Démystifier les
médicaments
biosimilaires Guide à l’intention
des rédacteurs
scientifiques
A v a n t - p r o p o s
Quand on pense que nos ancêtres se servaient d’organismes vivants pour fabriquer leur
pain, leur bière, leur vin et leur fromage, on peut dire que la « biotechnologie », d’une
certaine façon, remonte aussi loin que l’histoire de l’humanité. Nombre d’années plus tard,
la médecine biologique – qui permet aujourd’hui de traiter de nombreuses maladies
graves – a également su tirer profit des organismes vivants.
Ce n’est qu’au début du 20esiècle que le terme « biotechnologie » a été utilisé pour la
première fois. D’abord destinée à améliorer la production de denrées alimentaires, la
biotechnologie a étendu son champ d’application au domaine médical dans les années
1940, avec l’avènement de la pénicilline, issue d’un procédé de fermentation profonde.
Tout comme la pénicilline a permis de sauver un nombre incalculable de vies il y a plus
d’un demi-siècle, les médicaments biologiques d’aujourd’hui revêtent une importance
fondamentale pour les patients atteints de graves maladies. Les scientifiques et
ingénieurs qui œuvrent dans ce domaine des plus stimulants s’efforcent d’exploiter le
processus naturel des cellules, des virus et d’autres micro-organismes vivants en vue de
modifier leur patrimoine génétique et d’en tirer des résultats précis.
Lorsque viennent à échéance les brevets qui protègent les médicaments biologiques, de
nouveaux fabricants peuvent concevoir leurs propres versions des produits biologiques
d’origine et les mettre sur le marché. On donne à ces produits le nom de biosimilaires (ou
produits biologiques ultérieurs). Des médicaments génériques font leur apparition après
l’expiration du brevet des médicaments à petites molécules (synthétiques); il faut
cependant savoir que les biosimilaires ne sont pas des copies exactes de produits
d’origine et ne peuvent donc être considérés comme des produits biologiques génériques.
Les médicaments biologiques sont fabriqués à partir de cellules vivantes. Comme pour le
vin ou le pain, les conditions dans lesquelles ils sont fabriqués peuvent modifier
considérablement les caractéristiques des produits finis qui seront administrés aux
patients. Les biosimilaires n’étant pas identiques aux produits biologiques d’origine, ils ne
doivent pas être considérés interchangeables avec ces derniers. Le médecin qui a la
responsabilité d’établir un schéma thérapeutique approprié pour ses patients est la
personne la mieux placée pour choisir le produit qui convient le mieux à chacun d’eux.
Le présent guide vise à « démystifier les médicaments biosimilaires ». Nous espérons
faire profiter le lecteur de données les plus récentes possible sur cette spécialité de
l’avenir qu’est la médecine biologique, de même que sur le rôle confié à son dernier-né :
le biosimilaire.
BIOTECanada
Table des matières Démystifier les médicaments biosimilaires
Lavènement des médicaments biologiques 1
Les médicaments biologiques diffèrent des médicaments synthétiques 1
La production des médicaments biologiques est plus complexe 2
Entrée des biosimilaires sur le marché 2
Les biosimilaires ne sont pas des « produits biologiques génériques » 3
La substitution peut être préjudiciable pour les patients 3
La pharmacovigilance et la traçabilité 3
Fabrication des biosimilaires et approvisionnement 4
Le choix du patient et du médecin 4
Conclusion 4
Guide de référence rapide 5
Questions et réponses 6
Ce que les patients doivent savoir au sujet des médicaments biologiques 6
Ce que les patients doivent savoir au sujet des biosimilaires 7
Glossaire et liste des acronymes 9
Ressources 10
Références 11
1
L’avènement des médicaments biologiques
Les progrès révolutionnaires réalisés dans le domaine de la
biotechnologie ont donné naissance à une nouvelle classe de
médicaments dits biologiques. La fabrication de ces produits fait
appel à des cellules vivantes que l’on utilise pour synthétiser des
protéines qui serviront à traiter une maladie donnée. L’insuline est
un exemple de médicament biologique. Avant 1982, l’insuline
utilisée dans le traitement des personnes diabétiques était extraite
du pancréas de vaches ou de porcs, puis purifiée. Par la suite,
les scientifiques ont découvert comment modifier les cellules en
laboratoire de façon qu’elles expriment de l’insuline, ce qui a
mené à la fabrication d’insuline à l’aide de cette méthode1.
Depuis une trentaine d’années, les médicaments biologiques
offrent des options de traitement aux personnes atteintes de
maladies très graves. On peut désormais traiter efficacement des
maladies comme la polyarthrite rhumatoïde, le cancer, les
hémopathies rares, la sclérose en plaques, le diabète, l’infection
par le VIH et le sida, et offrir une meilleure qualité de vie aux
patients. Aujourd’hui, on compte plus de 200 produits biologiques
et vaccins sur le marché à l’échelle mondiale2. La plupart de ces
produits sont des protéines thérapeutiques.
L’état de santé des patients s’est amélioré de façon remarquable.
Dans le domaine de l’oncologie par exemple, le traitement faisant
appel à ce type de médicaments a réduit de moitié la mortalité
chez les personnes atteintes d’un lymphome non hodgkinien3.
Les médicaments biologiques ont ralenti la progression de la
polyarthrite rhumatoïde chez les personnes atteintes en freinant
l’usure des articulations4. Même les employeurs en profitent,
puisque le traitement de la polyarthrite rhumatoïde par des
produits biologiques se traduit par une réduction du nombre de
jours de travail perdus et une hausse de la productivité5.
Plus de 900 médicaments et vaccins issus de la biotechnologie
sont présentement en voie d’élaboration6. Les médicaments
biologiques pourraient représenter notre plus grand espoir de
concevoir des traitements efficaces contre de nombreuses
maladies pour lesquelles il n’en existe encore aucun.
Les médicaments biologiques diffèrent des
médicaments synthétiques
Les médicaments se divisent en produits synthétiques et en
produits biologiques. Les médicaments synthétiques tel ce produit
bien connu qu’est Aspirin®(acide acétylsalicylique) sont fabriqués
à partir d’ingrédients chimiques simples, et on les qualifie de
« petites molécules ». Les médicaments biologiques sont faits à
partir de protéines beaucoup plus grosses et complexes.
Contrairement aux médicaments synthétiques, les médicaments
biologiques ne pénètrent pas facilement les membranes
cytoplasmiques et sont instables dans l’estomac et l’intestin
(le tube digestif). C’est pourquoi ils sont en général administrés
par injection intraveineuse.
Comme ils sont fabriqués à partir de cellules vivantes (animal,
bactérie, levure) et sont sensibles au moindre changement dans
le processus de fabrication, les médicaments biologiques sont
beaucoup plus complexes à produire que les médicaments à
petites molécules (synthétiques). Tout comme la vigne cultivée
dans des régions différentes produira des vins au goût différent,
les petites variations dans la fabrication des médicaments
biologiques peuvent modifier considérablement la nature du
produit fini et son mode d’action dans l’organisme.
Avant de soumettre un produit biologique à Santé Canada aux
fins d’autorisation de la vente au public, il faut recueillir
suffisamment de preuves scientifiques de son innocuité, de son
efficacité et de sa qualité7. Les exigences ne sont pas les mêmes
pour les produits biologiques que pour les autres médicaments
utilisés chez l’être humain : des données plus détaillées sur la
composition chimique et la fabrication du médicament doivent être
fournies en plus de l’information requise pour les autres
médicaments. Cela est nécessaire pour s’assurer de la pureté et
de la qualité du produit, et pour prévenir une éventuelle
contamination par un microorganisme nuisible ou une autre
substance biologique.
S’il existe suffisamment de données permettant d’appuyer les
allégations relatives à l’innocuité, à l’efficacité ou à la qualité du
produit faisant l’objet d’une présentation de drogue nouvelle
(PDN) ou d’un supplément à une présentation de drogue nouvelle
(SPDN), Santé Canada émet un avis de conformité (AC) et un
numéro d’identification (DIN), indiquant que la vente du produit
biologique est autorisée au Canada.
Santé Canada surveille aussi les effets indésirables des produits
biologiques, enquête sur les plaintes et les rapports sur les
problèmes, assure une surveillance suivant l'approbation du
produit et gère les rappels, si besoin est.
Plus de 900 médicaments et vaccins issus de
la biotechnologie sont présentement en voie
d’élaboration. Les médicaments biologiques
pourraient représenter notre plus grand espoir
de concevoir des traitements efficaces contre
de nombreuses maladies pour lesquelles il
n’en existe encore aucun.
2
La production des médicaments biologiques
est plus complexe
Le processus de fabrication des médicaments biologiques est
généralement plus complexe que celui des médicaments
synthétiques classiques. Il y a plusieurs raisons à cela,
particulièrement la sensibilité des organismes à partir desquels
sont conçus les médicaments biologiques, de même que la
multitude de facteurs qui influencent le comportement de ces
organismes.
Une extrême précision s’impose pour s’assurer de reproduire un
produit identique, d’une fois à l’autre. Les cellules génétiquement
modifiées constituent les « ingrédients de base » de la plupart des
médicaments biologiques. Après avoir sélectionné et modifié une
cellule qui permettra de produire une protéine utile sur le plan
médical, les scientifiques reproduisent cette cellule de façon à
créer une lignée cellulaire unique. Voici les principales étapes
intervenant dans la fabrication des médicaments biologiques :
Le moindre changement apporté durant la production, comme une
légère modification de l’équipement utilisé ou des conditions
environnementales, risque d’altérer l’efficacité, l’innocuité ou la
biodisponibilité du produit final. Les médicaments biologiques
soulèvent une inquiétude particulière sur le plan de l’innocuité du
fait qu’ils sont susceptibles de provoquer une réponse immunitaire
non souhaitée chez les patients. Le processus de fabrication peut
notamment avoir un effet sur la substance active, de même que
sur la nature et la quantité des impuretés produites, tous des
déclencheurs potentiels d’une réponse immunitaire.
Chacune des étapes de la fabrication des médicaments
biologiques commande une surveillance et un contrôle rigoureux
afin d’assurer la qualité et la constance du produit final. De façon
générale, un médicament biologique est soumis à quelque 250
tests en cours de fabrication, comparativement au médicament
chimique, qui n’en subit qu’une cinquantaine8.
Ce souci du détail dans la fabrication se poursuit jusqu’à
l’approbation du produit par Santé Canada. Dans le cadre du
processus de présentation de drogues nouvelles, les fabricants de
produits biologiques doivent aussi soumettre des renseignements
sur les installations spécifiques aux produits fabriqués qui
décrivent en détail la méthode de fabrication du produit
biologique. Qui plus est, une inspection de l'installation de
fabrication, désignée sous le nom d’évaluation sur place (EP), est
effectuée afin d'évaluer le processus de fabrication et l'installation.
Entrée des biosimilaires sur le marché
Quelques-uns des plus importants médicaments issus de la
biotechnologie ont perdu ou perdront sous peu la protection que
leur confère leur brevet et pourront être développés et fabriqués
par d’autres entreprises. Les médicaments ainsi produits seront
appelés biosimilaires ou produits biologiques ultérieurs (PBU).
Santé Canada utilise le terme « produit biologique ultérieur
[PBU] », mais le terme « biosimilaire » est d’usage courant partout
dans le monde, y compris au Canada. D’autres termes, tel
« follow on biologics » (produits biologiques suivants) ont
également été utilisés.
Un biosimilaire est la copie d’un médicament biologique; elle est
toutefois semblable, mais non identique au médicament d’origine.
Selon la définition de Santé Canada, un produit biologique
ultérieur est « un médicament biologique qui fait son entrée sur le
marché après une première version déjà autorisée au Canada et
qui présente une similarité établie avec un médicament biologique
de référence »9.
Les médicaments biosimilaires sont offerts depuis plusieurs
années dans les pays de l’Union européenne. Le cadre législatif
requis pour les biosimilaires a été mis en place en 200510 dans
ces pays, et les premiers médicaments biosimilaires (facteur de
croissance humain) ont été approuvés par la Commission
européenne en avril 200611 .
Les lignes directrices de Santé Canada concernant les
biosimilaires ont été élaborées en 201012 . Santé Canada précise
que les PBU (biosimilaires) ne sont pas considérés comme des
produits biologiques « génériques », et que, même approuvé, le
produit biosimilaire n’est pas déclaré équivalent au produit
d’origine13. À ce jour, un seul biosimilaire a été approuvé et peut
être utilisé au Canada. Santé Canada a émis un avis de
conformité pour le produit OmnitropeMC de Sandoz Canada Inc. en
200914 . L’ingrédient médicinal contenu dans Omnitrope est la
somatropine, une hormone de croissance humaine recombinante.
Quelques-uns des plus importants médicaments issus de la
biotechnologie ont perdu ou perdront sous peu la protection
que leur confère leur brevet et pourront être développés et
fabriqués par d’autres entreprises. Les médicaments ainsi
produits seront appelés biosimilaires.
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