de la monophylie, et d’autre part le partage d’états dérivés, qui lui révèle la monophylie (les nouveautés évolutives ac-
quises chez un ancêtre étant héritées par tous ses descendants).
L’analyse cladistique permet de résoudre les conflits entre les caractères, par l’application du principe de parcimonie.
Cette analyse conduit à préférer l’hypothèse phylogénétique la plus parcimonieuse, considérée comme la plus vraisem-
blable, compte tenu de la distribution observée de l’ensemble des caractères (on ne choisit donc plus arbitrairement tel ou
tel caractère pour découper les groupes). En même temps, à partir de l’hypothèse phylogénétique résultant de l’analyse,
il est possible de reconstituer l’histoire de chacun des caractères pris indépendamment. C’est ainsi qu’on peut identifier
les synapomorphies qui soutiennent la monophylie de tel ou tel groupe, et aussi distinguer les caractères qui évoluent de
manière convergente (= homoplasies).
Il n’y a pas de "groupes primitifs " ni de groupes évolués; les qualificatifs "primitif " (= ancestral) / "évolué " (=dérivé)
s’appliquent aux caractères (ou ensembles de caractères) et non aux groupes. Chaque organisme est une mosaïque de ca-
ractères évoluant plus ou moins indépendamment les uns des autres. Seuls les groupes monophylétiques ont une histoire
évolutive propre (les transformations évolutives ayant lieu dans la branche commune -les synapomorphies- concernent
l’ensemble des membres du groupe, et aucun des organismes extérieurs au groupe). C’est pour cette raison qu’on ne re-
tient comme unité de classification, comme taxon (= groupe formellement reconnu dans la classification), que des groupes
dont la monophylie est soutenue par les résultats d’un ou plusieurs travaux de phylogénie.
Il faut insister sur le fait que l’analyse des caractères est explicite et reproductible, ce qui signifie que n’importe qui,
à partir des mêmes données, en appliquant exactement les outils indiqués par les auteurs (dans la partie Matériels et Mé-
thodes de la publication), obtiendra le même arbre. Par ailleurs, à partir de nouvelles données, ou en codant différemment
les caractères, ou en changeant les modalités de l’analyse, on pourra éventuellement contredire une hypothèse phylogéné-
tiquement pré-existante au profit d’une autre, mais toujours à partir d’une démarche explicite (et non pas, en principe, du
fait de convictions personnelles ou d’avis a priori sur l’évolution du groupe).
Ainsi, les classifications proposées dans ce document sont des résultats scientifiques (issus de travaux publiés dans
des revues spécialisées ou des ouvrages synthétisant ces travaux), et l’on doit appliquer le même esprit critique qu’envers
n’importe quel résultat scientifique, comme dans n’importe quelle discipline. Par ailleurs, un résultat scientifique n’est
intéressant que dans la mesure où il apporte du nouveau, et donc on ne doit pas s’alarmer outre mesure du fait que les
classifications changent: c’est même plutôt un signe de vigueur (cela signifie que les systématiciens travaillent!). Il peut
aussi y avoir des contradictions entre les résultats provenant d’auteurs différents et/ou de jeux de données différents: il
y a alors des questions en suspens qui nécessitent d’autres travaux. Une fois établis les groupes monophylétiques, donc
les taxons, on doit les nommer. L’ensemble des règles qui gouvernent l’attribution des noms aux taxons s’appelle la no-
menclature. L’existence de règles est indispensable pour préserver un maximum la stabilité des noms face aux nombreux
travaux des systématiciens et aux changements perpétuels des conceptions sur le découpage des groupes.
Actuellement est toujours en vigueur le code de nomenclature hérité des XVIII ème et XIX ème siècles, qui prévoit
en particulier qu’à chaque taxon soit associée une catégorie linnéenne (les principales catégories sont l’espèce, le genre,
la famille, l’ordre, la classe, l’embranchement ou phylum). Il existe parmi les systématiciens un débat pour savoir si
ce système de nomenclature est adapté aux nouveaux concepts et méthodes issus de la cladistique. Les tenants d’un
nouveau code de nomenclature (le phylocode, consulter http://www.ohio.edu/phylocode) proposent une nouvelle approche
taxonomique.
Il n’est pas encore reconnu, surtout en biologie végétale, et la nomenclature traditionnelle issue de la nomenclature
binomiale est conservée ici. Mais attention, les catégories taxonomiques, familles, ordres n’ont pas d’autres significations
que leur monophylie et le fait qu’ils incluent d’autres groupes monophylétiques. Afin de clarifier cette hiérarchie, des ter-
minaisons appropriées ("phyta " pour les embranchements, "psida " pour les classes, "ales " pour les ordres, "acées " pour
les familles) sont utilisées selon la profondeur du groupe dans la phylogénie. Mais ces groupes n’ont pas de signification
absolue, ni d’équivalence de hiérarchie. Des taxons de même rang ne doivent pas être vus comme des équivalences d’une
réalité biologique. Cette hiérarchie possède avant tout un intérêt didactique et mnémotechnique. C’est une des différences
importantes avec la vision des familles des classifications antérieures.
Guide de lecture
Les chapitres sont construits selon un plan standardisé: une page présentant les caractères du taxon faisant l’objet du
chapitre une hypothèse phylogénétique (dérivée de la confrontation des hypothèses publiées récemment), des remarques
concernant l’arbre (hypothèses alternatives, caractères problématiques, etc. ), puis une section "exemples " illustrant les
taxons terminaux (= les feuilles) de l’arbre. Parfois un ou plusieurs taxons terminaux font l’objet d’un sous-chapitre spé-
cial, dans ce cas ils ne sont pas illustrés dans la partie "exemples " du premier arbre.
Systématique des Embryophytes - version 4 octobre 2007 - C.Reeb et JY. Dubuisson 4/64