Analyse des rapports des coroners des décès par - CSSS-IUGS

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Analyse des rapports des
coroners des décès
par suicide en Estrie :
profils et recommandations
Analyse des rapports des coroners
des décès par suicide en Estrie :
profils et recommandations
Par
Jean Christian Boileau
Simon Corriveau-Durand
Laurent Grondines
Antoine Lamoureux-Auclair et
Sami Morin-Ben Abdallah
e
(Étudiants en 3 année de médecine, Université de Sherbrooke)
En collaboration avec
Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche au CSSS-IUGS
Sous la supervision de Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice
de l’équipe de projets à la Direction de la coordination et des affaires académiques, CSSS-IUGS et professeure
associée au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté
de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke
28 janvier 2011
Rédaction
Jean Christian Boileau, étudiant, Université de Sherbrooke
Simon Corriveau-Durand, étudiant, Université de Sherbrooke
Laurent Grondines, étudiant, Université de Sherbrooke
Antoine Lamoureux-Auclair, étudiant, Université de Sherbrooke
Sami Morin-Ben Abdallah, étudiant, Université de Sherbrooke
Collaboration
Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche, Direction de la coordination et des affaires académiques (DCAA)
Sous la supervision
Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice de l’équipe de projets (DCAA)
Révision
Révision linguistique
Lucie Roy, agente administrative, DCAA
Mise en pages
pages
Sarah Archambault, technicienne en administration, DCAA
Le CSSS-IUGS est un centre affilié universitaire (CAU) du secteur social et un institut universitaire de gériatrie
(secteur santé)
Vous pouvez obtenir ce document à l’adresse suivante.
Guichet de la DCAA
Centre de santé et de services sociaux  Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke
Direction de la coordination et des affaires académiques
500, rue Murray, bureau 100
Sherbrooke (Québec) J1G 2K6
819 780-2220, poste 47200
[email protected]
Ce document est disponible à la section documentation et médias,
médias sous la rubrique publications du site Web du
Centre de santé et de services sociaux  Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke dont l’adresse est :
www.cssswww.csss-iugs.ca
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011
Bibliothèque et Archives du Canada, 2011
ISBN : 978-2-923738-48-2
P:\DCAA\Documents officiels\Publications\2011-2012\Rapport des coroners _ janvier 2011\Analyse des rapports des coroners
_juillet 2011.doc
La reproduction des textes est autorisée et même encouragée, pourvu que la source soit mentionnée.
© Centre de santé et de services sociaux – Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke, 2011
TABLE DES MATIERES
1.
RÉSUMÉ ...........................................................................................................................................................7
2.
INTRODUCTION .............................................................................................................................................9
3.
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ................................................................................................................. 13
4.
MÉTHODOLOGIE......................................................................................................................................... 15
5.
RÉSULTATS ET DISCUSSION SUR LE PROFIL .............................................................................................17
6.
RECOMMANDATIONS................................................................................................................................. 25
7.
CONCLUSION ............................................................................................................................................... 35
8.
RÉFÉRENCES .................................................................................................................................................37
Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction ............................................................................... 41
Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale ........................................................................................... 45
Annexe 3 : Grille Finale ......................................................................................................................................... 49
Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse ......................................................................................................... 55
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
v
1. RÉSUMÉ
Introduction :
Phénomène préoccupant en santé publique, le suicide sévit toujours significativement au Québec. Bien que les
taux soient en diminution à l’échelle provinciale, ce fléau continue de faucher plus de trois vies chaque jour et
reste une des causes principales de décès chez les jeunes.
Objectifs :
Notre recherche tente tout d’abord de dresser un portrait de la personne vulnérable au suicide dans la région de
l’Estrie, et ce, à partir de l’analyse des rapports des coroners des décès par suicide. Cette recherche vise aussi,
à la suite de cette analyse, à formuler des recommandations, à l’intention des acteurs en santé et services
sociaux, en vue d’optimiser le repérage et le suivi des personnes vulnérables au suicide.
Méthode :
Une grille d’analyse a été élaborée à partir d’une analyse qualitative de contenu de la littérature sur le suicide.
Deux cent soixante-dix-sept rapports de coroners des décès par suicide survenus entre 2005 et 2009 ont été
analysés. Le profil type et les recommandations ont été dégagés des données compilées.
Résultats :
Selon l’étude, les personnes qui se sont suicidées présentaient surtout les facteurs associés au suicide
suivants : les troubles amoureux, l’hétéro-agressivité chez les jeunes, le deuil chez les personnes âgées,
l’impulsivité, la présence d’idéations suicidaires ou une histoire de tentatives, les troubles de santé mentale, les
maladies chroniques sévères, les problèmes d’abus ou de dépendance ainsi que l’isolement social.
Conclusion :
Vingt et une recommandations à l’intention des intervenants en santé et services sociaux, des gestionnaires et
des coroners ont été proposées. Cette étude sert de projet pilote en prélude à une série d’études de profil de
personnes suicidaires qui se feront dans chacune des régions du Québec.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
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2. INTRODUCTION
Problématique
À l’heure actuelle, le suicide représente un problème de santé publique d’envergure internationale : il a été
estimé qu’environ 1 million de décès par suicide surviennent chaque année à travers la planète [31]. Les
impacts collatéraux sont notoires : le suicide affecte environ six personnes dans l’entourage des individus
commettant une tentative. Qui plus est, la situation du suicide au niveau du Québec est aussi des plus
préoccupantes. En effet, en consultant les plus récentes statistiques de l’Institut national de santé publique du
Québec (INSPQ), il est aisé de constater qu’en 2008, quelque 1 103 décès par suicide ont été enregistrés sur le
territoire québécois, parmi lesquels 842 hommes et 260 femmes.
Pour la période 2005-2007, le suicide représentait 2,1 % de l’ensemble des décès de la population québécoise
[16], proportion évaluée à 3,3 % chez les hommes et à 1 % chez les femmes. Néanmoins, à première vue, les
récentes tendances suggèrent une nette diminution du taux de suicide au sein de la population québécoise
depuis 1999 où 1 620 décès avaient été recensés. Au cours des 10 dernières années (1999-2008), le taux ajusté
de suicide a diminué en moyenne de près de 4 % par année [16]. Certes, il s’agit d’une amélioration significative
comparativement aux chiffres enregistrés au cours des années 1981-1999 qui témoigne probablement des
efforts en prévention du suicide déployés par les divers intervenants et les gestionnaires du réseau de la santé
et des services sociaux au cours des dernières années. En revanche, les améliorations encourageantes
illustrées par ces statistiques ne doivent pas masquer l’existence de certaines réalités préoccupantes :
comparativement aux autres provinces, le Québec détient toujours le plus haut taux de suicide au Canada [30].
e
À l’échelle mondiale, le Québec se situait au 5 rang mondial en ce qui a trait au taux de mortalité par suicide
chez les hommes en 2006 [16]. D’ailleurs, entre 2006-2008, trois suicides sur quatre sont faits par des hommes
[16].
Au Québec, on a longtemps pensé que le suicide était un choix individuel et qu’il ne fallait pas s’en mêler. Or,
une personne suicidaire ne veut pas réellement mourir, elle veut seulement arrêter de souffrir. Les tabous
entourant la santé mentale au Québec et le manque de connaissance en ce qui a trait aux maladies
psychiatriques ont considérablement contribué à propulser le Québec parmi les territoires détenant des taux de
suicide des plus élevés dans les pays industrialisés. D’autres éléments comme l’acceptation sociale du suicide
plus répandue chez la population masculine [9] alimentent cette tendance. À ce propos, une étude provenant du
Japon a d’ailleurs démontré que la population résidant dans un secteur où les taux de suicide sont plus élevés
est plus tolérante à l’égard du suicide qu’une population vivant dans un autre secteur [31]. Ainsi, en dépit des
améliorations significatives notées au cours de la dernière décennie concernant les statistiques provinciales au
sujet des taux de suicide, il n’en demeure pas moins que le suicide constitue encore un problème incontournable
de santé publique au Québec. Il est donc impératif de poursuivre les efforts de prévention en vue d’en réduire la
prévalence [22].
Profil et facteurs associés
En évaluant les taux de suicide en fonction des catégories d’âge, il se trouve que le taux le plus élevé est
observé chez le groupe âgé de 35 à 49 ans [16]. En réalité, il semble que les hommes âgés entre 35-49 ans
constituent une clientèle vulnérable au suicide. Chez les hommes âgés de moins de 35 ans, le suicide
représentait plus du tiers de l’ensemble des décès pour la période 1999-2001. À la lumière des données
récentes, le poids du suicide semble avoir diminué pour ce groupe, notamment chez ceux âgés de 15 à 19 ans.
Chez les femmes, peu de variations apparaissent, à l’exception d’une légère diminution du poids du suicide chez
celles âgées de 20 à 34 ans. Ainsi, l’importance relative du suicide diminue graduellement avec l’âge au fur et à
mesure que les autres causes de mortalité augmentent [16].
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
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Quant aux moyens utilisés pour s’enlever la vie, il apparaît que les suicides par armes à feu ont diminué
considérablement tandis que les suicides par pendaison, strangulation ou suffocation augmentaient aussi bien
chez les hommes que les femmes [16].
Les distributions géographiques des victimes du suicide proposées par les statistiques de l’INSPQ relèvent que
les plus hauts taux de suicide sont enregistrés au cœur des régions telles que la Gaspésie, la Côte-Nord,
l’Abitibi-Témiscamingue, la Mauricie. Pour leur part, les plus bas taux de suicide sont pour leur part recensés
autour des grandes villes, soit à Laval, Montréal-Centre et la Montérégie. Pour ce qui est de la situation en
Estrie, à titre d’exemple, le rapport annuel de l’année 2009-2010 de l’organisme communautaire JEVI [8] a
révélé que 45 suicides sont survenus en 2008 et 50 en 2009.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces taux de suicide :
Facteurs prédisposants : éléments issus du passé qui contribuent à fragiliser la personne tels que
les antécédents suicidaires de sa famille [5], l’isolement social et les problèmes psychiatriques [36];
Facteurs contribuants : éléments qui accentuent la vulnérabilité de la personne, comme une
consommation excessive de drogue ou d’alcool [6] et l’instabilité familiale [14];
Facteurs précipitants : éléments déclencheurs du comportement ou de l’idée suicidaire, comme une
rupture amoureuse [14] ou la mortalité d’un proche [22];
Facteurs de protection : éléments réduisant l’effet des facteurs associés au suicide tels qu’un réseau
social soutenant, bonne santé globale, bonnes stratégies d’adaptation [17].
La division des facteurs proposée ci-haut est basée sur les recherches qui permettent de circonscrire quatre
catégories de facteurs pouvant influencer le passage à l’acte chez un individu [37], [29]. Dans une perspective
de repérage, il est évident qu’une connaissance approfondie de ces facteurs associés au suicide aiderait
grandement les intervenants et les gestionnaires au niveau de l’optimisation du repérage d’individus vulnérables
au suicide.
Cela dit, les statistiques recensées par l’INSPQ en matière de prévention du suicide sont bien répandues et
généralement bien diffusées auprès des intervenants et des gestionnaires et visent à préciser le portrait
épidémiologique. Toutefois, à la lumière des réalités démontrées par ces chiffres, il apparaît que les constats qui
y sont ébauchés se limitent aux caractéristiques de base, associées aux individus qui commettent un suicide,
telles que le sexe, l’âge, le lieu de résidence des personnes, le moyen de s’enlever la vie. Une description plus
détaillée des profils d’individus qui s’enlèvent la vie n’est malheureusement pas révélée par de telles statistiques.
C’est dans ce contexte que l’analyse de dossiers de coroner permet de dégager certains profils d’individus plus
fréquemment susceptibles de commettre un suicide. Une telle analyse plus exhaustive et plus complète
relativement aux facteurs associés au suicide est réalisable par le biais de ces dossiers. Par le fait même, il sera
possible de constater certaines tendances récurrentes en la matière et, incidemment, d’émettre des
recommandations adéquates aux professionnels impliqués dans le repérage du suicide. Néanmoins, faut-il le
rappeler, peu importe l’acquisition et la maîtrise de tous les facteurs associés au suicide, il importe de repérer
efficacement les tentatives potentielles de passage à l’acte. À ce propos, l’analyse des écrits révèle qu’il importe
d’utiliser un outil efficace, basé sur des notions empiriques solides et faisant ressortir les facteurs les plus près
du passage à l’acte [22]. Ainsi, la coopération des acteurs impliqués en prévention, relativement à
l’appropriation des connaissances régionales concernant les taux de suicide et les profils particuliers rencontrés,
s’avère tout à fait essentielle pour s’inscrire dans le mandat collectif que constitue la prévention du suicide au
Québec.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
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Bonnes pratiques en prévention du suicide
Les 95 CSSS étant des acteurs de premier plan, il va sans dire qu’il est essentiel de les outiller convenablement
afin de poursuivre la mission collective que constitue la prévention du suicide. Ainsi, dans la foulée des
différentes stratégies ministérielles mises en place (Stratégie québécoise d’action face au suicide : S’entraider
pour la vie (1998), l’Évaluation de l’implantation de la Stratégie québécoise d’action face au suicide (2004), le
Programme national de santé publique (2003-2012) et le Plan d’action en santé mentale (2005-2010)), il devient
fondamental de concerter l’approche des différents acteurs impliqués dans la prévention du suicide au Québec.
À ce sujet, la direction de la santé publique du MSSS a sollicité le CSSS-IUGS afin qu’il élabore un guide en
prévention du suicide pour les intervenants des CSSS. Le CSSS-IUGS a alors proposé d’entamer le projet par
une analyse des besoins. D’ailleurs, les résultats de l’Analyse des besoins au regard de la prévention du suicide
dans les centres de santé et de services sociaux ont clairement identifié les besoins des intervenants et des
autres gestionnaires impliqués dans le réseau québécois de la santé [21] :
les outils permettant d’évaluer la personne suicidaire sont peu utilisés et il n’existe aucun consensus
sur les outils les mieux adaptés aux CSSS;
il est difficile de déterminer quelles sont les pratiques optimales pour intervenir auprès de la personne
suicidaire et de fixer des lignes directrices communes à l’échelle d’un RLS;
au sein des RLS, les mécanismes pour référer la personne suicidaire à l’un ou l’autre des différents
services du CSSS ou des organismes partenaires manquent de clarté.
Cette analyse des besoins a aussi permis d’établir l’importance d’outiller les gestionnaires. Deux guides de
bonnes pratiques ont ainsi été élaborés : un pour les intervenants et un pour les gestionnaires. Des stratégies
(ex. : formations, ateliers, etc.) sont présentement déployées afin que les intervenants et les gestionnaires
s’approprient les pratiques proposées dans les guides.
En lien avec l’atelier proposé aux gestionnaires, ce dernier les sensibilise à l’importance d’avoir un portrait clair
des suicides qui se déroulent dans la région dans les différents réseaux locaux de services de la région. Ce
portrait peut être plus précis par l’analyse des rapports de coroner. Cette analyse permet d’obtenir un portrait
plus clair et de formuler des recommandations adaptées aux acteurs impliqués. En réalité, il existe
approximativement 75 facteurs associés au suicide. Cette multitude de caractéristiques rendant l’intervention
des professionnels de la santé plutôt fastidieuse, il incombe de cibler les facteurs les plus importants [23].
Rôle des médecins
En tant qu’intervenants de première ligne auprès de personnes vulnérables au suicide, les médecins jouent un
rôle clé dans ce contexte. En effet, certains auteurs ont démontré que de 40 % à 70 % des personnes qui se
sont suicidées ont consulté un médecin moins d’un mois avant de mettre un terme à leurs jours. Par conséquent,
au travers de leur pratique, les médecins ont l’opportunité de rencontrer un nombre considérable de patients
susceptibles de commettre une tentative de suicide. Par le fait même, le suivi prodigué à ce type de clientèle
devient un élément littéralement fondamental dans la prévention du suicide [30]. Mais concrètement, qu’est-ce
qu’un suivi adéquat? Sur le plan pratique, l’Analyse des besoins au regard de la prévention du suicide dans les
centres de santé et de services sociaux soulève qu’il importe d’améliorer l’organisation des services ayant pour
rôle de prendre en charge les personnes vulnérables au suicide et d’offrir un suivi à ces dernières [22].
Cependant, il se trouve que certaines modalités reconnues efficaces, pour effectuer le suivi de ces personnes et
les fidéliser à leur suivi, demeurent peu employées dans les CSSS [21]. Il serait ainsi fort intéressant de mesurer
l’impact de ce que peut occasionner la prise de contact avec un médecin chez la personne suicidaire. À ce titre,
il faut préciser que la personne suicidaire est particulièrement vulnérable durant l’année suivant une tentative de
mettre fin à ses jours [22]. Manifestement, ce degré de vulnérabilité fait en sorte qu’un suivi étroit doit être
proposé à toutes personnes qui sont ou qui ont été en danger de passage à l’acte [22].
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
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Au surplus, une maîtrise adéquate des facteurs permettra d’améliorer la qualité du suivi offert aux personnes
suicidaires [35] et peut contribuer à prévenir le passage à l’acte [26]. Mais après la rencontre avec le médecin,
qu’en est-il du suivi? Les personnes suicidaires sont-elles réellement bien encadrées? À ce propos, l’analyse
des écrits illustre qu’il est crucial de planifier la sortie de la personne suicidaire hospitalisée ou hébergée, sinon
elle n’utilisera pas les services que son état requiert.
Concrètement, un suivi complet et optimal devrait avoir lieu dans le cadre d’une rencontre organisée dans les 24
à 48 heures suivant la sortie de l’hôpital ou de l’urgence. Ensuite, il faut s’enquérir d’organiser une rencontre
chaque semaine pour évaluer la personne suicidaire et ce jusqu’à ce que cette dernière ne présente plus aucun
indice de passage à l’acte pendant au moins trois rencontres consécutives [22]. Malheureusement, trop
d’individus vulnérables au suicide sont laissés pour compte après leur rencontre avec leur médecin en dépit de
ressources professionnelles à disposition et c’est à ce niveau qu’il faut insister pour mieux encadrer les patients
bénéficiant d’un suivi médical.
Rôle du coroner
Dans le cadre du présent projet, l’analyse proposée sera basée sur les rapports des dossiers de coroner
élaborés à la suite des suicides survenus en Estrie au cours des années 2005-2010. Le coroner, conformément
à la Loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès (LRCCD), procède à l’investigation de tous
les décès par suicide ou les décès survenus dans des circonstances violentes. En effet, les coroners ont
notamment pour mandat de déterminer les causes et les circonstances du décès tout en recherchant si le décès
aurait pu être évité, de protéger les vivants en formulant des recommandations pour prévenir semblable décès
ainsi que d’informer le public sur les causes médicales probables et les circonstances du décès. En l’espèce,
nous nous servirons des écrits émanant des différents coroners ayant rédigé les rapports en lien aux décès par
suicide survenus en Estrie entre 2005-2010. À cet effet, nous serons à même de dégager certaines
recommandations à l’endroit de la rédaction de ces rapports, et ce, afin de mieux cerner les profils d’individus
suicidaires dans un souci de prévention optimale.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
12
3. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
À la lumière des données recensant les taux de suicide particulièrement élevés du Québec, il devient évident
que la prévention du suicide doit devenir une préoccupation de premier plan pour le système de santé
québécois.
Le premier but de notre recherche est d’identifier les différents profils de personnes qui se sont suicidées en
Estrie. À cette fin, nous avons élaboré une grille d’analyse qui est présentée en annexe et qui pourra être
réutilisée lors de recherches ultérieures. Cette grille doit contenir les éléments servant au profilage des individus.
Ce projet fournira donc, aux acteurs en santé et en services sociaux de la région, des outils pour mieux repérer
les personnes vulnérables au suicide. Notre étude servira de projet pilote en Estrie pour éventuellement pouvoir
être répétée dans d’autres régions du Québec.
Nous avons aussi porté une attention particulière aux méthodes de repérage et de suivi utilisées pour soulever
les différences entre celles-ci et les recommandations du Guide de bonnes pratiques en prévention du suicide à
l’intention des intervenants des centres de santé et services sociaux [22].
Ainsi, à partir du profilage établi précédemment et de l’analyse de contenu des rapports du coroner, nous avons
pu établir des recommandations aux intervenants et gestionnaires qui œuvrent dans les services de la santé et
les services sociaux pour améliorer la prévention du suicide.
Finalement, nous avons aussi émis des recommandations aux coroners à propos des informations pertinentes,
mais souvent manquantes des rapports de décès par suicide. Ceci est réalisé dans le but d’obtenir des rapports
plus complets qui proposeraient des moyens d’améliorer les pratiques relatives à la prévention du suicide en vue
de les adapter.
Objectifs
Établir le profil type de l’individu suicidaire en Estrie;
Établir des recommandations aux coroners ainsi qu’aux intervenants et aux gestionnaires en prévention
du suicide;
Élaborer une grille pour analyser les rapports du coroner traitant de cas de suicide en s’appuyant, entre
autres, sur le Guide de bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des
centres de santé et services sociaux [22].
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
13
4. MÉTHODOLOGIE
Type d’analyse privilégiée
Pour notre projet, une analyse qualitative de contenu a été privilégiée. L’analyse de contenu vise à réduire à
quelques catégories analytiques l’ensemble des mots d’un texte [20]. Elle vise à articuler « la rigueur de
l’objectivité et la richesse de la subjectivité » [32]. Une grille d’analyse a été élaborée pour analyser le contenu
des rapports des coroners. Les catégories de la grille d’analyse ont été choisies à l’aide d’une méthode mixte,
soit par déduction et par induction.
La méthode par déduction consiste à construire une grille d’évaluation en s’inspirant des catégories provenant
d’une recension des écrits sur le sujet. Les éléments de la littérature jugés pertinents ont été sélectionnés dans
l’optique de répondre à nos objectifs. Plus précisément, nous nous sommes basés sur des articles traitants des
facteurs associés au suicide sur des recherches antérieures qui ont analysé des rapports de coroner à propos de
cas de suicide et sur le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des
centres de santé et de services sociaux [22]. Nous avons porté une attention particulière pour inclure dans la
grille des éléments à propos du repérage et du suivi de personnes suicidaires afin de vérifier si ceux-ci
correspondent aux suggestions du guide de bonnes pratiques pour la prévention sur le suicide. Les éléments
initialement présents dans la grille d’évaluation ainsi que les références dans lesquelles nous les avons trouvés
sont présentés dans l’Annexe 1.
La méthode par induction a servi de complément et consistait à ajouter de nouveaux éléments à la grille au fil de
nos lectures selon notre analyse de contenu. Les changements que nous avons effectués sont présentés dans
l’Annexe 2.
La grille finale est le résultat de la combinaison de ces deux méthodes. La grille finale est présentée en Annexe
3 et pourra être réutilisée dans le cadre d’études ultérieures.
Données analysées
Nous avons reçu tous les rapports de coroner des décès par suicide survenus en Estrie de 2005 à 2009 et
certains rapports disponibles de 2010. Nous avons rejeté un rapport, car il n’y était pas question de suicide,
mais plutôt d’un accident. En tout, nous avons analysé 277 rapports de coroner. Nous avons évalué neuf
rapports en groupe pour standardiser notre méthode d’évaluation. Les rapports restants ont été divisés entre
cinq évaluateurs.
Afin d’assurer la validité de la recherche, la codification des rapports des coroners a été soumise à un test de
reproductibilité qui « […] renvoie au degré auquel les résultats demeurent invariants lorsque les règles de
codification sont appliquées par des personnes différentes. Ce test suppose que deux ou plusieurs personnes
codent le même échantillon de texte. La différence dans la façon de coder les résultats reflète des incohérences
interobservateurs dans la façon d’interpréter les règles de codification [20]. »
Ce test de reproductibilité va dans le même sens que la triangulation des observateurs ou fidélité interjuge, qui,
telle que définie par Pourtois et Desmet (2007), consiste à utiliser plus d’un observateur dans le plan de la
recherche et à analyser les divergences pour identifier les sources de biais. Ainsi, 20 % des rapports des
coroners ont été recodifiés par la chercheuse responsable du projet. Ce test de reproductibilité a permis
d’apprécier la cohérence dans la façon d’interpréter les règles de codification.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
15
Analyse des résultats
L’analyse de résultats consistait à confirmer ou infirmer des hypothèses émises initialement. Les calculs et la
compilation des données ont été effectués à l’aide du logiciel Microsoft Excel.
Considérations éthiques
Les rapports du coroner constituent des données publiques. Cependant, les rapports du coroner contenaient des
informations délicates à propos d’individus décédés. Nous avons tenu à protéger, le plus possible, la
confidentialité de l’identité de ces individus en évitant de mentionner leurs noms et en limitant l’accès des
rapports uniquement aux évaluateurs désignés.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
16
5. RÉSULTATS ET DISCUSSION SUR LE PROFIL
Les résultats sont présentés en plusieurs sections : descriptifs (âge, sexe, etc.), facteurs sociaux et antécédents
médicaux, intoxication, suivi médical et fait divers. Voici les résultats :
Descriptifs
A. Les personnes s’étant suicidées sont, en majorité, des hommes. En effet, quatre suicides sur cinq
impliquent le sexe masculin, 225 hommes et 52 femmes (voir Figure 1). Ce résultat est compatible avec
le rapport de trois hommes pour une femme retrouvé dans la littérature [16].
Figure 1
B. Le groupe des 35 à 49 ans est le plus fréquemment touché, un peu plus d’un tiers des suicides en Estrie
concerne ce groupe (voir Figure 2). Ce résultat est compatible avec la littérature [16], où l’on retrouve un
rapport d’un suicide sur deux impliquant ce groupe d’âge.
Figure 2
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
17
C. La pendaison est le moyen le plus fréquent, autant chez l’homme que chez la femme. Une différence
vient au niveau du second rang, qui est par arme à feu chez les hommes et par intoxication
médicamenteuse chez la femme (voir Figure 3A et 3B). Ces résultats sont compatibles avec la littérature
[16], où la pendaison est la méthode la plus prévalente avec 53,6 %.
Figure 3A
Figure 3B
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
18
D. Les déclencheurs les plus fréquents sont les troubles amoureux 22,74 %, suivi en ordre par la maladie
physique 5,05 %, les troubles psychiatriques 3,97 % et le deuil 3,25 % (voir Tableau 1).
Facteurs déclencheurs
Nombre
Rapport
Troubles amoureux
63
22,74 %
Maladie physique
14
5,05 %
Trouble psychiatrique
11
3,97 %
Deuil
9
3,25 %
Problèmes financiers
7
2,53 %
Déménagement
6
2,17 %
Difficulté au travail
6
2,17 %
Autres
5
1,81 %
Alcool et drogue
4
1,44 %
Problèmes avec la justice
3
1,08 %
Perte de garde d'enfant
3
1,08 %
Problèmes familiaux
3
1,08 %
Rejet social
2
0,72 %
Non identifié
141
50,90 %
Total suicide
277
Tableau 1
E. 24 % des hommes avaient comme facteur déclencheur (54/225) une rupture amoureuse. Ce chiffre est
de 17,31 % chez la femme (9/52).
F. Le deuil chez les personnes de 50 ans et plus est le facteur déclencheur dans 7,84 % des cas
comparativement à 0,57 % chez les 49 ans et moins. Ce résultat va dans le même sens que l’affirmation
de Caillard et Chastang, 2010, selon laquelle une perte significative a un impact important pour le
suicide chez les personnes âgées.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
19
G. Nous avons aussi constaté une tendance au niveau du moment dans l’année, c’est-à-dire que 14,13 %
des suicides se produisent lors du mois de mai, ce qui représente le taux le plus élevé, suivi du mois
d’août avec 10,14 %. Le plus bas taux est de 6,16 % qui est associé au mois de novembre
(voir Figure 4). Ces résultats sont compatibles avec la littérature [7], selon laquelle il y a un plus haut
taux de suicide au printemps.
Figure 4
H. Nous avons aussi analysé le nombre de suicides pour chaque RLS en Estrie [voir FIG. 5]. Ainsi, le taux
de suicide le plus élevé se retrouve dans le RLS Granit qui est de 1,9 fois celui du RLS Memphrémagog.
Pour calculer les taux, nous avons utilisé les populations des RLS en 2005, données par l’Institut de la
statistique du Québec.
Figure 5
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
20
Facteurs sociaux et antécédents médicaux
I.
Il s’avère que le plus prévalent de ces facteurs est l’antécédent d’idéations suicidaires, présent chez plus
de 45 % des cas, suivi de l’antécédent de tentative de suicide 30,32 %, une humeur dépressive 29,60 %
et de l’existence d’un divorce et/ou d’une séparation 29,60 % (voir Figure 6). Ces résultats témoignent
de l’importance de ces facteurs comme rapportés dans la littérature [7, 36].
Figure 6
J. 43,11 % des hommes avaient vécu des problèmes de couple tels qu’un divorce/séparation, et/ou une
menace de séparation, et/ou des difficultés conjugales (ci-après « problèmes de couple »), tandis que le
taux est de 36,43 % chez les femmes. 49,48 % des hommes de 35-49 ans avaient des problèmes de
couple. Ce groupe d’âge est le plus affecté par ces « problèmes de couple ».
K. 37,11 % des personnes entre 35-49 ans avaient un problème d’abus ou de dépendance à l’alcool. Le
taux, en incluant tous les âges, est de 28,52 %, tandis que dans la littérature [27], le taux actuel d’abus
de substances le plus élevé se situe chez les 20 à 29 ans (statistiquement significatif). Cependant, le
taux d’antécédent d’abus de substance est le plus élevé chez les 40-49 ans (non statistiquement
significatif).
L. Vingt-cinq pour cent des 15-19 ans avaient démontré de l’agressivité envers une autre personne et/ou
de l’impulsivité; 24,29 % des 20-34 ans, suivi de 12,37 % des 35-49 ans, 11,11 % des 50-64 ans et
3,33 % des 65 ans et plus. Ce résultat est compatible avec la littérature [27] où l’on retrouve un score
significativement plus élevé pour les 20 à 29 ans, à p<0.001 sur l’échelle Brown-Goodwin History of
Aggression.
M. Nous avons analysé le dossier des 52 femmes et il faut noter que 35 d’entre elles (67,31 %) avaient,
soit un diagnostique/antécédent de dépression majeure, soit une humeur dépressive. Le taux étant
comparativement de 46,22 % chez les hommes.
N. 88,46 % des femmes souffraient d’au moins un trouble de santé mentale (dépression majeure, maladie
affective bipolaire, schizophrénie, trouble de personnalité, anxiété, trouble d’adaptation)
comparativement à 57,78 % chez les hommes.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
21
Intoxication
O. Plusieurs personnes ont été retrouvées intoxiquées lors du passage à l’acte. Le groupe d’âge le plus
souvent impliqué est celui des 35-49 ans avec plus de 46,39 % d’intoxication suivi des 50-64 ans avec
37,50 %.
Suivi médical
P. 46,57 % des gens avaient un suivi en santé mentale et/ou avaient eu une consultation en santé mentale
et/ou avaient été hospitalisés pour des raisons de santé mentale. 36,43 % de ces gens avaient
explicitement divulgué le fait qu’ils désiraient s’enlever la vie.
Q. 60,34 % des gens décédés par suicide dans le RLS de Sherbrooke étaient suivis en santé mentale et/ou
avaient eu une consultation en santé mentale et/ou avaient été hospitalisés pour des raisons de santé
mentale. Parmi les divers RLS de l’Estrie, ceci représente le taux le plus élevé. Par contre, dans le RLS
de Granit, le taux est de 16,67 %, ce qui représente le taux le plus bas de l’Estrie. La moyenne en Estrie
est de 47,51 %.
R. Trente-deux pour cent des gens éprouvant des douleurs chroniques se sont suicidés par intoxication
médicamenteuse. Le taux général de suicide par intoxication est pour sa part de 11,91 %. La facilité
d’accès aux médicaments en est probablement la cause.
Faits divers
S. 46,93 % des gens ont laissé une note ou un message à leur proche. Ce résultat est compatible avec la
littérature [7], où l’on retrouve un taux de 43 % chez les personnes âgées.
T. 5,05 % des gens ont nié leur intention, de passer à l’acte, à un intervenant malgré le fait qu’ils avaient
avoué ce fait à un proche.
U. 82,31 % des gens avaient un support familial et/ou social significatif. Cependant, uniquement 24,19 %
des gens ont été repérés en ce qui a trait à leur vulnérabilité face au suicide.
Profil de la personne vulnérable au suicide en Estrie
Selon nos résultats A, D, E, F, I, J, K, L et M, les caractéristiques qui ressortent davantage sont :
Personne ayant des troubles amoureux;
Jeune homme ayant fait preuve d’agressivité envers une autre personne et/ou démontrant de
l’impulsivité;
Personne âgée de plus de 50 ans en deuil ou
Toute personne ayant :
-
un antécédent de tentative de suicide et/ou d’idéation de suicide,
un problème de santé mentale, dont spécialement une humeur dépressive ou de l’anxiété
excessive,
une maladie chronique sévère dont spécialement de la douleur chronique ou un cancer,
un problème d’abus ou dépendance de substance (alcool, drogue ou médicament),
un isolement social.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
22
Biais
En ce qui concerne les biais potentiels à l’analyse, il faut noter que la plupart de nos résultats sous-estiment la
réelle prévalence des facteurs associés au suicide. Le premier biais repose sur le contenu des rapports de
coroners. En effet, ces derniers ne contiennent qu’une partie de l’information relative au cas de suicide, et ce,
soit à cause d’une collecte incomplète ou à cause d’une omission au rapport. Un deuxième biais provient du
manque d’uniformité entre les dossiers de coroners. Les analyses ont été effectuées par plusieurs coroners et
chaque coroner ne dessert que quelques RLS en particulier. Par conséquent, des facteurs associés au suicide
peuvent être sous-estimés dans certaines régions de l’Estrie par rapport à d’autres. Un troisième biais notoire
dérive de l’analyse des évaluateurs qui n’est pas totalement objective. En particulier, l’évaluation du
« désespoir » ou de « l’impulsivité » repose souvent sur l’interprétation du rapport du coroner. Les éléments
« rejet social », « repérage » et le « suivi médical » ne sont souvent pas explicitement décrits par le coroner,
mais peuvent être déduits implicitement. Dans ces cas, différents étudiants ont parfois des évaluations distinctes
même s’il y avait consensus la plupart du temps.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
23
6. RECOMMANDATIONS
Nous avons extrait, des résultats de la section précédente, plusieurs recommandations pour améliorer la
prévention du suicide en Estrie. Nous les avons classées en trois groupes : celles adressées aux intervenants de
la santé et des services sociaux, celles aux gestionnaires et celles aux coroners. Une justification pour chacune
de ces recommandations est fournie ci-dessous.
Recommandations à l’intention des intervenants de la santé et des services sociaux
I.
Repérer les usagers vulnérables au suicide selon le profil présenté dans la section précédente et évaluer
la dangerosité de passage à l’acte chez ces personnes de façon efficace.
Discussion – Le profil de la personne suicidaire a été l’objet de plusieurs recherches antérieures. Pour
notre part, nous avons vérifié quels étaient les facteurs les plus récurrents dans la population estrienne.
Nous recommandons d’évaluer la dangerosité de passage à l’acte chez toutes les personnes présentant
des éléments du profil présentés dans la section précédente (à l’aide de l’outil proposé dans le Guide
des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et des
services sociaux). Toutefois, si les circonstances l’exigent, une évaluation minimale peut aussi être
accomplie en ne posant qu’une seule question : avez-vous des idéations suicidaires?
II.
Ne pas assumer qu’un patient n’est pas vulnérable au suicide s’il ne présente pas de signe d’humeur
dépressive ou de problème de santé mentale.
Discussion – Même si la dépression et les autres troubles de santé mentale prévalent chez les
personnes suicidaires, ceux-ci ne sont pas systématiquement présents chez cette clientèle. Plusieurs
de nos cas, 36,5 %, n’avaient pas de troubles mentaux apparents et aucune humeur dépressive n’avait
été constatée. De plus, trois de nos cas avaient même une bonne humeur le jour de leur suicide,
provoquant ainsi la confusion auprès de leurs proches et/ou leur médecin. Parmi ces trois cas, voici un
extrait de rapport du coroner appuyant cette remarque : « Son patron a même spécifié que, depuis deux
mois, monsieur X allait bien. Son moral était bon. Il avait l’air correct, en forme et de bonne humeur.
Son décès a surpris bien du monde. »
III.
Utiliser des méthodes supplémentaires pour évaluer la dangerosité (ex. : outil de SAM).
Discussion – La plupart des patients qui ont des idéations suicidaires n’hésitent pas à en parler à leur
médecin et vont répondre par l’affirmative à la question « Avez-vous des idéations suicidaires? »
Cependant, une minorité non négligeable de patients (14 des cas étudiés) niaient leur idéation suicidaire
à leur médecin. Pour cette raison, il est important d’utiliser des outils d’évaluation de la dangerosité de
passage à l’acte qui tient compte de plusieurs autres facteurs.
IV.
S’assurer qu’un suivi médical et psychosocial étroit soit réalisé pour les personnes en danger graves.
Les médecins ou autres intervenants doivent être au courant qu’il existe des ressources spécialisées
pour les assister à cette tâche.
Discussion – Selon les rapports du coroner, dans au moins sept cas, le rapport laissait entendre que le
suivi par un psychologue ou un psychiatre n’était pas fait de manière assez étroite. En particulier,
certains cas où des patients se sont présentés à l’hôpital pour idéations suicidaires ou tentatives de
suicide ont reçu leur congé sans recevoir de suivi ni de relance. Selon le Guide des bonnes pratiques en
prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et des services sociaux, un bon
suivi doit respecter les recommandations suivantes :
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
25
A. Un agent de liaison devrait avoir la responsabilité d’orchestrer le suivi;
B. Le premier rendez-vous de suivi doit être fait dans les 24 h;
C. Assurer une continuité dans le suivi des patients vulnérables au suicide, préférablement avec un
seul intervenant;
D. Assurer au moins un rendez-vous hebdomadaire jusqu’à ce que la dangerosité du passage à
l’acte soit faible (jaune) ou inexistante (vert) durant trois rencontres successives.
Nous reconnaissons que la réalisation d’un tel suivi demande du temps et des ressources. Pour assister
les médecins ou tout autre intervenant en santé et services sociaux, il existe des ressources
spécialisées disponibles pour les aider à gérer un état de crise suicidaire et assurer par la suite un suivi.
Il est important pour les médecins ou autres intervenants de connaître ces ressources.
V.
Pour combattre le tabou relatif aux troubles de santé mentale, nous recommandons aux médecins de
démystifier ces troubles, d’informer leur patient sur l’explication physique de la maladie, et de souligner
l’importance de la prise de médication et du suivi psychosocial pour éviter les rechutes.
Discussion – Les coroners ont explicitement reporté que le tabou de la santé mentale a contribué à
encourager le patient à ne pas prendre ses médicaments dans le but d’éviter d’être étiqueté de malade
mental. Ce facteur semble avoir joué un rôle important dans plusieurs autres cas, mais n’était pas
mentionné explicitement. Dans un dossier, il est précisé que : « Plus que n’importe quel autre facteur,
c’est le tabou de la maladie psychiatrique qui a empêché, madame, X de commencer les traitements
efficaces pour sa condition. Tous et chacun, nous devons redoubler d’efforts pour démystifier les
troubles d’anxiété et la dépression. » Dans un autre : « Dans la garde-robe de sa chambre, on retrouve
les médicaments prescrits. Ils sont dans une sacoche, elle-même cachée dans une autre sacoche, cela
parce que madame X avait très peur que ses enfants les découvrent. À l’évidence, d’avoir à prendre un
antidépresseur représentait pour elle un échec. »
VI.
Restreindre l’accès à des quantités importantes de médicaments pour les individus vulnérables au
suicide.
Discussion – Notre analyse des dossiers nous a permis de constater que l’intoxication par médicaments
est une des méthodes de suicide les plus fréquentes, ce que l’analyse statistique a confirmé (voir
Résultat C). En particulier, selon le résultat R, le suicide par intoxication de médicaments est
particulièrement populaire chez les patients souffrant de douleur chronique. L’élément qui mérite
réflexion est celui de l’accessibilité aux médicaments pour les individus vulnérables au suicide. Les
médicaments responsables dans ces situations étaient le plus souvent des analgésiques ou des
narcotiques prescrits pour des douleurs chroniques. De plus, il est prouvé que le fait de restreindre
l’accès à un moyen de passage à l’acte est un outil efficace de la prévention du suicide [11]. Ainsi, nous
recommandons aux médecins traitants et aux pharmaciens de restreindre l’accès à des quantités
importantes de médicaments avec potentiel de toxicité élevée pour les individus vulnérables au suicide,
particulièrement chez ceux atteints de troubles de santé mentale. En effet, ce sous-groupe est
particulièrement susceptible de passer à l’acte [36]. De façon plus concrète, nous suggérons aux
médecins et aux pharmaciens de prescrire ledit médicament à de plus petites doses, de façon plus
fréquente. Un autre moyen pour restreindre l’accès au médicament, à un patient vulnérable au suicide,
est de demander à un proche fiable de ce dernier de contrôler les doses consommées.
Cependant, nous avons été confrontés à des situations où le patient avait réussi à accumuler
suffisamment de médicaments pour s’enlever la vie malgré cette restriction d’accès. Ce dernier
consultait différents professionnels de la santé pour obtenir ses médicaments et mentait à ceux-ci pour
tenter d’obtenir des doses plus importantes. Dans ces cas problématiques où il est manifeste qu’un
patient vulnérable au suicide tente d’accumuler des médicaments, nous suggérons de procéder à un
signalement auprès de l’Ordre des pharmaciens et du Collège des médecins pour éviter une prescription
abusive de médicaments à potentiel de toxicité élevée chez le patient. De plus, nous recommandons
dans ce cas au pharmacien de s’assurer que la dose prescrite soit consommée sur place.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
26
VII.
Restreindre l’accès aux armes à feu pour les individus vulnérables au suicide.
Discussion – Comme mentionné précédemment, le fait de retirer les moyens de passer à l’acte diminue
la dangerosité. En effet, la crise suicidaire est de courte durée et teintée d’une ambivalence qui peut être
positivement influencée par le retrait des moyens [11]. Ainsi, nous recommandons aux intervenants en
santé de réduire l’accès aux armes à feu pour toute personne avec idéations suicidaires. Pour un
individu dont l’indice de danger d’un passage à l’acte est faible (jaune), l’intervenant pourra lui proposer
de remiser ses armes à feu dans un endroit qu’il n’aura pas accès et d’en léguer temporairement la
charge à une tierce personne. Pour tout individu en danger grave à court terme (orange) ou en danger
grave et imminent (rouge), l’intervenant devra mettre en place tous les moyens nécessaires pour retirer
l’accès aux armes à feu.
Recommandations à l’intention des gestionnaires
VIII.
Faire une nouvelle campagne publique de sensibilisation pour la prévention du suicide.
A. Informer la population des signes permettant de repérer un proche suicidaire;
Discussion – 82,3 % des individus avaient un lien avec des proches ou leur famille, mais uniquement
24,2 % des cas ont reçu de l’aide de la part d’un intervenant en suicide, comme décrit par notre
résultat U. De ce fait, cela indique qu’une nette amélioration pourrait être accomplie et que la
sensibilisation de la population constituerait incontestablement un pas dans la bonne direction.
B. Informer la population des ressources disponibles pour assister les personnes suicidaires et
leurs proches.
Discussion – Dans quinze des cas que nous avons étudiés, les proches ont contacté des ressources
d’aide appropriées avant le passage à l’acte. En revanche, nous avons répertorié 17 cas où
l’entourage n’est pas entré en contact avec les ressources d’aide spécialisées en prévention du
suicide.
Dans un des cas étudiés, le coroner rapporte : « Même si monsieur a mentionné
clairement à au moins deux personnes qu’il allait se pendre, qu’il a précisé à une de ces personnes
qu’il avait essayé de se pendre le 4 avril et qu’il a montré l’endroit et la corde où il avait tenté de
mettre fin à ses jours. Il est étonnant et désolant de constater que personne ne soit vraiment
intervenu pour l’amener à consulter! »
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
27
IX.
Former des sentinelles dans les milieux où se retrouvent les personnes âgées.
Discussion – Selon l’Institut national de la santé publique du Québec, la proportion du nombre de
suicides chez les 65 ans et plus est en augmentation, tant chez les hommes que chez les femmes [16].
Bien que les résultats de notre analyse ne démontrent pas d’augmentation claire lors des années 2005 à
2009, leur nombre non négligeable témoigne de l’importance de ce phénomène. Effectivement, les
personnes âgées sont à même d’être exposées à certains facteurs de vulnérabilité tels que la solitude,
le deuil et les maladies physiques. L’exemple qui en témoigne est celui de l’individu qui, en plus de
devoir déménager dans un centre pour personnes âgées, vit un abandon de la part de ses proches et
subit les conséquences de ses maladies physiques (perte d’autonomie, douleur chronique, sentiment
d’impuissance). À cet effet, nous recommandons d’améliorer le repérage des idéations suicidaires chez
la clientèle âgée en formant des sentinelles chez les employés en contact avec celle-ci. Ces sentinelles
permettraient de joindre les personnes isolées [22] et de les mettre en communication avec les
ressources dont elles ont besoin [29]. Cette recommandation pourrait être communiquée à l’Association
des résidences et CHSLD privés du Québec (ARCPQ).
X.
Assurer une compétence en prévention du suicide dans les centres de réadaptation en santé mentale et
dépendance.
Discussion – Nous avons observé plusieurs cas où l’individu s’est suicidé bien qu’il était suivi dans un
centre de réadaptation. Il existe au Québec de nombreux centres de réadaptation en psychologie,
dépendance et santé mentale. Toutefois, comme souligné dans le rapport du coroner Gilles Sainton, ces
centres ne sont pas tous accrédités par le gouvernement et certains possèdent un mode de
fonctionnement qui n’est pas conforme à la Loi sur les services de santé et les services sociaux. À
l’heure actuelle, l’accréditation n’est pas obligatoire, mais plutôt volontaire. Nous recommandons donc
au gouvernement (ministère de la Santé et des Services sociaux) d’assurer le respect de la LSSS au
sein de ces centres de réadaptation en plus d’obliger une accréditation qui garantirait un service de
qualité pour la clientèle vulnérable qui fréquente ces centres privés. De fait, cette accréditation devrait
exiger une formation en prévention du suicide de la part des intervenants de ces centres de
réadaptation. En effet, il est primordial que ces intervenants développent une compétence en matière de
prévention du suicide [22] de manière à ce qu’ils soient aptes à repérer, évaluer la dangerosité et référer
adéquatement la clientèle vulnérable avec qui ils sont en contact. Finalement, nous recommandons aux
professionnels de la santé, oeuvrant dans le milieu public, de s’assurer que l’établissement de
réadaptation, auquel ils réfèrent un patient, soit accrédité par le ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Dans un autre ordre d’idées, nous avons été confrontés à une situation lors de laquelle une femme a
commis un suicide alors qu’elle était hébergée dans une résidence de type famille d’accueil. Cette
résidence n’avait aucune vocation en termes de réadaptation ou traitement et ne faisait appel à aucun
intervenant en santé mentale. De fait, nous recommandons que les responsables de ces familles
d’accueil reçoivent une formation en prévention du suicide. Nous suggérons la formation gratuite
dispensée par la fondation JEVI (Centre de prévention du suicide en Estrie).
XI.
Augmenter la prévention du suicide dans les RLS où le taux de suicide est le plus élevé, notamment au
RLS le Granit.
Discussion – Comme illustré par le résultat H de la section précédente, le taux de suicide du RLS de
Granit est d’environ deux fois supérieur à celui du RLS de Memphrémagog. Il serait bénéfique de
concentrer les ressources dans les régions où les taux sont les plus élevés. D’ailleurs, ce RLS détient un
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
28
taux de suivi en santé mentale nettement plus faible que la moyenne en Estrie comme démontré par
notre résultat Q.
XII.
Informer les directeurs de la protection de la jeunesse de l’importance de procéder à la prévention du
suicide chez les parents qui perdent la garde de leur enfant.
Discussion – Ensuite, nous abordons brièvement une situation particulière, soit celle où un parent se fait
retirer la garde de son enfant par la Direction de la protection de la jeunesse. Nous avons été confrontés
à cette situation dans quelques dossiers et avons relevé dans tous les cas, la présence de facteurs
prédisposants et contribuants dans le passé de l’individu, outre le retrait de la garde de l’enfant. De fait, il
s’avère que la perte de la garde constituait le facteur déclencheur pour le passage à l’acte. Nous
pouvons donc considérer que le retrait des enfants du milieu familial constitue une situation susceptible
de provoquer une crise suicidaire à court terme. Ainsi, nous recommandons aux directeurs de la
protection de la jeunesse de référer les parents dont la garde des enfants est retirée vers les ressources
appropriées en terme de prévention du suicide.
Recommandations à l'intention du coroner
Les recommandations précédentes sont le fruit de l'information obtenue des dossiers des différents coroners de
la région de l'Estrie. Le coroner a pour mandat d'évaluer tous les cas où il subsiste des raisons de soupçonner
qu'un décès n’est pas lié à une cause naturelle ou si des indices de mort violente sont présents dans les
circonstances [34]. Pour ce faire, l'investigation du coroner doit tenir compte de l'environnement physique de la
scène du décès en plus d'évaluer les caractéristiques médico-sociales de la victime au moment du décès. Dans
le contexte de la prévention du suicide, un rapport du coroner complet a le potentiel de devenir une véritable
mine d'or d'information dans le but d'établir le profil des individus vulnérables au suicide et dans l'évaluation des
services offerts dans ce domaine. Nos recommandations pour le coroner visent à favoriser une communication
optimale entre les responsables de la santé publique et les coroners. Nous espérons qu'il sera alors plus aisé
d'atteindre notre objectif commun, soit la prévention du suicide.
XIII.
Uniformiser l'information rapportée au dossier dans les cas de suicide, en s'inspirant des facteurs
associés identifiés dans notre profil des individus vulnérables au suicide et des facteurs retrouvés dans
la littérature, cités dans les prochaines recommandations.
Discussion – Malheureusement, les possibilités d'obtenir des informations utiles venant des rapports du
coroner ont longtemps été négligées lorsque vient le temps de mettre en place des mesures visant à
prévenir le suicide [3].
Les dossiers remplis actuellement par les coroners manquent fréquemment d'information essentielle
pour déterminer avec précision les facteurs, qui prévalent le plus, associés au suicide dans la
population. Dans notre étude, il est clair qu’il n’existe que peu de consensus entre les différents
coroners au sujet de ce qui constitue un rapport de décès par suicide complet. À titre d’exemple, en
comparant les dossiers de coroners de la région de l'Estrie, nous constatons que la quantité
d'information contenue dans chaque dossier (en moyenne de caractéristiques remplies par dossier)
varie significativement d’un coroner à l’autre (Fig. 7). C'est une donnée particulièrement préoccupante
en Estrie, car l’on constate que le RLS où la quantité d'information est la plus sommaire (Fig. 4) est
également le RLS où le nombre de suicides par habitant est le plus élevé. Ce manque flagrant de
consensus entre coroners ne se retrouve pas qu'en Estrie. En effet, ce même phénomène est aussi
répandu ailleurs dans le Commonwealth. C'est d’ailleurs pour remédier à ce problème, que l'on
recommande maintenant dans la littérature provenant de l'Australie, d'uniformiser la communication de
l'information par les coroners au sujet du suicide [12]. Dans ce même esprit, nos recommandations
visent à appuyer les coroners à choisir, de façon plus judicieuse, l'information qu'ils rapporteront dans
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
29
les dossiers. Cette information favorisera, dans le futur, la mise en place d'une approche populationnelle
plus efficace, par les responsables de la santé publique en matière de prévention du suicide.
Figure 7
XIV.
Relever les facteurs déclencheurs principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des
individus vulnérables au suicide.
Discussion – Notre étude des dossiers démontre que la majorité des coroners ont su identifier plusieurs
des facteurs déclencheurs principaux et cette recommandation vise donc à réitérer l'importance
d'identifier ces facteurs. Comme mentionné plus haut, nous avons noté que les troubles amoureux,
surtout chez les hommes, les troubles psychiatriques, les maladies physiques et le deuil chez les
personnes âgées sont les déclencheurs les plus souvent observés en Estrie et ils devraient donc être
recherchés activement dans tous les cas où le suicide est présumé comme cause de décès.
XV.
Relever les facteurs principaux, associés au suicide, dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil
des individus vulnérables au suicide.
Discussion – Les principaux facteurs associés doivent également être bien spécifiés dans les rapports. À
l'intérieur de cette catégorie, nous recommandons d'inclure toute information ayant trait aux antécédents
d'idéation et de tentatives de suicide. En plus, nous réaffirmons l'importance de documenter le support
social. Il est donc important de noter si un individu habite seul ou s'il a vécu un divorce ou une
séparation. Finalement, l'utilisation abusive d'alcool est un facteur prépondérant en Estrie pouvant
mener au suicide et devrait donc aussi être notée dans le rapport.
XVI.
Documenter l'emploi ou le chômage de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au suicide.
Discussion – Nous avons conclu dans notre étude que plusieurs facteurs associés, dont l'emploi ou le
chômage de la victime, ont rarement été mentionnés dans les dossiers des coroners. Il est important de
noter que l'emploi d'un individu peut influencer sa vulnérabilité au suicide de plusieurs manières.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
30
Meltzer et al. (2008) ont démontré en Grande-Bretagne qu'une proportion plus importante des
travailleurs de la santé et des agriculteurs décèdent par suicide, que ce qui est observé dans la
population générale. Ils expliquent ces résultats par le niveau de stress élevé engendré par ces
occupations et par une meilleure connaissance des moyens utilisés pour se suicider. Une autre étude
propose que l'accès aux moyens nécessaires pour le passage à l'acte soit aussi à considérer [33]. Cet
accès aux moyens pourrait expliquer une plus grande proportion de décès par intoxication
médicamenteuse chez les travailleurs de la santé et une plus grande proportion de décès par arme à feu
chez les agriculteurs. Les individus sans emploi, quant à eux, sont aussi plus susceptibles de se
suicider, une observation qui pourrait être en lien avec l'isolement social et l'utilisation plus fréquente
d'alcool et de stupéfiants dans ce groupe [24].
XVII.
Documenter l'homosexualité et la bisexualité de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant
au suicide.
Discussion – L'homosexualité et la bisexualité sont aussi des facteurs significatifs contribuant au suicide
selon l'American Psychiatric Association (2003). De façon plus spécifique, une étude française a
démontré que les idéations suicidaires étaient particulièrement fréquentes chez les individus
homosexuels qui n'ont pas annoncé leur orientation sexuelle à leurs proches [24].
XVIII.
Documenter les antécédents d'abus et de négligence pendant l'enfance de la victime dans le rapport
comme facteurs contribuant au suicide.
Discussion – Les évènements qui portent atteinte à l'intégrité aussi bien physique, psychologique ou
sexuelle de l'enfant sont des facteurs contribuants, particulièrement marquants, car ils surviennent
habituellement dans une période critique du développement de l'enfant. Ces évènements ont, comme
conséquence, d'abimer la relation positive de l'enfant avec lui-même, ce qui peut potentiellement
entraîner de sérieuses répercussions tout au long de la vie. Parmi les séquelles rapportées dans la
littérature, on peut noter un comportement agressif et des troubles psychiatriques, dont la dépression et
l'anxiété. Les conséquences déplorables de ces évènements aboutissent finalement en une plus grande
vulnérabilité au suicide chez les individus victimes d'abus et de négligence en jeune âge [6].
XIX.
Documenter les antécédents de violence hétéro-agressive de la victime dans le rapport comme facteurs
contribuant au suicide.
Discussion – Par ailleurs, le lien entre la violence hétéro-agressive et le suicide est, depuis longtemps,
établi dans la littérature [2]. Il faut également souligner le lien entre cette violence et une multitude
d'autres caractéristiques associées au suicide dont l'impulsivité, l'abus de substances et plusieurs
troubles de la personnalité. Il est donc vraisemblable qu'un individu capable de violence contre autrui
soit également capable de retourner cette violence contre lui-même [17].
XX.
Documenter la présence d'enfant dans la maison et de plan pour le futur dans le rapport comme facteurs
protecteurs au suicide.
Discussion – La dangerosité d’un passage à l’acte suicidaire est largement diminuée lorsque la personne
maintient des liens concrets avec ceux qui l'entourent. Ces liens ont été décrits comme des tampons
entre l'individu et son désir de mort et ils servent donc à maintenir une certaine ambivalence de l'individu
face à son désir suicidaire [17]. Parmi les facteurs de protection répertoriés dans la littérature, on cite
couramment la présence d'un enfant dans la maison [1] et l'expression d'un plan pour le futur, dont un
objectif de vie à long terme ou un projet à accomplir à court terme [17].
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
31
XXI.
Inclure de l'information au sujet du repérage et du suivi des personnes victimes de suicide dans le
rapport.
Discussion – Au Québec, le problème du suicide n'est pas passé inaperçu parmi les différentes instances
gouvernementales et les organismes à but non lucratif. Plusieurs projets, visant la prévention, ont été
mis sur pied dont le Guide des bonnes pratiques en prévention du suicide à l’intention des intervenants
des centres de santé et de services sociaux [22]. Bien que ces projets aient été établis sur de solides
fondations théoriques, leur efficacité quant à la prévention du suicide reste à être démontrée. Le manque
d'information au sujet de l'utilisation des services par les individus ayant passé à l'acte est sans doute
une des raisons principales expliquant l'absence de preuves empiriques au sujet de leur efficacité. C'est
sur ce point que la contribution des coroners serait de la plus haute importance.
Nous recommandons alors aux coroners d'inclure dans leurs rapports, de l'information indiquant si la
victime a été repérée par des intervenants ou des professionnels de la santé avant son suicide et, si oui,
le rapport devrait mentionner qui a accompli le repérage, dans quel établissement et avec quel outil. Il
serait aussi pertinent de décrire ce qui s'est produit après le repérage, en expliquant vers qui l'individu
vulnérable au suicide a été référé, comment s'est déroulé le suivi et quelles mesures thérapeutiques ont
été entreprises. Finalement, le rapport devrait aussi indiquer si l'individu est connu pour des antécédents
de tentatives de suicide tout en spécifiant les particularités du suivi.
Nous sommes conscientes que ces additions au rapport demanderont un investissement en temps
considérable de la part des coroners, mais nous sommes persuadés que l'information obtenue servira à
améliorer de façon significative les moyens de prévention du suicide.
Recommandations à l’intention des intervenants de la santé
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
Repérer les usagers vulnérables au suicide selon le profil présenté dans la section précédente et
évaluer la dangerosité de passage à l’acte chez ces personnes de façon efficace.
Ne pas assumer qu’un patient n’est pas vulnérable au suicide s’il ne présente pas de signe
d’humeur dépressive ou de problème de santé mentale.
Utiliser des méthodes supplémentaires pour évaluer la dangerosité (ex. : outil de SAM).
S’assurer qu’un suivi médical et psychosocial étroit soit réalisé pour les personnes en danger
grave à court terme et en danger grave et imminent. Les médecins ou autres intervenants doivent
être au courant qu’il existe des ressources spécialisées pour les assister à cette tâche.
Pour combattre le tabou relatif aux troubles de santé mentale, nous recommandons aux médecins
de démystifier la maladie psychiatrique, d’informer leur patient sur l’explication physique de la
maladie, et de souligner l’importance de la prise de médication pour éviter les rechutes.
Restreindre l’accès à des quantités importantes de médicaments pour les individus vulnérables au
suicide.
Restreindre l’accès aux armes à feu pour les individus vulnérables au suicide.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
32
Recommandations à l’intention des gestionnaires
VIII.
Faire une nouvelle campagne publique de sensibilisation pour la prévention du suicide :
a. Informer la population des signes permettant de repérer un proche suicidaire,
b. Informer la population des ressources disponibles pour assister les personnes suicidaires
et leurs proches;
IX.
X.
XI.
XII.
Former des sentinelles dans les milieux où se retrouvent les personnes âgées.
Assurer une compétence en prévention du suicide dans les centres de réadaptation en santé
mentale et dépendance.
Augmenter la prévention du suicide dans les RLS où le taux de suicide est le plus élevé,
notamment au RLS le Granit.
Informer les directeurs de la protection de la jeunesse de l’importance de procéder à la prévention
du suicide chez les parents qui perdent la garde de leur enfant.
Recommandations à l'intention du coroner
XIV.
XV.
XVI.
XVII.
XVIII.
XIX.
XX.
XXI.
XXII.
Uniformiser l'information rapportée au dossier dans les cas de suicide, en s'inspirant des facteurs
associés identifiés dans notre profil des individus vulnérables au suicide, et des facteurs
retrouvés dans la littérature cités dans les prochaines recommandations.
Relever les facteurs déclencheurs principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil
des individus vulnérables au suicide.
Relever les facteurs associés principaux dans les rapports du coroner en s'inspirant du profil des
individus vulnérables au suicide.
Documenter l'emploi ou le chômage de la victime dans le rapport comme facteurs contribuant au
suicide.
Documenter l'homosexualité et la bisexualité de la victime dans le rapport comme facteurs
contribuant au suicide.
Documenter les antécédents d'abus et de négligence pendant l'enfance de la victime dans le
rapport comme facteurs contribuant au suicide.
Documenter les antécédents de violence hétéro-agressive de la victime dans le rapport comme
facteurs contribuant au suicide.
Documenter la présence d'enfant dans la maison et de plan pour le futur dans le rapport comme
facteurs protecteurs au suicide.
Inclure de l'information au sujet du dépistage et du suivi des personnes victimes de suicide dans
le rapport.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
33
7. CONCLUSION
Somme toute, l’analyse détaillée des rapports de coroner à propos des cas de suicide s’est révélée riche en
information, ce qui a permis d’établir un profil circonscrit de la personne suicidaire en Estrie. En outre, plusieurs
recommandations à l’intention des intervenants de la santé, des gestionnaires et des coroners dans le but
d’améliorer les pratiques existantes en matière de prévention du suicide ont été dégagées. Cette étude sert de
projet pilote en prélude à une série d’études de profil de personnes suicidaires pour chacune des régions du
Québec. À cette fin, la grille d’analyse élaborée pourra être réutilisée ultérieurement.
Nous tenons à souligner qu’une telle recherche ne nous a pas laissés indifférents. Bien au contraire, elle nous a
fortement sensibilisés à la problématique du suicide. En tant qu’étudiants en médecine, cette étude nous a
permis de nous questionner sur le rôle du médecin pour prévenir le suicide au-delà du traitement des troubles de
santé mentale. Par exemple, nous pouvons suivre des formations données par les CPS pour apprendre à
utiliser des outils efficaces. Nous croyons sincèrement que les ressources disponibles en prévention du suicide
devraient nous êtres communiquées lors de la phase de psychiatrie de notre curriculum.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
35
8. RÉFÉRENCES
[1] American Psychiatric Association. 2003. “Practice guideline for the assessment and treatment of patients with
suicidal behaviours”. Washington (D.C.). APA, p. 117.
[2] Angst, J., Clayton, P. J. 1998. “Personality, smoking and suicide: a prospective study”. Journal of Affective
Disorders, Vol. 51, pp. 55-62.
[3] Bennewith, O., Hawton, K., Simkin, S., Sutton, L., Kapur, N., Turnbull, P., Gunnell, D. 2005. “The usefulness
of coroners' data on suicides for providing information relevant to prevention”. Suicide and Life Threatening
Behaviour. Vol. 35, Issue 6, pp. 608-614.
[4] Bilban, M., Skibin, L. 2005. “Presence of alcohol in suicide victims”. Forensic Science International, Vol.
147S, pp. S9-S12.
[5] Brent, D.A., Mann, J.J. 2005. “Family gentic studies, suicide, and suicidal behaviour”. American Journal of
Medical Genetics, Vol. 133C, pp.14-24.
[6] Bruffaerts, R., Demyttenaere, K., Borges, G., Haro, J.M., Chiu, W.T., Hwang, I., Karam, E.G., Kessler, R.C.,
Sampson, N., Alonso, J., Andrade, L.H., Angermeyer, M., Benjet, C., Bromet, E., de Girolamo, G., de Graaf, R.,
Florescu, S., Gureje, O., Horiguchi, I., Hu, C., Kovess, V., Levinson D., Posada-Villa, J., Sagar, R., Scott, K.,
Tsang A., Vassilev, S.M., Williams, D.R., Nock, M.K. 2010. “Childhood adversities as risk factors for onset and
persistence of suicidal behaviour”. The British Journal of Psychiatry. Vol. 197, pp.20-27.
[7] Caillard, V., Chastang, F. (2010). « Le geste suicidaire ». Issy-les-Moulineaux, Elsevier-Masson, 353 p.
[8] Centre de Prévention du Suicide Jevi Estrie (2010). « Rapport annuel 2009-2010 ». 56 p.
[9] Chagnon, F., Vrakas, G., Bardon, C., Daigle, M., Houle, J. (2008). « Consensus entre la recherche et la
pratique pour améliorer les programmes en prévention du suicide chez les hommes », Montréal, Centre de
recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE), 88 p.
[10] Coryell, WH. 2006. “Clinical assessment of suicide risk in depressive disorder”. CNS Spectrums. Vol. 11,
Issue 6, pp. 455-461.
[11]Daigle, M.S. 2005. “Suicide prevention through means restriction: Assessing the risk of substitution A critical
review and synthesis”. Accident Analysis & Prevention, Vol. 37, pp. 625-632.
[12] De Leo, D., Dudley, M.J., Aebersold, C.J., Mendoza, J.A., Barnes, M.A., Harrison, J.E., Ranson, D.L. 2010.
“Achieving standardised reporting of suicide in Australia: rationale and program for change”. Medical Journal of
Australia, Vol. 192, Issue 8, pp. 452-456.
[13] Diefenbach, G.J., Woolley, S.B., Goethe, J.W. 2009. “The association between self-reported anxiety
symptoms and suicidality”. Journal of Nervous and Mental Disorders, Vol. 197, pp. 92-97.
[14] Fiedorowicz, J.G., Weldon, K., Bergus, G. 2010. “Determining suicide risk (Hint: A screen is not enough)”.
The Journal of Family Practice, Vol. 59, Issue 5, pp. 256-260.
[15] Houle, J., Poulin, C., Van Nieuwenhuyse, H., (2006). « Vers une meilleure continuité de services pour les
personnes suicidaires : évaluation d’implantation du protocole MARCO », Montréal, Direction de santé publique,
Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 136 p.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
37
[16] Institut national de santé publique du Québec (2010). « La mortalité par suicide au Québec : tendances et
données récentes, 1981-2008 » rédigé par M. Gagné et D. St-Laurent, Québec, INSPQ, 19 p.
[17] Joiner, T., Kalafat, J., Draper, J., Stokes, H., Knudson, M., Berman, A.L. McKeon, R. 2007. “Establishing
standards for the assessment of suicide risk among callers to the National Suicide Prevention Lifeline”. Suicide
and Life-Threatening Behaviour, Vol. 37, Issue 3, pp. 353-365.
[18] Joiner, T.E. Jr., Steer, R.A., Brown, G., Beck, A.T., Pettit, J.W., Rudd, M.D. 2003. “Worst-point suicidal
plans: a dimension of suicidality predictive of past suicide attempts and eventual death by suicide”. Behavior
Research and Therapy, Vol. 41, pp. 1469-1480.
[19] Lafleur, I. et coll. (2005). « Étude de cas de suicide dans Chaudière-Appalaches : Éléments permettant
l’identification de stratégies d’intervention », Sainte-Marie, ADRLSSSS de Chaudière-Appalaches, Direction de
santé publique, (SRE), 73 p.
[20] Landry, R. (1993). « L'analyse de contenu. In B. Gauthier (dir.), Recherche sociale. De la problématique à la
collecte des données », Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec. p. 337-359.
[21] Lane, J., Archambault, J. (2010). « Analyse des besoins au regard de la prévention du suicide dans les
centres de santé et de services sociaux », Québec, Direction des communications, ministère de la Santé et des
Services sociaux, 40 p.
[22] Lane, J., Archambault, J., Collins-Poulette, M., Camirand, R., (2010). « Guide des bonnes pratiques en
prévention du suicide à l’intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux », Québec,
Direction des communications, ministère de la Santé et des Services sociaux, 99 p.
[23] LaRicka, R., Wingate, M.S., Joiner, T.E. Jr., Walker, R.L., Rudd, M.D., Jobes, D.A. 2004. “Empirically
informed approaches to topics in suicide risk assessment”. Behavioral sciences and the law, Vol. 22, pp. 651665.
[24] Legleye, S., Beck, F., Peretti-Watel, P., Chau, N., Firdion, J.M. 2010. “Suicidal ideation among young French
adults: Association with occupation, family, sexual activity, personal background and drug use”. Journal of
Affective Disorders, Vol. 123, pp. 108-115.
[25] Lester, D., Yang, B. 2003. “Unemployment and suicidal behaviour”. Journal of Epidemiology and Community
Health, Vol. 57, pp. 558-559.
[26] Links, P.S., Hoffman, B. 2005. “Preventing suicidal behaviour in a general hospital psychiatric service:
Priorities for programming”. Canadian Journal of Psychiatry, Vol. 50, Issue 8, pp. 490-496.
[27] McGirr, A., Renaud, J., Bureau, A., Seguin, M., Lesage, A., Turecki, G. 2008 “Impulsive-aggressive
behaviours and completed suicide across the life cycle: a predisposition for younger age of suicide”.
Psychological Medicine, Vol. 38, pp. 407-417.
[28] Meltzer, H., Griffiths, C., Brock, A., Rooney, C., Jenkins, R. 2008. “Patterns of suicide by occupation in
England and Wales: 2001-2005”. The British Journal of Psychiatry, Vol. 193, pp. 73-76.
[29] Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec (2006). « L'implantation de réseaux de sentinelles
en prévention du suicide : Cadre de référence ». Québec. Direction des communications, ministère de la Santé
et des Services sociaux, 70 p.
[30] Ministère de la santé et des services sociaux du Québec (2005). « Plan d’action en santé mentale – La force
des liens », Québec, Direction des communications, ministère de la Santé et des Services sociaux, 96 p.
[31] Park, M.H., Kim, T.S., Yim, H.W., Jeong, S.H., Lee, C., Lee, C.U., Kim, J.M., Jung, S.W., Lee, M.S., Jun,
T.Y. 2010. “Clinical characteristics of depressed patients with a history of suicide attempts: results from the
CRESCEND study in South Korea”. The journal of nervous and mental disease, Vol. 198, Issue 10, pp. 748-754.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
38
[32] Pourtois, J-P., Desmet, H. (1997). « Épistémologie et instrumentation en sciences humaines (2e éd.) »,
Belgique, Mardaga.
[33] Skegg, K., Firth, H., Gray, A., Cox, B. 2010. “Suicide by occupation: does access to means increase the
risk?” Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, Vol. 44, pp. 429-434.
[34] Smith, I. et Crome, I.B. 2007. “In the coroner's chair- substance misuse and suicide in young people: have
we got the focus right?” Criminal Behaviour and Mental Health, Vol. 17, pp. 197-203.
[35] Troister, T., Links, P.S., Cutcliffe, J. 2008. “Review of predictors of suicide with 1 year of discharge from a
psychiatric hospital”. Current Psychiatry Reports, Vol. 10, Issue 1, pp. 60-65.
[36] Van Orden, K.A., Witte, T.K., Cukrowicz, K.C., Braithwaite, S.R., Selby, E.A., Joiner, T.E. Jr. 2010. “The
interpersonal theory of suicide”. Psychological Review, Vol. 117, Issue 2, pp. 575-600.
[37] White, J., Jodoin, N. (2004). « Guide des stratégies prometteuses pour la prévention du suicide chez les
jeunes Autochtones, révisé ». Calgary. Centre pour la prévention du suicide, 278 p.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
39
Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction
Annexe 1 : Grille d’analyse initiale construite par déduction
Élément de la grille
Références
Sexe, âge et ethnie
American Psychiatric Association, 2003.
Date de décès
Caillard et Chastang, 2010.
Déclencheur
Joiner et al., 2007.
Méthode de suicide
Lafleur et collab., 2005.
Emploi
Fiedorowicz et al., 2009.
Lester et Yang, 2003.
Meltzer et al. 2008.
Skegg et al. 2010.
Perte d’emploi
Van Orden et al., 2010.
Legleye et al. 2010.
Vit seul
Fiedorowicz et al., 2009.
Coryell, 2006.
Difficulté conjugale
Fiedorowicz et al., 2009.
Enfants
American Psychiatric Association, 2003.
Garde d’enfants
American Psychiatric Association, 2003.
Désespoir
Joiner et al., 2003.
Impulsivité
Joiner et al., 2007.
McGirr et al., 2008.
Antécédents de violence hétéro-agressive
Joiner et al., 2007.
Angst et Clayton, 1998.
Antécédents d’abus ou de négligence
American Psychiatric Association, 2003.
Bruffaerts et al., 2010.
Exposition par la mort de quelqu’un par suicide
Joiner et al., 2007.
Orientation sexuelle
American Psychiatric Association, 2003.
Legleye et al. 2010.
Troubles de santé mentale (dépression, bipolaire,
schizophrénie, Trouble de personnalité)
Van Orden et al., 2010.
Humeur dépressive
Joiner et al., 2007.
Abus ou dépendance de substance
Joiner et al., 2007.
Bruffaerts et al., 2010.
Antécédent d’idéation suicidaire
Joiner et al., 2007.
Antécédent de tentative suicidaire
Van Orden et al., 2010.
Agitation extrême ou rage
Joiner et al., 2007.
Anxiété
American Psychiatric Association, 2003.
Diefenbach et al. 2009.
Insomnie
Joiner et al., 2007.
Symptôme aigu de trouble mental
Joiner et al., 2007.
Jeu compulsif
Lafleur et collab., 2005.
Cancer, HIV/SIDA, maladie du système nerveux (épilepsie,
AVC, SEP, etc), ulcère peptique, douleur chronique, MPOC,
lupus, hémodialyse
American Psychiatric Association, 2003.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
43
Élément de la grille
Références
Suivi médical
Lafleur et collab., 2005.
Institut impliqué (CSSS, CPS, CHUS, etc.)
Lane et collab., 2010.
Intoxication (drogue, alcool, médicament)
Joiner et al., 2007.
Bilban et Skibin, 2004.
Dépistage
Lane et collab., 2010.
Contact (proche, sentinelle potentielle, police, professionnel
de la santé)
Lane et collab., 2010.
Évaluation de la dangerosité de passage à l’acte
Lane et collab., 2010.
Suivi pour personne à risque de suicide
Lane et collab., 2010.
Postvention (si la personne avait un proche qui s’est suicidé)
Lane et collab., 2010.
Intention (plan, comportement préparatoire, exprimer
l’intention de mort, message)
Joiner et al., 2003.
Facteurs de protection (support familial, support social,
support thérapeutique, plan pour le futur, valeurs et
croyance)
American Psychiatric Association, 2003.
Joiner et al., 2007.
Actions des proches (surveillance de la personne, retrait de
moyens pour se suicider, sollicitation de ressources d’aide
spécialisée, hébergement, autres)
Lane et collab., 2010.
Daigle 2005.
Absence dans le dossier de facteurs prédisposants et
concrétisants
Lafleur et collab., 2005.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
44
Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale
Annexe 2 : Changements apportés à la grille initiale
Ce qui a été enlevé et pourquoi
Ethnie
Car information non disponible dans les rapports des coroners et peu révélatrice dans l’optique
de la prévention du suicide en Estrie.
Symptôme aigu de trouble mental
Manque de spécificité.
HIV/SIDA, maladie du système nerveux (épilepsie, AVC, SEP, etc.), ulcère peptique, MPOC, lupus,
hémodialyse
Remplacer par maladie chronique sévère à l’exception de cancer et douleur chronique.
Insomnie
Remplacé par « trouble du sommeil »
Repérage
N’a pas été analysé de la même manière par tous les évaluateurs;
Nous suggérons de le remplacer par « Repérer pour dangerosité suicidaire et orienter vers un
intervenant pour la prévention du suicide » en incluant les cas où la personne suicidaire sollicite
elle-même les ressources appropriées.
« Plan » et « comportement préparatoire »
Remplacer par « plan et/ou comportement préparatoire » car ces deux éléments sont difficiles à
distinguer en pratique.
Absence dans le dossier de facteurs prédisposant et concrétisant
Dépend trop de l’analyse du coroner.
Ce qui a été rajouté après une analyse de contenu
Nom de l’évaluateur
Pour évaluer des biais d’analyse possibles.
Numéro de dossier
Pour référence.
Nom du coroner
Pour évaluer des biais d’analyse possibles.
RLS
Utile pour faire recommandation à des RLS en particulier.
Couple
Est un facteur protecteur important.
Menace de séparation
Facteur déclencheur important, redondant, distinct de « divorce ou séparation » et plus puissant
que « difficulté conjugale ».
Rejet social
Facteur déclencheur important, redondant et distinct de menace de séparation.
Problème avec la justice
Facteur prédisposant redondant et important.
Perte d’autonomie
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu.
Trouble d’adaptation
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
47
Agressivité
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu.
Trouble déficitaire d’attention ou d’hyperactivité
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu.
Sevrage
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu.
Fatigue (dont fatigue professionnelle)
Reconnu comme un facteur possible selon l’analyse de contenu.
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
48
Annexe 3 : Grille Finale
Annexe 3 : Grille Finale
Nom de l’évaluateur
Numéro de dossier
Nom du coroner
RLS
Descriptif
o
o
o
o
o
Sexe
Âge
Date de décès (année-mois-jour)
Déclencheur
Méthode de suicide
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
Emploi
Perte d’emploi
Vit seul
Couple
Divorce ou séparation
Menace de séparation
Difficultés conjugales
Enfants
Garde d’enfants
Enceinte
Ennuis financiers
Problèmes avec la justice
Rejet social (excluant menace de séparation, divorce ou séparation)
Désespoir
Impulsivité
Antécédent de violence hétéro-agressive
Antécédents d’abus/négligence
Exposition par la mort de quelqu’un par suicide
Orientation sexuelle
Social
Antécédents médicaux
Santé mentale
o
o
o
o
Dépression
Humeur dépressive (à l’exception de dépression ou de trouble bipolaire)
Trouble bipolaire
Schizophrénie
Abus ou dépendance à :
o
o
o
o
o
o
o
o
Alcool
Médicament
Drogue
Trouble de personnalité
Antécédent d’idéation suicidaire
Antécédent de tentative de suicide
Agitation extrême ou rage
Trouble de sommeil
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
51
o
o
o
o
o
o
o
o
Trouble d’adaptation
Anxiété
Agressivité
Fatigue
Jeu compulsif
Trouble déficitaire d’attention ou d’hyperactivité
Sevrage
Autres
Santé physique
o
o
o
o
o
Cancer
Douleur chronique
Maladie chronique sévère autre que cancer ou douleur chronique
Perte d’autonomie
Autres
Suivi médical
Suivi pour la santé mentale
o Fréquence
o Depuis quand
Consultation pour la santé mentale
Hospitalisation pour la santé mentale
Suivi/consultation pour la santé physique
o Fréquence
o Depuis quand
Lien possible avec le réseau (à l’exception des autres choix)
Instituts impliqués
Intoxication
o
o
o
Alcool
Médicament
Drogue
Repéré pour dangerosité suicidaire et orienté vers un intervenant pour la prévention du suicide
Contacts
o Proche
o Sentinelle potentielle
o Police
o Médecin ou autre intervenant de la santé
Évaluation de la dangerosité de passage à l’acte
o Urgence (dont le COQ)
o Facteurs de vulnérabilité
o Facteurs de protection
Suivi pour personne vulnérable au suicide
o Délai entre repérage et la première rencontre
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
52
Qualité du suivi
o Fréquence
o Nature
o Continuité
Postvention (si la personne a des connaissances qui se sont suicidées)
Intention
o Plan ou/et comportement préparatoire
o Exprimer l’intention de mort
o Message (écrit ou enregistré)
Autres facteurs de protection
o Support familial
o Support thérapeutique
o Plan pour le futur
o Valeur et croyance
Actions des proches
proches
o Surveillance de la personne
o Retrait de moyens de se suicider
o Sollicitation de ressources d’aide spécialisées
o Hébergement
o Autres
Note finale et suggestions
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
53
Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse
Annexe 4 : Explication de la grille d’analyse
Élément
Nom de l’évaluateur
Explication (au besoin)
Nom ou initiales de l’évaluateur
Numéro de dossier
Exemple/cotation
JC
A-000000
Nom du coroner
RLS
Réseau local de santé
Sexe
Sherbrooke
M (masculin) ou F (féminin)
Âge
Âge au moment du décès
Date de décès
52
2005-06-08
Heure du décès
13 : 10
Déclencheur
Élément déclencheur ponctuel favorisant le passage à
l’acte
Rupture amoureuse
Méthode de suicide
Méthode ayant mené au décès
Pendaison
Emploi
Description de l’emploi s’il y a lieu. Identifier chômage s’il
y a lieu.
Psychologue
Perte d’emploi
Perte d’emploi dans un intervalle de temps assez
rapproché pour avoir un impact sur l’individu.
0 : non, 1 : oui
Vit seul
Absence de colocataires ou concubinage.
0 : non, 1 : oui
Couple
L’individu est-il dans une relation de couple?
0 : non, 1 : oui
Divorce/séparation
Divorce ou séparation dans un intervalle de temps assez
rapproché pour avoir un impact sur l’individu
0 : non, 1 : oui
Difficultés conjugales
Difficultés au sein d’une relation de couple
0 : non, 1 : oui
Menace de séparation
Présence d’une menace de séparation lors du suicide
0 : non, 1 : oui
Enfants
L’individu a-t-il des enfants?
0 : non, 1 : oui
Garde d’enfants
L’individu a-t-il la garde des enfants, totalement ou de
façon alternée avec le/la conjoint(e)?
0 : non, 1 : oui
Enceinte
Femme était-elle enceinte au moment du décès?
0 : non, 1 : oui
Ennuis financiers
Présence de difficultés au niveau financier comme la
perte d’argent, la perte d’avoirs, l’endettement
0 : non, 1 : oui
Problèmes avec la
justice
Procédures judiciaires en cours, arrestation récente,
présence de dossier criminel ou incarcération
0 : non, 1 : oui
Rejet social
L’individu a-t-il vécu du rejet de la part d’amis, d’ami(e)
de cœur ou de la société en général à l’exception de
divorce, séparation ou menace de séparation?
0 : non, 1 : oui
Désespoir
L’individu, dans son contexte psychosocial, présente-t-il
des signes de désespoir évidents?
0 : non, 1 : oui
Impulsivité
L’individu dans son contexte psychosocial présente-t-il
des signes d’impulsivité évidents?
0 : non, 1 : oui
Antécédent de
violence hétéroagressive
Gestes violents commis envers un autre individu
0 : non, 1 : oui
Antécédent d’abus ou
de négligence
Histoire d’abus physique ou sexuel, ou de négligence
durant l’enfance ou l’adolescence
0 : non, 1 : oui
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
57
Exposition à la mort
par suicide
Relation avec un individu ayant commis un suicide
complété
0 : non, 1 : oui
Orientation sexuelle
Spécifier si l’orientation sexuelle a mené à des
conséquences telles que le rejet, la persécution
1 : hétérosexuel, 2 : homosexuel,
3 : bisexuel, 4 : autre
Dépression
Dépression rapportée par le coroner
0 : non, 1 : oui actuellement, 2 : oui
dans le passé
Humeur dépressive
Symptômes de dépression sans diagnostic de
dépression majeure ou maladie bipolaire. Comme
rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Bipolaire
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Schizophrénie
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Abus/dépendance
d’alcool, de drogue ou
de médicaments
Comme rapporté par le coroner
A : abus, D : dépendance
Trouble de
personnalité
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Antécédent d’idée
suicidaire
Présence documentée d’idéation suicidaire par l’individu
dans le passé
0 : non, 1 : oui
Antécédent de
tentative de suicide
Présence documentée de tentative(s) de suicide par
l’individu dans le passé
0 : non, 1 : oui
Agitation extrême/rage
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Trouble de sommeil
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Anxiété
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Agressivité
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Fatigue
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Jeu compulsif
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
TDAH
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Sevrage
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Autres
Autre trouble de santé mentale
Spécifier le trouble de santé mentale
autre
Cancer
Présence documentée par le coroner du trouble
physique
0 : non, 1 : oui
Douleur chronique
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Maladie chronique
sévère autre que le
cancer ou la douleur
chronique
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Perte d’autonomie
Comme rapporté par le coroner
0 : non, 1 : oui
Autres
Autre trouble de santé physique important
Spécifier le trouble de santé physique
Suivi pour santé
mentale
Le patient a-t-il déjà eu accès à un suivi pour un trouble
de santé mentale autre que les idéations suicidaires
0 : non, 1 : oui
Consultation en santé
Le patient a-t-il déjà consulté un professionnel de la
0 : non, 1 : oui
Spécifier début du suivi et fréquence
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
58
mentale
santé pour un trouble de santé mentale
Hospitalisation en
santé mentale
Le patient a-t-il déjà été hospitalisé pour un trouble de
santé mentale
Suivi/consultation en
santé physique
Le patient a-t-il déjà eu un suivi ou consulté un
professionnel de la santé pour un problème de santé
physique
Lien possible avec le
réseau
Répondre à cet élément pour tout patient ayant eu
contact avec le réseau de santé autre que les éléments
précédents de la section « suivi médical ». Répondre
aussi à cet élément si aucun lien n’est explicité, mais que
la situation médicale de ce dernier implique un lien avec
le système de santé.
Institut impliqué
Établissement de santé auquel le patient a été en
contact
Spécifier l’institut ayant été impliqué
dans l’élément positif de la section
« suivi médical »
Intoxication drogue,
alcool, médicament
Présence de taux sanguins supérieurs à la dose
thérapeutique (alcool, médicament) ou positifs (drogues)
0 : non, 1 : oui
Inclut les cas où la personne suicidaire sollicite ellemême les ressources appropriées
0 : non, 1 : oui
Contact
Le patient a-t-il été en contact avec un proche, une
sentinelle potentielle, la police ou un professionnel de la
santé. Ce contact a-t-il repéré la tendance suicidaire de
l’individu?
0 : contact non vu, 1 : contact vu mais
n’a pas repéré, 2 : contact vu et a
repéré
Évaluation de la
dangerosité de
passage à l’acte :
urgence, facteurs de
vulnérabilité, facteurs
de protection
Si l’individu suicidaire a été repéré, l’intervenant a-t-il
évalué l’individu avec l’une de ces options?
0 : non, 1 : oui
Suivi pour personne
vulnérable au suicide
Si l’individu suicidaire a été repéré, l’intervenant a-t-il
réalisé un suivi?
Détailler le délai entre le repérage et
la première rencontre puis détailler la
qualité du suivi en termes de
fréquence, de nature et de continuité
Postvention
Le patient a-t-il bénéficié de postvention à la suite du
suicide d’une connaissance ou d’un proche?
0 : non, 1 : oui
Plan/comportement
préparatoire
L’individu avait-il un plan clair avant de commettre le
geste suicidaire ou posé des gestes en vue de
commettre un suicide?
0 : non, 1 : oui
Exprimer l’intention de
mort
L’individu a-t-il exprimé ses intentions de mourir à un
proche ou une connaissance peu avant son passage à
l’acte?
0 : non, 1 : oui
Message
Présence de message écrit ou enregistré de la part de
l’individu décédé en lien avec l’intention suicidaire?
0 : non, 1 : oui
Repérer pour
dangerosité suicidaire
et orienter vers un
intervenant pour la
prévention du suicide
0 : non, 1 : oui
0 : non, 1 : oui
Spécifier début et fréquence
0 : non, 1 : oui
Spécifier le lien en question
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
59
Support familial
Présence de proches au niveau familial pouvant
supporter et aider le patient?
0 : non, 1 : oui
Support social
Présence de proches ne se situant pas au niveau familial
pouvant supporter et aider le patient?
0 : non, 1 : oui
Support thérapeutique
Présence de professionnels de la santé disponibles pour
venir en aide au patient et connus de celui-ci?
0 : non, 1 : oui
Plan pour le futur
Présence de projets pour l’avenir exprimés par le
patient?
0 : non, 1 : oui
Valeurs et croyance
Présence de valeurs ou de croyances, telles que la
religion, qui s’opposent à l’idée de suicide?
0 : non, 1 : oui
Surveillance par
proches
Proches ayant fait de la surveillance auprès de l’individu
avant sa mort pour tenter d’empêcher un suicide?
0 : non, 1 : oui
Retrait des moyens
pour se suicider
Proches ayant tenté d’empêcher le suicide en retirant de
l’environnement du patient les objets susceptibles de
pouvoir être utilisés en vue de commettre un suicide?
0 : non, 1 : oui
Sollicitation aide
spécialisée
Proches ayant fait appel à une aide spécialisée pour
tenter d’intervenir auprès du patient?
Hébergement
Proche ayant exceptionnellement hébergé à son
domicile le patient pour tenter d’empêcher le suicide ou
pour répondre à une demande du patient?
0 : non, 1 : oui
Autres
Autre action des proches en vue d’empêcher le suicide
du patient
Spécifier l’action réalisée
Absence dans le
dossier de facteurs ou
prédisposants
Présence d’un suicide dans un contexte où le patient ne
présentait pas de facteurs prédisposants pouvant mener
à un suicide
0 : non, 1 : oui
Note finale et
suggestions
Commentaires libres de l’évaluateur du dossier
0 : non, 1 : oui
Spécifier l’aide spécialisée sollicitée
Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations
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À PROPOS DU DOCUMENT…
Cette recherche prend appui sur l’analyse des rapports rédigés par des coroners pour des situations de
décès par suicide en Estrie, survenues entre 2005 et 2010.
Elle présente le profil de la personne vulnérable au suicide en Estrie. Elle propose aussi des
recommandations, destinées aux intervenants et aux gestionnaires, en vue d’améliorer les pratiques en
prévention du suicide et d’adapter les interventions et les services aux personnes les plus susceptibles de
passer à l’acte.
Enfin, elle propose des recommandations destinées aux coroners. En effet, un rapport de coroner complet et
détaillé représente un outil précieux pour améliorer notre compréhension commune de la problématique et
pour évaluer les services offerts.
Nous souhaitons vivement que cette analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie
inspirera d'autres régions du Québec à se pencher sur les spécificités locales et régionales du suicide.
À PROPOS DES AUTEURS…
Jean Christian Boileau, étudiant, Université de Sherbrooke
Simon Corriveau-Durand, étudiant, Université de Sherbrooke
Laurent Grondines, étudiant, Université de Sherbrooke
Antoine Lamoureux-Auclair, étudiant, Université de Sherbrooke
Sami Morin-Ben Abdallah, étudiant, Université de Sherbrooke
En collaboration
collaboration avec
Jeanne Bazinet, professionnelle de recherche, Direction de la coordination et des affaires académiques
(DCAA)
Sous la supervision de
Julie Lane, agente de planification, de programmation, de recherche et coordonnatrice de l’équipe de projets à
la Direction de la coordination et des affaires académiques, CSSS-IUGS et professeure associée au
Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé
de l’Université de Sherbrooke
À PROPOS DU CENTRE DE SANTÉ ET DE SERVICES SOCIAUX — INSTITUT UNIVERSITAIRE DE
GÉRIATRIE DE SHERBROOKE (CSSS-IUGS)
Le CSSS-IUGS possède une désignation d’institut universitaire de gériatrie et une désignation de centre
affilié universitaire. Ces deux désignations font en sorte de créer un environnement de travail où
l’innovation est présente dans l’optique de contribuer au rehaussement constant de la qualité des
services. Cela se traduit par l’omniprésence de l'enseignement, de la recherche et du partage des
connaissances au sein de l’établissement. Les publications du CSSS-IUGS visent ainsi à favoriser la
diffusion et le partage des connaissances produites par les intervenants, les gestionnaires, les
chercheurs et les étudiants de l’établissement.
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