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LE POINT SUR LA PETITE ENFANCE 3
exclusives aux enfants provenant de familles à
faible revenu — les enfants avec ces vulnérabilités
proviennent de tous les milieux économiques.
Ils ont démontré que cibler les ressources exclurait
la majorité des enfants avec ces vulnérabilités,
incluant ceux de la classe moyenne et des familles
bien nanties.
Récemment, les économistes se demandaient si
les « rares ressources » sont même une considéra-
tion. Le programme d’éducation à la petite enfance
du Québec a été critiqué pour ses coûts. Toutefois,
des analyses récentes démontrent que la province
couvre toutes les dépenses qu’elle a engagées grâce
aux recettes scales supplémentaires que génèrent
les mères au travail, tandis que le gouvernement
fédéral, qui ne contribue que peu au programme,
prote d’un gain fortuit annuel de 717 millions de
dollars. La recherche prouve que l’excuse du « nous
n’avons tout simplement pas les moyens » pour
priver les jeunes enfants de leur part équitable des
ressources de la société n’est pas fondée.
Les chercheurs ont suivi trois excellentes études
longitudinales américaines d’importance qui por-
taient sur l’impact de l’éducation préscolaire sur les
enfants provenant de milieux défavorisés. La plupart
des participants étaient des enfants afro-américains
jugés à risque en raison du faible revenu de leur
famille et de l’âge et du niveau d’éducation de la mère
ainsi que de son statut de parent unique. Générale-
ment, les familles vivaient dans des quartiers où la
pauvreté et le taux de criminalité élevé sont persis-
tants. Les enfants changeaient souvent d’école et de
logement.
La Perry Preschool d’Ypsilanti, au Michigan,
(fondée en 1962), l’Étude Abécédaire (Abecedarian
study) de la Caroline du Nord (1972) et les centres
parents-enfants de Chicago (1967) ont suivi leurs
cohortes initiales pendant plus de 40 ans. Chaque
étude était unique, mais elles oraient toutes un
programme de groupe axé sur la participation des
parents et le développement des capacités de lecture
et d’écriture. Le ratio enfant-personnel était faible et
les éducateurs avaient suivi une formation universi-
taire en éducation de la petite enfance.
Évalués au l du temps, les groupes préscolaires
ont montré un taux plus élevé d’obtention, en temps
régulier, du diplôme d’études secondaires, un plus
grand taux d’inscription aux études postsecondaires,
des revenus plus élevés et un comportement plus
prosocial une fois adultes que les groupes de com-
paraison. Pour les enfants nés d’une mère n’ayant
jamais obtenu un diplôme d’études secondaires, le
taux de diplomation au secondaire était environ
10% plus élevé, et le taux d’abus d’alcool ou d’autres
drogues et les charges criminelles étaient environ
10% plus faibles que pour les enfants des études qui
ne fréquentaient pas un établissement préscolaire.
Les résultats étaient particulièrement agrants chez
les garçons.1
Aucun eet à long terme n’a été trouvé entre ces
programmes et le quotient intellectuel (QI) des
participants, mais l’éducation préscolaire a aidé les
+ 10 % Hausse du taux
d’obtention de diplôme
pour les personnes
qui ont fréquenté un
établissement préscolaire
717 millions
de dollars
Économies d’impôts
annuelles d’Ottawa
provenant des services
de garde québécois peu
coûteux
101 millions
de dollars
Recettes annuelles brutes
provenant du secteur
des services de garde de
Winnipeg
70 000 Mères québécoises de
plus aptes à travailler
grâce aux services de
garde à faible coût
50 000 Pénurie annuelle
d’éducateurs à la petite
enfance
5 000 $ Économies par enfant
en matière de coûts en
éducation spécialisée
engendrés par les
programmes parascolaires