à dire, stable pour tout automorphisme de H) ? (3) Est-ce que, si tout sous-groupe de G est distingué, alors G est forcément abélien ? Exercice 4. Soit GL(2, R) le groupe des matrices (2, 2) inversibles à coefficients réels. 1 p (1) Montrer que H := , p ∈ Z, est un sous-groupe abélien. 0 1 (2) Montrer qu’il est monogène. Est-il normal ? 0 −1 0 1 (3) Soient A := et B := deux matrices. 1 1 −1 0 (a) Montrer que A et B appartiennent à GL(2, Z), calculer leur ordre et montrer que H est contenu dans hA, Bi. (b) Que pensez-vous des assertions suivantes ? – “un groupe engendré par des éléments d’ordre fini est fini.” Date: 21 février 2009. 1 2 DANIELE FAENZI – “tous les éléments d’un groupe engendré par des éléments d’ordre fini sont d’ordre fini.” (c) Le groupe engendré par A et B est-il abélien ? (d) Calculer l’intersection du groupe cyclique engendré par A et du groupe cyclique engendré par B. Exercice 5 (Groupes d’ordre pn ). Soit G un groupe d’ordre pn , avec p premier et n > 0. (1) Montrer que le centre de G n’est pas trivial. (Indication : faire agir G par conjugaison sur lui-même). (2) En déduire que, pour tout 0 < m < n, il existe un sous-groupe distingué de G d’ordre pm . (Indication : traiter d’abord le cas G abélien.) Exercice 6 (Groupes d’ordre p2 ). Soit Z = ZG (G) le centre d’un groupe G. (1) Montrer que, si G/Z est cyclique, alors G est abélien. (2) Déduire que, pour tout nombre premier p, il existe exactement deux groupes d’ordre p2 non isomorphes : Z/pZ × Z/pZ, et Z/p2 Z. Exercice 7 (Sous-groupes de plus petit indice). Soit G un groupe fini, et soit |G| = pr11 · · · prmm , une décomposition en facteurs premiers de l’ordre de G, avec p1 < · · · < pm . (1) Démontrer que si H est un sous-groupe de G d’indice p1 , alors H est distingué dans G. (Indication : faire agir H sur G/H). (2) Montrer avec un exemple que l’énoncé au point (1) n’est plus vrai si on enlève l’hypothèse p1 < · · · < pm . Exercice 8 (Sous-groupes distingués de plus petit ordre). Avec les notations de l’exercice 7, démontrer que si H G et |H| = p1 , alors H est central, i.e. H ⊂ ZG (G). (Indication : faire opérer G sur H par conjugaison). Corrigé 5. On note par Z le centre du groupe G. Il s’agit d’un sous-groupe de G donc l’ordre de Z divise l’ordre de G, et vu que p est un nombre premier, on a |Z| = pm avec m ≤ n. On fait opérer G sur G par conjugaison. Le stabilisateur d’un élément x ∈ G est donc le centralisateur de x dans G. Stabx (G) = {g ∈ G | gxg −1 = x} = ZG (x). Un élément x de G est donc dans le centre si et seulement si son centralisateur coïncide avec G tout entier. Autrement dit, x ∈ Z si et seulement si Stabx (G) = G, ce qui est équivalent à (G : Stabx (G)) = 1. Vu que le cardinal de l’orbite ω(x) est égale à (G : Stabx (G)), un a que : x ∈ Z ⇐⇒ ω(x) = 1. Maintenant on utilise la partition de G donnée par les orbites (les classes de conjugaison) : ◦ [ G= ω(xi ). i∈I ALGÈBRE ET GÉOMÉTRIE - FEUILLE D’EXERCICES 1 3 On divise l’ensemble des indices I en deux parties : les i tels que xi est dans le centre (on note l’ensemble de ces indices par I1 ), et les i tels que xi n’est pas dans le centre (on note alors i ∈ I2 ). on a donc : G= ◦ [ ◦ [ ω(xi ) ∪ i∈I1 ω(xi ), i∈I2 ce qui implique : |G| = X |ω(xi )| + i∈I X |ω(xi )|, i∈I 1 2 P On sait que |ω(xi )| = 1 si et seulement si i ∈ I1 . Le cardinal de i∈I1 |ω(xi )| est donc |I1 |, qui à sont tour est égale au cardinal de Z. Par contre, si i ∈ I2 , alors |ω(xi )| = (G : Stabxi (G)) = p`i avec 1 ≤ `i ≤ n, car en tout cas l’indice d’un sous-groupe divise l’ordre de G. On en obtient : X |G| = |Z| + p`i , i∈I2 où les `i satisfont 1 ≤ `i ≤ n. En réduisant l’équation Pci-dessus modulo p, on obtient zéro à gauche, et aussi zéro pour le terme i∈I2 p`i car tous les `i sont plus grands que zéro. Donc : |Z| ≡ 0 mod p. Mais l’élément neutre e appartient à Z donc |Z| ≥ 1, ce qui entraîne |Z| = pm avec m ≥ 1. En particulier Z n’est pas trivial, ce qui achève la démonstration de (1). Pour (2), on suppose que le groupe G ne soit pas abélien (le cas des groupes abéliens est facile à traiter grâce au théorème de structure des groupe abéliens de type fini). On sait donc que le centre Z de G est un sous-groupe propre de G (car Z 6= {e} par le point précédant et Z 6= G car G n’est pas abélien). Remarquons que π : G → G/H est un morphisme de groupes surjectif. On sait alors que |Z| = p` et |G/Z| = pm avec `, m < n. Par récurrence (sur n), 0 on peut supposer que l’énoncé soit vrai pour tout p-groupe d’ordre pn avec n0 < n, en particulier pour Z et G/Z. Maintenant, étant donné un entier 0 < r < n, on cherche un sous-groupe de G d’ordre pr . On étudie deux cas : a) r ≤ `. b) r > `, Dans le premier cas, il suffit de trouver un sous-groupe de Z d’ordre pr (pourquoi un tel sous-groupe serait-il distingué ?). Mais ceci est vrai par l’hypothèse de récurrence. Dans le second cas, on considère un sous-groupe distingué K de G/H d’ordre pr−` , ce qui est possible grâce à l’hypothèse de récurrence. L’ensemble π −1 (K) est alors un sous-groupe distingué dans G (démontrez-le) et son ordre est précisément p` (pourquoi ?). On a donc terminé. Corrigé 6. Rappelons que Z est distingué dans G donc G/Z est un groupe. (1) Dire que Z/G est cyclique revient à dire qu’il existe x dans G tel que la classe x = xZ engendre tout G/Z, c’est à dire que tous les éléments de G/Z sont de la forme xn = xn Z. 4 DANIELE FAENZI Alors si on prend deux éléments y1 et y2 dans G, on peut dire que y1 Z = x`1 Z et y2 Z = x`2 Z, avec `i ∈ Z. Donc yi = x`i zi avec zi ∈ Z. On en déduit : y1 y2 = . . . , y 2 y1 = . . . (2) Déjà les deux groupes en question Z/pZ × Z/pZ et Z/p2 Z ne sont pas isomorphes (pourquoi ?). Pour démontrer le réciproque, on considère un groupe G d’ordre p2 . Son centre Z n’est pas trivial (pourquoi ?). Donc il est d’ordre p ou d’ordre p2 . Dans le second cas on a Z = G donc G est abélien, et le théorème de classification des groupes abéliens donne le résultat (n’est pas ?) D’ailleurs, si |Z| = p alors G/Z est cyclique (pour quelle raison ?). Donc de nouveau G est abélien (par le point précédant) on a le résultat. Corrigé 7. Le contre-exemple demandé au point (2) peut s’obtenir facilement en regardant des sous-groupes de S3 - quel est ce contre-exemple ? On passe donc au point (1). On considère alors un sous-groupe H d’indice p1 , l’ensemble X = G/H des classes à gauche, on remarque que |X| = p1 et on définit une opération de H (par restriction de l’opération de G) sur X par : h.xH = hxH, pour tout h ∈ H ⊂ G, x ∈ G. Le stabilisateur StabG (xH) est : StabG (xH) = {g ∈ G | gxH = xH} = = {g ∈ G | x−1 gxH = H} = = {g ∈ G | x−1 gx ∈ H} = = {g ∈ G | g ∈ xHx−1 } = xHx−1 , ce qui implique : StabH (xH) = H ∩ xHx−1 . Donc on peut dire que x normalise H si et seulement si H ∩ ∩xHx−1 = H, c’est-à-dire si et seulement si StabH (xH) = H. Cela est donc équivalent à |ω(xH)| = 1. Or H est distingué dans G précisément quand tout x de G normalise H, c’est à dire que H G équivaut que toutes les H-orbites dans X aient cardinal 1. Remarquons le cardinal de n’importe quelle orbite doit diviser |G|, donc ce cardinal doit être ps11 · · · psmm , avec si ≤ ri pour tout i. Mais, vu que p1 < pi pour i ≥ 2, ce nombre est plus grand que p1 sauf si s1 = 1 et si = 0 pour i ≥ 2 ou si si = 1 pour tout i. Vu que la somme des cardinaux des orbites est égale à |X| = p1 , on a donc seulement deux possibilités : a) On a p1 orbites de cardinal 1, b) on a une seule orbite, et elle a cardinal p1 . Le cas (a) correspond à ce qu’on veut démontrer, donc il s’agit d’exclure le cas (b). Mais ceci est évident : il existe au moins une orbite de cardinal 1 (celle de l’élément neutre), donc la démonstration est terminée. ALGÈBRE ET GÉOMÉTRIE - FEUILLE D’EXERCICES 1 5 Corrigé 8. On fait opérer G sur H par : g.h = ghg −1 , pour tout g ∈ G, h ∈ H. On sait que ghg −1 appartient à H puisque H est distingué dans G. Si on analyse l’orbite ω(h) par l’opération de G d’un élément h. ω(h) = {ghg −1 | g ∈ G}. Donc on peut dire que |ω(h)| = 1 (c’est-à-dire ω(h) = {h}) si et seulement si ghg −1 = h, pour tout g ∈ G. Or ceci est équivalent à dire que h est dans le centre de G. On considère maintenant la partition de H en G-orbites. On en obtient : X p1 = |ω(hj )|, j∈I et vu que chaque |ω(h)| doit être de la forme ps11 · · · psmm , avec si ≤ ri pour tout i, comme p1 et le plus petit des nombre premiers pi , on en obtient deux possibilités : a) soit il existent p1 orbites de cardinal 1, b) soit une seule orbite existe, et elle a cardinal p1 . Remarquons que, si (a) se vérifie, on a terminé car si toutes les orbites ont cardinal 1, ça veut dire que tous les éléments h de H sont dans le centre de G, ce qu’il fallait démontrer. Il suffit donc de prouver que (b) n’a pas lieu. Mais cela est facile à montrer, car l’orbite de l’élément neutre a cardinal 1. E-mail address: [email protected] Université de Pau et des Pays de l’Adour, L.M.A., I.P.R.A. Avenue de l’université BP 1155, 64013 PAU Cedex, Téléphone : +33(0)5 59 40 75 15, Télécopie : +33(0)5 59 40 70 01