Progrès en Urologie (1999), 9, 78-81 Journée sur les infections nosocomiales en urologie CIAFU - Paris, le 23 janvier 1999 - Synthèse Pierre VEYSSIER Centre Hospitalier de COMPIEGNE L’infection urinaire nosocomiale représente 40 % des infections nosocomiales. Celles-ci touchent entre 5 et 10 % des patients hospitalisés. L’infection urinaire nosocomiale est fréquente en urologie, en réanimation et en long séjour. partir d’un autre service, soit à partir d’un autre hôpital. C’est le cas dans tous les services à fort taux d’infection nosocomiale. Le cas d’infections nosocomiales peut être défini sur la clinique, la microbiologie. Les cas recueillis doivent remplir les critères de définition retenus. Ces critères peuvent être sensibles et spécifiques. On peut donner comme coût moyen par patient 1000 à 2000 euros. Elle entraîne une augmentation des durées d’hospitalisation de 1 à 4 jours. En urologie, on distingue l’infection des urines et l’infection du site opératoire. Il est nécessaire dans toutes les situations pour bien définir les cas, d’utiliser les critères du CDC ou en France du Conseil Supérieur d’Hygiène qui a donné des critères stricts. INFECTIONS NOSOCOMIALES EN UROLOGIE Il faut souligner également la qualité nécessaire : • de la définition de l’infection du site opératoire en sachant qu’il est nécessaire de maintenir une surveillance de 30 jours en moyenne et pouvant aller jusqu’à 1 an s’il y a en place une prothèse. Il nous est apparu au cours de cette journée qu’il fallait définir l’infection nosocomiale de manière précise, recueillir les données, c’est à dire déclarer les infections nosocomiales après les avoir reconnues mais également lutter contre l’infection nosocomiale avec des règles de prévention qui ont été successivement abordées. • de la définition de l’infection urinaire en sachant reconnaître les distinctions entre bactériurie asymptomatique, bactérie symptomatique, clinique et/ou bactériologique. La première partie de la journée a été, avec l’exposé du Docteur QUENON, orientée sur la définition correcte de l’infection nosocomiale en urologie. Il faut souligner l’importance des groupes multidisciplinaire qui ont établis ces définitions et qui surveillent leur application par les réseaux des C.CLIN. Ces réseaux permettent de suivre les infections nosocomiales, les épidémies éventuelles y compris en urologie où il est nécessaire de dépister à l’admission l’infection et d’avoir, comme nous le disions plus haut, un bon suivi en postopératoire. En effet, une définition est nécessaire pour bien gérer le risque de l’IUN et pour établir de bonnes bases pour : • la surveillance • la reconnaissance des facteurs de risque Enfin, il a été précisé que les définitions sont indispensables et qu’elles peuvent aussi être adaptées au contexte local pour des études spécifiques ou du fait de l’évolution des connaissances. • l’évaluation de l’efficacité de la prévention • l’évaluation de l’efficacité des traitements En urologie, outre les caractères généraux de l’infection nosocomiale endogène ou exogène, il existe des caractères spécifiques. En effet, l’infection urinaire nosocomiale peut être liée aux gestes diagnostiques ou thérapeutiques. Elle peut être évitable ou non. Elle peut survenir avec ou sans faute technique de la part de l’équipe médico-infirmière. Elle peut surtout être importé ou acquise dans le service et nous avons appris également qu’elle était plus souvent importée soit à Grâce à ce travail de définitions, de suivi de leurs applications, il sera possible de reconnaître les infections nosocomiales grâce aux mesures de surveillance. La surveillance est en effet indispensable pour reconnaître les infections nosocomiales. Cette surveillance est : • clinique : elle repose sur les enquêtes de prévalence et d’incidence entre autre 78 • bactériologique : il faut recueillir les données de cette surveillance qui permettent de reconnaître les infections nosocomiales dont la déclaration est indispensable, qui permet de reconnaître également des épidémies, de dépister les infections à BMR et leur épidémiologie. Les facteurs de risque sont corrélés au score ASA et au score NNIS, sont également clairement corrélés à l’existence d’une antibiothérapie récente. Les facteurs de risque sont également corrélés au sondage préopératoire et à sa durée, à la repose d’une sonde et à la durée de l’irrigation qui peut être nécessaire. La surveillance et la reconnaissance de ces différents problèmes permettront aux groupes hospitaliers interéquipes de prendre des mesures. Le système de connexions entre les divers acteurs cliniciens, bactériologistes, hygiénistes, CLIN, pharmaciens, administration est tout à fait essentiel. Ne sont pas corrélés de manière certaine l’âge, le type d’intervention, l’antibiothérapie, les ruptures de système clos. Il est vrai que ces derniers éléments peuvent être apparents dans d’autres études et que notamment le système clos parait maintenant un acquis certain dans la prévention de l’infection urinaire nosocomiale. Le recueil des infections nosocomiales est actuellement fait dans de bonnes conditions lorsqu’il existe de tels dispositifs de correspondance entre les services. Par contre le PMSI tel qu’il existe actuellement ne semble pas d’après le Docteur DIDIERJEAN adapté. En effet, il faudrait avoir des codes pour des infections, la bactériologie, les antibiotiques et les résistances qui n’apparaissent pas clairement dans le programme actuel. Au terme de cette étude très intéressante de la chirurgie prostatique faire par le CIAFU, qu’il serait intéressant de publier par ailleurs, apparaissent comme facteurs de risque essentiels la repose de sonde et la durée de l’irrigation. QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DE L’INFECTION NOSOCOMIALE ET COMMENT LA PREVENIR ONT ETE LES ELEMENTS SUIVANTS DE CETTE JOURNEE TRES ENRICHISSANTE LES ETUDES CONCERNANT L’INFECTION NOSOCOMIALE ONT FAIT L’OBJET DE PRESENTATION TOUT A FAIT INTERESSANTE Quelles sont les conséquences de l’infection nosocomiale ? D’une part, une surmorbidité importante, une mortalité qui n’est pas nulle même si elle est faible, surtout un surcoût financier pour l’hôpital et la collectivité et une conclusion est que cette infection nosocomiale et ses conséquences sont certainement sous-estimées, sous-évaluées en urologie. D’une manière générale, l’enquête de prévalence de la région Paris nord a montré qu’il y avait dans les services en moyenne 8,9 % de malades infectés et 10,4 % d’infections avec respectivement 7,6 % et 9% en chirurgie, 31,1 et 50 % en réanimation et qu’il existait en urologie 16,7 % de malades infectés. L’enquête d’incidence a montré qu’il y avait de 5 à 7 % d’infections urinaires nosocomiales (IUN) et 2% d’infections du site opératoire (ISO) en urologie. LA PREVENTION EST L’ELEMENT CAPITAL Une enquête a été réalisée pour le CIAFU par un certain nombre de services d’urologie après chirurgie prostatique. Cette enquête a été réalisée sur 200 patients. Elle a montré une incidence de 21 % d’infections urinaires nosocomiales et 2,8 % d’ISO. Cette enquête a permis de mettre en évidence un certain nombre de point tout à fait importants. Elle est basée à l’évidence sur la qualité de la gestion du sondage, comme l’a montré le film sur la prévention de l’infection urinaire présenté grâce à l’institut Maurice RAPIN. Elle est basée également sur la réduction des infections du site opératoire. Il y a eu une très intéressante présentation sur la préparation de l’opéré avec l’importance de la douche antiseptique, l’int erdi cti on du rasage, l’antisepsi e du champ opératoire, toute procédure faisant l’objet dans les hôpitaux bien adaptés de protocoles écrits. Il faut souligner l’importance des germes Gram positifs alors que dans les infections urinaires nosocomiales habituelles dans d’autres services : réanimation, mais surtout médecine, moyen et long séjour, on note une prédominance des bacilles Gram négatifs. En urologie, il y a jusqu’à 55 % d’infections qui sont liées à des Staphylocoques ou à des entérocoques, ce qui peut poser des problèmes pour le dépistage en particulier par la bandelette urinaire, dans les services d’urologie alors que partout ailleurs l’intérêt de cet examen est fondamental et permet d’éviter un certain nombre d’ECBU. Elle est basée enfin sur l’antibiothérapie prophylactique qui a, comme l’a souligné le Professeur BOTTO, toute son importance dans la prévention. Elle doit être faite dans les règles en suivant pour cela les recommandations de la SFAR éditées en 1992 et réactualisées en 1998. 79 L’antibioprophylaxie a des indications dans la chirurgie propre et dans la chirurgie propre contaminée. moyens financiers et humains différente de la répartition habituelle et que l’on donne des moyens suffisants aux services médicaux qui en sont souvent un peu dépourvus. La qualité de la préparation du matériel est également fondamentale. Nous avons vu l onguement et de manière précise les techniques de désinfection et de stérilisation qui doivent assurer la sécurité des malades mais également celle du personnel soignant et permettre d’opérer en toute quiétude en respectant le bon état du matériel et en évitant sa détérioration. Cette politique n’aboutira peut être pas à la diminution franche du nombre des situations où les SAMR sont concernées mais contribuera certainement à la réduction des risques. Il est enfin noté qu’il faudrait, lorsqu’un patient arrive dans un service, l’isol er de manière relative avant d’avoir reçu les prélèvements du service d’où provient ce malade ou les résultats des examens réalisés à l’entrée pour dépister des souches multi-résistantes dont le malade pourrait être porteur. La prévention de l’infection nosocomiale, la lutte contre les infections nosocomiales dans tous les services mais également en urologie passent obligatoirement, nous l’avons vu, par l’information mais également par la formation des soignants qu’il s’agisse des médecins, des infirmières, des aides-soignantes. Après un exposé très clair du Professeur MATILLON sur les problème de l’infection nosocomiale et de l’accréditation et l’exposé de l’expérience qui a déjà été réalisée sur certains sites pilotes et avant de conclure, il est possible de dire que la prévention de l’infection nosocomiale en urologie repose essentiellement sur la bonne gestion de la sonde, la préparation de l’opéré, la qualité de la stérilisation du matériel, l’antibiothérapie prophylactique et que dans ces domaines de grands progrès ont été faits depuis quelques années. La formation comprend un certain nombre de principes qui permettent d’établir des procédures et de contrôler leur application et leur efficacité. La formation implique également après la préparation des audits de pratique et la réalisation d’enquêtes avec bien entendu diffusion de leurs résultats. LA MAITRISE DES INFECTIONS A BACILLES MULTI-RESISTANTS (BMR) EST BIEN SUR UN PROBLEME ESSENTIEL On peut dire également que dans le cadre de la gestion des infections à BMR, il y a des attitudes positives récentes comme la reconnaissance de la modification de l’épidémiologie et la proposition de suggestion de nouvelles répartitions des moyens. Dans les domaines de la communication et de la formation, les programmes sont au point, les équipes hospitalières médicales, infirmières, administratives sont bien au courant, bien formées. Des progrès restent à faire. Les Professeurs JARLIER et BRUN BUISSON ont clairement montré que les infections à BMR pouvaient actuellement être considérées comme des infections surtout importées d’un service à l’autre, d’un hôpital à l’autre. Il faut noter cependant que si le problème de la prévention est maintenant assez clairement abordé, il n’en reste pas moins que dans le domaine du traitement des infections nosocomi ales en urologie comme dans d’autres disciplines, notamment en réanimation, en long séjour, il y a encore beaucoup de questions auxquelles il n’est pas possible de répondre soit par manque de donnée, soit par difficulté d’organiser des études qui permettraient de répondre clairement aux questions, en particulier sur : Ils ont souligné l’évolution de ces infections à BMR en montrant qu’il y avait depuis quelques années dans les hôpitaux et les cliniques une réduction des infections à Klebsielles Multi-Résistantes mais que cela n’était pas la même chose pour les Staphylocoques résistants à la Méticilline (SAMR). Il y en a maintenant moins de 20 % dans les soins intensifs, en médecine c’est la stabilité. Il y a par contre une augmentation de ces infections à Staph Auréus résistants à la Méticilline en moyen et en long séjour où l’on rencontre 65 % des SAMR dépistés. Quoi faire devant une infection sur sonde urinaire ? Faut-il enlever la sonde, donner des antibiotiques, traiter les bactériuries asymptomatiques, traiter seulement les épisodes septiques, quelles doivent être les durées de traitement ? Bien des questions restent posées et il n’y a pas été répondu aujourd’hui et on pourrait suggérer une nouvelle réunion sur des thèmes particuliers notamment l’infection sur sonde, la gestion de la sonde dans cette situation et des durées de traitement antibiotique. Il y a certes un équilibre entre le nombre de malades mais la répartition est telle maintenant que les orateurs ont insisté à juste titre devant des représentants des services hospitaliers et de l’ANAES, sur la nécessité de faire reconnaître aux autorités que la reconnaissance du fait que la majorité des SAMR soit observée en long séjour peut impliquer pour l’avenir une répartition des 80 En conclusion de cette journée du 23 janvier 1999 sur l’infection nosocomiale en urologie, il est possible de dire que : • il faut définir l’infection nosocomiale avec ses spécificités urologiques, • il faut surveiller les infections nosocomiales de manière collégiale, • il faut adapter le PMSI pour lui permettre de nous aider dans le diagnostic et le recueil des données, • il faut reconnaître l’infection urinaire nosocomiale et les infections du site opératoire, déclarer ces infections nosocomiales, • il faut prendre des mesures de lutte contre l’infection dans les situations au cas par cas et dans les situations épidémiques, • il faut contrôler l’application de ces mesures et leur efficacité, • il faut informer les équipes soignantes des résultats de la lutte contre l’infection, • il faut tenir informée également l’administration. Il n’y a pas de risque zéro en matière d’infection nosocomiale. Il faut cependant diminuer le plus possible l’infection nocosomiale en urologie. Pour cela, il faut des moyens. Il faut un travail en commun associant les équipes cliniques, bactério, hygiène, CLIN qui élaborent des protocoles et vérifient leur application et leur utilité. Il faut également savoir adapter les mesures. Tout ceci permet de participer à l’avancée vers l’accréditation. En remerciant les différents orateurs et le Professeur LOBEL organisateur ainsi que nos soutiens avec Hoechst, Roussel, il est possible de souligner l’importance de continuer de travailler ensemble. 81