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Estuaires
Extrait du Manuel d’interprétation
des habitats de l’Union européenne
Version EUR 15-1999
PAL. CLASS. : 13.2, 11.2
Partie aval d’une vallée fluviale soumise aux marées, à
partir du début des eaux saumâtres. Les estuaires fluviaux
sont des anses côtières où, contrairement aux « grandes
criques et baies peu profondes », l’apport en eau douce
est généralement important. L’interaction des eaux douces
avec les eaux marines ainsi que la réduction du flux des
eaux dans l’estuaire provoquent le dépôt de fins sédiments
sous forme de larges étendues de replats boueux et sableux.
Lorsque l’écoulement du fleuve est plus lent que le flot, les
dépôts de sédiments forment un delta à l’embouchure de
l’estuaire.
L’embouchure des rivières baltiques, considérée comme
un sous-type d’estuaire, présente de l’eau saumâtre et pas
de marée, avec une grande végétation des zones humides
(hélophytique) et une végétation aquatique luxuriante dans
les zones peu profondes.
Végétales :
Communautés d’algues benthiques et peuplements de
Zostères, notamment de Zostera noltii (Zosteretea) ou
végétation d’eau saumâtre : Ruppia maritima, R. rostellata
(Ruppietea) ; Spartina maritima (Spartinetea) ; Sarcocornia
perennis (Arthrocnemetea). Dans l’embouchure des rivières
baltiques, les espèces d’eau douce ainsi que celles d’eau
saumâtre peuvent être présentes (Carex spp., Myriophyllum
spp., Phragmites australis, Potamogeton spp., Scirpus spp.).
Animales :
Communautés d’invertébrés benthiques ; importante zone
d’alimentation pour de nombreux oiseaux.
Correspondances :
Classification allemande : « D2a Ästuare (Fließgewässer-
mündungen mit Brackwassereinfluß u./od. Tidenhub
eingeschlossen werden », « 050105 Brackwasserwatt des
Ästuare an der Nordsee », « 050106 Süßwasserwatt im
Tideeinfluß des Nordsee ».
Sur le terrain, l’estuaire forme une unité écologique avec les
habitats côtiers environnants. En termes de conservation de
la nature, ces différents habitats ne doivent pas être séparés
et cette réalité de terrain doit être prise en considération lors
du choix des sites.
Caractères généraux
La définition d’un « estuaire » inclut la notion de masse d’eau
côtière en libre communication avec la mer et dans laquelle l’eau
de mer est diluée par de l’eau douce d’origine terrestre.
L’ouverture de l’estuaire à la mer doit permettre leurs échanges
continuels : transmission de l’énergie de marée et apports de sels
dissous. Lorsqu’il existe une barrière, la communication entre
la masse d’eau ainsi isolée et la mer n’est assurée qu’à marée
haute, on parle de « lagune ».
La circulation dans l’estuaire est influencée par les frontières
latérales, sont donc exclues les étendues d’eau trop importan-
tes pour que des apports latéraux puissent influer sur la dyna-
mique.
Dans l’estuaire, on distingue la « marée dynamique », corres-
pondant à la propagation de la marée dans l’estuaire jusqu’au
point à partir duquel on retrouve un courant fluvial dirigé vers
l’aval, et la « marée saline », qui correspond à l’intrusion d’eau
de mer et à son mélange avec l’eau douce. C’est la limite de la
marée salée qui est à retenir dans la définition de l’habitat, puis-
que c’est elle qui explique la répartition des faunes et des flores
saumâtres qui le caractérisent.
Cet habitat a subi de profondes perturbations depuis que l’ur-
banisation et l’industrialisation de type portuaire se sont déve-
loppées le long des zones estuariennes. Les peuplements sont
le plus souvent très dégradés et il semble parfois difficile de
reconstituer les peuplements originaux. Au mieux, il ne reste
plus que la fraction la plus résistante des peuplements résidents.
Ces milieux constituent aussi des zones de passage, de transition
entre la mer et l’eau douce, et de nombreuses écophases d’espè-
ces marines ou amphihalines s’y déroulent. La qualité des eaux
estuariennes repose sur la bonne gestion des bassins-versants.
Sa reconquête est parfois marquée par la réapparition d’espèces
migratrices jadis abondantes et qui avaient déserté cet habitat
(c’est la cas du Saumon atlantique, Salmo salar).
CODE CORINE 13.2, 11.2
1130
Eaux marines et milieux à marées
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Eaux marines et milieux à marées
Déclinaison en habitats élémentaires
Déclinaison en deux habitats élémentaires, le premier atlantique
et le second méditerranéen :
- Slikke en mer à marées (façade atlantique)
- Sables vaseux et vases lagunaires et estuariennes
(Méditerranée)
Il existe une classification des estuaires en fonction du mode
de pénétration de l’eau de mer dans l’estuaire et de ses
possibilités de mélange avec l’eau douce. Cette classification
physique des estuaires n’est pas évoquée ici, car la répartition
des espèces saumâtres qui caractérisent ces milieux très varia-
bles traduit bien les conditions de dessalures.
Ce type d’habitat se rencontre sur l’ensemble de la façade
Manche-Atlantique soumise aux actions hydrodynamiques
d’ordre marégraphique, ce qui est implicite dans la définition de
l’estuaire. Ce sont de grands estuaires (Seine, Loire, Gironde…
), des estuaires de taille restreinte aboutissant dans une baie
(Somme, Veys, Morlaix, Brest, Lorient, Vilaine…) ou de petits
estuaires (comme les abers bretons).
Étant donné l’appartenance de cette faune saumâtre à un seul
peuplement (ou à une seule biocénose), il est possible de ne
reconnaître que deux habitats élémentaires, l’un atlantique,
l’autre méditerranéen. En Méditerranée, où les phénomènes
marégraphiques sont très atténués, cet habitat est très limité. Il
mérite cependant d’être clairement identifié et distingué de son
homologue atlantique.
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Slikke en mer à marées (façade atlantique)
Caractères diagnostiques de l’habitat
Caractéristiques stationnelles
L’habitat s’étend des limites supérieures des pleines mers de
mortes-eaux (0 m) jusqu’aux limites inférieures des basses
mers de vives-eaux (étage médiolittoral). Il peut aussi, parfois,
concerner l’étage infralittoral, mais le peuplement n’y est pas
différent.
Substrat très divers : des sables fins aux vases.
Salinité variable : milieux euhalin (30 à 35 PSU), polyhalin
(18 à 30 PSU), mésohalin (5 à 18 PSU) et oligohalin
(0,5 à 5 PSU).
Variabilité
Variabilité liée à la diversité des substrats, aux différents degrés
de salinité du milieu, à la présence de phanérogames (Salicornes,
Joncs, Zostera noltii…), à la présence de cyanophycées…
Variabilité due aux niveaux topographiques et aux profils des
pentes.
Variabilité liée aux perturbations anthropiques, comme les
apports de matières organiques, avec présence d’espèces oppor-
tunistes au sein de la macrofaune, venant se surimposer ou se
substituer à la faune estuarienne.
Espèces « indicatrices » du type d’habitat
Mollusques bivalves fouisseurs : Macoma baltica, Scrobicularia
plana, Cerastoderma lamarcki et C. edule, Abra tenuis, Mya
arenaria.
Vers polychètes : Hediste diversicolor, Streblospio spp.,
Manayunkia aestuarina.
Mollusques gastéropodes : Hydrobia spp.
Crustacés amphipodes : Corophium volutator et C. arena-
rium ; crustacé isopode : Cyathura carinata.
Il s’agit plus largement de la communauté à Macoma baltica,
qui se présente sous des aspects (faciès) très variables étant
donné le peu d’interactions biotiques existant au sein de ce type
de peuplement. Le plus souvent, on observe des mosaïques de
populations, isolées spatialement et variables temporellement.
Confusions possibles avec d’autres habitats
Des confusions sont possibles avec les lagunes (UE : 1150*).
Le milieu estuarien suppose l’intervention de la marée dyna-
mique. Lorsque cet échange avec le milieu marin est freiné par
la construction de flèche de sable, les conditions deviennent
lagunaires, mais le peuplement concerné est peu différent (faune
saumâtre).
Correspondances biocénotiques
Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : II.1, II.2.1, II.2.2, II.2.3
Typologie Marine Biotopes (1996) : LMUHedMac,
LMUHedMacMan, LMUHedScr, LMX. Max
Typologie EUNIS (1999) : A2.7
Dynamique du peuplement
La dynamique mesurable est celle des populations qui varient
spatialement et temporellement.
Les espèces subissent de fortes contraintes physiques et chi-
miques et il n’y a pas de réelle structuration des peuplements
basée sur les interactions entre populations. Il peut cependant
exister une forte compétition interspécifique, mais elle est le
plus souvent intraspécifique avec ségrégation spatiale des jeu-
nes cohortes par rapport aux plus âgées. D’une année sur l’autre,
ces populations sont très fluctuantes. Cette variabilité est donc
double : temporelle et spatiale.
Les herbiers de Zostère naine (Zostera noltii) peuvent occuper cet
habitat en lui conférant une physionomie toute particulière. Cette
présence n’est ni obligatoire ni caractéristique puisqu’on les trouve
aussi en milieu marin (UE : 1140) ou lagunaire (UE : 1150*). Ces
herbiers offrent des conditions de refuge tout à fait intéressantes
pour certaines espèces, même s’ils sont peu étoffés. Ils sont à la
base de la nutrition de populations d’herbivores, résidentes ou le
plus souvent migratoires (poissons, oiseaux…).
Habitats associés ou en contact
Contact supérieur avec la flore des schorres : végétations
annuelles pionnières à Salicornia (UE : 1310), prés à Spartina
du Spartinion anglicae (UE : 1320), prés salés atlantiques des
Glauco, Puccinellietalia (UE : 1330). Cette succession est illus-
trée figure 2, page 43. L’habitat est relayé par les replats boueux
ou sableux (UE : 1140) lorsque les conditions sont marines.
Contact inférieur avec les habitats subtidaux : grandes criques
et baies peu profondes (UE : 1160) et bancs de sable à faible
couverture permanente d’eau marine (UE : 1110)..
Répartition géographique
Cet habitat est présent à la fois dans les grands estuaires (Somme,
Seine, Loire, Gironde…) et dans les petits estuaires (Aa, Canche,
abers…), sur l’ensemble du littoral Manche-Atlantique.
CODE CORINE 13.2
1130
Estuaires
68
Estuaires
Valeur écologique et biologique
Milieux à faible diversité biologique mais à fort potentiel bio-
logique (très importante production primaire phytoplanctonique
locale ou importée des zones d’amont).
Milieux utilisés comme aire de nourrissage par des oiseaux à
basse mer et par des juvéniles de poissons (plats notamment) à
marée haute.
Zone de transit entre les milieux d’eau douce et marin pour les
espèces migratoires (Saumon, Anguille, Anguilla anguilla…).
Présence du Phoque veau-marin (Phoca vitulina ; UE : 1365).
Tendances évolutives
et menaces potentielles
Ce sont des milieux à forte stabilité biologique malgré la
faiblesse des interactions entre les populations d’invertébrés
(répartition en mosaïque des populations). Cela vient du fait que
les populations de ces milieux très variables physiquement sont
nécessairement très résistantes.
L’évolution générale de cet habitat est caractérisée par l’enva-
sement des fonds et par la détérioration de la qualité des eaux
estuariennes. Cela est dû à la forte anthropisation par artificiali-
sation des berges. Les zones portuaires ont favorisé les enroche-
ments, les infrastructures linéaires, les portes à flots… L’estuaire
est ainsi coupé des échanges latéraux. La dynamique naturelle
des eaux estuariennes est aujourd’hui très modifiée.
D’un autre côté, la qualité des eaux est menacée par la surcharge
en matière organique venant des bassins-versants, les apports
des émissaires urbains, les menaces d’anoxie… À cela s’ajoute
la contamination des organismes par les micropolluants, métaux
lourds, etc., pouvant affecter la santé de leurs prédateurs (y
compris l’homme).
Potentialités intrinsèques de production
L’intérêt cynégétique est fort, ainsi que les potentialités halieu-
tiques.
Zone d’aquaculture intensive, traditionnelle (ostréiculture) ou
nouvelle (cages à poissons).
Cadre de gestion
Les estuaires hébergent des populations résidentes ou migratri-
ces d’oiseaux et de poissons qui sont des prédateurs de niveau
supérieur. Ils ingèrent donc des proies qui peuvent être contami-
nées par des produits polluants qui se trouvent ainsi accumulés
dans les niveaux supérieurs de l’écosystème.
Si les effets de ces polluants sur les organismes vivants ne sont
pas toujours faciles à évaluer, il est néanmoins essentiel de main-
tenir les estuaires à des niveaux faibles de contamination, en en
réduisant les sources, qu’elles soient localisées sur les rives de
l’estuaire (urbanisation, industrie) ou au niveau des bassins-ver-
sants (agriculture, élevage…).
La réduction des rejets industriels de polluants oxydables dans
les estuaires est un préalable nécessaire afin d’améliorer la teneur
en oxygène dissous des eaux, ce qui se révélera d’ailleurs favora-
ble pour la vie aquatique en général. Cette teneur en oxygène est
très liée aux déplacements (à très forte variabilité) des zones de
turbidité maximale (« bouchon vaseux »), où les particules fines
sédimentaires absorbent les éléments polluants et contaminants
(bactéries pathogènes). Cette mesure est d’autant plus importante
que les capacités des stations d’épuration des communes riverai-
nes sont souvent inadaptées. Aussi est-il indispensable de mainte-
nir les échanges latéraux de l’estuaire en limitant l’endiguement
latéral. Dans tous les cas, tous les aménagements dans les estuai-
res nécessitent des études d’impact minutieuses.
Les travaux récurrents de dragage pour entretenir les chenaux
de navigation ou d’extraction de sable remettent en circulation
les éléments polluants qui pouvaient être enfouis dans les sédi-
ments. Il faut donc se référer, dans le cas des métaux lourds (fer,
cadmium, plomb, chrome, mercure…), aux recommandations
du groupe GEODE.
Les aménagements du cône estuarien et de la plaine alluviale ne
peuvent être menés qu’avec un maximum de précautions et une
planification d’ensemble. Étant donné la variabilité des situa-
tions correspondant à cet habitat, il est évident que les cadres de
gestion ne pourront être établis qu’au cas par cas, après concer-
tation avec les gestionnaires et les scientifiques concernés.
Inventaires, expérimentations,
axes de recherche à développer
Mises au point d’EQS (« Ecological Quality Standards », indices
de qualité biologique) permettant d’évaluer la qualité du milieu
(Elliot, 1996) et la santé de l’écosystème. Les analyses doivent
être réalisées aux plus hauts niveaux d’organisation (écosystème,
peuplements, populations…). Pour les polluants, les analyses
doivent être effectuées dans le milieu fluide, mais surtout dans le
milieu sédimentaire et dans la matière vivante.
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RYBARCZYK H., 1993.
SYLVAND B., 1995.
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