M U S É O L O G I E S C I E N T I F I Q U E « Échantillon », mot-clef et concept central pour les collections de sciences naturelles Pierre Brunel Dans un numéro récent de la SPNHC Newsletter, diffusé par la « Society for the Preservation of Natural History Collections », John E. Simmons (2004), gestionnaire des collections du Musée d’histoire naturelle de l’Université du Kansas, s’interroge pertinemment sur la désignation la plus appropriée de toutes les « composantes » (i. e. les objets) des collections de sciences naturelles. Après avoir passé en revue les équivalents anglais des mots « artéfact », « item », « objet », « spécimen » et « chose », il conclut que le mot « élément » serait le plus convenable, parce qu’il est le plus général. L’Oxford English Dictionary est la seule source lexicographique citée par l’auteur. Dans les paragraphes qui suivent, j’entends montrer, en recourant à un autre dictionnaire, que le mot « échantillon » est plus approprié, car le mot « élément » désigne un concept beaucoup trop englobant qui inclut toute abstraction faisant partie d’un ensemble ou d’une « chose » plus grande, qui peut être tout aussi abstraite. Les écologistes, les taxinomistes et les autres naturalistes savent bien que l’étude de la nature s’est énormément transformée depuis les époques de Linné et de Darwin, aux XVIIIe et XIXe siècles. Le développement de l’écologie, de l’éthologie et de la génétique au XXe siècle a notamment eu pour effet de réduire les préoccupations des naturalistes pour la taxinomie, la floristique et la faunistique, essentiellement descriptives, et de déplacer leurs intérêts vers les associations végétales et animales (i. e. les communautés, ou biocénoses), vers les écosystèmes et les mécanismes qui les structurent, et enfin vers l’évolution, qui explique les lointaines origines des groupes d’espèces. Bref, l’intérêt pour les espèces individuelles, leur identification et leur classification s’est progressivement déplacé vers les groupements d’espèces, les facteurs physico-chimiques de leur environnement, et les facteurs historiques de leur phylogénie. En raison de ressources nettement insuffisantes, les musées d’histoire naturelle ont eu beaucoup de difficultés à adapter leurs collections de recherche à cette évolution. Encore aujourd’hui, la plupart des musées conservent leurs collections avec un souci prioritaire pour les espèces et les spécimens qui en sont les plus représentatifs, plutôt que pour les ensembles d’espèces. Cette tendance est encore plus marquée chez les collectionneurs privés, notamment chez les entomologistes autodidactes, particulièrement nombreux au Québec. Car les deux fonctions taxinomiques et écologiques conservent toujours toute leur importance pour une étude sérieuse de la biodiversité (Brunel, 2004), ce qui signifie que par leur nature même de service à toutes les recherches, 10 LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA les collections de sciences naturelles sont appelées à toujours se développer. Les besoins en espace et en personnel pour les rendre accessibles devraient donc augmenter avec le temps et les progrès scientifiques. Or le contraire semble plutôt se produire. Les développements technologiques survenus pour raffiner les recherches écologiques ont multiplié les méthodes de prélèvement des végétaux, des animaux et des microbes dans la nature. Bien sûr, dans les habitats terrestres visibles et facilement accessibles comme les prairies, les forêts, ou même les déserts et les marécages, on peut encore prélever à la main une plante ou un insecte, tuer ou piéger un oiseau, un mammifère ou un autre vertébré d’assez grande taille, tout comme Linné et les anciens naturalistes le faisaient. On prélève alors généralement un ou quelques individus à la fois, de façon assez aléatoire et sélective, selon ses intérêts, traditionnellement plutôt taxinomiques. Et les modes de prélèvement étaient et peuvent encore demeurer très rudimentaires, sans que les organismes ainsi mis en collection perdent de leur intérêt. Les méthodes de prélèvement inventées pour les recherches écologiques, de plus en plus quantitatives, ont toutefois permis de prélever d’un coup des groupes d’animaux ou de végétaux comprenant des nombres considérables d’individus. Ces méthodes avaient d’ailleurs été inventées depuis longtemps pour les milieux aquatiques, notamment les fonds marins exploités par les pêcheurs : l’utilisation du chalut, ce filet en forme de poche que traîne le navire et qui racle le fond en ramassant tous les gros animaux qui s’y trouvent, remonte au Moyen Âge, et celle de la drague n’est probablement pas beaucoup plus récente. Le filet à plancton, inventé par Hensen à la fin du XIXe siècle, permet encore aujourd’hui de prélever une communauté planctonique entière : comme pour les chaluts, la dimension des mailles détermine quelle fraction de cette communauté multidimensionnelle sera prélevée. Les « éléments » d’une collection muséologique sont donc des objets très concrets. Leur interprétation ou leur explication peut devenir abstraite, mais les abstractions ne sont pas véritablement des « composantes » d’une collection. Selon moi, désigner un animal ou une plante comme étant un « objet » (désignation « raisonnable » selon Simmons) ne le ravale pas au rang inférieur des objets non biologiques tels Pierre Brunel, professeur honoraire au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal, est biologiste et océanographe. Il est président de l’Institut québécois de la biodiversité. M U S É O L O G I E S C I E N T I F I Q U E JEAN-LUC VERVILLE que les roches, comme Simmons semble le penser lorsqu’il invoque « un certain poids historique » pour rejeter le terme « objet ». En outre, après avoir cité le sens inapproprié du mot anglais « object », soit « objection » ou « obstacle », l’auteur cite la définition appropriée de ce mot : « quelque chose qui peut être vu, touché, ou autrement senti . Cela décrit assez bien le contenu de la plupart des collections, tant d’histoire naturelle que d’artéfacts humains. Mais des sonogrammes de chants d’oiseaux, des odeurs florales en fioles ou sur d’autres supports physiques, ainsi que d’autres composantes descriptives de collections qui ne sont pas des objets physiques semblables aux spécimens traditionnels, sont des composantes fort valides des collections de sciences naturelles. Que le mot « objet » soit adéquat ou non, par conséquent, il vaut la peine d’examiner un autre mot et un autre concept. Le tri d’un des échantillons écologiques de fond marin (en arrièreplan) extrait les animaux des sédiments, sépare laborieusement l’échantillon en sous-échantillons taxinomiques rassemblés dans des plats de verre, puis dans des fioles étiquetées qui seront classées dans une collection de recherche. D’une certaine manière, on peut considérer tous les musées comme des institutions scientifiques dédiées à l’étude et à l’interprétation, tant pour le grand public que pour les usagers spécialisés, des collections d’objets qui sont leur principale caractéristique. Puisque la première étape de toute étude scientifique consiste à observer la réalité objective avec nos cinq sens, les musées rassemblent, pour tous les chercheurs intéressés et pour tous les visiteurs de leurs expositions, des « concentrés de réalité ». Ces concentrés nommés « collections » épargnent beaucoup de voyages coûteux à leurs usagers qui, pour la plupart, comprendraient mieux la réalité en l’observant directement mais ne peuvent absorber de tels frais de voyage dans des lieux très éloignés ou trop dangereux. Et les voyages dans les temps passés sont impossibles, sauf par les collections, les livres, les films et autres moyens indirects semblables. En outre, voyager intelligemment dans l’espace ou dans le temps requiert habituellement de bons guides ou experts, peu souvent disponibles sans frais. Les musées procurent généralement ces savoirs. Toutefois, les musées ne diffèrent pas des autres institutions scientifiques en ce que les « meilleurs concentrés de réalité » qu’ils peuvent offrir sont lourdement tributaires de leurs ressources. Les objets contenus dans leurs collections sont donc ce que tous les scientifiques modernes nomment « échantillons » de cette réalité, c’est-à-dire des sous-ensembles de l’énorme quantité d’objets naturels produits par l’évolution organique ainsi que par les facteurs écologiques plus récents, mais également des sous-ensembles du plus petit nombre d’artéfacts produits par les humains. Quelle est cette réalité que les objets muséaux visent à représenter ? Si l’on se limite d’abord aux traditionnels musées d’histoire naturelle, leur tâche classique – jusqu’aux quelques décennies récentes – consistait à montrer la réalité des espèces. Les échantillons de cette réalité que leurs ressources limitées leur permettaient d’exposer ou de mettre à la disposition des chercheurs, on les nommait spécimens. Dans le dictionnaire Robert (1993), ce mot (qui remonte à 1662), dans son premier sens, se définit comme suit : « Individu qui donne une idée de l’espèce à laquelle il appartient ; unité ou partie d’un ensemble qui donne une idée du tout ». Simmons (2004) n’aime pas ce mot à cause de ses « connotations aristotéliciennes ou typologiques », et parce qu’il « dénote une partie représentative d’un tout ». Cette objection signifie simplement que le spécimen n’est pas un bon échantillon parce qu’il peut mal représenter l’espèce réelle. Mais les mots-clef ici sont « individu » et « représentatif ». Je note que la définition française n’emploie pas le mot « représentatif », mais réfère plutôt à « l’idée » (de la réalité de l’espèce) transmise par « l’individu », et que ce dernier mot n’apparaît pas dans le choix d’une définition par Simmons. Tout scientifique admettra qu’un spécimen choisi comme « type » par les anciens naturalistes était souvent peu représentatif de son espèce. Mais il pouvait l’être. Et qu’il soit représentatif ou pas, il donnait une « idée » du groupe d’individus affublé d’un nom scientifique d’espèce. Le mot « spécimen » est donc parfaitement valide pour désigner un échantillon consistant en un seul individu. On peut également le considérer comme un « échantillon taxinomique », car sa fonction taxinomique est nettement supérieure à sa fonction écologique (cf. Brunel, 2004). Le mot « échantillon », apparemment plus ancien en français (il remonterait à 1260.) que le « sample » anglais, est défini comme suit dans le Robert (1993), dans son sens le plus approprié ici : « Petite quantité d’une marchandise qu’on montre pour donner une idée de l’ensemble. » Une petite quantité peut être aussi petite qu’un seul individu – un spécimen - ou elle peut contenir plusieurs unités, mais dans les deux cas l’intention est encore de « donner une idée » de la réalité du tout. Que l’objet soit représentatif ou pas importe peu : il est toujours un échantillon, bon ou mauvais. On a progressivement étendu aux recherches scientifiques ce sens commercial du mot « échantillon ». Et les scientifiques, dans les musées ou ailleurs, conviendront aisément qu’aucun LE NATURALISTE CANADIEN, VOL. 129 No 1 HIVER 2005 11 JEAN-LUC VERVILLE M U S É O L O G I E Cette branche de pin gris est un sous-échantillon d’arbre individuel, c’est-à-dire un spécimen dont les « cocottes » témoignent de la saison de reproduction de l’espèce dans les Laurentides il y a 52 ans. Le réchauffement climatique en cours y change-t-il quelque chose ? échantillon, aussi grand soit-il, ne sera jamais parfaitement représentatif du tout, c’est-à-dire de la réalité. Mais il en transmet toujours « une idée » : c’est tout ce qu’il peut faire dans notre monde imparfait. Les études modernes en sciences naturelles ont déplacé l’accent, auparavant centré sur les réalités taxinomiques, vers les réalités écologiques. Les échantillons sont devenus plus gros et plus raffinés (i. e. plus quantitatifs), en particulier dans les milieux aquatiques, d’où l’on peut extraire des échantillons de communautés biotiques entières à l’aide de filets à plancton, dragues, bennes, chaluts, etc. On prélève même le substrat physique – sable, vase – des communautés benthiques qui y vivent. Dans les milieux terrestres, on peut capturer des quantités considérables d’insectes dans les pièges lumineux, et les pédologues peuvent prélever des échantillons quantitatifs de sols analogues aux échantillons de faune benthique aquatique. À cause de la nature laborieuse et coûteuse du travail de tamisage, de tri, de décompte, d’isolement et d’étiquetage des nombres énormes d’individus rapportés dans de tels échantillons, on les fait attendre longtemps avant de les traiter. On peut et on doit les entreposer en collection. Pour réduire les coûts et cibler les problèmes urgents, toutefois, on extrait généralement les spécimens des espèces choisies pour leur valeur marchande, en laissant le reste à de futurs chercheurs animés d’objectifs à 12 LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA S C I E N T I F I Q U E plus long terme. De tels échantillons écologiques contiennent en général des spécimens de plusieurs taxons différents de haut niveau (embranchements, classes, ordres). Les musées n’en ont pas conservé beaucoup dans le passé, faute d’espace et de personnel. Au cours des récentes décennies, ce type de « données brutes » a plutôt été produit par les laboratoires gouvernementaux pourvus de mandats en ressources naturelles ou en environnement. Les professeurs d’universités aux ressources encore plus limitées, qui en produisent aussi beaucoup avec leurs étudiants, tendent plutôt à les jeter. À notre époque de troubles environnementaux croissants, les échantillons écologiques acquerront assurément une plus-value scientifique bien plus grande que dans le passé. Les mouvements écologistes militants poseront bientôt des questions embarrassantes aux gouvernements qui sont les pourvoyeurs responsables du financement des musées et des universités, sans parler de leurs propres laboratoires, qui sont eux-mêmes sous-financés pour la recherche fondamentale d’avenir. En effet, le domaine légal aura de plus en plus l’obligation de préserver les habitats naturels en danger, et pas seulement les espèces. Et la réalité des habitats, auparavant naturels et maintenant perturbés, doit être documentée avec des échantillons écologiques, pas seulement par les échantillons taxinomiques ou biogéographiques, qui ont pour fonction de documenter la réalité des espèces et de leur répartition spatiale à grande échelle (Brunel, 2004). Pour désigner des échantillons écologiques, les expressions « lot » ou « faunal group » sont aussi utilisées, par exemple au Musée canadien de la nature. Dans deux de ses significations appropriées, le mot « lot » est défini par le Robert (1993) soit comme « partie d’un tout partagé entre plusieurs personnes », soit comme « ensemble de marchandises ou de produits vendus ou donnés ensemble ». Il peut s’appliquer à un échantillon contenant plusieurs ou un très grand nombre d’individus ou de spécimens, mais il inclut un concept de quantité. Il ne peut donc pas désigner un seul individu. Outre que « faunal group » ne saurait désigner un échantillon de plancton végétal, il en découle que deux mots, « spécimen » et « lot », seraient nécessaires pour désigner n’importe quel type d’échantillon. Et deux spécimens forment-ils un lot ?... Les échantillons prélevés dans la nature constituent les nœuds communs autour desquels les collections de recherche en sciences naturelles devraient être organisées et informatisées dans l’avenir, par les musées et les laboratoires gouvernementaux pourvus de mandats pour suivre et protéger soit les espèces (e. g. légalement protégées en raison de leur statut précaire), soit l’environnement (e. g. les habitats), soit les ressources naturelles (e. g. celles des forêts, de l’agriculture, des pêches). Idéalement, un numéro d’échantillon exclusif et informatisé devrait apparaître sur chacune des étiquettes accompagnant les spécimens ou les groupes de spécimens, c’est-à-dire tous les « échantillons ». Au moment de concevoir leurs banques relationnelles de données, les conservateurs ou les gestionnaires de collections devraient informatiser leurs données autour de ces numéros d’échan- M U S É O L O G I E tillons plutôt qu’autour des noms d’espèces : deux « tableaux de données » fondamentaux devraient être greffés à chaque numéro d’échantillon, l’un nommé données stables, l’autre, données évolutives, comme point de départ de la hiérarchie des tableaux informatiques. Les données stables comprennent tous les renseignements rassemblés au moment du prélèvement de l’échantillon dans la nature. Les exemples suivants de « descripteurs » (terminologie moderne…) désignent des données stables : nom et coordonnées géographiques du lieu du prélèvement (i. e. d’échantillonnage), date et heure du prélèvement, nom de l’appareil de prélèvement (avec son caractère quantitatif ou qualitatif, son ouverture de mailles, etc.), altitude, profondeur, température et autres variables écologiques observées ou mesurées simultanément, etc. Toutes ces données sont dites stables : en effet, à moins d’erreurs de transcription, de données égarées puis retrouvées, ou d’entités géographiques rebaptisées, elles ne changeront jamais parce qu’elles proviennent du passé. Dans le passé lointain, les naturalistes les notaient dans des calepins de terrain, des livres de bord et autres cahiers manuscrits, que tous les musées responsables conservent soigneusement dans leurs archives parce que de là provient la valeur scientifique de leurs collections (Beidelman, 2004). On le notera ici, informatiser les données stables, relativement peu nombreuses, représente une tâche beaucoup moins monumentale que de saisir dans des tableaux informatiques les données évolutives décrites ci-dessous. Les données évolutives émanent de tous les « traitements » administrés à l’échantillon qu’on rapporte au laboratoire ou qu’on entrepose en collection, après son prélèvement en nature. Les exemples suivants sont des données évolutives : nombre et volume des aliquotes, nombre et nom de chacun des taxons de haut niveau (embranchement, classe, ordre, etc.) qu’on reconnaît assez aisément et rapidement, qu’on trie et isole de l’échantillon (chacun constituant un « sous-échantillon taxinomique »), nombre d’individus dans chaque sous-échantillon, noms scientifiques de toutes les espèces dans chacun de ces sous-échantillons, leurs sexes, stades de maturité, tailles, pièces morphologiques détachées (e. g. pièces buccales disséquées et montées sur lames, os, etc.) et, dorénavant, pièces moléculaires comme l’ADN (autant de sous-échantillons plus fins…), etc. De telles données évolutives seront toujours susceptibles de changer à mesure que progresseront les connaissances, et que l’échantillon et ses sous-échantillons seront soumis à l’examen taxinomique ou écologique par le futur personnel technique ou scientifique. Ces personnes seront toujours sujettes aux erreurs : changements de noms, mauvaises identifications, décomptes erronés, etc. Bien sûr, la manière moderne d’enregistrer, d’effacer et de modifier ce type de données évolutives passe par l’ordinateur. C’est ici que tous les gestionnaires et conservateurs de collections font face à leur plus gigantesque tâche : les relevés écologiques modernes, en particulier dans les milieux aquatiques, prélèvent de gros et nombreux échantillons qui contiennent des douzaines ou souvent des centaines d’espèces et S C I E N T I F I Q U E des milliers d’individus à la fois des habitats planctoniques et benthiques. Puisqu’on ne peut conserver tout ce matériel répétitif, se pose le problème croissant de la conservation de « spécimens-témoins » (Wheeler et al., 2003), mieux nommés « échantillons-témoins », lorsque le manque de ressources empêche le laborieux et coûteux travail de trier, identifier et dénombrer tout ce matériel dès après son arrivée au laboratoire. Par conséquent, pour que les collections servent mieux la recherche et la société (Suarez et Tsutsui, 2004) dans un proche avenir, compte tenu de l’aggravation des problèmes environnementaux, de l’espace et du personnel additionnels sont indispensables dans les musées de sciences naturelles et dans les laboratoires gouvernementaux et universitaires pourvus d’un mandat de recherche fondamentale en biodiversité. Et ce mandat doit viser à la fois la biodiversité écologique et la biodiversité taxinomique. Afin de mettre à la disposition de tous les chercheurs et de tous les écologistes militants l’immense réservoir de données encore cachées dans les millions d’échantillons contenus dans les collections de recherche, l’outil informatique est devenu indispensable (Edwards, 2004). C’est en centrant sa Banque de données sur la biodiversité du Québec (BADIQ) autour de la notion d’échantillon, comme je le préconise ici, que Francœur (1993, 2001) avait déjà conçu la gestion de son système informatique avant la plupart des chercheurs dans ce domaine. Références BEIDELMAN, R., 2004. More than specimens in natural history museums. BioScience, 54(7): 612. American Institute of Biological Sciences (AIBS), Washington, DC. BRUNEL, P., 2004. Les collections de sciences naturelles : principaux types selon leurs fonctions prédominantes. Le Naturaliste canadien, 128(2) : 9-14. EDWARDS, J.L., 2004. Research and societal benefits of the Global Biodiversity Information Facility. BioScience, 54(6): 485-486. 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