URGENCES CARDIOLOGIQUES Docteur Richard FERRER Hôpital Saint Joseph Marseille Les insuffisances cardiaques Cas clinique n° 1 Un patient âgé de 64 vous appelle pour un essoufflement. A l’examen Antécédents Traitement habituel Cas clinique n° 1 Un patient âgé de 64 vous appelle pour un essoufflement. Il présente une dyspnée chronique stade 2 de la NYHA, vers 16 heures la veille de votre consultation aggravation lentement progressive de la dyspnée avec apparition d'oedèmes des membres inférieurs. Dans la nuit dyspnée stade 3 (chaque déplacement aux toilettes s'accompagne d'une dyspnée). Toux sèche dans la nuit, pas d'expectoration. Absence de douleur thoracique. Consommation la veille de charcuterie et de fromage type Roquefort. Antécédents - Hypertension artérielle A l’examen Tension artérielle : 150/70 mmHg Fréquence cardiaque : 124 /mn Température : 37° Saturation en oxygène : 94 % en air ambiant Bruits du cœur : irréguliers assourdis Traitement Examen pulmonaire : râles sibilants diffus habituel Abdomen souple, dépressible, indolore Oedèmes des membres inférieurs prenant le godet Turgescence des jugulaires - Dyslipidémie - Diabète de typé 2 - Tabagisme actif - Remplacement valvulaire par bioprothèse pour rétrécissement aortique - Hypercholestérolémie - Fibrillation atriale - PREVISCAN - CORDARONE - KARDEGIC - TAHOR 40 - INEXIUM - LEVEMIR 22 UI le soir Cas clinique n° 1 Cas clinique n° 1 Cas clinique n° 1 Cas clinique n° 1 Bilan biologique - INR 5.58 - BNP 348 - GammaGT 186 - Créatinine 174 - Troponine 0.04 - Potassium 4.90 Bilan biologique Insuffisance cardiaque Définition L’insuffisance cardiaque (IC) est habituellement définie comme l’incapacité du cœur à assurer dans des conditions normales de pression le débit sanguin nécessaire aux besoins métaboliques et fonctionnels des différents organes. Cet état est la conséquence finale commune de toutes les atteintes cardiaques importantes, qu’elles soient myocardiques, valvulaires ou péricardiques. Epidémiologie Introduction Pathologie très fréquente, environ 500 000 patients insuffisants cardiaques (IC) en France. Maladie sévère > 32 000 décès annuels. Pathologie en croissance, du fait du vieillissement de la population. On note actuellement une amélioration des traitements et de la prise en charge, notamment en post-infarctus. Prévalence Etude de Framingham incluant plus de 5000 patients suivis depuis plus de 40 ans, résultats: Prévalence augmente avec l’âge, 1% tranche d’âge de 50 à 59 ans à 9% sujets de 80 à 89 ans. Un patient sur 10 de plus de 80 ans aurait donc une insuffisance cardiaque. L’âge moyen de diagnostic se situe vers 75 ans Terminologie liée à la fraction d’éjection ventriculaire gauche Mathématiquement la FEVG est le volume systolique divisé par le volume en fin de diastole. Toute dysfonction systolique va s’accompagner d’une baisse de la FEVG. La fraction d’éjection est importante à considérée dans l’IC par son importance pronostique mais aussi par son utilisation comme critère dans les essais cliniques. FEVG normale 65±10%. Deux types d’insuffisance cardiaque L’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection ventriculaire gauche altérée: « IC systolique » FEVG ≤ 35%. L’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection ventriculaire gauche « préservée » ou « diastolique »: FEVG > 50% Les patients avec une FEVG comprise entre 35-50% représentent une « zone grise » avec une dysfonction systolique légère. Insuffisance cardiaque à fraction d’éjection ventriculaire gauche préservée De diagnostique plus difficile que l’insuffisance cardiaque à FE altérée. Ces patients n’ont pas de cœur dilaté, mais une augmentation de l’épaisseur du VG avec anomalies de la relaxation, du remplissage ou une rigidité diastolique du ventricule gauche. Leur diagnostique est tributaire des techniques d’imagerie utilisées, de la méthode d’analyse et de l’opérateur. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Diagnostic de l’insuffisance cardiaque Le diagnostic d’insuffisance cardiaque à FEVG altéré, nécessite trois conditions Des symptômes typiques d’IC Des signes typiques d’IC Une réduction de la FEVG Le diagnostic d’insuffisance cardiaque à FEVG préservée, nécessite quatre conditions Des symptômes typiques d’IC Des signes typiques d’IC Une FEVG normale ou légèrement réduite, VG non dilaté Une maladie cardiaque structurelle (hypertrophie du VG, oreillette dilatée) et/ou une dysfonction diastolique The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Epidémiologie et pronostic L’insuffisance cardiaque « diastolique » présente un profil épidémiologique et étiologique différent de l’insuffisance cardiaque « systolique ». Les patients atteint d’insuffisance cardiaque « diastolique » sont plus âgés, plus souvent des femmes et des obèses. Le pronostic est meilleur lorsque la FEVG est préservée. Etiologie des insuffisances cardiaques 2 causes prédominantes: cardiopathie ischémique et HTA Autres causes: La fibrillation atriale, les valvulopathies, les cardiomyopathies dilatées, hypertrophiques ou restrictives. Différentes causes peuvent être intriquée. Pronostic global Mortalité au moins 2 à 3 fois plus élevé que la population générale chez les patients de plus de 80 ans Mortalité comparable voire supérieure à de nombreux cancers Stewart S, MacIntyre K, Hole DJ, Capewell S, McMurray JJ. More 'malignant' than cancer? Fiveyear survival following a first admission for heart failure. Eur J Heart Fail 2001;3:315-22. Les causes Le coeur peut devenir insuffisant: Lorsqu’il fournit un travail excessif pendant une période prolongée (hypertension artérielle, valvulopathie, cardiopathie congénitale). En raison d’une perte musculaire définitive (infarctus du myocarde, cardiomyopathie) ou fonctionnelle (hibernation de cellules myocardiques hypoperfusées qui, de ce fait, perdent leur fonction contractile normale). D’autres mécanismes infectieux, inflammatoires, toxiques ou infiltratifs peuvent également affecter le muscle cardiaque. Les conséquences Une augmentation des pressions en amont. Une réduction du volume d’éjection systolique pouvant aboutir à une baisse du débit cardiaque. Mais des mécanismes adaptatifs permettent de maintenir un débit cardiaque normal ou suffisant. Ainsi, l’IC reste longtemps latente d’où une manifestation au départ lors des efforts, anémie, grossesse, fièvre... avant d’être présente au repos. Physiopathologie Mécanisme initiateur de l’insuffisance cardiaque Génétique ou acquis. Chronique ou aigu. Par surcharge ou destruction myocytaire. Les conséquences sont un remodelage du ventricule gauche dans lequel la taille, la configuration et la fonction du myocarde sont profondément perturbées Réponse à l’agression myocardique Les conséquences du remodelage ventriculaire: c’est au niveau cardiaque des mécanismes adaptatifs Fonctionnels ou hémodynamique avec conservation d’un débit. Mais… L’agression va se pérenniser par la mise en jeu de facteurs: Hormonaux avec le SRAA et le système nerveux sympathique. Modification de la taille et de la longueur des myocytes. Dysfonctionnement de la Pompe Na-Ca++ ATPase du réticulum sarcoplasmique d’où une diminution du recaptage du calcium diminution de la relaxation. Biochimie de la contraction 1- Le potentiel d’action fait entrer du sodium dans la cellule, puis du calcium. Celui-ci provoque la libération du Ca du réticulum qui va inonder la troponine. 2- Le Ca se fixe sur la troponine contraction des fibres. 3- Le Na sort de la cellule par une pompe, la Na/K ATPase. 4- La relaxation du muscle survient quant le Ca est repompé dans le réticulum par la pompe Na/Ca ATPase. Insuffisance cardiaque: problème de contraction ou de remplissage ? Un fonctionnement satisfaisant de la pompe cardiaque c’est une vidange normale (fonction systolique) mais également un remplissage normal (fonction diastolique). L’insuffisance cardiaque peut être secondaire à un problème de contraction myocardique (fonction systolique). Secondaire à un problème de relaxation (remplissage) qui dépend de la vitesse d’inactivation des ponts actine-myosine sous la dépendance de la recapture du calcium phénomène de succion remplissage du ventricule (fonction diastolique). Ou encore à une anomalie de la compliance (étirement du VG), celle-ci par la fibrose augmentation de la pression capillaire pulmonaire. Fibrose myocardique Conséquence du remodelage ou conséquence d’un infarctus du myocarde Elle est l’un des acteurs principaux de l’IC, elle est à l’origine: Rigidité ventriculaire. Troubles du rythme ventriculaire. Troubles conductifs intra-ventriculaires. Quand la conduction s’en mêle, le cœur se désynchronique Le rôle des voies de conduction est majeur dans la fonction normale du coeur Le ralentissement de la conduction au niveau du NAV permet une contraction successive de l’oreillette et du ventricule. Le faisceau de His et le réseau de Purkinje assurent la conduction de l’onde de dépolarisation à l’ensemble des cardiomyocytes ventriculaires permettant une contraction harmonieuse. L’insuffisance cardiaque peut se compliquer de troubles de la conduction : BAV entraîne un raccourcissement de la diastole et superposition de la phase de remplissage et de la contraction auriculaire. BBG provoque un retard de dépolarisation et donc de contraction. Conséquences Asynchronisme de contraction, qui altère l’efficacité du VG, certaines zones se contractent alors que les valves aortiques sont fermées, voire que le remplissage a débuté. Insuffisance cardiaque, maladie des neuro-hormones De nombreux système neuro-hormonaux sont mis en jeu dans l’IC, en permettant de réguler les modifications compensatoires en réponse à la diminution du débit cardiaque. Ces systèmes ont pour cible: Le coeur. Les reins. Les vaisseaux. Mais au cours du temps ils sont aussi un composant majeur de la progression de l’IC et du processus de remodelage Le système sympathique Il est activé au cours de l’insuffisance cardiaque Le système rénine-angiotensinealdostérone Insuffisance cardiaque, maladie des neuro-hormones Traitement par diurétique de l’anse Baisse débit cardiaque Activation Système rénine Angiotensine Aldostérone Stimulation système sympathique Angiotensine II Stimulation adrénergique Augmentation Sécrétion vasopressine Augmentation post-charge Réabsorption d’eau Hyponatrémie Vasocontriction artériolaire Libération aldostérone Réabsorption du Na Fuite K+ Fibrose myocardique (remodelage) L’angiotensine II: un facteur proinflammatoire et athérogène PDGF = facteurde croissance dérivé des plaquettes ; FGF = facteur de croissance du fibroblaste ; IGF = facteur de croissance «insulin like »; TGF- = « transforming growth factor- »; MCP-1 = «monocyte chemoattractant protein »-1; VCAM = molécule d’adhésion Insuffisance cardiaque: maladie du muscle squelettique La baisse chronique du flux sanguin au niveau des muscles périphériques modification des muscles striés avec pour conséquence: Perte de la masse musculaire. In fine: aggravation gêne fonctionnelle des patients. Diagnostic de l’insuffisance cardiaque Introduction La première étape consiste à penser à l’insuffisance cardiaque devant des symptômes peu spécifiques telles: Une dyspnée à l’effort. Une fatigabilité inhabituelle devant une tachycardie ou des râles crêpitants. Mais les symptômes et les signes peuvent être particulièrement difficiles à identifier et à interpréter chez les personnes obèses, chez les personnes âgées, et chez les patients atteints de la maladie pulmonaire chronique. Les antécédents médicaux du patient sont importants à connaître, notamment cardiaques. Le dosage du BNP est une aide importante au diagnostic qui doit être confirmé par une échographie. Deux symptômes cardinaux La dyspnée et la fatigue Fatigue symptôme peu spécifique - dyspnée symptôme le plus souvent mis en avant par le patient. Symptômes apparaissant d’abord à l’effort, mais IC se révèle souvent lors d’un épisode aigu avec alors une symptomatologie de repos. Une symptomatologie ne s’aggravant pas à l’effort a peu de chances d’être due à une IC. Dyspnée pouvant être sifflante, expiratoire, « asthmatiforme », surtout chez le sujet âgé, en raison de l’œdème péribronchique. La toux est fréquente, sèche, survenant la nuit en position couchée ou à l’effort. Oligurie et nycturie sont à rechercher = redistribution du débit sanguin au profit des reins en position horizontale, au repos, et la réduction du débit rénal en position verticale, diurne. Signes cliniques (1) Ils apparaissent à des stades évoluées ou décompensés: Tachycardie: Peu spécifique, mais quasi constante en cas de décompensation ; parfois absente chez le sujet âgé. Si rythme irrégulier (fibrillation atriale...) cela évoque une IC si symptômes évocateurs par ailleurs. Bruits de galop: Le plus fréquent est le B3, protodiastolique, traduit le remplissage rapide dans un ventricule distendu, alors que le B4 s’entend dans les hypertrophies ventriculaires sévères. Signes congestifs pulmonaires: Les râles pulmonaires d’insuffisance cardiaque (crépitants) sont secs et prédominent aux bases, parfois râles expiratoires (sibilances) ou encore des signes d’épanchement pleural. Signes d’augmentation de la pression veineuse et signes congestifs périphériques Traduisent une IC globale: L’insuffisance cardiaque droite isolée est plus rare : Complique le plus souvent une HTAP mais aussi certaines cardiopathies congénitales vieillies ou une valvulopathie tricuspide isolée. Ces signes, isolés, peuvent faire aussi évoquer une péricardite constrictive. L’hyperpression veineuse est un des signes les plus importants car assez spécifique d’une insuffisance cardiaque: Se recherche par l’inspection des veines jugulaires en position demi-assise (45°). Une turgescence spontanée traduit une augmentation de la pression veineuse centrale. Si absence, recherche d’un reflux hépato-jugulaire anormal: traduit le défaut de réserve de précharge du ventricule droit. Recherche hépatomégalie, rarement douloureuse. Oedèmes des membres inférieurs plus tardifs et moins spécifiques. Signes de bas débit et signes généraux Signes de bas débit: Hypotension inhabituelle, confusion, lipothymie, voire marbrures, extrémités froides, cyanose des extrémités dans les formes les plus critiques. Signes généraux: Altération de l’état général peut s’installer, avec une cachexie (définie par une perte de poids récente d’au moins 10 %) qu’il faut évaluer régulièrement. Evaluation de la symptomatologie La New York Heart Association a été développé en 1964 une classification en tant que classification fonctionnelle et thérapeutique pour les patients présentant une maladie cardiaque. Classification de la NYHA Classe NYHA Symptômes I Pas de limitation de l'activité physique. L'activité physique normale ne doit pas causer d’essoufflement excessif, de fatigue, ou des palpitations. II Légère limitation de l'activité physique. Absente au repos, mais une activité physique ordinaire entraine un essoufflement excessif, une fatigue, des palpitations. III Limitation marquée de l'activité physique. Absente au repos, mais une faible activité physique ordinaire est responsable d’un essoufflement excessif, d’une fatigue, et de palpitations. IV Impossible d'exercer toute activité physique sans inconfort. Symptômes présents au repos. Si toute activité physique est entrepris, l'inconfort est augmenté. NYHA : New York Heart Association Etablir la cause est une étape importante Coronaropathie Syndrome coronaire aigu, séquelle d’infarctus, hibernation Hypertension Hypertrophie VG Cardiomyopathies Familiale/génétique ou non : CM hypertrophique, CM dilatée, CM restrictive, dysplasie arythmogène du VD, non classées (type non-compaction) Valvulopathies Fuites mitrale ou aortique, sténose aortique Arythmies Arythmie complète par fibrillation auriculaire surtout Iatrogéniques Bêtabloquants, calcium-bloqueurs, antiarythmiques, anthracyclines Toxiques Alcool, cocaïne, mercure, cobalt, arsenic Endocrinopathies Diabète, hypo-/hyperthyroïdie, phéochromocytome Nutritionnelles Déficit en thiamine, sélénium, carnitine Cachexie sévère Infiltratives Sarcoïdose, amylose, hémochromatose, sclérodermie, fibrose endomyocardique Maladie du péricarde Péricardite constrictive Autres Maladie de Chagas, péripartum insuffisance rénale terminale Outils paracliniques Electrocardiogramme Il permet d’évaluer le rythme cardiaque et la conduction, à savoir: Une maladie sino-atriale. Un trouble conductif: BAV, BBG. . Mettre en évidence des signes d’infarctus (ondes Q). Une hypertrophie ventriculaire. Permet de prendre une décision thérapeutique: anticoagulation si FA, stimulation pour bradycardie, resynchronisation si BBG. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Echo-doppler cardiaque Examen de référence, il fournit des renseignements immédiats: sur les volumes, sur la fonction systolique et diastolique ventriculaire, l'épaisseur du myocarde et sur le fonctionnement des valves. Permet de définir la Fraction d’Ejection du Ventricule Gauche (FEVG). Donne des renseignements sur les mouvements des parois. Principale difficulté: en cas d’IC avec fraction d’éjection préservée Il donne aussi des arguments sur l’étiologie : cardiomyopathie ischémique, valvulopathie, cardiomyopathie hypertrophique, cardiomyopathie dilatée, péricardite constrictive... The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Echocardiaque 2D strain en pôle position ? Etude des déformations myocardiques (ou strain): De nombreux travaux ont montré que les fibres myocardiques sont organisées de façon complexe en spirale autour de la cavité ventriculaire gauche, il existe des mouvements de torsion qui s'exerce entre la base et l'apex du ventricule gauche. Le strain longitudinal comme la torsion est utile pour la détection de cardiopathies infracliniques : HTA, diabète, amylose, cardiopathie induite par des agents cardiotoxiques Enroulement hélicoïdal des faisceau de fibres myocardique (chimiothérapie), etc. Il existe une corrélation entre le degré de fibrose et les modifications du strain longitudinal et de la torsion chez les patients hypertendus avec une fraction d'éjection normale. Après un infarctus, la torsion systolique globale du ventricule gauche est réduite et corrélée à la fraction d'éjection du ventricule gauche. Echocardiaque 2D strain en pôle position ? Peptides natriurétiques Signes et symptômes de l'insuffisance cardiaque ne sont pas spécifiques, de nombreux patients ayant une suspicion IC ne présentent pas en échocardiographie d’importantes anomalies cardiaques. Lorsque la disponibilité de l'échocardiographie est limité, une approche alternative au diagnostic est de mesurer la concentration sanguine d'un peptide natriurétique. Ces peptides natriurétiques sont une famille d'hormones sécrétées en quantité accrue lorsque le cœur est malade ou la charge pariétale est augmentée . The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Le peptide natriurétique de type B: BNP (Brain Natriuretic peptide) Hormone polypeptidique natriurétique. Sécrétion par les myocytes auriculaires et ventriculaires en réponse à une augmentation pariétale et étirement muscle cardiaque. Synthèse par vagues – Pas de stokage. Sécrété à partir 1ère heure dans l’ICA. Demi-vie 20 min. Dégradation enzymatique par endopeptidase. BNP: synthèse Lors de sa sécrétion dans la circulation, le pro-BNP est clivé en deux fragments : le NT-pro-BNP, biologiquement inactif, et le BNP, doué d’une activité biologique. Les taux sanguins du BNP et du NT-pro-BNP augmentent dans l’insuffisance cardiaque. BNP: Effets physiologiques Antagoniste de l’angiotensine II, aldostérone et endothéline-1. Effet vasodilatateur et natriurétique BNP Vasodilatation Endothéline-1 Angiotensine II filtration glomérulaire excrétion Na+ Aldostérone Discordance entre les valeurs de BNP et la clinique La concentration de BNP augmente avec l’âge. Concentration également augmentée en cas d’insuffisance rénale chronique par deux mécanismes principaux : la rétention hydrique et l’hypervolémie responsable d’un étirement ventriculaire gauche et une diminution de l’épuration rénale. Pathologies pulmonaires avec altération du ventricule droit peuvent augmentées le BNP. Faux négatifs en cas d’œdème pulmonaire dit flash. L’obésité baisse le taux de peptide natriurétique. Il est donc important de tenir compte des données morphologiques du sujet dans l’analyse du dosage. BNP: principales variation biologiques Obésité Le taux de BNP est plus bas chez le sujet obèse. Qu'il y ait ou non insuffisance cardiaque. Les concentrations en BNP et en NT-proBNP sont inversement proportionnelles à l’IMC. Un IMC > 30 kg/m2 conduit à minorer les concentrations de peptides natriurétiques de près de 40 %. Mécanismes non exclusifs expliquant cette relation inverse: diminution de synthèse au niveau cardiaque, augmentation d'excrétion, augmentation de dégradation au niveau adipocytaire. Lori B. Daniels, MD; Alan S. Maisel, MD, J Am Coll Cardiol. 2007;50(25):2357-2368 BNP: principales variations biologiques Causes fréquentes Pathologie pulmonaire aigue et chronique avec retentissement ventriculaire droit Valvulopathies (RA, RM, IM) Hypertrophie ventriculaire gauche primitive et secondaire Insuffisance rénale Arythmie auriculaire Sepsis Ischémie myocardique aigue Dysfonction systolique chronique (augmentation modérée en l’absence de décompensation aiguë) Causes plus rares Hyperthyroïdie, Cushing ou prise de glucocorticoïdes Hyperaldostéronisme primaire, Maladie d’Addison Diabète (microalbuminurie, dysfonction autonomique) Cirrhose hépatique avec ascite, Syndrome paranéoplasique Hémorragie sous arachnoïdienne Principales circonstances n’entraînant pas d’augmentation des peptides natriurétique Délai insuffisant entre prélèvement et début de symptômes : OAP flash, IM aiguë . Le MR-ProANP ANP (Atrial Natriurétique Peptide): synthèse par les oreillettes, instable in vivo et ex vivo. MR-ProANP (Mide Regional-Pro-atrial natriuretic peptid): fragment de l’ANP, stable. Sécrétion par les myocytes auriculaires en réponse à une augmentation pariétale et étirement muscle cardiaque. Pro-hormone: très stable, facile à mesurer, reflet fidèle de l’hormone mature Le MR-ProANP: performances identiques Potocki M, : Comparison of midregional pro-atrial natriuretic peptide with N-terminal pro-B-type natriuretic peptide in the diagnosis of heart failure. J Intern Med. 2010 Jan; 267(1):119-29 Biomarkers in Acute Heart Failure: BACH trial Étude internationale, multicentrique 15 centres (8 USA, 6 Europe, 1 NZ) 1636 patients, diagnostic d’insuffisance cardiaque chez un patient avec dyspnée se présentant aux urgences MR-ProANP à 120 pmol/L est équivalent au BNP à 100 ng/L Maisel, A. et al. J Am Coll Cardiol 2010;55:2062-2076 BACH: Valeur diagnostique additionnelle du proANP Zone « grise » des peptides B Le MR-proANP augmente la puissance diagnostique des peptides B, en particulier dans la zone de valeurs incertaines, chez les patients obèses, en insuffisance rénale et chez les sujets âgés Maisel, A. et al. J Am Coll Cardiol 2010;55:2062-2076 Valeurs seuils des peptides natriurétiques de type B comme aide diagnostique Plusieurs seuils sont proposés en fonction, de l’âge pour le NT-pro-BNP et sa valeur haute : 450 pg/mL si < 50 ans ; 900 pg/mL entre 50 et 75 ans et 1 800 pg/mL si > 75 ans. Mais en 2013… Quelles valeurs de références et seuils décisionnels des peptides natriurétiques en 2013 Utilisation du peptide natriurétique de type B dans la suspicion de l’insuffisance cardiaque Le contexte: - Les recommandations suggèrent l'utilisation de peptides natriurétiques dans la suspicion de l'insuffisance cardiaque mais qu’elle doit être la valeur seuil lors d’un dosage. Objectif: - Tester et comparer la précision du diagnostic et l'utilité de type B (BNP) et la N-terminal B-peptide natriurétique de type (NT proBNP) dans le diagnostic de l'insuffisance cardiaque due à une dysfonction systolique ventriculaire gauche chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque présumée. Fuat A. The diagnostic accuracy and utility of a B-type natriuretic peptide test in a community population of patients with suspected heart failure. Br J Gen Pract 2006;56:327– 333. Valeurs de références et seuils décisionnels Les performances du BNP sont meilleures avec une valeur seuil < 40 ng/ml puisque le taux de valeur prédictives négatives est de 88%. Pour le NT-ProBNP la valeur seuil est de 150 avec un taux de VPN de 92% Fuat A. The diagnostic accuracy and utility of a B-type natriuretic peptide test in a community population of patients with suspected heart failure. Br J Gen Pract 2006;56:327– 333. Valeurs de références en situation de dyspnée aiguë Les performances du BNP sont meilleures avec une valeur seuil de 100 ng/ml avec une sensibilité de 90% et une spécificité de 76% pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque comme cause de dyspnée. Maisel A.S., Rapid measurement of B-type natriuretic peptide in the emergency diagnosis of heart failure, N Engl J Med 347 2002 161-167 Pour le NT-ProBNP une valeur seuil < 300 ng/ml (valeur prédictive négative de 99%) permet d’écarter le diagnostic d’insuffisance cardiaque comme cause de dyspnée. The N-Terminal Pro-BNP Investigation of Dyspnea in the Emergency Department (PRIDE) Study - Am J Cardiol 2005;95:948–954 Algorithme d’utilisation des peptides natriurétiques à visée diagnostique ESC 2012 Plusieurs seuils sont proposés en fonction de l’installation de l’insuffisance cardiaque: installation aiguë - décompensation aiguë ou bien installation progressive des symptômes. Suspicion d’insuffisance cardiaque Installation aiguë BNP ≥ 100 pg/mL NT-Pro-BNP ≥ 300 pg/mLA MR-ProANP ≥ 120 pmol/mL Insuffisance cardiaque trés probable Installation progressive BNP < 100 pg/mL NT-Pro-BNP < 300 pg/mL MR-ProANP < 120 pmol/mL BNP ≥ 35 pg/mL NT-Pro-BNP ≥ 125 pg/mLB BNP < 35 pg/mL NT-Pro-BNP < 125 pg/mL Insuffisance cardiaque éliminée C Insuffisance cardiaque trés probable Insuffisance cardiaque éliminée C A: Parmi les autres causes d’augmentation dans un cadre aiguë: SCA, arythmie atriale ou ventriculaire, embolie pulmonaire, exacerbation BPCO avec IC droite, sepsis et insuffisance rénale. Parmi les autres causes d’augmentation dans un cadre non-aiguë: âge > 75 ans, arythmie auriculaire, hypertrophie ventriculaire gauche, maladie pulmonaire chronique obstructive, maladie rénale chronique. B: La baisse du seuil inférieur a été choisi afin de diminuer les faux négatifs. C: Le traitement peut réduire la concentration de peptide natriurétique et la concentration de peptide natriurétique peut ne pas être plus élevé dans le cadre de patients atteints d’insuffisance cardiaque à FE préservée The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Recommandations peptides natriurétiques Le dosage des peptides natriurétiques (BNP, NT-proBNP, MR-proANP) doit être réaliser: Exclure les autres causes de dyspnée (si le niveau est inférieur à la valeur normale inférieure). Obtenir une information pronostique. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Radiographie du thorax Utilité limitée dans la démarche diagnostique mais garde sa place en phase aiguë Signes d’hyperpression de la circulation pulmonaire: élargissements des hiles, redistribution de la vascularisation vers les sommets et œdème alvéolaire péri-hilaire. Cardiomégalie mais une dysfonction systolique du VG peut être présente sans cardiomégalie sur la Rx. Biologie Tests hématologiques (hémoglobine, hématocrite, ferritine, leucocytes et plaquettes) recherche une anémie, pouvant être un diagnostic différentiel ou un facteur aggravant de l’insuffisance cardiaque. Ionogramme sanguin et créatinine avec taux de filtration glomérulaire: pour recherche insuffisance rénale sévère et pour adapter le traitement de l’IC (diurétique, IEC…), hyponatrémie témoin d’une IC grave. TSH: dysthyroïdie peut initier ou aggraver une IC. Glycémie: recherche d’un diabète non diagnostiqué. Bilan hépatique utile pour apprécier un retentissement hépatique éventuel. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Angiographie coronaire Elle sera envisager: Chez les patients souffrant d'angine de poitrine ou ayant des antécédents d'arrêt cardiaque. Chez les patients présentant des signes d'ischémie myocardique réversible sur des tests non invasifs, surtout si la FEVG est réduite. Elle peut être nécessaire,en urgence, chez des patients avec une insuffisance cardiaque aiguë (choc ou œdème pulmonaire aigu), présentant un syndrome coronarien aigu associé. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Diagnostic différentiel de l’IC Dyspnée Toux Asthénie Oedème Turgescence jugulaire, RHJ Anémie + - + - - Hypothyroïdie - - + - - HTAP, pathologie respiratoire + + + ± ± Bronchite aiguë ± + + - - Déconditionnement physique + - + - - Trouble psychique + + + - - Syndrome néphrotique, insuffisance rénale terminale - - + + - Cirrhose - - + + - Lymphoedème - - - + - Conclusions Savoir évoquer le diagnostic est très important et constitue la première étape La symptomatologie est peu spécifique et peut revêtir des aspects trompeurs, surtout chez le sujet âgé. Le dosage des peptides natriurétiques apporte une aide importante au diagnostic L’échographie cardiaque est l’examen clé pour formaliser le diagnostic, préciser l’altération de la fraction d’éjection ventriculaire gauche et progresser dans l’enquête étiologique. Le diagnostic étiologique doit s’associer à la recherche des facteurs aggravants qui sont autant de pistes pour la prise en charge thérapeutique. Le traitement de l’insuffisance cardiaque à fraction ventriculaire gauche altérée Classes de recommandations Classe I Situations dans lesquelles il y a une preuve et/ou un accord général pour dire que le traitement est bénéfique, utile et efficace. Classe II Situations dans lesquelles il y a des éléments contradictoires et/ou des divergences d’opinion sur l’utilité et l’efficacité du traitement Classe IIa Le poids des preuves est plutôt en faveur de la technique Classe IIb Le poids des preuves est insuffisant pour avoir une opinion. Classe III Situations dans lesquelles il y a une preuve et/ou un accord général pour dire que le traitement n’est ni utile ni efficace ou éventuellement nuisible. Niveaux de preuves scientifiques Niveau de preuve A Fondé sur des données provenant de plusieurs études randomisées comprenant un grand nombre de patients. Niveau de preuve B Fondé sur des données provenant d’un nombre limité d’études randomisées comprenant un faible nombre de patients ou de bons travaux non randomisés ou de registres d’observations. Niveau de preuve C Fondé sur un consensus des experts consultés. Introduction Le traitement médicamenteux de l’IC repose sur de solides recommandations de classe IA. Le traitement vise à bloquer le système rénine-angiotensinealdostérone et le système sympathique. Bêta-bloquant et inhibiteur de l'ECA doivent tous deux être commencé dès que possible après le diagnostic de l'IC à FEVG altérée. Ce double blocage a permis d’améliorer la survie de 12% par décennie. Il doit être adapter à la tension artérielle et à l’état de la fonction rénale. Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) Ils bloquent le système rénine-angiotensine en inhibant l’action de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 1. Ils permettent l’accumulation de bradykinine, vasodilatateur puissant. Ces actions ont un effet bénéfique dans l ’ insuffisance cardiaque. Ils ont démontré une réduction significative à long terme de la morbidité et de la mortalité dans tous les stades de l’insuffisance cardiaque, quelque soit la cause. COoperative North Scandinavian Enalapril Urvival Study (CONSENSUS I) Etude multicentrique, randomisée, en double aveugle, 253 patients; 126 placebo, 127 sous enalapril suivis pendant 188 jours, patients en stade IV. 31% p=0.001 reduction p=0.002 CONSENSUS Study Group N Eng J Med 1987 40% reduction Studies Of Left Ventricular Dysfunction: SOLVD (Treatment Study) Enalapril versus placebo chez 6 794 patients avec une fraction d’éjection < 35%, Critère de jugement Retarder la progression de l’IC, Amélioration des signes et symptômes, Réduire la mortalité, 2568 symptomatiques de classe II-III plupart des patients sous digitaline et les diurétiqueset 4226 asymptomatiques de classe I-II sans traitement Mortalité et hospitalisations 26% Risk Reduction p<0.0001 N Engl J Med 1991;325:293-302 Studies Of Left Ventricular Dysfunction: SOLVD (Treatment Study): Hospitalisations 30% Reduction p<0.001 971 683 Nombre d’hospitalisations secondaires à une IC The SOLVD Investigators, N Engl J Med, 1991 Studies Of Left Ventricular Dysfunction: SOLVD (Treatment Study): Conclusions Pour 1000 patients traités durant 3 ans 50 décès prévenus. 350 hospitalisations en moins. The SOLVD Investigators, N Engl J Med, 1991 Assessment of Treatment with Lisinopril And Survival study: ATLAS Comparaison d’une faible dose de Lisinopril versus une forte dose chez 3000 patients IC classe II, III, IV. 100 *Combined all-cause mortality plus all-cause hospitalisations 75 Survie * Sans évènement 50 Risk reduction 12% p=0.002 Forte dose 35 mg 25 Faible dose 2,5-5 mg 0 0 6 12 18 24 30 Follow-up (months) 36 42 48 12% de réduction de toutes causes de décès et d’hospitalisations avec la forte de Lisinopril Eur Heart J. 2000 Dec;21(23):1967-78. IEC: grands essais cliniques en post-infarctus: effet sur dysfonction ventriculaire et IC P AIRE 27% TRACE 0.001 22% SOLVD (Treatment) 0.0036 16% SOLVD (Prevention) 8% 0.30 0.019 19% SAVE 0 5 10 0.002 15 20 25 30 Risk reduction in total mortality (%) AIRE Study Investigators. Lancet. 1993;342:821-8. Køber L et al. N Engl J Med. 1995;333:1670-6. SOLVD Investigators. N Engl J Med. 1991;325:293-302. SOLVD Investigators. N Engl J Med. 1992;327:685-91. Pfeffer MA et al. N Engl J Med. 1992;327:669-77. Recommandations: IEC A utiliser systématiquement chez tous les patients avec FE ≤ 40% en plus d'un bêta-bloquant. ils réduisent le risque d’hospitalisation et le risque de décés prématuré The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Modalités du traitement par IEC Démarrer le traitement à faible dose après diminution si possible la dose de diurétique pour éviter une hTA ou altération fonction rénale. Dose à respecter si taux créatinine ne dépasse pas 50% de la valeur initiale. Augmentation progressive de la dose par paliers de 15 jours si TA ≥ 90 mmHg jusqu’à la dose cible (dose maximale tolérée dans les essais thérapeutiques). Si insuffisance rénale: dose d’entretien à diminuer de moitié si clairance < 30mL/min. Contre-indiqués si clairance à la créatinine < 15 mL/min ou sténose bilatérale artères rénales. Dose cible des IEC Dose initiale (mg Prises par jour Dose cible (mg) Prises par jour 6,25 3 50 3 2,5 2 10 à 20 2 Lisinopril (ZESTRIL®) 2,5 à 5 1 20 à 35 1 Ramipril (TRIATEC®) 2,5 1 5 2 Trandolapril (ODRIK®) 0,5 1 4 1 Captopril (LOPRIL®) Enalapril (RENITEC®) The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Gestion effets secondaires des IEC Si apparition insuffisance rénale, s’assurer de l’absence de coprescription de médicaments néphrotoxiques (AINS) et réduire la dose ou les arrêter. Si hyperkaliémie: diminuer la dose pour une kaliémie entre 5,5 et 5,9 mmol/L, puis surveiller la biologie. Arrêt traitement si kaliémie ≥ 6 mmol/L. Si hypotension orthostatique: baisser dose diurétiques et supprimer les autres médicaments hypotenseurs. Les bêtabloquants Stimulation sympathique = mécanisme compensateur à court terme (renforcement contraction + tachycardie = maintien débit cardiaque) mais… Dépense énergétique accrue à court terme et toxicité myocytaire à long terme. Les bêtabloquants Ils ont une action anti-arythmique et anti-ischémique. Ils peuvent permettre une meilleure réactivité à la stimulation sympathique réactionnelle. Ils réduisent le risque de mort subite. Mais depuis les années 1970 les bêtabloquants sont contre-indiqués dans l’insuffisance cardiaque, alors… ß-bloquants études de survie CIBIS-II MERIT-HF P=.0062 (adjusted) P=.00009 (nominal) 15 Placebo 10 Metoprolol n=3991 5 0 Follow-up (months) 0 3 6 9 12 15 Lancet. 1999;353:2001-2007. Mortality: 34% 1.0 .9 .8 .7 .6 .5 .4 .3 .2 .1 0 Bisoprolol Placebo Log rank P=.00006 n=2647 0 18 21 % Survival 20 Probability of survival Cumulative mortality (%) Le doute est levé avec ces 2 études publiées en 1999 200 400 600 Time (Days) Lancet. 1999;353:9-13. 34% 800 Carvedilol Prospective Randomized Cumulative Survival Trial: COPERNICUS Etude randomisée carvédilol vs placebo- 2289 patients randomisés- Classes III et IV; FEVG < 25% ; IEC + diurétiques ; Carvédilol de 3,125 mg / j à 25 mg / j- Objectif principal : mortalité toutes causes- Obj. 2aires : DC + H toutes causes, DC+H cardiaque, DC+H ICG 100 90 Carvedilol (n=1156) 80 70 Placebo (n=1133) Mortalité: 60 35% P=0.00014 50 0 4 8 12 16 20 24 28 Mois Packer et al, NEJM 2001;344:1651-8 COPERNICUS Effets du carvedilol sur la morbidité et la mortalité Décès ou hospitalisations Tous patients Décès ou hospitalisations cardiovasculaires Décès ou hospitalisations pour ICG 0 Décompensation récente ou récurrentes 0.25 0.5 Bénéfice Carvedilol 0.75 1.0 1.25 Bénéfice placébo ß-bloquants études de survie Annual Mortality Mean Follow-up RR P Value % Patients 0 0.25 0.5 0.75 1.0 BEST placebo 17% bucindolol 15% 24 months 10% P=.10 CIBIS-II placebo 13.2% bisoprolol 8.8% 15 months 34% P=.0001 MERIT-HF 12 months placebo 11.0% metoprolol succinate 7.2% 34% P=.0062 COPERNICUS placebo 18.5% carvedilol 11.4% 35% P=.0014 1.25 1.5 1.75 Relative Risk and 95% Confidence Intervals 10.4 months 2.0 Lancet. 1999:353:2001-2007; CIBIS II Investigator and Committees. Lancet. 1999;353:9-13; Packer M et al. N Engl J Med. 2001;344:1651-1658; Beta-blockers Evaluation Survival Trial Investigators. N Engl J Med. 2001;344:1659-1667. The Study of Effects of Nebivolol Intervention on SENIORS Outcomes and Rehospitalization in Seniors with Heart Failure: SENIORS study Etude multicentrique menée en double-aveugle et contrôlée vs placebo a évalué l’efficacité et la tolérance du nebivolol, dans une population de 2167 insuffisants cardiaques à haut risque en particulier du fait de leur âge (plus de 70 ans). La durée médiane de suivi a été de 20 mois. 36%d'entre eux avaient une FEVG > 35. RRR de 14% dans le critère d'évaluation principal composite de décès ou d'hospitalisation cardiovasculaire, mais ne réduit pas la mortalité globale Flather MD, Shibata MC, Coats AJS, et al. European Heart Journal 2005;26:215-225. Recommandations: bêta-bloquants Les bêta-bloquants sont recommandés, en plus d'un IEC (ou un ARA si inhibiteur de l’IEC n’est pas toléré), pour tous les patients avec une fraction d’éjection ≤ 40% pour réduire le risque d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque et le risque de décès prématuré. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Mise en route du traitement par bêtabloquant Elle se fait avec la dose la plus faible possible, peut être réalisée en ambulatoire. La dose est augmentée progressivement par paliers de 2-4 semaines. Ne pas augmenter la dose si aggravation IC, hTA symptomatique ou de FC < 50 batt/min. La dose cible est la dose maximale tolérée la plus proche de celle des essais thérapeutiques. Situations particulières La situation clinique peut conduire à privilégier certains bêtabloquants Chez les patients avec IC plus sévère et niveau tensionnel élevé préféré le Carvédilol (KREDEX®) qui possède une action alphabloquante diminuant la post-charge. Si patient atteint d’une bronchopneumopathie chronique obstructive, le ß- ne sont pas contre-indiqués mais introduits à distance d’une exacerbation, préféré le Nebivolol (NEBILOX®, TEMERIT®) qui est plus bêta-1-sélectif. Gestion des effets indésirables Si survenue d’une hTA, avant de réduire les doses, supprimer les autres agents hypotenseurs (Inhibiteurs calciques ou dérivés nitrés) à l’exception des IEC ou ARA 2. Si bradycardie excessive avant de diminuer la dose, arrêter la digoxine si elle était prescrite. Si décompensation cardiaque aiguë, en l’absence de choc cardiogénique, poursuite possible mais en baissant leur dose et augmentant celle des diurétiques. Doses cibles de bêtabloquant Dose initiale (mg Prises par jour Dose cible (mg) Prises par jour Bisoprolol (CARDENSIEL®) 1,25 1 10 1 Carvédilol (KREDEX®) 3,125 2 25-50 2 1,25 1 10 1 23,75 1 200 1 Nébivolol (NEBILOX®) (TEMERIT®) Métoprolol (LOPRESSOR®) The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes/Aldostérone (ARM) Ils entrent en 2013 dans le bloc des médicaments de classe IA comme les IEC et les bêtabloquants dans l’IC systolique à fraction d’éjection altérée. Mais comment ? The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Eplerenone in Mild Patients Hospitalization and Survival Study in Heart Failure: EMPHASIS-HF Effets de l’Eplerenone versus un placebo sur la mortalité cardiovasculaire ou l’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez des patients présentant une insuffisance cardiaque systolique stade II Critères d’inclusion: âge > 55 ans, NYHA stade II, FE ≤30%, QRS > 130 ms, traités par IEC dose recommandée et bêta-bloquant RRR de 27% décés cardio-vasculaire ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque Zannad F, McMurray JJ, Krum H, van Veldhuisen DJ, Swedberg K, Shi H, Vincent J, Pocock SJ, Pitt B. Eplerenone in patients with systolic heart failure and mild symptoms. N Engl J Med 2011; 364:11 – 21. Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes/Aldostérone : Etudes RALES et EPHESUS 1.663 malades souffrant de décompensation cardiaque sévère, avec une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 35 % et déjà traités par un inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine, un diurétique de l'anse et, dans la plupart des cas, la digoxine. RALES 1.00 30% Risk reduction RR 0.70 (0.60–0.82) P < 0.001 0.90 Probability of survival 0.75 Spironolactone 0.60 Placebo 6 12 18 24 Months Mortality: 30% 15% Risk reduction RR 0.85 (0.75–0.96) P = 0.008 22 18 Placebo Eplerenone Cumulative 14 incidence 10 (%) 6 2 0 0.45 0.00 0 Eplerenone Post-Acute Myocardial Infarction Heart Failure Efficacy and Survival Study(EPHESUS): 3200 patients post-IDM récent (inclusion entre 3 et 14 jours après) et présentant une fonction VG (FE < 40 %). Patients déjà traités par IEC,ARA, diurétiques et bêtabloquants. EPHESUS 30 36 0 6 12 18 24 Months 30 36 15% Pitt B et al. N Eng J Med. 1999;341:709-17. Pitt B et al. N Eng J Med. 2003;348:1309-21. Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes : modalités du traitement Initiation du traitement Il faut initier le traitement à dose faible, ne pas dépasser les 50 mg/j d’Eplérénone. Surveillance Suivre impérativement la kaliémie et la créatinine au départ, à 1 semaine, à 1 mois puis tous les 4 mois. Interrompre le traitement si la filtration glomérulaire passe sous les 30 ml/mn ou la kaliémie au-dessus de 6. Diminuer la dose pour des hyperkaliémies comprises entre 5.5 et 6. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes : choix de la molécule 25 mg Spironolactone = 50 mg Eplérénone La Spironolactone peut être responsable d’une gynécomastie, de douleurs mammaires ou de dysfonction érectile, ces effets secondaires sont rares sous Eplérénone. Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes: doses cibles Spironolactone (ALDACTONE®) Eplérénone (INSPRA®) Dose initiale (mg Prises par jour Dose cible (mg) Prises par jour 25 1 25 à 50 1 25 1 50 1 Recommandations: Antagonistes des récepteurs aux mineralocortioïdes Un ARM est recommandée pour tous les patients restant symptomatique (classe NYHA II-IV) et une FE ≤ 35%, malgré un traitement avec un IEC (ou un ARA II si l’IEC n’est pas toléré) et un bêta-bloquant. Ils réduisent le risque d’hospitalisation pour IC et le risque de décés prématuré The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. L’insuffisance cardiaque aiguë Introduction L’insuffisance cardiaque aiguë est le terme utilisé pour décrire l’apparition rapide ou de changement des symptômes et les signes d’IC. Cet état conduit habituellement le patient aux urgences. Dans la plupart des cas, elle survient chez des patients avec un diagnostic antérieur d’IC, mais peut également être la première présentation de IC (IC de novo). Chez les patients atteints d’une IC pré-existant il y a souvent un facteur déclenchant. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Facteurs aggravants ou précipitants de décompensation Arythmie, troubles conductifs Fibrillation ou flutter auriculaire Dysfonction sinusale, incompétence chronotrope Bloc auriculoventriculaire Infections Notamment respiratoires Coronaropathie Syndrome coronaire aigu HTA HTA déséquilibrée, « poussée » hypertensive Comorbidités Insuffisance rénale, insuffisance respiratoire Troubles neuropsychiques Syndromes démentiels Syndromes dépressifs Conduites addictives Iatrogène AINS, corticothérapie, excès de remplissage, modification de doses ou arrêt intempestif du traitement Divers Anémie, hyperthyroïdie Mode d’installation De nombreux progressive sur déterioration. patients présentent plusieurs jours, une voir installation plusieurs lentement semaines de Installation brutale en quelques heures voir quelques minutes (ex.: IDM) La présentation est variable de l’œdème pulmonaire, du choc cardiogénique ou l’aggravation d’oedèmes périphériques. Diagnostic et traitement seront menés en parallèle. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Evaluation initiale Trois situations peuvent se présenter: Les symptômes et les signes sont ils en rapport avec une IC ou une autre cause (par exemple une maladie pulmonaire chronique, une anémie, une insuffisance rénale, ou une embolie pulmonaire) ? Si le patient présente une IC, existe-t-il un facteur de précipitation qui exige un traitement immédiat ou une correction (par exemple, une arythmie ou un syndrome coronarien aigu) ? Le pronostic immédiat du patient est en danger en raison d’un hypoxémie ou d’une hypotension conduisant à une hypoperfusion des organes vitaux (cœur, reins et cerveau) ? The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Définitions Décompensation aiguë de novo ou décompensation insuffisance cardiaque chronique. moins sévère et pas de critères de choc cardiogénique, d’oedème pulmonaire ou de crise hypertensive. Insuffisance cardiaque aiguë hypertensive. TA élevée + FS préservée + œdème pulmonaire RX. Œdème aigu pulmonaire. (vérifier par RX): détresse respiratoire + râles crêpitants + SaO2 < 90%. . Choc cardiogénique. TA < 90 mmHg, diurèse < 0,5 mL/Kg/h, FC > 60. Insuffisance cardiaque par hyperdébit. Insuffisance The cardiaque Task Force aiguë on Acutehypertensive Heart Failure of the European Society of Cardiologie: 2005 L’œdème aigu du poumon OAP cardiogénique : syndrome dyspnéique aigu secondaire à l’inondation brutale des alvéoles pulmonaires. Urgence médicale avec mise en jeu du pronostic vital. Cause: défaillance du ventricule gauche. Mécanisme physiopathologique Capillaire Tissu interstiel Pression hydrostatique 7 à 12 mmHg Alvéole Pression oncotique Pression hydrostatique > 25 mmHg Pression hydrostatique Pression oncotique plasmatique 25 mmHg Insuffisance à fraction ventriculaire gauche altérée contractilité et/ou de la post-charge. Diminution contraction VG Augmentation chambre ventriculaire Normal Augmentation volume télédiastolique Maintien VES suffisant Décompensation + Augmentation pression télédiastolique VES : Volume d’éjection systolique Chute débit cardiaque Insuffisance à fraction ventriculaire gauche conservée distensibilité (compliance) diastolique remplissage du ventricule gauche. Diminution compliance VG Normal Diminution volume De remplissage + Augmentation pression de remplissage (télédiastolique) Maintien VES Augmentation pré-charge + Signes congestifs Eléments du diagnostic clinique (1) Le diagnostic est évoqué devant une dyspnée aiguë précédée d’un grésillement laryngé. Le début est brutal volontier matinal ou nocturne, parfois aggravation d’une dyspnée avec ou sans orthopnée. Elle s’accompagne d’une angoisse importante. Le patient est en position assise au bord du lit jambes pendantes. La dyspnée s’accompagne d’une toux quinteuse, répétitive, d’abord sèche puis ramenant une expectoration blanche, mousseuse, rapidement abondante parfois rosée (saumonée) ou franchement hémoptoïque. A ce stade l’interrogatoire est très difficile. Eléments du diagnostic clinique (2) L’examen clinique initial doit-être rapide et précis, le patient est pâle, recouvert de sueurs et cyanosé surtout en périphérie. L’auscultation pulmonaire montre la présence de râles crêpitants, prédominant au bases puis s’étendant aux 2 champs pulmonaires, ils peuvent être associés à des râles sibilants. L’auscultation cardiaque est souvent difficile, gênée par les râles crêpitants, elle retrouve une tachycardie qui peut être irrégulière évoquant une fibrillation atriale, un bruit de galop gauche difficile à percevoir, un souffle d’insuffisance mitrale souvent fonctionnel. Critères de gravité Cyanose, sueurs, signes de lutte respiratoire. Bradycardie. Marbrures. Agitation, troubles du comportement. Hypotension. SaO2 effondrée. Killip Classe III ou IV Infarctus en phase aiguë. Classification Mortalité Eléments cliniques I 3% Aucun signe d’insuffisance cardiaque II 12% Râles fins des bases III 25% Râles crêpitants jusqu’au sommet IV 75% Choc cardiogénique Diagnostic différentiel Décompensation de BPCO. Crise d’asthme (ATCD asthme). Embolie pulmonaire sur cardiopathie préexistante. Œdème pulmonaire lésionnel. Tamponnade. Conduite à tenir Pouls, tension, température, SaO2. Mettre le patient en position assise, jambes pendantes. Rassurer le patient et l’entourage. Appel SAMU ou SMUR pour le transport vers une unité de soins intensifs cardiologiques. A l’hôpital Bilan biologique avec FNS, ionogramme, urée, créatinine, Peptide natriurétique, gazométrie. Radiographie thoracique: Redistribution vasculaire vers les sommets, lignes de Kerley, élargissement des hiles ("flou juxta-hilaire ” ), Opacités alvéolaires : diffuses, cotonneuses, confluentes, à contours flous, prédominant dans les régions para-hilaires puis aux bases (image "en aile de papillon") Electrocardiogramme. Monitoring: TA, Fréquence cardiaque, SaO2. Algorithme d’utilisation des peptides natriurétiques en urgence Plusieurs seuils sont proposés en fonction de l’installation de l’insuffisance cardiaque: installation aiguë - décompensation aiguë ou bien installation progressive des symptômes. Dyspnée Installation aiguë BNP ≥ 100 pg/mL NT-Pro-BNP ≥ 300 pg/mLA MR-ProANP ≥ 120 pmol/mL Insuffisance cardiaque trés probable BNP < 100 pg/mL NT-Pro-BNP < 300 pg/mL MR-ProANP < 120 pmol/mL Insuffisance cardiaque éliminée B A: Parmi les autres causes d’augmentation dans un cadre aiguë: SCA, arythmie atriale ou ventriculaire, embolie pulmonaire, exacerbation BPCO avec IC droite, sepsis et insuffisance rénale. Parmi les autres causes d’augmentation dans un cadre non-aiguë: âge > 75 ans, arythmie auriculaire, hypertrophie ventriculaire gauche, maladie pulmonaire chronique obstructive, maladie rénale chronique. B: Le traitement peut réduire la concentration de peptide natriurétique et la concentration de peptide natriurétique peut ne pas être plus élevé dans le cadre de patients atteints d’insuffisance cardiaque à FE préservée The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Traitement pharmacologique Correction de l’hypoxie: oxygène C’est la principale priorité A utiliser dés que la SaO2 < 90% ou PaO2 <60 mmHg (8.0 kPa) But: SaO2 = 95% - 98% Attention l’hyperoxie provoque une vasoconstriction et une réduction du débit cardiaque. The Task Force on Acute Heart Failure of the European Society of Cardiologie: 2005 Diurétiques Ils permettent un soulagement rapide des symptômes, en IV. La dose optimale et le mode d'administration (bolus ou perfusion continue) sont incertains. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Diurétiques: forte dose ou petite dose, bolus ou perfusion continue ? Etude prospective, en double aveugle, randomisée, 308 patients avec une insuffisance cardiaque aiguë décompensée, traités par diurétique depuis 1 mois, furosémide IV en bolus toutes les 12 heures ou une perfusion continue et à une dose faible (équivalente à la dose habituelle) ou une dose élevée (2,5 fois la dose orale habituelle) soit 80 à 240 mg/j. Pas de différence en terme de décés et de réhospitalisation La stratégie à forte dose était, cependant, associée à une plus grande amélioration dans un certain nombre de critères d'évaluation secondaires tel qu’une perte de poids et amélioration de la dyspnée, mais au détriment d’une aggravation transitoire de la fonction rénale. Felker GM, Diuretic strategies in patients with acute decompensated heart failure. N Engl J Med 2011;364: 797 ñ 805.. Diurétiques: doses Furosémide (LASILIX®): Rétention hydro-sodée modérée: 20 à 40 mg en bolus. Rétention sévère : dose < 100 mg 6 premières heures, 240 mg/24 h en perfusion continue. Butamédine (BURINEX®): Rétention hydro-sodée modérée: 0,5 à 1 mg. Rétention sévère : 1 à 4 mg. Effets secondaires fortes doses: Activation SRA et Syst. résistance périphérique avec post-charge. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Résistance aux diurétiques Réduction ou absence de réponse au traitement diurétique. Fréquente chez les patients traités au long cours par diurétiques. Causes: Déshydratation. Activation neurohormonale. Diminution perfusion rénale, insuffisance rénale. Diminution absorption intestinale diurétique per os. Mauvaise observance du traitement et du régime sans sel. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Prise en charge de la résistance aux diurétiques Restriction hydrique. Augmenter les doses et/ou fréquence d’administration des diurétiques. Associations: Furosémide + Thiazidique (Hydrochlorotiazide). Furosémide + Epargneur potassique (spironolactone ou Eplérénone). Réduction des doses des IEC ou utilisation de petites doses. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Diurétiques: recommandations Les diurétiques de l'anse IV sont recommandés pour améliorer la dyspnée et diminuer la congestion. Les symptômes, la diurèse, la fonction rénale, et les électrolytes doivent être surveillés régulièrement pendant l'utilisation des diurétiques IV. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Vasodilatateurs Ils réduisent la précharge et la post-charge et augmentent le volume d’éjection. Il n’existe aucune preuve prouvant qu’ils améliorent la dyspnée. Effets secondaires: Chute PA avec instabilité hémodynamique et mortalité plus élevée (contre-indiqué si TA < 110 mmHg). A utiliser avec prudence chez les patients présentant une sténose mitrale et aortique. Par voie sublinguale: Trinitrine. Isosorbide Dinitrate débuter à 1mg/h puis augmenter jusqu’à 10mg/h. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Vasodilatateurs: recommandations Une perfusion IV d'un nitrate doit être envisagée chez les patients avec une congestion pulmonaire/œdème et une pression artérielle systolique > 110 mmHg, qui n'ont pas sténose mitrale ou aortique sèvères, afin de réduire la pression capillaire pulmonaire et la résistance vasculaire systémique. Les nitrates peuvent également soulager la dyspnée et la congestion. Les symptômes et la pression artérielle doit être surveillée fréquemment pendant l'administration du nitrate IV. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. La ventilation non invasive La ventilation non invasive en pression positive (VNIPP) sans l'utilisation d'une sonde endotrachéale, mais plutôt avec un masque facial étanche soulage la dyspnée et améliore la SaO2 chez les patients présentant un œdème pulmonaire aiguë. La VNIPP prend en charge une partie ou la totalité du travail respiratoire afin d’assurer une ventilation alvéolaire satisfaisante. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. La Ventilation Non Invasive: principes Elle doit être envisager le plus tôt possible chez les patients en OAP La VNIPP améliore la fonction ventriculaire gauche en réduisant la précharge et la postcharge VG. Plusieurs modes d’aide sont disponibles sur les respirateurs afin d’améliorer plusieurs paramètres: La PEP, l’Aide Inspiratoire (AI), Trigger inspiratoire, Pente, FiO2 Le Trigger = signal d’insufflation. Pente = vitesse de montée en pression La PEP ouvre les alvéoles pulmonaires,augmente la capacité résiduelle pulmonaire. L’AI améliore le travail des muscles respiratoires. Mais une grande étude récente contrôlée, randomisée… La Ventilation Non Invasive (VNI) 1156 patients avec un œdème pulmonaire aigu cardiogénique ont été randomisés et contrôlés. Comparaison CPAP ou VNIPP avec une thérapie standard par oxygène La ventilation non invasive ne réduit pas la mortalité par rapport à l’oxygénothérapie Gray A, Noninvasive ventilation in acute cardiogenic pulmonary edema. N Eng Med 2008;359: 142 ñ 151 VNIPP: recommandations La ventilation non invasive devrait être envisagée chez les patients dyspnéiques avec œdème pulmonaire et une fréquence respiratoire > 20 respirations par minute afin d'améliorer la dyspnée et de réduire l'hypercapnie et une acidose. La ventilation non invasive permet de réduire la pression artérielle et ne devrait généralement pas être utilisé chez les patients présentant une pression artérielle systolique < 85 mmHg (et la pression artérielle doit être contrôlée régulièrement lorsque ce traitement est utilisé). The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology. Conclusions L’insuffisance cardiaque aiguë est une urgence médicale. Il peut s’agir d’une insuffisance cardiaque de novo ou d’une décompensation d’une insuffisance cardiaque chronique. L’évaluation et le diagnostic doivent être immédiats. Les peptides natriurétiques sont au cœur de la prise charge. Les mesures thérapeutiques doivent être mises en place en urgence afin d’améliorer les symptômes et la survie. The Task Force for the Diagnosis and Treatment of Acute and Chronic Heart Failure 2012 of the European Society of Cardiology.