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Les sols et l'agriculture, Gérard Millette Ph.D.
Chapitre 70
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DIGESTION
La digestion comporte plusieurs procédés rattachés à
des étapes. Il y a le broyage des aliments, leur transit dans le
système digestif, l’humidification, les sécrétions digestives qui
apportent des enzymes et des microorganismes spécialisés,
puis le rejet des déchets accumulés. Les processus de la di-
gestion des êtres vivants varient en fonction des espèces. Par
exemple, les ruminants qui ont un estomac à quatre compar-
timents digèrent différemment des porcs, des lapins et des
humains qui n’en ont qu’un seul, ou des volailles qui en ont
deux. Par contre, le but de la digestion est le même pour tous,
soit transformer les aliments ingurgités en substances chi-
miques carbonées simples qui peuvent passer dans le sang
pour nourrir l’ensemble de l’organisme.
• Les ruminants
Les ruminants utilisent leur cavité buccale (la bouche) à
deux reprises pour digérer. L’herbe broutée, par exemple, est
mélangée à la salive et mastiquée rapidement une première
fois, puis envoyée dans la panse ou rumen, le premier com-
partiment de l’estomac. Cette première ingurgitation apporte
de l’azote aux microorganismes du rumen. Les aliments dans
la panse subissent une dégradation importante. Les lipides
(gras) et les glucides (sucres) y subissent une transformation.
Ceci produit beaucoup de gaz CO2et de méthane (CH4) rejeté
par la bouche dans l’atmosphère. Les protéines y sont partiel-
lement décomposées, produisant du gaz d’ammoniac (NH3)
évacué par la bouche et de l’urée (CO(NH2)2) rejetée dans
l’urine. Après environ 30 minutes, les aliments du rumen sont
régurgités dans la bouche, remâchés avec beaucoup de salive
et retournés dans le second compartiment de l’estomac, ap-
pelé le réseau. La vache peut produire jusqu’à 150 litres de sa-
live par jour pour ruminer ses aliments. Ceux-ci ne peuvent
pénétrer dans le compartiment du réseau que s’ils sont broyés
finement. Ils passent ensuite au troisième compartiment ap-
pelé feuillet. La dernière étape de la digestion s’engage. Elle
assèche le mélange alimentaire, qui est encore très liquide, et
récupère ainsi une bonne partie de la salive utilisée en grande
quantité durant la rumination. Le bol alimentaire passe enfin
dans le quatrième compartiment appelé caillette. Ce milieu
est acide et les protéines y sont digérées complètement.
• Les porcins
Chez le porc, qui est omnivore comme les humains, l’es-
tomac n’a qu’un seul compartiment. L’estomac se vide lente-
ment. Les aliments passent par petites quantités dans
l’intestin grêle. La décomposition des amidons commence
dans l’estomac environ trois heures après l’ingurgitation. Les
protéines sont hydrolysées, puis passent dans l’intestin grêle
où s’effectue la majeure partie de la digestion. Elles y sont
transformées en nutriments simplifiés chimiquement comme
les sucres, les acides aminés, le glycérol et les acides gras que
le système absorbe. Dans le gros intestin, l’eau est résorbée et
les matières fécales sont putréfiées avant d’être rejetées avec
une quantité importante de liquide.
• Les lapins
Le lapin a un système digestif particulier. Comme les in-
sectes qui vivent des déjections fécales, il consomme une se-
conde fois la partie liquide de ses excréments en léchant son
anus sans toucher aux crottes solides qu’il rejette. Les aliments
sont rapidement acidifiés dans l’estomac, ce qui dégrade les
sucres. Tout le reste, plus les excréments liquides consommés
une seconde fois, est digéré dans l’intestin où tout est déshy-
draté, puis sort sous forme de crottes solides.
• La poule
La poule, qui n’a pas de dents, envoie ses aliments en
premier dans le jabot, le premier compartiment de son esto-
mac. Il faut entre une heure trente et dix huit heures pour ex-
pédier les aliments reçus dans le second compartiment
appelé gésier. Celui-ci est un muscle très puissant et contient
même des petits cailloux qui écrasent les grains. Il contient
les enzymes requises pour digérer les amidons, les protéines,
etc. Les volailles nourries exclusivement avec des moulées de
farine ont donc besoin de petits cailloux dans la nourriture.
Ceci augmente la digestion des céréales d’environ 10 %.
Les lipides et les glucines contenues dans la panse des ruminants produisent beau-
coup de CO2et de méthane, qui sont rejetés par la respiration dans l’atmosphère.
Figure 70.2