TRAITEMENT DE LA MPOC

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TRAITEMENT DE LA MPOC
Présenté par :
Gilles Côté, M.D.
Département clinique de médecine générale
Avril 2001
TRAITEMENT DE LA MPOC
I-
INTERPRÉTATION
RESPIRATOIRE
TESTS
DE
FONCTION
Stade zéro
À risque
Spirométrie normale
Symptômes chroniques : toux et
expectorations
Stade 1
Maladie légère
VEMS/CVF < 70 %
VEMS > 80 % de la prédite
Symptômes chroniques : toux
expectorations, dyspnée
Stade II
Maladie modérée
VEMS/CVF< 70 %
VEMS> 30 % et < 80 % de la
prédite, avec ou sans
symptômes
Stade III
Maladie sévère
VEMS/CVF< 70 %
VEMS< 30 % de la prédite
Avec ou sans symptômes ou
VEMS < 50 % avec insuffisance
respiratoire ou insuffisance
cardiaque droite
III-
ASTHME
Débute plus tôt en général
Symptômes variables
Associé aux allergies,
rhinite ou eczéma
Dyspnée après l’exercice
Limitation du débit d’air
réversible
N.B. :
V-
DES
VS
MPOC
®
®
®
se développe plus tard
lentement progressif
associé avec une longue
®
dyspnée durant l’exercice
®
histoire de tabagisme
limitation du débit
d’air en bonne partie
irréversible
Il s’agit de critères généraux, les deux maladies peuvent
coexister chez certains patients
II- PRISE EN CHARGE
a) Traitement non pharmacologique
§ Vaccination antigrippale et antipneumocoque
§ Encourager l’arrêt du tabac
§ Activités physiques (programme de
réadaptation)
§ Oxygène si hypoxémie
§ Évaluation de l’état nutritionnel (diététiste)
b) Considérer référence en spécialité
§
Dyspnée disproportionnée par rapport au
VEMS sous traitement optimal
§
Mauvaise réponse au traitement
§
VEMS < 30 % (stade III)
§
Préciser l’indication et suivi de
l’oxygénothérapie à domicile
§
Visites à l’urgence ou hospitalisations
fréquentes
IV- INDICATION D’OXYGÉNOTHÉRAPIE À LONG TERME
L’oxygénothérapie à long terme est indiquée chez les
sujets avec MPOC lorsque à trois mois d’un épisode aigu
et sous réserve d’une prise en charge thérapeutique
optimale, la mesure des gaz du sang artériel en air
ambiant a montré :
soit une PaO2 # 55 mmHg
ou soit une PaO2 comprise entre 56 et 59 mmHg,
associée à un ou plusieurs des éléments suivants :
§ Polyglobulie (hématocrite > 55 %)
§ Signes cliniques, échographiques ou
scintigraphiques de cœur pulmonaire chronique.
TRAITEMENT LORS DES EXACERBATONS LÉGÈRES
VI- TRAITEMENT À L’URGENCE
a)
1. Évaluation de la sévérité (voir verso)
2. Oxygène : niveau à réévaluer aux 30 minutes, selon
le gaz et/ou la saturation
3. Bronchodilatateurs
§
Augmentation de la dose et/ou de la fréquence
§
Association des B2 et des anticholinergiques
§
Utilisation des tubes d’espacement ou de la
nébulisation
4. Corticostéroïdes oraux ou intraveineux
5. Antibiotiques : oraux, si signes d’infection bactérienne
ou à l’occasion, intraveineux
6. Aminophylline I.V. à considérer
7. Ventilation mécanique à considérer
8. Identifier et traiter les conditions associées
Optimisation du traitement bronchodilatateur
b) Antibiothérapie si deux critères d’Anthonisen
§ Augmentation de la dyspnée
§ Augmentation de la quantité des sécrétions
§ Augmentation de la purulence des sécrétions
c) Stéroïdes oraux : accélèrent la récupération et
diminuent le nombre d’échecs et de rechutes
chez les patients avec maladie modérée à sévère.
Dose 0,5 mg/kg – maximum 50 mg/jour pour 10 à
14 jours.
Adapté de Global strategy for the diagnosis, management and prevention of chronic obstructive pulmonary disease.
http://www.golddopa.com/guidelines/intro.html
Gilles Côté, médecin et Nicole Hemond, infirmière
Direction de la santé publique du Bas Saint-Laurent – Février 2001
3
TRAITEMENT DES EXACERBATIONS SÉVÈRES DE LA MPOC
I-
ÉVALUATION DE LA SÉVÉRITÉ
II- ADMISSION HOSPITALIÈRE
a) Histoire médicale :
§ Durée de l’aggravation ou de l’apparition des
nouveaux symptômes
§ Nombre d’épisodes précédents
(exacerbation/hospitalisation)
§ Traitement actuel
§ Besoin de stéroïdes dans le passé
§ Épisodes de soins intensifs ou d’intubation
b) Examen physique (signe de sévérité)
§ Utilisation des muscles respiratoires accessoires
§ Mouvements paradoxaux de la paroi abdominale
§ Apparition ou aggravation de la cyanose
§ Apparition d’un œdème périphérique
§ Instabilité hémodynamique
§ Signes de défaillance cardiaque droite
c) Examens
§ Rayons X pulmonaire
§ ECG
§ Test de fonction pulmonaire antérieur
(comparaison au test actuel si faisable)
§ Gaz artériel actuel ou antérieur
§ Formule sanguine et biochimie
§ Culture des expectorations, si nécessaire
a) Facteurs à considérer
§ Symptômes sévères
§ Augmentation arquée des symptômes : ex. :
apparition de dyspnée au repos
§ MPOC sévère
§ Signes physiques nouveaux : cyanose,
œdème périphérique
§ Échec du traitement initial
§ Comorbidité significative
§ Arythmie nouvelle
§ Diagnostic incertain
§ Âge avancé
§ Insuffisance de support à la maison
III- ASSITANCE RESPIRATOIRE NON INVASIVE (BPAP
OU CPAP)
IV- VENTILATION MÉCANIQUE INVASIVE (UN
CRITÈRE)
Critères d’inclusion (au moins deux critères
présents) :
§ Dyspnée modérée à sévère avec utilisation des
muscles accessoires et mouvements paradoxaux
de la paroi abdominale.
§ Acidose modérée à sévère (pH 7,30 à 7,35) et
hypercapnie PaCO2 >45-60 mmHg
§ Fréquence respiratoire > 25 par minute
Critères d’exclusion
§ Arrêt respiratoire
§ Instabilité cardiorespiratoire (hypotension,
arythmie, infarctus)
§ Somnolence, confusion, patient non coopératif
§ Risque d’aspiration élevé, sécrétions visqueuses
abondantes
§ Chirurgie faciale ou gastro-oesophagienne récente
§ Trauma cranio-facial, anomalie cranio-pharyngée
fixe
§ Brûlures
§ Obésité extrême
b) Indication de soins intensifs
§ Dyspnée sévère ne répondant pas
adéquatement au traitement initial
§ Confusion, léthargie, coma
§ Hypoxémie persistante ou s’aggravant
(<50 mmHg), en dépit de la supplémentation
en oxygène et/ou hypercapnie sévère ou
s’aggravant>70 mmHg) et/ou acidose
respiratoire sévère ou s’aggravant
(pH <7,30)
§
§
§
§
§
§
§
§
§
Dyspnée sévère avec utilisation des
muscles accessoire et mouvements
paradoxaux de la paroi abdominale
Fréquence respiratoire > 35 par min
Hypoxémie sévère PO2 < 40 mmHg ou
PaO2/FiO2 < 200
Acidose sévère pH < 7,25 et hypercapnée
(PaCO2 > 60 mmHg)
Arrêt respiratoire
Somnolence, confusion
Complications cardiovasculaires :
hypotension, choc, insuffisance cardiaque
Autres complications (septicémie,
pneumonie, barotrauma, embolie
pulmonaire, effusion pleurale massive,
troubles métaboliques).
Échec de la ventilation non invasive (ou
critères d’exclusion)
4
V- CRITÈRES DE CONGÉ
§
§
§
§
§
§
§
§
Bêta agoniste non nécessaire plus de q 4 h
Se déplace sans aide (si apte dans le passé)
Capable de manger, dort sans éveil fréquent
par la dyspnée
Cliniquement stable depuis 12 à 24 h
Gaz artériel stable pour 12 à 24 h
Le patient ou la personne en ayant soin
comprend l’utilisation de ses médicaments
Le suivi et les soins à domicile ont été
organisés
Le patient, la famille et les médecins sont
confiants qu’il peut être traité avec succès en
externe.
VI- VISITE DE SUIVI
(dans les semaines suivant le congé)
§
§
§
§
§
Aptitude à fonctionner dans son
environnement
Mesure du VEMS
Vérification de la technique d’utilisation
des pompes
Compréhension du programme de
traitement
Évaluation du besoin en oxygénothérapie et /ou de nébulisateur à la
maison (MPOC sévère)
5
MPOC : PRINCIPES D’ÉDUCATION ET DE TRAITEMENT
I-
OBJECTIFS
§
§
§
§
II-
§
§
§
§
Améliorer la tolérance à l’exercice
Améliorer l’état général du patient
Procurer un soutien au patient et à sa famille
Éviter la mortalité
FACTEURS DÉTERMINANT LA SÉVÉRITÉ DE LA MALADIE
§
§
§
§
III-
Prévenir la progression de la maladie
Soulager les symptômes
Prévenir et traiter les exacerbations
Prévenir et traiter les complications
La sévérité des symptômes
La sévérité de l’incapacité respiratoire
La fréquence et la sévérité des exacerbations
La présence d’une ou de plusieurs complications
§
§
§
§
La présence d’insuffisance respiratoire
La présence de facteurs de comorbidité
L’état général de santé
La quantité de médicaments nécessaires au
traitement de la maladie
TRAITEMENT NON PHARMACOLOGIQUE
L’arrêt tabagique est l’élément le plus important pour prévenir l’aggravation de la maladie.
a)
Réhabilitation :
Les objectifs sont de réduire les symptômes, d’améliorer la qualité de vie et d’augmenter la capacité dans
les AVQ. La motivation est un facteur très important. Dans les grands centres, il existe des centres
spécialisés pour les MPOC. Dans nos milieux, en général, on recommandera un programme d’exercices
individuel comprenant une activité aérobique (marche, tapis roulant, bicyclette) d’une durée d’au moins 20
minutes et limitée en intensité par les symptômes, avec une fréquence d’au moins 3 fois par semaine. Un
programme de musculation léger peut contribuer à accroître la capacité dans la vie quotidienne (monter
des escaliers, porter des sacs).
b)
Nutrition :
Dans les formes légères, les recommandations sont les mêmes que pour la population en général. Dans
les maladies sévères, stade 2 et 3, au moins 25 % des patients montrent une perte de masse maigre
importante (cachexie). C’est un facteur de très mauvais pronostic. Chez ces patients, on doit corriger le
déficit calorique. Souvent la dyspnée l’obligera à prendre plusieurs petits repas plutôt que des repas
importants.
c)
Oxygène :
Il existe des critères bien précis pour l’oxygénothérapie à domicile (voir feuille plastifiée). Pour améliorer la
survie, elle doit être utilisée au moins 15 heures par jour. En raison des dangers d’accidents, le patient doit
avoir cessé de fumer.
d)
Vaccination : influenza, pneumocoque
IV-
STRATÉGIES POUR AMÉLIORER L’OBSERVANCE THÉRAPEUTIQUE
§ Réduire la complexité du traitement : diminuer la
fréquence et le nombre de médicaments en
particulier chez le patient âgé
§ Ajuster la prise des médicaments à la routine du
patient
§ Utiliser des moyens de renforcement ou de rappel
§ Utiliser le support des aidants naturels
§ Démontrer de la compréhension devant la
difficulté de chacun à prendre une médication
à long terme
§ Impliquer le patient dans son plan de
traitement
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V- THÈMES DE L’ÉDUCATION SELON LA SÉVÉRITÉ DE LA MALADIE
À risque : stade 0 de la maladie
§ Information et conseils pour éviter les facteurs de risque (dont le tabac).
Maladie légère à modérée : stade 1 et 2 de la maladie
§ Information et conseils pour éviter les facteurs de risque
§ Information sur la nature de la MPOC
§ Instruction sur l’utilisation des inhalateurs
§ Reconnaissance et traitement des exacerbations
§ Stratégie pour diminuer la dyspnée
Maladie sévère : stade 3 de la maladie
§ Ajouter aux précédents thèmes
§ Des informations sur les complications
§ Des informations sur l’oxygénothérapie
§ Discussion sur les soins de fin de vie
N.B. - L’éducation est plus efficace lorsque interactive et donnée lors de courts ateliers. Elle doit
être conçue pour améliorer à la fois les connaissances et les habiletés.
VI- TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE
Il vise à prévenir et à contrôler les symptômes, à réduire la fréquence et la sévérité des exacerbations, à
améliorer la santé globale et la tolérance à l’effort. Malheureusement, il n’empêche pas la détérioration
progressive de la maladie.
a) Principes d’utilisation :
§ Augmentation par étapes en fonction de la sévérité de la maladie
§ Ajustement individuel selon les symptômes, la fréquence des exacerbations, les complications et
les maladies concomitantes
b) Bronchodilatateurs (B2 agonistes et anticholinergiques) :
§ Améliore la tolérance à l’effort, les 2 classes peuvent être choisies selon la préférence du patient
§ Augmente temporairement le VEMS : les changements lors du test ne prédisent pas la réponse à
long terme
§ Peuvent être donnés au besoin ou régulièrement, seuls ou en association
§ Dans les formes sévères de MPOC en plus du traitement régulier, le patient utilisera un produit à
courte action au besoin
§ Les formes à longue action sont préférables
§ Les théophyllines à libération lente peuvent être données comme traitement associé dans les
maladies sévères
§ Les nébulisateurs humides sont plus coûteux et nécessitent un entretien, ils ne sont pas
recommandés dans la plupart des cas
c) Glucocorticoïdes oraux :
§ Leurs effets sont beaucoup moins dramatiques que dans l’asthme
§ Un traitement à court terme est un pauvre prédicteur de la réponse à long terme
§ Un des effets secondaires important à long terme, est la myopathie stéroïdienne (faiblesse
musculaire) qui peut contribuer à détériorer davantage l’insuffisance respiratoire, les stéroïdes
systémiques doivent donc être évités à long terme
§ Par contre, lors des exacerbations, un traitement de 10 à 14 jours accélère l’amélioration et
diminue les échecs au traitement. La posologie suggérée est 0,5 mg/kg (maximum 50 mg id)
d) Stéroïdes en inhalation
§ Peuvent être donnés chez le MPOC modéré à sévère en particulier s’ils ont des exacerbations
fréquentes.
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PHARMACOTHÉRAPIE DE LA MPOC
Symptômes
(gravité progressive)
Classe médicamenteuse Médicament générique
(marque)
Nil
Intermittents
exercice)
Réguliers
Dose quotidienne
habituelle*
Nil
(effort
et Bêta-2 agonistes inhalation à Au choix
courte durée d’action
Anticholinergiques
Nil
PRN
Ipratropium (Atrovent®)
20 µg/inhalation
2 à 4 inhalations
tid-qid
Salbutamol (Ventolin®)
100 µg/inhalation
OU
Fénotérol (Berotec®)
100 µg/inhalation
OU
Terbutaline (Bricanyl®)
0,5 mg/inhalation
OU
Salbutamol (Airomir®)
100 µg/inhalation
2 à 4 inhalations
tid-qid, prn
OU
Traitement d’association
Ipratopium 20 µg
+
Salbutamol 100 µg
(Combivent®)
2 à 4 inhalations tid-qid
OU
Bêta-2 agonistes en
inhalation à longue durée
d’action
(Ne pas utiliser plus de deux
fois par jour. Ne pas utiliser
comme médicaments de
secours)
Formotérol (Foradil
Aerolizer®)
12µg/inhalation
OU
Formotérol (Oxeze®
Turbuhaler)
6 ou 12 µg/inhalation
OU
Salmeterol (Serevent® Ad)
25 µg/inhalation
OU
Salmeterol (Serevent®
Diskhaler ou Diskus)
50 µg/inhalation
1 inhalation bid
+
Béta-2 agonistes en
inhalation à courte durée
d’action
2 à 4 inhalations
tid-qid, prn
2 à 4 inhalations
tid, prn
2 à 4 inhalations
tid-qid, prn
1 inhalation bid
2 inhalations bid
1 inhalation bid
8
Symptômes plus graves la nuit et Théophylline
à
action
tôt le matin
prolongée (Ajuster la dose
(Théophylline à considérer)
pour obtenir un dosage
sérique de 55 à 85 µmol/L
Si le patient demeure asymptomatique et limité dans ses
activités malgré l’administration
d’un traitement bronchodilatateur
optimal ou chez un patient avec
une MPOC modérée à sévère
ayant
des
exacerbations
répétées.
Théophylline (Théo-Dur®) 100,
200, 300, 450 mg
OU
Théophylline (Theolair-SR®)
250, 300 mg
En général, 200 à 300 mg OU
Théophylline (Slow-Bid®)
bid
50, 100, 200, 300 mg
OU
Théophylline (Uniphyl®)
400, 600 mg
bid
Corticostéroïde inhalé
(Tout tenter pour utiliser
ceux-ci plutôt que les
stéroïdes oraux, et ce, pour
minimiser
les
effets
indésirables)
Fluticasone (Flovent® AD)
25, 50, 125, 250 µg/inhalation
100 à 500 µg bid
maximum 2 000 µg/j
Fluticasone (Flovent® Diskus)
100 à 500 µg bid
maximum 2 000 µg/j
Traitement d’association
50, 100, 250, 500 µg/inhalation
Budésonide (Pulmicort®)
Turbuhaler)
100-200-400 µg
bid
1 comprimé 1 heure
après le souper
200 à 400 µg bid
maximum 2 400 µg/j
Fluticasone avec Salmétérol
(100, 200 et 500 µg)
bid
50 µg
100 à 500 µg bid
maximum 2 000 µg/j
(Advair®)
AD = aérosol-doseur
Adapté de « Lignes directrices pour le traitement de la maladie pulmonaire obstructive chronique édition 1998 »
*
Peut être supérieure aux doses maximales indiquées dans le Compendium des produits et spécialités
pharmaceutiques (CPS). Consulter la monographie de chaque produit pour obtenir le guide thérapeutique
complet.
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