FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 LES ACTIVITES EN «OPTIQUE» Introduction Ce livret comportant 20 fiches résume les activités de recherche en Optique et Photonique menées entre 2003 et 2006 au sein des quatre équipes du Département d’Optique P.M. Duffieux: Equipe Nanométrologie et Microsystèmes pour les Sciences du Vivant (NMSV) : OP1. Mesure de position subpixel applications aux sciences du vivant OP2. Microsystèmes pour la Fécondation In Vitro OP3. Bio-Lab on chip pour la détection de gaz ou d’odeurs : le Bio-nez OP4. Sonde optique pour la détection des allergènes OP5. Applications des continua de lumière blanche en biologie : microscopie de fluorescence et spectroscopie de temps de vol OP6. Spectro-tomographie optique de cohérence : développement d’une sonde optique miniaturisée pour le diagnostic des lésions cutanées en temps réel Equipe Nano-Optique et Champ Proche (NOCP) : OP7. Etude de l’émission, de la détection et de l’effet de pointe (linéaire + non linéaire) obtenus avec une sonde champ proche OP8. Nano-émetteurs/collecteurs pour la nano-optique OP9. Nanostructures métalliques OP10. Cristaux photoniques en niobate de lithium OP11. Fabrication et instrumentation pour la nano-photonique Equipe Optique Non Linéaire (ONL) : OP12. Imagerie non linéaire et quantique OP13. Solitons spatiaux et guides photoinduits OP14. Amplification paramétrique sur fibre optique pour les télécommunications à haut débit OP15. Sources laser à fibre de nouvelle génération Equipe Optoélectronique (OPTO) : OP16. Composants photoniques OP17. Dynamiques non linéaires OP18. Optique ultrarapide OP19. Cryptage par Chaos OP20. Cryptage Quantique Nous avons choisi, au niveau de FEMTO-ST, d’organiser les différents livrets de manière à permettre au lecteur de se forger une opinion sur la composition et la cohérence scientifique des futurs départements souhaités pour la période quadriennale 20082011 (cf. le chapitre Prospective de FEMTOST dans le document de synthèse). Compte tenu de ce choix, il convient de rajouter 3 fiches supplémentaires au bilan d’activités de l’Equipe Nano-Optique et Champ Proche. Ces fiches correspondent aux travaux menés en micro-optique et en microsystèmes MOEMS : MN3. Microcapteurs opto-mécaniques résonnants pour la métrologie in situ de Microsystèmes MN4. Métrologie hors plan des MEMS par interférométrie de Twyman Green MN5. Système de détection basée sur la réinjection optique dans une cavité VCSEL pour la microscopie à sonde locale La poursuite de ces activités étant en cohérence et en synergie avec la charpente pluridisciplinaire du Département Micro Nano Sciences et Systèmes dont la création est proposée, ces trois fiches sont donc répertoriées au sein du livret préfigurant ce futur Département. Enfin, dans chaque fiche, la production scientifique principale est référencée selon la liste 2002-2005 donnée dans le bilan quantitatif, ou fait état de quelques publications plus récentes ou particulièrement significatives. FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 OP12 – Imagerie non linéaire et quantique (dép. Optique, ONL) Résumé Objectif du projet : Ce projet repose sur notre important savoirfaire en matière d’imagerie non linéaire, basé sur notre maîtrise des aspects transverses spatiaux et des caractéristiques spatiotemporelles dans les interactions paramétriques (amplification, conversions de fréquence) sur cristaux quadratiques en régime impulsionnel bref (ps à sub-ps). L’objectif principal est d’appréhender les caractéristiques liées au bruit spatial dans les images, particulièrement au niveau quantique, et de démontrer des propriétés spécifiquement quantiques dans l’amplification ou la corrélation d’images ou de structures spatiales transverses, afin d’en tirer avantage dans les problèmes d’imagerie à très faibles niveaux de flux. Personnes impliquées : Eric Lantz (PR, 50%), F. Devaux (PR, 80%), A. Mosset (DOC, 100%), S. Brustlein (DOC, 100%), R. Passier (DOC, 50%) Collaborations : ENS Paris, Univ. Côme Italie, Univ. Boston USA, Soutiens financiers : STREP Européen FET-OPEN IST QUANTIM ANR PNANO IRCOQ BQR Université de Franche-Comté Description des travaux et résultats obtenus Etude de la distribution statistique des fluctuations spatiales de la fluorescence paramétrique : Cette étude vise à caractériser la distribution statistique des photons générés par conversion paramétrique basse spontanée, encore appelée fluorescence paramétrique et source de bruit dans les images amplifiées. Si le résultat théorique est bien connu : une distribution de Bose-Einstein caractéristique d'un rayonnement de nature thermique, sa caractérisation directe sur une image par étude des fluctuations spatiales est un résultat nouveau. Pour obtenir un rayonnement comportant un seul mode temporel, nous avons utilisé des impulsions de durée inférieure à la picoseconde et un filtre chromatique étroit. On obtient alors une image comme sur la figure 1, avec un contraste très proche de l'unité. Fig.1 : Image expérimentale de la fluorescence paramétrique Pour comparer la distribution des pixels (à l'intérieur du cercle de la figure 1) avec la théorie, il est nécessaire de prendre en compte la surface de ses pixels qui, bien que très inférieure à la taille de la cellule de résolution, n'est pas négligeable devant celle ci, d'où un certain effet de moyennage. De plus, la dispersion du cristal entraîne un décalage entrée-sortie entre les impulsions pompe et signal de fluorescence. Ce décalage entraîne un allongement de l'impulsion de fluorescence, d'autant plus important que le gain est faible. Nous avons utilisé nos programmes de simulation spatio-temporelle pour caractériser la perte de contraste due à cet allongement. En prenant en compte ces deux effets et le bruit de lecture de la caméra CCD, on obtient un excellent accord entre la distribution expérimentale et la courbe théorique de Bose-Einstein (figure 2). Fig. 2 : histogramme des pixels et courbe théorique (pointillés) On voit aussi sur la figure 1 une très forte corrélation entre fluctuations opposées, de part et d'autre du centre. Cette corrélation est due à l'intrication des paires de photons jumeaux signal-idler, et devrait se traduire par une statistique sous-poissonienne sur la différence signal-idler. Méthode des fonctions de Green appliquée à la fluorescence paramétrique : Sur le plan théorique et de la simulation numérique, nous avons mis au point en collaboration avec le Laboratoire Kastler Brossel (ENS Paris) une méthode, dite des FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 fonctions de Green, nous permettant de calculer toutes les grandeurs statistiques caractérisant la fluorescence paramétrique, y compris les corrélations non classiques. Nous avons comparé, avec l'aide de l'Université de Côme, ces résultats à ceux obtenus à l'aide d'une méthode stochastique reposant sur les propriétés de la distribution de Wigner. Les deux méthodes donnent les mêmes résultats, dans la limite de la moyenne d'un très grand nombre de réalisations pour la méthode stochastique. La figure montre la fonction de corrélation d'un pixel avec l'image. On voit clairement que la corrélation signal-idler est supérieure à la corrélation signal-signal, ce qui caractérise le régime spécifiquement quantique. On peut aussi remarquer l'allongement dans la direction verticale de la fonction de corrélation, dû au fait que le faisceau pompe utilisé pour générer la fluorescence dans les simulations était fortement allongé dans le sens horizontal, d'où une forte diffraction verticale dans le plan de Fourier. Cet exemple montre que la méthode permet de reproduire des conditions expérimentales non idéales et sans symétrie particulière, ce qui permet une réelle comparaison simulation-expérience. Covariance entre les fluctuations d'intensités mesurées sur le pixel(x=22,y=18) et tous les autres pixels. Gauche : méthode des fonctions de Green. Droite : moyenne stochastique de 10000 tirs. Démonstration expérimentale de l'amplification d'images sans bruit spatial : Le caractère sans bruit de l'amplification paramétrique sensible à la phase a été formalisé théoriquement tant pour les aspects temporels que spatiaux de la lumière et expérimentalement démontré du point de vue temporel. Les résultats présentés constituent la première démonstration expérimentale de l'amplification paramétrique optique (OPA) sans bruit, où le bruit considéré porte sur les fluctuations purement spatiales dans une image unique. Cette démonstration est établie à partir de la distribution spatiale du nombre des photons détectés sur un ensemble de pixels d'une caméra CCD. Une image faible, limitée par le bruit de photons dans son plan transverse, est formée par l'illumination d'une mire avec une onde plane impulsionnelle (∆t=1.2 ps @527.50 nm). Ce signal est amplifié par une onde pompe (∆t=0.9 ps @263.75 nm) dans un cristal de BBO de type I taillé pour un accord de phase colinéaire à la dégénérescence. L'image amplifiée est enregistrée sur une caméra CCD à haut rendement quantique et faible bruit de lecture. Les deux configurations d'amplification, sensible (PSA) et insensible (PIA) à la phase sont étudiées. Le schéma PIA est réalisé avec une interaction non-colinéaire et un filtrage spatial du signal amplifié tandis que le schéma PSA correspond à une interaction complètement dégénérée. La figure de bruit après détection est définie comme le rapport entre le rapport signal sur bruit initial mesuré sur des images non amplifiées et le rapport signal sur bruit mesuré après amplification. Les statistiques sont établies à partir des fluctuations des photo-électrons mesurées sur tous les pixels de la zone considérée. Figure de bruit sensible à la phase Figure de bruit insensible à la phase La figure de bruit après détection est pleinement caractérisée lorsque la surface de la cellule de détection est supérieure ou égale à celle de la cellule de résolution de l'OPA. FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 Cette dernière est déterminée par les conditions expérimentales (grandissement, largeur du spectre spatial de l'OPA, filtre spatial), amenant à regrouper les pixels. La valeur théorique de la figure de bruit dépend du gain d'amplification et du rendement quantique de la détection. Pour les deux schémas d'amplification, les valeurs expérimentales sont en bon accord avec les courbes théoriques respectives. Dans le cas sensible à la phase, la figure de bruit après détection tend vers le rendement quantique du système pour un fort gain et une taille de pixel suffisante. Ceci signifie que l'amplification d'images peut supprimer la dégradation du rapport signal sur bruit dû au mauvais rendement quantique du détecteur. Ce résultat, mis en exergue par la revue Nature, constitue un des résultats marquants du consortium du contrat QUANTIM (9 laboratoires en Europe, Russie, USA). Amplification paramétrique d’images de très faibles niveaux : L'amplification paramétrique d'un signal ou d'une image est toujours accompagnée de l'amplification du bruit quantique (i.e. la fluorescence paramétrique) avec un taux moyen qui correspond, pour des gains élevés, à un bruit d'entrée d'un photon par mode spatio-temporel. C'est pourquoi il semble difficile d'amplifier une image comportant moins d'un photon par mode. Cependant, nous avons montré qu'une image issue d'un signal de fluorescence pouvait être retrouvée avec un bon contraste après amplification paramétrique même si le niveau de cette image d'entrée est inférieur au photon par mode. En effet si l'écart type du bruit introduit par la fluorescence paramétrique est inférieur au niveau moyen du signal de fluorescence amplifié, alors, par soustraction du niveau moyen du bruit, il est possible de retrouver l’information utile dans l’image avec un bon rapport signal sur bruit. La fluorescence paramétrique est un bruit qui obéit à une statistique thermique d’un point de vue spatial, c'est-à-dire que l’écart type NG , ou G est le gain s’exprime comme d’amplification et N le nombre de modes temporels détectés. Pour un signal présentant un nombre m de photon par mode à l’entrée de l’amplificateur, ce signal amplifié peut être extrait du bruit à la condition que NmG > NG , soit m > 1 . Cela signifie N que le plus petit signal détectable en termes de photons par mode décroît avec le nombre de modes temporels détectés. Ce nombre N dépend de la largeur des filtres interférentiels utilisés pour la détection et du nombre de tirs laser cumulés. Les figures 1 illustrent ce résultat. La figure 1a correspond à l’image d’un signal de fluorescence amplifié. Ce signal est noyé dans le bruit apporté par l’amplificateur. La figure 1b présente une image du bruit seul. Enfin la soustraction entre les images du signal bruité et du bruit seul permet de retrouver l’information spatiale portée par le signal de fluorescence (figure 1c). D’autre part une comparaison directe entre les niveaux de gris dans les images 1c et 1b nous permet une mesure directe du nombre moyen de photon par mode spatio-temporel à l’entrée du l’amplificateur. Pour l’image 1c, on mesure m=0,15. comme N dépend du nombre de tirs cumulés, la détection d'images avec 10-2 photon par mode peut être envisagée, conduisant à la possibilité d'amplifier une image de radiation de corps noir dans le domaine optique. Fig. 1a :Image amplifiée et bruitée d’un signal faible de fluorescence. Fig. 1b :Image du bruit seul (fluorescence paramétrique). Fig. 1c :Restitution du signal image après soustraction de la fluorescence paramétrique. Amplification paramétrique sensible à la phase de vortex optiques : Nous présentons les premiers résultats expérimentaux de l’amplification paramétrique de vortex optiques dans une configuration de gain sensible à la phase. Un vortex optique est un type de faisceau annulaire présentant la particularité d’avoir une phase dans son plan transverse qui varie de 0 à 2mπ en fonction de l’azimut θ. En outre, chaque photon possède un moment orbital. Ce moment orbital peut alors être communiqué à des particules ce qui rend ces faisceaux particulièrement intéressants pour la manipulation de particules. Par ailleurs l’utilisation de ce type de faisceau dans des interactions non linéaires ouvre de nouvelles perspectives. Nous avons étudié, pour commencer, le comportement de ce type de faisceau dans une interaction quadratique d’amplification paramétrique dans une configuration complètement dégénérée. Dans ce cas, le FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 gain d’amplification devient sensible à la phase relative entre le vortex optique et le faisceau pompe. Compte tenu du front d’onde particulier du vortex cela conduit à une amplification ou désamplification du signal et produit une structuration du vortex amplifié caractéristique des conditions expérimentales. Les figures ci-dessous illustrent ces résultats pour différentes valeurs du moment orbital porté par le vortex optique et pour un accord de phase colinéaire. En perspective de ces travaux, nous allons exploiter la structuration spatiale de ces vortex afin de mettre en évidence l’existence de corrélations spatiales sub-poissoniennes dans un faisceau amplifié paramétriquement. Production scientifique 7 publications dans des revues à comité de lecture (O6, O37, O54, O83, O90, O121, O160), 4 conférences invitées (O175, O182, O184, O196) 5 actes de congrès, 1 autre conférence, dont : O213, O222, O236, O267. Publication significative : Mosset A., Devaux F., Lantz E.,”Spatially noiseless optical amplification of images”, Physical Review Letters, 94, pp. 223603-4 (2005) Ce résultat marquant a été souligné dans un article « Crystal-clear images » dans la rubrique "News and Views" du journal Nature n° 436, p.472, Juillet 2005 OP13 – Solitons spatiaux et guides photo-induits (dép. Optique, ONL) Résumé Objectif du projet : La réalisation de dispositifs purement optiques dans lesquels la lumière est utilisée pour guider et manipuler la lumière sans avoir recours à la fabrication de guide d'ondes fait l’objet d’intenses activités au sein de la communauté internationale en optique non linéaire. L’autocréation de tels guides, reconfigurables, repose sur l'utilisation du concept de lumière autoguidée, un principe essentiellement basé sur la propagation de solitons spatiaux. Ces faisceaux optiques résistent à la diffraction en permettant une propagation invariante et peuvent être ainsi considérés comme des canaux porteurs d’information. Nos activités liées à ce thème de recherche se scindent en deux axes. Le premier, basé principalement sur les solitons Kerr, s’attache à mettre en évidence de nouveaux concepts fondamentaux de commutation, addition, multiplexage et nettoyage de faisceaux optiques alors que le second, qui s’appuie sur les solitons photoréfractifs, a pour but d’exploiter les guides photo-induits pour des applications en optique intégrée 3-D. Personnes impliquées : M. Chauvet (MC, 80%), G. Fanjoux (MC, 100%), Eric Lantz (PR, 25%), F. Devaux (PR, 20%), T. Sylvestre (CR, 30%), H. Maillotte (DR, 25%), V. Coda (DOC, 100%), M. Delqué (DOC, 100%), R. Passier (DOC, 50%), F. Pettazzi (DOC, 50%), C. Cambournac (DOC, 100%), G. Couton (DOC, 100%) Collaborations : LMOPS Metz, ENS Paris, POMA Angers, Univ. « La Sapienza » Rome, ULB Bruxelles, Univ. Mohammedia Maroc, Univ. Arkansas USA Soutiens financiers : STREP Européen FET-OPEN IST QUANTIM, ACI Nanosciences COBIAN, Programme de coopération internationale CNRS/DRI-NSF (USA), Région Franche-Comté (2006). FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 Description des travaux et résultats obtenus Solitons spatiaux Kerr : Nos travaux théoriques et expérimentaux, à caractère fondamental, ont pour but d’explorer de nouvelles instabilités en dynamique non linéaire et d’améliorer ainsi les connaissances sur la propagation non linéaire de la lumière. Ces études se décomposent en trois parties : (A) La prise en compte du caractère vectoriel de la lumière en propagation non linéaire, qui nous a permis de démontrer l’existence de nouvelles structures solitons et de nouvelles instabilités avec des dynamiques riches, inaccessibles aux solitons scalaires. (B) L’impact de la cohérence spatiotemporelle et des corrélations de bruit sur la stabilité des solitons et réseaux de solitons spatiaux, générés par instabilité de modulation. (C) La recherche des limites de la génération soliton dans les semi-conducteurs en présence d’absorptions non linéaires. (A) Les solitons vectoriels diffèrent des solitons scalaires par leur nature multicomposantes (plusieurs fréquences, polarisations, ou modes) qui interagissent entre elles et se guident mutuellement dans le milieu non linéaire pour former une solution stationnaire. La dynamique riche de ces solitons composites est généralement décrite par un système d’équations non linéaires de Schrödinger (NLSE), couplées soit de façon incohérente (modulation de phase croisée, XPM), soit cohérente (mélange à quatre ondes, FWM, ou diffusion Raman stimulée SRS). Trois pistes ont été explorées au sein de notre équipe concernant ces solitons vectoriels. Premièrement, nous avons étudié la stabilité des états liés de solitons (ELS) spatiaux vectoriels multimodes. Ces solitons se composent d’une superposition d’enveloppes à plusieurs lobes, de polarisations distinctes, mutuellement piégées par XPM, permettant d'atteindre un équilibre des interactions entre les différents solitons élémentaires (lobes). Nous avons démontré expérimentalement, pour la première fois à notre connaissance, l’existence de ces états liés vectoriels. De plus, sous certaines conditions, nous avons découvert qu’ils peuvent être sujets à une nouvelle instabilité, de type brisure de symétrie, phénomène suggérant une application directe à la commutation spatiale sans seuil de puissance. La figure 1 illustre cette instabilité pour un état-lié de trois solitons. Son déclenchement provient d’une très faible perturbation asymétrique initialement présente dans le faisceau incident, qui s’amplifie au cours de la propagation. Pouvant s’amorcer à partir du bruit, la nature de la brisure est généralement aléatoire. Figure 1 : Simulations numériques illustrant la propagation d'un état-lié de 3 solitons et l’instabilité de brisure de symétrie. Nous avons alors étudié les propriétés quantiques de ces solitons vectoriels et notamment leur distance maximale de propagation stable. Lorsque la limite est le bruit quantique, les simulations montrent que les solitons multimodes peuvent se propager sur plus de 70 longueurs de diffraction avant de se briser. Nous avons aussi montré la compression du bruit quantique dans un soliton bimodal vectoriel, liée à de fortes anti-corrélations entre les deux composantes du soliton. Nous explorons actuellement deux méthodes originales pour induire et contrôler cette instabilité. La première consiste à perturber l’état lié avant que la brisure spontanée n’ait lieu (collision de l’état lié avec un soliton secondaire), la seconde consiste à induire la brisure par une perturbation contrôlée et connue (asymétrie de départ dans les profils). Après brisure de symétrie d’un état lié de solitons, l’énergie reste confinée dans un seul mode stationnaire et forme ce que l’on appelle un soliton elliptique fondamental. Ce soliton se caractérise par une rotation de polarisation et une courbure d’ellipticité au cours de la propagation. A l’aide d’un système de mesure de l’état de polarisation, nous avons mesuré précisément les caractéristiques spécifiques de ce soliton. Cette étude se poursuit actuellement sur la caractérisation complète du soliton elliptique FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 en analysant l’évolution des paramètres de Stokes sur la sphère de Poincaré, afin de comprendre la dynamique spatio-temporelle de polarisation. Une seconde étude récente porte sur la propagation de solitons spatiaux vectoriels multicolores (SSM) en milieu Kerr générés par diffusion Raman stimulée. Le but de ce travail est de montrer que l’on peut générer des SSM par cascade Raman lors de la propagation d’un faisceau initialement monochromatique. L’étude numérique a montré que le guidage mutuel des différentes composantes spectrales générées par SRS est atteint en régime de forte conversion Raman, grâce à la XPM et au processus FWM dont l’accord de phase est induit par le déséquilibre de puissance entre les composantes Raman Stokes et anti-Stokes. Nous avons par ailleurs montré expérimentalement l’existence de telles entités jusqu’à quatre composantes spectrales. La grande originalité de ce nouveau type de soliton réside dans le fait que le nombre des composantes formant le soliton, ainsi que leurs énergies respectives, évoluent continuellement au cours de la propagation, mais que l’entité globale conserve une propagation solitonique. En parallèle, nous avons poursuivi nos recherches sur les réseaux de solitons générés par instabilité de modulation (MI), plus précisément, sur l’existence et la stabilité des réseaux de solitons spatiaux en régime partiellement cohérent. Notre but est de déterminer le rôle de la cohérence spatiotemporelle, en comparant en particulier le comportement des réseaux lorsque leur génération démarre sur un faisceau laser homogène (naturellement affecté d’un bruit spatial déterministe, corrélé d’un tir à l’autre) ou à partir d’un bruit réellement aléatoire spatialement et temporellement. Les simulations spatio-temporelles que nous avons développées prévoient l’existence d’un degré de cohérence spatiale minimum pour que l’instabilité de modulation s’établisse. D’autre part, la stabilité des réseaux est fonction de la cohérence temporelle pour un temps de relaxation de l’effet Kerr donné. Nos résultats expérimentaux en régime picoseconde dans un guide plan de CS2 corroborent ces comportements (figure 2). Nous montrons cependant qu’il n’est pas possible de déstabiliser complètement un réseau, car même un bruit spatial déterministe (ou une modulation) beaucoup (B) plus faible que le niveau des fluctuations spatio-temporelles aléatoires est capable d’imposer sa « régularité », par corrélation temporelle le long de l’impulsion, et donc une position spatiale transverse moyenne fixe du réseau de solitons. Figure 2 : Réseau de solitons sortant du guide plan Kerr (a) en lumière cohérente, (b) en lumière partiellement cohérente. (C) Parallèlement à ces études fondamentales effectuées dans du CS2, nous avons exploré les limites de formation des solitons spatiaux Kerr dans des guides plans semi-conducteurs AlGaAs dans la plage spectrale des télécommunications optiques. Ces limites sont fonction de la durée d’impulsion, de sa longueur d’onde, de l’énergie injectée, et résultent des actions combinées de la dispersion chromatique, de l’effet Kerr et de la dispersion des absorptions non linéaires à 2 et 3 photons. Nos résultats théoriques et expérimentaux montrent qu’un soliton scalaire fondamental peut se propager sur plus de 17 longueurs de diffraction lorsqu’il est à la longueur d’onde moitié du gap du matériau, définie par la stoechiométrie du guide. En dehors de cette situation, les processus d’absorptions non linéaires deviennent importants et contribuent notamment à fractionner l’énergie des solitons d’ordres supérieurs en lobes transversalement décalés. Solitons spatiaux photoréfractifs et guides photo-induits : Parallèlement aux travaux exploratoires sur les solitons spatiaux dans les milieux de Kerr, un axe de recherche reposant sur les solitons spatiaux photoréfractifs est également développé. L’effet photoréfractif consiste en une modification de l’indice de réfraction d’un matériau sous l’influence d’un éclairement inhomogène de faible intensité. Cet effet naît d’une photo-ionisation suivie d’un déplacement de charges qui, au final, donne FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 naissance à un champ de charge d’espace modifiant l’indice par effet électro-optique. Figure 3 : concept des circuits intégrés 3-D. Le but ultime est ici de pouvoir induire des microet/ou nanostructures fixes ou accordables au cœur de matériaux diélectriques. L’intérêt de telles structures est de tirer parti des 3 dimensions (3-D) spatiales, ce qui autorise l’étude de phénomènes et fonctions plus élaborés que dans les structures bidimensionnelles (2-D) classiques. De plus, la fabrication de composants compacts ayant un potentiel d’application dans des domaines très divers tels que les télécommunications optiques, la physique des lasers, ou encore les capteurs peut être envisagée. Dans ce contexte, notre objectif est notamment de réaliser des circuits optiques intégrés 3-D (fig. 3). Les guides constituant ces circuits 3-D ne sont pas réalisables avec les techniques intégrés planaires conventionnelles (diffusion ionique, échange protonique, …) qui donnent naissance à des guides fixes situés à la surface d’un substrat. Par contre, les solitons spatiaux photoréfractifs offrent un moyen efficace et peu onéreux pour les photoinduire. Ainsi, nos travaux se concentrent en particulier sur le développement de guides « fixes » ou «quasi-fixes » générés au cœur du niobate de lithium (LiNbO3), matériau ferroélectrique réputé pour sa grande qualité photonique et son utilisation répandue en optoélectronique. En parallèle nous collaborons avec le laboratoire LMOPS de Metz sur l’étude de guides rapidement reconfigurables dans le semiconducteur InP. Les solitons noirs photovoltaïques (PV), qui permettent de s’affranchir de l’application d’un champ électrique, ont fait l’objet de nos premiers travaux. En effet, grâce à l’effet PV défocalisant développé par le LiNbO3, le champ électrique photo-généré peut se substituer au champ habituellement appliqué. Pour un soliton 1-D, la figure d’illumination est constituée d’un éclairement homogène comportant une bande noire en son centre (fig. 4a), formée par réflexion sur un miroir à saut de phase (λ/4). Après propagation dans le cristal de LiNbO3 la bande sombre s’autofocalise lors de la mise en place de l’effet photoréfractif et donne naissance à un soliton noir PV (fig. 4b). Dans l’expérience considérée le soliton 1-D laisse place à un guide monomode photo-induit de 3 µm de large (fig. 4c). 50 µm (a (b) (c Figure 4 : Image du faisceau en sortie du cristal de LiNbO3, en régime linéaire (a), en régime soliton (b) et test du guide induit (c). La dynamique temporelle de formation des solitons noirs PV dans le LiNbO3 a été modélisée et analysée expérimentalement. Nous avons ainsi mis en évidence que, si les solitons PV existent en régime quasi-établi dans le LiNbO3, le régime stationnaire ne peut être atteint car le temps de réponse d’obscurité caractérisant le déplacement des charges dans le diélectrique est de l’ordre de l’année. En augmentant la largeur de la bande sombre au sein du faisceau homogène servant à induire le soliton noir, nous avons également montré la possibilité de créer des solitons sombres multiples. Le nombre de solitons générés dépend des caractéristiques de la bande sombre initiale telles que sa taille ou la présence ou non d’un saut de phase. Cette démonstration permet d’envisager la réalisation de guides multiples, coupleurs ou multiplexeurs reconfigurables, très confinés au cœur du matériau. En terme d’applications, la nécessité de générer des guides 2-D nous a ensuite amené à associer les solitons noirs photovoltaïques 1-D avec des guides plans LiNbO3 :Ti. Ainsi, des guides rubans 2-D, auto-induits et reconfigurables ont ainsi été démontrés. Par ailleurs, des travaux sont actuellement en cours afin de générer des guides 2-D au cœur du matériau à l’aide de solitons noirs 2-D appelés solitons vortex. Pour induire optiquement une circuiterie optique 3-D, comme présentée figure 3, l’utilisation de solitons brillants 2-D est préférable. Une condition nécessaire à leur formation est d’utiliser un effet non linéaire focalisant. Dans ce but nous avons montré qu’un champ électrique externe appliqué suivant l’axe c du LiNbO3 peut convertir l’effet photoréfractif initialement défocalisant en un effet focalisant. Par la suite les premiers solitons brillants 2-D ont pu être FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 démontrés dans le LiNbO3. Ces résultats, acquis en collaboration avec l’université « La Sapienza » à Rome, ont ouvert la voie à la réalisation de dispositifs 3-D constitués de guides circulaires monomodes de bonne qualité, figeables ou adaptatifs. Ainsi des guides courbes ou encore des guides à faibles pertes comportant des virages à angles droits avec des rayons de courbure nuls (fig. 5) ont été fabriqués. Eopt Figure 5 : photo-induction de guides comprenant des virages à angle droit à l’aide d’un soliton brillant dans LiNbO3. Conclusion et perspectives Les recherches sur les solitons Kerr pourraient avoir des retombées dans les domaines du guidage reconfigurable et de la commutation spatiale rapides, l’addition cohérente ou le nettoyage de faisceaux lumineux, ainsi que la génération de nombres aléatoires. D’autre part, les solitons brillants photoréfractifs constituent une technique simple pour la fabrication de structures 3-D, évitant la technologie lourde et les étapes complexes de fabrication de guides ou de structures photoniques. Nos travaux s’orientent maintenant vers la conception de circuits 3-D passifs ou actifs tels que des routeurs 1 vers N ou des composants de conversion de fréquences, ainsi que la réalisation de microstructures optiquement commandables. Production scientifique 15 publications dans des revues à comité de lecture (O7, O8, O9, O10, O13, O58, O64, O65, O82, O87, O108, O111, O137, O138, O154), 4 conférences invitées (O170, O171, O180, O197), 29 actes de congrès, dont : O211, O216, O217, O246, O288, O289, O336, O337. Cyril Cambournac a reçu le Prix St-Gobain Jeune Chercheur 2003 de la Société Française de Physique pour sa thèse sur les solitons Kerr. OP14 – Amplification paramétrique sur fibre optique pour les télécommunications à haut débit (dép. Optique, ONL) Résumé Objectif du projet : L’amplification paramétrique dans les fibres optiques est apparue récemment comme une technique simple et prometteuse d’amplification pour les télécommunications optiques. Elle présente en effet des potentialités intéressantes pour les systèmes de transmission multiplexées en longueur d’onde : souplesse spectrale et grande largeur de bande, puissances de saturation élevées, conversion simultanée en longueur d’onde, possibilités de traitement ou de régénération tout-optiques et, sous certaines conditions, aptitude à procurer des facteurs de bruit très faibles, proches de la limite quantique. Cet axe de recherche vise à proposer de nouvelles solutions pouvant répondre aux besoins prioritaires d’accroissement des bandes passantes dans les transmissions multiplexées en longueur d’onde. Personnes impliquées : H. Maillotte (DR, 25%), T. Sylvestre (CR, 30%),E. Lantz (PR, 25%), A. Vedadi (DOC, 90%), A. Mussot (DOC, 80%), L. Provino (DOC, 50%). Collaborations : Alcatel-Lucent R&I Marcoussis. LPUB Dijon, EPFL Lausanne, Suisse, Univ. Alcala Madrid Espagne. Soutiens financiers : Contrat Alcatel UTP 6.02. Région de Franche-Comté, fonds propres FEMTO-ST COST Européen FIDES (depuis 2006) Contrat CEA/CESTA (obtenu en 2006) Description des travaux Dans une première phase, l’objectif a été de démontrer théoriquement la possibilité d’obtenir directement des bandes de gain paramétrique de largeur double à quintuple de celle des amplificateurs erbium avec des profils spectraux contrôlés, en particulier un gain plat sur toute la bande d’amplification. Nous avons cherché par conséquent à FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 Figure 1 - Diagrammes d’œil électriques du signal NRZ à l’entrée (a) et à la sortie (b) du FOPA. Signal NRZ amplifié (trait plein) et phase de pompe correspondante (pointillés), en sortie du filtre optique (Fabry-Pérot, bande passante 4D) (c) et du filtre électrique (d) (Butterworth du second ordre, bande passante 0,8D et détecteur quadratique parfait). concevoir des architectures simplifiées basées sur l’utilisation de fibres non linéaires (fibres germanium à faible aire effective, fibres photoniques, ...). L’idée est de n’utiliser qu’une seule onde de pompe dans un arrangement multi-sections de fibres ayant différentes longueurs d’onde de dispersion nulle. L’optimisation du système (nombre de tronçons, longueur, dispersion de vitesse de groupe, ordre d'arrangement) a permis de générer une bande de gain plat autour de 1550 nm, d’oscillation résiduelle inférieure à 0,3 dB, soit de 100 nm de large pour une puissance pompe P0 de seulement 500 mW, soit de 200 nm pour P0 = 5W. Nous avons ensuite engagé une convention avec le groupe de transmissions sousmarines et terrestres du centre de recherche d’Alcatel. Le but de ce contrat était d’étudier d’un point de vue « systèmes » le potentiel et les principales limitations des amplificateurs paramétriques à fibre optique. Nous avons commencé par étudier différents formats de modulation de phase afin de s’affranchir de la diffusion Brillouin stimulée parasite, susceptible d’être engendrée dans ces amplificateurs. L’évaluation des performances, avec des signaux optiques monochromatiques ou modulés en intensité, a montré que la modulation de phase de la pompe induit des variations instantanées de gains pénalisantes pour des applications en télécommunications. Afin d’illustrer cet effet, nous avons simulé l’amplification de signaux WDM, de format NRZ à 10 GBits/s, par une pompe modulée en phase par une séquence pseudo-aléatoire à 3 GHz. Les figures 1a et 1b représentent respectivement les diagrammes d’œil d’entrée et de sortie dans le cas le plus défavorable d’un signal situé à 3THz de la pompe, fréquence pour laquelle les variations instantanées du gain spectral sont les plus fortes. La fermeture très marquée de l’œil est causée par la modulation de phase de pompe. Cette dégradation est mise en évidence sur les figures 1c et 1d où sont représentés quelques bits de la séquence NRZ amplifiée ainsi que la modulation de phase de pompe correspondante, à la sortie du filtre optique (c) et du filtre électrique (d) servant à la détection. A chaque saut de phase, le signal NRZ subit soit une augmentation, soit une diminution de gain, et devient ainsi fortement altéré après amplification. Suite à la mise en évidence expérimentale à Alcatel, nous avons proposé et démontré théoriquement quelques solutions pour neutraliser cet effet en utilisant, par exemple, deux pompes en opposition de phase. Une autre partie du contrat a porté sur une étude complète de la figure de bruit optique et électrique de ces amplificateurs. Un intérêt potentiel des amplificateurs paramétriques à fibre optique vient du fait que leur figure de bruit (NF) peut être très faible, de l’ordre de 3 dB en configuration insensible à la phase. Cette limite provient de l'amplification du bruit quantique au pied du signal et du transfert de la fluorescence paramétrique de l'idler généré sur le signal. Cependant, nous mettons en évidence dans cette étude que des sources de bruits supplémentaires, dégradant le signal bien avant le régime de saturation de l'amplificateur, sont dues aux configurations de pompe utilisées dans le domaine des télécommunications pour supprimer la rétrodiffusion Brillouin stimulée: ces dégradations additionnelles proviennent, d’une part du bruit d'intensité de la pompe (RIN+ASE) et d’autre part, de la distorsion temporelle de gain associée à sa modulation de phase. Comme le gain paramétrique dépend de la phase et de l’intensité de la pompe, ces bruits additionnels sont transférés sur le signal et le dégradent d’autant plus que ce dernier est initialement intense. Nous avons développé des simulations numériques complètes qui montrent que ces deux sources de bruit sont généralement les plus importantes et dégradent fortement la NF, au-dessus de la limite quantique. En outre, ces dégradations FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 sont typiquement dans le domaine des radiofréquences ; elles rendent donc impérative une mesure électrique pour quantifier correctement la figure de bruit d’un FOPA, plutôt que l’usuelle mesure optique. de la fibre amplificatrice sur le gain d’amplification. Cette étude a débouché sur une méthode originale de cartographie de la longueur de dispersion nulle des fibres optiques avec une grande résolution longitudinale. Conclusion et perspectives Différence entre les figures de bruit mesurées optiquement et électriquement (symboles) et simulées (traits continus) en fonction du rapport signal à bruit de la pompe en entrée d’amplificateur, pour trois puissances du signal d’entrée. La figure ci-dessus montre en effet l’importante différence entre ces deux méthodes : la mesure optique de NF, effectuée à l’analyseur de spectre optique, permet de montrer qu’un filtrage spectral de l’ASE générée autour du spectre de pompe est nécessaire pour obtenir une NF optique minimale. En revanche, elle ne peut pas détecter les bruits basses fréquences (associés au transfert de RIN, d'ASE résiduelle non filtrée au pied de la pompe, et à la modulation temporelle de gain), alors que la mesure électrique les prend en compte correctement. Nos simulations sont en accord quantitatif avec les mesures expérimentales faites à Alcatel. Ces résultats nouveaux montrent la nécessité, pour le développement pratique des amplificateurs paramétriques, de mettre au point des pompes possédant un excellent rapport signal à bruit (OSNRp > 65 dB). Par ailleurs, nous avons étudié l’amplification de signaux multiplexés en longueur d’onde (WDM) et nous avons montré qu’un positionnement particulier du peigne WDM par rapport à la pompe permettait de minimiser la diaphonie induite entre canaux par mélange à quatre ondes. Cette technique originale a fait l’objet d’un dépôt de brevet international avec Alcatel. Une autre partie de cette collaboration a concerné l’impact des fluctuations longitudinales de la dispersion chromatique Les perspectives de nos travaux portent sur la réalisation d’un nouveau modulateur de phase, en collaboration avec la société Photline Technologies, dédié aux futurs amplificateurs paramétriques transparents, i.e., sans dégradation des signaux par la modulation temporelle de gain. En collaboration avec l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, nous travaillons actuellement sur une technique de mesure distribuée du gain paramétrique le long de l’amplificateur, qui devrait déboucher sur une cartographie encore plus performante de la dispersion des fibres. Par ailleurs, dans le cadre du projet transverse MUPHI de FEMTOST, une technique originale de suppression passive de l’effet Brillouin est également envisagée, en créant une bande interdite hypersonore dans le coeur de la fibre, en collaboration avec l’équipe « Acoustique et Microsonique » du LPMO (Thèse de JeanCharles Beugnot). Production scientifique 6 publications dans des revues à comité de lecture (O11, O12, O81, O91, O92, O126), 10 actes de congrès, dont : O214, O265, O269, O286, O315, O367. Publications récentes : B. Auguié, A. Mussot, A. Boucon, E. Lantz, T Sylvestre, “Ultra-low chromatic dispersion measurement of optical fibers with a tunable cw fiber laser,” IEEE Photon. Technol. Lett. Vol. 18, pp-22-24 (2006). A. Vedadi, A. Mussot, E. Lantz, H. Maillotte, T. Sylvestre, " Theoretical study of gain distortions in two-pump fiber optical parametric amplifiers ", Opt. Commun. Vol. 267 , pp. 244-252 (2006). A. Mussot, E. Lantz, T. Sylvestre, H. Maillotte, A. Durécu-Legrand, C. Simmoneau, D. Bayart, “Zerodispersion wavelength mapping of a highly nonlinear fiber using parametric gain” IEEE Photon. Technol. Lett. Vol. 18, No. 1, pp-22-24 (2006). 1 Brevet (Alcatel) : A. Durécu, C. Simonneau, A. Mussot, T. Sylvestre, E. Lantz, and H. Maillotte, « Fiber optical parametric amplifier and method for amplification of optical signals », European Patent, Applications Number: 04 292 051.2, October 11, 2004. FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 OP15 – Sources laser à fibre de nouvelle génération (dép. Optique, ONL) Résumé Objectif du projet : Partie 1 - Génération de supercontinuum dans les fibres optiques - valorisation et applications : Nous avons démontré en 2002 une configuration physique originale permettant de générer des supercontinuum spectraux intenses, sur presque deux octaves, à partir d’un microlaser Nd :YAG sub-nanoseconde et d’une fibre DSF standard des télécommunications optiques, en lieu et place des sources femtosecondes massives et des fibres microstructurées habituellement utilisées pour ce type d’application. En vue d’adapter ces sources de type « laser blanc » aux spécificités des diverses applications potentielles et de les transférer dans l’industrie, nous avons poursuivi leur développement. Partie 2 - Lasers fibrés à cascade Raman continu et à synchronisation de modes : Les lasers Raman à fibre ont été spécifiquement développés en tant que sources compactes puissantes et de longueur d’onde ajustable pour répondre à la demande forte de l’industrie des télécommunications. Ces lasers sont typiquement des résonateurs Fabry-Pérot fibrés, imbriqués à l’aide de réseaux de Bragg et alimentés par une onde puissante et continue autour de 1100 nm. Par cascade Raman, cette onde est convertie sur une ou plusieurs longueurs d’onde dans la gamme 1200-1600 nm. Ces lasers sont particulièrement bien adaptés pour l’amplification optique distribuée dans les lignes de transmissions WDM. Cependant, ils présentent encore une grande instabilité à faible puissance d’émission, ce qui dégrade la figure de bruit des amplificateurs. Personnes impliquées : T. Sylvestre (CR, 30%), H. Maillotte (DR, 25%), A. Boucon (DOC, 100%), J.C. Beugnot (DOC, 40%), A. Mussot (DOC, 20%), A. Vedadi (DOC, 10%), L. Provino (DOC, 25%). Collaborations : Université d’Auckland Nouvelle Zélande, Université Alcalá, Madrid Espagne, Université Libre de Bruxelles, Alcatel-Lucent R&I Marcoussis, LPUB Dijon, Laserlabs Etampes Soutiens financiers : ACI Jeune Chercheur, Alcatel, Région de Franche-Comté, Coopération Marsden Fund France – Nouvelle Zélande, Laserlabs, COST Européen FIDES (depuis 2006). Description des travaux et résultats obtenus Partie 1 – supercontinuum : En jouant sur les paramètres expérimentaux et le type de fibre conventionnelle utilisé, les spectres générés peuvent être adaptés aux divers besoins d’utilisation (plage et étendue spectrales, homogénéité du spectre, flux et luminance de sortie) : nous avons pu par exemple obtenir un spectre relativement plat sur une largeur plus faible, 350 nm environ, qui permet ainsi un accroissement d’un facteur 10 de la luminance de sortie du supercontinuum. Exemple de supercontinuum dans le spectre visible De fait, ces sources conjuguent des propriétés des lasers (source ponctuelle, cohérence spatiale, directivité, intensité) avec celles de la lumière blanche (étendue spectrale, faible cohérence temporelle). Ce nouveau type de « laser blanc » possède donc des propriétés inédites, en termes de luminance et de densité spectrale de puissance, qui peuvent procurer une amélioration substantielle du rapport signalà-bruit dans toute application fondée sur l’utilisation de spectres larges mais nécessitant une forte localisation spatiale. Ces sources ont ainsi connu un fort attrait et nous avons contribué à leur implantation dans plusieurs expériences faites à FEMTOST (équipe NOCP : microscope champ proche sans artéfacts cohérents, spectroscopie de nanostructures plasmoniques et de cristaux photoniques ; équipe NMSV : colorimétrie, interférométrie lumière blanche, microscopie confocale à codage chromatique de hauteur, tomographie de cohérence ; CREST Belfort : vélocimétrie laser 3-D arc en ciel). FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 Grâce à nos efforts de communication, vulgarisation (revues « Pour la Science », « Sciences et Avenir » et salon « Micronora 2004 » notamment) valorisation et recherche de partenariats, nos sources ont également suscité plusieurs contacts industriels. En particulier, nous avons monté un partenariat avec la Société Laserlabs avec laquelle un transfert de technologie a été établi et qui a donné lieu à l’élaboration du prototype compact montré ci-dessous, récompensé par le Photon d’Or du Salon OPTO 2005. Partie artie 2 - Laser Raman : En collaboration avec Alcatel et l’Université Libre de Bruxelles, nous avons étudié théoriquement et expérimentalement le rôle de la dispersion chromatique dans la dynamique des lasers Raman. Dans ce but, la dispersion de la fibre de cavité a été ajustée afin d’obtenir un régime radicalement différent du fonctionnement usuel, en mettant à profit le mélange à quatre ondes pour inhiber le seuil abrupt du laser et stabiliser ainsi l’émission à faible puissance. Le laser réalisé à Alcatel est représenté sur la figure 1. Il s’agit d’un laser à 5 ordres émettant à deux longueurs d’onde λS4=1351 nm et λS5=1427 nm, constitué d’une cavité de 400 m de long dans laquelle est injectée une onde pompe à 1117 nm. Pour évaluer le rôle du mélange à quatre ondes, nous avons procédé à deux séries de simulations ne différant que par la dispersion de la cavité, que nous avons comparées ensuite à deux séries de mesures expérimentales. La figure 2 montre l’évolution de la puissance des deux lasers. Pour le laser classique (figure 2a), l’ordre S5 présente un seuil très abrupt alors que S4 est fortement atténué. Pour le laser à faible dispersion, ou assisté par mélange à quatre ondes, la figure 2b montre que l’ordre S4 n’est plus atténué lorsque S5 est généré. De plus, S5 apparaît pour une puissance de pompe plus faible et avec une pente de croissance réduite. Comme illustré sur la figure 2c, nos simulations s’accordent remarquablement bien avec les mesures expérimentales. Les ordres S4 et S5 du laser présentent une croissance exponentielle, ce qui permet une bien meilleure stabilité à faible puissance de pompe. Ce nouveau laser à fibre est très intéressant pour le pompage du second ordre dans les systèmes de télécommunications WDM. Il a fait ainsi l’objet d’un brevet international. Conclusion et perspectives L’utilisation d’un microlaser et d’une fibre conventionnelle est de fait le dispositif le plus simple à notre connaissance permettant de générer un supercontinuum de grande brillance, typiquement 500 à 5000 fois celle de n’importe quelle source blanche thermique. En raison de leur simplicité et de leur stabilité, des capacités de déport, de la Figure 1 : Schéma du laser à fibre à cascade Raman à deux longueurs d’onde. Figure 2 : Évolution de la puissance de sortie du laser Raman, (a) classique, (b) assisté par mélange à quatre ondes, (c) expérimental. FEMTO-ST / Rapport d’activité ■ 2002-2006 compatibilité avec la connectique classique et du faible coût, les configurations développées semblent intéressantes pour de nombreux domaines d’applications : métrologie, contrôle industriel, spectroscopie locale, éclairage, visualisation, projection laser, microscopies, biologie cellulaire et biomédical, automobile, spectacle … Par ailleurs, nous avons abordé récemment le développement d’une nouvelle génération de sources supercontinuum, en régime continu et à base de lasers à fibre. Ces sources présentent l’avantage d’être entièrement fibrées, donc encore plus stables et faciles à mettre en œuvre. De plus, le régime continu permet d’atteindre des densités spectrales de puissance mille fois supérieures au régime impulsionnel : par combinaison de processus Raman et instabilité de modulation, nous venons de démonter un supercontinuum délivrant typiquement 2,5 mW/nm sur plus de 800 nm d’étendue spectrale dans la gamme spectrale d’intérêt pour les télécommunication optiques. La suite du travail sur les lasers Raman à fibre a pour but de démontrer la possibilité de les verrouiller en phase efficacement et leur permettre d’atteindre des cadences supérieures à 100-GHz avec de fortes puissances moyennes (> 500 mW). Nous venons récemment d’obtenir des résultats très encourageants validant un concept de blocage de modes passif, par mélange à quatre ondes dissipatif intra-cavité, qui permet de transformer un laser Raman en une source impulsionnelle puissante et stable. Production scientifique 9 publications dans des revues à comité de lecture (O41, O44, O45, O57, O89, O91, O97, O98, O125), 13 actes de congrès, 1 autre conférence, dont : O230, O277, O361, O399. Publications et Conférences récentes : T. Sylvestre, A. Vedadi, H. Maillotte, F. Vanholsbeeck, S. Coen " Supercontinuum generation using continuous-wave multiwavelength pumping and dispersion management,” Optics Letters, Vol. 31, pp. 20362038 (2006). J. Schroeder, S.Coen, F. Vanholsbeeck, T. Sylvestre, “Ultra-high-repetition rate passivelymodelocked Raman fiber laser” CLEO’2006, paper CthC4 (May 20-24, 2006, Los Angeles, USA). 1 Brevet (Alcatel) : Catherine Martinelli, Florence Leplingard, Thibaut Sylvestre, Frederique Vanholsbeeck, and Philippe Emplit, « Cascaded Raman laser », International Patent, Applications Number: 02 360 221.2, July 23, 2002. 1 enveloppe Soleau : H. Maillotte, A. Mussot, T. Sylvestre, « Sources de supercontinuum spectral de grande brillance de type “laser blanc” utilisant des microlasers de pompage impulsionnels et des fibres optiques standards, non microstructurées », enveloppe Soleau n°248139 déposée le 26 Décembre 2005. Une licence de communication de savoirfaire : n°L06107, pour l’industrialisation et la commercialisation par la Société sources de supercontinuum. Laserlabs des Prototype compact Photon d’Or du produit le plus innovant du Salon OPTO 2005, Paris.