2.3 Lois de conservation topologiques
On a vu que, si l’énergie restait finie, pour tout temps t,
lim
x→∞ φ(x, t)∈U−1({0}).
Puisque U−1({0})est discret, ∂0φ(±∞, t) = 0.Les différentes configurations à l’in-
fini partagent l’espace des solutions en différentes parties, d’où, si on arrive à les
caractériser par un ou plusieurs nombres, une « loi de conservation ». En outre, en
choisissant bien les configurations, on montre que l’existence d’une loi de conserva-
tion est une condition suffisante (mais pas nécessaire) pour l’apparition de solutions
non-dissipatives (pas forcément indépendantes du temps.
Ainsi, en théorie φ4(avec un potentiel U=λ
2(φ2−a2)2), toute solution telle
que φ(+∞, t) = −φ(−∞, t)est non dissipative. En effet, il existe alors xtel que
φ(x, t) = 0,et en ce point Θ00 ≥U(0) = λa4
2,et ceci pour tout temps t, donc
maxxΘ0,0(x, t)a une limite non nulle.
De telles lois de conservation sont appelées topologiques [15] car elles ne découlent
pas d’une symétrie mais bien d’une propriété topologique de l’espace des solutions
non singulières d’énergie finie.
Prenons une théorie de jauge sur G, groupe de Lie connexe compact, de Lagran-
gien L=1
4F2+1
2DµφDµφ†−U(φ).On a, sous hypothèse qu’il n’y ait pas d’autre
dégénérescence (pas de dégénérescence « accidentelle »), U−1({0})'G/H, où H
est la symétrie résiduelle (le fixateur de l’état-vide, id est celui d’énergie minimale),
après brisure spontanée.
Proposition 1. Il est toujours possible de se placer dans la jauge Aa
0(x) = 0.
Démonstration. Soit xun point de l’espace-temps, soit Ol’origine : posons
g= exp −iα Rx
OAa
νTadxν.Alors, par la transformation de jauge g−1, g est en-
voyé sur 1et on a bien Aa
0= 0 par différentiation par rapport à x.
Dans une telle jauge, on a D0φ=∂0φ. Pour que l’énergie1
E=Z∞
1
rdr_02πdθ Dµφ†Dµφ+U(φ)
soit finie, on doit avoir, ∀θ, limr→∞ φ(r, θ) = φ(∞, θ)∈U−1({0})'G/H. On peut
avoir des dépendances non triviales en les variables angulaires θ(car ce n’est pas
le gradient, mais le gradient covariant 1
r
dφ
dθ+ieAa
0Ta, qui intervient dans l’énergie), qui
sont classifiées [15], en ndimensions, par la classe d’homotopie
πn−1(G/H) = π(Sn−1, G/H)(c’est-à-dire les applications Sn−1→G/H à homotopie
près). On voit que, si |U−1({0})|= 1 = |G/H|,on a une seule classe d’homotopie
donc pas de lois de conservation topologiques.
1Hors d’une sphère centrée à l’origine, car Ary est mal défini.
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