Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations Par Jean Christian Boileau Simon Corriveau-Durand Laurent Grondines Antoine Lamoureux-Auclair et Sami Morin-Ben Abdallah e (Étudiants en 3 année de médecine, Université de Sherbrooke) En collaboration avec Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche au CSSS-IUGS Sous la supervision de Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice de l’équipe de projets à la Direction de la coordination et des affaires académiques, CSSS-IUGS et professeure associée au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke 28 janvier 2011 Rédaction Jean Christian Boileau, étudiant, Université de Sherbrooke Simon Corriveau-Durand, étudiant, Université de Sherbrooke Laurent Grondines, étudiant, Université de Sherbrooke Antoine Lamoureux-Auclair, étudiant, Université de Sherbrooke Sami Morin-Ben Abdallah, étudiant, Université de Sherbrooke Collaboration Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche, Direction de la coordination et des affaires académiques (DCAA) Sous la supervision Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice de l’équipe de projets (DCAA) Révision Révision linguistique Lucie Roy, agente administrative, DCAA Mise en pages pages Sarah Archambault, technicienne en administration, DCAA Le CSSS-IUGS est un centre affilié universitaire (CAU) du secteur social et un institut universitaire de gériatrie (secteur santé) Vous pouvez obtenir ce document à l’adresse suivante. Guichet de la DCAA Centre de santé et de services sociaux Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke Direction de la coordination et des affaires académiques 500, rue Murray, bureau 100 Sherbrooke (Québec) J1G 2K6 819 780-2220, poste 47200 [email protected] Ce document est disponible à la section documentation et médias, médias sous la rubrique publications du site Web du Centre de santé et de services sociaux Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke dont l’adresse est : www.cssswww.csss-iugs.ca Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011 Bibliothèque et Archives du Canada, 2011 ISBN : 978-2-923738-48-2 P:\DCAA\Documents officiels\Publications\2011-2012\Rapport des coroners _ janvier 2011\Analyse des rapports des coroners _juillet 2011.doc La reproduction des textes est autorisée et même encouragée, pourvu que la source soit mentionnée. © Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, 2011 TABLE DES MATIERES 1. RÉSUMÉ ...........................................................................................................................................................7 2. INTRODUCTION .............................................................................................................................................9 3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ................................................................................................................. 13 4. MÉTHODOLOGIE......................................................................................................................................... 15 5. RÉSULTATS ET DISCUSSION SUR LE PROFIL .............................................................................................17 6. RECOMMANDATIONS................................................................................................................................. 25 7. CONCLUSION ............................................................................................................................................... 35 8. RÉFÉRENCES .................................................................................................................................................37 Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction ............................................................................... 41 Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale ........................................................................................... 45 Annexe 3 : Grille Finale ......................................................................................................................................... 49 Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse ......................................................................................................... 55 Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations v 1. RÉSUMÉ Introduction : Phénomène préoccupant en santé publique, le suicide sévit toujours significativement au Québec. Bien que les taux soient en diminution à l’échelle provinciale, ce fléau continue de faucher plus de trois vies chaque jour et reste une des causes principales de décès chez les jeunes. Objectifs : Notre recherche tente tout d’abord de dresser un portrait de la personne vulnérable au suicide dans la région de l’Estrie, et ce, à partir de l’analyse des rapports des coroners des décès par suicide. Cette recherche vise aussi, à la suite de cette analyse, à formuler des recommandations, à l’intention des acteurs en santé et services sociaux, en vue d’optimiser le repérage et le suivi des personnes vulnérables au suicide. Méthode : Une grille d’analyse a été élaborée à partir d’une analyse qualitative de contenu de la littérature sur le suicide. Deux cent soixante-dix-sept rapports de coroners des décès par suicide survenus entre 2005 et 2009 ont été analysés. Le profil type et les recommandations ont été dégagés des données compilées. Résultats : Selon l’étude, les personnes qui se sont suicidées présentaient surtout les facteurs associés au suicide suivants : les troubles amoureux, l’hétéro-agressivité chez les jeunes, le deuil chez les personnes âgées, l’impulsivité, la présence d’idéations suicidaires ou une histoire de tentatives, les troubles de santé mentale, les maladies chroniques sévères, les problèmes d’abus ou de dépendance ainsi que l’isolement social. Conclusion : Vingt et une recommandations à l’intention des intervenants en santé et services sociaux, des gestionnaires et des coroners ont été proposées. Cette étude sert de projet pilote en prélude à une série d’études de profil de personnes suicidaires qui se feront dans chacune des régions du Québec. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 7 2. INTRODUCTION Problématique À l’heure actuelle, le suicide représente un problème de santé publique d’envergure internationale : il a été estimé qu’environ 1 million de décès par suicide surviennent chaque année à travers la planète [31]. Les impacts collatéraux sont notoires : le suicide affecte environ six personnes dans l’entourage des individus commettant une tentative. Qui plus est, la situation du suicide au niveau du Québec est aussi des plus préoccupantes. En effet, en consultant les plus récentes statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), il est aisé de constater qu’en 2008, quelque 1 103 décès par suicide ont été enregistrés sur le territoire québécois, parmi lesquels 842 hommes et 260 femmes. Pour la période 2005-2007, le suicide représentait 2,1 % de l’ensemble des décès de la population québécoise [16], proportion évaluée à 3,3 % chez les hommes et à 1 % chez les femmes. Néanmoins, à première vue, les récentes tendances suggèrent une nette diminution du taux de suicide au sein de la population québécoise depuis 1999 où 1 620 décès avaient été recensés. Au cours des 10 dernières années (1999-2008), le taux ajusté de suicide a diminué en moyenne de près de 4 % par année [16]. Certes, il s’agit d’une amélioration significative comparativement aux chiffres enregistrés au cours des années 1981-1999 qui témoigne probablement des efforts en prévention du suicide déployés par les divers intervenants et les gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux au cours des dernières années. En revanche, les améliorations encourageantes illustrées par ces statistiques ne doivent pas masquer l’existence de certaines réalités préoccupantes : comparativement aux autres provinces, le Québec détient toujours le plus haut taux de suicide au Canada [30]. e À l’échelle mondiale, le Québec se situait au 5 rang mondial en ce qui a trait au taux de mortalité par suicide chez les hommes en 2006 [16]. D’ailleurs, entre 2006-2008, trois suicides sur quatre sont faits par des hommes [16]. Au Québec, on a longtemps pensé que le suicide était un choix individuel et qu’il ne fallait pas s’en mêler. Or, une personne suicidaire ne veut pas réellement mourir, elle veut seulement arrêter de souffrir. Les tabous entourant la santé mentale au Québec et le manque de connaissance en ce qui a trait aux maladies psychiatriques ont considérablement contribué à propulser le Québec parmi les territoires détenant des taux de suicide des plus élevés dans les pays industrialisés. D’autres éléments comme l’acceptation sociale du suicide plus répandue chez la population masculine [9] alimentent cette tendance. À ce propos, une étude provenant du Japon a d’ailleurs démontré que la population résidant dans un secteur où les taux de suicide sont plus élevés est plus tolérante à l’égard du suicide qu’une population vivant dans un autre secteur [31]. Ainsi, en dépit des améliorations significatives notées au cours de la dernière décennie concernant les statistiques provinciales au sujet des taux de suicide, il n’en demeure pas moins que le suicide constitue encore un problème incontournable de santé publique au Québec. Il est donc impératif de poursuivre les efforts de prévention en vue d’en réduire la prévalence [22]. Profil et facteurs associés En évaluant les taux de suicide en fonction des catégories d’âge, il se trouve que le taux le plus élevé est observé chez le groupe âgé de 35 à 49 ans [16]. En réalité, il semble que les hommes âgés entre 35-49 ans constituent une clientèle vulnérable au suicide. Chez les hommes âgés de moins de 35 ans, le suicide représentait plus du tiers de l’ensemble des décès pour la période 1999-2001. À la lumière des données récentes, le poids du suicide semble avoir diminué pour ce groupe, notamment chez ceux âgés de 15 à 19 ans. Chez les femmes, peu de variations apparaissent, à l’exception d’une légère diminution du poids du suicide chez celles âgées de 20 à 34 ans. Ainsi, l’importance relative du suicide diminue graduellement avec l’âge au fur et à mesure que les autres causes de mortalité augmentent [16]. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 9 Quant aux moyens utilisés pour s’enlever la vie, il apparaît que les suicides par armes à feu ont diminué considérablement tandis que les suicides par pendaison, strangulation ou suffocation augmentaient aussi bien chez les hommes que les femmes [16]. Les distributions géographiques des victimes du suicide proposées par les statistiques de l’INSPQ relèvent que les plus hauts taux de suicide sont enregistrés au cœur des régions telles que la Gaspésie, la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue, la Mauricie. Pour leur part, les plus bas taux de suicide sont pour leur part recensés autour des grandes villes, soit à Laval, Montréal-Centre et la Montérégie. Pour ce qui est de la situation en Estrie, à titre d’exemple, le rapport annuel de l’année 2009-2010 de l’organisme communautaire JEVI [8] a révélé que 45 suicides sont survenus en 2008 et 50 en 2009. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces taux de suicide : Facteurs prédisposants : éléments issus du passé qui contribuent à fragiliser la personne tels que les antécédents suicidaires de sa famille [5], l’isolement social et les problèmes psychiatriques [36]; Facteurs contribuants : éléments qui accentuent la vulnérabilité de la personne, comme une consommation excessive de drogue ou d’alcool [6] et l’instabilité familiale [14]; Facteurs précipitants : éléments déclencheurs du comportement ou de l’idée suicidaire, comme une rupture amoureuse [14] ou la mortalité d’un proche [22]; Facteurs de protection : éléments réduisant l’effet des facteurs associés au suicide tels qu’un réseau social soutenant, bonne santé globale, bonnes stratégies d’adaptation [17]. La division des facteurs proposée ci-haut est basée sur les recherches qui permettent de circonscrire quatre catégories de facteurs pouvant influencer le passage à l’acte chez un individu [37], [29]. Dans une perspective de repérage, il est évident qu’une connaissance approfondie de ces facteurs associés au suicide aiderait grandement les intervenants et les gestionnaires au niveau de l’optimisation du repérage d’individus vulnérables au suicide. Cela dit, les statistiques recensées par l’INSPQ en matière de prévention du suicide sont bien répandues et généralement bien diffusées auprès des intervenants et des gestionnaires et visent à préciser le portrait épidémiologique. Toutefois, à la lumière des réalités démontrées par ces chiffres, il apparaît que les constats qui y sont ébauchés se limitent aux caractéristiques de base, associées aux individus qui commettent un suicide, telles que le sexe, l’âge, le lieu de résidence des personnes, le moyen de s’enlever la vie. Une description plus détaillée des profils d’individus qui s’enlèvent la vie n’est malheureusement pas révélée par de telles statistiques. C’est dans ce contexte que l’analyse de dossiers de coroner permet de dégager certains profils d’individus plus fréquemment susceptibles de commettre un suicide. Une telle analyse plus exhaustive et plus complète relativement aux facteurs associés au suicide est réalisable par le biais de ces dossiers. Par le fait même, il sera possible de constater certaines tendances récurrentes en la matière et, incidemment, d’émettre des recommandations adéquates aux professionnels impliqués dans le repérage du suicide. Néanmoins, faut-il le rappeler, peu importe l’acquisition et la maîtrise de tous les facteurs associés au suicide, il importe de repérer efficacement les tentatives potentielles de passage à l’acte. À ce propos, l’analyse des écrits révèle qu’il importe d’utiliser un outil efficace, basé sur des notions empiriques solides et faisant ressortir les facteurs les plus près du passage à l’acte [22]. Ainsi, la coopération des acteurs impliqués en prévention, relativement à l’appropriation des connaissances régionales concernant les taux de suicide et les profils particuliers rencontrés, s’avère tout à fait essentielle pour s’inscrire dans le mandat collectif que constitue la prévention du suicide au Québec. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 10 Bonnes pratiques en prévention du suicide Les 95 CSSS étant des acteurs de premier plan, il va sans dire qu’il est essentiel de les outiller convenablement afin de poursuivre la mission collective que constitue la prévention du suicide. Ainsi, dans la foulée des différentes stratégies ministérielles mises en place (Stratégie québécoise d’action face au suicide : S’entraider pour la vie (1998), l’Évaluation de l’implantation de la Stratégie québécoise d’action face au suicide (2004), le Programme national de santé publique (2003-2012) et le Plan d’action en santé mentale (2005-2010)), il devient fondamental de concerter l’approche des différents acteurs impliqués dans la prévention du suicide au Québec. À ce sujet, la direction de la santé publique du MSSS a sollicité le CSSS-IUGS afin qu’il élabore un guide en prévention du suicide pour les intervenants des CSSS. Le CSSS-IUGS a alors proposé d’entamer le projet par une analyse des besoins. D’ailleurs, les résultats de l’Analyse des besoins au regard de la prévention du suicide dans les centres de santé et de services sociaux ont clairement identifié les besoins des intervenants et des autres gestionnaires impliqués dans le réseau québécois de la santé [21] : les outils permettant d’évaluer la personne suicidaire sont peu utilisés et il n’existe aucun consensus sur les outils les mieux adaptés aux CSSS; il est difficile de déterminer quelles sont les pratiques optimales pour intervenir auprès de la personne suicidaire et de fixer des lignes directrices communes à l’échelle d’un RLS; au sein des RLS, les mécanismes pour référer la personne suicidaire à l’un ou l’autre des différents services du CSSS ou des organismes partenaires manquent de clarté. Cette analyse des besoins a aussi permis d’établir l’importance d’outiller les gestionnaires. Deux guides de bonnes pratiques ont ainsi été élaborés : un pour les intervenants et un pour les gestionnaires. Des stratégies (ex. : formations, ateliers, etc.) sont présentement déployées afin que les intervenants et les gestionnaires s’approprient les pratiques proposées dans les guides. En lien avec l’atelier proposé aux gestionnaires, ce dernier les sensibilise à l’importance d’avoir un portrait clair des suicides qui se déroulent dans la région dans les différents réseaux locaux de services de la région. Ce portrait peut être plus précis par l’analyse des rapports de coroner. Cette analyse permet d’obtenir un portrait plus clair et de formuler des recommandations adaptées aux acteurs impliqués. En réalité, il existe approximativement 75 facteurs associés au suicide. Cette multitude de caractéristiques rendant l’intervention des professionnels de la santé plutôt fastidieuse, il incombe de cibler les facteurs les plus importants [23]. Rôle des médecins En tant qu’intervenants de première ligne auprès de personnes vulnérables au suicide, les médecins jouent un rôle clé dans ce contexte. En effet, certains auteurs ont démontré que de 40 % à 70 % des personnes qui se sont suicidées ont consulté un médecin moins d’un mois avant de mettre un terme à leurs jours. Par conséquent, au travers de leur pratique, les médecins ont l’opportunité de rencontrer un nombre considérable de patients susceptibles de commettre une tentative de suicide. Par le fait même, le suivi prodigué à ce type de clientèle devient un élément littéralement fondamental dans la prévention du suicide [30]. Mais concrètement, qu’est-ce qu’un suivi adéquat? Sur le plan pratique, l’Analyse des besoins au regard de la prévention du suicide dans les centres de santé et de services sociaux soulève qu’il importe d’améliorer l’organisation des services ayant pour rôle de prendre en charge les personnes vulnérables au suicide et d’offrir un suivi à ces dernières [22]. Cependant, il se trouve que certaines modalités reconnues efficaces, pour effectuer le suivi de ces personnes et les fidéliser à leur suivi, demeurent peu employées dans les CSSS [21]. Il serait ainsi fort intéressant de mesurer l’impact de ce que peut occasionner la prise de contact avec un médecin chez la personne suicidaire. À ce titre, il faut préciser que la personne suicidaire est particulièrement vulnérable durant l’année suivant une tentative de mettre fin à ses jours [22]. Manifestement, ce degré de vulnérabilité fait en sorte qu’un suivi étroit doit être proposé à toutes personnes qui sont ou qui ont été en danger de passage à l’acte [22]. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 11 Au surplus, une maîtrise adéquate des facteurs permettra d’améliorer la qualité du suivi offert aux personnes suicidaires [35] et peut contribuer à prévenir le passage à l’acte [26]. Mais après la rencontre avec le médecin, qu’en est-il du suivi? Les personnes suicidaires sont-elles réellement bien encadrées? À ce propos, l’analyse des écrits illustre qu’il est crucial de planifier la sortie de la personne suicidaire hospitalisée ou hébergée, sinon elle n’utilisera pas les services que son état requiert. Concrètement, un suivi complet et optimal devrait avoir lieu dans le cadre d’une rencontre organisée dans les 24 à 48 heures suivant la sortie de l’hôpital ou de l’urgence. Ensuite, il faut s’enquérir d’organiser une rencontre chaque semaine pour évaluer la personne suicidaire et ce jusqu’à ce que cette dernière ne présente plus aucun indice de passage à l’acte pendant au moins trois rencontres consécutives [22]. Malheureusement, trop d’individus vulnérables au suicide sont laissés pour compte après leur rencontre avec leur médecin en dépit de ressources professionnelles à disposition et c’est à ce niveau qu’il faut insister pour mieux encadrer les patients bénéficiant d’un suivi médical. Rôle du coroner Dans le cadre du présent projet, l’analyse proposée sera basée sur les rapports des dossiers de coroner élaborés à la suite des suicides survenus en Estrie au cours des années 2005-2010. Le coroner, conformément à la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès (LRCCD), procède à l’investigation de tous les décès par suicide ou les décès survenus dans des circonstances violentes. En effet, les coroners ont notamment pour mandat de déterminer les causes et les circonstances du décès tout en recherchant si le décès aurait pu être évité, de protéger les vivants en formulant des recommandations pour prévenir semblable décès ainsi que d’informer le public sur les causes médicales probables et les circonstances du décès. En l’espèce, nous nous servirons des écrits émanant des différents coroners ayant rédigé les rapports en lien aux décès par suicide survenus en Estrie entre 2005-2010. À cet effet, nous serons à même de dégager certaines recommandations à l’endroit de la rédaction de ces rapports, et ce, afin de mieux cerner les profils d’individus suicidaires dans un souci de prévention optimale. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 12 3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE À la lumière des données recensant les taux de suicide particulièrement élevés du Québec, il devient évident que la prévention du suicide doit devenir une préoccupation de premier plan pour le système de santé québécois. Le premier but de notre recherche est d’identifier les différents profils de personnes qui se sont suicidées en Estrie. À cette fin, nous avons élaboré une grille d’analyse qui est présentée en annexe et qui pourra être réutilisée lors de recherches ultérieures. Cette grille doit contenir les éléments servant au profilage des individus. Ce projet fournira donc, aux acteurs en santé et en services sociaux de la région, des outils pour mieux repérer les personnes vulnérables au suicide. Notre étude servira de projet pilote en Estrie pour éventuellement pouvoir être répétée dans d’autres régions du Québec. Nous avons aussi porté une attention particulière aux méthodes de repérage et de suivi utilisées pour soulever les différences entre celles-ci et les recommandations du Guide de bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et services sociaux [22]. Ainsi, à partir du profilage établi précédemment et de l’analyse de contenu des rapports du coroner, nous avons pu établir des recommandations aux intervenants et gestionnaires qui œuvrent dans les services de la santé et les services sociaux pour améliorer la prévention du suicide. Finalement, nous avons aussi émis des recommandations aux coroners à propos des informations pertinentes, mais souvent manquantes des rapports de décès par suicide. Ceci est réalisé dans le but d’obtenir des rapports plus complets qui proposeraient des moyens d’améliorer les pratiques relatives à la prévention du suicide en vue de les adapter. Objectifs Établir le profil type de l’individu suicidaire en Estrie; Établir des recommandations aux coroners ainsi qu’aux intervenants et aux gestionnaires en prévention du suicide; Élaborer une grille pour analyser les rapports du coroner traitant de cas de suicide en s’appuyant, entre autres, sur le Guide de bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et services sociaux [22]. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 13 4. MÉTHODOLOGIE Type d’analyse privilégiée Pour notre projet, une analyse qualitative de contenu a été privilégiée. L’analyse de contenu vise à réduire à quelques catégories analytiques l’ensemble des mots d’un texte [20]. Elle vise à articuler « la rigueur de l’objectivité et la richesse de la subjectivité » [32]. Une grille d’analyse a été élaborée pour analyser le contenu des rapports des coroners. Les catégories de la grille d’analyse ont été choisies à l’aide d’une méthode mixte, soit par déduction et par induction. La méthode par déduction consiste à construire une grille d’évaluation en s’inspirant des catégories provenant d’une recension des écrits sur le sujet. Les éléments de la littérature jugés pertinents ont été sélectionnés dans l’optique de répondre à nos objectifs. Plus précisément, nous nous sommes basés sur des articles traitants des facteurs associés au suicide sur des recherches antérieures qui ont analysé des rapports de coroner à propos de cas de suicide et sur le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux [22]. Nous avons porté une attention particulière pour inclure dans la grille des éléments à propos du repérage et du suivi de personnes suicidaires afin de vérifier si ceux-ci correspondent aux suggestions du guide de bonnes pratiques pour la prévention sur le suicide. Les éléments initialement présents dans la grille d’évaluation ainsi que les références dans lesquelles nous les avons trouvés sont présentés dans l’Annexe 1. La méthode par induction a servi de complément et consistait à ajouter de nouveaux éléments à la grille au fil de nos lectures selon notre analyse de contenu. Les changements que nous avons effectués sont présentés dans l’Annexe 2. La grille finale est le résultat de la combinaison de ces deux méthodes. La grille finale est présentée en Annexe 3 et pourra être réutilisée dans le cadre d’études ultérieures. Données analysées Nous avons reçu tous les rapports de coroner des décès par suicide survenus en Estrie de 2005 à 2009 et certains rapports disponibles de 2010. Nous avons rejeté un rapport, car il n’y était pas question de suicide, mais plutôt d’un accident. En tout, nous avons analysé 277 rapports de coroner. Nous avons évalué neuf rapports en groupe pour standardiser notre méthode d’évaluation. Les rapports restants ont été divisés entre cinq évaluateurs. Afin d’assurer la validité de la recherche, la codification des rapports des coroners a été soumise à un test de reproductibilité qui « […] renvoie au degré auquel les résultats demeurent invariants lorsque les règles de codification sont appliquées par des personnes différentes. Ce test suppose que deux ou plusieurs personnes codent le même échantillon de texte. La différence dans la façon de coder les résultats reflète des incohérences interobservateurs dans la façon d’interpréter les règles de codification [20]. » Ce test de reproductibilité va dans le même sens que la triangulation des observateurs ou fidélité interjuge, qui, telle que définie par Pourtois et Desmet (2007), consiste à utiliser plus d’un observateur dans le plan de la recherche et à analyser les divergences pour identifier les sources de biais. Ainsi, 20 % des rapports des coroners ont été recodifiés par la chercheuse responsable du projet. Ce test de reproductibilité a permis d’apprécier la cohérence dans la façon d’interpréter les règles de codification. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 15 Analyse des résultats L’analyse de résultats consistait à confirmer ou infirmer des hypothèses émises initialement. Les calculs et la compilation des données ont été effectués à l’aide du logiciel Microsoft Excel. Considérations éthiques Les rapports du coroner constituent des données publiques. Cependant, les rapports du coroner contenaient des informations délicates à propos d’individus décédés. Nous avons tenu à protéger, le plus possible, la confidentialité de l’identité de ces individus en évitant de mentionner leurs noms et en limitant l’accès des rapports uniquement aux évaluateurs désignés. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 16 5. RÉSULTATS ET DISCUSSION SUR LE PROFIL Les résultats sont présentés en plusieurs sections : descriptifs (âge, sexe, etc.), facteurs sociaux et antécédents médicaux, intoxication, suivi médical et fait divers. Voici les résultats : Descriptifs A. Les personnes s’étant suicidées sont, en majorité, des hommes. En effet, quatre suicides sur cinq impliquent le sexe masculin, 225 hommes et 52 femmes (voir Figure 1). Ce résultat est compatible avec le rapport de trois hommes pour une femme retrouvé dans la littérature [16]. Figure 1 B. Le groupe des 35 à 49 ans est le plus fréquemment touché, un peu plus d’un tiers des suicides en Estrie concerne ce groupe (voir Figure 2). Ce résultat est compatible avec la littérature [16], où l’on retrouve un rapport d’un suicide sur deux impliquant ce groupe d’âge. Figure 2 Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 17 C. La pendaison est le moyen le plus fréquent, autant chez l’homme que chez la femme. Une différence vient au niveau du second rang, qui est par arme à feu chez les hommes et par intoxication médicamenteuse chez la femme (voir Figure 3A et 3B). Ces résultats sont compatibles avec la littérature [16], où la pendaison est la méthode la plus prévalente avec 53,6 %. Figure 3A Figure 3B Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 18 D. Les déclencheurs les plus fréquents sont les troubles amoureux 22,74 %, suivi en ordre par la maladie physique 5,05 %, les troubles psychiatriques 3,97 % et le deuil 3,25 % (voir Tableau 1). Facteurs déclencheurs Nombre Rapport Troubles amoureux 63 22,74 % Maladie physique 14 5,05 % Trouble psychiatrique 11 3,97 % Deuil 9 3,25 % Problèmes financiers 7 2,53 % Déménagement 6 2,17 % Difficulté au travail 6 2,17 % Autres 5 1,81 % Alcool et drogue 4 1,44 % Problèmes avec la justice 3 1,08 % Perte de garde d'enfant 3 1,08 % Problèmes familiaux 3 1,08 % Rejet social 2 0,72 % Non identifié 141 50,90 % Total suicide 277 Tableau 1 E. 24 % des hommes avaient comme facteur déclencheur (54/225) une rupture amoureuse. Ce chiffre est de 17,31 % chez la femme (9/52). F. Le deuil chez les personnes de 50 ans et plus est le facteur déclencheur dans 7,84 % des cas comparativement à 0,57 % chez les 49 ans et moins. Ce résultat va dans le même sens que l’affirmation de Caillard et Chastang, 2010, selon laquelle une perte significative a un impact important pour le suicide chez les personnes âgées. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 19 G. Nous avons aussi constaté une tendance au niveau du moment dans l’année, c’est-à-dire que 14,13 % des suicides se produisent lors du mois de mai, ce qui représente le taux le plus élevé, suivi du mois d’août avec 10,14 %. Le plus bas taux est de 6,16 % qui est associé au mois de novembre (voir Figure 4). Ces résultats sont compatibles avec la littérature [7], selon laquelle il y a un plus haut taux de suicide au printemps. Figure 4 H. Nous avons aussi analysé le nombre de suicides pour chaque RLS en Estrie [voir FIG. 5]. Ainsi, le taux de suicide le plus élevé se retrouve dans le RLS Granit qui est de 1,9 fois celui du RLS Memphrémagog. Pour calculer les taux, nous avons utilisé les populations des RLS en 2005, données par l’Institut de la statistique du Québec. Figure 5 Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 20 Facteurs sociaux et antécédents médicaux I. Il s’avère que le plus prévalent de ces facteurs est l’antécédent d’idéations suicidaires, présent chez plus de 45 % des cas, suivi de l’antécédent de tentative de suicide 30,32 %, une humeur dépressive 29,60 % et de l’existence d’un divorce et/ou d’une séparation 29,60 % (voir Figure 6). Ces résultats témoignent de l’importance de ces facteurs comme rapportés dans la littérature [7, 36]. Figure 6 J. 43,11 % des hommes avaient vécu des problèmes de couple tels qu’un divorce/séparation, et/ou une menace de séparation, et/ou des difficultés conjugales (ci-après « problèmes de couple »), tandis que le taux est de 36,43 % chez les femmes. 49,48 % des hommes de 35-49 ans avaient des problèmes de couple. Ce groupe d’âge est le plus affecté par ces « problèmes de couple ». K. 37,11 % des personnes entre 35-49 ans avaient un problème d’abus ou de dépendance à l’alcool. Le taux, en incluant tous les âges, est de 28,52 %, tandis que dans la littérature [27], le taux actuel d’abus de substances le plus élevé se situe chez les 20 à 29 ans (statistiquement significatif). Cependant, le taux d’antécédent d’abus de substance est le plus élevé chez les 40-49 ans (non statistiquement significatif). L. Vingt-cinq pour cent des 15-19 ans avaient démontré de l’agressivité envers une autre personne et/ou de l’impulsivité; 24,29 % des 20-34 ans, suivi de 12,37 % des 35-49 ans, 11,11 % des 50-64 ans et 3,33 % des 65 ans et plus. Ce résultat est compatible avec la littérature [27] où l’on retrouve un score significativement plus élevé pour les 20 à 29 ans, à p<0.001 sur l’échelle Brown-Goodwin History of Aggression. M. Nous avons analysé le dossier des 52 femmes et il faut noter que 35 d’entre elles (67,31 %) avaient, soit un diagnostique/antécédent de dépression majeure, soit une humeur dépressive. Le taux étant comparativement de 46,22 % chez les hommes. N. 88,46 % des femmes souffraient d’au moins un trouble de santé mentale (dépression majeure, maladie affective bipolaire, schizophrénie, trouble de personnalité, anxiété, trouble d’adaptation) comparativement à 57,78 % chez les hommes. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 21 Intoxication O. Plusieurs personnes ont été retrouvées intoxiquées lors du passage à l’acte. Le groupe d’âge le plus souvent impliqué est celui des 35-49 ans avec plus de 46,39 % d’intoxication suivi des 50-64 ans avec 37,50 %. Suivi médical P. 46,57 % des gens avaient un suivi en santé mentale et/ou avaient eu une consultation en santé mentale et/ou avaient été hospitalisés pour des raisons de santé mentale. 36,43 % de ces gens avaient explicitement divulgué le fait qu’ils désiraient s’enlever la vie. Q. 60,34 % des gens décédés par suicide dans le RLS de Sherbrooke étaient suivis en santé mentale et/ou avaient eu une consultation en santé mentale et/ou avaient été hospitalisés pour des raisons de santé mentale. Parmi les divers RLS de l’Estrie, ceci représente le taux le plus élevé. Par contre, dans le RLS de Granit, le taux est de 16,67 %, ce qui représente le taux le plus bas de l’Estrie. La moyenne en Estrie est de 47,51 %. R. Trente-deux pour cent des gens éprouvant des douleurs chroniques se sont suicidés par intoxication médicamenteuse. Le taux général de suicide par intoxication est pour sa part de 11,91 %. La facilité d’accès aux médicaments en est probablement la cause. Faits divers S. 46,93 % des gens ont laissé une note ou un message à leur proche. Ce résultat est compatible avec la littérature [7], où l’on retrouve un taux de 43 % chez les personnes âgées. T. 5,05 % des gens ont nié leur intention, de passer à l’acte, à un intervenant malgré le fait qu’ils avaient avoué ce fait à un proche. U. 82,31 % des gens avaient un support familial et/ou social significatif. Cependant, uniquement 24,19 % des gens ont été repérés en ce qui a trait à leur vulnérabilité face au suicide. Profil de la personne vulnérable au suicide en Estrie Selon nos résultats A, D, E, F, I, J, K, L et M, les caractéristiques qui ressortent davantage sont : Personne ayant des troubles amoureux; Jeune homme ayant fait preuve d’agressivité envers une autre personne et/ou démontrant de l’impulsivité; Personne âgée de plus de 50 ans en deuil ou Toute personne ayant : - un antécédent de tentative de suicide et/ou d’idéation de suicide, un problème de santé mentale, dont spécialement une humeur dépressive ou de l’anxiété excessive, une maladie chronique sévère dont spécialement de la douleur chronique ou un cancer, un problème d’abus ou dépendance de substance (alcool, drogue ou médicament), un isolement social. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 22 Biais En ce qui concerne les biais potentiels à l’analyse, il faut noter que la plupart de nos résultats sous-estiment la réelle prévalence des facteurs associés au suicide. Le premier biais repose sur le contenu des rapports de coroners. En effet, ces derniers ne contiennent qu’une partie de l’information relative au cas de suicide, et ce, soit à cause d’une collecte incomplète ou à cause d’une omission au rapport. Un deuxième biais provient du manque d’uniformité entre les dossiers de coroners. Les analyses ont été effectuées par plusieurs coroners et chaque coroner ne dessert que quelques RLS en particulier. Par conséquent, des facteurs associés au suicide peuvent être sous-estimés dans certaines régions de l’Estrie par rapport à d’autres. Un troisième biais notoire dérive de l’analyse des évaluateurs qui n’est pas totalement objective. En particulier, l’évaluation du « désespoir » ou de « l’impulsivité » repose souvent sur l’interprétation du rapport du coroner. Les éléments « rejet social », « repérage » et le « suivi médical » ne sont souvent pas explicitement décrits par le coroner, mais peuvent être déduits implicitement. Dans ces cas, différents étudiants ont parfois des évaluations distinctes même s’il y avait consensus la plupart du temps. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 23 6. RECOMMANDATIONS Nous avons extrait, des résultats de la section précédente, plusieurs recommandations pour améliorer la prévention du suicide en Estrie. Nous les avons classées en trois groupes : celles adressées aux intervenants de la santé et des services sociaux, celles aux gestionnaires et celles aux coroners. Une justification pour chacune de ces recommandations est fournie ci-dessous. Recommandations à l’intention des intervenants de la santé et des services sociaux I. Repérer les usagers vulnérables au suicide selon le profil présenté dans la section précédente et évaluer la dangerosité de passage à l’acte chez ces personnes de façon efficace. Discussion – Le profil de la personne suicidaire a été l’objet de plusieurs recherches antérieures. Pour notre part, nous avons vérifié quels étaient les facteurs les plus récurrents dans la population estrienne. Nous recommandons d’évaluer la dangerosité de passage à l’acte chez toutes les personnes présentant des éléments du profil présentés dans la section précédente (à l’aide de l’outil proposé dans le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et des services sociaux). Toutefois, si les circonstances l’exigent, une évaluation minimale peut aussi être accomplie en ne posant qu’une seule question : avez-vous des idéations suicidaires? II. Ne pas assumer qu’un patient n’est pas vulnérable au suicide s’il ne présente pas de signe d’humeur dépressive ou de problème de santé mentale. Discussion – Même si la dépression et les autres troubles de santé mentale prévalent chez les personnes suicidaires, ceux-ci ne sont pas systématiquement présents chez cette clientèle. Plusieurs de nos cas, 36,5 %, n’avaient pas de troubles mentaux apparents et aucune humeur dépressive n’avait été constatée. De plus, trois de nos cas avaient même une bonne humeur le jour de leur suicide, provoquant ainsi la confusion auprès de leurs proches et/ou leur médecin. Parmi ces trois cas, voici un extrait de rapport du coroner appuyant cette remarque : « Son patron a même spécifié que, depuis deux mois, monsieur X allait bien. Son moral était bon. Il avait l’air correct, en forme et de bonne humeur. Son décès a surpris bien du monde. » III. Utiliser des méthodes supplémentaires pour évaluer la dangerosité (ex. : outil de SAM). Discussion – La plupart des patients qui ont des idéations suicidaires n’hésitent pas à en parler à leur médecin et vont répondre par l’affirmative à la question « Avez-vous des idéations suicidaires? » Cependant, une minorité non négligeable de patients (14 des cas étudiés) niaient leur idéation suicidaire à leur médecin. Pour cette raison, il est important d’utiliser des outils d’évaluation de la dangerosité de passage à l’acte qui tient compte de plusieurs autres facteurs. IV. S’assurer qu’un suivi médical et psychosocial étroit soit réalisé pour les personnes en danger graves. Les médecins ou autres intervenants doivent être au courant qu’il existe des ressources spécialisées pour les assister à cette tâche. Discussion – Selon les rapports du coroner, dans au moins sept cas, le rapport laissait entendre que le suivi par un psychologue ou un psychiatre n’était pas fait de manière assez étroite. En particulier, certains cas où des patients se sont présentés à l’hôpital pour idéations suicidaires ou tentatives de suicide ont reçu leur congé sans recevoir de suivi ni de relance. Selon le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et des services sociaux, un bon suivi doit respecter les recommandations suivantes : Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 25 A. Un agent de liaison devrait avoir la responsabilité d’orchestrer le suivi; B. Le premier rendez-vous de suivi doit être fait dans les 24 h; C. Assurer une continuité dans le suivi des patients vulnérables au suicide, préférablement avec un seul intervenant; D. Assurer au moins un rendez-vous hebdomadaire jusqu’à ce que la dangerosité du passage à l’acte soit faible (jaune) ou inexistante (vert) durant trois rencontres successives. Nous reconnaissons que la réalisation d’un tel suivi demande du temps et des ressources. Pour assister les médecins ou tout autre intervenant en santé et services sociaux, il existe des ressources spécialisées disponibles pour les aider à gérer un état de crise suicidaire et assurer par la suite un suivi. Il est important pour les médecins ou autres intervenants de connaître ces ressources. V. Pour combattre le tabou relatif aux troubles de santé mentale, nous recommandons aux médecins de démystifier ces troubles, d’informer leur patient sur l’explication physique de la maladie, et de souligner l’importance de la prise de médication et du suivi psychosocial pour éviter les rechutes. Discussion – Les coroners ont explicitement reporté que le tabou de la santé mentale a contribué à encourager le patient à ne pas prendre ses médicaments dans le but d’éviter d’être étiqueté de malade mental. Ce facteur semble avoir joué un rôle important dans plusieurs autres cas, mais n’était pas mentionné explicitement. Dans un dossier, il est précisé que : « Plus que n’importe quel autre facteur, c’est le tabou de la maladie psychiatrique qui a empêché, madame, X de commencer les traitements efficaces pour sa condition. Tous et chacun, nous devons redoubler d’efforts pour démystifier les troubles d’anxiété et la dépression. » Dans un autre : « Dans la garde-robe de sa chambre, on retrouve les médicaments prescrits. Ils sont dans une sacoche, elle-même cachée dans une autre sacoche, cela parce que madame X avait très peur que ses enfants les découvrent. À l’évidence, d’avoir à prendre un antidépresseur représentait pour elle un échec. » VI. Restreindre l’accès à des quantités importantes de médicaments pour les individus vulnérables au suicide. Discussion – Notre analyse des dossiers nous a permis de constater que l’intoxication par médicaments est une des méthodes de suicide les plus fréquentes, ce que l’analyse statistique a confirmé (voir Résultat C). En particulier, selon le résultat R, le suicide par intoxication de médicaments est particulièrement populaire chez les patients souffrant de douleur chronique. L’élément qui mérite réflexion est celui de l’accessibilité aux médicaments pour les individus vulnérables au suicide. Les médicaments responsables dans ces situations étaient le plus souvent des analgésiques ou des narcotiques prescrits pour des douleurs chroniques. De plus, il est prouvé que le fait de restreindre l’accès à un moyen de passage à l’acte est un outil efficace de la prévention du suicide [11]. Ainsi, nous recommandons aux médecins traitants et aux pharmaciens de restreindre l’accès à des quantités importantes de médicaments avec potentiel de toxicité élevée pour les individus vulnérables au suicide, particulièrement chez ceux atteints de troubles de santé mentale. En effet, ce sous-groupe est particulièrement susceptible de passer à l’acte [36]. De façon plus concrète, nous suggérons aux médecins et aux pharmaciens de prescrire ledit médicament à de plus petites doses, de façon plus fréquente. Un autre moyen pour restreindre l’accès au médicament, à un patient vulnérable au suicide, est de demander à un proche fiable de ce dernier de contrôler les doses consommées. Cependant, nous avons été confrontés à des situations où le patient avait réussi à accumuler suffisamment de médicaments pour s’enlever la vie malgré cette restriction d’accès. Ce dernier consultait différents professionnels de la santé pour obtenir ses médicaments et mentait à ceux-ci pour tenter d’obtenir des doses plus importantes. Dans ces cas problématiques où il est manifeste qu’un patient vulnérable au suicide tente d’accumuler des médicaments, nous suggérons de procéder à un signalement auprès de l’Ordre des pharmaciens et du Collège des médecins pour éviter une prescription abusive de médicaments à potentiel de toxicité élevée chez le patient. De plus, nous recommandons dans ce cas au pharmacien de s’assurer que la dose prescrite soit consommée sur place. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 26 VII. Restreindre l’accès aux armes à feu pour les individus vulnérables au suicide. Discussion – Comme mentionné précédemment, le fait de retirer les moyens de passer à l’acte diminue la dangerosité. En effet, la crise suicidaire est de courte durée et teintée d’une ambivalence qui peut être positivement influencée par le retrait des moyens [11]. Ainsi, nous recommandons aux intervenants en santé de réduire l’accès aux armes à feu pour toute personne avec idéations suicidaires. Pour un individu dont l’indice de danger d’un passage à l’acte est faible (jaune), l’intervenant pourra lui proposer de remiser ses armes à feu dans un endroit qu’il n’aura pas accès et d’en léguer temporairement la charge à une tierce personne. Pour tout individu en danger grave à court terme (orange) ou en danger grave et imminent (rouge), l’intervenant devra mettre en place tous les moyens nécessaires pour retirer l’accès aux armes à feu. Recommandations à l’intention des gestionnaires VIII. Faire une nouvelle campagne publique de sensibilisation pour la prévention du suicide. A. Informer la population des signes permettant de repérer un proche suicidaire; Discussion – 82,3 % des individus avaient un lien avec des proches ou leur famille, mais uniquement 24,2 % des cas ont reçu de l’aide de la part d’un intervenant en suicide, comme décrit par notre résultat U. De ce fait, cela indique qu’une nette amélioration pourrait être accomplie et que la sensibilisation de la population constituerait incontestablement un pas dans la bonne direction. B. Informer la population des ressources disponibles pour assister les personnes suicidaires et leurs proches. Discussion – Dans quinze des cas que nous avons étudiés, les proches ont contacté des ressources d’aide appropriées avant le passage à l’acte. En revanche, nous avons répertorié 17 cas où l’entourage n’est pas entré en contact avec les ressources d’aide spécialisées en prévention du suicide. Dans un des cas étudiés, le coroner rapporte : « Même si monsieur a mentionné clairement à au moins deux personnes qu’il allait se pendre, qu’il a précisé à une de ces personnes qu’il avait essayé de se pendre le 4 avril et qu’il a montré l’endroit et la corde où il avait tenté de mettre fin à ses jours. Il est étonnant et désolant de constater que personne ne soit vraiment intervenu pour l’amener à consulter! » Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 27 IX. Former des sentinelles dans les milieux où se retrouvent les personnes âgées. Discussion – Selon l’Institut national de la santé publique du Québec, la proportion du nombre de suicides chez les 65 ans et plus est en augmentation, tant chez les hommes que chez les femmes [16]. Bien que les résultats de notre analyse ne démontrent pas d’augmentation claire lors des années 2005 à 2009, leur nombre non négligeable témoigne de l’importance de ce phénomène. Effectivement, les personnes âgées sont à même d’être exposées à certains facteurs de vulnérabilité tels que la solitude, le deuil et les maladies physiques. L’exemple qui en témoigne est celui de l’individu qui, en plus de devoir déménager dans un centre pour personnes âgées, vit un abandon de la part de ses proches et subit les conséquences de ses maladies physiques (perte d’autonomie, douleur chronique, sentiment d’impuissance). À cet effet, nous recommandons d’améliorer le repérage des idéations suicidaires chez la clientèle âgée en formant des sentinelles chez les employés en contact avec celle-ci. Ces sentinelles permettraient de joindre les personnes isolées [22] et de les mettre en communication avec les ressources dont elles ont besoin [29]. Cette recommandation pourrait être communiquée à l’Association des résidences et CHSLD privés du Québec (ARCPQ). X. Assurer une compétence en prévention du suicide dans les centres de réadaptation en santé mentale et dépendance. Discussion – Nous avons observé plusieurs cas où l’individu s’est suicidé bien qu’il était suivi dans un centre de réadaptation. Il existe au Québec de nombreux centres de réadaptation en psychologie, dépendance et santé mentale. Toutefois, comme souligné dans le rapport du coroner Gilles Sainton, ces centres ne sont pas tous accrédités par le gouvernement et certains possèdent un mode de fonctionnement qui n’est pas conforme à la Loi sur les services de santé et les services sociaux. À l’heure actuelle, l’accréditation n’est pas obligatoire, mais plutôt volontaire. Nous recommandons donc au gouvernement (ministère de la Santé et des Services sociaux) d’assurer le respect de la LSSS au sein de ces centres de réadaptation en plus d’obliger une accréditation qui garantirait un service de qualité pour la clientèle vulnérable qui fréquente ces centres privés. De fait, cette accréditation devrait exiger une formation en prévention du suicide de la part des intervenants de ces centres de réadaptation. En effet, il est primordial que ces intervenants développent une compétence en matière de prévention du suicide [22] de manière à ce qu’ils soient aptes à repérer, évaluer la dangerosité et référer adéquatement la clientèle vulnérable avec qui ils sont en contact. Finalement, nous recommandons aux professionnels de la santé, oeuvrant dans le milieu public, de s’assurer que l’établissement de réadaptation, auquel ils réfèrent un patient, soit accrédité par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Dans un autre ordre d’idées, nous avons été confrontés à une situation lors de laquelle une femme a commis un suicide alors qu’elle était hébergée dans une résidence de type famille d’accueil. Cette résidence n’avait aucune vocation en termes de réadaptation ou traitement et ne faisait appel à aucun intervenant en santé mentale. De fait, nous recommandons que les responsables de ces familles d’accueil reçoivent une formation en prévention du suicide. Nous suggérons la formation gratuite dispensée par la fondation JEVI (Centre de prévention du suicide en Estrie). XI. Augmenter la prévention du suicide dans les RLS où le taux de suicide est le plus élevé, notamment au RLS le Granit. Discussion – Comme illustré par le résultat H de la section précédente, le taux de suicide du RLS de Granit est d’environ deux fois supérieur à celui du RLS de Memphrémagog. Il serait bénéfique de concentrer les ressources dans les régions où les taux sont les plus élevés. D’ailleurs, ce RLS détient un Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 28 taux de suivi en santé mentale nettement plus faible que la moyenne en Estrie comme démontré par notre résultat Q. XII. Informer les directeurs de la protection de la jeunesse de l’importance de procéder à la prévention du suicide chez les parents qui perdent la garde de leur enfant. Discussion – Ensuite, nous abordons brièvement une situation particulière, soit celle où un parent se fait retirer la garde de son enfant par la Direction de la protection de la jeunesse. Nous avons été confrontés à cette situation dans quelques dossiers et avons relevé dans tous les cas, la présence de facteurs prédisposants et contribuants dans le passé de l’individu, outre le retrait de la garde de l’enfant. De fait, il s’avère que la perte de la garde constituait le facteur déclencheur pour le passage à l’acte. Nous pouvons donc considérer que le retrait des enfants du milieu familial constitue une situation susceptible de provoquer une crise suicidaire à court terme. Ainsi, nous recommandons aux directeurs de la protection de la jeunesse de référer les parents dont la garde des enfants est retirée vers les ressources appropriées en terme de prévention du suicide. Recommandations à l'intention du coroner Les recommandations précédentes sont le fruit de l'information obtenue des dossiers des différents coroners de la région de l'Estrie. Le coroner a pour mandat d'évaluer tous les cas où il subsiste des raisons de soupçonner qu'un décès n’est pas lié à une cause naturelle ou si des indices de mort violente sont présents dans les circonstances [34]. Pour ce faire, l'investigation du coroner doit tenir compte de l'environnement physique de la scène du décès en plus d'évaluer les caractéristiques médico-sociales de la victime au moment du décès. Dans le contexte de la prévention du suicide, un rapport du coroner complet a le potentiel de devenir une véritable mine d'or d'information dans le but d'établir le profil des individus vulnérables au suicide et dans l'évaluation des services offerts dans ce domaine. Nos recommandations pour le coroner visent à favoriser une communication optimale entre les responsables de la santé publique et les coroners. Nous espérons qu'il sera alors plus aisé d'atteindre notre objectif commun, soit la prévention du suicide. XIII. Uniformiser l'information rapportée au dossier dans les cas de suicide, en s'inspirant des facteurs associés identifiés dans notre profil des individus vulnérables au suicide et des facteurs retrouvés dans la littérature, cités dans les prochaines recommandations. Discussion – Malheureusement, les possibilités d'obtenir des informations utiles venant des rapports du coroner ont longtemps été négligées lorsque vient le temps de mettre en place des mesures visant à prévenir le suicide [3]. Les dossiers remplis actuellement par les coroners manquent fréquemment d'information essentielle pour déterminer avec précision les facteurs, qui prévalent le plus, associés au suicide dans la population. Dans notre étude, il est clair qu’il n’existe que peu de consensus entre les différents coroners au sujet de ce qui constitue un rapport de décès par suicide complet. À titre d’exemple, en comparant les dossiers de coroners de la région de l'Estrie, nous constatons que la quantité d'information contenue dans chaque dossier (en moyenne de caractéristiques remplies par dossier) varie significativement d’un coroner à l’autre (Fig. 7). C'est une donnée particulièrement préoccupante en Estrie, car l’on constate que le RLS où la quantité d'information est la plus sommaire (Fig. 4) est également le RLS où le nombre de suicides par habitant est le plus élevé. Ce manque flagrant de consensus entre coroners ne se retrouve pas qu'en Estrie. En effet, ce même phénomène est aussi répandu ailleurs dans le Commonwealth. C'est d’ailleurs pour remédier à ce problème, que l'on recommande maintenant dans la littérature provenant de l'Australie, d'uniformiser la communication de l'information par les coroners au sujet du suicide [12]. Dans ce même esprit, nos recommandations visent à appuyer les coroners à choisir, de façon plus judicieuse, l'information qu'ils rapporteront dans Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 29 les dossiers. Cette information favorisera, dans le futur, la mise en place d'une approche populationnelle plus efficace, par les responsables de la santé publique en matière de prévention du suicide. Figure 7 XIV. Relever les facteurs déclencheurs principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des individus vulnérables au suicide. Discussion – Notre étude des dossiers démontre que la majorité des coroners ont su identifier plusieurs des facteurs déclencheurs principaux et cette recommandation vise donc à réitérer l'importance d'identifier ces facteurs. Comme mentionné plus haut, nous avons noté que les troubles amoureux, surtout chez les hommes, les troubles psychiatriques, les maladies physiques et le deuil chez les personnes âgées sont les déclencheurs les plus souvent observés en Estrie et ils devraient donc être recherchés activement dans tous les cas où le suicide est présumé comme cause de décès. XV. Relever les facteurs principaux, associés au suicide, dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des individus vulnérables au suicide. Discussion – Les principaux facteurs associés doivent également être bien spécifiés dans les rapports. À l'intérieur de cette catégorie, nous recommandons d'inclure toute information ayant trait aux antécédents d'idéation et de tentatives de suicide. En plus, nous réaffirmons l'importance de documenter le support social. Il est donc important de noter si un individu habite seul ou s'il a vécu un divorce ou une séparation. Finalement, l'utilisation abusive d'alcool est un facteur prépondérant en Estrie pouvant mener au suicide et devrait donc aussi être notée dans le rapport. XVI. Documenter l'emploi ou le chômage de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Discussion – Nous avons conclu dans notre étude que plusieurs facteurs associés, dont l'emploi ou le chômage de la victime, ont rarement été mentionnés dans les dossiers des coroners. Il est important de noter que l'emploi d'un individu peut influencer sa vulnérabilité au suicide de plusieurs manières. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 30 Meltzer et al. (2008) ont démontré en Grande-Bretagne qu'une proportion plus importante des travailleurs de la santé et des agriculteurs décèdent par suicide, que ce qui est observé dans la population générale. Ils expliquent ces résultats par le niveau de stress élevé engendré par ces occupations et par une meilleure connaissance des moyens utilisés pour se suicider. Une autre étude propose que l'accès aux moyens nécessaires pour le passage à l'acte soit aussi à considérer [33]. Cet accès aux moyens pourrait expliquer une plus grande proportion de décès par intoxication médicamenteuse chez les travailleurs de la santé et une plus grande proportion de décès par arme à feu chez les agriculteurs. Les individus sans emploi, quant à eux, sont aussi plus susceptibles de se suicider, une observation qui pourrait être en lien avec l'isolement social et l'utilisation plus fréquente d'alcool et de stupéfiants dans ce groupe [24]. XVII. Documenter l'homosexualité et la bisexualité de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Discussion – L'homosexualité et la bisexualité sont aussi des facteurs significatifs contribuant au suicide selon l'American Psychiatric Association (2003). De façon plus spécifique, une étude française a démontré que les idéations suicidaires étaient particulièrement fréquentes chez les individus homosexuels qui n'ont pas annoncé leur orientation sexuelle à leurs proches [24]. XVIII. Documenter les antécédents d'abus et de négligence pendant l'enfance de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Discussion – Les évènements qui portent atteinte à l'intégrité aussi bien physique, psychologique ou sexuelle de l'enfant sont des facteurs contribuants, particulièrement marquants, car ils surviennent habituellement dans une période critique du développement de l'enfant. Ces évènements ont, comme conséquence, d'abimer la relation positive de l'enfant avec lui-même, ce qui peut potentiellement entraîner de sérieuses répercussions tout au long de la vie. Parmi les séquelles rapportées dans la littérature, on peut noter un comportement agressif et des troubles psychiatriques, dont la dépression et l'anxiété. Les conséquences déplorables de ces évènements aboutissent finalement en une plus grande vulnérabilité au suicide chez les individus victimes d'abus et de négligence en jeune âge [6]. XIX. Documenter les antécédents de violence hétéro-agressive de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Discussion – Par ailleurs, le lien entre la violence hétéro-agressive et le suicide est, depuis longtemps, établi dans la littérature [2]. Il faut également souligner le lien entre cette violence et une multitude d'autres caractéristiques associées au suicide dont l'impulsivité, l'abus de substances et plusieurs troubles de la personnalité. Il est donc vraisemblable qu'un individu capable de violence contre autrui soit également capable de retourner cette violence contre lui-même [17]. XX. Documenter la présence d'enfant dans la maison et de plan pour le futur dans le rapport comme facteurs protecteurs au suicide. Discussion – La dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire est largement diminuée lorsque la personne maintient des liens concrets avec ceux qui l'entourent. Ces liens ont été décrits comme des tampons entre l'individu et son désir de mort et ils servent donc à maintenir une certaine ambivalence de l'individu face à son désir suicidaire [17]. Parmi les facteurs de protection répertoriés dans la littérature, on cite couramment la présence d'un enfant dans la maison [1] et l'expression d'un plan pour le futur, dont un objectif de vie à long terme ou un projet à accomplir à court terme [17]. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 31 XXI. Inclure de l'information au sujet du repérage et du suivi des personnes victimes de suicide dans le rapport. Discussion – Au Québec, le problème du suicide n'est pas passé inaperçu parmi les différentes instances gouvernementales et les organismes à but non lucratif. Plusieurs projets, visant la prévention, ont été mis sur pied dont le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux [22]. Bien que ces projets aient été établis sur de solides fondations théoriques, leur efficacité quant à la prévention du suicide reste à être démontrée. Le manque d'information au sujet de l'utilisation des services par les individus ayant passé à l'acte est sans doute une des raisons principales expliquant l'absence de preuves empiriques au sujet de leur efficacité. C'est sur ce point que la contribution des coroners serait de la plus haute importance. Nous recommandons alors aux coroners d'inclure dans leurs rapports, de l'information indiquant si la victime a été repérée par des intervenants ou des professionnels de la santé avant son suicide et, si oui, le rapport devrait mentionner qui a accompli le repérage, dans quel établissement et avec quel outil. Il serait aussi pertinent de décrire ce qui s'est produit après le repérage, en expliquant vers qui l'individu vulnérable au suicide a été référé, comment s'est déroulé le suivi et quelles mesures thérapeutiques ont été entreprises. Finalement, le rapport devrait aussi indiquer si l'individu est connu pour des antécédents de tentatives de suicide tout en spécifiant les particularités du suivi. Nous sommes conscientes que ces additions au rapport demanderont un investissement en temps considérable de la part des coroners, mais nous sommes persuadés que l'information obtenue servira à améliorer de façon significative les moyens de prévention du suicide. Recommandations à l’intention des intervenants de la santé I. II. III. IV. V. VI. VII. Repérer les usagers vulnérables au suicide selon le profil présenté dans la section précédente et évaluer la dangerosité de passage à l’acte chez ces personnes de façon efficace. Ne pas assumer qu’un patient n’est pas vulnérable au suicide s’il ne présente pas de signe d’humeur dépressive ou de problème de santé mentale. Utiliser des méthodes supplémentaires pour évaluer la dangerosité (ex. : outil de SAM). S’assurer qu’un suivi médical et psychosocial étroit soit réalisé pour les personnes en danger grave à court terme et en danger grave et imminent. Les médecins ou autres intervenants doivent être au courant qu’il existe des ressources spécialisées pour les assister à cette tâche. Pour combattre le tabou relatif aux troubles de santé mentale, nous recommandons aux médecins de démystifier la maladie psychiatrique, d’informer leur patient sur l’explication physique de la maladie, et de souligner l’importance de la prise de médication pour éviter les rechutes. Restreindre l’accès à des quantités importantes de médicaments pour les individus vulnérables au suicide. Restreindre l’accès aux armes à feu pour les individus vulnérables au suicide. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 32 Recommandations à l’intention des gestionnaires VIII. Faire une nouvelle campagne publique de sensibilisation pour la prévention du suicide : a. Informer la population des signes permettant de repérer un proche suicidaire, b. Informer la population des ressources disponibles pour assister les personnes suicidaires et leurs proches; IX. X. XI. XII. Former des sentinelles dans les milieux où se retrouvent les personnes âgées. Assurer une compétence en prévention du suicide dans les centres de réadaptation en santé mentale et dépendance. Augmenter la prévention du suicide dans les RLS où le taux de suicide est le plus élevé, notamment au RLS le Granit. Informer les directeurs de la protection de la jeunesse de l’importance de procéder à la prévention du suicide chez les parents qui perdent la garde de leur enfant. Recommandations à l'intention du coroner XIV. XV. XVI. XVII. XVIII. XIX. XX. XXI. XXII. Uniformiser l'information rapportée au dossier dans les cas de suicide, en s'inspirant des facteurs associés identifiés dans notre profil des individus vulnérables au suicide, et des facteurs retrouvés dans la littérature cités dans les prochaines recommandations. Relever les facteurs déclencheurs principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des individus vulnérables au suicide. Relever les facteurs associés principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des individus vulnérables au suicide. Documenter l'emploi ou le chômage de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Documenter l'homosexualité et la bisexualité de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Documenter les antécédents d'abus et de négligence pendant l'enfance de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Documenter les antécédents de violence hétéro-agressive de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide. Documenter la présence d'enfant dans la maison et de plan pour le futur dans le rapport comme facteurs protecteurs au suicide. Inclure de l'information au sujet du dépistage et du suivi des personnes victimes de suicide dans le rapport. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 33 7. CONCLUSION Somme toute, l’analyse détaillée des rapports de coroner à propos des cas de suicide s’est révélée riche en information, ce qui a permis d’établir un profil circonscrit de la personne suicidaire en Estrie. En outre, plusieurs recommandations à l’intention des intervenants de la santé, des gestionnaires et des coroners dans le but d’améliorer les pratiques existantes en matière de prévention du suicide ont été dégagées. Cette étude sert de projet pilote en prélude à une série d’études de profil de personnes suicidaires pour chacune des régions du Québec. À cette fin, la grille d’analyse élaborée pourra être réutilisée ultérieurement. Nous tenons à souligner qu’une telle recherche ne nous a pas laissés indifférents. Bien au contraire, elle nous a fortement sensibilisés à la problématique du suicide. En tant qu’étudiants en médecine, cette étude nous a permis de nous questionner sur le rôle du médecin pour prévenir le suicide au-delà du traitement des troubles de santé mentale. Par exemple, nous pouvons suivre des formations données par les CPS pour apprendre à utiliser des outils efficaces. Nous croyons sincèrement que les ressources disponibles en prévention du suicide devraient nous êtres communiquées lors de la phase de psychiatrie de notre curriculum. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 35 8. RÉFÉRENCES [1] American Psychiatric Association. 2003. “Practice guideline for the assessment and treatment of patients with suicidal behaviours”. Washington (D.C.). APA, p. 117. [2] Angst, J., Clayton, P. J. 1998. “Personality, smoking and suicide: a prospective study”. Journal of Affective Disorders, Vol. 51, pp. 55-62. [3] Bennewith, O., Hawton, K., Simkin, S., Sutton, L., Kapur, N., Turnbull, P., Gunnell, D. 2005. “The usefulness of coroners' data on suicides for providing information relevant to prevention”. Suicide and Life Threatening Behaviour. Vol. 35, Issue 6, pp. 608-614. [4] Bilban, M., Skibin, L. 2005. “Presence of alcohol in suicide victims”. Forensic Science International, Vol. 147S, pp. S9-S12. [5] Brent, D.A., Mann, J.J. 2005. “Family gentic studies, suicide, and suicidal behaviour”. American Journal of Medical Genetics, Vol. 133C, pp.14-24. 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Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 39 Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction Élément de la grille Références Sexe, âge et ethnie American Psychiatric Association, 2003. Date de décès Caillard et Chastang, 2010. Déclencheur Joiner et al., 2007. Méthode de suicide Lafleur et collab., 2005. Emploi Fiedorowicz et al., 2009. Lester et Yang, 2003. Meltzer et al. 2008. Skegg et al. 2010. Perte d’emploi Van Orden et al., 2010. Legleye et al. 2010. Vit seul Fiedorowicz et al., 2009. Coryell, 2006. Difficulté conjugale Fiedorowicz et al., 2009. Enfants American Psychiatric Association, 2003. Garde d’enfants American Psychiatric Association, 2003. Désespoir Joiner et al., 2003. Impulsivité Joiner et al., 2007. McGirr et al., 2008. Antécédents de violence hétéro-agressive Joiner et al., 2007. Angst et Clayton, 1998. Antécédents d’abus ou de négligence American Psychiatric Association, 2003. Bruffaerts et al., 2010. Exposition par la mort de quelqu’un par suicide Joiner et al., 2007. Orientation sexuelle American Psychiatric Association, 2003. Legleye et al. 2010. Troubles de santé mentale (dépression, bipolaire, schizophrénie, Trouble de personnalité) Van Orden et al., 2010. Humeur dépressive Joiner et al., 2007. Abus ou dépendance de substance Joiner et al., 2007. Bruffaerts et al., 2010. Antécédent d’idéation suicidaire Joiner et al., 2007. Antécédent de tentative suicidaire Van Orden et al., 2010. Agitation extrême ou rage Joiner et al., 2007. Anxiété American Psychiatric Association, 2003. Diefenbach et al. 2009. Insomnie Joiner et al., 2007. Symptôme aigu de trouble mental Joiner et al., 2007. Jeu compulsif Lafleur et collab., 2005. Cancer, HIV/SIDA, maladie du système nerveux (épilepsie, AVC, SEP, etc), ulcère peptique, douleur chronique, MPOC, lupus, hémodialyse American Psychiatric Association, 2003. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 43 Élément de la grille Références Suivi médical Lafleur et collab., 2005. Institut impliqué (CSSS, CPS, CHUS, etc.) Lane et collab., 2010. Intoxication (drogue, alcool, médicament) Joiner et al., 2007. Bilban et Skibin, 2004. Dépistage Lane et collab., 2010. Contact (proche, sentinelle potentielle, police, professionnel de la santé) Lane et collab., 2010. Évaluation de la dangerosité de passage à l’acte Lane et collab., 2010. Suivi pour personne à risque de suicide Lane et collab., 2010. Postvention (si la personne avait un proche qui s’est suicidé) Lane et collab., 2010. Intention (plan, comportement préparatoire, exprimer l’intention de mort, message) Joiner et al., 2003. Facteurs de protection (support familial, support social, support thérapeutique, plan pour le futur, valeurs et croyance) American Psychiatric Association, 2003. Joiner et al., 2007. Actions des proches (surveillance de la personne, retrait de moyens pour se suicider, sollicitation de ressources d’aide spécialisée, hébergement, autres) Lane et collab., 2010. Daigle 2005. Absence dans le dossier de facteurs prédisposants et concrétisants Lafleur et collab., 2005. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 44 Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale Ce qui a été enlevé et pourquoi Ethnie Car information non disponible dans les rapports des coroners et peu révélatrice dans l’optique de la prévention du suicide en Estrie. Symptôme aigu de trouble mental Manque de spécificité. HIV/SIDA, maladie du système nerveux (épilepsie, AVC, SEP, etc.), ulcère peptique, MPOC, lupus, hémodialyse Remplacer par maladie chronique sévère à l’exception de cancer et douleur chronique. Insomnie Remplacé par « trouble du sommeil » Repérage N’a pas été analysé de la même manière par tous les évaluateurs; Nous suggérons de le remplacer par « Repérer pour dangerosité suicidaire et orienter vers un intervenant pour la prévention du suicide » en incluant les cas où la personne suicidaire sollicite elle-même les ressources appropriées. « Plan » et « comportement préparatoire » Remplacer par « plan et/ou comportement préparatoire » car ces deux éléments sont difficiles à distinguer en pratique. Absence dans le dossier de facteurs prédisposant et concrétisant Dépend trop de l’analyse du coroner. Ce qui a été rajouté après une analyse de contenu Nom de l’évaluateur Pour évaluer des biais d’analyse possibles. Numéro de dossier Pour référence. Nom du coroner Pour évaluer des biais d’analyse possibles. RLS Utile pour faire recommandation à des RLS en particulier. Couple Est un facteur protecteur important. Menace de séparation Facteur déclencheur important, redondant, distinct de « divorce ou séparation » et plus puissant que « difficulté conjugale ». Rejet social Facteur déclencheur important, redondant et distinct de menace de séparation. Problème avec la justice Facteur prédisposant redondant et important. Perte d’autonomie Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu. Trouble d’adaptation Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 47 Agressivité Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu. Trouble déficitaire d’attention ou d’hyperactivité Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu. Sevrage Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu. Fatigue (dont fatigue professionnelle) Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 48 Annexe 3 : Grille Finale Annexe 3 : Grille Finale Nom de l’évaluateur Numéro de dossier Nom du coroner RLS Descriptif o o o o o Sexe Âge Date de décès (année-mois-jour) Déclencheur Méthode de suicide o o o o o o o o o o o o o o o o o o o Emploi Perte d’emploi Vit seul Couple Divorce ou séparation Menace de séparation Difficultés conjugales Enfants Garde d’enfants Enceinte Ennuis financiers Problèmes avec la justice Rejet social (excluant menace de séparation, divorce ou séparation) Désespoir Impulsivité Antécédent de violence hétéro-agressive Antécédents d’abus/négligence Exposition par la mort de quelqu’un par suicide Orientation sexuelle Social Antécédents médicaux Santé mentale o o o o Dépression Humeur dépressive (à l’exception de dépression ou de trouble bipolaire) Trouble bipolaire Schizophrénie Abus ou dépendance à : o o o o o o o o Alcool Médicament Drogue Trouble de personnalité Antécédent d’idéation suicidaire Antécédent de tentative de suicide Agitation extrême ou rage Trouble de sommeil Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 51 o o o o o o o o Trouble d’adaptation Anxiété Agressivité Fatigue Jeu compulsif Trouble déficitaire d’attention ou d’hyperactivité Sevrage Autres Santé physique o o o o o Cancer Douleur chronique Maladie chronique sévère autre que cancer ou douleur chronique Perte d’autonomie Autres Suivi médical Suivi pour la santé mentale o Fréquence o Depuis quand Consultation pour la santé mentale Hospitalisation pour la santé mentale Suivi/consultation pour la santé physique o Fréquence o Depuis quand Lien possible avec le réseau (à l’exception des autres choix) Instituts impliqués Intoxication o o o Alcool Médicament Drogue Repéré pour dangerosité suicidaire et orienté vers un intervenant pour la prévention du suicide Contacts o Proche o Sentinelle potentielle o Police o Médecin ou autre intervenant de la santé Évaluation de la dangerosité de passage à l’acte o Urgence (dont le COQ) o Facteurs de vulnérabilité o Facteurs de protection Suivi pour personne vulnérable au suicide o Délai entre repérage et la première rencontre Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 52 Qualité du suivi o Fréquence o Nature o Continuité Postvention (si la personne a des connaissances qui se sont suicidées) Intention o Plan ou/et comportement préparatoire o Exprimer l’intention de mort o Message (écrit ou enregistré) Autres facteurs de protection o Support familial o Support thérapeutique o Plan pour le futur o Valeur et croyance Actions des proches proches o Surveillance de la personne o Retrait de moyens de se suicider o Sollicitation de ressources d’aide spécialisées o Hébergement o Autres Note finale et suggestions Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 53 Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse Élément Nom de l’évaluateur Explication (au besoin) Nom ou initiales de l’évaluateur Numéro de dossier Exemple/cotation JC A-000000 Nom du coroner RLS Réseau local de santé Sexe Sherbrooke M (masculin) ou F (féminin) Âge Âge au moment du décès Date de décès 52 2005-06-08 Heure du décès 13 : 10 Déclencheur Élément déclencheur ponctuel favorisant le passage à l’acte Rupture amoureuse Méthode de suicide Méthode ayant mené au décès Pendaison Emploi Description de l’emploi s’il y a lieu. Identifier chômage s’il y a lieu. Psychologue Perte d’emploi Perte d’emploi dans un intervalle de temps assez rapproché pour avoir un impact sur l’individu. 0 : non, 1 : oui Vit seul Absence de colocataires ou concubinage. 0 : non, 1 : oui Couple L’individu est-il dans une relation de couple? 0 : non, 1 : oui Divorce/séparation Divorce ou séparation dans un intervalle de temps assez rapproché pour avoir un impact sur l’individu 0 : non, 1 : oui Difficultés conjugales Difficultés au sein d’une relation de couple 0 : non, 1 : oui Menace de séparation Présence d’une menace de séparation lors du suicide 0 : non, 1 : oui Enfants L’individu a-t-il des enfants? 0 : non, 1 : oui Garde d’enfants L’individu a-t-il la garde des enfants, totalement ou de façon alternée avec le/la conjoint(e)? 0 : non, 1 : oui Enceinte Femme était-elle enceinte au moment du décès? 0 : non, 1 : oui Ennuis financiers Présence de difficultés au niveau financier comme la perte d’argent, la perte d’avoirs, l’endettement 0 : non, 1 : oui Problèmes avec la justice Procédures judiciaires en cours, arrestation récente, présence de dossier criminel ou incarcération 0 : non, 1 : oui Rejet social L’individu a-t-il vécu du rejet de la part d’amis, d’ami(e) de cœur ou de la société en général à l’exception de divorce, séparation ou menace de séparation? 0 : non, 1 : oui Désespoir L’individu, dans son contexte psychosocial, présente-t-il des signes de désespoir évidents? 0 : non, 1 : oui Impulsivité L’individu dans son contexte psychosocial présente-t-il des signes d’impulsivité évidents? 0 : non, 1 : oui Antécédent de violence hétéroagressive Gestes violents commis envers un autre individu 0 : non, 1 : oui Antécédent d’abus ou de négligence Histoire d’abus physique ou sexuel, ou de négligence durant l’enfance ou l’adolescence 0 : non, 1 : oui Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 57 Exposition à la mort par suicide Relation avec un individu ayant commis un suicide complété 0 : non, 1 : oui Orientation sexuelle Spécifier si l’orientation sexuelle a mené à des conséquences telles que le rejet, la persécution 1 : hétérosexuel, 2 : homosexuel, 3 : bisexuel, 4 : autre Dépression Dépression rapportée par le coroner 0 : non, 1 : oui actuellement, 2 : oui dans le passé Humeur dépressive Symptômes de dépression sans diagnostic de dépression majeure ou maladie bipolaire. Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Bipolaire Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Schizophrénie Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Abus/dépendance d’alcool, de drogue ou de médicaments Comme rapporté par le coroner A : abus, D : dépendance Trouble de personnalité Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Antécédent d’idée suicidaire Présence documentée d’idéation suicidaire par l’individu dans le passé 0 : non, 1 : oui Antécédent de tentative de suicide Présence documentée de tentative(s) de suicide par l’individu dans le passé 0 : non, 1 : oui Agitation extrême/rage Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Trouble de sommeil Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Anxiété Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Agressivité Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Fatigue Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Jeu compulsif Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui TDAH Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Sevrage Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Autres Autre trouble de santé mentale Spécifier le trouble de santé mentale autre Cancer Présence documentée par le coroner du trouble physique 0 : non, 1 : oui Douleur chronique Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Maladie chronique sévère autre que le cancer ou la douleur chronique Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Perte d’autonomie Comme rapporté par le coroner 0 : non, 1 : oui Autres Autre trouble de santé physique important Spécifier le trouble de santé physique Suivi pour santé mentale Le patient a-t-il déjà eu accès à un suivi pour un trouble de santé mentale autre que les idéations suicidaires 0 : non, 1 : oui Consultation en santé Le patient a-t-il déjà consulté un professionnel de la 0 : non, 1 : oui Spécifier début du suivi et fréquence Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 58 mentale santé pour un trouble de santé mentale Hospitalisation en santé mentale Le patient a-t-il déjà été hospitalisé pour un trouble de santé mentale Suivi/consultation en santé physique Le patient a-t-il déjà eu un suivi ou consulté un professionnel de la santé pour un problème de santé physique Lien possible avec le réseau Répondre à cet élément pour tout patient ayant eu contact avec le réseau de santé autre que les éléments précédents de la section « suivi médical ». Répondre aussi à cet élément si aucun lien n’est explicité, mais que la situation médicale de ce dernier implique un lien avec le système de santé. Institut impliqué Établissement de santé auquel le patient a été en contact Spécifier l’institut ayant été impliqué dans l’élément positif de la section « suivi médical » Intoxication drogue, alcool, médicament Présence de taux sanguins supérieurs à la dose thérapeutique (alcool, médicament) ou positifs (drogues) 0 : non, 1 : oui Inclut les cas où la personne suicidaire sollicite ellemême les ressources appropriées 0 : non, 1 : oui Contact Le patient a-t-il été en contact avec un proche, une sentinelle potentielle, la police ou un professionnel de la santé. Ce contact a-t-il repéré la tendance suicidaire de l’individu? 0 : contact non vu, 1 : contact vu mais n’a pas repéré, 2 : contact vu et a repéré Évaluation de la dangerosité de passage à l’acte : urgence, facteurs de vulnérabilité, facteurs de protection Si l’individu suicidaire a été repéré, l’intervenant a-t-il évalué l’individu avec l’une de ces options? 0 : non, 1 : oui Suivi pour personne vulnérable au suicide Si l’individu suicidaire a été repéré, l’intervenant a-t-il réalisé un suivi? Détailler le délai entre le repérage et la première rencontre puis détailler la qualité du suivi en termes de fréquence, de nature et de continuité Postvention Le patient a-t-il bénéficié de postvention à la suite du suicide d’une connaissance ou d’un proche? 0 : non, 1 : oui Plan/comportement préparatoire L’individu avait-il un plan clair avant de commettre le geste suicidaire ou posé des gestes en vue de commettre un suicide? 0 : non, 1 : oui Exprimer l’intention de mort L’individu a-t-il exprimé ses intentions de mourir à un proche ou une connaissance peu avant son passage à l’acte? 0 : non, 1 : oui Message Présence de message écrit ou enregistré de la part de l’individu décédé en lien avec l’intention suicidaire? 0 : non, 1 : oui Repérer pour dangerosité suicidaire et orienter vers un intervenant pour la prévention du suicide 0 : non, 1 : oui 0 : non, 1 : oui Spécifier début et fréquence 0 : non, 1 : oui Spécifier le lien en question Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 59 Support familial Présence de proches au niveau familial pouvant supporter et aider le patient? 0 : non, 1 : oui Support social Présence de proches ne se situant pas au niveau familial pouvant supporter et aider le patient? 0 : non, 1 : oui Support thérapeutique Présence de professionnels de la santé disponibles pour venir en aide au patient et connus de celui-ci? 0 : non, 1 : oui Plan pour le futur Présence de projets pour l’avenir exprimés par le patient? 0 : non, 1 : oui Valeurs et croyance Présence de valeurs ou de croyances, telles que la religion, qui s’opposent à l’idée de suicide? 0 : non, 1 : oui Surveillance par proches Proches ayant fait de la surveillance auprès de l’individu avant sa mort pour tenter d’empêcher un suicide? 0 : non, 1 : oui Retrait des moyens pour se suicider Proches ayant tenté d’empêcher le suicide en retirant de l’environnement du patient les objets susceptibles de pouvoir être utilisés en vue de commettre un suicide? 0 : non, 1 : oui Sollicitation aide spécialisée Proches ayant fait appel à une aide spécialisée pour tenter d’intervenir auprès du patient? Hébergement Proche ayant exceptionnellement hébergé à son domicile le patient pour tenter d’empêcher le suicide ou pour répondre à une demande du patient? 0 : non, 1 : oui Autres Autre action des proches en vue d’empêcher le suicide du patient Spécifier l’action réalisée Absence dans le dossier de facteurs ou prédisposants Présence d’un suicide dans un contexte où le patient ne présentait pas de facteurs prédisposants pouvant mener à un suicide 0 : non, 1 : oui Note finale et suggestions Commentaires libres de l’évaluateur du dossier 0 : non, 1 : oui Spécifier l’aide spécialisée sollicitée Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations 60 À PROPOS DU DOCUMENT… Cette recherche prend appui sur l’analyse des rapports rédigés par des coroners pour des situations de décès par suicide en Estrie, survenues entre 2005 et 2010. Elle présente le profil de la personne vulnérable au suicide en Estrie. Elle propose aussi des recommandations, destinées aux intervenants et aux gestionnaires, en vue d’améliorer les pratiques en prévention du suicide et d’adapter les interventions et les services aux personnes les plus susceptibles de passer à l’acte. Enfin, elle propose des recommandations destinées aux coroners. En effet, un rapport de coroner complet et détaillé représente un outil précieux pour améliorer notre compréhension commune de la problématique et pour évaluer les services offerts. Nous souhaitons vivement que cette analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie inspirera d'autres régions du Québec à se pencher sur les spécificités locales et régionales du suicide. À PROPOS DES AUTEURS… Jean Christian Boileau, étudiant, Université de Sherbrooke Simon Corriveau-Durand, étudiant, Université de Sherbrooke Laurent Grondines, étudiant, Université de Sherbrooke Antoine Lamoureux-Auclair, étudiant, Université de Sherbrooke Sami Morin-Ben Abdallah, étudiant, Université de Sherbrooke En collaboration collaboration avec Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche, Direction de la coordination et des affaires académiques (DCAA) Sous la supervision de Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice de l’équipe de projets à la Direction de la coordination et des affaires académiques, CSSS-IUGS et professeure associée au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke À PROPOS DU CENTRE DE SANTÉ ET DE SERVICES SOCIAUX — INSTITUT UNIVERSITAIRE DE GÉRIATRIE DE SHERBROOKE (CSSS-IUGS) Le CSSS-IUGS possède une désignation d’institut universitaire de gériatrie et une désignation de centre affilié universitaire. Ces deux désignations font en sorte de créer un environnement de travail où l’innovation est présente dans l’optique de contribuer au rehaussement constant de la qualité des services. Cela se traduit par l’omniprésence de l'enseignement, de la recherche et du partage des connaissances au sein de l’établissement. Les publications du CSSS-IUGS visent ainsi à favoriser la diffusion et le partage des connaissances produites par les intervenants, les gestionnaires, les chercheurs et les étudiants de l’établissement.