Sujet (objectif, démarche et technique, collaboration(s),...) :
Les infections ostéo-articulaires (IOA) sont des pathologies graves, grevées d’une morbidité élevée
(séquelles, récidives), et nécessitent de ce fait une prise en charge médico-chirurgicale longue et
coûteuse (50 000 à 150 000 euros par épisode). Elles représentent un enjeu majeur de santé publique et
ont motivé la création en 2008 de 8 centres inter-régionaux de référence pour la prise en charge des
IOA complexes (CRIOAc), répondant à la nécessité de faciliter la recherche clinique et fondamentale
dans ce domaine, afin d’améliorer la qualité de prise en charge des patients concernés. Le CRIOAc
Rhône-Alpes Auvergne est basé aux Hospices Civils de Lyon et est le lieu d’échanges intenses entre
infectiologues, chirurgiens orthopédistes et bactériologistes.
Les staphylocoques représentent la première cause d’IOA. Du fait de leurs nombreux facteurs de
virulence et de leur possibilité d’acquisition de nombreux mécanismes de résistance aux antibiotiques,
ils sont responsables d’infections particulièrement difficiles à traiter, engendrant un taux élevé de
chronicisation et de rechutes, évalué à près de 20% des patients, mais pouvant atteindre 80% dans les
cas les plus complexes, et ce malgré une prise en charge chirurgicale presque systématique et une
antibiothérapie prolongée de 6 semaines à plus de 6 mois. Les IOA staphylococciques sont associées à
un taux de mortalité de près de 5% et engendrent des séquelles impactant la qualité de vie des patients
dans près de 40% des cas. Dans ce contexte, il parait essentiel de mieux comprendre la physiopathologie
des IOA à staphylocoques et d’améliorer le traitement antibiotique de ces infections.
La formation de biofilm et l’internalisation des staphylocoques dans les cellules osseuses sont deux des
principaux facteurs de persistance bactériens responsables des échecs de traitements. En effet, ces deux
mécanismes conduisent à une diminution drastique de l’effet des antibiotiques sur les bactéries et à la
persistance des bactéries même si elles sont sensibles in vitro au traitement. Les bactéries se trouvant
au sein des ostéoblastes ou du biofilm peuvent persister malgré un traitement antibiotique bien conduit
et entrainer une rechute de l’infection après l’arrêt du traitement.
Le projet proposé en master 2 sera d’étudier l’efficacité in vitro des principaux antibiotiques anti-
staphylococciques, seuls ou en association, sur le biofilm et les bactéries intracellulaires. L’effet
d’alcalinisants du lysosome sera également évalué. En effet, une partie des staphylocoques
intracellulaires se trouvent dans le phagolysosome. Or, certains antibiotiques voient leur activité
diminuée par le pH acide du lysosome, d’où l’hypothèse qu’un agent alcalinisant du lysosome associé à
ces antibiotiques pourrait rétablir leur activité dans ce compartiment intracellulaire. L’ensemble de ces
données permettra de mieux comprendre et d’améliorer la prise en charge thérapeutique des IOA.
Les techniques employées couvrent de nombreuses disciplines :
*Bactériologie : ensemencement, décongélation, dénombrement bactérien,
antibiogramme, mesure de formation de biofilm (Cristal Violet - Biofilm Ring Test ®),
*Culture cellulaire : entretien de lignées cellulaires (lignée osteoblaste-like MG-63),
culture de précurseurs de moelle osseuse issue de souris ou de cellules primaires, infection de cellules
par des bactéries, mesure de la cytotoxicité (dosage de la lactate déshydrogénase, méthode du MTT),
mesure de la persistance bactérienne intracellulaire
*Statistiques
La présence du Centre National de Référence des Staphylocoques et du CRIOAc Rhône-Alpes à Lyon
garantit l’accès à une large collection de souches de staphylocoques de référence et de souches isolées
d’IOA ainsi que des compétences dans la prise en charge des IOA complexes.