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LE NATURALISTE CANADIEN, VOL. 129 N
MUSÉOLOGIE SCIENTIFIQUE
tillons plutôt qu’autour des noms d’espèces : deux « tableaux
de données » fondamentaux devraient être greffés à chaque
numéro d’échantillon, l’un nommé
, comme point de départ de la hiérarchie
des tableaux informatiques.
comprennent tous les renseigne-
ments rassemblés au moment du prélèvement de l’échan-
tillon dans la nature. Les exemples suivants de « descripteurs »
(terminologie moderne…) désignent des données stables :
nom et coordonnées géographiques du lieu du prélèvement
e. d’échantillonnage), date et heure du prélèvement, nom
de l’appareil de prélèvement (avec son caractère quantitatif
ou qualitatif, son ouverture de mailles, etc.), altitude, profon-
deur, température et autres variables écologiques observées
ou mesurées simultanément, etc. Toutes ces données sont
dites stables : en effet, à moins d’erreurs de transcription, de
données égarées puis retrouvées, ou d’entités géographiques
rebaptisées, elles ne changeront jamais parce qu’elles pro-
viennent du passé. Dans le passé lointain, les naturalistes les
notaient dans des calepins de terrain, des livres de bord et
autres cahiers manuscrits, que tous les musées responsables
conservent soigneusement dans leurs archives parce que de
là provient la valeur scienti que de leurs collections (Beidel-
man, 2004). On le notera ici, informatiser les données stables,
relativement peu nombreuses, représente une tâche beau-
coup moins monumentale que de saisir dans des tableaux
informatiques les données évolutives décrites ci-dessous.
émanent de tous les « trai-
tements » administrés à l’échantillon qu’on rapporte au
laboratoire ou qu’on entrepose en collection, après son
prélèvement en nature. Les exemples suivants sont des don-
nées évolutives : nombre et volume des aliquotes, nombre et
nom de chacun des taxons de haut niveau (embranchement,
classe, ordre, etc.) qu’on reconnaît assez aisément et rapide-
ment, qu’on trie et isole de l’échantillon (chacun constituant
un « sous-échantillon taxinomique »), nombre d’individus
dans chaque sous-échantillon, noms scienti ques de toutes
les espèces dans chacun de ces sous-échantillons, leurs sexes,
stades de maturité, tailles, pièces morphologiques détachées
g. pièces buccales disséquées et montées sur lames, os, etc.)
et, dorénavant, pièces moléculaires comme l’ADN (autant
de sous-échantillons plus fins…), etc. De telles données
évolutives seront toujours susceptibles de changer à mesure
que progresseront les connaissances, et que l’échantillon et
ses sous-échantillons seront soumis à l’examen taxinomique
ou écologique par le futur personnel technique ou scienti-
que. Ces personnes seront toujours sujettes aux erreurs :
changements de noms, mauvaises identi cations, décomp-
tes erronés, etc. Bien sûr, la manière moderne d’enregistrer,
d’effacer et de modi er ce type de données évolutives passe
C’est ici que tous les gestionnaires et conservateurs de
collections font face à leur plus gigantesque tâche : les relevés
écologiques modernes, en particulier dans les milieux aqua-
tiques, prélèvent de gros et nombreux échantillons qui con-
tiennent des douzaines ou souvent des centaines d’espèces et
des milliers d’individus à la fois des habitats planctoniques
et benthiques. Puisqu’on ne peut conserver tout ce matériel
répétitif, se pose le problème croissant de la conservation
de « spécimens-témoins » (Wheeler
nommés « échantillons-témoins », lorsque le manque de
ressources empêche le laborieux et coûteux travail de trier,
identi er et dénombrer tout ce matériel dès après son arri-
vée au laboratoire. Par conséquent, pour que les collections
servent mieux la recherche et la société (Suarez et Tsutsui,
2004) dans un proche avenir, compte tenu de l’aggravation
des problèmes environnementaux, de
additionnels sont indispensables
dans les musées de sciences
naturelles et dans les laboratoires gouvernementaux et uni-
versitaires pourvus d’un mandat de recherche fondamentale
en biodiversité. Et ce mandat doit viser à la fois la biodiversité
écologique et la biodiversité taxinomique.
A n de mettre à la disposition de tous les chercheurs
et de tous les écologistes militants l’immense réservoir de
données encore cachées dans les millions d’échantillons con-
tenus dans les collections de recherche, l’outil informatique
est devenu indispensable (Edwards, 2004).
C’est en centrant sa Banque de données sur la bio-
diversité du Québec (BADIQ) autour de la notion d’échan-
tillon, comme je le préconise ici, que Francœur (1993, 2001)
avait déjà conçu la gestion de son système informatique avant
la plupart des chercheurs dans ce domaine.
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