UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL VAL DE MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL <<<<><><><><><><>>>> ANNEE 2012/2013 N° 1016 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Gynécologie Obstétrique -----------Présentée et soutenue publiquement le 26 Juin 2013 A la Faculté de médecine Paris VII - Bichat -----------Par Eva MARCHAND Née le 17 Décembre 1984 à Nogent sur Marne ------------- TITRE : Hystérectomie de clôture dans les cancers du col localement avancés: morbidité, pertinence de l'IRM pour le diagnostic du résidu tumoral et survie. PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA Monsieur le Professeur Emmanuel Barranger BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DIRECTEUR DE THESE : Madame le Docteur Delphine Héquet Signature du Cachet de la bibliothèque Président de thèse universitaire REMERCIEMENTS A Monsieur Le Professeur Emmanuel Barranger, Votre enseignement a été pour moi un enrichissement important. Je vous remercie pour votre disponibilité, votre soutien tout au long de cette expérience et la confiance que vous me faites en me nommant chef de clinique. Veuillez trouver ici l’expression de ma profonde et respectueuse reconnaissance pour m’avoir permis de réaliser ce travail et pour avoir accepté la Présidence de ce Jury. À Madame le Docteur Delphine Héquet, Merci de m’avoir fait l’honneur de me confier ce travail. Je te remercie pour ton soutien, ta grande disponibilité et ta patience. Travailler à tes côtés m’a beaucoup fait progresser. C’est un immense plaisir de te voir dans mon Jury aujourd’hui. A Monsieur Le Professeur Daraï, Je vous remercie pour votre enseignement scientifique, chirurgical et de m’avoir transmis votre rigueur. Je garderai de mon passage dans votre service un excellent souvenir. Merci de me faire l’honneur de participer au Jury de ma thèse. A Monsieur Le Professeur Lecuru, Vous me faites l’honneur de juger ce travail, veuillez trouver ici l’expression de mes sincères remerciements et de mon profond respect. A Monsieur le Docteur Yann Delpech, Je vous remercie pour votre aide dans ce travail et suis très heureuse de pouvoir travailler prochainement à vos côtés. Merci de me faire l’honneur de participer au Jury de ma thèse. 2 Je remercie vivement le Docteur Virginie Fouchotte, le Docteur Alexandre Bricou, le Professeur Charles Coutant, le Professeur Fabrice Lecuru et le Docteur Martin Koskas pour m’avoir permis de réaliser ce recueil de données. A tous mes Maîtres d’internat, Veuillez trouver ici l’expression de ma plus profonde reconnaissance. Monsieur le Docteur Jean-Noël Botto, Madame le Professeur Michèle Uzan, Monsieur le Professeur Lionel Carbillon, Monsieur le Professeur Bassam Haddad, Monsieur le Professeur François Gayral, Monsieur le Professeur Jean-Louis Bénifla, Monsieur le Professeur Dominique Luton, Monsieur le Professeur Emmanuel Barranger, Monsieur le Professeur Alain Fourquet, Monsieur le Professeur Darai. 3 Je remercie également tous ceux qui m’ont aidée dans l’apprentissage de la chirurgie et de l’obstétrique, pour leur patience et leur enseignement : Edouard Ha, Frédérique Isnard, Amélie Benbara, Ahmed Tigaizin, Christophe Poncelet, Olivier Chanelles, Nathalie Seince, Anabela Rodrigues, Eric Guillo, Stéphanie Deis, Philippe Dubois, Bernard Paniel, Célyne Dufour, Amandine Faux, Bruno Costaglioli, Benoit Lambert, Jonathan Rosenblatt, Céline De Carné, Sophie Chagnaud, Albane De Quillacq, Laura Prat-Ellenberg, Mathilde Piketti, Martin Koskas, Laurence Hamou, Carmen Chis, Elie Azria, Sophie Omnès, Agnès Bourgeois-Moine, Chadi Yazbeck, Sandrine Cohen-Scali, Aude Ricbourg, Delphine Frimigacci, Ruben Lousquy, Anne Thoury, Patrice Jammet, Alain Livartowski, Marcos Ballester, Sonia Zilberman, Enora Laas, Geoffroy Canlorbe, Aurélie Revaux, Jérémie Belghiti, Chrysoula Zacharopoulou. A tous mes collègues d’internat : Géraldine et Annina, merci pour tous les bons moments passés ensemble. Irène, j’ai hâte de travailler à tes côtés ! Anne-Laure, merci pour cette belle rencontre. Patrick, merci pour ces 2 années d’internat passées à tes côtés et toujours avec le sourire ! A Audrey B, Audrey V, Anne-Lucie, Anne-Gaëlle, Marie, Marie-Charlotte, Noémie, Emilie P, Emilie R, Pierre, Emmanuel, Sofiane et tous les autres… 4 A Damien, Pour ton amour, tes perpétuels encouragements et pour tout l’équilibre que tu m’apportes. J’ai hâte de te dire oui. 5 A mes parents, Merci pour votre amour et votre soutien de tous les instants. Vous avez toujours cru en moi, j’espère que vous serez fiers. A ma sœur Maud, Merci pour ton amour et d’être toujours là quand il faut. Je te souhaite de réussir également et de réaliser tous tes projets. A ma famille, A mes amis, qui me rendent tous les jours la vie belle par leur présence. A Marie, Laure, Charlotte, Sandra, Léa et Marianne, Merci pour votre amitié, votre écoute et votre soutien depuis le début. Votre présence à mes côtés m’est très chère depuis toutes ces années… A Géraldine, Anais, Virginie, Héléna, Marion et Anne, Merci pour tous ces moments de bonheur partagés ensemble depuis la P2 et votre amitié sans faille. 6 TABLE DES MATIERES I) Introduction ...…..…………………………………………………………........... 9 II) Rappels .…………….……………………………………………………..……. 11 A) Le cancer du col …...……...…………………………………….....………. 11 1) Epidémiologie : incidence et mortalité …………..…………..……….. 11 2) Facteurs de risque ………………………………...…………..……….. 15 a) Infection à HPV (Human papillomavirus) : physiopathologie et prévalence …………………….…………………………..………... 15 b) Autres facteurs de risque ……………………………..………….... 16 3) Dépistage et vaccination …………………...…………..……………… 17 a) Le Frottis Cervico-Utérin …………………………..………..……... 17 b) La vaccination ………………………..……………..…………..….. 18 4) Anatomopathologie et dissémination ………..………..……………… 19 5) Moyens diagnostiques et bilan d’extension ……..………………...… 23 a) Examen clinique et preuve histologique …….………………….... 23 b) Examens paracliniques d’évaluation de l’extension loco-régionale …………………………..………………………………….………… 24 c) Stadification ganglionnaire ……………………………………..…. 24 6) Facteurs pronostiques et survie ………………………………………. 26 B) Modalités thérapeutiques …………………………………...…………..… 27 1) Stades précoces ………………………………………..…………….... 27 2) Stades localement avancés ………………………...……………..….. 28 a) Radio-chimiothérapie concomitante …………..…………...…..… 28 b) Chirurgie de clôture …………………………...………………...…. 32 III) Patientes et méthodes ………….……..…………………………………...….. 37 A) Population étudiée ……...…………..……………………………………... 37 B) Stadification ganglionnaire ………………………………….…………..… 39 C) Radio-chimiothérapie concomitante et curiethérapie …….…………..… 39 D) Evaluation du résidu tumoral après radio-chimiothérapie par IRM et chirurgie de clôture ……………………………………….………………... 40 E) Suivi ……………...………………………………………………..……….... 41 F) Recueil des données et analyse statistique ……………….......…….…. 41 7 IV) Résultats……………………………………….…………………..…….……… 42 A) Caractéristiques de la population et bilan pré-thérapeutique ……..…... 42 B) Description du traitement médical reçu …………………….….…...…… 44 C) Evaluation du résidu tumoral après radio-chimiothérapie par IRM …... 46 D) Description de la chirurgie de clôture ……………….…...…………….… 47 E) Complications de la chirurgie de clôture …………….....…………....….. 49 1) Description des complications ……………….……………………..… 49 2) Facteurs associés à la survenue de complications ………..……..... 51 F) Evaluation du résidu tumoral par IRM ……………………..…...……….. 57 1) Puissance de l’IRM ………………..…………………..……….…….... 57 2) Facteurs associés aux faux positifs et faux négatifs de l’IRM…..…. 57 G) Survie des patientes ayant été traitées d’un cancer du col localement avancé par radio-chimiothérapie et chirurgie de clôture ….….………... 61 1) Description de la survie globale et de la survie sans récidive .……. 61 2) Facteurs influençant la survie globale et sans récidive ……….….... 62 V) Discussion…………………………………………………………………......… 70 VI) Conclusion ………………………………………………………..…...……..… 83 VII) Bibliographie ……………………………………………………...…………..… 88 Annexes 1) Classification FIGO 2009 …………………………………………….....……….... 84 2) Classification de Piver Rutledge Smith (1974) …………………….………..….. 85 3) Classification de Querleu et Morrow ……………………………….…………….. 86 4) Classification de Chassagne ……………………………………...………..…..… 87 Illustrations Figure 5 : Structure du col ……………………………………………………………..…. 19 Figure 6 : Drainage lymphatique de l’utérus …………………………………….……… 22 Figure 9 : Ouverture de la fosse paravésicale …………………………….………….... 35 Figure 10 : Ouverture de la fosse pararectale …………………………….………….... 35 Résumé …………………………………………………….……..…………………….… 100 8 I) Introduction Dans le monde, le cancer du col de l'utérus est la deuxième forme de cancer la plus fréquente chez les femmes. Cinq cent mille nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. La majeure partie de ces cancers est observée dans les pays en voie de développement (83%) en raison d’une absence de dépistage. En France, le cancer du col est actuellement au onzième rang des cancers chez la femme avec 2810 nouveaux cas en 2011, et se situe au treizième rang de la mortalité par cancer (1). Cependant, le cancer du col localement avancé reste un problème majeur de santé publique en raison d’une mortalité importante y compris dans les pays industrialisés et d’une morbidité non négligeable des traitements réalisés. Dans 40% des cas, en France, les cancers du col sont diagnostiqués à un stade localement avancé (2). L’évaluation est clinique et repose actuellement sur la classification FIGO (Fédération Internationale des Gynécologues Obstétriciens). Les cancers du col de stades avancés se définissent par un stade supérieur à IB1, c’est-àdire une tumeur de plus de quatre centimètres limitée au col (stade IB2) ou ayant dépassé le col (extension vaginale stade IIA) ou avec atteinte paramétriale (stade IIB) ou étendue au tiers inférieur du vagin ou à la paroi pelvienne (stade III) ou encore avec atteinte du rectum ou de la vessie (stade IV) (Annexe 1) (3). L’imagerie préthérapeutique consiste en une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) abdominopelvienne ainsi qu’un TEP-TDM (Tomographie par Emission de Positons couplée à la Tomodensitométrie). Le traitement de référence des cancers du col localement avancés comprend une radio-chimiothérapie concomitante (RCC) possiblement complétée par une curiethérapie. Cette combinaison a prouvé son bénéfice sur la survie sans récidive et la survie globale par rapport à la radiothérapie seule (4). La radiothérapie pelvienne est étendue aux aires ganglionnaires lombo-aortiques si l’envahissement ganglionnaire dans cette région est prouvé soit par TEP-TDM soit par stadification chirurgicale pré-thérapeutique (5,6). A la fin de ce traitement par RCC, se pose alors la question de la réalisation de la chirurgie de clôture et du type de chirurgie. Les 9 indications et modalités de cette chirurgie varient actuellement d’une équipe à l’autre devant l’absence de consensus. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer, à partir d’une étude rétrospective multicentrique portant sur 159 patientes atteintes d’un cancer du col localement avancé (stades IB2–IVA) et traitées par radio-chimiothérapie concomitante, la morbidité de l’hystérectomie de clôture. Les objectifs secondaires étaient d’analyser la performance de l’imagerie par IRM pour l’évaluation du résidu tumoral post RCC et la survie. 10 II) Rappels A) Le cancer du col 1) Epidémiologie : incidence et mortalité Les dernières données publiées par l’INCa (Institut National du Cancer) en 2011 rapportent un nombre de nouveaux cas de cancer invasif du col de l’utérus estimé à 2810 en France. Le cancer du col de l’utérus est ainsi le onzième cancer le plus fréquent chez la femme. Le taux d’incidence standardisé à la population mondiale est estimé à 6,4 pour 100 000 femmes. Le pic d’incidence survient vers l’âge de 40 ans. Le nombre de décès en 2011 est estimé à 1000, ce qui place le cancer du col de l’utérus au 13ème rang des décès par cancer chez la femme. Le taux de mortalité standardisé à la population mondiale est estimé à 1,7 pour 100 000 femmes. L’analyse des tendances récentes en France montre une diminution du taux standardisé d’incidence du cancer du col de l’utérus, avec un taux moyen de décroissance de 2,9% par an entre 1980 et 2004. Entre 2000 et 2005, ce taux est en moyenne de moins 1,8% par an (14,9 pour 100 000 en 1980 à 7,2 pour 100 000 en 2005). 11 Figure 1 : Évolution de l’incidence (taux standardisé au monde estimé) du cancer du col de l’utérus de 1980 à 2005. Projections pour l’année 2011. Sources : Période 1980 à 1985 [Belot et al., Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique 2008] ; période 1990 à 2011 [HCL/InVS/INCa/Francim/Inserm, 2011] 12 La mortalité a également diminué mais de manière plus marquée avec un taux moyen de décroissance de 4% par an entre 1980 et 2005 (moins 3,2% en moyenne par an entre 2000 et 2005). Le taux de mortalité (standardisé au monde) par cancer du col de l’utérus a été réduit de moitié entre les périodes 1984-88 et 2004-08, passant de 4,1 à 1,9 pour 100 000. Figure 2 : Évolution de la mortalité observée (taux standardisé monde) par cancer du col de l’utérus entre 1984-1988 et 2004-2008. Projections pour l’année 2011. Sources : HCL/InVS/INCa/Francim/Inserm, 2011 Ces évolutions de l’incidence et de la mortalité pourraient être en grande partie expliquées par le développement du dépistage individuel par frottis dans les années 1960. L’amélioration de la prise en charge thérapeutique des lésions précancéreuses et du cancer invasif lui-même contribuerait également à la diminution de la mortalité. Au niveau international, le taux d’incidence standardisée à la population mondiale pour la France en 2008 (7,1 pour 100 000 femmes) est légèrement inférieur à celui 13 retrouvé sur la même période dans l’Union Européenne des 27 (9,0/100 000) et proche de ceux des États-Unis (5,7/100 000) et du Canada (6,6/100 000). Les pays de l’Union Européenne à fort taux d’incidence sont les pays d’Europe de l’Est avec un taux d’incidence standardisé au monde compris entre 13 et 16,5 pour 100 000 femmes. Les taux d’incidence les plus faibles (inférieurs à 5 pour 100 000) sont observés aux Pays-Bas, en Suisse et en Grèce (1). Les dernières données publiées en 2012 montrent un taux d’incidence de 8,1/100000 aux Etats-Unis et de 7/100 000 au Canada. Des différences similaires sont observées en ce qui concerne les taux de mortalité par cancer du col de l’utérus (7,8). Figure 3 : Taux d’incidence et de mortalité (standardisés au monde) par cancer du col de l’utérus à l’échelle internationale chez la femme (taux pour 100 000 personnes), en 2008. Source : INCa (Institut National du Cancer) 2011. Situation des cancers. 14 2) Facteurs de risque a) Infection à HPV (Human papillomavirus) : physiopathologie et prévalence La quasi-totalité des cancers du col (95%) sont liés aux papillomavirus humains (HPV). Ces virus infectent la peau et les muqueuses, plus précisément les épithéliums malpighiens. L’infection génitale à HPV est la plus fréquente des infections sexuellement transmissibles dans le monde. Une trentaine de virus ont un tropisme génital et une transmission par voie sexuelle. Parmi ces HPV, on distingue les HPV à haut risque (high-risk) ou HR-HPV, qui ont un pouvoir oncogène démontré et qui sont donc retrouvés dans les lésions cancéreuses, et les papillomavirus à bas risque (lowrisk) ou LR-HPV, associés à des lésions bénignes. Le cancer du col de l’utérus est le cancer le plus fréquemment associé aux HR-HPV (HPV 16,18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 68, 73 et 82) (9). Les infections génitales à HPV surviennent généralement dans les toutes premières années suivant l’entrée dans la vie sexuelle. Il est établi que la majorité des femmes sexuellement actives ont été infectées par au moins un type d’HPV au cours de leur vie avec une clairance spontanée du virus. Environ 10% des femmes sont porteuses du virus de façon définitive. En France, l’étude multicentrique EDITH a montré que les HPV 16 et/ou 18 étaient associés à 83% des 516 cas de cancers du col répertoriés, et à 64% des 493 lésions de haut-grade (Cervical Intraepithelial Neoplasia : CIN 2/3) (10). La prévalence de l’infection génitale chez la femme, basée sur la détection d’ADN viral au niveau cervical, varie selon l’âge et l’origine géographique. Une méta-analyse récente réalisée sur près de 158000 femmes, au niveau mondial, avec une cytologie cervicale normale indiquait une prévalence globale de 10,4%. Les prévalences les plus élevées (> 20%) sont observées en Afrique et en Amérique centrale. En ce qui concerne la prévalence selon l’âge, ce sont les femmes jeunes, dans la tranche d’âge 20 à 25 ans qui présentent la prévalence la plus élevée (> 20%). La prévalence diminue ensuite rapidement avec l’âge, ce qui témoigne du caractère le plus souvent transitoire de l’infection HPV. Cette diminution est beaucoup plus marquée dans les pays à haut niveau socio-économique. On observe généralement une réaugmentation chez les femmes en âge d’être ménopausées, sans que les causes de cette augmentation soient clairement établies (11). 15 Figure 4 : Prévalence de l’infection HPV (Human papillomavirus) génitale chez la femme dans les différentes tranches d’âge. Source : Institut de Veille Sanitaire. Le cancer du col de l’utérus. 2008. b) Autres facteurs de risque L’infection à Chlamydia peut entrainer une inflammation pelvienne et une infertilité. Certaines études ont montré que les patientes ayant une sérologie Chlamydia positive avaient un risque plus élevé de cancer du col comparativement aux patientes ayant une sérologie négative (12). L’utilisation d’une contraception orale est également associée à un sur risque de cancer du col. Ce risque diminue après l’arrêt de la contraception (7). Le tabac multiplie par deux le risque de cancer du col. Les substances toxiques contenues dans le tabac altèreraient l’ADN des cellules cervicales. Par ailleurs, fumer rend également le système immunitaire moins efficace dans la lutte contre les infections HPV (13). Le Diethylstilbestrol (DES) est un médicament hormonal qui a été donné à certaines femmes pour prévenir les fausses couches entre 1940 et 1971. Les femmes dont les mères ont pris du DES pendant leur grossesse développent un 16 adénocarcinome à cellules claires du vagin ou du col de l'utérus plus souvent que normalement attendu. Ce type de cancer est extrêmement rare chez les femmes non exposées et l’âge moyen au diagnostic est de 19 ans (14). Chez les femmes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), la prévalence de l’infection HPV est plus élevée que dans la population générale et ce quel que soit le type d’HPV. Le cancer du col est le cancer le plus fréquent chez les femmes infectées par le VIH. Il est considéré comme une maladie définissant le stade sida. Les altérations du système immunitaire liées au VIH semblent augmenter le risque de progression vers le cancer du col en raison d’une clairance moins importante du virus. Presque 80% des femmes VIH de plus de 25 ans sont infectées par l’HPV (15). 3) Dépistage et vaccination a) Le Frottis Cervico-Utérin La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande un dépistage du cancer du col par frottis cervico-utérin (FCU) tous les 3 ans, après deux frottis normaux réalisés à 1 an d’intervalle, chez les femmes âgées de 25 à 65 ans, asymptomatiques et ayant ou ayant eu une activité sexuelle. Le compte rendu de l’examen (expression des résultats et interprétabilité du frottis) doit suivre la terminologie de Bethesda de 2001 (16). À ce jour, il n’existe pas de programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus en France. La pratique de dépistage individuel du cancer du col de l’utérus est, en revanche, bien implantée : le taux global de couverture des femmes de 25-65 ans par le frottis cervico-utérin est estimé à 57,4% sur la période 2005-2007. Toutefois, il existe des freins au dépistage du cancer du col liés notamment à l’âge (les femmes de plus de 55 ans se font moins dépister) ainsi qu’à des caractéristiques socio-économiques. Il s’agit donc aujourd’hui de favoriser la participation et de réduire les inégalités d’accès au dépistage (mesure 14 du Plan cancer 2009-2013) (17). Le second projet serait de remplacer le dépistage par FCU par un dépistage HPV comme c’est le cas en Finlande (taux de cancer du col plus bas et meilleur taux de participation). 17 b) La vaccination La vaccination préventive contre certains types d’HPV est le deuxième moyen d’agir contre le cancer du col car le virus étant présent sur l’ensemble de la zone anogénitale, l’utilisation du préservatif n’est que partiellement efficace. Il est recommandé de vacciner les jeunes filles entre 11 et 14 ans et en rattrapage jusqu’à 20 ans chez les femmes n’ayant pas eu d’activité sexuelle ou n’en ayant que depuis moins d’un an (18). Le dépistage par frottis est néanmoins indispensable. Il existe deux vaccins : - Gardasil® : il s’agit d’un vaccin quadrivalent, couvrant les génotypes HPV 6, 11, 16 et 18. Le schéma de primo-vaccination comporte 3 doses de 0,5 ml administrées à 0, 2 et 6 mois. Si un autre schéma de vaccination s’avère nécessaire, la deuxième dose doit être administrée au moins un mois après la première dose, et la troisième dose doit être administrée au moins 3 mois après la deuxième dose. Les trois doses doivent être administrées en moins d’un an. La nécessité d’une dose de rappel n’a pas été établie. - Cervarix® : c’est un vaccin bivalent couvrant uniquement les génotypes oncogènes 16 et 18. Le schéma de vaccination recommandé comporte 3 doses administrées à 0, 1 et 6 mois. La nécessité d’une dose de rappel n’a pas été établie. Cette vaccination peut être effectuée indifféremment avec l’un ou l’autre des deux vaccins, mais la vaccination de chaque sujet doit se poursuivre avec le même vaccin. En prévention des lésions génitales précancéreuses CIN 2/3 ou des adénomes endocervicaux associés aux HPV 16 ou 18, le suivi à environ 4 ans a confirmé l’efficacité des deux vaccins dans la population des femmes non infectées : Gardasil® (93,3%99,3%) et Cervarix® (94,2%-100%) ; leur efficacité moindre dans la population totale des femmes vaccinées, infectées ou non: Gardasil® (41,1%-60,7%) et Cervarix® (49,6%-69,5%). Le service médical rendu par ces deux vaccins est important dans les populations recommandées par le Haut Conseil de la Santé Publique (19). Le taux de remboursement est de 65%. Cependant, le pourcentage de la population ciblée ayant reçu les 3 doses du schéma vaccinal est faible, d’environ 30% (18). 18 4) Anatomopathologie et dissémination Le col utérin est formé de deux parties, l'exocol et l'endocol, séparées par une zone de jonction. L’exocol est tapissé par un épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé (épithélium malpighien). L’endocol relie l'orifice externe à l'isthme utérin. Il est revêtu par un épithélium glandulaire cylindrique muco-sécrétant. La zone de jonction est la zone de transition entre l'épithélium malpighien et l'épithélium glandulaire. Figure 5 : Structure du col Issu du polycopié de Cancérologie de la Faculté de Médecine Paris VI 19 Les carcinomes épidermoïdes représentent environ 80 à 90% des lésions invasives. Dans 10 à 20% des cas il s'agit d'adénocarcinomes développés à partir de la muqueuse cylindrique endocervicale. Il existe également d’autres formes histologiques très rares : sarcomes, mélanomes, lymphomes, tumeurs secondaires. Les CIN (Cervical Intraepithelial Neoplasia) se développent sur la zone de transformation du col utérin qui est une zone fragile. La zone de transformation est située entre l’épithélium malpighien pluristratifié et l’épithélium glandulaire unistratifié. Les CIN sont caractérisées par une désorganisation architecturale et une prolifération de cellules atypiques. La sévérité des lésions est évaluée par la hauteur des anomalies cellulaires dans l'épithélium. Ainsi l'extension au tiers inférieur de l'épithélium correspond une CIN 1, l'extension aux deux tiers à une CIN 2 et l'extension à toute la hauteur de l'épithélium à une CIN 3. Les CIN 1 peuvent progresser vers les CIN 2, puis les CIN 3. Dans certains cas la lésion peut persister, voire régresser. Les chances de régression sont plus importantes dans les lésions de bas grade (CIN 1) qui régressent dans plus de la moitié des cas. Les risques de progression et d'évolution vers l'invasion augmentent avec la sévérité des anomalies. On estime que 1% des CIN1 et 10 à 15% des CIN 2 vont progresser vers un cancer invasif en l'absence de traitement. La durée de la progression est très variable. Pour les CIN de haut grade (CIN 2-3) la durée d'évolution vers l'invasion peut aller de 2 à 20 ans. Dans le carcinome micro-invasif il existe une rupture de la membrane basale et une invasion du stroma par les cellules malignes. Le potentiel métastatique de la lésion est encore limité. Il augmente avec l'étendue de la lésion, la profondeur de l'invasion et l'envahissement des espaces vasculaires et lymphatiques. Pour les adénocarcinomes ou carcinomes adénosquameux, le papillomavirus humain est également impliqué dans la transformation maligne de ces lésions. Ils sont précédés d'atypies glandulaires qui constituent les lésions pré-invasives. Dans 50% des cas, l’adénocarcinome est associé à une CIN ou à un carcinome épidermoide infiltrant. En ce qui concerne la progression de la maladie invasive, lorsque la tumeur se situe sur l’exocol, elle se développe localement vers la cavité vaginale sous la forme 20 d’une tumeur ulcéro-bourgeonnante. L'extension à l'endomètre est possible à partir d'un adénocarcinome endocervical. L’envahissement est ensuite loco-régional avec une tumeur qui dépasse le col et atteint de proche en proche le paramètre proximal, puis le paramètre distal jusqu'à la paroi pelvienne. L'extension au vagin se fait habituellement par une propagation directe. L'extension aux organes de voisinage se fait surtout vers la vessie en avant et plus tardivement vers le rectum en arrière. Parallèlement à l’extension locale se produit un envahissement des ganglions et une embolisation des vaisseaux des paramètres. Les métastases lymphatiques sont précoces et constituent la voie d'extension la plus importante du cancer du col. L'envahissement lymphatique se fait successivement dans les ganglions du paramètre, les ganglions de la chaîne iliaque externe, les ganglions iliaques primitifs et enfin les ganglions lombo-aortiques. Pour le col, les premiers relais ganglionnaires sont situés sous la veine iliaque externe et principalement à la naissance de l’artère iliaque externe. Le flux lymphatique se poursuit alors vers les chaînes ganglionnaires iliaques communes puis lombo-aortiques. Ce drainage explique qu’il est rare d’observer des métastases ganglionnaires lombo-aortiques isolées sans atteinte iliaque. Cependant, il existe une voie accessoire vers les ganglions du promontoire et directement vers les ganglions lombo-aortiques qui se situe près de la terminaison de la veine ovarienne qui permet d’expliquer l’envahissement ganglionnaire lomboaortique sans envahissement ganglionnaire au niveau pelvien. Le dernier relais ganglionnaire se situe en sus-diaphragmatique et sus-claviculaire. Les métastases à distance sont rares. Dans les formes à risque elles se font par voie sanguine. Les plus fréquentes sont hépatiques et pulmonaires, plus rarement osseuses ou cérébrales. 21 Figure 6 : Drainage lymphatique de l’utérus (20) 22 5) Moyens diagnostiques et bilan d’extension a) Examen clinique et preuve histologique Le diagnostic peut être porté à un stade précoce en dehors de tout symptôme, dans le cadre d’un dépistage par examen gynécologique et réalisation d’un frottis cervico-utérin. Il peut être également évoqué devant des symptômes non spécifiques: métrorragies provoquées ou spontanées, dyspareunies, leucorrhées, douleurs pelviennes, dysurie ou ténesmes en cas d’extension pelvienne ou douleurs lombaires en cas de compression urétérale ; surtout chez les femmes n’ayant pas de suivi gynécologique régulier. Les métastases à distance sont rares au moment du diagnostic. L’interrogatoire permet de préciser notamment les antécédents, le suivi gynécologique, la date et les résultats des derniers frottis, les facteurs de risque. Il recherche les symptômes cliniques évocateurs de cancer du col utérin. L’examen clinique comprend un examen gynécologique (examen au spéculum, touchers vaginal et rectal), abdominal et des aires ganglionnaires. Les lésions évocatrices au niveau du col utérin peuvent être une large ulcération à bords irréguliers, saignant au contact; une forme végétante ou une forme infiltrante avec une induration déformant le col. Le col peut cependant garder un aspect normal à l’examen clinique notamment quand la tumeur se développe aux dépens de l’endocol. Le diagnostic d’un cancer du col utérin repose sur l’examen histopathologique soit de biopsies cervicales centrées sur les zones suspectes et effectuées si besoin sous colposcopie ou alors d’une pièce de conisation, notamment lorsque la biopsie sous colposcopie n’est pas réalisable (zone de jonction pavimento-cylindrique non visualisable). La classification la plus largement utilisée est la classification de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO) qui est basée sur l’examen clinique (Annexe 1). Cette classification ne prend pas en compte les résultats du bilan radiologique complémentaire. Ces derniers sont utilisés pour guider le traitement. Elle ne prend pas en compte l’envahissement ganglionnaire pelvien ou lombo-aortique. 23 b) Examens paracliniques d’évaluation de l’extension locorégionale L’imagerie par résonance magnétique (IRM) abdomino-pelvienne pré- thérapeutique (débutant aux pédicules rénaux et allant jusqu’à la symphyse pubienne) est l’examen de référence. Elle permet d’évaluer la taille de la tumeur cervicale, de rechercher une compression urétérale et les adénopathies. L’IRM est utilisée dans le cadre du bilan d’extension locorégional du cancer du col. En cas de doute à l’IRM, une cystoscopie et/ou une rectoscopie peuvent être réalisées. La tomographie par émission de positons au 18 fluoro-deoxy-glucose (TEPTDM au 18F-FDG) peut être proposée en réunion de concertation pluridisciplinaire pour le bilan d’extension à distance, notamment pour les tumeurs de plus de 4 cm (à partir du stade IB2). Au niveau biologique, le dosage du SCC (Squamous Cell Carcinoma) peut être utile pour le suivi ultérieur des cancers épidermoïdes et l’ACE (Antigène CarcinoEmbryonnaire) et le CA 19-9 (Carbohydrate Antigène) pour le suivi des adénocarcinomes. Aucun autre marqueur n’est recommandé à titre systématique (21). c) Stadification ganglionnaire Le scanner et l’IRM ganglionnaires lombo-aortiques sont insuffisants avec une pour détecter sensibilité faible les (55,5% atteintes et 57,5% respectivement) (22). Le PET-TDM est ainsi à ce jour l’examen d’imagerie le plus pertinent (sensibilité allant de 54 à 84%) mais le taux de faux négatifs (FN) reste élevé, de 5 à 17% selon les études (23). L’étude prospective de Ramirez et al., comparant le PET-TDM au curage lomboaortique (CLA) rétro-péritonéal, portant sur 60 patientes, avait montré une sensibilité du PET-TDM pour la détection des adénopathies lombo-aortiques de seulement 36% (Spécificité = 96%, Valeur prédictive positive = 71%, Valeur prédictive négative = 83%) avec un taux de faux négatifs de 12% (24). 24 Leblanc et al. avaient déjà démontré que la stadification ganglionnaire entraîne des modifications thérapeutiques par rapport au plan de traitement initial dans 52% des cas. L’étendue de la lymphadénectomie à réaliser lors de la stadification est aujourd’hui débattue. Pour certains la lymphadénectomie doit avant tout intéresser l’aire paraaortique sans réaliser nécessairement de lymphadénectomie pelvienne compte tenu du fait que les aires ganglionnaires pelviennes sont incluses systématiquement dans les champs d’irradiation. La dose d’irradiation au pelvis doit alors être majorée entre 75 et 85 Grays (Gy) (25). Pour d’autres, la lymphadénectomie doit à la fois intéresser l’aire pelvienne et l’aire para-aortique étant donné la fréquence de l’envahissement pelvien et du bénéfice potentiel à réaliser l’ablation de ganglions envahis et qui ne seront peut-être pas stérilisés par la RCC (26). En cas d’envahissement ganglionnaire pelvien prouvé, il sera alors réalisé un surdosage de 10 ou 15 Gy en latéro-pelvien. Le taux de ganglions pelviens positifs résiduels à l’issue de la RCC était de 16% dans la série de Houvenaeghel mais avec des doses d’irradiation moins importantes (de l’ordre de 60 Gy). La lymphadénectomie pelvienne peut donc réduire le taux de récurrence latéro-pelvienne quel que soit le statut lombo-aortique (27). Pour les stades localement avancés, du stade IB2 à IVA, le traitement de référence est la radio-chimiothérapie concomitante (RCC) depuis 1999 (5). La chirurgie première d’exérèse de la tumeur n’est pas indiquée. L’irradiation est pelvienne, plus ou moins lombo-aortique en fonction du statut ganglionnaire à l’étage lombo aortique. Les volumes d’irradiation sont basés sur la stadification ganglionnaire faite soit par les examens d’imagerie (IRM, TEP-TDM au 18F-FDG) et/ou par les résultats d’une lymphadénectomie lombo-aortique plus ou moins pelvienne première. Si la patiente présente une métastase ganglionnaire à l’étage lombo-aortique, le champ d’irradiation devra être étendu à cette région. L’extension du champ d’irradiation à l’aire lomboaortique a prouvé une amélioration en termes de survie et de contrôle local de la maladie. Une évaluation pré-thérapeutique du statut ganglionnaire lombo-aortique est donc indispensable afin de sélectionner les patientes candidates et qui bénéficieront d’une radiothérapie étendue à l’étage lombo aortique. La stadification chirurgicale lombo-aortique est recommandée jusqu’à la veine rénale gauche, que ce soit par voie 25 trans-péritonéale ou rétro-péritonéale, associée ou non au curage pelvien, pour définir au mieux les champs d’irradiation. 6) Facteurs pronostiques et survie Les principaux facteurs pronostiques du cancer du col utérin sont le stade initial FIGO et l’extension ganglionnaire. La stadification clinique du cancer du col repose sur la classification FIGO pour laquelle l’envahissement des ganglions pelviens ou lomboaortiques n’est pas pris en compte. Les dernières données de l’HAS montrent, que pour un cancer du col de stade II, la survie à 5 ans était approximativement de 73-75%, 59-68% pour un cancer du col de stade III et 35% pour un cancer de stade IV (21). Keys montre également que plus la taille tumorale est importante, plus le risque de récidive après traitement augmente et plus la survie diminue (28). L’incidence de l’envahissement ganglionnaire est fortement corrélée au volume de la tumeur ainsi qu’au stade clinique FIGO. Dans la littérature, pour les stades IB, la fréquence de l’envahissement ganglionnaire pelvien varie entre 11,5 et 21,7% selon les études. Dans les stades IIA et IIB, les taux de métastases ganglionnaires pelviennes varient respectivement de 10 à 32,6% et de 25% à 46% selon les séries (29–32). Lai et al. ont montré, en 1999, que le taux de survie à cinq ans dans les stades IB à IIB était de 80 à 100% en l’absence d’atteinte ganglionnaire pelvienne, alors qu’en cas de métastases pelviennes le taux diminuait de 47 à 78% (33). L’envahissement lombo-aortique est plus rare. Berman et al. avaient rapporté, en 1984, sur une série de 507 patientes, un taux d’envahissement lombo-aortique de 5% pour les stades IB, 16% pour les stades II et 25% pour les stades III. L’envahissement ganglionnaire lombo-aortique isolé est rare dans le cancer du col (34). Le nombre de ganglions métastatiques a aussi une valeur pronostique en terme de survie (35). Plusieurs études ont rapporté des taux de survie en cas d’atteinte ganglionnaire unique significativement augmentés par rapport à une atteinte ganglionnaire multiple (83,3 % à 87% contre 33,1 à 61,7%) (29, 36, 37). Pour estimer la médiane de survie et la probabilité de survie à 5 ans, Tseng a mis au point un nomogramme construit sur différents paramètres : l’âge, le SCC, la taille 26 tumorale, l’invasion paramétriale, la présence ou non d’une hydronéphrose, d’une invasion rectale ou vésicale et la détection de métastases ganglionnaires lors de la stadification chirurgicale avant le traitement par RCC. L’indice de concordance est satisfaisant (0,69) mais il existe des biais dans l’étude (pas de prise en compte de l’HPV, 22,8% des patientes ont une chimiothérapie de consolidation, la stadification était faite par un scanner dans 70% des cas or on sait que la sensibilité du scanner est médiocre pour la détection des adénopathies). Cet outil peut seulement aider à identifier les patientes à haut risque de récidive (38). D’autres facteurs tels que l’envahissement lympho-vasculaire pour les tumeurs limitées à l’utérus semblent jouer un rôle important. Le SCC est un facteur pronostique pour les carcinomes épidermoïdes. En ce qui concerne le type histologique, en l’absence d’envahissement ganglionnaire, le pronostic est le même; le type adénocarcinome devenant péjoratif en cas d’atteinte ganglionnaire pelvienne (39). B) Modalités thérapeutiques 1) Stades précoces Pour les stades IA1 et IA2, le diagnostic a été fait soit sur des biopsies après colposcopie, soit sur une pièce de conisation ou encore de manière fortuite sur une hystérectomie réalisée pour un autre motif. L’attitude thérapeutique peut être une conisation (avec des marges in sano et en l’absence d’emboles lymphatiques) ou une trachélectomie afin de préserver la fertilité ou une hystérectomie totale simple pour les autres patientes. Si des emboles lymphatiques sont présents sur la pièce de conisation, la résection du paramètre est indiquée. Elle se fait par trachélectomie élargie (colpo-cervicectomie élargie) ou par hystérectomie élargie. Une lymphadénectomie pelvienne complémentaire par cœlioscopie est indiquée dans tous les stades IA2. Si la patiente présente un envahissement ganglionnaire, une chimio-radiothérapie concomitante complémentaire est administrée. Pour les stades IB1, il n’y a pas de traitement standard. Les différentes options thérapeutiques sont - soit un traitement chirurgical : colpohystérectomie élargie (intervention de Wertheim) associée ou non à une annexectomie bilatérale et une lymphadénectomie pelvienne. 27 L’autre possibilité est une chirurgie conservatrice (trachélectomie élargie) en vue de préserver la fertilité ultérieure, dans des indications définies en RCP, et une lymphadénectomie pelvienne. - soit une association radio-chirurgicale : en général, une curiethérapie préopératoire est réalisée, suivie d’une colpohystérectomie élargie 6 semaines plus tard. Chez les patientes traitées par chirurgie, précédée éventuellement d’une curiethérapie, et présentant un envahissement ganglionnaire ou des marges positives, une radiochimiothérapie concomitante complémentaire est administrée. La technique du ganglion sentinelle est en cours d’évaluation (40–42). 2) Stades localement avancés a) Radio-chimiothérapie concomitante Après la publication de 5 essais prospectifs randomisés de phase III, depuis 1999, le traitement de référence pour les stades dits localement avancés (stades IB2 à IVA), consiste en une radio-chimiothérapie concomitante à base de sels de platine. La toxicité de la radio-chimiothérapie, essentiellement hématologique et digestive, est supérieure à celle de la radiothérapie seule mais reste tolérable par rapport au bénéfice rapporté (43–47).Le niveau de preuve a encore été amélioré par les métaanalyses de Green et al. de 2001 puis 2005. Cette dernière rapporte les résultats de 21 études randomisées réalisées entre 1981 et 2004, évaluant la radio-chimiothérapie concomitante dans les cancers du col de l’utérus par rapport à la radiothérapie seule. Elle inclue 4921 patientes, le Cisplatine étant l’agent le plus souvent utilisé. Green montre une amélioration de la survie globale (SG) et de la survie sans récidive (SSR) : un bénéfice absolu de 10% pour la SG, de 13% pour la SSR et une réduction des récidives locales et à distance. Il confirme de plus l’augmentation de la toxicité hématologique et digestive par rapport à la radiothérapie seule (5,48). Vale et al retrouvaient également une amélioration de la SG chez les patientes traitées par RCC versus radiothérapie seule (étude portant sur 1243 patientes) (4). Ces données ont été récemment confirmées par une méta-analyse regroupant 15 études comparant la RCC à la même radiothérapie seule (6). Trois mille quatre cent cinquante-deux patientes ont été incluses entre 1987 et 2006. La dose de 28 radiothérapie était comprise entre 40 et 61,2 Gray (Gy) et toutes les patientes ont bénéficié de curiethérapie sauf dans une étude. Dans 11 études, la chimiothérapie utilisée était à base de platine, soit comme seul agent ou associé à d’autres molécules et, dans 3 études, la drogue employée était le 5-FU (5-Fluoro-uracil) ou la Mitomycine ou les 2. Il y avait un bénéfice significatif en terme de survie dans les 2 groupes avec un Hazard Ratio (HR) de 0,83 (p<0,017) dans le groupe utilisant le platine et un HR de 0,77 dans le groupe sans platine (p<0,009). Une amélioration de la SG de 6% (OR 0,81, p<0,001) et de la SSR à 5 ans de 8% était retrouvée en cas de RCC versus radiothérapie seule. A l’heure actuelle, les sels de platine sont recommandés en première intention. D’autres études sont nécessaires pour déterminer le type de chimiothérapie offrant le meilleur bénéfice en termes de survie. 29 Figure 7 : Radiochimiothérapie concomitante versus radiothérapie seule. D’après Chemoradiotherapy for Cervical Cancer Meta-Analysis Collaboration (J Clin Oncol. 2008) (6) Modalités de la chimiothérapie : Les dernières recommandations de l’American Cancer Society de 2012 suggèrent d’utiliser soit du Cisplatine de façon hebdomadaire pendant la radiothérapie, soit du Cisplatine associé au 5-FU toutes les 4 semaines pendant l’irradiation (49). Modalités de la radiothérapie : L’acquisition des données anatomiques se faisait classiquement par la réalisation de clichés standards orthogonaux du bassin mais cette pratique est désormais abandonnée au profit de la scannographie de dosimétrie afin de réaliser un traitement conformationnel. Cette technique permet d’épargner au mieux les organes 30 à risques tels que le sigmoïde, le rectum, la vessie, l’intestin grêle et les têtes fémorales. La limite supérieure de traitement est la région lombo-aortique si celle-ci est envahie et la limite inférieure se situe environ deux centimètres en dessous des creux inguinaux. Le volume cible tumoral correspond à la tumeur, à son extension ganglionnaire et systématiquement et en totalité, au corps utérin, au col utérin et aux paramètres. Le volume cible ganglionnaire à irradier va dépendre du statut ganglionnaire : - S’il n’y pas d’atteinte ganglionnaire, seules sont irradiées les aires iliaques internes et externes. - Si la patiente présente des métastases ganglionnaires pelviennes, les aires iliaques primitives seront incluses dans le champ d’irradiation. - La région lombo-aortique ne sera irradiée que si l’envahissement est prouvé car l’irradiation prophylactique reste controversée en raison de sa morbidité, notamment digestive. Il est habituellement délivré de 45 à 50,4 Gy dans le pelvis (tumeur et aires ganglionnaires). Un complément de 15 Gy sera apporté par la curiethérapie utérovaginale. Le fractionnement se fait par environ deux Gy par séance, à hauteur de cinq séances hebdomadaires. Les organes à risque sont protégés par des caches personnalisés. La toxicité de la radiothérapie peut être aigüe (c’est-à-dire pendant le traitement ou au décours immédiat du traitement) ou tardive : la toxicité aigüe se manifeste dès 15 à 20 Gy. Les effets secondaires aigus sont les diarrhées (60% des cas), les cystites et les cystalgies (25%). Les complications tardives sont de l’ordre de 10 à 15% et consistent en colites, diarrhées, incontinence, hématuries, cystalgies, etc. L’irradiation conformationnelle avec modulation d’intensité (IMRT) est en cours de développement et permet de diminuer significativement les toxicités de l’irradiation, notamment urinaire et digestive (50,51). L’IMRT est actuellement en cours d’évaluation par l’HAS. 31 Modalités de la curiethérapie : Le GEC-ESTRO (Groupe Européen de Curiethérapie et l’European Society for Therapeutic Radiology and Oncology) recommande une curiethérapie complémentaire utéro-vaginale délivrant 15 Gy, à réaliser dans les 8-10 jours après la fin de la RCC (52). Elle peut être réalisée de deux façons différentes : à bas débit de dose ou haut débit de dose. Une étude récente a montré le bénéfice de la curiethérapie en terme de contrôle local avec une morbidité faible du traitement (53). Figure 8: Guide INCa (Institut National du Cancer) de Juin 2011. Les traitements du cancer invasif du col de l’utérus. (54) b) Chirurgie de clôture Le terme de colpohystérectomie totale « radicale » ou « élargie » (CHEL) désigne l’exérèse de l’utérus avec les culs de sac vaginaux et le tissu paramétrial, paracervical et paravaginal qui leur est associé. En fait, les interventions sont multiples, surtout du fait des différents degrés dans la radicalité mais aussi du fait de la diversité des voies d’abord. Leurs indications divergent en fonction du stade FIGO et du résidu tumoral à l’IRM. Il est nécessaire d’une part de considérer les risques et les séquelles fonctionnelles de la chirurgie, et d’autre part de prendre en compte les 32 nécessités carcinologiques. Le terme d’hystérectomie « radicale » ou « élargie » recouvre donc plusieurs techniques. Wertheim fut le premier, à la fin du siècle dernier, à codifier la radicalité, sous forme d’une dissection de l’uretère sous ligamentaire suivie d’un clampage des paracervix à son aplomb (55). Actuellement, c’est la classification de Piver Rutledge Smith de 1974 qui est largement utilisée (Annexe 2) (56). Elle décrit 5 classes d’hystérectomie élargie sans tenir compte de la lymphadénectomie. Ses principaux défauts sont une description anatomique imprécise et son élaboration uniquement adaptée à la voie laparotomique. Elle inclut un type I qui n’est pas une hystérectomie élargie, un type III et IV dont la différence n’est pas claire. En outre, cette classification ne prend pas en compte le concept de conservation nerveuse développé grâce à la cœlioscopie. C’est pourquoi une nouvelle classification a été proposée par Querleu et Morrow en 2008 et réactualisée en 2011 (57). Cette classification est basée sur l’extension latérale de la résection, en prenant des repères anatomiques stables (Annexe 3). L’hystérectomie extra-fasciale correspond au type A et comprend une résection minimale du paracervix. Dans le type B c’est le concept de lymphadectomie paracervicale qui est décrit (B2) permettant ainsi d’augmenter la radicalité en minimisant le risque urétéral et nerveux. Le type C correspond à une section du paracervix au niveau de la paroi pelvienne (paramétrectomie radicale) avec plus ou moins une préservation nerveuse. Rappels anatomiques (58) : L’utérus est retenu dans l’excavation pelvienne par des structures ligamentaires représentées par : -le ligament cardinal encore dénommé « paramètre» ou « paracervix » en dehors ; -les lames sacro-recto-génito-pubiennnes d’arrière en avant ; -le ligament rond en haut et en avant, -les pédicules annexiels en haut et en arrière. La fosse para-vésicale est séparée de l’espace vésico-utérin par les « piliers de la vessie » ou ligaments vésico-utérins, qui correspondent au prolongement des lames sacro-recto-génito-pubiennes. La fosse pararectale est séparée de l’espace 33 rectovaginal par les ligaments rectovaginaux et utérosacrés. Le ligament cardinal sépare les fosses pararectale et paravésicale. La vascularisation principale est assurée par les artères utérines issues directement de l’artère iliaque interne ou le plus souvent d’une branche interne de l’artère ombilicale. La vascularisation secondaire de l’utérus est assurée par les artères des ligaments ronds issues du réseau iliaque externe. L’utérus est aussi irrigué par les artères ovariennes via les ligaments utéro-ovariens. Les veines utérines sont le plus souvent au nombre de quatre de chaque côté. Elles cheminent le long du ligament cardinal. Les veines secondaires suivent le trajet des artères du même nom. En avant le paramètre antérieur se confond avec le pilier interne de la vessie. Son exérèse impose une section à l’aplomb de l’uretère pour éviter la joue vésicale. Enfin le paramètre postérieur se confond avec les ligaments utéro-sacrés. Son exérèse extensive est à haut risque de lésion du nerf hypogastrique inférieur. Les paramètres sont les lames porte vaisseaux situées de part et d’autre de l’utérus et s’étendent latéralement en haut (crânialement) et en arrière (dorsalement). L’accolement du péritoine viscéral prolongeant la séreuse utérine constitue leur enveloppe externe. Le tissu cellulo-graisseux et ganglionnaire organisé autour des artères utérines est contenu dans cette enveloppe paramétriale. Les paracervix sont organisés autour des vaisseaux vaginaux et s’étendent jusqu’au fascia pelvien pariétal. Selon la description anatomique classique, le paramètre et le paracervix sont une même lame porte-vaisseaux, comprise entre le fascia pelvien latéral et le bord latéral de l’utérus, du col, puis du vagin, y compris en dessous des uretères. En cas d’hystérectomie élargie, il convient en premier lieu de réaliser l’ouverture des fosses paravésicale (Figure 9) et pararectale (Figure 10) avant d’effectuer un décroisement entre l’artère utérine et l’uretère. Les paramètres sont ensuite réséqués selon l’extension voulue décrite précédemment puis l’hystérectomie est réalisée. 34 Figure 9 (58): Ouverture de la fosse paravésicale. 1. Artère iliaque externe ; 2. Artère ombilicale ; 3. Fosse paravésicale ; 4. Veine iliaque externe. Figure 10 (58): Ouverture de la fosse pararectale. 1. Veine iliaque externe ; 2. Artère iliaque externe ; 3. Psoas ; 4. Fosse pararectale ; 5. Artère iliaque interne ; 6. Uretère ; 7. Artère iliaque primitive. 35 Le dernier rapport de l’HAS sur le cancer du col en 2010 ne tranche pas sur la question de la chirurgie de clôture : elle est optionnelle, fonction de l’IRM après RCC, et doit être décidée en réunion de concertation pluridisciplinaire. Il est recommandé de la réaliser dans les 3 mois suivants la fin de la RCC. Il n’existe à l’heure actuelle aucune étude de forte puissance évaluant l’intérêt de l’hystérectomie de clôture. La seule étude randomisée sur le sujet a comparé l’hystérectomie radicale de clôture à la curiethérapie après radio-chimiothérapie concomitante dans les stades IB2 et IIB (59). Elle n’a pas montré de différence en termes de survie globale ou survie sans récidive entre les 2 groupes, sachant que près de 20% des patientes incluses n’ont pas bénéficié du traitement initialement prévu. Par ailleurs, il a déjà été démontré que la curiethérapie utéro-vaginale faisait partie intégrante du traitement. Il semble donc peu légitime de se baser sur cette étude de faible puissance pour abandonner complètement la chirurgie de clôture. La réalisation de la chirurgie de clôture, sa radicalité ainsi que sa morbidité sont controversées sachant qu’il s’agit d’une hystérectomie réalisée en tissus irradiés et donc de réalisation difficile. Les complications notamment urinaires sont fréquentes et la mortalité non nulle. De plus, la présence du résidu tumoral après la RCC est un facteur pronostique de survie sans récidive. Dans l’étude de Ferrandina et al de 2010, la SSR à 5 ans était meilleure en cas de résidu tumoral nul par rapport à un résidu microscopique (p=0,0128) ou un résidu macroscopique (p=0,0001) (60). Keys et al avaient démontré, dès 2003, que la réalisation d’une chirurgie de clôture permettait de diminuer le taux de récidive locale (14% versus 27%, p<0,05) (43). Cependant, l’évaluation de ce résidu par IRM est difficile puisqu’il s’agit de le distinguer de la fibrose après RCC. 36 III) Patientes et méthodes A) Population étudiée Il s'agit d'une étude rétrospective multicentrique réalisée sur 6 centres : 4 CHU (centre hospitalo-universitaire) de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (Hôpital Lariboisière à Paris, Hôpital Bichat à Paris, Hôpital Jean Verdier à Bondy et Hôpital Européen Georges Pompidou à Paris) et 2 Centres de Lutte Contre le Cancer (Institut Curie à Paris et Centre Georges-François Leclerc à Dijon). Entre Janvier 2006 et Juillet 2012, 159 patientes présentant un cancer du col utérin localement avancé (stades IB2-IVA) ont été incluses. Il s’agit d’une étude rétrospective. Les patientes ont été sélectionnées à partir des bases de données informatisées de chaque hôpital répertoriant les pathologies ainsi que les interventions chirurgicales réalisées. Tous les dossiers ont été réétudiés: observations médicales, comptes rendus anatomopathologiques, comptes rendus opératoires, comptes rendus radiologiques, comptes rendus d’hospitalisation. Les critères d’inclusion étaient : - patiente présentant un cancer du col à un stade localement avancé : stades IB2 à IVA selon la classification FIGO de 2009, - traitement comportant une RCC plus ou moins associée à une curiethérapie de complément, - réalisation d’une hystérectomie de clôture après la RCC. Les critères d’exclusion étaient : - stade FIGO inférieur au stade IB2 et stade métastatique (IVB), - l’absence de traitement par RCC, - l’absence de réalisation d’une hystérectomie de clôture. Pour chaque patiente incluse, les données suivantes ont été recueillies: - l’âge, - les comorbidités (diabète, tabagisme, traitement anticoagulant), - le statut ménopausique, 37 - les antécédents gynécologiques, obstétricaux, chirurgicaux (l’antécédent de chirurgie abdomino-pelvienne incluant les césariennes), - les données de l’examen clinique (taille du cancer, envahissement paramétrial et vaginal), - le stade FIGO, - le type histologique, - la valeur du SCC, - les données des examens d’imagerie (au scanner et/ou IRM abdominopelvienne et/ou TEP-TDM : taille du cancer, envahissement paramétrial et vaginal, atteinte ganglionnaire), - les données de la stadification ganglionnaire chirurgicale si réalisée (voie d’abord, type de lymphadénectomie, difficulté per-opératoire, nombre de ganglions prélevés et résultats anatomopathologiques), - les modalités de la radio-chimiothérapie : nombre de cure, type de molécule utilisée, champs et doses d’irradiation, réalisation ou non d’un boost, dose et type de curiethérapie, - les données de l’IRM après la radio-chimiothérapie (présence d’un résidu et sa taille, présence d’adénopathies pelviennes ou lombo-aortiques), - les délais entre la fin de la radio-chimiothérapie et/ou curiethérapie, l’IRM après traitement et la chirurgie de clôture, - les données de l’hystérectomie de clôture (hystérectomie simple ou élargie, voie d’abord, difficultés per-opératoires, réalisation d’une lymphadénectomie de clôture), - les complications de la chirurgie de clôture (complications per-opératoires, post opératoires à court terme (<1 mois) et post-opératoires à long terme (>1 mois), durée d’hospitalisation, transfusion). Les complications per et post-opératoires ont été relevées et gradées selon la classification de Chassagne (Annexe 4) (61), - l‘analyse anatomopathologique de la pièce opératoire (présence d’un résidu histologique et sa taille, envahissement ganglionnaire en cas de lymphadénectomie de clôture), - l’état au moment des dernières nouvelles (récidive locorégionale et à distance, décès), 38 Certaines données étaient manquantes dans les dossiers, cependant les résultats ont toujours été calculés sur la totalité de la population. B) Stadification ganglionnaire L’évaluation ganglionnaire était réalisée soit par une stadification chirurgicale, soit par l’imagerie (IRM abdomino-pelvienne et PET-TDM). La voie d’abord de la stadification ganglionnaire (laparotomie, cœlioscopie rétro-péritonéale ou cœlioscopie trans-péritonéale) ainsi que son type (lymphadénectomie lombo-aortique seule ou associée à une lymphadénectomie pelvienne) dépendaient du centre et de la période de prise en charge ainsi que des caractéristiques cliniques des patientes. Les difficultés per-opératoires étaient répertoriées (difficulté d’exposition, adhérences). C) Radio-chimiothérapie concomitante et curiethérapie Le traitement comprenait pour toutes les patientes une radiothérapie externe pelvienne associée à une chimiothérapie. Protocole de radiothérapie externe : La radiothérapie externe était administrée au niveau des régions centro‐pelvienne et latéro‐pelvienne. La limite supérieure du volume d’irradiation était la jonction L4‐L5, la limite inférieure incluant tout le vagin et les limites latérales permettaient une irradiation des chaînes ganglionnaires iliaques. En cas d’atteinte lombo‐aortique diagnostiquée à l’imagerie ou à l’issue de la lymphadénectomie lombo‐aortique pré‐ thérapeutique, une irradiation lombo‐aortique première était réalisée. Dans ce cas la limite supérieure du volume d’irradiation était la jonction L1‐L2. Une surimpression sur les aires ganglionnaires iliaques pouvait être effectuée en cas d’adénopathies suspectes ou d’envahissement des paramètres. 39 Protocole de chimiothérapie : La chimiothérapie était administrée de façon synchrone à la radiothérapie et la molécule principale consistait toujours en des sels de platine. Quatre protocoles de chimiothérapie différents ont été recensés : - Cisplatine 20mg/m² de façon bihebdomadaire, - Cisplatine 40mg/m² de façon hebdomadaire, - Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 400mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours, - Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 600mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours. Protocole de curiethérapie : La curiethérapie était le plus souvent basée sur une irradiation par bas débit de dose (LDR) à l’Iridium. Un applicateur utéro-vaginal était installé sous anesthésie générale ce qui permet une irradiation personnalisée, intégrant l’aspect, l’extension et la taille de la tumeur, ainsi que l’anatomie du vagin. La dose de curiethérapie variait de 13 à 30 Gy, en fonction de la dose reçue par radiothérapie pelvienne. Une imagerie de contrôle réalisée le jour de la curiethérapie (une fois l’applicateur en place) permettait de définir le volume cible à traiter et de limiter au maximum les doses aux organes critiques (surtout la vessie et le rectum). D) Evaluation du résidu tumoral après radio-chimiothérapie par IRM et chirurgie de clôture Une IRM abdomino-pelvienne a été réalisée chez 144 patientes pour évaluer le résidu tumoral après radio-chimiothérapie. Le délai de réalisation de l’IRM dépendait du centre et de la période de prise en charge. L’IRM était réalisée systématiquement après la RCC mais avec un délai variable par rapport à la curiethérapie (avant, le jour même ou après). A l’issue du traitement et de l’évaluation par IRM, toutes les patientes ont bénéficié d’une chirurgie de clôture qui consistait soit en une hystérectomie extra-fasciale soit en une colpohystérectomie élargie en fonction des protocoles des différents centres, de la période de prise en charge et de l’existence ou non d’un résidu paramétrial à 40 l’IRM post-RCC. Une lymphadénectomie pelvienne et/ou lombo-aortique pouvait être réalisée en l’absence de stadification ganglionnaire chirurgicale pré-thérapeutique et en fonction de la présence d’adénopathie résiduelle à l’IRM après RCC. E) Suivi Après traitement, les patientes étaient suivies alternativement par le radiothérapeute et le chirurgien tous les 4 mois pendant deux ans, puis tous les 6 mois pendant trois ans, puis tous les ans. F) Analyse statistique Les données ont été analysées par des tests Chi2 ou test exact de Fisher, et le test T de Student. Des différences étaient considérées comme significatives quand p<0,05. Nous avons utilisé la méthode de Kaplan-Meier pour définir les survies globale et sans récidive et le test du log-rank et la régression logistique selon Cox pour mettre en évidence des différences de survie entre groupes. Pour étudier les facteurs corrélés aux complications, nous avons séparé la population en deux groupes et évalué l’ensemble des facteurs clinico-biologiques des patientes, les modalités de chirurgie, les délais de chirurgie et les résultats anatomopathologiques. Plusieurs sous-groupes « complications » ont été définis et étudiés (complications totales, complications per-opératoires, complications postopératoires immédiates et à long terme, complications de grade ≥ 2 selon la classification de Chassagne, survenue d’une fistule vésico-vaginale ou urétérovaginale). Pour étudier les facteurs influençant la puissance de l’IRM, nous avons défini un groupe de patientes « faux-négatif » en IRM, un groupe « faux-positif » en IRM, et étudié l’ensemble des facteurs décrits précédemment entre les différents groupes. Enfin, nous avons étudié les survies globale et sans récidive et leur différence en fonction de l’ensemble des critères définis en début de texte. Toutes les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel R avec les librairies Design, Hmisc, Survival (http://lib.stat.cmu.edu/R/CRAN). 41 IV) Résultats A) Caractéristiques de la population et bilan pré-thérapeutique L’âge médian des patientes était de 49,9 ans [23,0-82,0]. La taille clinique médiane du cancer était de 40 mm [10-100]. Il s’agissait d’un carcinome épidermoïde dans 81,1% des cas. La majorité des patientes (n=104, 65,4%) présentait un stade FIGO IIB. Une stadification ganglionnaire chirurgicale a été réalisée dans 57,2% des cas (n=91). Une annexectomie bilatérale était associée chez 23 patientes. Le Tableau I résume les caractéristiques des patientes et leur bilan pré-thérapeutique. 42 Tableau I : Caractéristiques des patientes et bilan pré-thérapeutique n ou médiane % ou [ ] Age (années) 49,9 [23,0 - 82,0] BMI (kg/m2) 24 [16,0 - 40,0] Tabac 51 32,1 Ménopause 75 47,2 Antécédent d'accouchement voie basse 107 67,3 Antécédent de césarienne 19 11,9 Antécédent de chirurgie abdominale Examen clinique initial 66 41,5 Taille (mm) 40 [10-100] Atteinte paramétriale 90 56,6 Atteinte vaginale 71 44,6 Carcinome épidermoide 129 81,1 Adénocarcinome 26 16,3 Mixte (adénocarcinome + carcinome épidermoïde) IRM préthérapeutique 4 2,6 Taille (mm) 45 [10-85] Atteinte paramétriale 101 63,5 Atteinte vaginale 71 44,6 IB2 25 15,7 IIA 18 11,3 IIB 104 65,4 IIIA 3 1,9 IIIB 7 4,4 Type histologique Stade FIGO initial IVA 2 1,3 91 57,2 Cœlioscopie transpéritonéale 61 38,4 Cœlioscopie rétropéritonéale 25 15,7 Laparotomie 5 3,1 Stadification chirurgicale préthérapeutique Voir d'abord de la lymphadénectomie Type de lymphadénectomie Lomboaortique seule 56 35,2 Lomboaortique et pelvienne 35 22 Pelvienne 13 8,2 Lombo-aortique 4 2,5 Atteinte ganglionnaire BMI : Body Mass Index ; IRM : Imagerie par résonance magnétique ; FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens 43 B) Description du traitement médical reçu En ce qui concerne la radiothérapie, la dose médiane d’irradiation était de 45Gy [31-50]. Quatorze patientes ont bénéficié d’un boost : 2 en centro-pelvien, 5 en iliaque externe, 3 en paramétrial et 4 en lombo-aortique. La dose médiane du boost était de 13,5Gy [10-14,4]. Le boost en lombo-aortique a été réalisé chez les 4 patientes ayant une atteinte ganglionnaire lors de la stadification ganglionnaire chirurgicale. Quatre protocoles de chimiothérapie différents ont été recensés : - Cisplatine 20mg/m² de façon bihebdomadaire (n=23 ; 14,5%) - Cisplatine 40mg/m² de façon hebdomadaire (n=87 ; 54,7%) - Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 400mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours (n=35 ; 22,0%) - Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 600mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours (n=14 ; 8,8%) Le nombre médian de cures était de 5 [1-14]. Une curiethérapie a été réalisée chez 109 patientes (68,5%) avec une dose médiane de 30Gy [13-30]. Trente-deux patientes (20,1%) ont bénéficié d’une curiethérapie de clôture, c’est-à-dire après l’hystérectomie, avec une dose médiane de 11,7Gy [10-30]. L’ensemble des données concernant le traitement par RCC et curiethérapie est détaillé dans le Tableau II. 44 Tableau II : Description du traitement médical reçu Dose de radiothérapie externe (en Gy) n ou médiane % ou [ ] 45 [31-50] Réalisation d'un boost centropelvien 2 1,3 iliaque externe 5 3,1 paramétrial 3 1,9 lomboaortique 4 2,5 Cisplatine 20mg/m² bihebdomadaire Cisplatine 40mg/m² hebdomadaire 23 87 14,5 54,7 Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 400mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours 35 22,0 Cisplatine 20mg/m² + 5 FU 600mg/m² pendant 5 jours, tous les 21 jours Nombre de cures de chimiothérapie 14 8,8 5 [1-14] Réalisation d'une curiethérapie 141 88,7 Protocole de chimiothérapie Avant chirurgie de clôture 109 68,6 Après chirurgie de clôture 32 20,1 Avant chirurgie de clôture 30 [13-30] 11,7 [10-30] 15 [1-66] < 10 32 20,1 10 – 20 > 20 Données manquantes 45 30 37 28,3 18,9 26,2 Dose de curiethérapie (en Gy) Après chirurgie de clôture Délai entre la fin de la RCC et la curiethérapie (en jours) RCC : radio-chimiothérapie concomitante, Gy : gray, 5 FU : 5 fluoro-uracil 45 C) Evaluation du résidu tumoral post radio-chimiothérapie par IRM Cent quarante-quatre patientes ont bénéficié d’une IRM d’évaluation post radiochimiothérapie concomitante. En fonction des centres, l’IRM pouvait être réalisée avant la curiethérapie (n=55 ; 56,1%), le jour de la curiethérapie (n=5 ; 5,1%) ou bien après : à moins de 3 semaines de la curiethérapie (n=14 ; 14,3%), entre 3 et 6 semaines (n=16 ; 16,3%) ou à plus de 6 semaines (n=8 ; 8,2%). Un résidu tumoral était visible chez 98 patientes (68,0%) avec une taille médiane de 15,2 mm [0-62]. Il existait un résidu paramétrial unilatéral dans 26 cas (18,0%) et bilatéral dans un cas (0,7%). Cent dix-sept patientes n’avaient pas d’atteinte paramétriale à l’IRM. Il existait des adénopathies pelviennes résiduelles chez 17 patientes (11,8%). Les délais de réalisation de l’IRM post-RCC et ses résultats sont décrits dans le Tableau III. Tableau III : IRM post radio-chimiothérapie concomitante (RCC) : résultats et délais de réalisation n ou médiane % ou [ ] Délai entre la fin de la RCC et l'IRM* avant la fin de la RCC le jour de la fin de la RCC < 1 semaine après la fin de la RCC 1-4 semaines après la fin de la RCC > 4 semaines après la fin de la RCC Données manquantes Résidu tumoral Taille du résidu (en mm) Résidu paramétrial Adénopathie suspecte 30 9 28 32 40 5 98 15,2 27 17 20,8 6,3 19,4 22,2 27,8 3,5 68,0 [0-62] 18,7 11,8 *données pour 144 patientes ayant eu une IRM RCC : radio-chimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique 46 D) Description de la chirurgie de clôture L’ensemble des patientes a eu une chirurgie de clôture pelvienne. Le type de chirurgie était une hystérectomie simple extra-fasciale chez 51 patientes (32,1%) et une hystérectomie élargie chez 108 patientes (67,9%). La majorité des patientes a été opérée par laparotomie (62,3%). Une lymphadénectomie pelvienne de clôture a été réalisée chez 80 patientes (50,3%) et une lymphadénectomie lombo-aortique chez 15 patientes (9,4%). Soixante-douze patientes avaient un résidu tumoral cervical à l’examen anatomopathologique (45,3%) avec une taille moyenne de 6,2 mm [0-55]. Nous avons classé les résultats anatomopathologiques en différentes catégories : absence de résidu, présence d’un résidu microscopique (< 2 mm), résidu infra-centimétrique (≥ 2 mm et < 10 mm) et résidu supra-centimétrique (≥ 10 mm). Les données sur la chirurgie de clôture et sur le résidu histologique sont énumérées dans le Tableau IV. 47 Tableau IV : Chirurgie de clôture et résidu anatomopathologique n ou médiane % ou [ ] Hystérectomie élargie 108 67,9 Simple extra-fasciale 51 32,1 Laparotomie 99 62,3 Cœlioscopie 60 37,7 Lymphadénectomie pelvienne 80 50,3 Lymphadénectomie lomboaortique Délai entre la fin de la RCC et la chirurgie (en jours) 15 9,4 56 [18-121] < 6 semaines 30 18,9 6 - 8 semaines 51 32,1 > 8 semaines Délai entre la curiethérapie et la chirurgie (en jours)* 78 49,1 45 [0-90] < 6 semaines 39 27,6 6 - 8 semaines 53 37,6 Type d'hystérectomie Voie d'abord Lymphadénectomie de clôture > 8 semaines 17 12,1 Données manquantes Délai entre l’IRM et la chirurgie (en jours)** 32 22,7 38 [1-110] < 4 semaines 49 34,0 4 - 6 semaines 24 16,7 > 6 semaines 66 45,8 Données manquantes 5 3,5 Résidu cervical histologique microscopique (< 2mm) 2 1,3 infra-centimétrique (≥ 2 mm et < 10 mm) 30 18,9 supra-centimétrique (≥ 10 mm) 40 25,2 Absence 87 54,7 Taille du résidu (en mm) Résidu paramétrial histologique 6,2 [0-55] 5 3,1 Atteinte ganglionnaire Atteinte ganglionnaire pelvienne 11 Atteinte ganglionnaire lombo-aortique 1 *Données concernant les 141 patientes ayant eu une curiethérapie **Données concernant les 144 patientes ayant eu une IRM après RCC RCC : radio-chimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique 48 6,9 0,6 E) Complications de la chirurgie de clôture 1) Description des complications Au total, 38 complications ont été recensées chez 33 patientes (20,7%) : 14 complications en peropératoire (8,8%), 12 en post-opératoire précoce (< 1 mois après la chirurgie) et 12 en post-opératoire tardif (≥ 1 mois après la chirurgie). Ces complications sont décrites dans le Tableau V. Parmi les 159 patientes, 15 ont subi une réintervention. Aucune patiente n’a été admise en réanimation et il n’y a eu aucun décès suite à la chirurgie. Dix-neuf patientes ont bénéficié d’une transfusion (11,9%) avec une moyenne de 2,6 culots globulaires [2-4]. La durée moyenne d’hospitalisation était de 6,6 jours [2-25]. Le fait d’avoir un traitement anticoagulant n’augmentait pas le risque d’avoir une complication. Toutes les complications peropératoires étaient de grade 1, sans aucune conséquence fonctionnelle à distance. Seize patientes ont eu une complication de grade ≥ 2 dans la classification de Chassagne (10,1%). Huit patientes (5,0%) ont eu une fistule urinaire (urétéro-vaginale ou vésico-vaginale) : 5 fistules ont pu être traitées de façon chirurgicale avec une fonction rénale normale au décours et une absence de séquelle. Trois fistules tardives ont nécessité la mise en place d’une néphrostomie définitive (complication de grade 3). 49 50 2 3 2 1 Thrombo-embolique Grade 1 Grade 2 1 3 Grade 2 Grade 3 2 1 Grade 1 Grade 2 5 Urinaire Septique 2 Complications post-opératoires à long terme (> 1 mois) 2 12 Grade 2 Grade 2 1 Grade 1 Cutanée 3 2 Septique 6 2 4 Grade 1 Grade 2 Grade 1 Grade 2 Urinaire 3 1 2 Cutanée 1 1 Neurologique 12 8 8 Urinaire Grade 1 Complications post-opératoires immédiates (< 1 mois) 2 2 Vasculaire Grade 1 Grade 1 3 3 Grade 1 Complications per-opératoires Digestive n 14 Type de complication et grade % 0,6 1,3 1,9 1,3 1,3 1,9 0,6 0,6 3,1 1,3 1,3 7,5 0,6 1,3 1,9 2,5 1,3 3,8 1,3 0,6 1,9 7,5 0,6 0,6 5,0 5,0 1,3 1,3 1,9 1,9 8,8 1 embolie pulmonaire 2 thromboses veineuses profondes 2 abcès profonds drainés chirurgicalement 1 fistule vésico-vaginale traitée chirurgicalement 1 fistule vésico-vaginale et 2 fistules urétéro-vaginales avec néphrostomie définitive 1 pyélonéphrite traitée en ambulatoire 2 désunions vaginales avec reprise chirurgicale 1 abcès profond nécessitant un drainage chirurgical 2 abcès profonds traités par antibiotiques 2 cystites 2 fistules vésico-vaginales et 2 fistules urétéro-vaginales nécéssitant une chirurgie 1 abcès de paroi sans reprise chirurgicale 1 abcès de paroi et 1 désunion vaginale avec reprise chirurgicale 1 plaie du nerf obturateur 4 plaies urétérales et 4 plaies de vessie immédiatement suturées (dont une réimplantation urétérale) 2 plaies de la veine iliaque externe suturées 2 plaies séreuses du grêle et 1 plaie séreuse rectale suturées Description des complications Tableau V : Description des complications peropératoires, post-opératoires précoces et tardives classées selon la classification de Chassagne (61) 2) Facteurs associés à la survenue de complications Complications totales : Le seul facteur associé à un taux de complications totales plus élevé était la présence d’adénopathies résiduelles suspectes à l’IRM post radio-chimiothérapie concomitante, ce résultat étant à la limite de la significativité (23,3% versus 8,8% ; p=0,059). Les facteurs corrélés à un taux de complications moins élevé étaient une réalisation plus fréquente de la curiethérapie (73,0% versus 51,5% ; p=0,031) ou encore un délai entre la RCC et la chirurgie de plus de 8 semaines. Le taux d’hystérectomie de clôture sans complication était significativement supérieur lorsque le délai entre la RCC et la chirurgie était de plus de 8 semaines (54,8% contre 27,3% ; p=0,009). Complications peropératoires : Le seul facteur significativement associé à un taux de complications plus élevé était une difficulté peropératoire lors de l’hystérectomie de clôture (23,4% de complications dans le groupe sans difficulté opératoire versus 50,0% ; p=0,042). Les facteurs corrélés à un taux de complications moins élevé étaient la réalisation plus fréquente d’une curiethérapie (72,4% versus 28,6% ; p=0,002) et un délai entre la RCC et la chirurgie de plus de 8 semaines. Le pourcentage d’hystérectomie de clôture sans complications peropératoires tendait à être supérieur par rapport au pourcentage d’hystérectomie avec une complication lorsque le délai entre la RCC et la chirurgie était de plus de 8 semaines (51,7% contre 21,4% ; p=0,059). Complications post opératoires précoces : Les facteurs associés à un taux de complications plus élevé étaient une atteinte paramétriale sur l’IRM initiale plus fréquente (91,7% versus 61,2% ; p=0,005), un résidu tumoral plus important à l’IRM post RCC (moyenne de 32,2 mm versus 14,0 mm ; p=0,036) ou encore la présence d’un résidu paramétrial (33,3% versus 17,8% ; p<0,001) et la détection d’adénopathies pelviennes suspectes (44,4% versus 9,6% ; p=0.009) sur l’IRM après traitement. 51 Complications post opératoires tardives : Les facteurs associés à un taux de complications plus élevé étaient : un taux plus faible de difficultés peropératoires lors de la stadification chirurgicale (12,5% versus 18,1% ; p=0,015), une dose de curiethérapie reçue plus faible (18,6 Gy contre 25,5 Gy ; p=0,009) et une taille plus petite du résidu histologique (2,2 mm versus 6,5 mm en moyenne ; p=0,019). Complications post opératoires précoces et tardives : Les facteurs associés à un taux de complications plus élevé étaient la présence d’un résidu paramétrial à l’IRM (25,0% versus 17,7% ; p=0,042) et un délai entre la RCC et la chirurgie compris entre 6 et 8 semaines (52,1% d’hystérectomie avec complications versus 28,7% ; p=0,046). Le seul facteur corrélé à un taux de complications moins élevé était un délai entre la RCC et la chirurgie de plus de 8 semaines (52,9% d’hystérectomie de clôture sans complications versus 26,1% ; p=0,031). Complications post opératoires précoces de grade ≥ 2 selon Chassagne : Les facteurs associés à un taux de complications précoces de grade ≥ 2 plus élevé étaient le fait d’avoir reçu des doses de radiothérapie plus importantes (44,6 Gy versus 42,4 Gy en moyenne ; p=0,035), d’avoir un délai entre la RCC et la curiethérapie de moins de dix jours (100% versus 27,9% ; p=0,04) et la présence d’un résidu paramétrial à l’IRM post RCC plus fréquent (50,0% versus 17,8%, p<0,001). Le seul facteur corrélé à un taux de complications moins élevé était un délai entre la RCC et la chirurgie de clôture de plus de 8 semaines (51,3% versus 0% ; p=0,023) Complications post opératoires tardives de grade ≥ 2 selon Chassagne : Les facteurs associés à un taux de complications tardives de grade ≥ 2 plus élevé étaient des doses de radiothérapie plus importantes (45,8 Gy versus 42,3 Gy en moyenne ; p<0.001) avec un boost plus fréquent (22,2% versus 8,0% ; p=0,028) et une dose de curiethérapie plus faible (16,5 Gy versus 25,5 Gy en moyenne ; p<0,001). 52 Complications post opératoires précoces et tardives de grade ≥ 2 selon Chassagne : Les facteurs associés à un taux de complications de grade ≥ 2 plus élevé étaient des doses de radiothérapie plus importantes (45,2 Gy versus 42,2 Gy ; p<0,001), des doses de curiethérapie plus faibles (16,5 Gy versus 25,5 Gy ; p<0,001), un résidu paramétrial à l’IRM plus fréquent (25,0% versus 16,1% ; p=0,005) et un délai entre la RCC et la chirurgie compris entre 6 et 8 semaines (62,5% versus 28,7% ; p=0,014). Le seul facteur corrélé à un taux de complications moins élevé était un délai entre la RCC et la chirurgie de clôture de plus de 8 semaines (52,4% d’hystérectomie de clôture sans complications versus 18,9% ; p=0,022). Les facteurs associés aux complications de grade ≥ 2 selon Chassagne (61) sont décrits dans le Tableau VI. 53 Tableau VI : Facteurs associés aux complications de grade ≥ 2 selon la classification de Chassagne Complication grade ≥ 2 (n=16 ; 10,1%) n ou moyenne % ou [ ] Données cliniques Age (années) Diabète BMI (kg/m²) Tabac Antécédent de chirurgie abdominale Stade FIGO IB2 IIA IIB IIIA IIIB IVA Stadification ganglionnaire chirurgicale Absence de lymphadénectomie Lymphadénectomie lombo-aortique Lymphadénectomie pelvienne et lombo-aortique Voie d'abord de la stadification chirurgicale Laparotomie Coelioscopie rétropéritonéale Coelioscopie transpéritonéale Difficulté per-opératoire lors de la stadification chirurgicale Atteinte ganglionnaire anatomopathologique Atteinte pelvienne Atteinte lombo-aortique Radiothérapie Dose d'irradiation (en Gy) Réalisation d'une curiethérapie après RCC Dose de curiethérapie (en Gy) Réalisation d'un boost centro-pelvien iliaque externe lombo-aortique paramétrial absence de boost Evaluation IRM post-RCC Résidu tumoral Taille du résidu (en mm) Résidu paramétrial Adénopathie suspecte Chirurgie de clôture Abord de la chirurgie de clôture Coelioscopie Laparotomie Type de chirurgie de clôture Hystérectomie élargie Hystérectomie simple Lymphadénectomie de clôture Lombo-aortique Pelvienne Difficulté per-opératoire lors de la chirurgie de clôture Délai entre la fin de la RCC et la chirurgie < 6 semaines 6-8 semaines > 8 semaines Délai entre la curiethérapie et la chirurgie < 6 semaines 6-8 semaines > 8 semaines Résidu histologique cervical absence de résidu microscopique (< 2 mm) infra-centimétrique (≥ 2 mm et < 10 mm) supra-centimétrique (≥ 10 mm) Absence de complication (n=143; 89,9%) n ou moyenne % ou [ ] p 51 0 25 5 6 [31-82] 0 [17-39] 31,3 37,5 50 8 23,9 46 60 [23-76] 5,6 [16-40] 32,2 42,0 2 0 10 0 3 1 12,5 18,8 6,3 23 18 94 3 4 1 16,1 12,6 65,7 2,1 2,8 0,7 5 6 5 31,3 37,5 31,3 63 50 30 44,1 35,0 21,0 0 4 7 2 0 25,0 43,8 12,5 5 21 54 14 3,5 14,7 37,8 9,8 0,043 13 4 9,1 2,8 0,175 0,979 <0,001 0,404 <0,001 0,246 62,5 0,785 0,713 0,489 0,835 0,94 0,025 0,531 0,528 0 0 45,2 9 16,5 [40,0-50,0] 56,3 [13,0-20,0] 42,2 100 25,5 [31,0-46,0] 69,9 [14,6-30,0] 1 0 1 0 14 6,3 87,5 1 5 3 3 131 0,7 3,5 2,1 2,1 91,6 10 10 4 2 62,5 [0-61] 25,0 12,5 88 12 23 15 61,5 [0-62] 16,1 10,5 6 10 37,5 62,5 54 89 37,8 62,2 9 7 56,2 43,8 99 44 69,2 30,8 2 5 5 12,5 31,3 31,3 13 75 36 9,1 52,4 25,2 0,605 3 10 3 18,8 62,5 18,9 27 41 75 18,9 28,7 52,4 0,746 0,014 0,022 2 6 1 12,5 37,5 6,3 37 47 16 25,9 32,9 11,2 0,601 0,434 0,926 10 0 1 5 62,5 0 6,2 31,3 77 2 29 35 53,8 1,4 20,3 24,5 0,58 1 0,306 0,773 6,3 0,684 0,788 0,005 0,975 0,801 0,44 0,443 BMI : Body mass index, FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, RCC : radiochimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique, Gy : gray 54 Survenue d’une fistule urinaire : Les facteurs associés à un taux de fistules urinaires plus élevé étaient la présence de difficultés peropératoires lors de la stadification chirurgicale plus fréquente (37,5% versus 9,3% ; p=0,001), des doses moyennes de radiothérapie plus importantes (45,2 Gy versus 42,4 Gy ; p=0,021) et la détection d’un résidu paramétrial à l’IRM après RCC plus fréquent (50,0% versus 15,2% ; p<0,001). Les facteurs corrélés à un taux de fistules moins élevé étaient des doses moyennes de curiethérapie plus faibles (16,1 Gy versus 25,1 Gy ; p=0,036) et le nombre de ganglions pelviens atteints lors de la stadification chirurgicale initiale significativement supérieur (moyenne de 0,6 versus 0; p=0,001). Les facteurs associés à la survenue de fistules vésico-vaginales ou urétéro-vaginales sont décrits dans le Tableau VII. 55 Tableau VII : Facteurs associés aux fistules urinaires Fistule (n=8; 5,0%) n ou moyenne % ou [ ] Données cliniques Age (années) Diabète BMI (kg/m²) Tabac Antécédent de chirurgie abdominale Absence de fistule (n=151; 95,0%) n ou moyenne % ou [ ] 52 0 22,5 3 4 [31-82] 0 [17-27] 37,5 50,0 49 8 24,1 48 62 [23-78] 5,3 [16-40] 31,8 41,1 1 0 4 0 2 1 12,5 25,0 12,5 24 18 100 3 5 1 15,9 11,9 66,2 2,0 3,3 0,7 4 3 50,0 37,5 52 32 34,4 21,2 37,5 50,0 37,5 5 22 57 14 3,3 14,6 37,7 9,3 13 4 8,6 2,6 Stade FIGO p 0,667 0,871 0,206 0,959 0,895 0,006 IB2 IIA IIB IIIA IIIB IVA Stadification ganglionnaire chirurgicale Lomboaortique seule Pelvienne et lomboaortique Voie d'abord de la stadification chirurgicale Laparotomie Coelioscopie rétropéritonéale Coelioscopie transpéritonéale Difficulté peropératoire lors de la stadification chirurgicale Atteinte ganglionnaire anatomopathologique Atteinte pelvienne Atteinte lombo-aortique Radiothérapie Dose d'irradiation (en Gray) Réalisation d'une curiethérapie après la RCC Dose de curiethérapie (en Gray) Réalisation d'un boost centro-pelvien iliaque externe lombo-aortique paramétrial absence de boost 50,0 0,197 0,179 0 3 4 3 0,001 0,443 0 0 45,2 4 16,1 [40-50] 50,0 [13,2-20,0] 42,4 105 25,1 [31-46] 69,5 [13,2-30,0] 0,021 0,442 0,036 0,058 1 0 0 0 7 12,5 87,5 1 5 4 3 138 0,7 3,3 2,6 2,0 91,4 6 10 4 1 75,0 [0-61] 50,0 12,5 92 12 23 16 60,9 [0-62] 15,2 10,6 0,541 0,819 <0,001 0,695 2 5 1 25,0 62,5 12,5 28 46 77 18,5 30,5 51,0 0,993 0,133 0,078 3 5 37,5 62,5 57 94 37,7 62,3 5 3 62,5 37,5 103 48 68,2 31,8 1 3 4 12,5 37,5 50,0 14 77 37 9,3 51,0 24,5 0,177 1 2 1 12,5 25,0 12,5 38 51 16 25,2 33,8 10,6 0,625 0,942 0,65 0,862 6 0 75,0 81 2 53,6 1,3 0,356 1 30 38 19,9 25,2 0,349 1 Evaluation IRM post-RCC Résidu tumoral Taille du résidu (en mm) Résidu paramétrial Adénopathie suspecte Délai entre la fin de la RCC et la chirurgie < 6 semaines 6-8 semaines > 8 semaines Chirurgie de clôture Abord de la chirurgie de clôture Coelioscopie Laparotomie Type de chirurgie de clôture Hystérectomie élargie Hystérectomie simple Lymphadénectomie de clôture Lomboaortique Pelvienne Difficulté de la chirurgie de clôture Délai entre la curiethérapie et la chirurgie < 6 semaines 6-8 semaines > 8 semaines Résidu histologique cervical absence de résidu microscopique (< 2 mm) infra-centimétrique (≥ 2 mm et < 10 mm) supra-centimétrique (≥ 10 mm) 0,719 0,959 0,892 0 2 25,0 BMI : Body mass index, FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, RCC : radiochimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique, Gy : gray 56 F) Evaluation du résidu tumoral par IRM 1) Puissance de l’IRM Cent quarante-quatre patientes ont bénéficié d’une IRM abdomino-pelvienne après la radio-chimiothérapie ou la curiethérapie pour évaluer la présence d’un résidu tumoral. Quatre-vingt-dix-huit IRM détectaient un résidu tumoral (68,0%). Soixantedouze patientes avaient un résidu à l’histologie (45,3%). Ainsi, 42 patientes avaient une IRM positive alors qu’il n’y avait pas de résidu anatomopathologique (faux positifs = FP) et 16 patientes avaient une IRM négative alors qu’en fait l’examen histologique révélait un résidu (faux négatifs = FN). Ces données sont résumées dans le Tableau VIII. Tableau VIII : Corrélation entre l’IRM et l’examen histologique pour la détection d’un résidu tumoral Présence d'un résidu tumoral à l'IRM Absence de résidu tumoral à l'IRM Total 56 16 = FN 72 42 = FP 30 72 98 46 144 Présence d'un résidu histologique Absence de résidu histologique Total FP : faux positifs, FN : faux négatifs Ainsi, la sensibilité de l’IRM pour la détection d’un résidu tumoral était de 77,8%, la spécificité de 41,7%, la valeur prédictive positive de 57,1% et la valeur prédictive négative de 65,2%. 2) Facteurs associés aux faux positifs et faux négatifs de l’IRM Nous avons analysés tous les facteurs qui pouvaient être corrélés à ces faux positifs de l’IRM (Tableau IX). 57 Le seul facteur statistiquement significatif sur le traitement était la dose de boost qui était plus faible chez les faux FP (10,8 Gy versus 12,8 Gy ; p=0,005). Lorsque le délai entre la fin de la RCC et l’IRM était de plus de 4 semaines, le taux de FP était significativement plus bas (14,3% versus 33,3% ; p=0,023). La date de réalisation de l’IRM par rapport à la curiethérapie (avant, le jour même ou après) ou par rapport à la chirurgie n’avaient aucune incidence. Nous avons analysé tous les facteurs qui pouvaient être corrélés aux faux négatifs de l’IRM (Tableau X) : les tumeurs étaient initialement plus petites sur l’IRM préthérapeutique dans le groupe des FN (39,8 mm contre 47,2 mm ; p= 0,007). Un boost était plus souvent réalisé chez les FN (18,7% versus 8,6% ; p=0,009) avec une dose plus importante (14,4 Gy versus 12,1 Gy ; p=0,003). La date de réalisation de l’IRM par rapport à la RCC (avant, le jour même ou après) ou à la curiethérapie (avant, le jour même ou après) ou par rapport à la chirurgie n’avaient aucune incidence. 58 Tableau IX : Facteurs corrélés au taux de faux positifs de l’IRM pour la détection d’un résidu tumoral Faux Positifs de l'IRM (n=42; 29,2%) n ou moyenne % ou [ ] Autres (n=102; 70,8% ) n ou moyenne % ou [ ] p Données cliniques 49 24,4 [23-78] [16,0-40,0] 50 24 [27-82] [16,0-39,0] 0,616 0,618 Taille (en mm) Atteinte paramétriale Atteinte vaginale 44,6 28 19 [20,0-80,0] 66,7 45,2 43,1 54 45 [10,0-100,0] 52,9 44,1 0,472 0,185 0,951 Taille (en mm) Atteinte paramétriale Atteinte vaginale 46,7 24 22 [20,0-80,0] 57,1 52,4 46,2 66 45 [10,0-80,0] 64,7 44,1 0,859 0,573 0,472 Age (années) BMI (kg/m²) Examen clinique IRM préthérapeutique Stadification chirurgicale ganglionnaire Lymphadénectomie lombo-aortique seule Lymphadénectomie pelvienne et lombo-aortique 0,093 21 6 50,0 14,3 32 25 31,4 24,5 42,1 [31,0-50,0] 42,4 [36,0-46,0] 1 0 1 0 40 10,8 30 25,7 2,4 95,2 [10,8-10,8] 71,4 [13,2-30,0] 1 5 3 3 90 12,8 67 24,4 1,0 4,9 2,9 2,9 88,2 [10,0-14,4] 65,7 [13,0-30,0] 0,005 0,637 0,408 47 [2-104] 40 [1-110] 0,121 < 4 semaines 4-6 semaines > 6 semaines 11 7 23 26,2 16,7 54,7 38 17 43 37,3 16,7 42,2 0,250 0,836 0,259 avant la fin de la RCC 12 28,6 18 17,7 0,231 le jour de la fin de la RCC 3 7,1 6 5,9 0,723 < 1 semaine après la fin de la RCC 9 21,4 19 18,6 0,817 1-4 semaines après la fin de la RCC 11 26,2 21 20,6 0,512 > 4 semaines après la fin de la RCC 6 14,3 34 33,3 0,023 19 1 45,2 2,4 36 2 35,3 2,0 4 4 2 9,5 9,5 4,8 10 12 6 9,8 11,7 5,9 0,559 0,579 0,612 0,938 0,768 1 Radiothérapie Dose d'irradiation (en Gy) Réalisation d'un boost centro-pelvien iliaque externe lombo-aortique paramétrial absence de boost Dose de boost (en Gy) Réalisation d'une curiethérapie Dose de curiethérapie (en Gy) Délai entre l'IRM et la chirurgie (en jours) 2,4 0,713 0,418 Délai entre la RCC et l'IRM Délai entre la curiethérapie et l'IRM avant la curiethérapie le jour de la curiethérapie après la curiethérapie < 3 semaines 3-6 semaines > 6 semaines BMI : Body mass index, FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, RCC : radiochimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique, Gy : gray 59 Tableau X : Facteurs corrélés au taux de faux négatifs de l’IRM pour la détection d’un résidu tumoral Faux négatifs de l'IRM (n=16; 11,1%) n ou moyenne % ou [ ] Autres (n=128; 88,9%) n ou moyenne % ou [ ] p Données cliniques 47 25,5 [34-67] [18,0-37,0] 50 23,9 [23-82] [16,0-40,0] 0,201 0,327 Taille (en mm) Atteinte paramétriale Atteinte vaginale 44,1 6 3 [30,0-70,0] 37,5 18,7 43,5 76 61 [10,0-100,0] 59,4 47,7 0,823 0,162 0,054 Taille (en mm) Atteinte paramétriale Atteinte vaginale 39,8 11 4 [27,0-53,0] 68,7 25,0 47,2 79 63 [10,0-80,0] 61,7 49,2 0,007 0,851 0,117 5 6 31,2 37,5 48 25 37,5 19,5 43,9 [36,0-46,0] 42,1 [31,0-50,0] 1,6 1,6 3,1 2,3 91,4 Age (années) BMI (kg/m²) Examen clinique initial IRM préthérapeutique Stadification chirurgicale ganglionnaire 0,252 Lymphadénectomie lombo-aortique seule Lymphadénectomie pelvienne et lombo-aortique Radiothérapie Dose d'irradiation (en Gy) Réalisation d'un boost centro-pelvien iliaque externe lombo-aortique paramétrial absence de boost 81,2 2 2 4 3 117 Dose de boost (en Gy) 14,4 [14,4-14,4] 12,1 [10,0-14,4] 0,003 Réalisation d'une curiethérapie Dose de curiethérapie (en Gray) 8 22,5 50,0 [15-30] 89 25 69,5 [13-30] 0,197 0,377 34 [5-68] 43 [1-110] 0,093 < 4 semaines 4-6 semaines > 6 semaines 5 4 5 31,3 25,0 31,3 44 20 61 34,4 15,6 47,7 0,797 0,419 0,517 avant la fin de la RCC le jour de la fin de la RCC < 1 semaine après la fin de la RCC 1-4 semaines après la fin de la RCC > 4 semaines après la fin de la RCC 2 1 1 5 5 12,5 6,3 6,3 31,3 31,3 28 8 27 27 35 21,9 6,3 21,1 21,1 27,3 0,721 1 0,301 0,312 0,544 4 0 25,0 51 3 39,8 2,3 0,950 0,596 1 1 2 6,2 6,2 12,5 13 15 6 10,2 11,7 4,7 0,727 0,869 0,265 Délai entre l'IRM et la chirurgie (en jours) 0 3 0 0 13 0,069 0,009 18,7 Délai entre la RCC et l'IRM Délai entre la curiethérapie et l'IRM avant la curiethérapie le jour de la curiethérapie après la curiethérapie < 3 semaines 3-6 semaines > 6 semaines BMI : Body mass index, FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, RCC : radiochimiothérapie concomitante, IRM : imagerie par résonance magnétique, Gy : gray 60 G) Survie des patientes ayant été traitées d’un cancer du col localement avancé par radio-chimiothérapie concomitante et chirurgie de clôture 1) Description de la survie globale et de la survie sans récidive La médiane de suivi pour les patientes vivantes au moment du recueil de données était de 28 mois [0,4-108,7] à partir de la chirurgie. Pendant le suivi, une récidive a été diagnostiquée chez 34 patientes : 3 patientes avaient une récidive locale, 19 une récidive loco-régionale et 12 une métastase à distance. Il est intéressant de noter que sur les 22 patientes ayant récidivé en centro-pelvien, 15 avaient des résidus tumoraux sur la pièce d’hystérectomie (dont 12 résidus > 10 mm). La moitié des patientes avec des métastases à distance avaient des résidus tumoraux sur la pièce d’hystérectomie dont seulement 2 avec un résidu >10 mm. Au cours du suivi, 25 patientes sont décédées du cancer du col. La survie globale (SG) à 1,3 et 5 ans était respectivement de 93% (IC 95% [88,9%-97,3%]), 78,6% (IC 95% [71%-86,9%]) et 76,5% (IC 95% [68,2%-85,7%]). Le taux de survie sans récidive (SSR) à 1,3 et 5 ans était respectivement de 87,8% (IC 95% [82,6%-93,5%]), 73,4% (IC 95% [65,6%-82%]) et 71,1% (IC 95% [62,7%-80,1%]) (Figure 11). Figure 11 : Survie globale et survie sans récidive de notre population (n=159) 61 2) Facteurs influençant la survie globale et sans récidive Les facteurs pronostiques de survie globale sont décrits dans le Tableau XI. Tableau XI : Facteurs pronostiques de survie globale (n=159) n décès Survie à 3 ans (%) HR [IC 95%] p Stade FIGO IB2-IIA IIB-IVA 3 22 90 74 1 3,95 0,047 Type de chirurgie de clôture Hystérectomie élargie Hystérectomie simple 16 9 81,9 67,7 1 1,48 0,22 non oui 24 1 79,5 50,0 1 0,38 0,54 non oui 22 3 77,1 85,1 1 1,18 0,28 non oui 15 10 81,6 68,4 1 3,04 0,08 non oui 12 7 84,5 43,7 1 6,62 0,01 non oui 8 5 11 2 1 2,31 0,12 Résidu histologique Microscopique Infracentimétrique Supracentimétrique Statut ganglionnaire Positif en pelvien Positif en lombo-aortique FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, HR : hazard ratio 62 Les facteurs diminuant significativement la survie globale sont le stade FIGO (Figure 12) et la présence d’adénopathies pelviennes métastatiques, que ce soit lors de la stadification chirurgicale avant RCC ou lors de la lymphadénectomie de clôture (Figure 13). En effet, la survie globale était nettement inférieure pour les stades IIB et plus par rapport aux stades IB2 et IIA (p=0,047). Le type histologique, une atteinte ganglionnaire en lombo-aortique, les différences de protocoles de traitement ou de doses d’irradiation, la réalisation ou non d’une curiethérapie, les délais entre la RCC, la curiethérapie et la chirurgie, le type de chirurgie de clôture, la présence de complications opératoires ou bien la présence d’un résidu tumoral histologique ne modifiaient pas la survie globale. La présence d’un résidu histologique supra-centimétrique était en faveur d’une diminution de la survie globale, ce résultat étant à la limite de la significativité (SG à 3 ans = 68,4% versus 81,6% ; p=0,08). Figure 12 : Survie globale en fonction du stade FIGO (n=159) FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens 63 Figure 13 : Survie globale en fonction de la présence d’adénopathies pelviennes métastatiques (n=159) 64 Les facteurs pronostiques de survie sans récidive sont décrits dans le Tableau XII. Tableau XII : Facteurs pronostiques de survie sans récidive (n=159) n décès Survie à 3 ans (%) HR [IC 95%] p Stade FIGO IB2-IIA IIB-IVA 7 27 79,1 71,3 1 1,32 0,25 Hystérectomie élargie Hystérectomie simple 24 10 75,1 66 1 0,22 0,64 non oui 33 1 73,8 50 1 0,37 0,54 non oui 29 5 72,5 76,9 1 0,31 0,58 non oui 20 14 78,7 57,9 1 4,84 0,03 non oui 18 7 76 49,2 1 5,23 0,02 non oui 17 3 74 27,8 1 4,02 0,04 Délai entre la curiethérapie et l'hystérectomie de clôture Inférieur à 8 semaines Supérieur à 8 semaines 14 7 78,8 50,8 1 5,44 0,02 Type de chirurgie de clôture Résidu histologique Microscopique Infracentimétrique Supracentimétrique Statut ganglionnaire Positif en pelvien Positif en lombo-aortique FIGO : Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, HR : hazard ratio 65 Les facteurs diminuant la survie sans récidive étaient : - l’atteinte ganglionnaire lors de la stadification chirurgicale initiale ou lors de la lymphadénectomie de clôture : pelvienne (SSR à 3 ans = 49,2%% versus 76% ; p=0,02 ; Figure 14) et lombo-aortique (SSR à 3 ans = 27,8% versus 73,8% ; p=0,04 ; Figure 15). - la réalisation de la chirurgie à plus de 8 semaines de la curiethérapie : SSR à 3 ans de 50,8% versus 78,8% (p=0,02) (Figure 16). - la présence d’un résidu histologique supra-centimétrique (p=0,03) : SSR à 3 ans de 57,9% versus 78,7% (Figure 17). La présence d’un résidu tumoral sur la pièce d’hystérectomie tendait à faire diminuer la SSR à 1 et 5 ans (85,0% versus 90,4% et 64,6% versus 76,2%) ; ce résultat étant à la limite de la significativité (p= 0,060). Figure 14: Survie sans récidive en fonction de l’atteinte ganglionnaire pelvienne (n=159) 66 Figure 15 : Survie sans récidive en fonction de l’atteinte ganglionnaire lombo-aortique (n=159) 67 Figure 16 : Survie sans récidive en fonction du délai de réalisation de la chirurgie par rapport à la curiethérapie (n=159) 68 Figure 17 : Survie sans récidive en fonction de la présence ou non d’un résidu histologique supra-centimétrique (n=159) 69 V) Discussion Le traitement par radio-chimiothérapie concomitante est devenu le gold standard pour les cancers du col localement avancés mais la valeur thérapeutique de l’hystérectomie de clôture est toujours débattue (62–65) puisque, théoriquement, environ 50% des patientes n’auront pas de reliquat tumoral à la fin de la radiochimiothérapie (entre 38 et 64% selon les séries). Son bénéfice sur la survie n’est pas clairement démontré et sa morbidité est élevée dans les différentes séries. Cependant, l’imagerie est médiocre pour l’évaluation du résidu tumoral après radiochimiothérapie et l’hystérectomie reste le seul moyen fiable d’évaluer ce résidu. Le but de cette étude, portant sur un grand nombre de patientes (159 patientes issues de 6 centres différents), était avant tout d’évaluer la morbidité propre de cette chirurgie, à un moment où l’hystérectomie de clôture est remise en question. Les objectifs secondaires étaient d’analyser la performance de l’imagerie par IRM pour l’évaluation du résidu tumoral post RCC et la survie des patientes ayant un cancer du col localement avancés. L’hétérogénéité des protocoles de prise en charge des patientes, liée en partie à la période d’inclusion en raison de l’évolution des référentiels et liée à la multicentricité (CHU et Centre de lutte contre le cancer) reflète la réalité de notre pratique quotidienne. Morbidité de la chirurgie de clôture Taux global de complications des hystérectomies de clôture Pour évaluer la morbidité spécifique de la chirurgie de clôture dans notre série, nous avons choisi de prendre en compte les complications peropératoires, post opératoires précoces (moins de un mois après la chirurgie) et post opératoires tardives (entre 1 et 3 mois après la chirurgie). Nous avons analysé les complications selon la classification de Chassagne pour pouvoir les comparer à celles de la littérature (61). La morbidité de la chirurgie de clôture (comprenant une hystérectomie simple ou élargie +/- une lymphadénectomie) était donc relativement faible (20,7%) dans notre série de 159 patientes initialement traitées par radio-chimiothérapie 70 concomitante plus ou moins curiethérapie pour un stade localement avancé de cancer du col. En effet, le taux de mortalité lié à cette chirurgie était nulle, la morbidité urinaire à type de fistule était de seulement 5% et le taux de complications de grade ≥ 2 selon Chassagne de 10,7%. Notre travail retrouve un taux plus faible de complications par rapport à la littérature. En effet, plusieurs études se sont intéressées à l’évaluation de la morbidité et ont observé des taux plus élevés. Classe et al retrouvaient, sur une cohorte de 175 patientes entre 1987 et 2002, 3,5% de fistule urinaire, 6,9% de sténose urétérale, 18,9% de complications de grade 2 et 6,6% de grade 3 sachant qu’il s’agissait uniquement de patientes ayant bénéficié d’une hystérectomie élargie ou d’une exentération pelvienne (66). Morice et al avaient, dans leur série de 73 patientes, entre 1998 et 2004, 16% de complications de grade 2/3 et une complication de grade 4 avec décès à 3 mois (63). Touboul et al ont recensé 7,3% de fistule urinaire et digestive, 4% de sténose digestive et 2 décès dans leur cohorte de 150 patientes, entre 1998 et 2007 (67). Lavoué et al retrouvait des taux encore plus importants avec 12,7% de complications digestives et 13,7% de complications urinaires de grade 2 ou 3 (102 patientes, entre 1999 et 2008) (62). La seule étude prospective s’intéressant à ce sujet était celle de Ferrandina, publiée en 2010, portant sur 184 patientes (12,6% d’hystérectomie type Piver 2, 86,8% de Piver 3 ou 4 et 0,6% d’exentération pelvienne avec une association à des curages pelviens dans 64,9% des cas et des curages pelviens et lombo-aortique dans 35,1% des cas) (60). Elle retrouvait notamment 35 complications post opératoires précoces dont 6 de grade 3 ou 4 et 22 complications post opératoires tardives (> 30 jours) dont 14 de grade 3 ou 4. Le taux de complications urinaires de grade ≥ 2 était très élevé dans cette série : 14,4%. Enfin, deux décès étaient survenus. Comment réduire la mortalité de l’hystérectomie de clôture ? La faible morbidité et l’absence de mortalité retrouvées dans notre série sont probablement dues à l’évolution des pratiques chirurgicales avec, tout d’abord, l’utilisation croissante de la cœlioscopie, que ce soit pour la réalisation de la stadification ganglionnaire (94,5% des lymphadénectomies) ou pour l’hystérectomie 71 de clôture (37,7%), et la réalisation préférentielle d’une hystérectomie extra-fasciale (32,1%) et non élargie. En effet, dans la série de Touboul et al, 83% des hystérectomies étaient réalisées par laparotomie et plus de 80% des patientes ont bénéficié d’une lymphadénectomie de clôture puisque la stadification ganglionnaire pré-thérapeutique était seulement faite par imagerie (67). Dans l’étude de Ferrandina et al qui retrouvait des taux de complications supérieurs à ceux de notre série, toutes les hystérectomies étaient réalisées par laparotomie (60). Colombo et al, en 2009, ont publié une étude portant sur 102 patientes traitées par chirurgie de clôture après radio-chimiothérapie concomitante. Les patientes étaient réparties en 2 groupes comparables (46 patientes dans le groupe cœlioscopie et 56 patientes dans le groupe laparotomie). La durée d’hospitalisation était plus courte, les pertes sanguines moindres et le taux de complications per et post opératoires inférieur en cas de cœlioscopie. La morbidité urinaire était nettement inférieure en cas de cœlioscopie (37,5 versus 23,9% ; p=0,04) avec un taux de fistule de seulement 1,6% (versus 10,7%) (68). L’étude de Vizza et al va également dans le même sens avec une faible morbidité en cas de cœlioscopie (69). Pour réduire la morbidité de la chirurgie de clôture, il ne faudrait plus réaliser de curages ganglionnaires dans le même temps opératoire puisque l’on sait que la morbidité est augmentée en cas de lymphadénectomie en raison d’une dissection rendue difficile par la radiothérapie. Dans notre série où la stadification chirurgicale avant radio-chimiothérapie était fréquente (57,2% des patientes mais réalisation systématique à partir de 2010), la présence d’adénopathies métastatiques était relativement faible : 8,2% d’atteintes pelviennes et 2,5% d’atteintes lombo-aortiques. En revanche, la présence d’un résidu tumoral ganglionnaire pelvien après RCC avait été rapportée par Houvenaeghel, Touboul et Ferrandina chez respectivement 18, 13 et 11% des patientes (27,65,70). Aucune de ces patientes n’avait bénéficié de stadification ganglionnaire avant traitement. Cette observation importante ne pourrait justifier la réalisation systématique d’une lymphadénectomie pelvienne au moment de la chirurgie de clôture tant la morbidité lymphatique de ce geste en territoire irradié est élevée pour un gain en terme de survie non prouvé (67). 72 Le rationnel des curages durant la période de l’étude était basé sur la valeur thérapeutique potentielle de la résection des ganglions au cours de la chirurgie de clôture, qui était réalisée de manière systématique en plus de l’hystérectomie durant une certaine période de l’étude et en fonction des centres. En effet, nous avons pu démontré que la survie globale et sans récidive des patientes chez qui une atteinte ganglionnaire histologique était retrouvée était faible (SG à 3 ans de 43,7% versus 84,5% en cas d’atteinte ganglionnaire pelvienne, IC 95%), comme cela avait été précédemment rapporté dans la littérature (71). En effet, dans la série de Touboul et al, les patientes avec une atteinte ganglionnaire pelvienne et lombo-aortique avaient un risque de décès supérieur aux patientes sans envahissement ganglionnaire (HR=2,03 et HR=5,46 respectivement ; p<0,001) (65). La lymphadénectomie lombo-aortique +/- pelvienne par voie cœlioscopique, précédée d’un TEP-TDM, est recommandée dans la prise en charge du cancer du col localement avancé. Cette évaluation permet d’adapter les champs d’irradiation lors du traitement par RCC en cas d’atteinte ganglionnaire. Facteurs de risques de complications Dans notre série, les facteurs corrélés à un sur-risque de complications étaient essentiellement une dose plus élevée d’irradiation pelvienne, un résidu paramétrial sur l’IRM après radio-chimiothérapie et un stade FIGO plus avancé. En revanche, un délai entre la fin de la RCC et la chirurgie de clôture de plus de 8 semaines n’était pas corrélé à un sur-risque. Pour l’équipe de Touboul et al, leurs complications étaient fortement corrélées à la présence d’un résidu tumoral cervical et à l’envahissement ganglionnaire pelvien (67). Pour Carcopino et al, la morbidité augmentait avec le stade FIGO (p=0,007) et avec l’importance de la chirurgie (p<0,001) (72). Morice et al, en 2007, avaient déjà conclu que le type de chirurgie devait dépendre de la taille du résidu supposé puisque la morbidité augmente en cas de chirurgie élargie et de résidu cervical (63). Touboul et al ont confirmé que la morbidité de la chirurgie de clôture était associée à l’élargissement de l’hystérectomie (RR = 2,4 ; p=0,04) (67). Le type de chirurgie réalisée (élargissement de l’hystérectomie), la voie d’abord, l’association à une lymphadénectomie de clôture ou encore l’existence d’un résidu 73 tumoral cervical n’étaient pas associés à un sur-risque de complication per ou post opératoire dans notre étude. L’équipe de Ferrandina et al n’a pas étudié ces facteurs de risque de complications. Elle a seulement recherché si l’obésité était associée à une sur-mortalité : il n’existait pas de différence pour les complications per opératoire et post opératoire de grade 3 ou 4. En revanche, le taux de complications cutanées de grade 1 et 2 était significativement plus important chez les obèses (14%) et les patientes en surpoids (1%) par rapport aux patientes de poids normal (0%) selon la définition de l’OMS (p=0,00001) (73). Dans notre série, le BMI n’était pas un facteur de risque de complications. Limites de l’étude La valeur thérapeutique de la chirurgie de clôture dans les stades localement avancés de cancer du col reste incertaine. Ainsi, il est nécessaire de distinguer la morbidité de la chirurgie de celle de la radio-chimiothérapie. Nous n’avons pas pu étudier la morbidité propre de la RCC en raison d’un manque de données à ce sujet. La morbidité de la RCC elle‐même est maintenant bien connue avec une toxicité digestive et urinaire rapportée chez respectivement 61 et 27% des patientes (6,48,74). Keys avait démontré que l’hystérectomie de clôture n’était pas responsable d’un taux plus élevé de complications de grade 3 ou 4 par rapport au groupe radiothérapie seule (28). Une des limites de notre étude est l’absence d’inclusion des lymphœdèmes dans les complications liées à la chirurgie en raison d’une sous-estimation probable du fait du caractère rétrospectif de notre travail. Le lymphœdème est une complication rarement rapportée dans les différentes études portant sur la morbidité, puisque difficile à évaluer, mais on sait qu’elle peut être à l’origine d’une diminution importante de la qualité de vie des patientes. Il est le plus souvent observé plus de 3 mois après la chirurgie. Le risque de lymphœdème après radiothérapie exclusive existe mais est faible (74,75). Il est en revanche clairement augmenté lorsque la radiothérapie et la chirurgie (particulièrement en cas de dissection ganglionnaire) sont combinées. Dans l’essai publié par Landoni et al., le taux de lymphœdème est de 0,6% chez les patientes traitées pour un stade précoce de cancer du col avec une irradiation 74 exclusive, contre 9% chez les patientes traitées par une chirurgie en plus de la radiothérapie (76). Dans la cohorte de Touboul et al, neuf lymphœdèmes ont été observés. Bien que non significatif (p=0,013), le taux de lymphœdème était deux fois plus important en cas de lymphadénectomie pelvienne (9% contre 4% sans) (67). D’autre part, il est très souvent difficile de savoir si le lymphœdème est secondaire à la stadification ganglionnaire, à la radio-chimiothérapie ou encore à la chirurgie de clôture. C’est avant tout une complication difficile à évaluer, puisque subjective, et relativement rare dans les différentes séries où elle est recherchée. Enfin, il est également intéressant de s’intéresser à la qualité de vie après la chirurgie de clôture, ce qui n’a pas pu être réalisé du fait du caractère rétrospectif de l’étude. Il est connu que radiothérapie à elle seule entraîne des douleurs chroniques à type de douleurs pelviennes ou lombaires, même à plus de 5 ans (78). Plusieurs études ont cherché à savoir si la chirurgie de clôture augmentait ces symptômes et s’ils étaient responsables d’une diminution de la qualité de vie. Ferrandina et al a pu montrer que cette chirurgie majorait le lymphœdème, le syndrome climatérique et l’anxiété (79). Plotti et al s’est intéressé à la qualité de vie sexuelle à un mois et à un an de la chirurgie (80). Dans une étude prospective, il a comparé les patientes traitées par radio-chimiothérapie puis chirurgie à un groupe traité pour une pathologie gynécologique bénigne et à un groupe témoin. L’activité sexuelle des patientes traitées par RCC puis chirurgie n’était pas différente des groupes témoins choisis ; les troubles sexuels étaient cependant plus fréquents. Ainsi, la chirurgie de clôture est grevée d’une morbidité non négligeable, en particulier urinaire, bien que moindre avec l’évolution des pratiques : stadification ganglionnaire chirurgicale initiale par cœlioscopie et hystérectomie la moins radicale possible. Se pose maintenant la question de la chirurgie robotique qui pourrait encore réduire la mortalité chez ces patientes où la chirurgie est difficile du fait de la fibrose. 75 Pertinence de l’IRM pour l’évaluation du résidu tumoral L’hystérectomie est le seul moyen fiable d’évaluer le résidu tumoral. L’examen clinique est plus difficile, subjectif et peu informatif en raison du caractère fibreux des tissus à l’issue de la radio-chimiothérapie et risque de sur estimer le résidu s’il est présent. (Sensibilité de l’examen clinique de 51% et spécificité de 62% selon l’étude de Lavoué et al portant sur 82 patientes (62)). Or, la détection d’un résidu est capitale car la chirurgie pourrait se limiter seulement aux patientes avec un résidu. On sait que l’imagerie par IRM et TEP-TDM a une bonne sensibilité en pré-thérapeutique mais qu’en est-il après radio-chimiothérapie ? Il est important de distinguer l’inflammation, la nécrose et la fibrose radique de tout processus tumoral. Dans la majorité des études sur l’hystérectomie de clôture, l’évaluation du résidu tumoral est clinique et non radiologique. L’IRM est imprécise pour la détection d’un résidu tumoral Dans notre étude, la sensibilité de l’IRM pour la détection d’un résidu tumoral était de 77,8%, la spécificité de 41,7%, la valeur prédictive positive de 57,1% et la valeur prédictive négative de 65,2%. Le taux de faux positifs (FP) était important (29,2%) et le taux de faux négatifs (FN) était de 11,1% mais ces résultats étaient nettement inférieurs à ceux retrouvés dans la littérature. Vincens et al, ont analysé la pertinence de l’IRM chez 43 patientes ayant un cancer du col de stade IB2 ou II traitées par radio-chimiothérapie concomitante (45 Gy) suivie d’une curiethérapie (15 Gy). Le délai entre la curiethérapie et l’IRM était de 3 semaines minimum et le délai entre l’IRM et la chirurgie de 80 jours au maximum. Les IRM étaient lues en double aveugle par 2 séniors. La sensibilité, spécificité, valeur prédictive positive et négative de l’IRM étaient respectivement de 80%, 55%, 50% et 83%. Le taux de faux positifs était de 50% et le taux de faux négatifs de 17% (81). Lavoué et al retrouvait une sensibilité de 77% et une spécificité de 60% pour la recherche d’un résidu tumoral à l’IRM mais il s’agissait d’une petite série de seulement 29 patientes (62). 76 Une seule étude prospective a été réalisée sur le sujet : 96 patientes présentant un cancer du col de stade IB2 à IVA ont été incluses. Elles bénéficiaient toutes d’une hystérectomie élargie avec lymphadénectomie pelvienne après radio-chimiothérapie. L’imagerie d’évaluation consistait en une IRM pelvienne avec séquences en T2 et en un TEP-TDM. Les délais médians entre la RCC et l’imagerie et entre l’imagerie et la chirurgie étaient respectivement de 27 jours et 22,3 jours. Les radiologues avaient plus de 5 ans d’expérience en oncologie gynécologique et analysaient les IRM en double aveugle. Les anatomopathologistes avaient également plus de 10 ans d’expérience. La chirurgie était réalisée 4 semaines après l’imagerie. Dans cette série, seulement 32,3% des patientes n’avaient pas de résidu histologique. La sensibilité de l’IRM était de 86,1% (IC 95%, [77,8-94,5]) et nettement supérieure à celle du TEP-TDM (63,1%, IC 95% [51,3-74,8] ; p=0,002). En revanche, la spécificité du TEP-TDM était meilleure (80,6% contre 35,5% ; p=0,002). Ferrandina et al concluait donc que l’imagerie seule, en l’état actuel des connaissances, risquait de sous-estimer le pourcentage de résidu tumoral (82). Le fait que notre série soit plus récente et que les techniques d’imagerie aient évoluées, principalement grâce à l’utilisation de l’IRM de diffusion, explique en partie notre meilleure détection d’un résidu tumoral par IRM que les différents séries de la littérature. Facteurs corrélés aux FP et FN de l’IRM Dans notre série, les facteurs corrélés à ces FP et FN étaient la dose d’irradiation, la réalisation ou non d’un boost et principalement la taille du résidu tumoral histologique. Plus la taille tumorale initiale était petite, plus le taux de FN était important. Le résultat le plus surprenant était que, dans la population de FN, les patientes avaient toutes un résidu ≥ 2 mm dont 50% avec un résidu ≥ 10 mm. De la même façon, dans l’étude de Vincens et al, 8% des patientes avec une IRM considérée comme négative avaient en fait un résidu > 10 mm. Les auteurs conseillaient donc de réaliser l’IRM entre 1 et 3 mois après la fin de la radiochimiothérapie (81). 77 Ferrnadina et al retrouvaient, pour l’IRM et le TEP-TDM, une valeur prédictive négative faible (environ 50%) en raison du taux élevé de faux négatifs. Vingt-deux pour cent des FN de l’IRM et 33,3% des FN du TEP-TDM risquaient d’avoir un résidu supérieur à 10 mm. Pour tous les faux positifs à l’IRM et au TEP-TDM, il était retrouvé à l’histologie une cervicite chronique (82). Dans notre travail, la date de réalisation de l’IRM par rapport à la curiethérapie (avant, le jour même ou après) ou par rapport à la chirurgie n’avaient aucune incidence sur le taux de FP ou FN de l’IRM. Cependant, si l’IRM était réalisée plus de 4 semaines après la fin de la radio-chimiothérapie, le taux de FP était significativement réduit. Le moment de réalisation de l’IRM par rapport à la curiethérapie et à la chirurgie ne semble pas intervenir sur la sensibilité de l’IRM dans ces différentes études. Limites de l’étude Dans notre étude, certaines patientes n’ayant pas de résidu tumoral sur l’IRM à l’issue de la radio-chimiothérapie n’ont pas été opérées ; ainsi l’évaluation de la sensibilité et de la spécificité de l’IRM présente des biais avec une probable sousestimation du taux réel de FN. Par ailleurs, l’analyse des TEP-TDM réalisés après RCC n’a pas pu être effectuée en raison d’un faible taux de données (réalisation d’un TEP-TDM seulement à partir de 2011 dans les différents centres). Ainsi, à l’heure actuelle, l’imagerie est médiocre pour la détection d’un résidu tumoral. En effet, l’IRM est incapable de détecter les résidus de cellules isolées et le taux de FN est bien trop important pour se baser dessus et éviter une chirurgie de clôture. Des nouvelles techniques de diffusion d’IRM et de TEP-TDM sont en cours d’évaluation. En cas de mauvaise évaluation du résidu, il existe un risque de sous traitement puisqu’il a déjà été démontré que la survie sans récidive pouvait être améliorée par un meilleur contrôle local en cas de résidu ≥ 2 cm sans atteinte ganglionnaire associée (64). 78 Survie Plusieurs études rétrospectives ont montré que la chirurgie de clôture est intéressante sur le plan carcinologique pour retirer le résidu tumoral (60,63–66,83,84). Cependant, ces études ayant évalué l’intérêt de l’hystérectomie de clôture n’ont pas démontré de bénéfice en termes de survie chez ces patientes puisqu’elles ne comparent pas leur série à une population contrôle de patientes traitées par RCC exclusive. Un essai prospectif randomisé a tenté de répondre à cette question mais il a été interrompu par insuffisance d’inclusions (85). Récemment, Cétina et al ont publié les résultats d’une étude phase III comparant la survie de patientes présentant un cancer du col de stade IB2 à IIB traité par RCC puis par curiethérapie ou par hystérectomie radicale (59). Il n’existait pas de différence de survie dans les deux groupes. Cependant, plusieurs biais existent dans ce travail : aucune des patientes n’a bénéficié de stadification ganglionnaire chirurgicale, près de 20% des patientes n’ont pas obtenu le traitement initialement prévu et les patientes ayant eu une hystérectomie n’avaient pas eu de curiethérapie auparavant alors que celle-ci fait partie des recommandations actuelles. Un essai de Keys, réalisé il y a 20 ans, a montré un taux de récidive à 5 ans de 27% dans le bras irradiation externe seule contre 14% dans le bras irradiation externe suivie d’une hystérectomie extra-fasciale. Mais cet essai n’avait pu démontrer un bénéfice thérapeutique de l’hystérectomie adjuvante (28). Taux de survie globale et sans récidive Dans notre série, la survie globale (SG) à 1, 3 et 5 ans était respectivement de 93% (IC 95% [88,9%-97,3%]), 78,6% (IC 95% [71%-86,9%]) et 76,5% (IC 95% [68,2%-85,7%]). Le taux de survie sans récidive (SSR) à 1, 3 et 5 ans était respectivement de 87,8% (IC 95% [82,6%-93,5%]), 73,4% (IC 95% [65,6%-82%]) et 71,1% (IC 95% [62,7%-80,1%]). Ces taux sont comparables à ceux des autres grandes séries récentes retrouvées dans la littérature. Dans l’étude de Touboul et al, la SG à 1 et 5 ans était de 91% (95 % IC [85–95%]) et 71% (95 % IC [61–78%]), respectivement. La SSR à 1 et 5 ans était de 84% (95 % IC [76–89%]) et 66% (95 % IC [57–74%]), respectivement (65). 79 Dans l’étude de Ferrandina et al, la SG à 3 et 5 ans était de 82.5% et 77.4% et la SSR à 3 et 5 ans était de 77.0% et de 75.5% (60). Facteurs pronostiques Les facteurs pronostiques après chirurgie de clôture sont les résultats clés ressortant de notre étude. Les facteurs principaux sont le statut ganglionnaire lors de la stadification chirurgicale, le stade FIGO ainsi que la présence et la taille du résidu tumoral cervical à l’histologie. En effet, en cas d’atteinte ganglionnaire pelvienne et de stade FIGO supérieur ou égal à IIB, la SG est nettement diminuée. En cas de résidu tumoral supérieur à 10 mm, la SSR s’effondre (tendance à une SG diminuée mais les données sont non significatives). Ces données sont importantes car, une fois le résultat histologique cervical et ganglionnaire connu après RCC, ils pourraient nous aider à comprendre l’histoire naturelle de l’échec du traitement par RCC et donc à améliorer les modalités de ce traitement et du contrôle local et à distance de la maladie pour les futures patientes. Présence d’un résidu tumoral cervical Le taux de résidu tumoral observé dans notre travail (45,3%) est très proche du taux observé dans d’autres séries, variant de 35 à 61% (60,65,68,86,87). Ce résultat pourrait être en théorie un plaidoyer pour la chirurgie de clôture puisque la présence d’un reliquat tumoral entraine plus de récidives pelviennes. Ainsi, la qualité de vie est altérée et la reprise chirurgicale difficile. Mais la question est de savoir si l’exérèse de cette maladie histologique améliore ou non la survie des malades. Les patientes avec un résidu tumoral microscopique auraient probablement eu une stérilisation complète du col si la chirurgie avait été réalisée plus tardivement. Une étude récente a confirmé que la chirurgie de clôture avait un impact positif en terme de contrôle local (diminution du risque de récurrence et du risque de progression ou décès, HR=0,41, IC 95% [0,20-0,85]), bien que sans impact sur la survie globale (88). L’impact de la chirurgie en cas de réponse complète est probablement très faible et le bénéfice plus important s’il existe un reliquat macroscopique. Deux études 80 rétrospectives ont montré un bénéfice en terme de survie en cas de reliquat > 2 cm (66,84). Dans notre série, la présence d’un résidu tumoral sur la pièce d’hystérectomie ne modifiait pas la SG mais tendait à faire diminuer la SSR à 1 et 5 ans (85,0% versus 90,4% et 64,6% versus 76,2%); ce résultat étant à la limite de la significativité (p=0,060). La survie des patientes avec un petit résidu tumoral (inférieur à 10 mm) n’était pas différente de la survie des patientes sans résidu. Dans les autres séries, la survie de ces patientes était en effet très proche des patientes n’ayant pas de résidu tumoral (68,72). En revanche, la présence d’un résidu histologique supra-centimétrique abaissait significativement la SSR ce qui était comparable aux données de la littérature. Colombo et al retrouvait une SG et une SSR meilleures en l’absence de résidu ou résidu microscopique. La SG à 3 ans dans l’étude de Morice et al était de 93% si le résidu était nul, de 75% en cas de résidu inférieur à 1 cm et de seulement 35% si le résidu était supérieur à 1 cm (p<0,0002) (63). Présence d’un envahissement ganglionnaire Le second facteur pronostique majeur de cette série est l’envahissement ganglionnaire, qu’il soit pelvien ou lombo-aortique, puisqu’il diminue la survie sans récidive de ces patientes. Lavoué et al avait également confirmé cette donnée ainsi que Chéreau et al qui retrouvait une SG et une SSR moins bonne dans ce groupe de patientes (89). Malgré les progrès réalisés en termes d’irradiation, la survie des patientes ayant un envahissement ganglionnaire en lombo-aortique est nettement moins bonne et une chirurgie extensive parait peu raisonnable. Ainsi, les pratiques actuelles recommandent une chirurgie de clôture seulement pour les patientes sans envahissement ganglionnaire lombo-aortique lors de la stadification chirurgicale. Autres facteurs La présence d’un résidu paramétrial sur l’IRM après RCC était associée à une diminution de la SSR des patientes mais il faut se reposer la question de l’évaluation du résidu tumoral par l’imagerie. Doit-on revenir chez ces patientes vers une hystérectomie élargie au prix d’une morbidité plus importante ? L’étude de Chéreau et 81 al tend à montrer que la survie était la même chez les patientes présentant un résidu qu’elles aient eu ou non une hystérectomie de clôture (89). Les constatations peropératoires devront guider le chirurgien vers le geste le plus minimaliste possible tout en ayant des marges saines pour conserver le bénéfice de la chirurgie de clôture. Le stade FIGO est également un élément pronostic important dans notre étude. En effet, la SG à 3 ans décroit avec le stade FIGO (p =0,047). D’autres équipes auparavant avaient déjà démontré que le pronostic des stades III et IV était nettement plus défavorable (60,62) et ce notamment puisque la taille du résidu tumoral était plus importante lorsque le stade était avancé (72,90). Notre travail a permis de montrer que le type de chirurgie n’influençait pas la survie globale et sans récidive ce qui confirme les données de Motton et al., recommandant une hystérectomie extra-fasciale en 1ère intention. Enfin, se pose la question du moment optimal pour réaliser la chirurgie de clôture. Nous avons mis en évidence une SSR moins bonne si la chirurgie était réalisée à plus de 8 semaines de la curiethérapie, sachant que, dans cette période ci, le taux de complications de grade ≥ 2 était faible. Par ailleurs, le taux de faux positifs à l’IRM était plus faible si l’IRM était réalisée à plus de 4 semaines de la fin de la RCC. La période la plus optimale, en tenant compte de la survie et du taux de complications, nous semble donc les 6 semaines suivant la fin de RCC ou curiethérapie. 82 VI) Conclusion Notre étude a permis de démontrer que la morbidité de la chirurgie de clôture était acceptable avec une mortalité nulle. Un résidu tumoral histologique était observé chez 45,3% des patientes. Le taux de faux positifs à l’IRM était de 29,2% et le taux de faux négatifs de 11,1%. Les facteurs pronostiques impactant la survie sans récidive étaient l’envahissement ganglionnaire pelvien et lombo-aortique et la réponse histologique (taille du résidu tumoral). Le type de chirurgie (extra-fasciale versus élargie) et la voie d’abord n’influençaient pas la survie. Les patientes avec une atteinte ganglionnaire lombo-aortique lors de la stadification chirurgicale pourraient ne pas bénéficier d’une chirurgie de clôture en raison d’une survie nettement diminuée. L’imagerie par IRM reste perfectible pour la détection d’un résidu tumoral et des nouvelles techniques d’IRM de diffusion et de PET-TDM sont en cours d’évaluation. Seul un essai prospectif randomisé pourra évaluer le bénéfice de l’hystérectomie de clôture sur la survie globale et sans récidive par rapport à l’abstention chirurgicale. 83 Annexe 1 : Classification clinique des cancers du col utérin selon la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO) de 2009 Stade I : localisation stricte au col ♦ IA: carcinome micro-invasif non visible macroscopiquement, diagnostiqué à l’examen histologique 7 mm ou moins largeur de 7 mm ou moins ♦ IB: cancer visible à l’examen clinique ou de taille supérieure à celle du IA2 Stade II : extension extra-utérine, mais sans atteinte de la paroi pelvienne ou du tiers inférieur du vagin ♦ IIA: extension vaginale sans atteinte des paramètres ♦ IIB: extension vaginale avec atteinte d’au moins un des paramètres Stade III : cancer étendu à la paroi pelvienne et/ou au tiers inférieur du vagin et/ou responsable d’une hydronéphrose ou d’un rein muet ♦ IIIA: cancer étendu au tiers inférieur du vagin sans atteinte des parois pelviennes ♦ IIIB: cancer étendu aux parois pelviennes et/ou responsable d’une hydronéphrose ou d’un rein muet Stade IV : invasion de la vessie, du rectum et au-delà de la cavité pelvienne ♦ IVA: extension à la muqueuse de la vésicale et/ou à la muqueuse rectale ♦ IVB: métastases à distance (cavité péritonéale, foie, poumons et autres) 84 Annexe 2 : Classification de Piver Rutledge Smith, 1974 (56). 85 Annexe 3 : Classification de Querleu et Morrow (57) Type A : Hystérectomie extra-fasciale -Résection du tissu paracervical au niveau des culs de sac vaginaux -Pas d’urétérolyse -Absence de résection du paramètre -Plexus hypogastrique inférieur conservé Type B : Hystérectomie radicale modifiée -Urétérolyse para-cervicale -Résection du partielle du paramètre antérieur -Résection du paramètre latéral sur 1 à 1,5 cm -Résection du paramètre dorsal sur 1 à 2 cm -Plexus hypogastrique inférieur conservé Type C : Hystérectomie radicale C1 : Conservation des branches principales du plexus hypogastrique inférieur C2 : Absence de conservation nerveuse -Section du paracervix au niveau de la paroi pelvienne (bifurcation hypogastrique) -Urétérolyse complète pour C2 jusqu’à la paroi vésicale (C1 : dissection partielle du paramètre antérieur) Type D : Résection ultra radicale -Idem C2 mais résection plus latérale du paramètre latéral : résection du paracervix, des vaisseaux hypogastriques et de leurs branches (glutéale, pudendale interne, obturatrice) 86 Annexe 4 : Classification de Chassagne (1993) (61) 87 BIBLIOGRAPHIE 1. 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La chirurgie de clôture est controversée à cause de son bénéfice non démontré et de sa morbidité. Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer la morbidité de l’hystérectomie de clôture, la pertinence de l’IRM pour la détection d’un résidu tumoral et la survie. Patientes et méthodes : Cette étude rétrospective multicentrique a inclus, entre 2006 et 2012, 159 patientes ayant eu un cancer du col localement avancé traité par RCC et chirurgie de clôture. Une IRM pelvienne était réalisée après la RCC. L’étude a porté sur les complications, les résultats de l’IRM et l’analyse anatomopathologique, la survie. Résultats : L’hystérectomie de clôture était élargie dans 67,9% des cas. Un résidu histologique était présent chez 45,3% des patientes. Il n’y a eu aucun décès suite à la chirurgie. Seize patientes ont eu une complication de grade ≥ 2 selon la classification de Chassagne (10,1%). Huit patientes (5,0%) ont eu une fistule urinaire. Un délai de plus de 8 semaines entre la fin de la RCC et la chirurgie était corrélé à une réduction du taux de complications (p=0,009). Le taux de faux positifs à l’IRM était de 29,2% et le taux de faux négatifs de 11,1%. La survie globale (SG) à 1 et 5 ans était respectivement de 93% (IC 95% [88,9%-97,3%]) et 76,5% (IC 95% [68,2%-85,7]). La SSR était réduite en cas de résidu tumoral de plus de 10 mm (HR=4,84 ; p=0,03). Conclusion: Notre étude montre un taux de complications relativement faible de l’hystérectomie de clôture. La détection d’un résidu doit être améliorée et une étude prospective comparant la chirurgie de clôture avec l’abstention est nécessaire pour évaluer le bénéfice de celle-ci en termes de survie. MOTS-CLES : - Tumeurs du col de l’utérus / Uterine Cervical neoplasms - Chimioradiothérapie / Chemoradiotherapy - Hystérectomie / Hysterectomy - Morbidité / Morbidity - Survie / Survival ADRESSE DE LA FACULTÉ DE MEDECINE DE CRÉTEIL : 8, Rue du Général Sarrail - 94010 CRETEIL 100