Comme pressentie, l’organisation commune s’avère
très difficile, le travail entre chirurgie et médecine
étant très différent tant dans l’organisation que dans la
prise en charge des patients. Quel est le point commun
entre une éducation diabétique et un retour de bloc de
chirurgie viscérale ? Dans les faits, la polyvalence de-
mandée par cette restructuration s’apparente davanta-
ge à un grand écart.
On se rend compte qu’à travers cette mutualisation, le
personnel se retrouve « mutualisé » dans une grande
souffrance. De nouvelles disciplines sont imposées aux
soignants. Quant à la charge de travail, elle se révèle
insupportable. On se retrouve avec une aile d’hospitali-
sation de semaine (avec les 3 spécialités) sont re-
groupés géographiquement tous les patients les moins
« lourds » (en termes de soins et de pathologies).
Quant aux patients les plus « lourds », ils se retrouvent
concentrés dans l’aile d’hospitalisation traditionnelle
laissant une charge de travail importante. Antérieure-
ment, chacun des services assurait indifféremment
l’hospitalisation traditionnelle et de semaine équili-
brant ainsi la charge de travail. A la demande des mé-
decins et chirurgiens et pour une meilleure organisa-
tion des soins, une sectorisation par spécialité a été
créée. Mais, au final, elle n’est pas respectée car elle
dépend de l’activité de chacune d’elles. On assiste donc
à un « mélange » des 3 disciplines au sein d’un même
secteur imposant une polyvalence permanente.
Chaque équipe médicale organisant sa propre visite, la
planification des soins est constamment perturbée. Ce
dysfonctionnement demande une adaptabilité à toute
épreuve, majore le stress et génère un sentiment d’in-
sécurité au travail au regard des responsabilités.
Le bruit environnant est quasi-permanent au sein des
unités de soin (surtout l’hospitalisation traditionnelle)
avec des va-et-vient du personnel médical, des soi-
gnants et des différents intervenants. Comment peut-
on, dans ces conditions, garder toute la concentration
nécessaire à la prise en charge du patient ? La pression
et la fatigue sont ainsi permanentes pour les soignants
avec les répercussions qu’on imagine pour les patients.
Enfin, sur le plan de la « circulation », les chariots et
autres matériels encombrent les couloirs, nuisent faute
de place, à la sécurité des lieux, des personnels et des
patients. En effet, lorsque l’on regroupe 3 disciplines,
le matériel inhérent à chacune d’elles s’en retrouve
multiplié.
H5 : la mutualisation de tous les dangers
L’instant du Soignant
Lettre d’information de la CNI de Poitiers / Décembre 2012
NON à la mutualisation
OUI à l’éducation thérapeutique
« J’ai beaucoup de mal à me concentrer
car on est dans un bruit permanant avec
tous ces va-et-vient. On est sollicité fré-
quemment par les différents médecins et
chirurgiens. »
« J’ai toujours fait de la chirurgie, et
c’est ce que j’aime faire, comment vais-je
m’adapter à la médecine ? En plus, j’ai
pas demandé à rester, on m’impose ce
changement ! »
« L’instant du Soignant » Lettre d’information de la CNI de Poitiers / Décembre 2012
Que devient le soignant ?
Un travail parasité
qui nuit à la concentration
« J’ai la sensation de venir travailler à l’u-
sine et de m’occuper des patients à la
chaîne sans une réelle bonne prise en
charge. Il faut toujours se dépêcher et
effectuer les soins à la hâte.»
La non-maîtrise des soins et des connaissances concer-
nant les 3 spécialités expose le personnel à des diffi-
cultés d’exercice et le patient à une prise en charge
défectueuse. Comment peut-on éduquer un diabétique
lorsqu’on ne connaît pas soi- même spécifiquement les
tenants et les aboutissants de cette pathologie ? Les
défauts de prise en charge, les erreurs ou les oublis
sont réels et inévitables compte tenu des circonstan-
ces. L’éducation thérapeutique en subit clairement les
conséquences. Le suivi du diabétique au CHU de Poi-
tiers n’est plus assuré avec sécurité.
Indépendamment de la prise en charge désastreuse du
patient, l’insécurité se reporte sur le personnel qui n’a
plus les moyens d’assumer sa responsabilité. Les soi-
gnants travaillent avec la peur au ventre, peur de com-
mettre l’erreur de trop et de devoir faire face à l’irré-
parable. Comment garder sa motivation dans de telles
conditions ? Le patient et la patience ont leurs limites...
L’encadrement a bien constaté de réelles difficultés de
fonctionnement ainsi qu’une importante charge de
travail. Le manque d’expérience légitime dans certai-
nes disciplines, le défaut d’organisation transitoire ou
encore le temps d’adaptation ne sont plus des argu-
ments recevables car cette expérimentation est en pla-
ce depuis déjà 6 mois.
Du fait d’un turn-over important, l’équipe, fraîchement
en place est obligée de former les nouvelles recrues
sans avoir, elle-même, l’expérience adéquate. Cette
équipe est donc devenue une simple association de
soignants anonymes. Les groupes de parole n’y feront
rien. A ce stade, parler de la souffrance ne résout pas
la souffrance. La prévention n’a plus sa place car le mal
est installé. Le seul traitement est à présent curatif et
le remède, tout le monde le connaît.
H5 : la mutualisation de tous les dangers
Qu’en est-il de la qualité de prise
en charge des patients ?
Conditions de vie au travail
ou bien conditions de survie ?
« Je vis mal cette situation, je suis
dans un stress. Je viens travailler à
reculons. »
« Lors de ma notation annuelle, ma cadre
m’annonce ¼ de point supplémentaire en
récompense. Une maigre reconnaissance
quand on pense que ce quart de point re-
présente seulement 30 euros pour cette
galère ! »
Où est passée la reconnaissance ?
Le résultat est sans appel. L’association médecine-
chirurgie ne fonctionne pas. L’endocrinologie, la bête
noire, est pointée du doigt. La difficulté pour éduquer
les patients diabétiques se fait ressentir par manque
d’expérience de la part de l’équipe en place ainsi que
pour effectuer les tests sanguins qui s’avèrent très
complexes. Les professionnels rodés à l’exercice ont
quitté pour la plupart le navire. Comment retrouver le
niveau d’expertise antérieure après cette fuite de com-
pétence ? La polyvalence n’a-t-elle tout simplement
pas atteint ses limites ?
H5 : la mutualisation de tous les dangers
« Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir as-
sisté aux cours médicaux et infirmiers,
mais ce n’est que théorique, je me rends
compte que sur le terrain c’est bien diffé-
rent. Les patients diabétiques en connais-
sent plus que moi, comment je peux être
crédible
La fuite des compétences…
Une issue inéluctable
« L’instant du Soignant » Lettre d’information de la CNI de Poitiers / Décembre 2012
« Je ne maîtrise pas l’endocrinologie, j’ai
toujours peur de faire des erreurs, des
oublis, je suis dans le stress permanent,
en plus j’ai le sentiment de ne pas faire
du bon travail, d’être dans l’insécuriet
de perdre confiance en moi. »
En 2013, à qui laisserez-vous le soin
de défendre vos intérêts ?
Le 13 décembre 2012,
Votez CNI !
NON à la mutualisation
Qui mieux qu’un soignant peut comprendre et défendre un autre soignant ?
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