Préface
La Transition écologique que nous suscitons et accompagnons suppose une transformation majeure, non seulement
dans nos modes de production, mais aussi dans nos modes de consommation. Faire évoluer les premiers suppose
l’évolution des seconds. En effet, la demande structure l’offre, au moins autant que l’offre génère la demande,
selon un processus d’interaction permanente. Au-delà des avancées technologiques accomplies et de celles qui ne
manqueront pas de survenir, la société dans son ensemble a pris conscience qu’une mutation des comportements
de tous est indispensable. Or cette évolution, qui se doit d’être à la fois profonde et rapide, rencontre de nombreux
obstacles, parmi lesquels on compte l’importance de nos modes de vie comme éléments constitutifs de nos
identités sociales, culturelles, familiales et individuelles. Il est d’autant plus nécessaire que les politiques publiques
soutiennent les changements les plus pertinents et les accompagnent sans heurter nos concitoyens, qui sont prêts à
changer, pourvu qu’on leur fasse percevoir l’utilité de ces changements pour eux-mêmes et pour les générations
suivantes.
Mieux connaître l’architecture de nos choix en matière de mode de vie, discerner les points d’achoppement et les
freins aux changements et identifier les leviers pour convaincre et agir avec pédagogie et efficacité, sont ainsi les
conditions à remplir pour définir à cet égard les meilleures politiques publiques au service du développement
durable et de la transition écologique. Si les pouvoirs publics disposent de longue date de moyens d’agir sur la
production (lois, normes, labels, fiscalité, etc.), ils sont plus démunis lorsqu’il s’agit de faire évoluer les
comportements, a fortiori pour les modes de consommation, que nous sommes appelés à faire évoluer assez
profondément dans une perspective à moyen terme, sans pour autant imposer par la contrainte une modification
du rapport à la consommation, qui est une des manifestations de nos libertés individuelles, qu’il s’agisse
d’alimentation, de déplacement, de logement, etc.
Depuis quelques années, certains consommateurs modifient d’ailleurs de leur propre initiative leur façon de
consommer et leur comportement, en se transformant en « consomm’acteurs », pour rendre leur mode de vie plus
cohérent avec leurs convictions environnementales ou sociales. D’autres préservent leur pouvoir d’achat en
vendant, en louant, en échangeant ou en partageant des biens, voire des services, sur un marché de l’occasion
revivifié par l’usage d’internet. Des initiatives citoyennes apparaissent dans tous les domaines du quotidien et
semblent combiner, aux yeux de ceux qui les préconisent et les pratiquent concrètement, des bénéfices
économiques, sociaux et environnementaux, dans une sorte d’économie circulaire « spontanée »...
Porté par la service de la recherche au sein du CGDD, le programme de recherche MOVIDA mobilise des équipes
scientifiques pluridisciplinaires sur tous ces sujets, afin d’éclairer les décideurs publics, en explorant les
comportements et les modes vie sous l’angle de leur soutenabilité, au double sens de leur caractère supportable
pour les individus et les groupes au sein de la Cité, et de leur contribution à une société plus durable.
Lors de la première phase du programme (2011-2013), cinq notes de veille scientifique ont été rédigées par le
Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), qui était alors en charge de