Diagnostic Traitement
Rédigé par :
Professeur universitaire Dr. Jürgen Stein
Clinique médicale I- ZAFES, Clinique universitaire de Francfort,
SP Gastroentérologie/Médecine nutritionnelle
GUIDE DE L’INTOLÉRANCE AU LACTOSE
L’intolérance au lactose est présente
dans le monde entier avec différents
taux de prévalence dans les divers
milieux culturels. Globalement, plus
de la moitié de la population mondiale
souffre de ce syndrome lié à une
défaillance enzymatique. En Europe
centrale, la prévalence de l’intolé-
rance au lactose est évaluée à 20-25%
mais le nombre de cas non recensés
est très probablement beaucoup plus
élevé. Il est probable que, grâce à de
meilleures méthodes de diagnostic,
le taux de fréquence continuera à
augmenter.
1. Définition
Le lactose, fraction de glucides du lait, se
compose des deux monosaccharides :
le glucose et le galactose. Le lactose,
disaccharide, ne peut pas être absorbé
tel quel par l’intestin grêle. Il doit être
hydrolysé par une enzyme : la lactase
(ß-galactosidase).
Lors d’une intolérance au lactose,
cette décomposition hydrolytique n’est
pas assez efficace en raison d’une
insuffisance enzymatique.
Par principe, l’effondrement de
production de lactase non-persistante
est un processus physiologique après
le sevrage, normalement obser chez
les mammifères et notamment chez
l’humain. L’intolérance au lactose ne
doit donc pas être considérée comme
une maladie.
2. Ethiologie
En fonction des causes, on différencie
deux formes d’intorance au lactose :
Déficience en lactase primaire chez
l’adulte :
On parle de manque de lactase dès
que l’activité chute sous le seuil
critique de l’activité d’origine. Ce
processus débute entre 2 et 5 ans
et se termine à l’adolescence.
Cette intolérance primaire est la
forme la plus répandue dans le
monde. Elle s’est développée de
façon hétérogène, en fonction de
l’évolution des modes de vie.
La persistance de l’activité de
lactase est apparue il y a environ
10 000 ans, suite à une mutation
activante dans la région régulatoire
(promoteur LCT) du gène de lactase
(type CC : T-13910-C). Cette mutation
a donné aux humains élevant des
mammifères, la capacité de digérer
le lait à l’âge adulte, leur permettant
ainsi de bénéficier d’une source
alimentaire supplémentaire.
La consommation d’importantes
quantités de lait pour pallier la
diminution de l’activi enzymatique
n’est pas logique. Ainsi, la quasi-
absence de produits laitiers
dans l’alimentation asiatique
traditionnelle n’est pas la cause,
mais la conséquence du défaut
génétique.
Déficience en lactase secondaire :
Diverses maladies gastro-intestinales
aiguës ou chroniques accompagnées
de sions de l’épithélium de l’intestin
grêle (par ex. les gastroentérites,
les maladies cœliaques, le morbus
Crohn) conduisent souvent à
une intolérance au lactose dite
secondaire, pour deux raisons
essentiellement :
- La surface de résorption est diminuée
par ces lésions superficielles.
2
GUIDE DE L’INTOLÉRANCE
AU LACTOSE
3
et d’acides gras à chaîne courte qui
augmentent la pression osmotique.
L’intensides symptômes pend de
plusieurs facteurs et peut donc varier
fortement en fonction de :
La quantité de lactose ingérée :
la partition de la quanti de lactose
quotidienne sur plusieurs repas
s’are favorable à sa tolérance. La
quantité de lactose intégrée dépend
également de l’activité résiduelle
de la lactase dans la muqueuse
de l’intestin grêle : la plupart des
patients souffrant d’une intolérance
au lactose posdent une activi de
lactase siduelle, de sorte à pouvoir
digérer sans problème environ 10 g
de lactose par jour.
La vitesse de vidange de l’estomac
ou du temps de transit dans l’intestin
grêle : les graisses et les mets très
froids freinent la vitesse de vidange
de l’estomac et conduisent par la
suite à une prolongation de la durée
de contact entre les enzymes et le
chyme. De manière générale, les
produits laitiers entiers sont donc
mieux supportés que les produits
maigres.
La qualité du microbiote :
la qualité du microbiote de chaque
personne est variable. En fonction
de sa composition, le lactose non
résorbé est transfor en gaz
intestinaux tels que l’hydrogène, le
méthane ou le dioxyde de carbone.
La sensibilité individuelle :
l’intensité des symptômes dépend
de la perception subjective des
stimulus de dilatation dans le colon
provenant de la production de gaz.
L’étendue des symptômes n’est pas
en corrélation avec l’importance de la
déficience en lactase.
Conséquences étendues de
l’intolérance au lactose en Europe
En raison de leur intorance au lactose,
de nombreux patients ont tendance à
- De plus, des restrictions
fonctionnelles de l’activité de
lactase sont constatées, puisque
celle-ci est exprimée dans cette
zone (dans les microvillosités).
Normalement, une thérapie
réussie de la maladie initiale
rétablit également la production
de quantis suffisantes de lactase.
3. Fréquence
La plupart des individus d’origine
africaine et/ou asiatique ne synthétisent
plus de lactase après le sevrage. En
Europe, la prévalence de l’intolérance
primaire au lactose est très variable.
On constate cependant un écar t
Nord-Sud évident (voir tableau 1).
4. Symptômes ou
tableau clinique
Tant que l’absence de lactase ne
provoque pas de gêne, on parle de
mauvaise absorption de lactose ”.
Dans la mesure les personnes
affectées d’une déficience en lactase
n’en souffrent pas, aucun traitement
n’est cessaire, puisqu’en dehors des
symptômes gastro-intestinaux, aucun
effet négatif n’est connu en cas de
mauvaise absorption de lactose.
Les symptômes de l’intolérance au
lactose sont :
Des ballonnements, coliques et/
ou flatulences. En effet, si la
décomposition et l’absorption du
lactose sont insuffisantes à cause
d’un déficit enzymatique en lactase, le
disaccharide accède alors aux sections
inférieures de l’intestin où il fermente et
se transforme en acides gras à chaîne
courte (acide acétique-butyrique, acide
propionique, etc.), dioxyde de carbone
et hydrogène. Or, ces substances
peuvent provoquer une sensation de
ballonnement, des coliques et/ou des
flatulences.
Des diarrhées déclenchées par un
appel d’eau dans le lumen intestinal,
provoqué par la présence de lactose
Fréquence de manque de lactase
chez l’adulte
Scandinavie,
Grande-Bretagne .................0.5-5%
Australie ...................................6%
Allemagne ........................ 15-20%
Autriche ............................ 15-25%
Suisse .................................. 17%
Italie (Nord) ........................... 51%
Italie (Sud) ..............................71%
France (Nord) ..........................23%
France (Sud) ...........................42%
Grèce, Turquie ...................45-74%
Amérique du Nord (blancs) ......15%
Amérique du Nord
(afro-américains) .....................80%
Amérique du Sud ..............65-75%
Afrique Noire ..........................98%
Asie .............................80 - 100%
Tableau 1
4
(chroniques) telles que, par exemple,
les diarrhées infectieuses, les colitis
ulcerosa morbus Crohn, les colons
irritables ou la maladie cœliaque. Pour
le diagnostic différencié, il convient de
considérer également d’autres causes
de l’intolérance au lactose.
Différentes thodes sont disponibles
pour le diagnostic de l’intolérance au
lactose :
Test d’exhalation H2
En cas de mauvaise absorption
du lactose, la décomposition
bactérienne du lactose nère dans
le colon notamment de l’hydrogène,
qui est en bonne par tie dissout
dans le sang et transporvers les
poumons. Il est donc possible de
quantifier l’absorption insuffisante
du lactose grâce à l’air expiré.
Après administration orale de 50 g
(chez les enfants : 1g/kg de poids,
max. 25 g) de lactose (dissout dans
du thé tiède non sucré ou dans de
l’eau plate à température ambiante),
le taux de H2 dans l’air expiré est
mesuaprès 30, 60, 90, 120 et
180 minutes. Une augmentation de
20 ppm deux heures après le début
de l’analyse et par rapport à la valeur
initiale est considérée comme preuve
d’un manque de lactase. Ce procé
de test peut également déclencher
des symptômes violents chez le
patient. En moyenne, le test dure
3 à 4 heures. Environ 15 % de la
population sont des nonesponder
au H2 ”, c’est-à-dire qu’ils n’ont
pas la capacité de produire de
l’hydrogène ou qu’ils possèdent de
nombreux générateurs de méthane
dans l’intestin qui composent
rapidement l’hydrogène produit.
Chez ces patients, le test dexhalation
fournirait un résultat négatif.
Le test d’exhalation seul n’est
également pas concluant après une
thérapie aux antibiotiques.
supprimer sysmatiquement les produits
laitiers de leur alimentation. Cependant,
comme le lait et les produits laitiers
constituent d’importantes sources de
calcium au sein de l’alimentation des
Européens et qu’ils jouent un rôle dans
la prévention primaire de l’ostéoporose,
bon nombre de ces patients absorbent
trop peu de calcium et présentent ensuite
une densi osseuse comparativement
faible.
Les aspects positifs de l’absorption
du lait ne se limitent pas seulement
au calcium, mais aussi à la vitamine D
contenue dans le lait et qui contribue à
la santé des os par son rôle essentiel
dans le métabolisme du calcium.
Outre les aspects de santé, la
consommation de lait frais, de yaourts
et de fromage dans nos pays est
particulièrement appréciée. Il parait
donc difficile de s’en passer.
Professeur Stein : L’ostéoporose
peut donc évoluer en un effet
secondaire rieux d’une alimentation
sans lait ou pauvre en lait. Compte
tenu de la prévalence galopante de
l’osoporose, l’alimentation suffisante
en calcium malgré l’intolérance au
lactose constitue l’objectif principal
des mesures thérapeutiques.
5. Diagnostic
L’intolérance au lactose doit être
différenciée clairement de l’allergie
aux protéines de lait. Les patients ont
tendance à faire l’amalgame des deux,
en résulte par exemple l’apparition des
termes “intolérant au lait” ou “allergie
au lait” dans le vocabulaire quotidien.
Il appartient à l’anamnèse précise
du médecin de définir le diagnostic
correct et les recommandations
thérapeutiques.
Lors de l’anamnèse, il convient
de prendre en compte que les
symptômes de l’intolérance au lactose
peuvent ressembler à ceux des
maladies intestinales inflammatoires
L’appareil de test
Une intolérance au lactose est
vérifiée par le test d’exhalation
d’hydrogène (H2).
Cette méthode de diagnostic,
considérée comme un gold
standard depuis des décennies,
est notamment proposée par le
Gastro+ Gastrolyzer®, du leader
mondial Bedfont Scientific.
5
Test génétique :
Récemment, un test génétique a
été développé sur la base d’un
génotypage de la mutation du gène
de lactase (“ génotypes LCT ”).
Ce test permet uniquement une
affectation sans équivoque de la
disposition nétique à l’intolérance
primaire au lactose, sans
toutefois apporter la preuve d’une
intolérance secondaire au lactose.
Le test tique est réali à partir
d’un échantillon de sang ou de salive.
Indépendamment des sultats du
test génétique, il convient d’exclure
les causes secondaires du manque
de lactase, puisque le test nétique
ne permet pas de les identifier. Ce
test est parfaitement adapté pour
déterminer la prévalence de la
déficience de lactase, mais il ne
permet pas de déceler l’intolérance.
Test de résorption de lactose :
Après administration de 50 g de
lactose (dissout dans du thé tiède
non sucré ou dans de l’eau plat à
température ambiante), on mesure
la concentration de glucose dans le
sang. En cas d’activide lactase
normale, le sucre sanguin augmente
de plus de 20 mg/dl par rapport à
la valeur initiale. Une augmentation
plus faible indique un manque de
lactase. Il convient toutefois de
noter de manière critique qu’une
quantité de lactose de 50 g par
portion (ce qui correspond à 1 l de
lait) ne constitue pas un volume de
consommation normal. Lors d’une
étude réalisée sur des personnes
souffrant d’intolérance au lactose,
à peine 14 % des volontaires ont
mont des symptômes d’intorance
après la consommation de 250 ml
de lait. Le test peut déclencher
des symptômes violents chez les
personnes souffrant d’intolérance
au lactose.
Consultation d’anamnèse et test H2
(éventuellement en parallèle à un test de résorption)
Test H2 positif
Indice d’intolérance au lactose positif
Régime sans lactose de 4-6 semaines
(jusqu’à 1 g/24 h de lactose)
Amélioration Aucune
amélioration
Réintégration
progressive de
l’absorption de
lactose sous
forme de mets
solides et de
produits laitiers
fermentés dans
les menus
(journal
alimentaire)
Augmentation
générale de
la quantité
de lactose
absorbée pour
détermination
de la quanti
tolérée
individuelle
(journal
alimentaire)
autre étude de diagnostic des
symptômes (éventuellement test
de résorption ou de génétique)
Test H2 positif
Indice d’intolérance au lactose positif
Pendant toute la durée de la thérapie,
l’alimentation en calcium, vitamine D
et vitamine B12 doit être assurée par
des produits laitiers et compments
alimentaires sans lactose.
Tableau 2
Teneur en lactose de produits
alimentaires sélectionnés
Produit alimentaire g de lactose/100 g
Lait en poudre .................38,0 – 50,5
Chocolat au lait.............................9,5
Crème glacée ...................... 5,1 – 7,0
Lait frais,
lait UHT (de vaches) ............. 4,8 – 5,0
Lait de chèvres .............................4,8
Lait de brebis ...............................4,7
Kéfir .............................................4,1
Yaourt naturel ...................... 3,7 – 5,6
Lait caillé, petit-lait ............... 3,7 – 5,3
Desserts,
crème anglaise, riz au lait ..... 3,3 – 6,3
Fromage frais ...................... 3,3 – 4,3
Petit-lait doux et boissons
à base de petit-lait ............... 3,3 – 4,0
Crème épaisse .............................3,4
Yaourt aux fruits .................. 3,2 – 4,5
Crème Chantilly ................... 3,0 – 3,3
Fromage fondant .................. 2,8 – 6,3
Cottage Cheese ................... 2,6 – 4,3
Crème fraîche ...............................2,2
Brousse .............................. 2,0 – 3,8
Beurre ................................. 0,6 – 0,7
Brie, Camembert ..........................0,1
Chocolat noir (75 % cacao) ... 0,0 – 0,5
Fromage à pâte cuite ........... 0,0 – 0,1
Beurre clarifié ..................................0
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