1ères Doctoriales de la Chaire « Tourisme, culture, développement » LE TOURISME : CONCEPTS ET METHODES
A LA CROISEE DES DISCIPLINAIRES –E. VERON
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1ères DOCTORIALES du Tourisme
de la Chaire « Culture, Tourisme, développement »
TOURISME / TOURISM
Concepts et méthodes à la croisée des disciplines
Concepts and methods at the disciplinary crossroads
14-16 septembre 2011
Emmanuel VERON
Doctorant en géographie
Doctorant contractuel enseignant (DCE)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
UMR 8586 PRODIG
Directeur de thèse : Pr. Thierry Sanjuan
0033677097882
Thématique : 1. Le touriste, entre individu et groupe social
Suivi des touristes chinois dans le tourisme rural par l’observation
participante d’un doctorant étranger en géographie: enjeux et méthodes
Résumé : Le suivi des groupes organisés de touristes et de l’individu dans son itinéraire de
découverte par les pratiques touristiques apparaît comme recours incontournable à l’analyse
de l’expérience touristique. L’observation participante dans le large champ de recherche n’est
autre qu’une adaptation méthodologique à une situation particulière du travail de thèse. Le
biais de l’étrangeté de faire une recherche en Chine est peu analysée, alors qu’elle est
particulièrement décisive dans les relations. La question de la relation à l’autre en tant
qu’individu ou inscrit dans un groupe qui se finit par une action au but commun, est au
cœur de l’action méthodologique, en termes de biais, mais aussi de stimulation d’interactions.
Nous en viendrons à discuter de l’outil méthodologique et des interactions produites.
Mots-clés : Chine, Etranger, Méthodologie, Observation participante, Touriste.
Monitoring of Chinese tourists in rural tourism with participant
observation by a foreign Phd candidate in geography: issues and methods
Abstract : The monitoring of tourist organized group seems important to analyzed tourism
experience. The participant observation is one methodology adaptation depending on the
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research situation. To be a foreigner in China is a bias. And there is few studies about it. The
question of the relationship with the other as an individual or registered in a group that is
defined by an action at common purpose, is at the heart of the action methodology, in terms of
bias, but also for stimulatinginteractions. We come to discuss the methodological tool and
interactions occurred.
Key-words : China, Foreigner, Methodology, Participant observation, Tourist.
Introduction
Le tourisme intérieur chinois, thématique encore peu analysée dans les sciences
humaines de langue française semble être aujourd’hui pris d’une voie de maturation et de
diversification sur l’ensemble du territoire chinois. L’attrait récent des citadins pour une
mobilité à la campagne (comme « désirs d’ailleurs »), le temps d’un week-end ou de congés,
donne de nouvelles perspectives en géographies du tourisme, des loisirs, mais
particulièrement dans de nouveaux rapports ville-campagne, jusque inconnus en Chine,
signalant de nouvelles perceptions d’une société en pleine mutation. Par le biais d’un travail
de thèse sur le tourisme rural en Chine, à la périphérie de la métropole de Shanghai, nous en
venons à expliciter puis à justifier et enfin remettre en question nos choix méthodologiques
pour l’enquête.
Le procédé méthodologique de l’observation participante très usité en sociologie, l’est de plus
en plus en géographie. Elle est de venue un recours méthodologique quasi incontournable
pour extraire et construire une réalité géographique quelconque. Les limites de l’action de
participation ainsi que ses modalités apparaissent mal dans le travail du chercheur. Qu-est-ce
que l’on appelle participation du chercheur ? Nous tenterons d’en expliciter la démarche et ses
différentes phases, par le suivi de touristes chinois dans leur voyage à la découverte de village
ou de parc récréatifs dans les périphéries de la métropole shanghaienne. Il ne s’agit pas ici de
faire l’exposer dans les détails des résultats d’enquêtes obtenus au cours de différentes
missions de terrain, mais bien de montrer quels outils méthodologiques nous utilisons pour la
construction d’un savoir scientifique, dans le contexte du travail de thèse en géographie. Nous
montrerons les différentes étapes de l’observation participante des pratiques spatiales des
touristes chinois.
Nous reviendrons sur la validité de cet outil d’enquête et apporterons un retour d’expérience
quand à l’objectivité et la part de subjectivité que l’observation induit. Les résultats
scientifiques en dépendent. Nous nous devons en tant que chercheur se poser les questions de
théorie, de causalité, de validité et de fiabilité de nos observations et informations recueillies.
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Ceci est envisagé comme élément de réponse à l’étude de l’expérience touristique et de
l’observation des interactions provoquer ou induite par les pratiques touristiques. Ce travail
nous permet la réflexion sur la place de l’individu entre culture et politique. Ce modeste texte
nous amène à considérer la place du jeune chercheur en tant qu’individu à part entière faisant
objet d’étrangeté et d’altérité dans un groupe culturo-politique homogène et soudé par cette
même intrusion.
Notre texte est structuré en trois temps. Nous explicitons notre choix méthodologique comme
réponse à l’acquisition de données tangibles répondant à la problématique de notre travail de
thèse, puis dans un second temps nous montrons les interactions induites par la méthode, puis
enfin en troisième partie, nous revenons sur ces frictions créatrices de résultats originaux,
nous menant à réfléchir sur l’utilisation d’un tel outil méthodologique, tant dans la viabilité
scientifique des résultats que dans la pertinence du rapport humain du chercheur dans son
expérience d’enquête.
I. Le choix méthodologique de l’observation participante
Le choix d’enquête est primordiale quand à l’établissement de résultats. Pour illustrer notre
choix méthodologique, nous expliquerons brièvement l’utilisation de l’outil d’observation
participante ; pourquoi et comment nous l’utilisons dans notre terrain d’étude, la Chine.
L’héritage de nos pères, l’observation participante comme méthode d’enquête
Il est vrai qu’en science sociale en général, et dans notre discipline qu’est la géographie nous
n’expérimentons peu. Le corpus méthodologique de l’observation participante est large. Il est
le fruit de plus de soixante dix années de réflexions, d’analyses et d’utilisation dans le champ
des sciences sociales et humaines.
Jean-François Staszak dans le dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés
l’observation comme l’examen empirique in situ d’un phénomène ou d’un processus afin d’en
acquérir une connaissance. Dans le cadre du raisonnement inductif qui fonde l’empirisme naïf,
l’observation est la phase première de la démarche scientifique. L’observation diffère de
l’enquête ou de l’entretien en ce que l’observateur est supposé être passif et totalement
extérieur à son objet. (Staszak, 2003, p. 676-677). Nous avons en héritage les travaux
précurseurs de Bronislav Malinowski en ethnologie.
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L’observation participante est parfois décriée comme peu structurée en termes
méthodologique, elle laisse le libre court au chercheur de son acte d’observateur sur son
terrain d’études (Soulé, 2007).
Selon Platt (1983), c’est vers la fin des années 1930 que l’expression « observation
participante » semble faire son entrée dans son acception actuelle, en tant que technique de
recherche dans laquelle le sociologue observe une collectivité sociale dont il est lui-même
membre. Le chercheur se fait dès lors l’étudiant d’acteurs sociaux, par l’entremise d’une
interaction de longue durée avec eux (De Sardan, 2001).
Questions de méthodologie et de scientificité
L’observation fait partie intégrante des méthodes d’enquêtes. Nous entendons par enquête, la
production d’un matériau empirique pour la recherche. Le terme d’enquête désigne la
séquence de production de ce matériau empirique mais aussi, par extension, le matériau sur
lequel se fonde une recherche. Si l’apport des sciences sociales réside principalement dans le
fondement et la pertinence empirique des interprétations du monde qu’elles proposent, on
comprend d’emblée l’importance qu’elles accordent à l’enquête. (Haegel, 2003, p 312).
Pourquoi le recours à l’utilisation de l’observation participante ? Il n’y a certainement pas une,
mais des formes d’observations participantes dans le champ de recherche des sciences
sociales. L’emploi très fréquent de l’observation participante en science sociale, mais surtout
dans les disciplines sociologiques ou anthropologiques, est plus récent en géographie. Cela
souligne le croisement des disciplines, mais aussi le nécessaire décloisonnement des formes
d’analyses des sociétés humaines et de l’espace qu’elles construisent. L’observation
participante est le fruit depuis plus de deux décennies de recherches en science sociales de
discours scientifiques montrant que ces délimitations sont floues, son caractère très général de
la démarche; enfin, la séduction opérée par ce terme alternatif et l’effet de mode même,
parfois évoqué, semblent constituer un élément explicatif non négligeable (Soulé, 2007 ;
Lapassade, 2001 ; Delaporte, 1993).
L’observation participante est un processus progressif composé de phase et de stratégies
d’intégration. Elle peut être périphérique, active ou complète selon le dégré d’intégration du
chercheur. L’observation participante implique de la part du chercheur une immersion totale
dans son terrain, pour tenter d’en saisir toutes les subtilités, au risque de manquer de recul et
de perdre en objectivité. L’avantage est cependant clair en termes de production de données :
cette méthode permet de vivre la réalité des sujets observés et de pouvoir comprendre certains
mécanismes difficilement décryptables pour quiconque demeure en situation d’extériorité. En
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participant au même titre que les acteurs, le chercheur a un accès privilégié à des informations
inaccessibles au moyen d’autres méthodes empiriques (Soulé, 2007).
Dans son acception la plus large, le terme d’observation participante décrit une forme
d’observation lors de laquelle le chercheur « annonce la couleur ». Il est alors connu en tant
qu’observateur extérieur, de la part des membres de la collectivité au sein de laquelle il
évolue : le risque sous-jacent est de générer des changements artificiels de comportement; un
avantage non gligeable est de ne pas soulever de problèmes d’ordre éthique. Le degré de
participation constitue un autre élément central de différentiation entre les formes
d’observation participante (De Sardan, 2001), ainsi qu’un objet central de débat
épistémologique : comment concilier la nécessité méthodologique de l’implication dans la vie
d’un groupe avec le recul et la mise en perspective nécessaires au rôle de chercheur.
L’application de l’observation participante dans notre suivi des touristes chinois
Le terrain
i
en tant qu’entité spatio-temporelle où le chercheur va mettre en œuvre sa démarche
scientifique pour construire un savoir, est différent selon les chercheurs travaillant sur une
même question ou encore selon les aires culturelles du monde. Notre travail s’inscrit en
République populaire de Chine. Les travaux en sciences sociales de langue française sur ke
tourisme en Chine sont peu nombreux (David, 2007 ; Taunay, 2009 ; Guyader, 2009). Par
conséquent les méthodes entreprises par les chercheurs sont celles utilisés pour d’aire
culturelle.
Nous interrogeons les pratiques spatiales touristiques et les comportements qui en émanent.
Ce tourisme intégré au tourisme intérieur chinois plus général correspond aux logiques
métropolitaines en termes de diffusion spatiale des activités, des pratiques et des
aménagements touristiques. Pour cela le suivi des touristes dans leurs itinéraires nous est un
moyen d’enquête largement encouragé par nos pères et par des collègues chinois travaillant
sur des questions similaires.
L’utilisation de ce type de méthode nécessite notre capacité à être immergé dans un groupe
chinois dont la culture est éloignée de la notre. Nous cherchons à comprendre le choix et le
goût des pratiques touristiques des chinois et des trajectoires du tourisme intérieur en Chine.
Le suivi des touristes et l’observation en prenant par aux activités les plus diverses soient elles
sont incontournables quand à la compréhension et à la construction du savoir géographique.
Le nombre de groupe de touriste suivi n’excède en général par 35 à 40 personnes. Le plus
souvent nous suivons des groupes de 20 à 30 touristes.
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