La nouvelle crise a ceci de particulier qu'elle diffère à beaucoup d'égards de la
crise précédente, et cela non pas dans le bon, mais dans le mauvais sens.
Premièrement, la nouvelle crise a commencé non pas après une période de
prospérité industrielle, comme ce fut le cas en 1929, mais après une dépression
suivie d'une certaine reprise qui ne s'était cependant pas transformés en
prospérité. Cela signifie que la crise actuelle sera plus pénible, et qu'il sera plus
difficile de la combattra que la crise précédente.
Ensuite, la crise actuelle n'a pas éclaté en temps de paix, mais dans une période
où la deuxième guerre impérialiste a déjà commencé ; où le Japon, qui en est à
sa deuxième année de guerre avec la Chine, désorganise l'immense marché
chinois et le rend presque inaccessible aux marchandises des autres pays; où
l'Italie et l'Allemagne ont déjà engagé leur économie nationale dans la voie de
l'économie de guerre, engloutissant à cet effet leurs réserves de matières
premières et de devises-or ; où toutes les autres grandes puissances capitalistes
commencent à se réorganiser sur le pied de guerre.
Cela signifie que pour sortir normalement de la crise actuelle, le capitalisme
aura beaucoup moins de ressources que pendant la crise précédente.
Enfin, à la différence de la crise précédente, la crise actuelle n'est pas une crise
générale; pour l'instant elle frappe surtout les pays forts au point de vue
économique et qui ne se sont pas encore engagés dans la voie de l'économie de
guerre. En ce qui concerne les pays agresseurs tels que le Japon, l'Allemagne et
l'Italie, dont l'économie se trouve déjà sur le pied de guerre, ces pays, du fait
même qu'ils intensifient leur industrie de guerre, ne connaissent pas encore la
crise de surproduction dont ils approchent cependant. Cela signifie que, au
moment où les pays économiquement forts et non agresseurs commenceront à
se tirer de la crise, les pays agresseurs ayant épuisé dans leur fièvre guerrière
leurs réserves d'or et de matières premières, entreront dans une période de crise
atroce.
La preuve concrète nous en est fournie par les données relatives à l'état des
réserves d'or recensées dans les pays capitalistes.