Résumé du projet
Dans la région étudiée par le programme Interreg France-Manche-Angleterre, les
populations qui dépendent des zones de transition et côtières pour leur habitat, leur
subsistance et leurs loisirs sont sous la menace du changement climatique. Le
changement de climat est une réalité largement reconnue. D’ailleurs, autour du
Royaume-Uni, les niveaux de la mer sont à présent, en moyenne, 15 cm au-dessus
des valeurs de 1901. Actuellement, les prévisions annoncent une élévation de 0,5-
1 mètre d’ici la fin du siècle. Combinées aux prédictions de vent et de hauteur des
vagues – elles aussi à la hausse –, elles dressent un tableau inquiétant de l’avenir
de nos côtes. Mais les conséquences de ces phénomènes ne se limitent pas aux
côtes. Les pluies intenses et débordements de cours d’eau devraient également
augmenter de 5-10 % dès 2025. Ainsi, les estuaires des côtes anglaises et
françaises subiront des attaques – des tempêtes et des crues – depuis l’amont
comme depuis l’aval.
Historiquement, sur chaque rive de la Manche, les estuaires ont été les objets de
mise en valeur des estrans et de modifications des cours d’eau. Or, nombre des
digues côtières et estuariennes approchent leur fin de vie. Certaines sont d’ailleurs
régulièrement submergées ; ce qui génère des problèmes d’érosion et un besoin
d’entretien constant. Une nouvelle approche est donc nécessaire pour ces estuaires
lourdement aménagés. Une approche qui ne construise pas des défenses plus
grandes contre la montée du niveau de la mer, mais qui s’efforce d’exploiter les
défenses et processus naturels pour faire de la place à l’eau. Elle réclame une
meilleure compréhension du besoin de conserver plutôt que de contraindre les
caractéristiques dynamiques de notre paysage estuarien. C’est fondamental pour
augmenter la résilience côtière et estuarienne aux conséquences anticipées du
changement climatique.
En outre, la gestion durable de nos estuaires pour créer des plaines inondables
naturellement fonctionnelles et biodiverses présente d’autres avantages – comme
une faune et une flore enrichies par la restauration et l’extension des marais,
vasières et marais salés. Autant de bénéfices qui répondent aux objectifs de la
directive-cadre sur l’eau et s’inscrivent dans les stratégies nationales pour la
biodiversité.
Site pilote
De nouvelles méthodes de gestion des risques d’inondation – par exemple
« travailler avec la nature » et la « gestion naturelle des inondations » – ont acquis
un large soutien. Différents projets ont aussi étudié la manière dont les hommes et
les communautés peuvent s’adapter aux modifications du climat et des côtes.
Toutefois, il faut désormais passer de la phase d’essai à la mise en œuvre. Le projet
de restauration du cours aval de l’Otter, au sud-ouest de l’Angleterre, est un bon
exemple de site pilote où l’adaptation peut être démontrée en pratique. Il propose de
retourner à l’état d’estran les terres anciennement gagnées sur la mer, de restaurer
les marais, de relier les plaines inondables et d’améliorer de façon proactive la
résilience de façon planifiée et gérée plutôt que de réagir aux défaillances des
défenses qui adviendront.