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Pour maîtriser et contrôler un risque, il est impératif de
le définir avec clarté et précision. La définition de l’in-
fection nosocomiale sera utilisée tout au long du pro-
cessus de gestion de ce risque, pour la mise en place
d’une surveillance épidémiologique, pour l’étude des
facteurs de risque mais aussi pour évaluer l’efficacité
de mesures de prévention et l’efficacité du traitement
de ces infections.
En épidémiologie, les définitions utilisées doivent être
applicables pour de larges populations et classer cor-
rectement les infectés et non infectés. L’infection se
caractérise par l’existence de signes cliniques liés à la
multiplication de micro-organismes dans un site anato-
mique. Aussi, ces définitions reposent sur des critères
cliniques et/ou microbiologiques. Les critères retenus
doivent être simples, précis, capables d’identifier tous
les cas et que les cas. Malheureusement, il existe peu
de signes cliniques pathognomoniques. Pour les cri-
tères microbiologiques, les techniques retenues doivent
être facilement utilisables et fiables.
Ces définitions doivent permettre de repérer les infec-
tions apparentes mais aussi inapparentes.
Les definitions disponibles
Les définitions actuellement utilisées pour la sur-
veillance des infections nosocomiales, sont :
• au niveau international, celles établies en 1988, pour
l’ensemble des localisations anatomiques, par les
Centers for Disease Control (C.D.C) d’Atlanta [1],
• au niveau national, celles établies en 1992 pour les
cinq localisations anatomiques les plus fréquentes
(urines, plaie opératoire, poumons, cathéters, sang),
par le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de
France (CSHPF) [2].
Ces différentes définitions sont rassemblées dans un
ouvrage en français, publié par le centre de coordina-
tion de lutte contre les infections nosocomiales
(C.CLIN) de l’inter-région Paris-Nord [3].
Elles ont été élaborées par des groupes de travail
constitués d’experts de plusieurs disciplines. Chaque
définition s’applique à l’ensemble des spécialités médi-
cales. Par conséquent, il n’existe pas de définition spé-
cifique pour les infections survenant en urologie.
Définition du caractère nosocomial
Pour le risque infectieux, le terme nosocomial désigne
toute infection acquise par un patient, un membre du
personnel, voire un visiteur, dans un établissement de
soins. Mais comment être sûr que l’infection a été
acquise en milieu hospitalier ? Si le patient est admis
avec une infection communautaire, peut-il contracter
une infection nosocomiale ? Aussi, la définition du
caractère nosocomial n’est pas unique et envisage les
différentes situations rencontrées en pratique (figure 1).
En urologie, le caractère nosocomial de l’infection uri-
naire est relativement facile à établir grâce aux exa-
mens microbiologiques systématiques réalisés lors de
l’admission des patients.
Comme la figure 1 le montre, définir une infection
comme nosocomiale ne préjuge en rien de l’origine
endogène (flore du patient) ou exogène (environne-
ment) du micro-organisme, de son association à un dis-
positif invasif, de son caractère plus ou moins évitable,
de l’existence d’une faute professionnelle ou d’un dys-
fonctionnement, de la responsabilité du service ou du
soignant dans l’acquisition de cette infection. La fré-
quence des transferts entre services et hôpitaux incite à
distinguer les infections nosocomiales qui sont impor-
tées de celles acquises dans l’unité de soins [4].
Ainsi, le terme nosocomial regroupe une multitude de
situations possibles. Dans tous les cas, il signifie l’exis-
tence d’une réelle menace pour la personne atteinte et
pour son entourage, compte tenu du risque de trans-
mission souvent élevé de ces infections.
Définitions des infections nosocomiales
Nous n’envisagerons que les définitions des infections
les plus fréquentes en urologie : celles de la plaie opé-
ratoire et du site urinaire.
Pour le site opératoire, il existe plusieurs définitions
(figure 2). Sont distinguées les infections superfi-
cielles, des infections plus profondes. Cette distinction
est intéressante car elle permet de mieux évaluer la gra-
vité de ces infections. La définition repose essentielle-
ment sur un critère clinique : la présence de pus. La
seule difficulté dans l’utilisation de ces définitions est
d’avoir des informations sur les infections se déclarant
dans les 30 jours post-opératoires (voire les 12 mois
post-opératoires lors de la mise en place de prothèses
ou d’implants), et survenant après l’hospitalisation.
Cette situation devient de plus en plus fréquente,
compte tenu du raccourcissement des durées d’hospita-
lisation. Les consultations post-opératoires permettent
de repérer ces infections tardives et de ne pas sous-esti-
mer la fréquence réelle de ces infections.
CAS 1 - infection absente à l’admission.
CAS 2 - infection antérieure présente mais
• le micro-organisme est différent,
• ou l’infection précédente était guérie.
CAS 3 - état à l’admission inconnu et délai de survenue
supérieur à 48 heures.
Figure 1 - Définition du caractère nosocomial d’une infection
[3].