
CURRICULUM Forum Med Suisse 2008;8(49):952–956 955
nez et l’expiration lentement avec frein labial ou
par le nez également [21].
Les bêtabloquants cardiosélectifs sont clairement
contre-indiqués chez les asthmatiques sympto-
matiques. En cas d’intolérance aux analgésiques,
l’AAS et les AINS peuvent provoquer des exacer-
bations aiguës sans que le patient ne soit conscient
de cette relation. L’intolérance aux analgésiques
est la plupart du temps un phénomène de l’asthme
intrinsèque. Chez les patients qui en souffrent,
30% seulement ont une disposition atopique [22].
Ce pourcentage est exactement le même que celui
des atopiques dans la population générale. Il faut
donc penser à une intolérance aux analgésiques
chez tous les asthmatiques présentant une com-
posante de l’asthme indépendante des allergènes
dans le sens d’une chronicisation, ou s’il s’agit
d’un asthme intrinsèque.
Les voies respiratoires hautes et basses ne doi-
vent pas être prises isolément. Nous parlons
aujourd’hui d’united airways [23]. De très nom-
breuses études ont pu montrer que le seul traite-
ment de la rhinite allergique par TS diminue
déjà la BHR d’un asthme aux pollens parallèle
[24]. La rhinite et la sinusite sont des phéno-
mènes fréquents qu’il faut rechercher dans
l’asthme. Il vaut la peine d’essayer un traitement
qui peut donner la chance d’améliorer le contrôle
de l’asthme.
Les patients souffrant de maladies chroniques
telles que le diabète et l’asthme profitent d’un en-
seignement thérapeutique, c.-à-d. apprennent la
physiopathologie de leurs symptômes, comment
agissent les médicaments et comment les pren-
dre correctement. Si un patient semble disposé à
le faire, il faut lui enseigner l’autocontrôle de son
asthme, tout comme pour le diabète, pour qu’il
puisse rapidement reconnaître une exacerba-
tion, et réagir lui-même [25]. La Ligue pulmo-
naire suisse propose depuis peu de tels cours
dans tout le pays. L’un des éléments de l’auto-
contrôle est un plan d’action format chéquier.
Avec ce plan écrit, le patient a toujours des ins-
tructions claires à portée de main sur la manière
de réagir à une accentuation de ses symptômes
d’asthme ou à une baisse de son peak-flow. Si le
plan d’action contre l’asthme se base sur un mo-
nitoring du peak-flow, il faut connaître la meil-
leure valeur individuelle à laquelle le patient doit
se référer. L’absence de tout plan d’action s’est
avérée être l’un des facteurs pour lesquels des
exacerbations quasi mortelles se produisent.
Remerciements
Le Dr Christian Buol, Spécialiste FMH en Méde-
cine générale, Davos, a eu la gentillesse de lire cet
article pour en apprécier l’adéquation pratique.
Un traitement par l’omalizumab, anticorps re-
combinant contre les IgE circulantes, est beau-
coup plus prometteur [16]. Il s’agit d’un anticorps
anti-IgE murin monoclonal humanisé. Le traite-
ment par omalizumab s’est avéré très efficace
chez des patients ayant une actualité clinique de
leurs sensibilisations, des IgE totales augmentées
et dans le syndrome allergique alimentaire de
type oral allergy syndrome. Mais ce médicament
n’est admis que pour l’asthme pérenne grave
avec des IgE totales à 700 UI au maximum. Dans
ce segment, la probabilité est plutôt plus faible
que, malgré les mesures de carence allergénique
et un traitement adéquat, les symptômes asth-
matiques résultant d’une réaction médiatisée par
les IgE. Le prix élevé de ce traitement anti-IgE est
lui aussi limitant. L’indication doit être posée par
un spécialiste pneumologue ou allergologue.
En plus des médicaments antiasthmatiques
conventionnels et des biologiques modernes, il y a
des stratégies toutes simples visant à améliorer le
contrôle de l’asthme. Rappelons ici l’élimination
des facteurs de complication de l’asthme. Jusqu’à
25% des asthmatiques sont fumeurs, ou enfants de
parents fumeurs et exposés à la fumée passive. La
fumée passive multiplie par 3 le risque d’exacer-
bations [17]. Il a en outre pu être démontré que
l’effet des TS est moins bon chez les asthmatiques
fumeurs [18]. Les asthmatiques doivent être mis
en garde contre la fumée. Chez les enfants, il faut
faire une enquête sur la fumée à domicile.
Dans les années 1960, l’asthme a été traité comme
l’un des tableaux cliniques des holy seven de la
médecine psychosomatique. Le psychisme n’est
actuellement plus considéré comme une étiologie
de l’asthme. Mais il est indiscutable que des fac-
teurs de stress psychique peuvent moduler l’évo-
lution de la maladie. Des facteurs psychiques ont
souvent aussi une influence sur la compliance des
patients à leur traitement. Une étude hollandaise
a tenté par de nombreux moyens de savoir pour-
quoi certains asthmatiques sont réfractaires à leur
traitement et conclu que les problèmes psychoso-
ciaux étaient l’un des cinq facteurs étiologiques les
plus fréquents [19]. Un diagnostic différentiel
important de l’asthme aigu est l’hyperventilation
(respiration dysfonctionnelle). Du fait que lors de
graves crises les asthmatiques vivent des situa-
tions potentiellement fatales, anxiogènes, ils ont
plus fréquemment une respiration dysfonction-
nelle. L’hyperventilation a été au premier plan
en Angleterre chez un tiers des femmes et un
cinquième des hommes ayant un diagnostic
d’asthme et consultant leur médecin traitant pour
une dyspnée aiguë [20]. Il est donc important de
rechercher des facteurs de stress psychosocial
chez tous les patients ayant un asthme réfractaire
à leur traitement, et de mettre en route une
thérapie adéquate le cas échéant. Il ne faut pas
passer à côté d’une respiration dysfonctionnelle
et apprendre aux patients les techniques respi -
ratoires ad hoc. L’inspiration doit se faire par le Vous trouverez la liste complète et numérotée des
références sous: www.medicalforum.ch
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